Comment évalue-t-on la valeur des peptides natriurétiques ?
• Les publications actuelles sur les peptides natriurétiques
sont principalement des études transversales, pour
déterminer la capacité du test à discriminer les patients
présentant ou non une maladie déterminée. Dans ces
études, les tests sont souvent décrits en fonction de
leur sensibilité, de leur spécicité et de leur précision
globale. C’est une manière simple et utile de décrire la
performance de ces tests, mais les données sont le plus
souvent issues de populations relativement réduites dont
les animaux présentant des maladies concomitantes
(autres que cardiaques) ont été préalablement exclus.
Lorsqu’on ne considère que le NTproBNP, les études
publiées à ce jour sur la valeur diagnostique du test ont
en apparence abouti à des résultats contradictoires. Ceci
est probablement dû au fait que les études sont réalisées
de façon légèrement différente et que les prélèvements
sanguins ont été traités différemment d’une étude à
l’autre. Fine et al.19 ont suggéré que 92% des chiens
en insufsance cardiaque avaient une concentration
en NTproBNP dépassant 1,400 pmol/L. Oyama et al.20
ont suggéré que 83% des chiens avec une maladie
cardiaque présentent des concentrations supérieures à
445 pmol/L (sensibilité de 83% pour la détection de la
maladie cardiaque) tandis que 90% des chiens sains
ont une concentration inférieure ou égale (spécicité de
90%). Dans cette étude, la valeur de 820 pmol/L a été
proposée comme valeur seuil au-dessous de laquelle il
est très peu probable qu’un patient souffre d’insufsance
cardiaque. Enn, dans une étude que nous avons menée,
une valeur-seuil de 210 pmol/L a été proposée pour
permettre la détection d’une maladie cardiaque, tandis
que la majorité des chiens en insufsance cardiaque
avait des concentrations supérieures à 1000 pmol/L.
Cette valeur-seuil plus faible dans notre étude est
probablement le reet d’une manipulation moins précise
des échantillons. Si le plasma est séparé des cellules
dans les quelques heures qui suivent le prélevement et
congelé avant l’analyse, il est plus probable d’obtenir des
valeurs plus élevées car le peptide a moins eu le temps
de se dégrader.
Dans une étude plus récente (pas encore publiée) dans
laquelle les échantillons ont été manipulés avec plus de
précautions, les valeurs de NTproBNP ont été obtenues
pour 20 chiens âgés sains de petite race (age médian de
10 ans). La concentration médiane dans cette population
était approximativement 400 pmol/L (W. Moonarmart,
communication personnelle) conrmant que le seuil de
210 pmol/L suggéré précédemment dans notre étude est
trop bas.
Figure 4
Illustration schématique de l’effet des concentrations croissantes
d’un biomarqueur sur la probabilité de la présence d’une maladie.
• Il y a actuellement moins de publications sur les peptides
natriurétiques chez le chat mais la capacité diagnostique
des tests-qui sont spéciques de l’espèce- semble
être excellente pour une espèce dans laquelle il est
typiquement difcile de faire un diagnostic conclusif
d’insufsance cardiaque.18
• En réalité, il est probable que la concentration
plasmatique en NTproBNP augmente avec la progression
de la maladie cardiaque, d’où le nom de biomarqueur
« quantitatif » (par opposition à qualitatif) d’insufsance
cardiaque donné au NTproBNP.13 Ceci signie que des
concentrations plasmatiques croissantes sont associées
à une probabilité croissante d’une maladie cardiaque
plus évoluée.
Les concentrations voisines des valeurs-seuils sont
toujours les plus difciles à interpréter. La gure 4 est
l’illustration un peu plus sophistiquée du résultat d’un
test diagnostique.
Si la probabilité de l’anomalie -dans ce cas-ci la présence
d’une insufsance cardiaque- augmente quand la
concentration du marqueur augmente, alors à de basses
concentrations, la probabilité qu’un patient souffre de
la maladie est faible et la probabilité qu’un patient soit
normal est haute. Dans le cas où la concentration du
marqueur augmente, la probabilité que le patient soit
normal diminue tandis que la probabilité que le patient
souffre de maladie augmente.
A un certain point, les valeurs de probabilité se croisent
pour une concentration à laquelle le patient a une
probabilité égale d’être normal ou anormal.
CONCENTRATION CROISSANTE DU MARQUEUR
Probabilité
normale
zone
grise
Probabilité
anormale