JÉSUS IMPOSE LE SILENCE…
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D’abord, qui crie (krazô) et dans quel but ? La plupart du temps,
il s’agit de gens ordinaires qui crient, soit pour implorer une
guérison, pour acclamer Jésus, ou pour réclamer sa mort :
« Aussitôt le père de l’enfant cria : “Je crois! Viens au secours
de mon manque de foi!” » (Mc 9,24); « Ceux qui marchaient
devant et ceux qui suivaient criaient : “Hosanna! Béni soit au
nom du Seigneur celui qui vient!” » (Mc 11,9); « De nouveau, ils
crièrent : “Crucifie-le!” Pilate leur disait : “Qu’a-t-il donc fait de
mal?” Ils crièrent de plus en plus fort : “Crucifie-le!” » (Mc
15,13-14).
Mais les champions crieurs sont les esprits impurs : « Les esprits
impurs, quand ils le voyaient, se jetaient à ses pieds et criaient :
“Tu es le Fils de Dieu.” » (Mc 3,11); « Nuit et jour, il était sans
cesse dans les tombeaux et les montagnes, poussant des cris et se
déchirant avec des pierres. » (Mc 5,5); « D’une voix forte il crie :
“Que me veux-tu, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t’adjure par
Dieu, ne me tourmente pas.” » (Mc 5,7); « Avec des cris et de
violentes convulsions, l’esprit sortit. L’enfant devint comme
mort, si bien que tous disaient : “Il est mort.” » (Mc 9,26);
« Apprenant que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : “Fils
de David, Jésus, aie pitié de moi!” Beaucoup le rabrouaient pour
qu'il se taise, mais lui criait de plus belle : “Fils de David, aie
pitié de moi!” » (Mc 10,47-48).
Par contre, trois occurrences, rendues en français par grand cri,
viennent de l’expression grecque phônê megalê. « L’esprit impur
le secoua avec violence et il sortit de lui en poussant un grand
cri. » (Mc 1,26); « Et à la neuvième heure Jésus clama en un
grand cri : “Élôï, Élôï, lema sabachthani?”, ce qui se traduit :
“Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?” » (Mc
15,34); « Mais, poussant un grand cri, Jésus expira. » (Mc
15,37). Cette même expression grecque, phônê megalê, sert à la
fois à exprimer le cri de Jésus avant sa mort et celui de l’esprit
impur s’apprêtant à quitter le corps de l’homme dans la
synagogue de Capharnaüm. En ce sens, pour Camille Focant, le