La fable de la croissance sans fin !

La fable de la croissance sans fin !
Le PIB c’est quoi dans les textes officiels ?
Le produit intérieur brut (PIB) correspond à la valeur totale de la production interne de biens et services
marchands dans un pays donné au cours d'une année donnée par les personnes résidant à l'intérieur du
territoire national. Et quand le PIB augmente d’une année sur l’autre il y a croissance. Est comptabilisé
dans le PIB tout ce qui donne lieu à une transaction financière, à un flux monétaire.
Mais ...en réalité ?
Les indicateurs, tel le PIB, résument en un simple chiffre, l’aspect sous lequel on décide de regarder la
société. Les indicateurs sont donc des conventions. A ce titre, ils doivent faire l’objet d’un débat
démocratique avant que les experts ou scientifiques en définissent le contenu et le mode de calcul.
Car au-delà de leur aspect descriptif conventionnel, ils sont des outils de décision politique et des
justifications, ou légitimation, de ces politiques.
Peut-on faire monter le PIB et faire de la croissance, sans pour autant procurer un mieux-être
pour l’espèce humaine ? Quelques exemples parmi tant d’autres...
- Quand l’Erika pollue nos côtes, ça crée de l’activité et c’est tout bon pour le PIB et la croissance ! Car
produire des déchets, ça permet à Suez et autres multinationales de créer des entreprises de
dépollution, ça fait des transactions financières, le PIB grossit en conséquence...
- Etre forcé de trouver un travail le plus loin possible de son domicile pour faire tourner sa voiture,
dépenser de l’essence, rester coincé des heures dans un bouchon et si possible avoir quelques
accidents, tout ça c’est bon pour le PIB. De l’argent circule, il est comptabilisé dans le PIB.
- Faire venir le granit de Chine pour faire les trottoirs de nos villes plutôt qu’exploiter la carrière voisine,
vendre des poires williams d’Argentine, des salades du Kenya au lieu de produits locaux qu’on trouve
sur le marché, tout ça développe les transports maritimes et routiers. Ça fait de la croissance !
- Surtout bien développer l’agriculture intensive qui pollue nos nappes phréatiques, car le PIB peut ainsi
croître 2 fois : une première fois lors de la vente des engrais et pesticides et une 2
ème
fois lors des
traitements pour dépolluer l’eau.
- Produire toujours plus, de n’importe quoi, et pour vendre tout ça, faire de la publicité, de plus en plus
de publicité (faut bien créer des besoins pour vendre), eh bien c’est bon aussi pour le PIB.
- Plus les substances chimiques ou créations génétiquement modifiées envahissent les aliments, plus c’est
bon pour la croissance, et si en prime ça multiplie les cancers, les allergies ou autres maladies, c’est
encore meilleur ! Ça fait tourner les cliniques et les hôpitaux, qui font tourner les scanners ou autres
machines, et plus ils réparent, plus ils soignent…et plus le PIB et la croissance augmentent...
Oui mais la croissance ...est-ce que ce n’est pas de l’emploi ?
- Juste un chiffre : en France, depuis 1980, le chômage a augmenté de 50 % en France, alors que le PIB
est en hausse sur la même période, de 156 %. Cherchons l’erreur .......
En 1995, l'association étasunienne "Redéfinir
le Progrès" a créé une mesure plus juste du progrès,
appelée l'Indicateur de Progrès Véritable (IPV).
L'IPV est calculé sur la même base comptable que le
PIB.
Mais les critères de calcul ne sont pas les mêmes.
Ainsi, sont inscrites en positif dans le bilan le travail
ménager, le travail bénévole (que le PIB ne prend
pas en compte) et en négatif des facteurs comme la
criminalité, les pollutions, les atteintes à la santé ou
l'éclatement des familles.
Dans le graphique ci-contre, on constate que depuis
1975, l'écart va grandissant entre le PIB et l'IPV.
Si on prend l'IPV comme indicateur de croissance,
l'économie stagne aux Etats-Unis depuis 1975.