A.C.T.I. • septembre 2015/5776 • Numéro 31
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LE MOT DU RABBIN
ROCH HACHANA
De la sagesse
■ Jacky Milewski
Dans la prière de Maariv, on
dit de D.ieu : «
be’hokhma
potéa’h chéarim,
avec
sagesse Il ouvre les portes ». Ici
l’ouverture des portes est une
image qui désigne l’apparition
du soleil dans le ciel, comme
si la porte par laquelle le soleil
passe pour briller dans le ciel
s’ouvrait (Tselouta déAvraham
de Rabbi Avraham de Tcherkhnov p. 460).
Face à une porte close, le
‘hakham
ne se
décourage pas, il cherche une solution, il
recherche la clé. Au final, il ouvre la porte.
La ‘hokhma se définit comme la faculté
d’ouvrir des portes, de cheminer sur des
routes qui jusqu’à là relevaient de l’inac-
cessible.
Le Chofar appartient à la catégorie de
la
‘hokhma
, nous dit le Talmud (Roch
Hachana 29b). Autrement dit, le cho-
far nous propose d’ouvrir des portes, les
portes qui nous mènent à la Torah, source
de l’identité juive. C’est pourquoi durant les
prières de Roch Hachana, on est sans cesse
en train d’ouvrir l’Arche sainte qui contient
les rouleaux de la Torah : «
Fils et fille d’Is-
raël ! Passe par la porte et pénètre dans le
palais de la Torah et du Judaïsme !
».
Les itinéraires de vie sont parfois com-
plexes ; ils peuvent avoir fermé les portes
à la Torah : on n’a pas eu la chance de
bénéficier d’une éducation juive digne de
ce nom, on a évolué dans un environnement
ignorant tout de la vie juive, on ne nous a
pas appris ou on s’est contenté de quelques
petites choses, de quelques rudiments, on
a appris à lire pour la bar mitsva et puis
basta, on ne nous a pas ouvert les portes
à la Torah. A Roch Hachana, le souffle du
chofar est si puissant que tel le vent d’une
tempête, il ouvre les portes, il ouvre les
portes qui donnent sur une contrée qui nous
appartient et qui constitue notre richesse la
plus grande, la plus belle, la Torah.
On croit parfois que mener une vie juive
authentique, observer le chabbat et
les règles de la Kacheroute, étudier la
Torah et se parer des tefiline, relèvent de
l’inaccessible. C’est une erreur, c’est une
vision lointaine des choses, très lointaine.
Que nous dit le chofar ? Il chuchote à
chacun de nous : «
Approche, approche
des portes, reviens, reviens aux portes,
embrasse la mezouza et entre ! Goûte
enfin à la saveur inestimable du chab-
bat, à cette saveur rendue possible par
le fait de s’abstenir de réaliser les travaux
interdits de cette journée, étudie les textes
que tes ancêtres lisaient et commentaient,
récite les mots de la prière que tant de
générations ont prononcé avec ferveur,
entre dans l’univers enchanté de la Torah !
Pourquoi restes-tu à la porte ? Tu as honte
parce que tu ne sais pas ? Ne t’inquiète
pas, nous sommes là pour apprendre
ensemble. Viens, fils d’Israël, entre, fille
d’Israël, quitte un monde qui n’est pas
le tien, reviens vers le tien, reviens vers
les tiens !
». C’est tout cela que le chofar
chuchote à nos oreilles.
Que nous puissions tous être des ‘hakha-
mim ! ■
... le souffle du chofar est si puissant
que tel le vent d’une tempête, il ouvre
les portes, ...
A.C.T.I. • septembre 2015/5776 • Numéro 31
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