«Je dirais volontiers que ce projet est né d’une rencontre :
celle que j’ai faite avec Christine Caradec, interprète
chorégraphique et notatrice Laban. J’ai eu envie de
questionner avec elle le rapport qui existe entre structures
chorégraphiques et musicales, en insistant notamment
sur les possibilités de correspondances entre nos
outils de composition.
La pièce qui a résulté de cette recherche a été donnée
sous la forme de trois études chorégraphiques, élaborées
à partir de “prétextes” structurels : le canon, la fugue,
le développement de sonate, les renversements, les
miroirs, les rétrogradations à l’écrevisse, les diminutions
et augmentations, etc…
J’ai voulu reprendre une de ces études pour en extraire
la phrase qui sert de base au nouveau projet, Hoketus.
Christine Caradec l’a réapprise, questionnée puis
transmise à un nouvel interprète masculin, Mickaël
Phelippeau, qui l’a lui-même re-questionnée et
transformée.
À partir de ce module chorégraphique, j’ai travaillé à
l’écriture d’une fugue corporelle, très stricte, jusqu’au
moment où le corps ne pouvait plus répondre
(correspondre) aux préceptes musicaux qui le
commandaient. À partir de cet endroit, l’interprète
chorégraphique a repris le dessus et proposé une
nouvelle matière qui pouvait s’intercaler dans la
proposition de base.
L’extrême virtuosité de l’écriture du module initial a
évolué et pris énormément de directions différentes,
dans une multitude de phrases, d’enchaînements,
tous différents dans leurs représentations spatiales,
temporelles ou interprétatives.
Quant à la fonction du musicien en live, elle est ici de
mettre sous tension le corps de l’interprète danseur,
de lui donner à la fois un nouveau carcan mais aussi la
possibilité d’utiliser cette nouvelle musicalité, de
nouveaux accents dynamiques, des pauses, des
moments de paroxysme énergétiques, tous habités
par la présence de forces parallèles ou contraires
possibles entre les deux protagonistes de la pièce. »
Aurélien Richard
AURÉLIEN RICHARD
Aurélien Richard est pianiste, compositeur et chorégraphe.
Élève d’Éliane Richepin, de Charles Rosen, conseillé par
Florent Boffard et Roger Muraro, il est titulaire du
diplôme d’État de professeur de piano, Prix Yvonne
Loriod-Messiaen, Prix de la Sacem. Il a été chef de chant
à l’Opéra National de Paris, où il a travaillé avec William
Forsythe, Jirí Kylian et Maurice Béjart, et avec les Arts
Florissants, William Christie et Robert Carsen. Il donne
de nombreux récitals et concerts de musique de cham-
bre à travers la France et à l’étranger et se produit dans
les festivals, à la radio et à la télévision. Il a joué à Radio-
France, à l’Opéra Garnier, au Centre national de la
danse, à l’IRCAM, au Centre Georges Pompidou, au
Théâtre du Rond-Point à Paris…
Il crée de nombreuses compositions comme celles de
Chrystel Marchand, Miroslav Srnka, Anthony Girard ou
Valery Arzoumanov et collabore aux projets de divers
chorégraphes dont Alban Richard, David Wampach,
Mickaël Phelippeau et Jonathan Capdevielle. Il investit
aussi le champ théâtral en travaillant avec Benjamin
Lazar et Pierre Guillois.
Compositeur, il a remporté le prix de la meilleure création
sonore et musicale du 14eFestival de cinéma Côté Court
de Pantin en 2005. Il a écrit principalement pour la
danse et le cinéma, tout en composant un cycle
d'Études pour piano dédié à Vanessa Wagner et Florent
Boffard, trois pièces pour des ensembles à géométrie
variable, une pièce pour chœur, un opéra sur
Medeamaterial de Heiner Müller, et bientôt un qua-
tuor à cordes. Il a donné en compagnie de Vanessa
Wagner le cycle des Vingts regards sur l’enfant Jésus
d’Olivier Messiaen dans le cadre du festival Automne
en Normandie, et a entamé une collaboration avec le
Quatuor Diotima.
Par ailleurs, il écrit ses propres spectacles et performances
pour l’ensemble Les Désinents. La dernière, Hoketus,
pièce chorégraphique et musicale a été créée les 2 et 3
octobre 2009 au Printemps de Septembre à Toulouse.
LES ÉCRANS DE DANSE
Les Écrans de Danse sont nés en février 2008, à Paris.
Cette structure est le résultat d’un constat : d’une part,
nombreuses sont les pièces de danse contemporaine
qui restent dans l’oubli, inconnues du grand public,
d’autre part trop d’artistes, de chorégraphes
éprouvent quotidiennement la nécessité de la création,
sans pouvoir trouver les moyens de faire connaître
leur travail, ce qui les singularise, ce qui fait de leur
création une œuvre à la fois spécifique et inscrite
dans un contexte qui lui est propre. Pour ce faire, les
Écrans de Danse se proposent d’accueillir, un artiste –
chorégraphe, une de ses créations et de les présenter
au public convié...
Après la projection d’un film de danse, d’une captation,
ou d’un enregistrement de séances de travail en studio,
suit un dialogue avec le chorégraphe invité et
Edwige Phitoussi. L’échange replace la pièce de
danse dans son contexte de création, en définit les
enjeux artistiques et culturels, souligne ses aspects
les plus essentiels. Le public est invité à intervenir
aussi souvent qu’il le souhaite.