Devenir de la sociologie à l’université
29 et 30 juin 2009, 1 juillet
Philippe Zarifian
Professeur des Universités en sociologie
Université Paris-Est Marne-la-Vallée
Co-directeur du Master MACOR
Je voudrais introduire un nouveau thème d'échange entre nous : celui du devenir de la sociologie à l'université,
et, indirectement, dans le monde de la recherche.
Il convient d'abord d'opérer un diagnostic, avant de voir comment agir.
Mon diagnostic est assez radical : d'ici 10 ans, la sociologie n'existera plus comme discipline scientifique
vivante. Et pour une raison simple : il n'existera plus de sociologues aptes à porter à la fois sa transmission, son
renouvellement, ses avancées conceptuelles.
Pour le voir, on peut partir du constat suivant : les deux dernières grandes réformes de l'enseignement
supérieur portent, pour effet cumulé, une extinction de l'enseignement de la sociologie en tant que telle (en
sociologie générale, comme, dans une moindre mesure, en sociologies spécialisées), à un niveau apte à former
les générations futures de sociologues à un niveau suffisant pour continuer à la faire vivre comme véritable
discipline scientifique.
La première réforme, le LMD, associé à l'usage croissant de la première année de licence comme moment
d'orientation pour les étudiants et à la disparition de la maîtrise, fait qu'un étudiant, obtenant une licence de
sociologie aura, au mieux, bénéficié de trois années de formation, et plutôt, si on regarde les horaires qui y sont
consacrés, de deux années. Un étudiant sortant de licence possède des bases en sociologie, mais certainement
pas une connaissance et une réflexion suffisantes pour en faire un sociologue apte à faire avancer la discipline.
Sauf cas individuel d'étudiants particulièrement motivés et qui se seront cultivés seuls.
Passé la licence, on trouve les masters. Or on constate une tendance lourde, désormais clairement encouragée
par le ministère, à privilégier les masters thématiques, de préférence tournés vers la professionnalisation,
dotés du titre ronflant et désormais valorisé d'interdisciplinarité. Je dirige un master de ce type. Mais je dois
faire le constat lucide que l'interdisciplinarité, à laquelle j'ai toujours été favorable, est une interdisciplinarité bas
de gamme, les disciplines étant sollicitées pour éclairer un thème (le management des compétences par exemple)
à un niveau conceptuel limité, inférieur d'ailleurs au niveau de la licence. Sachant qu'une partie des étudiants ne
viennent pas de sociologie. Et de même pour l'économie, la gestion, la psychologie... Bref : les étudiants
progressent sur le thème du master, c'est incontestable, mais ils ne font aucun progrès, voire régressent dans la
connaissance de chaque discipline et n'apprennent pas l'interdisciplinarité, c'est-à-dire la confrontation des
disciplines entre elles (à des niveaux réellement bac+4 et bac+5) et donc leur enrichissement mutuel.
Au-delà des masters, on trouve les doctorats. Fort bien. Mais d'abord, vu les possibilités d'accès à des postes
d'enseignants et de chercheurs, se lancer dans la réalisation d'un doctorat est un acte particulièrement courageux
et désintéressé pour un futur docteur en sociologie. Ensuite, cet étudiant va se confronter à la réalisation
d'une thèse, alors qu'il a arrêté de faire de la sociologie théorique, ancrée dans des concepts, pendant les
deux années du master. Il part avec un sérieux handicap pour réaliser une thèse qui apportera du nouveau à la
discipline, permettra réellement de la renouveler. On le voit déjà : les thèse soutenues dans la dernière période
sont d'excellente qualité sur un plan méthodologique et empirique. Mais, sauf exception, n'apportent rien de
neuf à l'avancée conceptuelle de la discipline. Et les "recherches" qui sont ensuite faites ressemblent bien
d'avantage à de bonnes "études" sur tel ou tel sujet, qu'à de vraies recherches.
Enfin, la récente réforme sur l'autonomie des universités parachève cette évolution. Outre l'accent
structurellement mis sur la professionnalisation et le rapport aux entreprises, les instances garantes de la solidité
interne et de la vie d'une discipline sont démantelées, au niveau recrutement des enseignants chercheurs, comme
au niveau évaluation, comme au niveau du recrutement d'enseignants (puisque la voie est ouverte aux
recrutements sur contrats privés et que n'importe qui pourra, parce qu'il aura fait du consulting par exemple, se
réclamer de la compétence à enseigner la sociologie...)
Ceux qui défendent une discipline sont désormais vus comme des ringards. Mais, pour avoir été toujours un
chaud partisan de l'interdisciplinarité, et l'avoir pratiquée moi-même, puisque je viens de l'économie, je ferai
cette remarque simple : pour qu'il y ait interdisciplinarité - ce qui est un choix juste, mais exigeant -, encore
faut-il qu'il reste des disciplines à un niveau suffisant...
Il y aura toujours des sociologues : je n'ai pas de crainte à ce sujet. Mais des sociologues aptes à faire vivre et
enrichir la discipline sur un plan conceptuel, j'en doute fortement.
Pierre Dubois
Professeur des universités en sociologie
En retraite
Enfin un texte de réflexion, lucide et courageux, sur le devenir de la sociologie à l'université. Bravo et merci,
Philippe. Je partage totalement ton diagnostic..
La sociologie est morte ! Vive la sociologie ! La sociologie peut mourir en tant que discipline enseignée à
l'université et donnant lieu à la délivrance de diplômes. Pourquoi pas ? La discipline est "jeune" : la première
chaire de sociologie ne date que de la fin du 19ème et la licence de sociologie n'a formé et diplômé des étudiants
qu'à partir de 1958. Un premier exemple de discipline institutionnalisée qui meurt : beau défi pour toutes les
disciplines qui se sont progressivement fragmentées, sous fragmentées au fil des siècles.
La sociologie est morte ! Vive la sociologie ! Nos maîtres de la première moitié du 20ème siècle n'étaient pas
diplômés en sociologie ; ils "étaient venus" à la sociologie. On ne s'en plaignait surtout pas. La discipline
"suprême" : la sociologie l'est ; la société a absolument besoin de sociologie et de sociologues. Mais, je pense
profondément qu'il faut se former à la sociologie à l'âge adulte et non immédiatement après le bac.
Un commentaire pour aller dans le même sens que Philippe Zarifian. Oui, le LMD est une des causes du début
de la fin de la sociologie ! Les sociologues sont entrés droit dans le tunnel noir. Les professeurs n'ont eu de
cesse que d'avoir une spécialité de master. Et le cycle "licence" a été abandonné. Abandonné à qui ? Aux
maîtres de conférences, aux PRAG, aux ATER, aux moniteurs et aux vacataires (bien sûr, des professeurs y
enseignent encore quelques heures...). J'admire ces enseignants dévoués et qui n'ont pas à faire à un public
étudiant motivé et de bon niveau ("il y a bien sûr des exceptions »). Dans le cycle licence, on ne forme plus à
et par la recherche !
La sociologie est morte : les enseignants y sont largement pour quelque chose. L'intérêt général passe
quelquefois derrière leur intérêt particulier (cf. les promotions au CNU).
Vive la sociologie ! Et en urgence, ne pas demander la réhabilitation des cycles "licence de sociologie" !
François Vatin
Professeur des universités en sociologie
Université de Paris X Nanterre
Cher Pierre,
Je ne vois pas en quoi il faudrait 5 ans d'études spécialisées à l'Université en sociologie pour devenir un "bon"
sociologue. Toi, moi... et Philippe Zarifian illustrons ce fait que la formation mono disciplinaire à la sociologie
n'est pas forcément la meilleure manière de former un sociologue.
A la différence de Philippe Zarifian, je pense que la pluridisciplinarité doit être la règle, sur des modes
différents, en licence et en master.
En licence, il s'agit de constituer un solide socle de culture générale, ce que font les classes préparatoires.
As-tu remarqué que nous acceptons sans difficulté en L3 de socio des étudiants issus de classes
prépas, qui ont peut-être consacré le quart du temps théoriquement consacré à la discipline dans les DEUG de
sociologie et qui pourtant réussissent sans problème leur troisième année ? Pourquoi cette pluridisciplinarité est-
elle pratiquée dans toutes les formations d'excellence en France et est-elle considérée comme un
abâtardissement de la formation, dès lors que l'on est à l'université ?
En master, il s'agit de construire un parcours autour d'un champ de questionnement (que ce soit à visée
professionnelle ou de recherche) et il est bien rare qu'une seule discipline suffise pour éclairer ce champ. Voir,
par exemple, les questions du travail qui nous ont mobilisés tous les trois.
Je partage pourtant le pessimisme de Philippe Zarifian, mais pour des raisons radicalement inverses. Je n'ai
aucune inquiétude sur la disponibilité de bons jeunes sociologues pour l'université française dans les dix
ans qui viennent. Je dirige personnellement d'excellents doctorants et mon expérience des ex-commissions de
spécialistes et des nouveaux comités de sélection me conforte à chaque fois dans l'idée que la discipline n'a
jamais disposé d'autant de jeunes chercheurs si bien formés.
Pourtant, la sociologie risque bien de disparaître du paysage universitaire, mais pas faute d'enseignants de
qualité, mais bien faute d'étudiants, et notamment d'étudiants de qualité. Les étudiants fuient de façon
générale l'Université en direction de formations professionnalisantes, souvent privées et payantes (voir mon
article dans le dernier numéro de la Revue du Mauss consacré à l'Université). Mais ils fuient particulièrement la
sociologie, du fait que cette discipline n'a pas réussi à se faire reconnaître dans un champ professionnel. Et
comment pourrait-il en être autrement quand les sociologues ont accepté la création de toutes ces disciplines ad
hoc à leurs portes : gestion, sciences politiques, sciences de l'éducation, information - communication,
aménagement, urbanisme... et maintenant STAPS !
Allons-nous continuer dans cette voie : créer une discipline au sens du CNU dès qu'un champ d'activité émerge
et constituer ainsi une myriade de chapelles professionnelles, plus préoccupées de gestion des carrières que de
rigueur épistémologique ?
Il est temps de revenir à la raison en la matière et de distinguer clairement, comme je le propose dans une de
mes 11 propositions, co-signées avec Alain Caillé et que tu as reprises sur ton blog, - les
disciplines, qui doivent constituer des repères intellectuels, et - les cursus, qui doivent être pluridisciplinaires,
en Licence comme en Master, mais, comme je l'ai dit plus haut, sur des modes différents. Il est sûr en tous cas
que, si nous voulons sauver notre discipline, nous ne pouvons attendre que les étudiants reviennent
miraculeusement dans nos cours. Le gonflement des cursus de socio ces vingt dernières années avait une
base artificielle. Il a résulté de la croissance globale des effectifs étudiants et de jeux de vases communicants
entre les disciplines. Dans le contexte de décrue actuelle des effectifs étudiants et d'une attente croissante, à tort
ou à raison, de la valeur professionnelle des diplômes, la situation risque de devenir très difficile dans les années
à venir pour ceux qui n'ont pas comme toi la chance d'être à la retraite, mais aussi et surtout, pour tous ces
excellents docteurs que nous avons formés.
Autrement dit, si l'on veut avoir une chance de sauver la discipline, de transmettre le flambeau intellectuel entre
générations, il faut absolument que les sociologues redeviennent offensifs dans une politique de création de
cursus originaux en nouant le maximum de collaborations avec les disciplines connexes, voire lointaines
(la médecine, les sciences de l'ingénieur...) et que, s'ils ne peuvent obtenir que l'on revienne sur les disciplines
artificielles qui ont été créées ces dernières décennies, qu'au moins ils s'assurent que les nouveaux champs qu'ils
investiront ne se transforment pas en nouvelles disciplines.
Je crains qu'en dehors d'une telle stratégie, ce soit effectivement la mort assurée d'ici quelques années. Mais le
pire n'est pas toujours sûr !
Philippe Zarifian en réponse à François Vatin
Je voudrais éviter que l'intervention de François Vatin conduise à une mauvaise interprétation de ma position et
de mes propos. Ecartons déjà ce qui ne fait en aucun cas divergence : l'importance de se nourrir de l'apport
d'autres disciplines. Je n'ai même pas à en parler tellement, pour ceux qui connaissent ce que j'ai écrit, il est
évident que je n'ai jamais cessé de pratiquer cette confrontation : avec l'économie, avec la philosophie (on m'a
d'ailleurs souvent reproché d'être trop philosophe), avec l'histoire des religions orientales, avec, de manière plus
récente, la physique de la matière, les avancées en astrophysique, dont tous mes derniers textes, sur mon site,
sont remplis.... Dans la mesure où ce que l'on pratique exprime ce que l'on pense, je n'ai rien à ajouter sur ce
point. Il n'y a pas débat avec François.
Je ne défends pas une pureté imaginaire de la sociologie. Par contre je défends fortement deux postures
inséparables : l'approfondissement et l'invention. Je ne tiens pas à un nombre d'années particulier, par contre
je pense que l'enseignement universitaire doit procurer cette opportunité, pour des étudiants, d'approfondir, en
permanence, une ou plusieurs disciplines.
Et il n'y a pas approfondissement, s'il n'y a pas continuité dans une discipline que l'on creuse chaque fois plus,
retour sur des auteurs que l'on croyait avoir compris, maturation, et, en définitive, capacité à devenir critique. Et
on ne devient jamais critique dans une discipline, voire critique vis à vis d'une discipline, si on ne l'a pas
approfondie. Par exemple ; je suis arrivé à la conclusion très assurée que le couple "individu/société" est une
pure fiction, qu'il s'agit d'un paradigme creux, sans substance. Qu'il n'existe pas de concept d'individu ou de
société qui soit crédible, qui tienne la route. Mais pour arriver à cette conclusion, il aura fallu malgré tout que je
fasse le tour de cette fiction, que je la découvre comme telle. Cela demande approfondissement. Le temps, lui,
va varier selon les individus. Ce qui compte, c'est la permanence de l'effort.
Or le parcours des étudiants, par rapport à la sociologie, est actuellement un parcours brisé, au cours
duquel il ne leur est pas donné l'occasion d'approfondir. De plus, il leur arrive ce fait étrange et pourtant
difficilement contestable, que, dans un master thématique, ils vont devoir baisser leur niveau d'approche de la
sociologie, le banaliser, le détourner vers du "concret", abandonner les débuts d'ambition théorique (et donc
aussi, car on ne comprend jamais mieux le concret qu'avec des concepts, de bien comprendre le thème sur
lequel ils se concentrent, de saisir l'actualité du monde). Bien entendu, pour des étudiants choisissant un master
professionnalisant, cela ne leur pose pas réellement problème. Il visent l'insertion dans la vie professionnelle et
n'ont pas le projet de devenir sociologue.
Mais je fais un pas de plus : qu'est ce qui m'importe ? Ce n'est pas de reproduire la sociologie, qui plus est sur
un mode académique. Ce qui m'importe, c'est que les générations actuelles et futures inventent, innovent,
inventent de nouveaux concepts, tentent de nouveaux paradigmes, bousculent l'héritage sociologique, se
saisissent de l'actualité de notre monde. L'approfondissement critique n'est pas un but en soi. Mais c'est
néanmoins la condition pour être capable de mettre en cause des paradigmes dominants et d'en inventer des
nouveaux. On n'invente jamais dans la "brillance", dans le "surf", dans le superficiel. Mes meilleurs étudiants, je
ne les ai pas trouvés à l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, où j'ai enseigné et mené des recherches pendant
plus de 10 ans. Non. Je les ai trouvés dans les étudiants "de base" de l’Est parisien, qui, dès lors qu'ils se
prenaient d'une certaine passion pour la sociologie, tout en étant incités sans cesse à la mettre en cause,
s'avéraient capables de se transformer, d'évoluer beaucoup plus profondément que les élèves ingénieurs (de
dernière année de l'Ecole, puisque j'enseignais à ce niveau !).
Mais, ni les enseignants, ni les étudiants, ne sont placés aujourd'hui en condition de faire ce que je décris. Ou
s'ils le font, c'est l'exception. J'aimerais pouvoir m'extasier devant les nouveaux thésards, les féliciter
chaleureusement, voire les admirer. Je l'aimerais sincèrement. Mais je me pose la question : quels nouveaux
concepts, quelles nouvelles manière de penser, quels débuts de nouveaux paradigmes, en bref : quel
renouvellement de la sociologie ont-ils produit ? En quoi puis-je me dire "la sociologie, après la soutenance de
cette thèse, n'est plus comme avant" ? Car en définitive, pour une thèse, c'est la seule question que l'on devrait
avoir à se poser. Décliner la Xème version de tel courant ou école, sur tel ou tel "terrain", est d'un intérêt nul
pour moi dans le cas d'une thèse.
Mais je reconnais que je ne siège pas dans beaucoup de jurys et je suis prêt à prendre connaissance des thèses
dont parle François avec tant d'éloges. Et surtout, ce qui m'inquiète, ce n'est pas le présent. C'est le futur. Car
c'est dans le futur que les actuelles réformes de l'université vont pleinement produire leurs effets.
François Vatin en réponse à Philippe Zarifian
Nous pourrions discuter longuement épistémologie, apprentissage et heuristique de la discipline. Et nous
pourrions tomber d'accord sur certains points et pas sur d'autres.
Mais mon propos est plus trivial: l'université française est en danger, et, en son sein, les sciences sociales, et,
tout particulièrement, la sociologie. On pourra toujours critiquer les réformes ineptes et il n'en a pas manqué.
Mais cela ne changera rien à une réalité têtue comme seuls les faits savent l'être: nous devons faire face à une
demande du public en faveur de formations qui rassurent en termes d'insertion professionnelle. Il ne
s'agit pas de céder à cette demande, mais de comprendre qu'elle oriente les comportements universitaires et d'en
tenir compte.
En d'autres termes, tout est à reprendre à la base: il nous faut nouer une nouvelle alliance entre la société et
l'université (j'entends pas là, non telle ou telle institution existante, mais l'esprit même de la connaissance et de
la recherche). Une telle démarche ne saurait s'inscrire dans une défense étroite de nos corporations disciplinaires
dont les césures et les conflits sont devenus obscurs au citoyen ordinaire et à l'honnête homme.
La sociologie pourrait jouer un rôle majeur dans un tel projet, car elle est, par nature, une discipline-
carrefour, comme en a toujours témoigné l'accueil en son sein de personnes issues des disciplines voisines et
même parfois plus lointaines: tel médecin, tel ingénieur, qui venaient moins là pour changer de métier que pour
pouvoir réaliser ce que les frontières trop étroites de leur discipline d'origine ne les autorisaient pas à faire. Elle
pourrait jouer ce rôle aussi, parce qu'en même temps qu'elle élabore des catégories d'analyse, elle s'ouvre sur le
social, dans un lien permanent entre la théorie et la praxis.
Mon jugement est que l'université française a failli, pour de nombreuses raisons que je ne reprendrai pas ici,
mais que la sociologie française, aussi, a failli, en se constituant en chapelle académique professionnelle à
côté des autres, et en oubliant ainsi la large ouverture intellectuelle qui avait fait sa force. Il n'était peut-être
pas possible d'agir autrement dans le paysage universitaire que nous avons connu ces trente dernières années.
Mais il faut prendre acte que le paysage est en train de changer radicalement et que si une telle stratégie
professionnelle a pu être opératoire (en termes de création de cursus, d'expansion du corps, de placement des
meilleurs de nos étudiants), elle ne saurait plus l'être aujourd'hui.
Quand tout est ruine, tout est aussi à réinventer. "Cela s'appelle l'aurore" nous disait Giraudoux.
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