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représente aujourd'hui un marché mondial dont la croissance est particulièrement
vigoureuse. La part de l'industrie européenne, du fait de son ancienneté et de sa
tradition, compte en valeur pour environ trois quarts, la France occupant de loin la
première place. Fort de ce potentiel, le luxe est non seulement une vitrine pour l'Europe
dans le monde, mais il est également créateur de richesses. Particulièrement tourné vers
l'extérieur, il exerce un effet d'entraînement positif sur de nombreux autres secteurs.
Néanmoins, face à une concurrence internationale de plus en plus active, qui fait craindre
une perte de leadership du luxe français et européen, il paraît indispensable que le
savoir-faire propre à ce secteur soit transmis autant à travers les métiers qu'au sein des
entreprises et que la créativité et l'innovation soient également davantage encouragées.
L'effet sablier ou le grand écart du luxe
Le nouvel Économiste
Ariane Warlin
Depuis quelques années, le secteur du luxe a mis en œuvre une nouvelle stratégie qui
consiste à offrir à côté des produits très haut de gamme des biens de luxe plus
abordables, souvent fabriqués dans des pays émergents dans une logique de
massification. Celle-ci est risquée, car si les grandes marques de luxe font rêver, c'est
précisément parce qu'elles sont inaccessibles pour la majorité des consommateurs. Cette
stratégie de double positionnement implique pour réussir que le marché soit bien
segmenté et différencié. Les marques cherchent ainsi à créer davantage de valeur
ajoutée en faveur de leur clientèle classique, notamment en conservant des magasins de
plus en plus somptueux. Pour la nouvelle clientèle, appartenant à la classe moyenne, la
stratégie marketing passe principalement par l'internet.
Quand l'industrie du luxe redécouvre l'internet
The Economist
Longtemps, l'industrie du luxe s'est méfiée de l'internet. Jusqu'en 2008, seul un tiers des
marques de luxe vendaient leurs produits sur le Net, certaines, comme Prada, n'ont pas
même eu de site internet jusqu'en 2007. Plusieurs raisons expliquent cette aversion. Le
luxe est lié à un sentiment d'évasion, acheter un produit en trois clics peut donc
apparaître comme une démarche très éloignée de cet univers de rêve. Par ailleurs, le
Web met en lumière le prix et invite à la comparaison. Le secteur a également commis
des erreurs stratégiques en bradant les fins de série via le Net, ce qui a jeté la suspicion
sur les pratiques tarifaires. Aujourd'hui, le secteur est en train de redécouvrir l'internet.
La nouvelle stratégie repose sur l'idée que le Web pourrait permettre au consommateur
de découvrir les produits avant de les acheter. Fabergé tente même l'expérience de miser
presque exclusivement sur la Toile pour relancer sa marque.
Egalement dans ce numéro
PORTRAIT D'ECONOMISTE
Maurice Allais, seul " prix Nobel d'économie " français, s'en est allé…
Alternatives économiques
Gilles Dostaler
Maurice Allais, seul économiste français récipiendaire du prix de la Banque de Suède en
économie en mémoire d'Alfred Nobel (dit prix Nobel d'économie), décédé le 9 octobre
2010, doit sa passion pour l'économie aux circonstances. Un voyage aux Etats-Unis
pendant la Grande Dépression au cours de l'été 1933, juste après être sorti major de
l'Ecole polytechnique (X), l'incitera à analyser les raisons de la crise économique et
sociale dont il est le témoin. Autodidacte en économie, il commence par découvrir les
théories de Léon Walras, de Wilfredo Pareto et d'Irving Fisher. Maurice Allais considère
que la théorie économique doit partir des faits. Sa démarche est scientifique : il est
convaincu qu'il est possible de trouver dans l'économie les mêmes régularités que dans