
NETCOM, vol. 27, n° 1-2, 2013
s’organisent autour de la question de la production et de la diffusion des données de
suivi des écosystèmes pour une plus grande efficacité environnementale.
Nous avons, de façon complémentaire, mobilisé partiellement une grille de
lecture proposée par Chignard (2012b), qui permet, elle, de comparer plus
spécifiquement les stratégies mises en œuvre par les acteurs en ce qui concerne la
diffusion et l’ouverture des données.
1.1. Une évaluation stratégique de la place des données dans l’action
publique en environnement
Mermet et al. (2010) proposent, en s’appuyant sur l’analyse stratégique pour
la gestion environnementale (Mermet et al., 2005), un cadre d’analyse pour l’évaluation
des politiques environnementales et des dispositifs de gestion qu’elles contribuent à
mettre en œuvre. La base de la réflexion est qu’il est nécessaire d’évaluer les politiques
annonçant une visée environnementale au regard d’objectifs clairs en termes de
résultats sur les écosystèmes. Il s’agit donc de reconstruire une analyse de situation de
gestion à partir d’une préoccupation environnementale clairement exprimée. Cela
implique d’une part de traduire les engagements politiques en objectifs concrets, et
d’autre part d’identifier les indicateurs qui permettent de suivre ces objectifs. Ces
indicateurs doivent être les plus pertinents possibles en se basant sur les données les
plus simples à produire pour avoir l’information nécessaire pour agir (Leroy, 2006;
Leroy et Mermet, 2012). Dans notre cas les objectifs environnementaux sont de
stopper la conversion massive de la forêt amazonienne pour l’Amazonie brésilienne,
et d’éradiquer l’activité d’orpaillage illégal en Guyane française. Actuellement, les
données et indicateurs mobilisés par les services publics sont principalement basés sur
l’analyse d’images satellites (Landsat et C-bers au Brésil ; Spot en Guyane).
La suite de l’analyse proposée par l’ASGE consiste à comprendre les jeux
d’acteurs influant sur l’état de l’écosystème au regard des objectifs environnementaux
retenus, en analysant d’une part le rôle des acteurs impliqués dans les processus
technico-économiques et sociopolitiques qui produisent les dommages, et d’autre part
le rôle des acteurs de changement qui développent une stratégie en faveur de la
préservation des écosystèmes.
En Amazonie brésilienne, ce cadre d’analyse a déjà été mobilisé par
Taravella (2008; 2010; Taravella et Arnauld de Sartre, 2012) pour faire un diagnostic
approfondi des processus de déforestation en Amazonie orientale et pour comprendre
les stratégies qui ont permis de limiter les dommages sur ce front pionnier en Terra do
Meio. Dans notre cas, nous proposons de nous focaliser uniquement sur la façon dont
les données produites sur les écosystèmes pour suivre l’évolution de leur dégradation
sont partagées et diffusées, en les considérant comme une ressource spécifique et
stratégique pour les acteurs d’environnement, nécessaire à l’action et à l’évaluation.
Notre analyse se concentrera sur les données publiques produites dans la prise en
charge de la déforestation liée au développement agricole et de l’orpaillage, et sur
l’influence de leur diffusion sur les stratégies des acteurs qui se mobilisent sur ces
questions.