
Journal Identification = ABC Article Identification = 0741 Date: September 19, 2012 Time: 12:3 pm
554 Ann Biol Clin, vol. 70, n◦5, septembre-octobre 2012
Synthèse
l’exposition excessive aux rayonnements solaires peuvent
aussi être des facteurs de risque menant au développement
de cette maladie [1].
À l’heure actuelle, l’analyse protéomique permet une des-
cription dynamique de la régulation de l’expression des
gènes, grâce à l’étude des protéines et de leurs modifi-
cations post-traductionnelles. Une telle approche devrait
permettre une analyse qualitative et quantitative des pro-
téines s’exprimant différentiellement à différents stades de
la maladie [2]. De telles protéines, potentiellement utiles en
tant qu’antigènes ou marqueurs tumoraux, pourraient, par
la suite, être utilisées en tant qu’outils de diagnostic et de
pronostic [3].
En pratique, un marqueur protéique tumoral est une molé-
cule présente dans l’environnement tumoral qui peut être
utilisée à des fins de diagnostic et de pronostic. De tels
marqueurs peuvent être sécrétés ou libérés par les cellules
tumorales ou par leur environnement. Ils sont souvent pré-
sents dans la tumeur, dans le plasma ou dans les urines
en quantités mesurables. La recherche d’un marqueur idéal
doit répondre à plusieurs critères, à savoir, la spécificité, la
sensibilité et la valeur prédictive positive. Par ailleurs, la
concentration de cette molécule devrait montrer une corré-
lation entre le taux du marqueur, l’agressivité de la tumeur
et l’efficacité thérapeutique.
À l’heure actuelle, il n’existe pas de marqueurs protéiques
tumoraux possédant une spécificité et une sensibilité suf-
fisantes pour avoir une utilité en clinique et notamment
dans le diagnostic précoce des cancers mammaires. À titre
d’exemple, bien que le marqueur CA 15-3 s’exprime chez
97 % des patientes présentant un cancer du sein, il n’est
cependant pas spécifique de cette maladie, puisque des
concentrations en CA 15-3 supérieures aux valeurs usuelles
ont été observées chez environ 6 % des sujets sains et
que diverses affections bénignes ou malignes peuvent être
associées à une élévation du taux de cette protéine [4]. Ce
marqueur ne peut ainsi être considéré comme moyen effi-
cace de dépistage ou de diagnostic précoce du cancer du
sein, compte tenu de sa faible sensibilité et spécificité [5].
Plusieurs travaux de recherche ont ainsi abordé la carac-
térisation de nouveaux marqueurs protéiques associés au
développement des cancers mammaires moyennant une
méthodologie couplant l’électrophorèse bidimensionnelle
(2-DE) hautement résolutive et la spectrométrie de masse
[6, 7]. La 2-DE est une méthode qui permet la séparation des
protéines selon deux dimensions perpendiculaires à savoir,
l’isoélectrofocalisation (IEF) qui sépare les protéines en
fonction de leur point isoélectrique (pI) et l’électrophorèse
de type SDS-PAGE qui permet d’analyse les protéines en
fonction de leur masse moléculaire. L’analyse des protéines
par 2-DE, associée à l’analyse bio-informatique des gels,
permettra par la suite de visualiser et de quantifier les varia-
tions protéiques entre différents extraits.
Les protéines différentiellement exprimées pourront par
la suite être identifiées par des méthodes telles que la
spectrométrie de masse qui se compose d’une source où
s’effectuent l’ionisation et la désorption des ions, d’un
analyseur où les ions sont séparés en fonction de leur rap-
port masse sur charge (m/z) et d’un détecteur permettant
l’enregistrement et la quantification des ions [8]. Deux
modes majeurs d’ionisation sont principalement utilisés
pour l’étude des composés peptidiques à savoir, la désorp-
tion/ionisation laser assistée par matrice (Maldi-Tof) qui
permet de réaliser une empreinte peptidique après digestion
protéolytique et la spectrométrie de masse en mode tandem
(MS-MS) qui permet d’obtenir une microséquence d’acides
aminés. La technologie de type Seldi-Tof (surface enhan-
ced laser desorption ionization time-of-flight) est une autre
approche protéomique qui associe deux principes d’analyse
des protéines, à savoir la chromatographie d’affinité par
rétention et la spectrométrie de masse [9]. Cette technique
permet la séparation, la détection et l’analyse des protéines
directement à partir d’échantillons biologiques complexes
avec une sensibilité de l’ordre de la femtomole et est par-
ticulièrement adaptée à l’étude de larges séries cliniques
[9, 10].
D’autres méthodes reposant sur les puces à protéines
(microarrays) ou les puces tissulaires (tissue microarrays)
ont été développées et permettent d’étudier les interactions
moléculaires avec divers partenaires moléculaires (pro-
téines, peptides). Le concept de puces à protéines est fondé
sur un principe analogue aux puces à acides nucléiques
associant une étape d’imprégnation du substrat (anticorps,
antigène) sur un support suivie d’une étape de quantifica-
tion. De telles approches sont très utiles pour l’analyse à
haut débit des protéomes et peuvent devenir à terme des
outils incontournables dans le domaine médical, en par-
ticulier pour le diagnostic et le pronostic des maladies
infectieuses, auto-immunes et cancéreuses [11].
À l’heure actuelle, l’approche protéomique demeure une
démarche impérative pour la découverte, l’identification
et la validation de nouveaux biomarqueurs. Trois voies
majeures sont intéressantes en protéomique des cancers.
Une première approche consiste à analyser la tumeur, ce qui
nécessite plus de préparation et éventuellement une micro-
dissection et des étapes de séparation cellulaires. Une autre
méthode, plus exhaustive passe par l’étude des fluides biolo-
giques tels que le plasma et le sérum. L’étude de la réponse
auto-immunitaire représente un autre volet important de
l’approche protéomique. À terme, ces différentes investi-
gations pourront apporter des informations précieuses sur
l’hétérogénéité des tumeurs, sur les relations qui existent
entre les tumeurs primaires et leurs métastases et aideraient
à mieux déchiffrer les différentes voies de signalisation
intracellulaires menant au déclenchement et à la progres-
sion de la maladie [6].
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.