Variabilité morpho-phénologique de neuf accessions d’ail rosé (Allium roseum L.), plante spontanée répandue en Tunisie Zohra Ben Rached1, Mustapha Gorai2,*, Messaoud Mars3, Naceur Hamza4 & Mohamed Neffati1 Summary. — Morpho-phenological variability in nine wild Rosy Garlic (Allium roseum L.) accessions from Tunisia. — This study aims to compare the morpho-phenological variability of nine accessions of Allium roseum L. from different bioclimatic zones of central and southern Tunisia. Results showed the presence of a large morpho-phenological diversity among the studied accessions. The number of homogeneous groups formed after multiple comparisons of means, ranging from two (for the descriptor average number of leaves) to seven (for descriptors average length of the flower stalk and average length of the vegetative phase). A principal component analysis (PCA) and hierarchical cluster analysis (HCA) were used to determine the nature and degree of divergence among accessions and the total variation was explained to nearly 86.6 % for the three main components. The HCA showed that these accessions are grouped into three classes that show a certain affinity among accessions according to their geographical origin. The accessions with the highest leaf number (vigorous) and which have the longest vegetative phase are Sidi Bou Ali and Bir Ali. The latest provenances are: Sidi Bou Ali, Bir Ali, Lemaya and El Jem. These accessions are from the Sahel and central Tunisia. For both inflorescence number and vegetative vigour, it appears that accessions that have the highest reproductive and vegetative vigour are Sidi Bou Ali, Bir Ali and Lemaya originated from the Sahel and central Tunisia. The difference South-North is once again evident as regards the average number of seeds. Indeed, we note that the accessions from the South produced more seeds than the North. These results are of great interest for future breeding program for this species known for its culinary and therapeutic properties. Résumé. — Cette étude a pour objectif de comparer la variabilité morpho-phénologique de neuf accessions d’Allium roseum L. en provenance de différentes zones bioclimatiques de la Tunisie centrale et méridionale. Les résultats obtenus ont permis de mettre en évidence la présence d’une grande diversité morphophénologique entre les accessions étudiées. Le nombre de groupes homogènes, formés après comparaison multiple des moyennes, varie de deux (pour le descripteur nombre moyen des feuilles) à sept (pour les descripteurs longueur moyenne de la hampe florale et durée moyenne de la phase végétative). Une analyse en composantes principales (ACP) et une classification ascendante hiérarchique (CAH) ont permis de déterminer la nature et le degré de divergence entre les accessions et la variation totale a été expliquée à près de 86,6 % par les trois composantes principales. La CAH a montré que ces accessions se regroupent en trois classes qui mettent en évidence une affinité entre certaines accessions en fonction de leur origine géographique. Les accessions les plus feuillues (vigoureuses) et qui présentent la phase végétative la plus longue sont Sidi Bou Ali et Bir Ali. Les provenances les plus tardives sont : Sidi Bou Ali, Bir Ali, Lemaya et El Jem. Il s’agit d’accessions en provenance du Sahel et du centre du pays. Aussi, pour le nombre d’inflorescences et la vigueur végétative à la fois, il s’avère que les accessions qui présentent les plus fortes vigueurs végétative et reproductive sont celles de Sidi Bou Ali, Bir Ali et Lemaya. Il s’agit toujours d’accessions en provenance du Sahel et du centre du pays. La différence Sud-Nord est encore une fois évidente en ce qui concerne le nombre moyen de graines. En effet, on remarque que les accessions en provenance du Sud produisent plus 1 Laboratoire d’Écologie Pastorale, Institut des Régions Arides, Médenine 4119, Tunisie. Département des Sciences de l’Environnement, Institut Supérieur de Biologie Appliquée de Médenine, 4119 Médenine, Tunisie. *Author for correspondence. E-mail : [email protected] 3 U.R. Agrobiodiversité, Institut Supérieur Agronomique de Chott-Mariem, Sousse 4042, Tunisie. 4 Institut National de Recherche Agronomique de Tunisie, Tunis 2049, Tunisie. 2 Rev. Écol. (Terre Vie), vol. 69, 2014. ­– 159 ­– de graines que celles du Nord. Ces résultats sont d’un grand intérêt pour un futur programme d’amélioration génétique chez cette espèce connue par ses propriétés thérapeutiques et culinaires. Allium roseum (L.) est une géophyte spontanée bisannuelle appartenant à la famille des Alliaceae. Elle est largement prisée par la population locale dans les zones arides et semi-arides de la Tunisie en raison de ses nombreuses vertus thérapeutiques et intérêts culinaires. Cette espèce est, cependant, menacée de disparition sous l’effet d’une exploitation abusive, et ce d’autant plus que les pratiques de sa cueillette s’avèrent très destructives puisqu’au cours de la collecte, même les bulbes sont arrachés (Jendoubi et al., 2001). Malgré l’intérêt économique de cette espèce, sa mise en culture n’a jamais été pratiquée. Les études sur cette espèce n’ont commencé qu’au milieu des années 1990 au Laboratoire d’Écologie Pastorale (LEP) de l’Institut des Régions Arides (IRA). Une première caractérisation morpho-phénologique de certaines accessions de cette espèce a été effectuée par Jendoubi (1999) et Guetet et al. (2008, 2009). Le comportement germinatif ainsi que la composition chimique et les activités biologiques de certains extraits d’A. roseum ont été respectivement étudiés par Zammouri et al. (2008) et Najjaa et al. (2007). La connaissance précise des caractéristiques biologiques et des exigences écologiques d’une espèce végétale constitue la pierre angulaire de tout programme visant à sa conservation, à son amélioration et à sa domestication. La caractérisation morpho-phénologique d’A. roseum devient, aujourd’hui, une nécessité impérieuse. C’est avec le souci de mieux connaître les potentialités agronomiques de cette espèce à travers l’évaluation de ses aptitudes productives en rapport avec sa diversité morpho-phénologique que ce travail, visant la caractérisation de plusieurs provenances d’A. roseum, a été mené. MatÉriel et MÉthodes Matériel végétal et conduite des cultures Cette étude a porté sur 9 accessions d’Allium roseum L. en provenance de différents sites bioclimatiques arides ou semi-arides de la Tunisie centrale et méridionale (Fig. 1). Ces sites ont été choisis de façon à disposer d’un matériel végétal issu d’endroits présentant des conditions climatiques très variées avec une répartition spatiale présentant un gradient de continentalité Est-Ouest et d’aridité Nord-Sud (Fig. 1). Des tournées de prospection ont été organisées dans la zone d’extension de l’espèce-cible en Tunisie centrale et méridionale, au cours des années 2006-2007. Le substrat ayant servi de milieu de culture des plants d’A. roseum collectés à partir des différents sites est constitué de terreau (type Flora Gard) et de sable dont les proportions sont 1:2. Des sachets perforés de polyéthylène de 20 cm de longueur et de 6 cm de diamètre ont été remplis par ce substrat et placés verticalement les uns à côté des autres dans deux planches en béton. Les plants enracinés d’A. roseum, collectés à partir des différents sites, ont été transplantés le lendemain de leur prélèvement, à raison d’un plant par sachet. Ces plants ont été placés dans des trous de plantation, puis couverts avec du sol jusqu’au niveau du collet. Un arrosage a été effectué juste après la transplantation pour assurer un bon tassement du sol et favoriser un meilleur contact des racines avec celui-ci. Des irrigations ont été effectuées au cours des premiers mois après la transplantation des plants avec un rythme qui varie en fonction de la disponibilité d’eau dans le sol de façon à maintenir celui-ci à un niveau d’humidité assez élevé. Au cours de la deuxième année, des irrigations ont été effectuées, à partir du mois d’octobre 2007 pour favoriser le démarrage végétatif, avant même la chute des pluies. L’irrigation est assurée avec l’eau de pluie. Un désherbage manuel est effectué à chaque fois que le besoin se fait sentir. Après cette phase d’installation qui a duré une année, les observations ont été effectuées sur 40 plants (répétitions) pour chaque provenance. Les descripteurs morphologiques, reproductifs et phénologiques évalués au cours de la phase végétative et/ou à la récolte sont indiqués dans le tableau I. Analyse des données Les données recueillies ont été traitées par différentes méthodes d’analyse statistique. Les données quantitatives ont été traitées par le logiciel SPSS 12 (SPSS, 2003). L’analyse de la variance (ANOVA) a été utilisée pour dégager les différences significatives. Les différences sont évaluées par le test de Duncan. Afin d’apprécier l’ampleur de la diversité au sein des provenances et sa nature, les données recueillies ont été, par la suite, soumises à une analyse en composantes principales (ACP) suivie d’une classification ascendante hiérarchique (CAH). Cette analyse constitue, d’après Chamussy et al. (1974), un modèle simple et moins exigeant puisqu’il ne demande pratiquement aucune hypothèse préalable. Concernant l’ACP, les descripteurs ayant une forte redondance ont été éliminés et nous n’avons considéré que ceux ayant des corrélations significatives entre eux (Tab. II). ­– 160 ­– Humide sup Humide inf Subhumide Semi aride sup Semi aride moyen Semi aride inf Aride sup Aride inf Saharien Figure 1. — Localisation des différentes zones bioclimatiques de la Tunisie et des sites de collecte des 9 accessions d’Allium roseum étudiées. 1 : Bir Ali, 2 : Lemaya, 3 : Haddaj, 4 : El Jem, 5 : Sidi Bou Ali, 6 : Samâaliat, 7 : Zarzis, 8 : Oued Dkouk, 9 : Bir Amir. 1-5 : 350 mm > pluviométrie (P) > 200 mm/an, 6-7 : 200 mm > P > 100 mm/an, 8-9 : P < 100 mm/an. Tableau I Descripteurs morpho-phénologiques utilisés pour la caractérisation de différentes accessions d’Allium roseum Descripteurs Définition Morphologiques NBF Nombre moyen de feuilles LGF Longueur moyenne de la feuille la plus longue LARF Largeur moyenne de la feuille la plus large Reproductifs LGHF Longueur moyenne de la hampe florale NBI Nombre moyen d’inflorescences NBFL Nombre moyen de fleurs/1re inflorescence NBGI Nombre moyen de graines/inflorescence NBGP Nombre moyen de graines/plant Phénologiques DLEM Délai moyen d’émergence des plants PHVG Durée moyenne de la phase végétative PHRP Durée moyenne de la phase reproductive ­– 161 ­– RÉsultats et Discussion Description morpho-phénotypique des 9 accessions Un effet provenance hautement significatif a été mis en évidence par une analyse de variance (p < 0,01) pour tous les descripteurs étudiés à l’exception du nombre moyen d’inflorescence (données non montrées). En effet, la majorité des plants n’a produit qu’une seule hampe florale. Les accessions Samâaliat, Zarzis, Oued Dkouk et Bir Amir, en provenance du Sud-Est du pays, présentent le nombre de feuilles le plus faible (4 feuilles). Le nombre le plus élevé de feuilles (6 feuilles) est enregistré chez les accessions du Centre et du Sahel : Bir Ali, Lemaya, Sidi Bou Ali et El Jem. L’accession Sidi Bou Ali est caractérisée par le nombre moyen d’inflorescences le plus élevé (pouvant atteindre 3 inflorescences/plant) avec 36 fleurs/plant ; mais elle présente le nombre moyen de graines par plant le plus faible comparativement aux provenances ayant une seule inflorescence, telle que Zarzis qui ne développe en moyenne qu’une seule inflorescence avec 18 fleurs et un nombre moyen de graines/plant de 69. Caractérisées par un nombre élevé de fleurs (36 et 31 fleurs/inflorescence, respectivement), certaines provenances comme Sidi Bou Ali et El Jem ont un faible rendement en graines (24 et 35 graines/plant, respectivement). Ceci peut être expliqué par une mauvaise pollinisation dans les conditions écologiques de la station expérimentale ou par la périodicité de l’initiation florale qui est défavorable comme évoqué par Roh (2005). Avec des feuilles larges et courtes, l’accession Sidi Bou Ali est caractérisée par la plus longue durée de la phase végétative (PHVG). Le nombre total de graines produits (NBGP) est, également, en rapport avec la date de floraison et par conséquent, la précocité. C’est ainsi que l’accession Sidi Bou Ali qui produit un nombre total de graines faible (24 graines) présente une floraison tardive, alors que l’accession Bir Amir qui a une floraison précoce se caractérise par un nombre très élevé de graines (200 graines). La relation entre la date de floraison et le nombre de graines a été auparavant signalée par Fang et al. (2004) chez l’espèce Spartina alterniflora traduisant que plus la floraison est précoce plus le nombre de graines est élevé. Étude des corrélations entre descripteurs Les corrélations mises en évidence entre les différents descripteurs morphologiques, reproductifs et phénologiques sont consignées dans le tableau II. Des corrélations positives hautement significatives ont été identifiées entre la largeur des feuilles et la vigueur reproductive : LARF/NBI, LARF/LGHF et LARF/NBFL. Ces résultats indiquent le caractère déterminant de la richesse de la plante en réserves nutritives pour l’induction des différents processus du développement comme proposé par Durbin (2006). Cet auteur relie la floraison à une disponibilité en réserves nutritives exprimée par la surface foliaire. La relation entre la vigueur végétative et la vigueur reproductive se traduit par deux types de corrélations ; une positive (PHRP/NBGP) et une autre négative (PHRP/DLEM). Ceci montre que plus le délai d’émergence des plants est faible plus la durée de la phase reproductive est longue et plus le nombre de graines par plant est important, puisque la plante dispose de plus de temps pour produire des graines. Ceci se fait aux dépens de la PHVG, ce qui explique la corrélation négative hautement significative entre la paire de descripteurs PHVG/NBGI, avec r = -0,61. Les durées moyennes des deux phases végétative (PHVG) et reproductive (PHRP) sont négativement et significativement corrélées (p < 0,01 ; Tab. II) puisque l’augmentation de la durée d’une phase s’effectue aux dépens de l’autre. La longueur moyenne de la hampe florale (LGHF) est corrélée positivement avec le NBFL. Cette corrélation a été démontrée chez A. stellatum par Harris (1909). Le descripteur NBFL présente une corrélation positive et hautement significative avec les descripteurs NBGI et NBGP, c’est-à-dire plus le nombre de fleurs est élevé plus le nombre de graines est élevé ce qui paraît très évident dans les conditions normales de pollinisation. ­– 162 ­– Tableau II 2 Coefficients de corrélation (R ) entre les paires de descripteurs morpho-phénologiques étudiés sur différentes provenances d’A. roseum Descripteur LGF LARF NBI LGHF NBFL NBGI NBGP DLEM PHVG PHRP ** P < 0,01 ; *P NBF 0,11 0,69** 0,32** 0,35** 0,36** -0,34** -0,25* -0,25* 0,68** -0,24* LGF LARF NBI LGHF NBFL NBGI NBGP DLEM PHVG -0,01 0,11 0,41** 0,23* 0,26* 0,27* -0,03 -0,21 0,21 0,51** 0,33** 0,49** -0,34** -0,23* 0,01 0,62** -0,37** 0,28* 0,61** 1,06 0,33** -0,23* 0,08 0,12 0,50** 0,12 0,15 -0,21 -0,03 0,30** 0,32** 0,45** -0,05 0,11 0,07 0,92** -0,17 -0,61** 0,53** -0,19 -0,53** 0,50** 0,00 -0,54** -0,70** < 0,05 ; les valeurs en italique ne sont pas significatives. Trois groupes se dégagent de l’ACP Afin de déterminer la nature et le degré de diversité entre les accessions étudiées, nous avons réalisé une ACP et une CAH. Seuls les trois premiers axes de l’analyse en composantes principales qui expliquent près de 86,6 % de la variabilité exprimée ont été pris en compte et seuls les descripteurs ayant une corrélation supérieure à 0,5 (en valeur absolue) avec l’un des trois axes ont été considérés comme étant significatifs pour celui-ci (Fig. 2). La représentation graphique de la dispersion des accessions dans le plan engendré par les axes 1 et 2 de l’ACP montre l’existence d’une importante diversité. Trois groupements de provenances se distinguent ; le premier associe les provenances Bir Amir et Oued Dkouk et le deuxième renferme les provenances Zarzis et Samâaliat ; le troisième est composé des accessions Bir Ali, Lemaya, Haddaj, El Jem et Sidi Bou Ali (Fig. 3). Comparée aux autres accessions du groupe 3, Sidi Bou Ali se distingue suffisamment pour ses caractéristiques morpho-phénologiques. Axe 2 (27,4%) Axe 3 (14,9%) 4 4 LGF (+0.82) NBI (-0.78) DLEM (+0.53) 3 DLEM (+0.83) 3 Jem 2 1 Odk 0 Sam Zar 1- Bali Hdj 2 NBF (+0.92) PHVG (+0.98) NBGI (-0.88) 0 Bami 1- SBA 2- Jem Odk Sam Lmya Bami -1 0 1 2 3 4 Axe 1 (44,3%) NBF (+0.92) PHVG (+0.98) NBGI (-0.88) Zar Bali Lmya 2-2 SBA Hdj 1 -2 -1 0 1 2 3 4 Axe 1 (44,3%) Figure 2. — Analyse en composantes principales des différents descripteurs morpho-phénologiques des neuf accessions d’A. roseum sur les plans définis par les axes canoniques 1 et 2 (à gauche), 1 et 3 (à droite). Seuls les descripteurs ayant une corrélation > 0,5 ont été pris en compte. La première composante principale explicite 44,3 % de l’inertie et elle est définie du côté positif par les descripteurs NBF et PHVG et du côté négatif par NBGI. La deuxième absorbe 27,4 % de la variabilité totale et est définie essentiellement par LGF du côté positif et NBI du côté négatif. L’axe 3 absorbe près de 14,9 % de la variabilité et il est défini par un seul caractère du côté positif (DLEM). Bali : Bir Ali, Lmya : Lemaya, Hdj : Haddaj, Jem : El Jem, SBA : Sidi Bou Ali, Sam : Samâaliat, Zar : Zarzis, Odk : Oued Dkouk, Bami : Bir Amir. ­– 163 ­– ­– 164 ­– 36,44 44,98 39,22 44,24 41,72 b b b b 6,29 4,22 4,44 4,30 4,40 SBA Sam Zar Odk Bami cd 3,00 2,30 c c c c a b bc 17,78 33,10 36,55 abcd 42,40 24,10 18,78 abc bc 101,90 150,40 a b c cd e de de a 69,22 53,33 19,00 35,50 35,40 37,63 de 33,00 de Nbre moy. graines/ inflorescence bc c c ab abc d 36,00 31,40 24,80 21,00 abcd 30,67 35,66 35,81 ab cd abcd 37,64 32,24 34,42 bc 22,25 bc 38,59 a abcd Nbre moy. fleurs/ 1ère inflorescence Long. moy. hampe florale 200,00 112,50 69,22 53,33 24,07 35,50 55,00 45,25 a b c c c c c c 38,63 c Nbre moy. graines/plant 12,00 11,20 12,22 16,11 15,71 21,70 16,40 bc bc bc ab ab a ab 62,80 107,00 a 108,30 a ef 96,89 b 101,00 ab 87,14 c 89,30 c 98,40 b 97,88 b 59,40 f de a b cd 102,38 ab Durée moy. phase reproductive de 69,67 68,89 92,00 80,10 72,40 84,00 b 7,88 79,25 bc c Durée moy. phase végétative 8,75 c Délai moy. d’émergence des plants La comparaison n’a été effectuée que pour les descripteurs ayant un effet provenance significatif lors de l’ANOVA. Les valeurs minimales et maximales pour chaque descripteur sont indiquées en gras. Pour chaque descripteur, les valeurs suivies par la même lettre ne diffèrent pas significativement au seuil 5 %. bc 2,56 2,50 8,64 ab 5,30 d abc 48,61 a 6,00 Jem 3,50 3,88 bc 4,25 bc a 42,80 a 5,00 42,05 b Lmya Hdj bc bc 46,34 ab 6,13 a Larg. moy. Long. moy. feuille la plus feuille la plus large longue 6,38 a Nbre moy. Feuilles Bali Provenance Comparaison des moyennes des différents descripteurs morpho-phénologiques pour les 9 accessions d’A. roseum (test de Duncan). Tableau III Semi-aride inf. Aride sup. Aride inf. Figure 3. — Dendrogramme établi à partir de l’analyse de partitionnement de données des différents descripteurs morpho-phénologiques des neuf accessions d’A. roseum. La projection des points moyens de nos accessions sur le plan défini par les axes 1 et 2 montre, suivant l’axe 1, une opposition nette entre les provenances de l’extrême Sud (Bir Amir, Oued Dkouk), celles du Sud-Est (Samâaliat et Zarzis) et celles de la Tunisie centrale (Sidi Bou Ali, El Jem, etc). Les différentes accessions sont adaptées à leur environnement ; celles en provenance du Sud sont caractérisées par un climat chaud et sec tandis que celles en provenance du Sud-Est et du centre sont caractérisées par un climat chaud et humide. Cette différence entre les accessions du Sud et celles du centre du pays reste valable en ce qui concerne le nombre moyen de graines par inflorescence (NBGI) qui varie entre 19 graines chez l’accession Sidi Bou Ali à 162 graines chez l’accession Bir Amir. On remarque ainsi que les accessions en provenance de la partie méridionale du pays produisent plus de graines que celles en provenance du Centre du pays ; de ce fait, on peut dire que les accessions du Sud (températures élevées, manque d’eau, etc.) se comportent comme des thérophytes, à cycle court et à développement rapide, pour pouvoir survivre au cours de la mauvaise saison sous forme de graines et sont de ce fait arido-passives (Evenari et al., 1975). Les accessions du Centre et du Sahel (températures modérées, humidité de sol suffisante, etc.) produisent plus de feuilles et présentent une phase végétative plus longue comparativement à celles du Sud. La différence de comportement phénologique des plantes en fonction de leur origine phytogéographique a été également mise en évidence par Pearson & Ison (1987). L’analyse de groupes (cluster analysis) a permis la construction d’une matrice de similitude basée sur le coefficient de « Distance moyenne » et d’établir le dendrogramme avec une échelle de distance arbitraire représentant le niveau de dissimilitude entre individus (Rholf, 1990). Cette classification hiérarchique a permis de confirmer les résultats mis en évidence par l’ACP en ce qui concerne l’appartenance des accessions étudiées aux différents groupes. L’analyse du dendrogramme permet, en effet, de distinguer les trois groupes décrits précédemment. Conclusions Ayant porté sur la caractérisation morpho-phénologique de différentes accessions d’Allium roseum, la présente étude a permis de mettre en évidence l’existence d’une variabilité génétique structurée selon l’origine géographique des provenances. Ce résultat est en accord avec ceux obtenus dans des études antérieures, qui ont prouvé que l’origine géographique du matériel était suffisante pour obtenir une structuration raisonnable dans les groupes (Barnes et al., 1977 ; Julier, 1995). Pour d’autres espèces telles que Ceratonia siliqua et Medicago sativa, Barbagallo et al. (1997) et Ben Abderrahim et al. (2009) respectivement, confirment que la variation génétique n’est pas nécessairement reliée à la variation géographique puisqu’il y avait un large échange du matériel végétal entre différentes zones dans le pays. ­– 165 ­– Il s’avère ainsi que les provenances des zones écologiquement favorables (nord et zone littorale) présentent le nombre le plus élevé de feuilles comparativement aux accessions de zones difficiles (Tunisie du Sud). La différence Sud-Nord est évidente en ce qui concerne le nombre moyen de graines. Les accessions en provenance de la partie méridionale du pays produisent beaucoup plus de graines que celles en provenance du Nord. De tels résultats montrent qu’il est possible de développer des cultivars améliorés et des hybrides en utilisant des méthodes d’hybridation appropriées. L’accession la plus septentrionale (Sidi Bou Ali au Sahel) se distingue suffisamment pour ses caractéristiques morpho-phénologiques par comparaison aux autres accessions du même groupe. Il s’agit, d’après la flore de la Tunisie, de la variété perrotii Maire (sub-var. bulbillosum Maire) caractérisée par des feuilles larges et planes et des ombelles à la fois florifères et bulbillifères. Une étude génétique plus approfondie basée sur des marqueurs moléculaires appropriés serait très utile pour une meilleure clarification de ces aspects. Les provenances les plus recherchées du point de vue agronomique (production élevée et soutenue dans le temps) sont les plus vigoureuses et les plus tardives, ayant le nombre de feuilles le plus élevé. Cette évaluation constitue un apport considérable pour une meilleure valorisation agricole de cette plante dans les zones arides de la Tunisie. Remerciements Pour leurs commentaires fort constructifs nous remercions les trois relecteurs anonymes qui ont examiné une première version de ce texte. Références Barbagallo, M.G., Di Lorenzo, R. & Crescimanno, F.G. (1997). — Characterization of carob germplasm (Ceratonia siliqua L.) in Sicily. J. Hort. Sci. Biotechnol., 72: 537-543. Barnes, D.K., Bingham, E.T., Murphy, R.P., Hunt, O.J., Beard, D.F., Skrdla W.H. & Teuber, L.R. (1977). — Alfalfa germplasm in the United States: genetic vulnerability, use, and maintenance. USDA Tech. Bull. N° 1571. Ben Abderrahim, M.A., Haddad, M. & Ferchichi, A. 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