LANGAGE ET COGNITION INCARNÉE Université Claude Bernard – Lyon 1 M2 Neurosciences Fondamentales et Cliniques 16 novembre 2016 Véronique BOULENGER [email protected] 2 QU’EST-CE QUE LE LANGAGE ? Faculté cognitive innée, complexe et universelle propre à l’homme Permet d’exprimer la pensée et de communiquer au moyen d'un système de signes conventionnels (vocaux et/ou graphiques) constituant une langue Occupe une place centrale dans la cognition et dans notre vie o Fonction sociale: échanger et renforcer des liens sociaux entre individus o Fonction cognitive: construire, organiser et accéder aux connaissances, les mémoriser Permet de mettre en relation ce que nous entendons, percevons, sentons et voyons 3 VISION CLASSIQUE vs MODERNE DU LANGAGE Vision classique du langage Capacité linguistique séparée du reste de la cognition Module spécifique et autonome de traitement du langage dans le cerveau (Fodor, 1975) Mais remise en cause, notamment grâce aux études de neuroimagerie Vision plus moderne, linguistique cognitive le stockage et le mode d’accès ne sont pas fondamentalement différents pour les connaissances linguistiques et pour d’autres types de connaissances l’usage du langage repose sur des capacités cognitives similaires à celles mises en œuvre pour d’autres tâches non linguistiques 4 LE SENS DES MOTS Sémantique: étude du signifié, du sens des énoncés Nous n’avons pas tous les mêmes représentations des entités de l’environnement rôle de l’expérience avec ces entités dans la construction des représentations conceptuelles et du sens La richesse du sens d’un mot s’inscrit dans les expériences perceptuelles et sensorimotrices LA COGNITION INCARNÉE 5 6 LA COGNITION INCARNÉE (OU SITUÉE) Théories de la cognition incarnée (« embodied cognition ») : liens étroits entre action, perception et processus cognitifs de haut niveau (langage, raisonnement…) Le sens des mots et des concepts est distribué dans le cerveau: implique les régions classiquement associées au langage mais aussi des régions associées à d’autres fonctions Les processus cognitifs, dont le langage, sont ancrés/incarnés dans les expériences sensorimotrices vécues lors des interactions de notre corps avec l’environnement Rôle incontournable de l’enchâssement du cerveau dans le corps, le contexte, voire la culture (Barsalou, 2010; Gallese & Lakoff, 2005; Pulvermüller & Fadiga, 2010) 7 LA COGNITION INCARNÉE (OU SITUÉE) “ The mind must be understood in the context of its relationship to a physical body that interacts with the world. Hence human cognition, rather than being centralized, abstract, and sharply distinct from peripheral input and output modules, may instead have deep roots in sensorimotor processing.” (Wilson, 2002) Le corps participe activement à nos processus mentaux (Barsalou, 2010; Gallese & Lakoff, 2005; Pulvermüller & Fadiga, 2010) 8 LA COGNITION INCARNÉE (OU SITUÉE) Patterson et al. (2007) Taste 9 LA COGNITION INCARNÉE (OU SITUÉE) Le système cognitif utilise l’environnement et le corps comme sources d’informations externes pour enrichir nos représentations conceptuelles internes « Le cerveau existe dans un corps, le corps existe dans le monde, et l'organisme bouge, agit, se reproduit, rêve, imagine. Et c'est de cette activité permanente qu'émerge le sens de son monde et des choses. » (F. Varela) Les représentations conceptuelles/sémantiques internes sont « situées » (implémentées via des simulations) dans les systèmes perceptif, moteur, émotionnel... Les états perceptifs, moteurs et émotionnels ressentis lors de nos interactions avec le monde environnant sont « rejoués » lors du traitement des concepts (Barsalou, 2010; Gallese & Lakoff, 2005; Pulvermüller & Fadiga, 2010) 10 LA COGNITION INCARNÉE (OU SITUÉE) Autrement dit… Nos actions et tout ce que nous entendons, voyons, touchons, ressentons lorsque nous interagissons avec le monde environnant façonnent nos connaissances conceptuelles et participent à la construction du sens. Comprendre c’est simuler (Gallese & Lakoff, 2005) 11 COGNITION INCARNÉE ET LANGAGE « Exploitation neuronale »: principe d’économie cognitive = réutilisation neuronale: utilisation de régions (réseaux) et mécanismes déjà impliqués dans d’autres fonctions Adaptation des mécanismes sensorimoteurs pour servir de nouvelles fonctions (langage, raisonnement…) tout en conservant leurs fonctions initiales (Gallese & Lakoff, 2005) Le langage est multimodal il fait référence à des informations provenant de la vision, de l’audition, du toucher, des actions etc. il est appris à travers plusieurs modalités sensorielles Le langage exploiterait le caractère multimodal du système sensorimoteur – il n’existerait donc pas de « module du langage » (cf. Fodor, 1975). 12 COGNITION INCARNÉE ET LANGAGE Lors de la compréhension de mots et de phrases, les représentations internes sensorielles, motrices, émotionnelles associées aux concepts désignés par les mots seraient activées (Zwaan, 2004) Il se produirait une simulation interne du contexte décrit par les mots et les phrases COGNITION INCARNÉE LANGAGE ET EXPÉRIENCES SENSORIELLES 13 14 LANGAGE ET EXPÉRIENCES SENSORIELLES Etude en IRMf Tâche: Décider si des mots ont des propriétés • tactiles (est-ce doux?) • gustatives (est-ce sucré?) • auditives (y a-t-il un bruit associé?) • visuelles (est-ce de couleur verte?) Résultats: activation des aires cérébrales spécifiques à chaque modalité lors du traitement des mots Goldberg et al. (2006) Tactile Gustatif Auditif Visuel Contrôle 15 LANGAGE ET EXPÉRIENCES SENSORIELLES Lire des mots associés à des sons (« téléphone », « guitare ») active les régions auditives temporales proches de celles activées lors de la perception réelle des sons Décider si des mots sont associés à des couleurs active le gyrus fusiforme gauche, également activé lors de la perception des couleurs Simmons et al. (2007) Kiefer et al. (2008) Lire des mots évoquant des sensations olfactives (« cannelle, lavande ») active les régions olfactives primaires (cortex piriforme, amygdale) impliquées dans la perception des odeurs (Gonzalez et al., 2006) COGNITION INCARNÉE LANGAGE ET ACTION 16 17 LANGAGE ET ACTION Lire ou écouter des mots ou des phrases désignant des actions (ex: saisir, je marche sur la plage) active les cortex moteur et prémoteur Les aires activées sont proches ou identiques à celles activées lors de l’exécution réelle de mouvements Cette activation suit la somatotopie du cortex moteur o Mots associés à des actions de la bouche (ex: mordre) représentations motrices de la bouche o Mots associés à des actions de la main (ex: peindre) représentations motrices de la main o Mots associés à des actions du pied (ex: piétiner) représentations motrices du pied Hauk et al. (2004) 18 LANGAGE ET ACTION Lire des expressions idiomatiques incluant des verbes d’action (« prendre la mouche », « sauter du coq à l’âne ») active également le cortex (pré)moteur de façon somatotopique Arm sentences -25, 73 -15, 76 -5, 75 -33, 68 Leg sentences -42, 60 -51, 52 1 -54, 44 0.8 0.6 0.4 0.2 0 Boulenger et al. (2009, 2012) 19 LANGAGE ET ACTION: EXPERTISE MOTRICE L’expertise motrice influence l’activation des régions prémotrices lors du traitement des mots d’action Etude en IRMf Participants: joueurs professionnels de hockey sur glace fans de hockey novices Tâche: - Dans l’IRM: écouter des phrases décrivant des actions quotidiennes ou des actions de hockey - Après l’IRM: réécouter les phrases et décider si elles correspondent à une image présentée Beilock et al. (2008) 20 LANGAGE ET ACTION: EXPERTISE MOTRICE L’expertise motrice influence l’activation des régions prémotrices lors du traitement des mots d’action Résultats: - IRM: Les joueurs et les fans de hockey activent plus fortement leur cortex prémoteur gauche que des novices en écoutant des phrases mentionnant le hockey sur glace Beilock et al. (2008) - Post-IRM: les joueurs et les fans de hockey répondent plus rapidement que les novices pour apparier des phrases décrivant des actions de hockey sur glace à des images Facilitation de la compréhension des phrases par l’expertise motrice des participants 21 LANGAGE ET ACTION L’état du système moteur affecte le traitement des mots d’action Etude en TMS Tâche: décision lexicale sur des mots désignant des actions de la main ou de la jambe, et des pseudo-mots TMS délivrée sur l’aire motrice de la main ou de la jambe Résultats: la stimulation de l’aire motrice gauche de la main diminue les temps de réponse pour identifier des mots décrivant des actions de la main et réciproquement pour la jambe Facilitation du traitement des mots par la stimulation de l’aire motrice gauche correspondante Pulvermüller et al. (2005) 22 LANGAGE ET ACTION La lecture de verbes décrivant des actions manuelles peut faciliter ou interférer avec la réalisation d’un mouvement Boulenger et al. (2006) 23 LANGAGE ET ACTION La lecture de verbes décrivant des actions manuelles peut faciliter ou interférer avec la réalisation d’un mouvement Etude en cinématique du mouvement Tâche: lire des verbes désignant des actions manuelles (ex: écrire) ou des noms (non liés à des actions, ex: champ) et effectuer un mouvement de préhension (attraper un objet) 1) Lecture et mouvement simultanés 2) Lecture puis mouvement Mesure de la cinématique du mouvement (accélération, vitesse, durée du mouvement) grâce à une caméra et des marqueurs émetteurs de lumière infra-rouge Boulenger et al. (2006) 24 LANGAGE ET ACTION Lire un verbe d’action pendant la réalisation d’un mouvement interfère avec le mouvement (pic d’accélération du poignet plus tardif) = partage de substrats neuronaux Lire un verbe d’action juste avant la réalisation d’un mouvement facilite le mouvement (pic d’accélération du poignet plus précoce) = amorçage de l’action par les verbes Word Word 0ms 0ms 190 190 * Boulenger et al. (2006) ms 180 ms 180 * 170 170 160 160 150 150 Nouns Verbs Nouns Verbs 25 LANGAGE ET ACTION La production de verbes d’action facilite la réalisation ultérieure d’un mouvement Etude en cinématique Tâche: saisir puis déplacer un objet en produisant à voix haute 1) 2 verbes d’action associés (« attraper » puis « poser ») 2) 2 noms non associés (« papillon » puis « pigeon ») 3) 2 nombres (« 119 » puis « 120 ») Mesure de la cinématique du mouvement Fargier et al. (2012) 26 LANGAGE ET ACTION La production de verbes associés à l’action réalisée facilite le mouvement (vitesse plus grande et durée du mouvement réduite) amorçage de l’action par la verbalisation de l’action Fargier et al. (2012) 119 / 120 Attraper/ Poser Papillon / Pigeon 119 / 120 Attraper/ Poser Papillon / Pigeon 27 LANGAGE ET ACTION Comment interpréter les résultats de ces études en cinématique? Partage de substrats neuronaux entre le traitement des verbes décrivant des actions et la performance motrice La lecture et la production de verbes d’action recrutent les régions impliquées dans la réalisation de mouvements Si le traitement des verbes d’action et l’action sont simultanés Si le traitement des verbes d’action précède l’action Conflit pour des ressources corticales communes Pré-activation des régions motrices par les verbes d’action Interférence de la lecture sur la performance motrice Amorçage de la lecture/production sur la performance motrice 28 LANGAGE ET ACTION: COMPATIBILITÉ DE L’ACTION Effet de compatibilité de l’action (Action sentence Compatibility Effect ou ACE) Donner une réponse motrice dans la même direction que celle évoquée dans des phrases conduit à une facilitation (temps de réponse plus courts) Glenberg & Kaschak (2002) 29 LANGAGE ET ACTION: COMPATIBILITÉ DE L’ACTION Stimuli: phrases concrètes ou abstraites décrivant un transfert vers soi ou vers autrui ex: Tu donnes le livre à Lise, Tu parles à Lise / Lise te donne le livre, Lise te parle Tâche: décider si les phrases ont un sens en appuyant sur un bouton - près de soi (vers soi) - loin de soi (vers autrui) « Tu donnes le livre à Lise » « Lise te donne le livre » Condition congruente: phrases et réponse motrice dans le même sens Condition incongrue: phrases et réponse motrice dans le sens opposé Congruence Incongruité Glenberg & Kaschak (2002) 30 LANGAGE ET ACTION: COMPATIBILITÉ DE L’ACTION Effet de compatibilité de l’action (Action sentence Compatibility Effect ou ACE) « Tu donnes le livre à Lise » Congruence « Lise te donne le livre » Incongruité Temps de lecture des phrases plus courts si congruence (même direction évoquée dans les phrases et dans la réponse motrice) Glenberg & Kaschak (2002) LANGAGE ET ACTION COMMENT EXPLIQUER L’ACTIVATION MOTRICE LORS DU TRAITEMENT DU LANGAGE? 31 32 MODÈLE DE L’APPRENTISSAGE HEBBIEN Travaux de Hebb (1949) Lorsque deux groupes de neurones sont fréquemment activés de manière simultanée, leurs connexions synaptiques se renforcent De sorte que l’activation de l’un suscite automatiquement l’activation de l’autre A B A B 33 MODÈLE DE L’APPRENTISSAGE HEBBIEN Modèle de l’apprentissage « hebbien » pour le traitement du langage Les mots sont représentés dans le cerveau sous forme d’assemblées de cellules (réseaux neuronaux) Ces assemblées sont localisées dans les régions corticales simultanément activées au moment de l’apprentissage des mots 34 MODÈLE DE L’APPRENTISSAGE HEBBIEN Le cas des mots d’action Lors de l’apprentissage du langage, l’enfant entend ou produit un verbe (ex: « écrire) et réalise l’action associée (ou observe ses parents la réaliser) La coactivation des régions du langage et des régions pré(motrices) conduit à la formation d’un réseau Ce réseau sera activé dès lors que le verbe d’action sera traité Les régions (pré)motrices activées lors du traitement des mots incluent probablement des neurones miroirs 35 MODÈLE DE L’APPRENTISSAGE HEBBIEN Le traitement de mots décrivant des actions active les aires du langage mais aussi les régions (pré)motrices « miroirs » permettant de réaliser ou de comprendre (par observation) les actions désignées mordre saisir marcher Pulvermüller (2005) 36 MODÈLE DE L’APPRENTISSAGE HEBBIEN Le même raisonnement s’applique aux autres modalités sensorielles (mots désignant des couleurs, formes, odeurs, sons…) bleu rond Pulvermüller (2005) 37 LANGAGE, ACTION ET DÉVELOPPEMENT Et au cours du développement? Des travaux indiquent que les verbes fréquents et appris tôt décrivent souvent des actions spécifiques de différentes parties du corps (Maouene et al., 2008) Certaines études suggèrent que les enfants apprennent et comprennent mieux les verbes lorsqu’ils réalisent eux-mêmes les actions associées plutôt que lorsqu’ils les observent (Huttelocher et al., 2003) Les régions motrices du cerveau sont-elles activées lors du traitement des verbes d’action chez les enfants? 38 LANGAGE, ACTION ET DÉVELOPPEMENT Etude en IRMf Participants: enfants sains de 4 à 5 ans Tâche: écouter des verbes décrivant des actions de la main ou de la jambe (acquis avant l’âge de 3 ans) et des adjectifs Résultats: activation du cortex moteur primaire bilatéral et du cortex prémoteur dorsal bilatéral lors de l’écoute des verbes d’action (et pas des adjectifs) Maouene & James (2009) Cortex moteur primaire Cortex prémoteur dorsal 39 LANGAGE, ACTION ET DÉVELOPPEMENT Etude en IRMf Participants: enfants sains de 5 ans à 6 ans et demi Tâche: apprendre des nouveaux verbes (pseudo-verbes) - en réalisant une action associée (sur un objet) - en observant l’expérimentateur réaliser l’action associée (sur un objet) Résultats: activation du cortex prémoteur bilatéral lors de l’écoute des verbes appris, seulement quand les enfants ont effectué les actions (= « apprentissage actif »), et pas quand ils les ont observées (« apprentissage passif »), ni pour des verbes non appris James & Swain (2010) 40 LANGAGE, ACTION ET DÉVELOPPEMENT: RÉSUMÉ Peu d’études sur le traitement des verbes d’action chez l’enfant mais elles suggèrent que Les liens entre les mots (verbes) et les informations sensorimotrices sont présents tôt au cours du développement Dans le cerveau en développement, les associations sont construites à partir des interactions réelles du corps avec l’environnement L’expérience doit être sensorimotrice et pas seulement liée à une « sensation motrice » (par observation; James & Swain, 2011) Construction de représentations sensorimotrices des objets et des mots 41 LANGAGE, ACTION ET PATHOLOGIE Et si le système moteur dysfonctionne? Si le système moteur est important pour le traitement des mots décrivant des actions, une atteinte de ce système devrait pouvoir conduire à des déficits de traitement des mots 42 LANGAGE, ACTION ET PATHOLOGIE Déficits de traitement des concepts et des verbes liés à des actions chez les patients présentant des troubles moteurs Paralysie supranucléaire progressive Détérioration majeure des performances pour nommer des actions (verbes) à partir d’images chez des patients atteints de paralysie supranucléaire progressive* * dégénérescence neurofibrillaire ganglions de la base (striatum, substance noire) et tronc cérébral Bak et al. (2001, 2006) + Peran et al. (2009), Silveri & Ciccarelli (2007) 43 LANGAGE, ACTION ET PATHOLOGIE Déficits de traitement des concepts et des verbes liés à des actions chez les patients présentant des troubles moteurs Paradigme d’amorçage Maladie de Parkinson Participants 10 patients parkinsoniens - à jeun de L-Dopa (en OFF) - sous L-Dopa (en ON) 10 participants contrôles Tâche: décision lexicale sur des verbes d’action et des noms (non liés à des actions), avec amorçage Boulenger et al. (2008) Amorce SXTSTR SAISIR Cible saisir saisir 44 LANGAGE, ACTION ET PATHOLOGIE Déficits de traitement des concepts et des verbes liés à des actions chez les patients présentant des troubles moteurs Maladie de Parkinson Pas d’effet d’amorçage pour des verbes d’action chez les patients à jeun de traitement (phase OFF) Pas de pré-activation des réseaux corticaux de traitement des verbes d’action et donc pas de facilitation du traitement de la cible par l’amorce 100 80 60 40 Effet d’amorçage restauré pour les verbes d’action chez les patients après la prise de L-Dopa (phase ON) 20 0 Boulenger et al. (2008) 45 LANGAGE, ACTION ET PATHOLOGIE: RÉSUMÉ Une atteinte du système moteur affecte le traitement des verbes d’action (diminution des performances) Mais au moins dans certains cas, les patients sont toujours capables d’identifier les verbes Le système moteur joue un rôle fonctionnel dans le traitement des verbes d’action mais n’est pas absolument nécessaire COGNITION INCARNÉE LANGAGE ET ÉMOTIONS 46 47 LANGAGE ET ÉMOTIONS Décider si des mots évoquent des émotions active les muscles du visage permettant d’exprimer ces émotions Etude en électromyographie ou EMG Tâche: lire des mots évoquant la joie (« sourire, câlin, soleil… ») la colère (« torture, meurtre, bagarre… ») le dégoût (« vomi, limace, excrément… ») et décider s’ils évoquent une émotion Enregistrement de l’activité de plusieurs muscles du visage (EMG): zygomatique (joue), orbitalis (œil), corrugator (sourcil), levator (lèvre supérieure et nez) Niedenthal et al. (2010) 48 LANGAGE ET ÉMOTIONS Décider si des mots évoquent des émotions active les muscles du visage permettant d’exprimer ces émotions Résultats la lecture des mots évoquant la joie suscite une activité musculaire sur les muscles zygomatique (joue) et orbiculaire (œil) la lecture des mots évoquant la colère suscite une activité musculaire sur les muscles levator (lèvre supérieure et nez) et corrugator (sourcil) la lecture des mots évoquant le dégoût suscite une activité musculaire sur les muscles levator (lèvre supérieure et nez) et corrugator (sourcil) Niedenthal et al. (2010) 49 LANGAGE ET ÉMOTIONS Les manipulations de la « posture du visage » influencent le jugement de phrases associées à des émotions Décider si une phrase désigne une émotion agréable prend moins de temps si les sujets sourient (avec un crayon entre les dents) Décider si une phrase désigne une émotion désagréable prend moins de temps si les sujets « Le président annonce votre nom et vous montez fièrement sur scène » « Votre professeur fronce les sourcils en vous rendant votre copie » Havas et al. (2007) Temps de réponse font la moue (avec un crayon entre les lèvres) Agréables Désagréables Agréables Désagréables 50 LANGAGE ET ÉMOTIONS Le fait de moins pouvoir exprimer des émotions sur le visage ralentit le temps de traitement de mots exprimant ces émotions L’injection de Botox au niveau des muscles des sourcils (= paralysie des muscles), sollicités pour exprimer la colère et la tristesse, allonge les temps de lecture de phrases décrivant des émotions de colère ou de tristesse Session 1 (sans injection) Session 2 (injection Botox) Havas et al. (2010) 51 LA COGNITION INCARNÉE: RÉSUMÉ Le traitement sémantique du langage n’implique pas uniquement des régions dédiées au langage Il implique aussi des régions dédiées à d’autres modalités (motrice, auditive, visuelle, gustative, olfactive, émotionnelle…) Il y aurait une adaptation des mécanismes sensorimoteurs et émotionnels pour servir de nouvelles fonctions comme le langage (tout en conservant leurs fonctions initiales) c’est l’exploitation neuronale Lors de la compréhension de mots ou de phrases, il se produirait une simulation interne du contenu sémantique de ces mots ou phrases 52 MERCI DE VOTRE ATTENTION [email protected] 53 SOMATOTOPIE FONCTIONNELLE DU CORTEX MOTEUR Homunculus moteur de Penfield = représentation ressemblant à un corps humain déformé o le cortex moteur est divisé en régions - chacune représente une partie du corps o si on stimule électriquement un point de cette surface, cela produit un mouvement dans la partie du corps correspondante o la surface est d’autant plus grande que la partie du corps représentée est complexe du point de vue de la motricité (main et bouche sont surreprésentées) 54 LA TMS TMS = stimulation magnétique transcranienne Principe o délivrer une stimulation magnétique sur une région du cerveau à travers le crâne, à l’aide d’une bobine (indolore) o permet d’exciter ou inhiber les neurones de la région ciblée (en fonction de la fréquence des stimulations, de leur intensité etc.) changement d’excitabilité neuronale 2 approches 1) Évaluer l’effet du changement d’excitabilité neuronale sur les performances dans une tâche cognitive 2) Enregistrer les potentiels évoqués moteurs (PEMs) sur les muscles cibles ( = activité électrique musculaire évoquée suite à la TMS sur cortex moteur) et mesurer la modulation de ces PEMs en fonction de la tâche