
champ de l’information publique des faits ou des chiffres qui pourraient
donner à réfléchir et de presque tout enseignement substantiel des
questions monétaires, qui passe d’abord par un enseignement honnête de
l’histoire de la monnaie, même si l’on peut comprendre à quel point il est
difficile d’enseigner honnêtement une histoire malhonnête, ou plutôt
l’histoire d’une malhonnêteté croissante.
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Trois parties donc pour cette conférence que je souhaiterais cependant
suffisamment concise pour permettre l’échange, ce qui supposera de
tailler dans le vif de développements qui pourraient être présentés plus
complètement dans un contexte de temps approprié ou dans une version
rédigée, celle que le lecteur a sous les yeux désormais.
1) Le péché monétaire de l’Occident selon RUEFF
Le péché monétaire de l’Occident selon RUEFF consiste à avoir détruit l’étalon-
or classique (s’il est possible de parler d’un étalon-or2) au profit d’un étalon de
rechange, l’étalon de change-or (Gold Exchange Standard ou GES), censé être
plus performant et destiné à remédier à la situation supposée de « pénurie d’or »
ou de pénurie de « base monétaire » au lendemain de la seconde guerre
mondiale, au début de laquelle la règle universelle de la convertibilité
métallique, applicable depuis plus d’un siècle en France et en Europe
continentale et plus de deux siècles au Royaume Uni avait été abrogée ou plutôt
suspendue en attendant les jours meilleurs d’un retour à une vie pacifique et la
réapparition du libre-échange
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. En effet, les prix nationaux avaient explosé du
fait de l’inflation de guerre et à peu près été multipliés par 3 en 5 ans de guerre,
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Il serait sans doute plus exact historiquement de parler d’étalon métal, tant ce que l’histoire a réunifié sous un nom slogan recouvre de
diversités, dans la signification du terme étalon et dans les métaux qui servent de référence aux systèmes monétaire modernes, où le bi-
métallisme tient en fait la plus grande part avant de céder à l’étalon-or à proprement parler au 20 ème siècle avec le Gold standard Act
américain de 1900. Sur les différents sens du terme étalon, et sur les évolutions historiques de l’étalon-métal le livre de René SEDILLOT sur
l’Histoire de l’Or est une vraie « mine » (Fayard, 1974, chapitre 4 en particulier sur « l’or étalon »). Précisons que des deux principales sur
les quatre définitions qu’il propose de l’étalon-or, nous privilégions la seconde, la moins exigeante, que nous combinons avec la troisième,
qui mettent l’accent sur la vertu de régulation cybernétique de l’économie globale qui nous intéresse principalement dans ce système. Pour la
plus exigeante : « l’étalon-or est le système monétaire que caractérise une circulation de pièces d’or, ayant seules plein pouvoir libératoire, et
de frappe libre ». Dans la seconde : « l’étalon-or n’est plus que l’adoption d’une définition en or de la monnaie », alors que pour la
troisième : il y a étalon-or si la Banque centrale accumule essentiellement (ou exclusivement) de l’or dans ses réserves et si elle assure aux
billets (à la monnaie fiduciaire qui se substitue à l’or dans la circulation) une libre conversion en or (en pièces d’or pour le gold specie
standard, ou en lingots d’or pour limiter la conversion dans le cas du gold bullion standard). Cette préférence a aussi pour intérêt de
souligner que ce qui importe dans ce système, c’est plus la définition précise de l’unité monétaire et la clause de convertibilité qui en assure
la pérennité, que la matière or et donc que la problématique est purement rationnelle. Plus l’étalon-or au sens défini est garanti, moins l’or est
visible dans l’économie monétaire. Qui dit étalon-or ne dit en fait nullement retour à l’or, mais utilisation des qualités de l’or et de son
attractivité universelle qui en fait de la monnaie en soi, comme base du système monétaire. En ce sens, les réflexions d’avenir quant à la
réforme monétaire nécessaire au rétablissement de la stabilité financière et à la réorientation économique du système financier vers le
financement de la croissance doivent s’attacher à l’essentiel de ce régime monétaire, c’est-à-dire au « mécanisme d’auto-régulation de la
masse monétaire autour d’une définition de l’unité monétaire en un actif réel » et non à l’accessoire qu’est la matière or, dont le choix
progressif n’a reposé historiquement au fond, comme l’a si précisément cerné De Gaulle dans sa grande conférence de presse de février
1965, que sur le caractère « fiduciaire » observable et vérifiable de l’or, puisqu’il a toujours suscité la confiance du public et que les
institutions qui n’en font plus rien se gardent bien de s’en défaire significativement.
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Ceci s’est fait de manière très simple par l’article 3 de la Loi du 5 août 1914 « portant augmentation de la faculté d’émission des Banque de
France et de l’Algérie, établissant à titre provisoire le cours forcé de leurs billets… » (on ne saurait mieux illustrer a contrario le caractère
contraignant pour la création monétaire de la convertibilité métallique des monnaies fiduciaires). Cet article stipule que : « Jusqu’à ce qu’il
en soit disposé autrement par une loi, la Banque de France et la Banque de l’Algérie sont dispensées de l’obligation de rembourser leurs
billets
en espèces ». Sa formulation rappelle que le billet de banque n’était alors considéré que comme un substitut de la monnaie métallique
et que les billets n’avaient pas encore valeur d’espèces monétaires courantes.
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