QUESTION 1 LA MONDIALISATION EN FONCTIONNEMENT ÉTUDE DE CAS : UN PRODUIT MONDIALISÉ ....................................................................................................................... 3 I. A. B. C. II. LA PRODUCTION ........................................................................................................................................................................ 3 LES ACTEURS ............................................................................................................................................................................. 3 RÉSEAUX, TERRITOIRES, CIRCUITS .................................................................................................................................................. 3 ACTEURS, DÉBATS ............................................................................................................................................................. 3 A. 1. 2. B. 1. 2. 3. C. 1. 2. III. LES ACTEURS QUE LA MONDIALISATION FAVORISE ............................................................................................................................. 3 Les FTN ............................................................................................................................................................................. 3 Nouveaux acteurs et acteurs de l’ombre ......................................................................................................................... 6 LES ACTEURS CENSÉS RÉGULER LA MONDIALISATION.......................................................................................................................... 8 L’OCDE, le FMI, Banque mondiale, le G20… ..................................................................................................................... 8 L’Organisation mondiale du commerce (OMC) ................................................................................................................ 9 Vers un « retour des États » ? ........................................................................................................................................ 11 DÉBATS : UNE MONDIALISATION SOUS LE FEU DES CRITIQUES ............................................................................................................ 11 Une mondialisation « sans pilote » ? ............................................................................................................................. 11 Des acteurs irresponsables ? .......................................................................................................................................... 12 MOBILITÉS, FLUX, NŒUDS ET RÉSEAUX ........................................................................................................................... 13 A. MOBILITÉS ............................................................................................................................................................................. 13 Les flux migratoires ........................................................................................................................................................ 13 Les flux touristiques ....................................................................................................................................................... 15 B. UN MONDE DE FLUX, DE NŒUDS ET DE RÉSEAUX ............................................................................................................................ 16 1. Essor des transports maritimes et aériens ..................................................................................................................... 16 2. Les flux immatériels : un essor récent et spectaculaire .................................................................................................. 17 1. 2. CONCLUSION ............................................................................................................................................................................ 18 Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 1 QUESTION 1 LA MONDIALISATION EN FONCTIONNEMENT Diapo 1-3 Titres, définition Manuel p.76-103 + p.142-161 Photographies p.78-79, le NYSE + porte-conteneurs à Hong-Kong, carte p. 80-81 « Grand angle », cartes p.86-87, Les flux de marchandises + Les IDE- « Fin de la préhistoire du monde » (Jacques Lévy), la mondialisation se caractérise dans l’espace mondial par une mise en relation et en interdépendance des différentes composantes du monde, qui s’articulent en système. Ce processus de « mise en réseau du monde » (Laurent Carroué) s’est nourri de l’urbanisation, de l’essor des cités et nations marchandes et de l’extension des «économies-monde», de l’essor des transports, de la diffusion du système capitaliste à l’ensemble de l’espace planétaire. Diapo 4 Schéma : interaction de plusieurs champs Diapo 5 Problématique La mondialisation renvoie à un ensemble de processus matériels et organisationnels qui renforcent l’interdépendance des lieux, des économies et des sociétés à l’échelle de la planète. Elle opère comme un système dynamique, résultante lisible de processus émanant de l’interaction de plusieurs champs : - le champ économique : le renforcement des échanges à l’échelle de la planète, sous le double l’effet de la généralisation de l’économie de marché fondée sur la financiarisation, et de la libre localisation des facteurs de production ; - le champ politique : constitution de grandes entités supranationales ; politiques de dérégulation des États ; - le champ technique : développement des réseaux et massification des flux de marchandises et d’information ; - le champ socio-culturel : diversification des migrations, mobilités, réseaux sociaux, diasporas, élites mondialisées. Problématiques p.79- En quoi les sociétés humaines sont-elles de plus en plus interdépendantes ? Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 2 I. Diapo 6 Titre I + Sommaire É TUDE DE CAS : UN PRODUIT MONDIALISÉ Par quels processus, selon quelles formes de flux un produit est-il introduit dans les courants d’échanges mondialisés ? On entend par « produit mondialisé » un produit élaboré massivement distribué dans le monde, dont les étapes de fabrication, d’assemblage, d’acheminement, de distribution et de consommation reflètent l’intégration des acteurs économiques mondiaux et révèlent la complexité des liens économiques qui unissent différentes parties du monde. Travail personnel : dossier + questionnaire1 A. L A PRODUCTION Identification des étapes : - de pré-production - de production - de post-production B. L ES ACTEURS Étude des acteurs mis en relation par la production et la circulation du produit à l’échelle mondiale (FTN, prestataires, autorités politiques, groupes sociaux…) C. R ÉSEAUX , TERRITOIRES , CIRCUITS Analyse des réseaux à partir desquels le produit est mis en mouvement, des lieux que le produit met en interaction à l’échelle planétaire et des circuits qu’il emprunte pour parvenir à sa destination finale. Diapo 7 Titre + Sommaire II II. A CTEURS , DÉBATS Cours 2 p.90, Les acteurs de la mondialisation + Cours 2 p.152, Débats et contestations de la mondialisation Comment s’organisent les chaînes d’acteurs, les marchés et les systèmes territoriaux qui forment le cadre au sein duquel se conçoivent, se produisent et se consomment les biens et les services à l’échelle mondiale ? Quels débats et quelles contestations le processus de mondialisation suscite-t-il ? A. L ES ACTEURS QUE LA MONDIALISATION FAVORISE 1. Les FTN a. La firme et son organisation technique et géographique FTN2 : Vocabulaire p.90- Si les petites et moyennes entreprises (PME) regroupent en général sur un seul site toutes leurs fonctions, les grandes entreprises se déploient 1 Cf. http://prezi.com/9zejnvyqpicu/?utm_campaign=share&utm_medium=copy On distingue en effet firmes « transnationales » et « multinationales », un terme très employé dans la littérature économique mais largement abusif. En effet, la multinationale, c'est-à-dire une firme concevant et organisant son activité et son espace d'action en termes totalement mondialisés, demeure rarissime, voire mythique. C'est pourquoi, il est préférable d'utiliser le terme de transnationale, c’est-à-dire des entreprises très internationalisées qui gardent cependant de fortes Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 3 2 Diapo 8 L'organisation fonctionnelle, technique et spatiale des FTN Diapo 9 Les stratégies de localisation des FTN sur un territoire productif plus complexe, sur plusieurs sites. Parmi ces entreprises, certaines sont définies comme des firmes transnationales (FTN), c’est-à-dire des entreprises d'une certaine taille économique développant leur activité à l'échelle internationale en étant présentes, à travers des filiales productives ou commerciales, dans au moins cinq États différents. Plus une firme est importante, plus elle spécialise fonctionnellement ses établissements3. Cette segmentation fonctionnelle du travail débouche sur une segmentation spatiale du travail, c'est-à-dire sur la spécialisation des territoires par types d'activités, d'emplois et de niveaux de salaires. Étude de document p.103- L'organisation technique et spatiale d'une FTN dépend largement de son secteur d'activité 4 . Dans les produits de base (agriculture, agroalimentaire, mines ou énergie) les firmes déploient des stratégies d'approvisionnement pour contrôler les espaces de production. Dans les biens à haute valeur ajoutée, les entreprises préfèrent une implantation locale aux importations dans le cadre de stratégies de marchés... À l'opposé, dans les branches à faible contenu technologique, ce sont des stratégies de main-d’œuvre (recherche des faibles coûts salariaux) qui se déploient. b. FTN et IDE : pôles et marges délaissées Diapo 10 Les IDE dans le monde : intégrations, exclusions… évolutions. Carte 2 p.87 : Les investissements directs à l’étranger (IDE)- Les IDE déploient une logique sélective aux échelles mondiale, nationale et régionale qui témoigne de rapports de domination entre pôles de commandement et périphéries plus ou moins intégrées et interdépendantes. Pendant longtemps, les pays développés à économie de marché (PDEM) ont quasiment monopolisé les IDE, mais des évolutions profondes sont à l’œuvre. En effet, les investissements dans les PDEM représentent en 2013 une part historiquement faible de l’IED mondial (39%). Les PED (pays en développement) comptent alors une avance de plus de 200 milliards de dollars sur les pays développés pour la seconde année d’affilée. 10 des 20 premiers destinataires des IDE sont des PED ou des pays en transition5. Les investissements des FTN de PED ont atteint un record, à 454 milliards de dollars. Conjointement, PED et pays en transition ont représenté 39% des sorties mondiales des IDE, contre seulement 12% au début des années 2000. 6 PED et pays en transition se sont classés parmi les 20 premiers investisseurs mondiaux. Les FTN des pays en développement rachètent de plus en plus des filiales étrangères de FTN de pays développés implantées dans le monde en développement. caractéristiques nationales et un fort ancrage national de nature économique, industrielle, technologique, culturelle ou géopolitique. 3 Une FTN déploie cinq fonctions principales : les fonctions de commandement, de gestion et de coordination (management, comptabilité, trésorerie, planification...) sont assurées par le siège social, l'innovation par un centre de recherche, la production concrète des produits par l'usine ; la logistique, la manutention et le transport sont réalisés dans les entrepôts ; enfin, les fonctions commerciales (marketing, publicité, vente, maintenance...) sont prises en charge par des bureaux spécialisés. 4 Cinq grands types d'activité peuvent être identifiés : les industries extractives (directement liées aux gisements à exploiter) ; industries de haute technologie (aéronautique, pharmacie, informatique) ; industries qualifiées (biens d'équipement industriel, mécanique-robotique, matériel de précision, industrie électrique, ferroviaire...) ; industries spécialisées (fonderie, caoutchouc, ameublement, plastiques, textile, agroalimentaire, électronique grand public). 5 La Chine, dont les entrées d’IED ont atteint des montants sans précédent, pointe à la deuxième place derrière les États-Unis. Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 4 Néanmoins, si les pays les moins avancés (PMA) attirent des quantités croissantes d’IDE (+14%), ils ne représentent toujours que 2% des IDE mondiaux en 2013. c. Montée en puissance, limites, évolutions Un e l a rg e mo nt é e e n p uis s a nc e Depuis les années 1960, les firmes transnationales connaissent un essor vigoureux : au nombre de 6000 en 1967, elles sont plus de 80 000 en 2010, et réalisent plus du quart du PIB mondial, contre 10% en 1980. Graphique 1 p.91 + Schéma 3 p.97, Les FTN par pays- La géographie des centres de commandement demeure très largement dominée par les pays développés, dont 80% sont originaires (40% pour les seuls États-Unis). Ailleurs, seuls quelques émergents et NPIA6 parviennent à se doter de telles entreprises. Les FTN disposent d'une influence considérable à toutes les échelles. − Doc.3 p.91, Comparatif entre le PIB de quelques pays et le chiffre d’affaires des principales FTN- Aux échelles nationales, à travers par exemple les liens étroits tissés avec le personnel politique et le financement des campagnes électorales (cf. présidents des États-Unis7). − Aux échelles régionales et continentales, où leurs pressions sont permanentes, par exemple sur les organes de direction de l'Union européenne ou de l'ALENA. − Aux échelles mondiales, où l'osmose avec les directions de l’OCDE, du FMI, de la Banque mondiale ou de l’OMC est parfois surprenante. Ces leviers servent à créer des conditions réglementaires, idéologiques et politiques toujours plus favorables à leur déploiement international. L es r és is ta nc es d es t er ri to i r es Diapo 11 Texte + Vidéo : le casse-tête du marché chinois pour les FTN De même qu’il n'existe pas d'économie mondiale totalement intégrée, la résistance des cultures fait qu'il n'y a pas de « consommateur mondial ». En dépit des pressions unificatrices des modes de gestion anglo-saxons, les différents modèles nationaux de capitalisme résistent. Les catégories géographiques classiques de régions, nations, États ou continents, conservent toute leur pertinence. Les FTN s'adaptent aux valeurs culturelles et aux représentations géopolitiques des populations –Cf. difficultés d'implantation de certaines firmes occidentales en Chine, un marché en plein développement. L es év ol u ti o ns : v er s u n e gl o ba l is a ti o n d es f i r m es 8 ? Diapo 12 Texte PN Giraud Globalisation des firmes Jusqu'aux premières années du siècle, le concept de « firme globale » est encore une anticipation. La constitution de véritables firmes globales est un phénomène relativement récent et résulte d'un double mouvement. D'une part les firmes d'origine occidentale et japonaise ont commencé à développer dans certains pays émergents, essentiellement l'Inde et la Chine, les fonctions nobles évoquées cidessus, en particulier la recherche-développement et la fabrication d'éléments à très fort contenu technologique. D'autre part sont apparues des firmes émergentes particulièrement innovantes. L'heure est désormais à la constitution de réseaux de firmes véritablement globaux, grâce à des stratégies non plus seulement de sous6 Taïwan, Corée du Sud, Singapour, etc. À ce sujet, lire cet article sur Slate.fr. 8 Cf. Pierre-Noël GIRAUD, La mondialisation, émergences et fragmentations, 2012 Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 7 5 traitance et d'« outsourcing » mais de plus en plus d'alliances, de coopérations et de développements communs entre firmes issues du Nord et firmes issues des pays émergents. En conséquence, la véritable firme globale, sans nationalité assignable, dont les cadres supérieurs et les dirigeants sont d'origines très diverses, dont la langue de travail est l'anglais, qui localise ses centres de recherches aussi bien dans la Silicon Valley ou à Grenoble qu'à Bangalore ou à Shanghai, qui n'a aucune préférence a priori pour la localisation de son siège social, ce genre de firme est en train d'apparaître. 2. Nouveaux acteurs et acteurs de l’ombre a. De nouveaux acteurs financiers In v es t is s eu rs i ns ti tu ti o n n el s Les investisseurs institutionnels sont structurellement en capacité de financement car ils collectent l'épargne placée par les particuliers : fonds mutuels, compagnies d'assurances, fonds de pension9 , etc., auxquels s’ajoutent désormais les fonds souverains10. Les fonds spéculatifs, ou hedge funds11, présentent des avoirs moindres mais pèsent fortement sur l'équilibre des marchés. Diapo 13 Les agences de notation - Liens Internet) Moody’s, S&P + article Économistes atterrés L es a g e nc es d e n ota ti o n C’est pour réduire les prises de risques que l’action d’agences indépendantes chargées de l'évaluation de la qualité de la dette des entreprises ou des État s’est généralisée aux États-Unis puis à l'échelle mondiale. La note qui est donnée à une entreprise ou à un État lui permet de lever des capitaux à un coût inversement proportionnel (meilleure est la note, plus faible est le risque et donc le coût). Parmi ces agences, trois constituent un véritable oligopole : deux américaines, Moody's, Standard and Poor's, et une française, Ficht. L’indépendance théorique de ces agences suscite néanmoins des réserves12. Diapo 14 Les ONG, de nouveaux acteurs – Affiche CCFD L es ON G 9 Les fonds de pension assurent une gestion collective d'une épargne de longue durée en vue de la retraite par capitalisation. Très développés dans les pays anglo-saxons, ils se diffusent en Europe (Allemagne, Italie, Espagne), mais plus lentement en France. Leur poids est considérable : ils contrôlent un tiers de la capitalisation de Wall Street et 50% de celle de Londres. 10 Fonds souverain : fonds d'investissement contrôlés par un État, le plus souvent alimentés par des recettes provenant de revenus de matières premières, investis dans une logique normalement financière à fin de procurer des ressources à cet État une fois que la matière première en question aura été épuisée. Le caractère opaque de certains de ces fonds fait parfois craindre qu'ils n'aient pas des objectifs purement financiers mais qu'ils soient le bras armé d'États souvent peu démocratiques pour contrôler directement ou indirectement des entreprises du monde occidental. On peut ainsi citer Temasek de Singapour ou Adia (Abu-Dhabi Investment Autority). Source : LesEchos.fr 11 Les hedge funds sont des fonds d'investissement non cotés à vocation spéculative. Ce sont des fonds spéculatifs recherchant des rentabilités élevées et qui utilisent abondamment les produits dérivés. Ils utilisent l'effet de levier, c'est-à-dire la capacité à engager un volume de capitaux qui soit supérieur à leurs capitaux propres. Les hedge funds présentent l'intérêt d'offrir une diversification supplémentaire aux portefeuilles « classiques » car leurs résultats sont en théorie déconnectés des performances des marchés d'actions et d'obligations. D’après LesEchos.fr 12 Cf. « Par qui et comment sont rémunérées les agences de notation »? », (Les « économistes atterrés »). Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 6 Les organisations non gouvernementales (ONG) se caractérisent par leur origine privée, la nature bénévole de leurs activités et le caractère international de leurs objectifs ; protection des individus, aide au développement, recherche et protection de l'environnement sont leurs terrains de prédilection. Certaines ONG comme Amnesty International, Greenpeace, WWF, Max Havelaar sont devenues de véritables puissances, exerçant leur ascendant sur des territoires laissés pour compte et influençant les opinions publiques des pays donateurs au moyen de campagnes de presse efficacement médiatisées. Diapo 15 Carte : « Un monde criminel » - Carte ScHumaines b. Les acteurs de l’ombre L es ma f ia s L’univers criminel contrôlerait jusqu’à 20% du PIB mondial13. Les mafias contrôlent un territoire donné sur lequel elles prélèvent un racket, en contrepartie d’une « protection ». De cette base, elles étendent leur contrôle sur divers marchés, du plus illégal (narcotrafic, contrebande, contrefaçon, délinquance informatique, commerce d’êtres humains à des fins de prostitution, de travail illégal ou de trafics d’organes...) au licite. Favorisées par les dynamiques de la mondialisation actuelle, les organisations prospèrent à toutes les échelles. L es pa ra di s fis c a u x Diapo 16 « Paradis fiscaux, un mal nécessaire ? » Carte ScHumaines + lien OCDE La globalisation du système financier a alimenté le développement d'enclaves sans prélèvement fiscal. La gestion de portefeuilles complexes (monnaies, placements de divers produits dérivés) implique des circuits compliqués branchés sur ces îlots de confiance que sont ces OFC (Offshore Financial Center) ou Centres financiers extraterritoriaux (CFE). Ce sont des États ou des territoires rattachés, de petite taille, bénéficiant de juridictions d'exception, spécialisés dans la fourniture de prestations financières opaques14. Le FMI en dénombre 70 et l'OCDE 47, généralement localisés à proximité d'une grande place internationale, souvent spécialisés 15 . Rouages essentiels de la mondialisation financière, ces paradis fiscaux traitaient en 2007 25% des dépôts bancaires transfrontaliers et voyaient transiter 50% des actifs financiers qui parcourent la planète. Ils procurent un secret bancaire, des sociétés garantissant l'anonymat, ce qui leur permet d’accueillir les produits des évasions fiscales des pays développés, de la corruption de certains dirigeants et une partie de l'argent des trafics internationaux (drogues, armes, contrefaçon, réseaux d'immigration, de prostitution, etc.). C'est pourquoi les pays développés ont tenté de mettre en place de structures de contrôle. L’OCDE a publié, à l’occasion du sommet du G20 de Londres (janvier 2011, une liste mise à jour des territoires non coopératifs16. Mais ces initiatives restent timides et ont un impact très limité sur les activités des paradis fiscaux17, ce qui pose la question de savoir jusqu'où aller dans l'intervention 13 600 milliards de dollars pour les seuls revenus de la drogue, soit 8% du commerce mondial… http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradis_fiscal 15 Le Luxembourg accueille des holdings et des fonds de placement mutuel ; les Bermudes, les compagnies d'assurance (40% du total mondial) les Caïmans et les Bahamas, des fonds d'investissements et des fonds spéculatifs et les Barbades les Foreign Sales Corporations des firmes transnationales américaines qui sont des sociétés écrans destinées à faire transiter des exportations américaines en évitant la fiscalité des États-Unis. 16 Il s’agissait en réalité de trois listes distinctes : une liste noire, une liste grise et une liste blanche correspondant au degré de coopération en matière fiscale. Cf. Wikipédia. Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 7 14 des pays développés alors que leurs institutions bancaires, leurs transnationales, voire leurs banques centrales sont les premières à utiliser ces structures non transparentes ? B. L ES ACTEURS CENSÉS RÉGULER LA MONDIALISATION Diapo 17 Logos des institutions (liens internet) 1. L’OCDE, le FMI, Banque mondiale, le G20… Paragraphe 3a p.90, Les instances internationales a. L’OCDE Diapo 18 Vidéo officielle OCDE L’OCDE18, qui succède en 1961 à l’OECE19, est une institution où les 34 États les plus riches du monde discutent, à travers plus de 200 comités et groupes de travail, de sujets aussi divers que l’énergie, l’environnement, l’éducation, etc., pour faire émerger des convergences entre pays membres et adopter des normes communes (les « bonnes pratiques » 20 ) : c’est un haut lieu de la diplomatie économique internationale (mais en aucun cas une instance décisionnaire). b. La Banque mondiale Créée le 27 décembre 1945 sous le nom de Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) après signature de l'accord de Bretton Woods (juillet 1944), son siège est à Washington. Elle fait partie des institutions spécialisées du système de l'Organisation des Nations unies (ONU). Initialement chargée d’aider l’Europe et le Japon dans leur reconstruction au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, son action est aujourd'hui principalement orientée vers les pays en développement (PED), et en particulier les pays les moins avancés (PMA)21. Elle accorde des prêts à ses pays membres en difficulté en échange de certains engagements politiques. Diapo 17* Lien site Banque mondiale En plus des prêts accordés, elle finance également (directement ou indirectement) des projets d'ONG, et étudie le développement de chaque pays. Ainsi, c'est la Banque mondiale qui mesure l'Indicateur de développement humain (IDH). c. Le FMI Diapo 17* Lien site FMI Créé en 1944 à la suite des accords de Bretton Woods, le FMI22 a pour mission de régler les déséquilibres temporaires des balances des paiements des États. Pour ses interventions, il dispose notamment des ressources fournies par la cotisation des États membres 23 . À partir des années 1970, le FMI développe son rôle de surveillance et formule des recommandations. 17 Cf. http://www.lesechos.fr/05/04/2013/LesEchos/21411-015-ECH_eric-vernier-----la-liste-desparadis-fiscaux-etablie-par-l-ocde-est-une-vaste-mascarade--.htm 18 OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques. Cf. site officiel : http://www.oecd.org/fr/apropos/ 19 Fondée le 16 avril 1948, dans le cadre de la guerre froide, l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) était initialement chargée de répartir les crédits du Plan Marshall entre pays de l'Europe occidentale. 20 Cf. slogan sur la page d’accueil du site officiel de l’OCDE : « des politiques meilleures pour une vie meilleure ». 21 Cf. Site officiel de la Banque mondiale : http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/EXTABTUSFRENCH/0,,contentMDK:2014 6544~pagePK:64093409~piPK:64093441~theSitePK:328614,00.html 22 FMI : Fonds monétaire international (http://www.imf.org/external/french/index.htm) 23 Le montant des cotisations de chaque pays détermine le nombre de voix dont il dispose au FMI. Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 8 Diapo 19 Du G6 au G20 : extrait + article Questions internationales 43 d. Du G6 au G20 Le Groupe des huit (G8) est un groupe de discussion et de partenariat économique réunissant les États-Unis, le Japon, l’Italie, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada, et la Russie. D’abord G6 à sa création en 1975, puis G7 (intégration du Canada en 1976), ce groupe rassemblait les plus puissantes économies capitalistes du monde. Il s’est élargi à la Russie en 1998 pour devenir le G8. L’évolution du processus de mondialisation a conduit à une restructuration radicale de la gouvernance internationale ; par conséquent, le G8 a dû être élargi aux puissances émergentes : c’est ainsi que le G20 24 , fondé en 1999, a été institutionnalisé en 2009 (sommet de Pittsburgh). Diapo 20 Le G77 Face à ces « clubs de riches », les PED tentent depuis les années 1960 de constituer des coalitions, comme le G7725. 2. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) Diapo 21 Vidéo : Présentation de l’OMC (www.wto.org) Diapo 22 Vidéo OMC : « L’ORD : étude de cas » (www.wto.org) Diapo 23 Vidéo : OMC et PMA (JT France2) Diapo 24 Vidéo : Pascal Lamy et l’échec des négociations à l’OMC (2008) + Lien article Le Monde L’ancêtre de l’OMC, le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), né en 1947, organisait des négociations commerciales multilatérales afin de réduire les barrières douanières, dans le cadre d’un processus de libéralisation progressive des échanges. L’intensification des flux et les bouleversements géopolitiques (fin de la guerre froide) ont conduit à la fondation de l’OMC (1994)26. Basée à Genève, L’OMC compte 160 États membres. Son objectif est de libéraliser tous les échanges. Elle ne produit pas de règles : elle gère les accords négociés par les États. Au sein de l’OMC, l’ORD (Organe de règlement des différends) fonctionne comme un tribunal tranchant les litiges commerciaux27. Les premières plaintes étaient pour la plupart déposées par les États-Unis (Cf. préférence commerciale de l’UE à certains États exportateurs de bananes) ; mais en 2000, les États-Unis ont eux aussi été condamnés pour leur système de subventions déguisées (multinationales autorisées à localiser leurs revenus dans les paradis fiscaux). Aux débuts de l’OMC, les discussions étaient plus ou moins le monopole des pays développés à économie de marché (PDEM). Peu à peu, les pays en développement (PED) s’efforcent d’y faire entendre leur voix. Depuis la Conférence de Doha28 (2001), l’objectif prioritaire porte sur l’agriculture et les services. Initialement prévu pour une durée de trois ans, le cycle de Doha n'a pu être conclu du fait de divergences entre États membres de l'OMC, notamment au sujet des subventions accordées par les PDEM (pays développés à économie de marché) à leurs agriculteurs, accusées de fausser la concurrence et d'empêcher l'accès au marché par les PED. 24 Allemagne, Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne (représentée par le Président de la BCE). 25 NB : il existe aussi depuis 2004 un G90, qui rassemble les PMA (pays les moins avancés), les pays de l’Union africaine et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). 26 Cf. présentation de l’OMC par l’OMC, sur le site officiel de l’OMC : http://www.wto.org/french/thewto_f/whatis_f/whatis_f.htm 27 Cf. site de l’OMC : http://www.wto.org/french/tratop_f/dispu_f/dispu_f.htm 28 Le cycle de Doha est une ronde de négociations effectuée sous l'égide de l'OMC (Organisation mondiale du commerce). Elles portent surtout sur la « libéralisation du commerce international », comme instrument de développement des PED (« cycle du développement »). En effet, l'essentiel des négociations de Doha portaient sur l'agriculture et sur l'amélioration de l'accès aux marchés des pays riches pour les produits agricoles des pays en développement (PED). Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 9 Depuis plusieurs années, les principaux acteurs du commerce international multiplient les accords bilatéraux 29 faute d’un fonctionnement multilatéral satisfaisant : on peut considérer que l’OMC est dans une impasse30. 29 Cf. « Comprendre le traité TAFTA en cinq questions », Le Monde, 22 mai 2014. Cf. « L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est dans l’impasse », s’alarme Roberto Azevêdo, Le Monde, 16 octobre 2014. Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 10 30 3. Vers un « retour des États » ? Diapo 25-26 Les États, des acteurs dépassés ? + De l’économie internationale à l’économie mondiale : un schéma théorique + texte PN Giraud Diapo 27 Texte PN Giraud – L’efficacité de l’État Paragraphes 2, La mondialisation entraîne-t-elle une perte d’influence des États ? + 3, Augmentation et renforcement des frontières p.148- Depuis la Seconde Guerre mondiale, on a assisté à un rapide développement des échanges internationaux, à l’initiative des États qui ont ouvert leurs marchés nationaux. À partir des années 1960, leur rôle a décliné, tandis que les FTN se développaient et que les IDE enregistraient un essor spectaculaire. Au tournant des années 1990, l’État semble devenir une structure aux pouvoirs limités. Carte 1 p.146, Gouvernance mondiale et organisations régionales- La mondialisation pose la question de la mise en place d’une « gouvernance mondiale » à partir d’organisations régionales (UE, ALENA, MERCOSUR…) internationales existantes (FMI, OMC, BIT...), qui semblent remettre en cause les notions d’« économies nationales » et d’« économie internationale ». Pour autant, l’image d’États se diluant dans une mondialisation destructrice des frontières relève de la caricature. L’économie-monde est à mi-chemin entre deux modèles ou deux ordres : l’ordre international et l’ordre mondial ; en effet, nous sommes encore loin d’une « économie mondiale intégrée » 31 : − les politiques économiques nationales présentent encore de fortes différences, qui se traduisent par des différences de réglementation, des relations sociales, etc. − si la globalisation financière a facilité la circulation des capitaux, celle des hommes se heurte largement aux frontières nationales et l’idée d’un marché mondial unifié reste théorique. En outre, l’efficacité de l’État demeure un facteur déterminant pour expliquer l’inégal développement32. Paradoxe apparent : la mondialisation pourrait conduire à une réhabilitation du rôle des États… C. D ÉBATS : UNE MONDIALISATION SOUS LE FEU DES CRITIQUES Photo 2 p.143, Un contrepoids à la mondialisation ultralibérale ? Cours 2 p.152, Débats et contestations de la mondialisation 1. Une mondialisation « sans pilote » ? Diapo 28 Article : « Les leçons du Professeur Stiglitz » (Sc. humaines) + Vidéo « Make globalization work) » Doc.3 p.153, Les débats de l’Obs : faut-il résister à la mondialisation ?- Beaucoup considèrent la Banque mondiale comme étant sous l'influence politique d’un trop petit nombre de décideurs (avant tout les États-Unis33). Dans un monde désormais multipolaire, les hiérarchies héritées de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre froide ne peuvent être reconduites sempiternellement. 31 …et l’histoire récente (Cf. les politiques protectionnistes des années 30) enseigne que le processus d’intégration n’est pas irréversible : il est donc prématuré de proclamer le règne d’une économie mondialisée. 32 Cf. notion d’« État défaillant ». 33 Cf. la règle tacite qui confie depuis sa naissance la présidence de la Banque mondiale à un américain. Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 11 Par la conditionnalité de leurs interventions, FMI et Banque mondiale imposent des mesures d'ajustement structurel conformes à la norme libérale 34 . Or celles-ci s’avèrent souvent inadaptées aux conditions locales, et n’aboutissent au mieux à des sauvetages financiers qu’au prix d'échecs socio-économiques (dégâts des capitaux spéculatifs, destruction du tissu économique local par la concurrence…). D’où une crise de légitimité de ces institutions, qui appelle d’une part une demande de transparence et de démocratie interne35, et d’autre part une remise en cause des finalités et des modes d’intervention de ces organisations. 2. Des acteurs irresponsables ? a. Les FTN : des « patrons-voyous » 36 ? Diapo 29 Vidéo « Make globalization work) »: les FTN Du fait non seulement de la sélectivité de leurs IDE, mais de ce que cette sélectivité implique en termes de pressions sur les pays susceptibles de les accueillir, de retombées sociales, économiques, environnementales négatives, les FTN sont elles aussi l’objet de vives critiques. b. La finance : une économie « virtuelle » et amorale ? Diapo 30-31 La mondialisation financière : textes Giraud + Carroué + video : BA Margin Call Aujourd'hui, les bourses sont devenues indispensables au financement des entreprises et des marchés par le drainage de l'épargne. D’où l'extension de la logique financière aux activités productives : les investisseurs internationaux imposent désormais leurs critères de gestion et leurs normes de rentabilité aux firmes -et aux États. Cette « financiarisation » de l’économie est dénoncée en raison des menaces qu’elle fait peser sur les équilibres socio-économiques et territoriaux37 : - - en permettant les attaques spéculatives contre des monnaies, les nouveaux champs de spéculations ouverts par la crise des dettes privées ou publiques38 sont autant de nouvelles sources d'instabilité ; en suscitant, par le gonflement des transactions sur les marchés financiers sans rapport direct avec le financement de la production et des échanges internationaux, l’émergence d’une « économie virtuelle » déconnectée du système productif (« économie réelle »). Les capitaux sont devenus fluides, volatiles, ils se déplacent en permanence, et les actions ne sont plus détenues que quelques mois, semaines ou jours39. Ce système, 34 Essentiellement : privatisations, ouverture extérieure et assainissement draconien des finances publiques. 35 Cf. notamment le problème de la représentation des pays émergents au FMI. 36 L’expression « patron voyou » s’est diffusée à partir de 2003, à la suite de « l’affaire Metaleurop ». C’est le président de la République, Jacques Chirac, qui avait dénoncé en 2003 des « méthodes de patron voyou » lors de la fermeture de Metaleurop Nord, fonderie de zinc et de plomb basée à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais) depuis 1894 –entraînant licenciement de 830 personnes. 37 Il est frappant que le marché des « produits dérivés » soit le marché qui a connu la croissance la plus spectaculaire. Ces produits dérivés sont nés pour couvrir les risques liés à l'instabilité dans les années 1980. Ils ont très vite donné prise aux comportements spéculatifs, notamment à travers l'activité de fonds spéculatifs, ou hedge funds -Ces fonds (200 en 1990, plus de 5 000 en 2001), interviennent sur l'ensemble des marchés financiers et proposent des rentabilités dépassant 30% pour les plus efficaces. 38 L'endettement est le facteur principal des risques financiers. De ce fait, la plus ou moins grande capacité à rembourser la dette définit une échelle de risques qui détermine les taux d'intérêt des emprunts. Plus un État est pauvre et fragile, plus l'accès au crédit lui coûte cher. Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 12 structurellement très instable40, pose de plus en plus de questions quant aux capacités de contrôle et de gestion du risque systémique par les acteurs publics et privés concernés, ce qui pose avec acuité la question de sa régulation. Diapo 32 Titre III + Sommaire III. M OBILITÉS , FLUX , NŒUDS ET RÉSEAUX Quel rôle jouent les mobilités, les flux, les systèmes de communication matériels et les réseaux numériques dans le fonctionnement de la mondialisation ? Cours 3 p.92, Mobilités, flux et réseaux + Schéma et vocabulaire p.92- L’intégration progressive des économies et des flux de marchandises à l’échelle mondiale va de pair avec l’interconnexion des territoires par un ensemble de réseaux physiques et immatériels. Quant aux mobilités, migratoires ou touristiques, elles sont un corollaire du fonctionnement de la mondialisation, d’où leur croissance importante. A. M OBILITÉS Paragraphe 1 p.92, De plus en plus de déplacements humains 1. Les flux migratoires Diapo 33 Graphique : évolution du nombre de migrants (1820-2000) Schéma 4 p.97, Les flux migratoires internationaux- Si les migrations internationales sont une question d’actualité brûlante, un support de discours politiques voire un objet de fantasmes et de peurs irrationnelles, elles sont aussi vieilles que l'humanité et elles sont une des composantes essentielles des mondialisations successives41. a. Migrations du travail : croissance des flux, complexification des mobilités Carte 1 p.93, Les migrations du travail- C'est ainsi que malgré leur importance croissante42, les flux migratoires actuels restent relatifs par rapport aux volumes du XIXème et du début du XXème siècle : le taux mondial d'émigration s’élevait fin 2014 à 3,1%, contre 5% en 1914. Diapo 34 Carte Sc Humaines+ Schéma Le Monde Les migrations du travail dessinent un système migratoire international qui s’est fragmenté et complexifié : - Par une véritable internationalisation des flux au détriment des relations classiques coloniales et post-coloniales, traditionnellement orientées NordSud. Ainsi, en 2013, les flux Sud-Sud représentaient 57% du total43 tandis que la géographie des pays émetteurs et récepteurs se complexifiait ; - Par l’évolution du profil des migrants : 39 Voire moins. Cette volatilité boursière peut être illustrée par les bourses des matières premières qui jouent un rôle majeur dans la fixation des cours mondiaux ; à Londres, au London Metal Exchange, qui traite 90% des transactions sur les non-ferreux (aluminium, cuivre, nickel, zinc...), les courtiers (brokers) vendent plus de mille fois la production mondiale par jour. 40 …d’autant plus que la contagion d'une place financière à une autre est facilitée par l'interconnexion des places mondiales et la volatilité des capitaux. Cf. l’article de C. Minoiu sur le site officiel du FMI : http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/2012/09/pdf/minoiu.pdf 41 Cf. à l'époque moderne, où des dizaines de millions d'esclaves furent arrachés à l'Afrique à destination des Amériques par les traites négrières occidentales, ou encore, au tournant du XXème siècle, où l'Europe occidentale accomplit la colonisation des trois quarts de la planète et peupla les Nouveaux Mondes (entre 1800 et 1930, 40 millions d'Européens s'installent en Amérique du Nord). 42 75 millions de migrants en 1965, 175 millions en 2003, 230 millions en 2014. 43 En effet, les pays pétroliers sous-peuplés font largement appel à une main-d’œuvre africaine, arabe ou asiatique, alors que l'Afrique du Sud mobilise, essentiellement dans ses mines, la main-d’œuvre de ses voisins immédiats Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 13 o la grande majorité des migrants est désormais majoritairement composée de jeunes adultes dotés d'une certaine formation et d'un minimum de disponibilité monétaire ; o par ailleurs très masculines autrefois, les migrations se féminisent désormais : 48% des migrants sont des femmes (source HCR 2015) ; o de même, les nouvelles mobilités internationales basées sur la circulation des élites professionnelles s’accroissent, sous l’effet de l’augmentation du nombre de personnels dirigeants ou d'encadrement 44 des FTN et du phénomène de la « fuite des cerveaux » 45 , qui reflète très directement les inégalités socioéconomiques mondiales et induit pour les pays d'origine un handicap financier, économique et intellectuel parfois irréparable. Diapo 35 Extrait Carroué : « La fuite des cerveaux » Diapo 36-37 Vidéo Le Monde : la crise migratoire en cartes + Liens internet : Missing migrants project + site officiel OIM + Animation Le Monde : le triste bilan de la « forteresse Europe » + Article Le Monde : « Comprendre la crise des migrations… » Diapo 38 Vidéo : extraits DDC + BFMtv + Article le Monde « Si on ouvrait les frontières » ? Diapo 39 2 vidéos DDC + Article Sc. Humaines : diaspora : le développement par l’exil, l’exemple latino b. La crise des réfugiés dessine une géographie des conflits et interpelle le monde développé La dernière décennie a été marquée par l’explosion du nombre de réfugiés46 : il n’y a jamais eu autant de réfugiés dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale47, et la géographie de leurs flux épouse les contours des conflits actuels. Seuls 10% d’entre eux trouvent accueil dans des pays développés comme demandeurs d'asile ; les 90% restant sont « déplacés » dans leur propre pays ou réfugiés dans les États voisins48. Mais les politiques d'accueil des États récepteurs sont devenues très restrictives49. Face à la généralisation de la fermeture des frontières des pôles attractifs50, on assiste à la complexification des trajectoires migratoires et à la multiplication des entrées clandestines –doc.2 p.149, la « barriérisation » des frontières. À la faveur de la « crise » actuelle des réfugiés, les voix qui s’élèvent pour en finir avec la « forteresse Europe » sont devenues plus audibles, et les opinions publiques des pays développés sont traversées par un débat souvent très vif. c. Le rôle des diasporas La diffusion des diasporas auxquelles ces flux donnent naissance se traduit par des effets d'entraînement d’ordre économique et culturel : 44 Cf. les expatriés français, par exemple. « Fuite des cerveaux » : départ définitif de leurs pays d'origine des cadres administratifs, scientifiques, techniques, médiaux, des enseignants ou des personnels bénéficiant d'une qualification professionnelle spécifique vers un autre État plus attractif pour des raisons fondamentalement économiques et financières 46 Cf. site officiel du HCR. NB : Cette montée des réfugiés a fait redécouvrir des phénomènes très anciens mais dont le XXème siècle fut coutumier. Les deux guerres mondiales ont produit les exodes les plus massifs de l'histoire de l'humanité. À ceci s'ajoutent les millions d'exilés politiques ou raciaux fuyant les pogroms et épurations ethniques, les révolutions et guerres civiles (Russie de 1917 : 2 millions) ou les régimes fascistes (Espagne, Italie, Allemagne) et le génocide nazi. 47 19,4 millions en 2005, 52,9 millions en 2015 48 Ainsi, le Proche et le Moyen-Orient concentrent à eux seuls le tiers des réfugiés du monde. Les chiffres des flux de réfugiés imputables au récent conflit syrien obéissent aux mêmes équilibres : d’après le HCR, en octobre 2015, sur 8 millions de réfugiés, moins de 700.000 avaient gagné l’UE. 49 Après le vaste appel des Trente Glorieuses, le nombre d'États adoptant des politiques restrictives passe de 6% à 40% entre 1976 et 2001. Aujourd'hui, 44% des pays développés et 39% des pays en développement cherchent à limiter ces flux. Quand certains maintiennent des politiques d'accueil volontaristes (Canada, États-Unis), celles-ci sont qualitativement de plus en plus sélectives. 50 Cf. la création d'un mur par les États-Unis sur leur frontière mexicaine, ou de Frontex par l’UE. Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 14 45 - - Selon la Banque mondiale, les envois de fonds vers les pays en développement ont atteint 414 milliards de dollars en 2013, et ils devraient dépasser 500 milliards de dollars en 201651. À titre de comparaison, l’aide publique au développement s’élevait en 2012 à 125 milliards de dollars52. Pour certains États, ils sont souvent la première source de revenus53. Au niveau culturel, les diasporas favorisent les circulations de pratiques sociales, d’idées, de valeurs (notion de « corridors culturels ») et suscitent l’émergence d’identités culturelles hybrides. 2. Les flux touristiques Les flux touristiques mondiaux, qui ont connu une croissance vertigineuse en quelques décennies, doivent être lus comme mondialisants et mondialisés. a. Une croissance spectaculaire Diapo 40 Flux touristiques : carte + statistiques OMT 2012 Les flux de touristes internationaux sont passés de 25 millions de personnes en 1950, à 166 millions en 1970, 278 millions en 1980, 700 millions en 2000, puis 1,035 milliard en 2012 (prévision pour 2030 : 1,8 milliard). À cette date, on comptait 5 à 6 milliards de « touristes internes » 54 . Graphique 2 p.93, Arrivée de touristes internationaux par continent- Même si elle tend à se généraliser à l’échelle planétaire, la mobilité touristique demeure encore largement un privilège des pays et des groupes sociaux les plus riches, alimentant des flux essentiellement orientés « Nord-Nord » et « Nord-Sud ». Le tourisme international est devenu un secteur économique à part entière. Ses recettes annuelles s’élevaient à 1076 milliards de dollars en 2012 (contre 473 en 2002), soit 9% du PIB mondial. Il emploie 8% de la population active mondiale (sachant en outre qu’on estime qu'un emploi touristique engendre 1,5 emploi indirect). Le tourisme est la première source de devises pour 49 PED, même si les économies locales ne récupèrent le plus souvent qu'une part minime des recettes touristiques. b. Compétition mondiale entre lieux touristiques mondiaux La compétition entre lieux touristiques n'est plus régionale, nationale ou continentale, mais mondiale. Depuis les années 1970, s’est développé ce qui est devenu fin XXème siècle un système touristique mondial : la concurrence entre un grand nombre de lieux et un choix à l'échelle mondiale grâce à la maîtrise de l'accessibilité en termes de temps, de coûts et d'altérité55. En second lieu, accueillir les touristes du Monde entier confère une qualité nouvelle aux lieux touristiques : celle d'être mondiaux. Ainsi, peut-on distinguer : 51 Source : site officiel de la Banque mondiale. Source : site officiel de l’OCDE. 53 Ils représentent la moitié du PIB du Tadjikistan. Les principaux bénéficiaires des envois de fonds officiellement comptabilisés en 2013 sont l’Inde (71 milliards de dollars, soit environ le triple des IDE dont elle a bénéficié en 2012), la Chine (60 milliards de dollars), les Philippines (26 milliards de dollars), le Mexique (22 milliards de dollars), le Nigeria (21 milliards de dollars) et l'Égypte (20 milliards de dollars). 54 Source : site officiel de l’OMT (Organisation mondiale du tourisme) 55 Passer des vacances balnéaires à Bali, en Thaïlande, aux Antilles ou en Méditerranée ? Partir skier en hiver dans les Alpes, dans les montagnes Rocheuses ou dans le Caucase ? Partir pour les vacances d'été vers la mer Méditerranée, skier en Argentine ou en Nouvelle-Zélande, faire un trekking au Népal, visiter les villes espagnoles, allemandes ou françaises, etc. ? Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 15 52 - des stations touristiques mondiales, dont les touristes proviendraient de tous les pays émetteurs de tourisme « international »56. des global tourist spots (surf, golf, pèche, plongée, etc.)57. des « villes mondiales », mondiales non seulement par la prédominance d'activités d'organisation et de finance, mais aussi par le tourisme58. B. U N MONDE DE FLUX , DE NŒUDS ET DE RÉSEAUX Diapo 41 Schéma : flux, nœud, réseau Repère p.92, Flux, nœud, réseau- Portée par la mondialisation de la production et des échanges59, la révolution des transports accélère la mise en réseau du monde : l’essor des moyens de transport et de communication est un facteur essentiel et permanent des trois mondialisations, des Grandes Découvertes aux colonisations, grâce à l'augmentation des capacités (navires ou avions géants, débits d’informations), à l'accélération de la vitesse, à la normalisation (conteneurs60), à l'automatisation (manutention, transroulage61) et à l’abaissement des coûts. La phase actuelle de la mondialisation se caractérise par une couverture géographique totale de la surface du globe par des réseaux de plus en plus efficients. 1. Essor des transports maritimes et aériens a. Transports maritimes Diapo 42 Photos + vidéos : Bougainville + #Datagueule+ Article Le Monde : « La révolution du Porte conteneur » Diapo 43 Cartes trafic maritime + Article Diplo : « Tours et détours du commerce maritime » Le succès du transport maritime62 dans un contexte de mondialisation des échanges s'explique par les nombreux avantages qu’il procure : grandes capacités, faible coût... Cet essor s’accompagne d’une profonde mutation de la flotte marchande mondiale : - des navires plus nombreux et plus gros63 ; - un développement spectaculaire des navires spécialisés64 et particulièrement des porte-conteneurs, impulsé par quelques puissants armateurs65 ; - un trafic dérèglementé : en quelques décennies, un vaste processus de dérégulation profité aux pavillons de complaisance66 qui permettent à la fois 56 Il n'existe pas d'études scientifiques sur cet aspect, mais on peut pointer les lieux suivants comme investis de touristes mondiaux : Saint-Moritz, Chamonix, Cannes, Bali, Saint-Tropez, Davos. On les appelle des global tourist resorts pour marquer leur mondialité. 57 Spot : type de lieu touristique dont le fonctionnement réside dans la mise en valeur d'une seule qualité de l'endroit, sans fixation localisée prononcée de capital ou de bâti. Il s'agit de lieux touristiques connus de communautés d'intérêt spécifiques, qui se réunissent autour d'une pratique pointue, comme le surf, dont les spots les plus connus sont Hawaii, Tahiti, Tarifa, Biarritz, etc. 58 Paris, New York, Londres, Rome, etc. 59 Cf. Thème 1, Question 1 (II. Lectures géoéconomiques). 60 Cf. Note de synthèse ISEMAR (Institut supérieur d’économie maritime) : « La révolution du conteneur ». 61 Plus couramment appelé Ro-Ro (de l'anglais Roll-On-Roll-Off), cette technique permet à un véhicule routier d'entrer/de sortir par ses propres moyens d'un navire ou d'un train. 62 On estime que 90% des biens matériels produits dans le Monde sont, à un moment ou un autre, transportés par mer. 63 Le tonnage global a été multiplié par 22 depuis 1975. 64 Cargos, vraquiers (céréaliers, minéraliers…), navires citernes… 65 Les 10 premiers concentrent plus de 50% du trafic mondial –NB : les 5 premiers en 2012 (source : Wikipédia) : 1. Maersk (Danemark) ; 2. MSC (Suisse) ; 3. CMA-CGM (France) ; 4. Evergreen Marine (Taïwan) ; 5. Cosco (Chine) 66 60% de la flotte mondiale navigue sous les pavillons de complaisance d'une quinzaine de microÉtats ne représentant que 0,4% de la population mondiale (Panama, Liberia, Malte, Bahamas...). Grâce à un véritable dumping réglementaire (absence de contrôles techniques), fiscal (faibles impositions) et social (bas salaires, précarité, dangerosité), ce système offre des coûts de transport de 50 à 75% inférieurs aux tarifs internationaux moyens. Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 16 une baisse des coûts d'exploitation (au détriment du social67), et une large impunité en cas d'accidents (marées noires, pollutions…) ou d'infractions. Le système maritime mondial est polarisé et inégal, opposant les grandes façades maritimes de la Triade et ses annexes et les PED. Les principaux flux se concentrent sur quelques très grands ports par façades maritimes (main ports) à partir desquels sont redistribués des flux secondaires par des systèmes de cabotage (feedering). b. Transports aériens Né au début du XXème siècle à des fins militaires, le transport aérien se « civilise » mais demeure réservé jusque dans les années 1960 à une élite avant de se démocratiser progressivement pour devenir aujourd'hui un moyen de transport de masse68. Cette croissance s'appuie sur un développement technologique continu : accélération de la vitesse de vol, augmentation de l’autonomie et des capacités69. Diapo 44 Carte trafic aérien + Vidéo Flightsats Afin de réduire et de rentabiliser leurs immobilisations, les compagnies passent de réseaux maillés moins rentables, à des réseaux étoilés centrés sur des hubs70 vers lesquels convergent tous les flux avant redistribution71. 2. Les flux immatériels : un essor récent et spectaculaire a. L’essor des télécommunications L'essor des télécommunications, lié aux progrès de la numérisation est un vecteur essentiel de l'explosion de la mobilité des informations (sons, images, données). Diapo 45-46 - Carte trafic internet + Extrait atlas Diplo 2012 + Lien Wikipédia - Article Le Monde 18X2013 : « Internet enjeu de pouvoir » On distingue trois grands types de réseaux de télécommunications : les câbles, les satellites et les antennes. Internet joue un rôle particulier, puisque ce n'est pas un réseau en lui-même, mais à la fois un protocole qui permet l'échange de données, une interface qui permet l'accès aux données, et une architecture qui permet l'utilisation de plusieurs réseaux existants. Même si son utilisation continue d’obéir à une géographie sélective, l’Internet est rapidement devenu un média de masse72. Tous ces réseaux, toutes ces routes contribuent à faire émerger et à structurer l'espace mondial. L’émergence d’un tel espace mondial pose de redoutables questions de gestion, de régulation et de contrôle (contenus, libertés individuelles, droits d'auteurs, normes, identification et attribution des sites, droits de douane, 67 Jusqu'au début des années 1970, les États développés dominaient ce mode de transport en assurant la construction des bâtiments, leur exploitation sous pavillons nationaux avec des équipages bénéficiant de bonnes garanties salariales et sociales du fait de la pénibilité et des risques du métier. 68 Le trafic passagers passe de 500 milliards de passagers-kilomètres en 1975 à 3 000 milliards en 2003 (prévision : 14 000 milliards en 2030). Le fret aérien, qui assure le transport rapide de produits périssables ou manufacturés à haute valeur ajoutée, passe de 0,4 milliards de tonnes-kilomètres en 1950 à 117 en 2002, et la flotte d’avions cargos ne cesse d’augmenter : les prévisions publiées en octobre 2013 par Airbus misent sur une croissance annuelle de 4,8% du transport de fret aérien mondial et sur un doublement de la flotte d’ici 2032, avec plus de 2700 nouveaux avions (http://www.air-journal.fr/2013-10-11-airbus-3000-avions-cargo-dans-vingt-ans-586712.html) 69 Le très gros porteur Airbus 380 offre 800 places et un rayon d'action de 16 000 km. 70 En anglais, le mot hub désigne littéralement le centre d'une roue (il donc se traduire par « moyeu »). En géographie, il est utilisé pour désigner un point central, un nœud, d'un réseau de transport, qui assure des correspondances vers des destinations secondaires (spokes : « rayons »). 71 6% seulement des 9000 routes aériennes potentielles qui sillonnent le globe supportent 50% du trafic mondial, et 25 aéroports polarisent 83% du trafic passager mondial. 72 16 millions de connectés en 1991, 665 millions en 2003, 2,27 milliards en 2012. Michelangeli, 2015-2016 TES/L, Géographie 17