Chauffage par induction électromagnétique : technologie

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17/09/2008
Chauffage par induction
électromagnétique : technologie
par
Gérard DEVELEY
Ingénieur IEG. Docteur ès sciences
Ancien professeur à l’Université de Nantes
1.
1.1
1.2
1.3
Matériels mis en œuvre..........................................................................
Influence des amenées de courant ............................................................
Inducteur ......................................................................................................
Composants électrotechniques ..................................................................
1.3.1 Condensateurs de circuit oscillant ....................................................
1.3.2 Transformateurs d’adaptation ...........................................................
1.3.3 Concentrateurs de champ..................................................................
D 5 936 – 2
—
2
—
2
—
3
—
3
—
3
—
3
2.
2.1
Sécurité des personnes et des matériels ..........................................
Quelques rappels sur la sécurité ................................................................
2.1.1 Risques thermiques............................................................................
2.1.2 Risques électriques.............................................................................
2.1.3 Spécificités du chauffage par induction
vis-à-vis des risques électriques........................................................
2.1.4 Influence de la mise à la terre de la charge......................................
Compatibilité électromagnétique...............................................................
2.2.1 Perturbations rayonnées....................................................................
2.2.2 Perturbations conduites au réseau ...................................................
Filtrage..........................................................................................................
2.3.1 Filtrage passif......................................................................................
2.3.2 Filtrage actif.........................................................................................
—
—
—
—
4
4
4
4
—
—
—
—
—
—
—
—
4
4
5
5
5
6
6
6
3.
3.1
3.2
Mesures.......................................................................................................
Mesure des températures ...........................................................................
Mesures électriques ....................................................................................
—
—
—
6
6
6
4.
4.1
4.2
4.4
4.5
4.6
Applications ..............................................................................................
Cas de la métallurgie...................................................................................
Avancées dans les applications « classiques » .........................................
4.2.1 Fusion ..................................................................................................
4.2.2 Réchauffage avant formage...............................................................
4.2.3 Réchauffage avant forgeage..............................................................
4.2.4 Traitement thermique.........................................................................
Avancées dans les applications nouvelles ................................................
4.3.1 Nouveaux inducteurs .........................................................................
4.3.2 Brassage et confinement électromagnétiques.................................
4.3.3 Creuset métallique refroidi ................................................................
Plasma d’induction ......................................................................................
Cuisson .........................................................................................................
Industrie chimique.......................................................................................
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
—
6
6
7
7
7
7
8
8
8
9
9
10
10
10
5.
Conclusion .................................................................................................
—
10
2.2
2.3
4.3
Pour en savoir plus...........................................................................................
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Doc. 5 937
D 5 936 − 1
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CHAUFFAGE PAR INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE : TECHNOLOGIE
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e chauffage par induction est une technique électrothermique permettant de
chauffer des matériaux conducteurs d’électricité, sans contact matériel avec
une source électrique. Les bases théoriques en ont été exposées dans l’article
précédent. On aborde, dans le présent article, les problèmes rencontrés lors de
la mise en œuvre d’une installation, leurs solutions ainsi que les principales
applications industrielles de ce type de chauffage.
Du fait du caractère particulier des matériaux traités, il n’est pas étonnant que
ces applications concernent plus particulièrement la métallurgie des métaux,
que ce soit pour l’élaboration des métaux et des alliages par fusion, pour leur
réchauffage avant transformation ou assemblage ou encore pour leur traitement
thermique superficiel. C’est ainsi que la place de l’induction dans les applications de l’électricité est passée en 10 ans de 2 à 5 %, ce qui représente environ
150 GWh.
La conquête de nouveaux marchés a lancé l’induction dans des secteurs nouveaux et, en particulier, vers la chimie et vers le grand public. Grâce à l’évolution
des technologies de l’électronique et à l’apparition de composants de commutation plus rapide, des utilisations à plus haute fréquence ont pu être développées
pour des matériaux non métalliques. Ces dernières années ont donc vu émerger
des applications nouvelles présentant un fort caractère innovant, comme la
fusion directe de verres et d’oxydes ou comme les plasmas, avec des applicateurs de conception nouvelle.
L’ingénieur se trouve donc confronté à une mise en œuvre de plus en plus délicate du procédé, du fait de la présence dans les installations de fortes intensités
de courant, de fortes tensions et de hautes fréquences. De plus, la nécessité de
respecter les normes de compatibilité électromagnétique lui impose de savoir
maîtriser les pollutions créées par l’installation, soit en direction du réseau électrique, soit dans l’environnement immédiat.
L
L’article « Chauffage par induction électromagnétique » fait l’objet de deux fascicules :
D 5 935 Principes
D 5 936 Technologie
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres.
Le lecteur devra assez souvent se reporter aux autres fascicules.
On se reportera également au tableau Notations et symboles en début d’article D 5 935 [1] .
1. Matériels mis en œuvre
1.1 Influence des amenées de courant
Dans l’inducteur et ses amenées de courant circule une intensité
de courant importante qui peut provoquer une notable chute de
tension. Celle-ci se produit :
— pour un montage en série, entre le générateur et le bobinage
inducteur ;
— pour un montage en parallèle, entre le coffret d’adaptation et
l’inducteur.
Elle est essentiellement produite par l’inductance des câbles.
Pour diminuer cette chute de tension, on opère de la façon
suivante : on rapproche le plus possible les conducteurs de façon à
minimiser la valeur de l’inductance. On place, sur les tubes, des
plaques de cuivre parallèles formant un condensateur, de façon à
diminuer encore l’impédance apparente de la liaison (figure 1).
Exemple : supposons, pour illustrer, que les amenées sont constituées de tubes de cuivre de rayon a = 2 cm, distants de d = 20 cm et
de longueur h = 2 m. L’inductance de la spire formée par les deux
amenées est égale à
µ0
d
L = ------ h ln --a
π
soit
L = 1,84 µH.
Si on suppose que le courant inducteur a pour fréquence 10 kHz et
pour valeur efficace 500 A, la chute de tension est :
Lω I = 58 V.
1.2 Inducteur
Figure 1 – Amenées de courant vers l’inducteur : schéma
D 5 936 − 2
C’est un des éléments essentiels d’une installation. Chargé de
créer le champ magnétique, il doit supporter des courants importants en engendrant le minimum de pertes Joule.
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Eau
Eau
Courant
a massif refroidi
b tube refroidi
c
fil de Litz
Figure 2 – Divers types de conducteurs utilisés en chauffage
par induction
Actuellement, les efforts industriels de fabrication portent essentiellement sur la tenue en température de ces composants. Avec le
soutien d’Électricité de France, les ambitions des fabricants visent à
obtenir des éléments capables de fournir 1 Mvar à 500 kHz, pour
des installations utilisant des générateurs à semi-conducteurs.
Quant aux applications nécessitant des fréquences de l’ordre du
mégahertz, elles mettent en jeu les condensateurs céramiques ou
sous vide. Là encore, le refroidissement du composant est primordial. Il entraîne la nécessité d’une installation particulière pour la
circulation de l’eau de refroidissement. En haute tension, l’eau doit,
de plus, être désionisée pour éviter des pertes supplémentaires par
conduction, comme c’est le cas pour le refroidissement de la triode
oscillatrice dans les générateurs à tube.
1.3.2 Transformateurs d’adaptation
■ On utilise donc du cuivre pour le réaliser sous forme de spires,
jointives ou non, ou sous forme d’une monospire. Dans le premier
cas, on emploie un conducteur de section ronde ou carrée.
À la fréquence industrielle de 50 Hz, la profondeur de pénétration
du cuivre (avec µr = 1) à température ambiante est donnée par
[cf. [D 5 935], tableau 1] :
1
p = 503, 3 ----------- = 9mm .
σµ r f
On peut donc utiliser un conducteur massif refroidi (figure 2 a).
Pour des fréquences moyennes telles que la profondeur de pénétration devient inférieure à l’épaisseur de cuivre, on réalise l’inducteur avec du tube de section ronde (figure 2 b), rectangulaire ou
carrée, dans lequel passe le liquide de refroidissement.
Si la fréquence du courant est élevée, la réactance de l’inducteur
devient importante, ce qui peut imposer une tension trop élevée aux
bornes de l’enroulement. Dans ce cas, on peut réaliser l’inducteur
sous forme d’une monospire à partir d’une plaque de cuivre mise en
forme (cf. figure 13).
■ Enfin, lorsqu’il n’est pas nécessaire de refroidir l’inducteur,
on peut utiliser du fil multibrins, connu sous la dénomination de fil
de Litz (figure 2 c). Le diamètre des brins dépend de la profondeur
de pénétration dans le cuivre à la fréquence de fonctionnement.
Chaque brin est isolé électriquement par un vernis, l’ensemble étant
torsadé afin de réduire l’inductance propre du câble ainsi formé. On
peut en trouver des exemples dans les plaques à induction. L’avantage des fils de Litz est de permettre des connections souples non
refroidies. Ils présentent cependant une difficulté pour leur raccordement, car chaque brin doit être débarrassé de son vernis avant
soudure ou connection.
Par ailleurs, l’inducteur est exposé au flux de chaleur provenant de la charge et doit être protégé par un isolant thermique
(qui joue également souvent le rôle d’isolant électrique).
1.3 Composants électrotechniques
Dès que la fréquence d’oscillation est supérieure à 10 kHz, les
transformateurs à circuit magnétique feuilleté, construits à partir de
tôles d’acier magnétique, ne sont plus utilisables. Le circuit magnétique est remplacé par un circuit en ferrite. Ces circuits magnétiques
sont massifs et se présentent sous forme de barreaux ou de U qu’il
faut assembler. Les inductions magnétiques acceptables sont inférieures aux valeurs obtenues avec de l’acier (B de l’ordre de 0,5 T)
et le matériau du circuit n’est pas exempt de pertes thermiques.
Aussi le refroidissement du circuit est-il ici encore primordial.
Actuellement, des efforts particuliers sont faits, toujours avec le
soutien d’EDF, pour obtenir de tels transformateurs de forte puissance fonctionnant à plus de 100 kHz. Au-delà de cette fréquence,
on trouve le transformateur à air utilisé « classiquement » dans le
cas des hautes fréquences pour de faibles puissances.
1.3.3 Concentrateurs de champ
On a vu (cf. [D 5 935] § 2.1.3) que la puissance transmise au matériau à chauffer dépend du carré du champ magnétique. Il est
souvent utile, voire indispensable, de renforcer la valeur de H autour
des zones à chauffer. C'est le rôle du concentrateur de champ dont
le but est de concentrer les lignes de champ et d’éviter les fuites
magnétiques. Cette opération est réalisée à partir d’une culasse
placée autour de l’inducteur et de la zone sensible.
La figure 3 montre, dans un cas simple, l’effet d’un concentrateur
de champ lors du chauffage d’une tôle métallique par un conducteur
rectiligne :
— sans concentrateur (figure 3 a), les lignes de champ s’épanouissent et l’impact sur la tôle est « dilué » sur une forte distance ;
— la présence du concentrateur canalise le champ sur une faible
zone au voisinage du conducteur, permettant ainsi un chauffage
localisé et efficace (figure 3 b).
À faible et moyenne fréquences, ces culasses sont en acier
magnétique feuilleté. À plus haute fréquence, le matériau est
constitué d’un agglomérat de poudre magnétique et de liant. Actuellement, on trouve de tels matériaux pouvant fonctionner jusqu’à
500 kHz. Leur usage est limité par leur échauffement qui se traduit
par un ramollissement et un manque de cohésion. Ils sont cependant très pratiques d’usage, car faciles à usiner.
1.3.1 Condensateurs de circuit oscillant
Les condensateurs placés dans le circuit oscillant ont des capacités
qui ne sont jamais très élevées. Elles se chiffrent en microfarads,
voire en nanofarads pour les usages à haute fréquence. En revanche,
ils doivent être capables de supporter des tensions et des fréquences
élevées, ainsi que des courants importants. Les condensateurs fabriqués pour fonctionner à 50 Hz ne sont donc plus utilisables. Ces
condensateurs spéciaux [2] sont en céramique refroidie pour le fonctionnement en haute tension ou constitués de feuilles métalliques
(aluminium isolé) enroulées selon une technologie classique et
reliées à des plaques fortement refroidies formant connections.
Circuit magnétique
Lignes de champ
Courant
a sans concentrateur
b avec concentrateur
Figure 3 – Effet d’un concentrateur de champ
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CHAUFFAGE PAR INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE : TECHNOLOGIE
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2. Sécurité des personnes
et des matériels
2.1 Quelques rappels sur la sécurité
Les risques liés aux installations de chauffage par induction sont
de nature thermique ou électrique.
2.1.1 Risques thermiques
■ Ils concernent principalement l’induit, c’est-à-dire le creuset, la
charge et, d’une façon générale, les parties chauffées. Ils ne sont pas
spécifiques à la nature inductive du chauffage, mais simplement à la
température atteinte par les éléments chauffés.
Toutes les précautions prises pour se protéger de températures
élevées sont indispensables.
■ Un cas particulier est cependant à signaler : celui du rayonnement lumineux et, spécialement, celui des plasmas thermiques.
Lorsque l’élément chauffé rayonne fortement, une puissance importante peut être dégagée sous forme de rayonnement. Si la température atteint des valeurs élevées (dans le cas de plasma, la
température du gaz est de l’ordre de plusieurs milliers de kelvins), la
longueur d’onde du rayonnement émis passe de l’infrarouge
(10 µm-1 µm) au visible (0,8 µm-0,4 µm) et même au proche ultraviolet (< 0,4 µm). Le corps devient de plus en plus « blanc ».
Ces basses longueurs d’onde (typiques par exemple du rayonnement d’un arc électrique) peuvent avoir un effet dommageable sur
les cellules rétiniennes et demandent comme protection le port d’un
masque pourvu d’un verre filtrant spécial.
2.1.2 Risques électriques
Nous distinguerons les risques liés au matériel et ceux liés aux
personnes [3], [4].
2.1.2.1 Protection du matériel
Cette protection relève du service électrique et s’inscrit dans le
cadre général des normes de sécurité électrotechnique des installations sous tension. Elle nécessite :
— la mise en place de dispositifs de protection contre les surintensités (disjoncteurs, relais thermiques etc.) ;
— la mise en place d’une terre d’impédance compatible avec les
dispositifs existants ;
— la mise à la terre des matériels par des conducteurs repérés
(vert-jaune) ;
— la mise en parallèle (et non en série) des diverses masses et
leurs liaisons avec la terre.
La prise de terre doit être particulièrement soignée et offrir une
résistance très faible. Elle doit être réalisée soit par des piquets, soit
par des câbles enterrés horizontalement, de préférence en fond de
fouille, à l’aide d’un conducteur en cuivre de 25 mm2 de section.
Le régime de neutre doit être identifié.
2.1.2.2 Protection des personnes
Elle relève de la protection générale des travailleurs qui prévoit
l’utilisation de matériels de classe II (double isolation) et la mise en
place d’appareillage de coupure sensibles interdisant le passage ou
le maintien de courant électrique dans le corps humain (disjoncteur
différentiel). Ce dernier, soumis à une tension alternative, est
traversé par un courant dont la valeur dépend de la résistance
offerte. Les effets physiologiques sont différents selon la partie du
corps parcourue par le courant.
D 5 936 − 4
2.1.3 Spécificités du chauffage par induction
vis-à-vis des risques électriques
La particularité présentée par le chauffage par induction réside
dans le fait que la fréquence des courants générés par le générateur
et alimentant l’inducteur est rarement 50 Hz. En fait, cette fréquence
peut varier de la fréquence industrielle à plusieurs mégahertz,
comme par exemple dans le cas des plasmas d’induction. Au risque
dû à la tension s’ajoute celui dû à la fréquence. Or, on peut dire que
plus la fréquence est élevée, plus l’effet de peau est important. Le
trajet des courants se trouve ainsi rejeté en superficie de la peau où
se trouvent localisés les risques d’électrocution [3]. Pour une même
intensité de courant, l’effet thermique engendré est plus localisé, si
bien que la densité de puissance thermique est considérablement
augmentée et les brûlures sont beaucoup plus sévères. En
revanche, les risques d‘atteinte cardiaque sont diminués.
Dans le cas d’une installation de chauffage par induction, les
parties présentant des risques électriques sont relatives aux
amenées de courant, aux liaisons avec la batterie de condensateurs,
aux liaisons avec l’inducteur et à la charge elle-même, c’est-à-dire,
d’une façon générale, aux conducteurs se trouvant naturellement à
l’extérieur du générateur et accessibles à l’opérateur.
Selon le type de générateur ou de montage utilisés, l’inducteur
peut ou non avoir un point à la masse (en général une de ses extrémités). Cette mise à la masse est en tout cas ce qu’il convient de
faire chaque fois que c’est possible. Dans ce cas, l’autre extrémité de
l’inducteur est portée à un potentiel dont la valeur dépend du
montage utilisé.
Exemple :
Dans le cas des générateurs à semi-conducteurs, et d’un montage
parallèle, ce potentiel est généralement égal à quelques centaines de
volts et les fréquences n ’excèdent guère 100 kHz. Les risques d’électrocution profonde peuvent alors être importants et ce d’autant plus
que la fréquence est faible.
Dans le cas de générateurs à tube nécessitant des tensions pouvant atteindre plus d’une dizaine de kilovolts, les fréquences sont
assez élevées pour qu’une électrocution ne se propage pas en profondeur, mais occasionne des brûlures superficielles très intenses.
Dans tous les cas, il convient d’isoler le corps humain. Un procédé
simple est de porter des gants isolants, de se placer sur un tabouret
isolant et de n’opérer qu’avec une seule main à la fois pour éviter le
passage du courant d’une main à l’autre.
2.1.4 Influence de la mise à la terre de la charge
On peut également évaluer les risques électriques d’une mise en
contact du corps humain avec la charge. Pour cela, on peut estimer
à quel potentiel se trouvent portées les diverses parties de la charge
conductrice.
2.1.4.1 Tension entre deux points de la charge
Du fait du caractère conducteur de la charge, deux points éloignés
de cette charge ont une différence de potentiel faible. Les risques
électriques sont donc minimes.
2.1.4.2 Tension entre la charge et la masse
Le potentiel de la charge peut être considéré comme uniforme sur
toute sa hauteur.
■ Si la charge est mise à la masse, ce potentiel est nul. Dans ce
cas, il n’y a pas de danger électrique à être en contact avec la charge.
■ Si la charge n’est pas à la masse, son potentiel est flottant. Il
est fixé à une valeur sensiblement égale au potentiel moyen de celui
de l’inducteur (d’où l’intérêt de certains montages avec potentiel
zéro). Le contact d’une partie du corps humain (le plus couramment
une main) établit un circuit entre la charge et la main.
● Si le corps est isolé de la masse (par l’usage d’un tabouret isolant) il n’y a pas passage de courant.
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Antenne
Antenne
R
C
R
Inducteur
Charge
Corps
Masse
Figure 4 – Schéma électrique inducteur-masse
● Si le corps est à la masse, le courant s’établit à travers la résistance du corps. Le schéma électrique correspondant est représenté
sur la figure 4. La puissance électrique ne pouvant provenir que de
l’inducteur, on doit tenir compte de la capacité C du condensateur
constitué par l’inducteur, l’entrefer et la charge, et mis en série avec
la résistance R du corps. La valeur de C est en général peu aisée à
calculer, car elle dépend des formes de l’inducteur et de la charge et
de la répartition de leurs potentiels. Cependant, à fréquence élevée,
son impédance 1/Cω peut être faible et ne pas constituer une barrière électrique suffisante. Le courant traversant le corps peut alors
être important et superficiellement dommageable.
En résumé, il convient d’éviter que le corps humain ne soit en
contact avec un élément de l’installation. Cela impose la mise en
place de barrières de sécurité autour des zones sensibles.
2.2 Compatibilité électromagnétique
Tout système électrique perturbe son environnement aérien,
parce qu’il y rayonne des ondes électromagnétiques, et son environnement électrique, parce qu’il y induit des harmoniques de
courants et des tensions.
Le premier type de perturbation peut avoir des effets physiologiques sur le corps humain ou sur le matériel électronique environnant.
Le second type de perturbation provoque, dans le réseau
d’alimentation, des déformations du signal électrique incompatibles
avec les normes de production du courant électrique.
2.2.1 Perturbations rayonnées
Tout composant, toute boucle de câblage, tout morceau de fil de
connexion sont susceptibles de se comporter comme une antenne et
de rayonner un champ électromagnétique dans l’espace environnant.
2.2.1.1 Mesure
Les perturbations rayonnées sont mesurées à partir d’antennes
donnant soit le champ électrique (figure 5 a), soit le champ magnétique (figure 5 b). Dans les deux cas, le signal est converti, en
tension V aux bornes d’une résistance R.
Le rayonnement à une distance de 30 m de l’appareil à induction
ne doit pas excéder :
— pour des fréquences comprises entre 150 kHz et 490 kHz :
75 dB (µV/m) ;
— pour des fréquences entre 490 kHz et 1,705 MHz : 65 dB (µV/m).
En dessous de 150 kHz, il n’y a pas de spécifications.
2.2.1.2 Limitations
■ Les effets du champ rayonné sont particulièrement visibles
lorsqu’il s’agit de matériel électrique contenant des bobines (contac-
a champ électrique E
V
V
R
b champ magnétique H
Figure 5 – Schéma de mesure des champs électrique et magnétique
teur, relais), des écrans de visualisation (ordinateurs) ou des sondes
ou appareils de mesures électrique ou de température. Les effets
peuvent cependant être invisibles, en particulier lorsqu’il s’agit du
corps humain. La présence de personnes autour des installations à
induction, que ce soit en industrie (fours, réchauffeuse etc.) ou dans
le public (plaques à induction) impose de maîtriser ce rayonnement.
En France, on limite les effets thermiques du champ à
10 mW/cm2, ce qui correspond à un champ électrique de 200 V/m et
un champ magnétique de 0,5 A/m.
Encore faut-il connaître les effets induits par la présence du
champ. Actuellement, il est impossible d’avoir à ce propos des
conclusions claires, les études faites étant controversées et les
résultats considérés comme sujets à caution. Quoi qu’il en soit, tout
élément matériel ou humain recevant ce champ peut être perturbé
et doit être protégé.
■ À partir d’études faites par EDF sur un onduleur de courant, on
sait que les éléments les plus rayonnants (et donc les plus à surveiller) sont les interrupteurs statiques et leur système de commande, les câbles de liaison entre onduleur et charge, les
condensateurs de compensation et l’inducteur. En général, tout ce
qui est interne à l’armoire métallique du générateur (interrupteurs,
inductances de lissage etc..) se trouve isolé de l’extérieur. En revanche, les liaisons entre le générateur et le coffret d’adaptation (qui
contient les condensateurs de compensation et le transformateur
d’adaptation), entre le coffret et l’inducteur sont difficiles à neutraliser et constituent avec l’inducteur lui-même les éléments perturbateurs. On peut utiliser pour les liaisons électriques soit du câble
coaxial, soit du câble torsadé. Cependant, la nécessité de refroidir
ces éléments dans les installations de forte puissance (surtout entre
le coffret et l’inducteur) rend cette solution difficile. Il reste alors à
éloigner physiquement les éléments sensibles des éléments perturbateurs.
2.2.2 Perturbations conduites au réseau
Elles proviennent de la réjection de courants harmoniques sur le
réseau. Les installations de chauffage par induction sont vues du
réseau comme des charges non linéaires absorbant des courants
non sinusoïdaux. Les harmoniques sont générés principalement au
niveau du redresseur d’entrée et de l’onduleur.
■ Une première action est de les minimiser en agissant sur l’alimentation de l’installation. Le passage à l’hexaphasé ou au
dodécaphasé est une solution intéressante pour les grandes puissances.
Les redresseurs créent des harmoniques de rang n = kp ± 1 où k
est un nombre entier et p le nombre de phases du redresseur. On
peut donc trouver des harmoniques de rang suivants :
n = 3, 5, 7, 9….
— en diphasé :
(p = 2)
— en hexaphasé :
(p = 6)
n = 5, 7, 11, 13….
n = 11, 13, 23, 25….
— en dodécaphasé : (p = 12)
■ On peut également utiliser des redresseurs à modulation de
largeur d’impulsion (MLI) qui fournissent un spectre harmonique
limité.
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CHAUFFAGE PAR INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE : TECHNOLOGIE
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Pour un onduleur de courant, le courant provenant du redresseur
est filtré par une inductance de forte valeur, de sorte que l’ensemble
se comporte comme une source de courant continu. Les courants
provenant de chaque phase sont rectangulaires et les harmoniques
de rang n correspondants sont d’amplitude 1/n par rapport au
fondamental.
Pour un onduleur de tension, la tension provenant du redresseur
est filtrée par une inductance et un condensateur (filtre en demi Π)
et l’ensemble se comporte comme une source de tension continue.
Les courants provenant de chaque phase se présentent sous forme
de pics plus ou moins brefs, ce qui génère des harmoniques de
grande amplitude.
2.3 Filtrage
Dans tous les cas, les courants harmoniques se propagent dans le
réseau vers les impédances les plus faibles, générant alors des
tensions harmoniques. Il est donc indispensable de redonner au
réseau ses caractéristiques sinusoïdales. La réduction des harmoniques constitue un sujet en soi et on ne peut ici que l’effleurer. Deux
types de solution sont possibles.
culer des tensions ou des courants parasites dus au champ électromagnétique.
3.2 Mesures électriques
Il est souvent nécessaire de connaître les valeurs de la résistance
et de l’inductance que présente l’inducteur en fonctionnement,
c’est-à-dire avec sa charge, ainsi que la valeur de la puissance active
qui est dissipée dans cette charge.
Les techniques d’impédancemétrie et de décharge de condensateur permettent en particulier de connaître la fréquence d’oscillation
du système et assurent un bon diagnostic de l’installation.
Quant à la valeur de la puissance active fournie à l’inducteur en
charge, elle est obtenue par des mesures « classiques » de tension
de courant et de déphasage. Cette dernière se révèle cependant
parfois délicate lorsque le déphasage est proche de 90°. Aussi eston parfois amené à effectuer la mesure de puissance par le biais de
la calorimétrie. Cette méthode consiste à refroidir la charge par une
circulation d’eau dont on mesure le débit et l’écart des températures
d’entrée et de sortie.
2.3.1 Filtrage passif
Il est obtenu à partir de composants passifs et permet de limiter la
propagation des courants harmoniques dans le réseau.
4. Applications
Les filtres sont placés en série avec la charge, si celle-ci est une
source de tensions harmoniques et ils présentent alors une faible
impédance à 50 Hz et une forte impédance pour les fréquences
harmoniques.
4.1 Cas de la métallurgie
Ils sont placés en parallèle avec la charge, si celle-ci est une
source de courants harmoniques et ils présentent une impédance
forte à 50 Hz et une faible impédance à la fréquence de l’harmonique
à éliminer.
En triphasé, il convient de placer un filtre par phase.
2.3.2 Filtrage actif
Il est obtenu par des composants actifs générant des courants ou
des tensions en opposition de phase avec les harmoniques correspondants à éliminer. Dans de nombreux cas, ces filtres actifs sont
associés à des filtres passifs. Associés à des redresseurs
« rustiques », ils peuvent constituer une solution plus économique
que l’usage d’un redresseur sophistiqué.
3. Mesures
Les mesures évoquées sont relatives aux températures et aux
grandeurs électriques utiles (tensions, courant, puissance active).
Elles sont souvent délicates dès lors qu’elles imposent de placer des
capteurs dans l’environnement de l’inducteur. On se limitera ici aux
mesures spécifiques en indiquant les particularités et les contraintes
liées à la présence de l’induction électromagnétique.
3.1 Mesure des températures
On a déjà donné, en introduction de l’article précédent [1], quelques applications du chauffage par induction qui concernent plus
particulièrement la métallurgie des métaux. Sur les 150 GWh
évoqués en introduction de cet article, 45 % sont relatifs à la fusion,
45 % au chauffage avant formage, les 10 % restants représentant le
traitement thermique et les applications diverses. Ces chiffres
montrent bien que la sidérurgie et la mécanique restent un
domaine privilégié du chauffage par induction dans les domaines
suivants :
■ Sidérurgie
Élaboration de demi-produits (blooms, brames, billettes) :
— chauffage complet : il n’est pas développé pour les brames ; il
existe quelques applications pour les billettes en aciers spéciaux
(aspect qualité) ;
— chauffage local : il concerne les rives de brames ;
— amélioration d’installations existantes :
• ébauches de brames ;
• billettes en sortie de four à gaz (quelques projets en France).
●
Élaboration de produits finis :
— chauffage ou traitement de fils ;
— chauffage de bandes minces ; il existe une dizaine d'applications en France pour les aciers d'emballage et les aciers spéciaux.
●
■ Mécanique
● Fusion : l’induction est bien placée pour les aciers et surtout les
fontes, mais, pour les métaux non ferreux (AI, Cu), l'induction est
pénalisée par rapport au gaz.
●
La température atteinte par le matériau chauffé est mesurée à
l’aide de thermocouples ou de sondes à résistance métallique, en
contact avec le matériau, ou par pyromètre optique, sans contact.
Cette seconde méthode est souvent préférée, malgré son coût. En
effet, les méthodes de contact présentent l’inconvénient de porter
l’élément de mesure ou sa gaine au potentiel électrique du matériau (potentiel qui n’est pas forcément nul). De plus, elles imposent
la présence de câbles de liaison avec l’appareil susceptibles de véhi-
D 5 936 − 6
Forge de lopins d'acier.
On comprend bien que, malgré le caractère « classique » de
ces applications, d’importants progrès technologiques aient été
faits. Ils ont été accompagnés par de nouveaux développements en agroalimentaire, en chimie et en environnement, et
ont permis des réalisations de très fortes innovations qui sont
détaillées dans la suite.
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4.2 Avancées dans les applications
« classiques »
Cuve
Revêtement réfractaire
Il s’agit, rappelons-le, de la fusion, du chauffage avant formage ou
avant forgeage et du traitement thermique.
Réservoir de métal liquide
4.2.1 Fusion
Canal
Du fait de la montée en performance des générateurs, les installations à 50 Hz ne sont plus d’actualité. Actuellement, les progrès de
l’électronique permettent l’usage de fours à des fréquences allant
de 200 à 1 000 Hz, avec les avantages suivants : démarrage sans
pied de bain, compacité réduite, amélioration du brassage électromagnétique.
Circuit magnétique
Inducteur
Les fours les plus répandus sont les fours à creuset à basculement, plutôt utilisés pour la fusion, et les fours à canal, souvent
réservés au maintien en température des métaux fondus.
■ Le four à creuset (figure 6) est constitué d’un inducteur refroidi
à l’eau entourant un creuset constitué d’un garnissage en matériau
réfractaire. Des culasses magnétiques canalisent le flux de fuite
magnétique. Le matériau à fondre est placé dans le creuset qui, en
moyenne fréquence, démarre à froid. De même, en cas d’arrêt de
l’alimentation électrique, le four peut repartir sur le pied de bain
figé. Par ailleurs, le matériau fondu est soumis aux forces de striction générées par la présence simultanée du champ électromagnétique et des courants induits. Celles-ci entraînent la formation d’un
dôme (cf. [D 5 935] § 2.3.2.2) et, par conséquent, la mise en mouvement du métal liquide.
Le brassage qui en résulte permet une rapide absorption des
composants et présente l’avantage de favoriser l’homogénéité du
bain. En revanche, il présente l’inconvénient d’user les parois réfractaires du creuset et donc d’en réduire la durée de vie. Cette
contrainte entraîne une limitation de la puissance de ce type de four
(en moyenne fréquence à environ 1 000 kW/t). Ils sont cependant
très souples de fonctionnement, avec une vitesse élevée de fusion.
Ils peuvent être vidés intégralement, ce qui permet de changer rapidement de composition.
Les fours à bobine longue (80 % de la hauteur) sont utilisés plus
particulièrement pour la fusion d’aciers spéciaux ou d’alliages de
cuivre ou d’aluminium, tandis que les fours à bobine courte sont
réservés au maintien en température du métal liquide.
■ Le four à canal (figure 7) est en fait un transformateur dont le
secondaire est constitué par la veine de métal liquide. Le courant circulant dans ce secondaire assure le chauffage du métal présent qui
est transféré dans le bassin par thermosiphonnage. Simple dans
son principe, il se révèle délicat d’utilisation. En effet, le canal
secondaire doit toujours être rempli de métal liquide, ce qui ne permet pas au four de démarrer à froid.
Axe de basculement
Protection par briquetage
Figure 7 – Four de fusion à canal
Le démarrage impose donc de verser au préalable du métal
liquide dans le canal. Il ne tolère pas les arrêts et doit toujours être
alimenté électriquement. De plus, le canal réalisé dans un matériau
réfractaire est une zone rendue sensible par la chaleur qui s’y
dégage, par les risques de bouchage, par l’érosion du réfractaire
produite par les vitesses importantes que peut y avoir le métal
liquide. En revanche, ce type de four présente, dans le bassin, un
brassage réduit, ainsi qu’une bonne homogénéité de température.
Il est particulièrement utilisé pour le maintien de l’acier et de la
fonte et pour la fusion des alliages cuivreux ou d’aluminium.
4.2.2 Réchauffage avant formage
Si le réchauffage global de brames n’est pratiquement plus
utilisé, le réchauffage des rives d'ébauche de brames se généralise
(figure 8).
Les installations sont de forte puissance (de 1à 3 MW) pour le traitement continu de brames minces de 20 à 50 mm d’épaisseur.
4.2.3 Réchauffage avant forgeage
Dans ce domaine, le progrès le plus spectaculaire concerne la
structure d’inducteurs multicouches « à haut flux ». Les spires de
l’inducteur sont divisées en couches superposées (figure 9) parcourues par le courant inducteur.
L’avantage est que ce courant circule dans toute l’épaisseur de
l’inducteur au lieu d’être rejeté vers la périphérie par effet de peau.
La résistance de l’inducteur diminue puisque sa section apparente
augmente.
L’inconvénient est de soumettre les couches internes du bobinage
au champ magnétique créé par les couches externes et ainsi de
générer des pertes supplémentaires dans l’inducteur.
Circuit magnétique
Inducteur
Inducteur
Culasses magnétiques éventuelles
Creuset réfractaire
Protection par briquetage
Figure 6 – Four de fusion à bascule
Brame
Figure 8 – Inducteur en C pour réchauffage des rives d’ébauche
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logie de fabrication de tels conducteurs, impose une épaisseur minimale de l’ordre du millimètre. Il en résulte une fréquence de travail
limitée actuellement à moins de 1 kHz. Le bobinage peut être réalisé
en galettes, ce qui assure l’égalité du courant dans toutes les
couches. Elles peuvent également être bobinées en solénoïde avec
permutation selon la technologie Roebel.
(n )
(k )
Billette
Les puissances surfaciques transmises au lopin sont fortement
augmentées et peuvent atteindre 4 MW/m2.
k nombre de couches superposées
n nombre de bobines
4.2.4 Traitement thermique
Figure 9 – Inducteur multicouches
La trempe superficielle bénéficie de la montée en puissance et en
fréquence des générateurs jusqu'à 400 kHz.
Inducteur
Pièce
statique
En ce qui concerne les cylindres, on trouve le cas des pièces
statiques (figure 10) ou au défilé (figure 11). Pour les engrenages, la
possibilité de trempe à « double fréquence » permet même des traitements quasi simultanés des diverses parties des dents (figure 12).
La fréquence basse (2 à 10 kHz) permet de traiter le contour durant
quelques secondes, tandis que le haut des dents est traité par la
fréquence élevée (150 à 400 kHz) durant 150 à 500 ms. Le temps de
chauffe est ainsi très réduit, ce qui évite la diffusion thermique vers
le cœur du métal.
Les puissances mises en jeu sont importantes, souvent supérieures à 100 kW.
Douche
4.3 Avancées dans les applications
nouvelles
Figure 10 – Traitement thermique superficiel de cylindre statique
Inducteur
4.3.1 Nouveaux inducteurs
■ En plus des inducteurs à haut flux mentionnés, paragraphe 4.2.3,
il faut noter l’apparition d’inducteurs « monospire » rectangulaires pour le chauffage de matériaux plats et minces.
Ils trouvent leur utilisation pour le recuit des bandes d’aluminium
ou d’acier entrant dans la fabrication des boîtes ou des canettes,
pour l’étamage (refusion d'étain), la cuisson de vernis, le galvannealing (refusion de zinc sur bande d’acier), etc. (figure 13).
Pièce
en mouvement
Douche
Figure 11 – Traitement thermique superficiel de cylindre au défilé
Spire inductrice
Leur inconvénient est la grande sensibilité du chauffage par
rapport au positionnement de la tôle. Le décentrage de celle-ci introduit des inhomogénéités de mise en température, ce qui impose un
dispositif mécanique de contrôle de position de la tôle durant son
mouvement afin d’empêcher son décentrage ou ses vibrations. Ces
défauts sont dus principalement à l’existence d’un champ transverse au voisinage des extrémités de l’inducteur et des connexions
avec les câbles d’alimentation. Une solution possible consiste à
placer des barreaux de ferrite pour rétablir une bonne homogénéité
de champ.
■ On trouve également des inducteurs monospire cylindriques
(figure 14) pour l’élaboration de matériaux tels que des oxydes ou
des verres à haut point de fusion. L’avantage de tels inducteurs est
leur simplicité, ainsi que leur faible inductance électrique. Il est possible de les utiliser à des fréquences élevées sans difficultés particulières pour le générateur associé.
Inducteur monospire
Profil de trempe
Tôle
Figure 12 – Traitement thermique d’un engrenage
On est donc amené à choisir une épaisseur de couche inférieure à
la profondeur de pénétration à la fréquence de travail. Par ailleurs,
la nécessité de refroidir les couches par passage d’un liquide
conduit à l’usage de conducteur creux, ce qui, du fait de la techno-
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Figure 13 – Inducteur monospire pour réchauffage de tôles minces
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Spire directe refroidie
On peut ainsi traiter des inclusions conductrices ou non. Un tel
dispositif permet de diminuer l’épaisseur de laminage et trouve tout
son intérêt pour les produits élaborés en bande mince.
Charge en fusion
Amenées de courant
Figure 14 – Inducteur monospire « spire directe »
4.3.2 Brassage et confinement électromagnétiques
Ils ne constituent pas à proprement parler une technique de
chauffage, mais ils lui sont liés en tant que conséquence
« mécanique » de l’interaction entre les courants induits et l’induction magnétique (cf. [D 5 935] § 2.3). Cette action mécanique est
utilisée essentiellement en métallurgie pour améliorer la qualité des
produits. Elle utilise des champs magnétiques continus ou alternatifs et on peut citer quelques exemples industriels.
■ Brassage électromagnétique
Il est présent naturellement dans les creusets d’élaboration (§ 4.2.1)
et on en a vu les avantages et inconvénients. Rappelons simplement
qu’il est très dépendant de la géométrie des cuves et surtout de la
fréquence des courants (il est plus important à basse qu’à moyenne
fréquence).
On peut également provoquer volontairement un brassage par
l’application d’un champ magnétique tournant ou glissant obtenu à
partir d’un stator de machine asynchrone. C’est ainsi qu’on peut
trouver des brasseurs distribués le long de la coulée d’un métal afin
d’assurer une bonne homogénéité du métal en cours de solidification.
4.3.3 Creuset métallique refroidi
■ Il comporte un inducteur solénoïdal (multispires) ou cylindrique
(monospire) entourant un creuset sectorisé. Celui-ci est constitué
de secteurs métalliques (cuivre, acier inoxydable ou aluminium)
séparés les uns des autres par un intervalle (afin de ne pas écranter
le champ de l’inducteur), de l’ordre du millimètre, et empli d’un isolant réfractaire (figure 15).
Chaque secteur, plongé dans ce champ, est parcouru par des
courants induits qui se développent sur sa périphérie. Si on admet,
en première approche (figure 16), que le courant inducteur (Iind) et
le courant circulant sur la partie externe des secteurs (Iext) ont un
effet qui se compense, la charge placée dans le creuset est principalement sensible au courant induit (Iint) parcourant la face interne du
secteur. Le champ électromagnétique correspondant agit directement sur la charge conductrice et provoque son échauffement et sa
fusion.
Passage de l'eau
de refroidissement
Secteur de
cuivre
Charge
Inducteur
■ Frein électromagnétique
Par application d’un champ magnétique continu perpendiculaire
à un jet de liquide conducteur électrique, on crée des courants
induits dans le jet, courants qui s’opposent au mouvement et ralentissent la vitesse du jet. En plaçant un tel frein au niveau de la buse
de coulée d’un métal liquide, on peut contrôler le débit du métal. En
ralentissant la vitesse de coulée, on diminue la pénétration du métal
dans le puits de solidification, ce qui évite d’entraîner de façon irréversible les impuretés présentes sous forme de particules solides.
De plus, par une forme judicieuse du champ magnétique, on peut
également créer des forces horizontales permettant une meilleure
répartition du jet de coulée dans la lingotière.
■ Lévitation électromagnétique
Par des bobines judicieusement placées, on peut écarter le métal
liquide de la paroi du canal de coulée, éviter ainsi sa pollution et
surtout contrôler sa vitesse de refroidissement.
■ Filtres magnétiques
Ils sont destinés à éliminer les inclusions solides dans le métal
liquide.
Pour des inclusions magnétiques, l’action d’un champ magnétique continu à fort gradient spatial crée une force magnétique
proportionnelle au gradient du champ et à la susceptibilité magnétique de l’inclusion. Cette dernière peut ainsi être déviée, puis
piégée.
Dans le cas de particules non magnétiques, présentes dans un
fluide conducteur de l’électricité, on établit un courant électrique
dans le fluide et on le soumet à un champ magnétique continu. Il
existe alors une force qui dévie la particule, lorsque sa conductivité
électrique est différente de celle du liquide.
Figure 15 – Creuset métallique refroidi
Z
Iext
Iint
Inducteur
Figure 16 – Répartition des courants dans le creuset métallique
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Inducteur
Creuset
Figure 17 – Creuset pour lévitation
Par ailleurs, les secteurs sont creux et parcourus par un liquide de
refroidissement. La charge fondue se solidifie au contact de la paroi
interne des secteurs. La croûte ainsi formée constitue un
« autocreuset » dont l’épaisseur n’excède pas quelques millimètres,
et qui limite les déperditions thermiques par conduction avec la
paroi.
L’avantage d’un tel dispositif réside dans l’absence de contact du
matériau fondu avec le réfractaire des parois d’un four classique, ce
qui garantit la pureté du produit préparé.
En revanche, le rendement de tels fours est amoindri du fait que
Iint est inférieur à Iind et du fait des pertes Joule supplémentaires
dans les parois du creuset.
Ce nouveau type de four trouve des applications dans divers
domaines.
■ Cette technique est utilisée en particulier, en métallurgie, pour
l‘élaboration de métaux à haute valeur ajoutée. Que ce soit le système à cage métallique refroidie ou le système à spire directe, il permet de ne pas polluer le métal élaboré.
La forme interne du creuset représenté sur la figure 15 permet
une coulée continue par abaissement contrôlé du fond de la lingotière. C’est le principe du procédé 4C (Cold Crucible Continuous
Casting). Certains creusets ont une forme non cylindrique (figure 17)
qui accentue l’effet des forces électromagnétiques de répulsion entre
le creuset et le matériau, et provoque un décollement du matériau
de la paroi, voire même sa lévitation.
Les fours sont de faible capacité (quelques dizaines de kilogrammes).
On peut citer, comme applications industrielles, l’élaboration du
silicium polycristallin, le recyclage de copeaux de titane et de laiton.
■ Ce type de four est également utilisé pour la fusion des matériaux comme les verres et les oxydes, qui sont peu conducteurs et
présentent une haute température de fusion. En fait, on utilise déjà
de façon classique des fours à induction pour fondre un matériau
isolant placé dans un creuset métallique. Il s’agit d’un chauffage
indirect. C’est, par exemple, le cas du retraitement des déchets faiblement radioactifs pour lequel le « pot » métallique chauffé à
moyenne fréquence (entre 4 et 10 kHz) permet de fondre du verre
dans lequel sont vitrifiés les déchets. Dans ce type d’applications, on
se heurte souvent au problème de l’usure du creuset par corrosion
de sa paroi, au contact avec le matériau d’autant plus actif chimiquement qu’il est porté à haute température. La solution du chauffage
direct sur le verre ou l’oxyde placés dans un creuset refroidi résout
donc le problème de la corrosion du creuset. L’inconvénient est que
le caractère peu conducteur des charges impose de travailler à des
fréquences importantes (de l’ordre de 300 kHz).
De ce fait, dans ce domaine, il n’existe encore que peu de réalisations industrielles. Tout est encore en plein développement.
4.4 Plasma d’induction
Constitué de gaz partiellement ionisé, le plasma peut être assez
conducteur pour entretenir une réaction thermique par induction.
D 5 936 − 10
Les principes et la mise en œuvre de ces plasmas thermiques ont été
exposés en [5] et plus particulièrement au paragraphe 2.5 de la référence citée, pour ce qui est des plasmas inductifs, parfois appelés
radiofréquences. On pourra donc s’y reporter pour les détails. Du
point de vue industriel, cette dernière décennie n’a pas vu de grand
développement de cette technologie bien que de nombreux travaux,
tant théoriques que pratiques, y aient été consacrés.
On peut citer une application dans l’élaboration du silicium polycristallin destiné à la fabrication de cellules solaires, mais, actuellement, on peut dire que les outils sont prêts avant les applications.
Néanmoins, les propriétés chimiques des plasmas d’induction, dues
à la présence de radicaux libres fortement actifs, laissent augurer un
développement futur dans le domaine de la chimie.
4.5 Cuisson
Il existe, dans le domaine agroalimentaire, diverses tentatives
d’utiliser l’induction.
EDF a étudié et réalisé une vis chauffante par induction mise à la
disposition des industriels (plate-forme mobile) pour en tester
l’usage sur des matériaux pâteux ou pulvérulents (stérilisation de
farine, séchage de boues, etc.).
On peut citer, également, le procédé de cuisson-extrusion développé par une société française (Sté Clextral).
L’induction est également utilisée pour la fabrication de produits
qui demandent un dorage ou un brunissage, comme c’est le cas
pour la fabrication des caramels aromatiques (Sté Nigay).
Diverses tentatives ont également été faites pour la mise au point
de fours à bande pour la précuisson d’aliments, ou dans la biscuiterie (galettes) et dans la confiserie (pralines), mais elles se heurtent
actuellement au coût des matériels d’induction.
C’est dans un domaine qui touche au grand public que de gros
efforts ont été réalisés pour faire connaître la technologie de l’induction. Il s’agit de la mise au point et de la commercialisation de la
plaque à induction. On trouvera les détails sur ce sujet en [6].
4.6 Industrie chimique
On assiste depuis une dizaine d’années à un usage plus intensif
de l’induction comme moyen de chauffage des parois de réacteurs
chimiques. Les inducteurs alimentés à 50 ou à 1 000 Hz sont répartis
sur le fond et les parois du réacteur. Celles-ci sont en acier inoxydable massif ou en acier émaillé à l’intérieur. Le système classique
de double enveloppe est remplacé par une circulation d’eau dans
des tubes en Inox en forme de demi-coquilles soudés sur la paroi.
On trouve ce type de réacteur dans la fabrication des résines, des
cosmétiques et dans l’industrie pharmaceutique.
5. Conclusion
Il est clair que l’induction tient, dans le monde entier, une place en
fort développement dans le domaine industriel. Ses applications se
diversifient et concernent des matériaux autrefois réputés inaccessibles à cette technique. Toutefois, le coût des matériels reste encore
prohibitif pour les applications pour lesquelles l’induction est en
compétition directe avec d’autres techniques de chauffage, électrique ou non. Il y a là un frein au développement de l’induction,
c’est pourquoi de grands efforts sont faits actuellement, sous
l’impulsion d’EDF et d’industriels du secteur électrique, pour
réduire ces coûts. Le but recherché est de proposer rapidement sur
le marché une gamme de générateurs « bon marché », de puissance
moyenne, afin de permettre à de nouvelles applications de devenir
compétitives.
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