Journal Identification = ABC Article Identification = 0741 Date: September 19, 2012 Time: 12:3 pm
doi:10.1684/abc.2012.0741
553
Pour citer cet article : Hamrita B, Ben Nasr H, Hammann P, Kuhn L, Ben Anes A, Dimassi S, Chaieb A, Khairi H, Chahed K. Pour une meilleure compréhension de la
physiopathologie des cancers mammaires : l’approche protéomique. Ann Biol Clin 2012 ; 70(5) : 553-65 doi:10.1684/abc.2012.0741
Synthèse
Ann Biol Clin 2012 ; 70 (5) : 553-65
Pour une meilleure compréhension de la
physiopathologie des cancers mammaires :
l’approche protéomique
Towards a better knowledge of breast cancer physiopathology:
the proteomics approach
Bechr Hamrita1
Hela Ben Nasr1
Philippe Hammann2
Lauriane Kuhn2
Amel Ben Anes1,3
Saloua Dimassi3
Anouar Chaieb1,4
Hedi Khairi1,4
Karim Chahed1,5
1Laboratoire d’immuno-oncologie
moléculaire, Faculté de médecine de
Monastir, Tunisie
<helabn@yahoo.fr>
2Plateforme protéomique, Institut
de biologie moléculaire et cellulaire,
CNRS, Strasbourg, France
3Service de physiologie
et des explorations fonctionnelles,
CHU Farhat Hached, Sousse, Tunisie
4Service d’obstétrique et des maladies
féminines, Centre hospitalo-
universitaire-Farhat-Hached,
Sousse, Tunisie
5Département de biochimie,
Faculté des sciences,
Université de Sfax, Tunisie
Article rec¸u le 19 décembre 2011,
accept´
e le 24 avril 2012
Résumé. Le cancer du sein représente un problème de santé publique majeur.
Environ une femme sur dix est susceptible de développer une tumeur maligne
du sein au cours de sa vie. A l’heure actuelle, l’attitude la plus efficace pour
diminuer la mortalité est de prévenir l’évolution vers une forme invasive ou bien
de dépister précocement la maladie. Bien que les marqueurs ACE, MUC-1 et
CA15.3 soient utilisés en clinique pour le suivi du cancer du sein, il n’existe à
ce jour aucun marqueur protéique ayant une spécificité et une sensibilité suffi-
santes pour avoir une utilité en clinique et dans le diagnostic précoce des cancers
mammaires. Des approches protéomiques sont ainsi nécessaires pour la carac-
térisation de nouveaux marqueurs moléculaires qui permettraient une meilleure
compréhension des mécanismes biologiques du développement tumoral et aide-
raient à développer de nouveaux outils de diagnostic et de pronostic. Le présent
article fait le point sur l’état actuel des connaissances sur les différents mar-
queurs protéiques décrits dans la pathologie mammaire, en soulignant leurs
caractéristiques biologiques et leurs intérêts clinique et thérapeutique.
Mots clés : cancer du sein, protéomique, spectrométrie de masse, marqueurs
tumoraux
Abstract. Breast cancer represents a major public health problem. Approxi-
mately one woman in ten is likely to develop a malignant tumor of the breast in
their lifetime. The frequency of breast cancer is rising steadily for 20 years and
the practical benefits in the diagnosis, prognosis and treatment of this disease
are still too limited. Actually, there is no tumor marker with a specificity and
sensitivity sufficient to have an utility in clinical and early diagnosis of breast
cancer, although, carcinoembryonic antigen (CEA), MUC-1 and CA 15-3 were
reported to be useful as markers for monitoring this disease. Thus, proteomics
approaches are needed for the discovery and the identification of new protein
biomarkers that may allow a better understanding of biological mechanisms
of breast tumor development and serve as potential therapeutic targets. This
article reviews advances in this field, as well as, the major contribution of these
markers in breast pathology, with a focus on their biological characteristics and
their clinical and therapeutic involvement.
Key words: breast cancer, proteomics, mass spectrometry, tumor markers
Le cancer du sein représente un problème de santé publique
majeur, à la fois dans les pays développés ou en cours
de développement. Il s’agit d’une maladie multifactorielle
impliquant à la fois des facteurs génétiques et des facteurs
liés à l’environnement. Des études épidémiologiques ont
montré que le tabagisme, l’abus d’alcool, l’imprégnation
hormonale, le contact avec certaines substances chimiques,
Tirés à part : H. Ben Nasr
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554 Ann Biol Clin, vol. 70, n5, septembre-octobre 2012
Synthèse
l’exposition excessive aux rayonnements solaires peuvent
aussi être des facteurs de risque menant au développement
de cette maladie [1].
À l’heure actuelle, l’analyse protéomique permet une des-
cription dynamique de la régulation de l’expression des
gènes, grâce à l’étude des protéines et de leurs modifi-
cations post-traductionnelles. Une telle approche devrait
permettre une analyse qualitative et quantitative des pro-
téines s’exprimant différentiellement à différents stades de
la maladie [2]. De telles protéines, potentiellement utiles en
tant qu’antigènes ou marqueurs tumoraux, pourraient, par
la suite, être utilisées en tant qu’outils de diagnostic et de
pronostic [3].
En pratique, un marqueur protéique tumoral est une molé-
cule présente dans l’environnement tumoral qui peut être
utilisée à des fins de diagnostic et de pronostic. De tels
marqueurs peuvent être sécrétés ou libérés par les cellules
tumorales ou par leur environnement. Ils sont souvent pré-
sents dans la tumeur, dans le plasma ou dans les urines
en quantités mesurables. La recherche d’un marqueur idéal
doit répondre à plusieurs critères, à savoir, la spécificité, la
sensibilité et la valeur prédictive positive. Par ailleurs, la
concentration de cette molécule devrait montrer une corré-
lation entre le taux du marqueur, l’agressivité de la tumeur
et l’efficacité thérapeutique.
À l’heure actuelle, il n’existe pas de marqueurs protéiques
tumoraux possédant une spécificité et une sensibilité suf-
fisantes pour avoir une utilité en clinique et notamment
dans le diagnostic précoce des cancers mammaires. À titre
d’exemple, bien que le marqueur CA 15-3 s’exprime chez
97 % des patientes présentant un cancer du sein, il n’est
cependant pas spécifique de cette maladie, puisque des
concentrations en CA 15-3 supérieures aux valeurs usuelles
ont été observées chez environ 6 % des sujets sains et
que diverses affections bénignes ou malignes peuvent être
associées à une élévation du taux de cette protéine [4]. Ce
marqueur ne peut ainsi être considéré comme moyen effi-
cace de dépistage ou de diagnostic précoce du cancer du
sein, compte tenu de sa faible sensibilité et spécificité [5].
Plusieurs travaux de recherche ont ainsi abordé la carac-
térisation de nouveaux marqueurs protéiques associés au
développement des cancers mammaires moyennant une
méthodologie couplant l’électrophorèse bidimensionnelle
(2-DE) hautement résolutive et la spectrométrie de masse
[6, 7]. La 2-DE est une méthode qui permet la séparation des
protéines selon deux dimensions perpendiculaires à savoir,
l’isoélectrofocalisation (IEF) qui sépare les protéines en
fonction de leur point isoélectrique (pI) et l’électrophorèse
de type SDS-PAGE qui permet d’analyse les protéines en
fonction de leur masse moléculaire. L’analyse des protéines
par 2-DE, associée à l’analyse bio-informatique des gels,
permettra par la suite de visualiser et de quantifier les varia-
tions protéiques entre différents extraits.
Les protéines différentiellement exprimées pourront par
la suite être identifiées par des méthodes telles que la
spectrométrie de masse qui se compose d’une source où
s’effectuent l’ionisation et la désorption des ions, d’un
analyseur où les ions sont séparés en fonction de leur rap-
port masse sur charge (m/z) et d’un détecteur permettant
l’enregistrement et la quantification des ions [8]. Deux
modes majeurs d’ionisation sont principalement utilisés
pour l’étude des composés peptidiques à savoir, la désorp-
tion/ionisation laser assistée par matrice (Maldi-Tof) qui
permet de réaliser une empreinte peptidique après digestion
protéolytique et la spectrométrie de masse en mode tandem
(MS-MS) qui permet d’obtenir une microséquence d’acides
aminés. La technologie de type Seldi-Tof (surface enhan-
ced laser desorption ionization time-of-flight) est une autre
approche protéomique qui associe deux principes d’analyse
des protéines, à savoir la chromatographie d’affinité par
rétention et la spectrométrie de masse [9]. Cette technique
permet la séparation, la détection et l’analyse des protéines
directement à partir d’échantillons biologiques complexes
avec une sensibilité de l’ordre de la femtomole et est par-
ticulièrement adaptée à l’étude de larges séries cliniques
[9, 10].
D’autres méthodes reposant sur les puces à protéines
(microarrays) ou les puces tissulaires (tissue microarrays)
ont été développées et permettent d’étudier les interactions
moléculaires avec divers partenaires moléculaires (pro-
téines, peptides). Le concept de puces à protéines est fondé
sur un principe analogue aux puces à acides nucléiques
associant une étape d’imprégnation du substrat (anticorps,
antigène) sur un support suivie d’une étape de quantifica-
tion. De telles approches sont très utiles pour l’analyse à
haut débit des protéomes et peuvent devenir à terme des
outils incontournables dans le domaine médical, en par-
ticulier pour le diagnostic et le pronostic des maladies
infectieuses, auto-immunes et cancéreuses [11].
À l’heure actuelle, l’approche protéomique demeure une
démarche impérative pour la découverte, l’identification
et la validation de nouveaux biomarqueurs. Trois voies
majeures sont intéressantes en protéomique des cancers.
Une première approche consiste à analyser la tumeur, ce qui
nécessite plus de préparation et éventuellement une micro-
dissection et des étapes de séparation cellulaires. Une autre
méthode, plus exhaustive passe par l’étude des fluides biolo-
giques tels que le plasma et le sérum. L’étude de la réponse
auto-immunitaire représente un autre volet important de
l’approche protéomique. À terme, ces différentes investi-
gations pourront apporter des informations précieuses sur
l’hétérogénéité des tumeurs, sur les relations qui existent
entre les tumeurs primaires et leurs métastases et aideraient
à mieux déchiffrer les différentes voies de signalisation
intracellulaires menant au déclenchement et à la progres-
sion de la maladie [6].
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Ann Biol Clin, vol. 70, n5, septembre-octobre 2012 555
Protéomique et cancer du sein
Altérations protéiques caractérisées
dans le cadre des cancers mammaires
Altérations affectant le répertoire des protéines
cellulaires
La protéomique appliquée à des modèles cellulaires est une
voie innovatrice car les populations cellulaires sont pures et
homogènes. Bien que cette homogénéité représente un atout
en recherche fondamentale, elle reste un obstacle majeur
en recherche clinique. Cette voie permet néanmoins de
décrypter les différentes voies de signalisation cellulaires
associées au développement de la maladie et de caractéri-
ser des marqueurs cellulaires potentiels pouvant servir dans
le diagnostic ou le pronostic. Plusieurs travaux se sont ins-
crits dans cette thématique de recherche (tableau 1). Une
carte protéomique de tissus sains humains qui pourrait,
servir comme profil témoin a été établie lors de comparai-
sons avec des profils issus de tissus tumoraux mammaires
[12]. Cette étude a permis, par ailleurs, de différencier des
cellules myoépithéliales de cellules luminales mammaires.
L’analyse différentielle a permis d’identifier 170 protéines
présentes à des taux variables entre les deux tissus [12].
Westley et Rochefort ont détecté dans des lignées cellu-
laires mammaires une phosphoglycoprotéine de 46 kDa,
la cathepsine D, présente à des taux élevés dans les tis-
sus tumoraux mammaires [13]. Cette augmentation serait
capable de promouvoir, in vitro, la prolifération des cellules
tumorales en activant les formes latentes des facteurs de
croissance et pourrait ainsi être associée à une augmentation
du risque de développement des métastases.
Un autre marqueur appartenant à la famille des protéines
du cytosquelette, la tropomyosine 1, a été caractérisé [14].
Cette protéine, réprimée dans les cellules cancéreuses,
serait étroitement associée au phénomène métastasique et
aurait un rôle de suppresseur de tumeurs [14]. Dans le
cadre d’une autre étude, Harbeck a évalué les taux du
complexe uPA-PAI-1 et montré que les concentrations plas-
matiques de ce complexe augmentent chez des patientes
ayant une tumeur mammaire [15, 16]. D’autres altéra-
tions affectant les protéines du cytosquelette (vimentine,
desmine, laminine) ont été observées sur des lignées cel-
lulaires tumorales (MDA-MB 231) [17]. Ces protéines
semblent être impliquées dans le processus tumoral étant
donné qu’une co-expression de la vimentine et de la kéra-
tine serait associée à une augmentation de la motilité
et de l’invasion des cellules tumorales mammaires [18].
Bergman a noté une nette augmentation du taux de cer-
taines protéines nucléaires, de protéines intervenant dans
les réactions d’oxydoréduction, ainsi que des protéines du
cytosquelette dans des tumeurs mammaires [8].
D’autres marqueurs sont également surexprimés au niveau
des carcinomes mammaires. À titre d’exemple, on retrouve
la protéine disulfide isomérase (PDI), la protéine chape-
ronne BiP et la calréticuline dont le fragment N-terminal
aurait un effet inhibiteur sur l’angiogenèse [19-21]. Cette
découverte serait d’une grande importance, car la caractéri-
sation de nouveaux inhibiteurs de l’angiogenèse représente
une voie très prometteuse dans la thérapie des cancers mam-
maires [22]. Par ailleurs, la protéine BiP s’associe avec un
grand nombre de protéines néosynthétisées et chaperonne
leur maturation et leur translocation à travers le réticu-
lum endoplasmique [23]. Une étude intéressante menée par
Reddy a montré qu’un domaine transmembranaire de la
protéine BiP s’associe avec la pro-caspase 7, bloquant ainsi
son activation en caspase 7 et inhiberait ainsi l’apoptose
[24]. Des études récentes ont montré, dans le cadre du can-
cer du sein, une altération de l’expression d’autres protéines
notamment la phosphoglycérate kinase 1, la HSP27, la
glyoxalase 1 et les protéines kallicréines 5, 6 et 10 [25, 26].
Les travaux de Imai ont montré, par ailleurs, une surexpres-
sion de l’annexine-2 et de la galectine-1 [27]. Une étude
récente menée par Liang a permis de révéler une surex-
pression du facteur TGF, des inhibiteurs de protéases et
de la serpine E2 dans des cellules épithéliales tumorales
mammaires [28].
Les protéines membranaires sont également susceptibles
d’être impliquées dans le processus tumoral. Leur ana-
lyse est cependant plus délicate compte tenu de leur
hydrophobicité et des difficultés associées à l’isolement
des membranes cellulaires. Dans ce contexte, plusieurs
protéines membranaires issues de différentes lignées cel-
lulaires tumorales ont été identifiées. Parmi ces protéines
on cite le récepteur de la tyrosine kinase (P61-YES) et
le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGF)
[29]. Un autre exemple est celui du facteur de crois-
sance NGF (nerve growth factor), facteur connu pour son
rôle stimulateur de la survie et de la différenciation des
neurones. D’une manière inattendue, il a été montré que
ce facteur serait exprimé au niveau des cellules néopla-
siques mammaires, alors qu’il serait faiblement exprimé au
niveau des cellules épithéliales mammaires non tumorales
[30].
Altérations affectant le répertoire des protéines
plasmatiques
La détection précoce d’une tumeur mammaire grâce à des
marqueurs présents dans des liquides biologiques faciles
d’accès (sérum, plasma, urine), est une voie de recherche
très attrayante [31]. Les marqueurs protéiques circulants
sont généralement des protéines ou peptides, sécrétés ou
libérés par les cellules tumorales ou par leur environne-
ment et seraient plus ou moins spécifiques de celles-ci. La
quantité idéale d’un marqueur circulant devrait être un esti-
mateur indirect de la masse tumorale ou de l’agressivité de
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Synthèse
Tableau 1. Protéines différentiellement exprimées dans le cadre des cancers mammaires et caractérisées par différentes approches
protéomiques.
Marqueurs identifiés Fonction Régulation dans
le cancer du sein
Méthode d’identification Référence
Protéines cellulaires
Cathepsine D Protéase Surexpression 2-DE [13]
Kératines K5, K6, K7, K17 Cytosquelette Inhibition 2-DE [77]
Kératines K8, K18,
K19
Cytosquelette Surexpression 2-DE [77]
Tropomyosine-1 Cytosquelette,
suppresseur de tumeurs
Inhibition Hybridation in situ/
immunofluorescence
[14]
14-3-3 Suppresseur de tumeurs Inhibition 2-DE/Maldi-Tof [80]
Vimentine Cytosquelette Surexpression Test d’invasion sur Matrigel [17]
Protéine disulfide isomérase Oxydations cellulaires Surexpression 2-DE/micro séquenc¸age [19]
Calréticuline Chaperonne Surexpression - [20]
NGF (nerve growth factor) Facteur de croissance Surexpression Western blot/Elisa/
immunohistochimie
[30]
HSP27 Chaperonne Surexpression 2-DE/Maldi-Tof/Tof-MS/MS [25, 26]
Annexine-2 Cytosquelette Surexpression FD-LC-MS/MS [27]
Galectine-1 Apoptose, prolifération Surexpression FD-LC-MS/MS [27]
Protéines plasmatiques
Tétranectine Protéolyse, coagulation,
angiogenèse
Surexpression Elisa [94, 95]
uPA-PAI-I Protéolyse Surexpression Elisa [15, 16]
CD105 (endogline) Organisation du
cytosquelette, signalisation
Surexpression Elisa [38]
1-antitrypsine Inhibiteur de protéases Surexpression 2-DE/Maldi-Tof-MS [40]
Apolipoprotéine A1 Métabolisme lipidique inhibition 2-DE/Maldi-Tof-MS [40]
BC1, BC2, BC3 - Surexpression Puces à protéines (Ciphergen) [108]
Kallicréines 4,5,10,15 Sérines protéases Surexpression - [41]
Ubiquitine Recyclages des
protéines/dégradation
Surexpression Seldi-Tof/MS [43]
Ferritine Transport du fer Surexpression Seldi-Tof/MS [43]
Autoanticorps
p53 Suppresseur de tumeurs Surexpression Elisa [48]
RS/DJ-1 - Surexpression Serpa [50]
Cardiolipine Métabolisme énergétique Surexpression Elisa [51]
-2 glycoprotéine Coagulation Surexpression Elisa [51]
MnSOD (superoxyde dismutase) Oxydations cellulaires Surexpression Elisa compétitive [54]
HSP60 Chaperonne,
transport des protéines
Surexpression Immunohistochimie [56]
-B-crystalline Chaperonne Surexpression Immunohistochimie [56]
-tubuline Cytosquelette Surexpression Serpa [58]
Prohibitine Prolifération,
suppresseur de tumeurs
Surexpression Serpa [58]
la tumeur, permettant ainsi l’évaluation de la progression
tumorale et/ou l’efficacité thérapeutique.
À l’heure actuelle, l’utilisation des méthodes de préfrac-
tionnement, de précipitation sélective, de chromatographie
et de déplétion des protéines majoritaires a fait l’objet de
développements considérables afin de mieux caractériser
les altérations plasmatiques associées au développement
tumoral [32-37]. L’étape de fractionnement consiste
généralement à subdiviser le protéome plasmatique afin
d’augmenter la proportion des protéines présentes en faible
quantité dans le plasma de départ.
À ce jour, parmi les marqueurs plasmatiques surexprimés
chez des patientes souffrant d’un cancer mammaire on
retrouve l’endogline (CD105). Cette protéine représente
le récepteur du facteur de croissance tumoral (TGF),
régulateur de la néovascularisation [38, 39]. Li et al. ont
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Ann Biol Clin, vol. 70, n5, septembre-octobre 2012 557
Protéomique et cancer du sein
montré que l’endogline serait une protéine indispensable
au déroulement de l’angiogenèse. Ils ont observé chez des
patientes souffrant d’un cancer mammaire métastasique,
un fort taux d’expression de cette protéine [38]. Un taux
très faible a été observé chez des patientes saines ainsi que
chez des malades ne présentant pas de métastases. À la
suite d’une chimiothérapie, la concentration plasmatique
de l’endogline chute fortement suggérant que cette protéine
pourrait être utile en tant que marqueur sérique théra-
peutique. Dans le même cadre, Vejda et al. ont procédé à
une analyse comparative par 2-DE afin de rechercher les
altérations accompagnant le processus néoplasique. Ces
chercheurs ont montré que le plasma de patientes atteintes
d’un cancer du sein présente une altération de plusieurs
marqueurs protéiques capables d’interférer avec l’induction
de l’apoptose [40]. Ces facteurs anti-apoptotiques peuvent
inhiber sélectivement l’apoptose induite par Fas et
par la staurosporine. Ces chercheurs notent un niveau
plasmatique élevé de la chaîne de la laminine, de
l’1-acide glycoprotéine, de l’1-antitrypsine, de l’1-
antichymotrypsine, de l’antiplasmine, de l’haptoglobine
et du fibrinogène . D’autres protéines voient, cependant,
leur concentration diminuer : l’albumine, la prealbumine
et l’apolipoprotéine A1.
L’implication de telles protéines dans la carcinogenèse
mammaire a été cependant fortement critiquée en raison
de leur abondance et de leur faible spécificité et sensibilité.
Dans le cadre d’autres études, une expression différentielle
du taux des kallicréines 4, 5, 10,11 et 15 et des protéines
HSP27 et 14-3-3 sigma a été observée dans le sérum de
patientes atteintes d’un cancer mammaire [41, 42].
Récemment, plusieurs études ont appliqué la chromatogra-
phie d’affinité de surface dans le but de caractériser des
marqueurs qui seraient utiles dans le diagnostic et le pro-
nostic du cancer du sein [43]. Gonc¸alves et al., ont mené
une analyse, par Seldi-Tof/MS et ont montré une expres-
sion différentielle de l’haptoglobine et du fragment C3a
du complément [44]. Dans une étude récente, la protéine
chitinase 3-Like-1 (CHI3L1) a été caractérisée en tant que
marqueur sérique potentiel du cancer du sein dont les taux
corrèlent avec le mauvais pronostic et avec une courte durée
de survie [45].
Altérations affectant le répertoire
des autoanticorps
Bien que la détection d’autoanticorps soit une approche
encore nouvelle en cancérologie, elle représente
aujourd’hui une voie de recherche très attrayante et une stra-
tégie innovatrice ayant des applications potentielles dans
le diagnostic et le pronostic des cancers mammaires [46].
De nos jours, les mécanismes moléculaires par lesquels
les antigènes secrétés ou libérés par les cellules tumorales
engendrent la formation d’anticorps demeurent inconnus.
Plusieurs travaux réalisés dans ce contexte suggèrent
néanmoins que le niveau d’expression protéique, la
localisation anormale de certaines protéines et surtout les
modifications post-traductionnelles peuvent représenter
des facteurs majeurs responsables du déclenchement d’une
telle réponse immunitaire [47].
Plusieurs travaux se sont inscrits dans cette thématique de
recherche (tableau 1). À titre d’exemple, les autoanticorps
anti-p53 ont été décrits comme étant surexprimés dans de
nombreux cancers, dont les cancers mammaires et les can-
cers colorectaux [48]. Une altération de la concentration
sérique des anticorps anti-p53 a été généralement associée
à une surexpression de la protéine p53 au sein de la tumeur
[49]. La protéine RS/DJ1 serait également impliquée
dans le déclenchement d’une réaction auto-immunitaire
ainsi qu’à la production d’autoanticorps anti-RS/DJ1 [50].
Zimmermann et al. ont montré l’existence d’autoanticorps
anti-cardiolipine et anti-bêta2 glycoproteine-1 dans le cadre
des cancers mammaires [51]. Les mécanismes précis gou-
vernant l’apparition d’une telle auto-immunité ne sont pas
encore élucidés.
D’autres études rétrospectives ont souligné l’importance
des autoanticorps dirigés contre les peroxyredoxines
comme étant des marqueurs potentiels de diagnostic, de
pronostic et seraient utiles dans la prévention de la mala-
die. Une étude immuno-protéomique réalisée dans le cadre
du cancer du poumon, a montré, en effet, que les autoanti-
corps anti-peroxyredoxine 1 existent chez 47 % des malades
alors que leur fréquence est de 8 % chez les témoins [52].
Fujita et al. ont montré, par ailleurs, que la peroxyredoxine
VI se comporterait comme un marqueur de bon pronos-
tic chez les sujets atteints d’un cancer de l’œsophage [53].
La présence d’autoanticorps dirigés contre la manganèse
superoxyde dismutase (Mn-SOD) et la protéine disulfide
isomérase (PDI) a été également rapportée dans le cadre
des cancers mammaires [54]. D’une manière analogue
aux peroxyredoxines, de telles protéines sont également
exprimées dans diverses conditions de stress oxydatif et
au cours du processus de la carcinogenèse. Bien que les
mécanismes impliqués dans le développement de ces anti-
corps demeurent inconnus, leur présence a été reliée à
leur taux d’expression élevé au niveau des tissus tumoraux
[55].
Les protéines chaperonnes HSP 60 et alpha -crystalline
sont deux autres marqueurs protéiques immunoréactifs
observés dans le cadre du cancer du sein. Des résultats
récents laissent penser que l’alpha -crystalline pourrait
constituer une cible de choix pour le contrôle des voies
de l’apoptose et une cible moléculaire intéressante pour
explorer l’évolution et l’origine des tumeurs mammaires
[56]. La protéine HSP60 pourrait également servir comme
marqueur de pronostic d’autant plus que son expression
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