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Graap-Fondation
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Mars-avril 2014 Graap-Fondation
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Mars-avril 2014
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-./0123.4
Depuis la mi-novembre 2013, l’Unité
de formation continue de l’EESP (Ecole
d’études sociales et pédagogiques), à
Lausanne, accueille 15 étudiant-e-s qui
ont entamé, pour un an, la première
formation en Suisse romande de «pairs
praticiens en santé mentale».
Mis sur pied conjointement par la
Coraasp, l’association romande Pro
Mente Sana et l’EESP, ce projet est
l’aboutissement d’un long processus
qui réjouit vivement la Coraasp. En
effet, la pratique de l’aide entre pairs
et du soutien à l’autre basé sur le par-
tage de son propre vécu est histori-
quement ce qui a donné naissance aux
associations membres de la Coraasp.
Depuis une vingtaine d’années, celles-
ci accueillent, accompagnent, soutien-
nent et construisent des actions en par-
tenariat avec des personnes concernées
par un trouble psychique, des proches
et des professionnels de l’action psy-
chosociale, en intégrant en priorité
l’expertise des personnes concernées
par un trouble psychique. Dans ce
sens, les organisations membres de la
Coraasp constituent des «laboratoires
naturels» de la pratique du pair aidant
en Suisse romande.
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Le concept de pair praticien en santé
mentale, plus connu sous le terme de
pair aidant, repose sur l’idée que ceux
qui sont les mieux placés pour soutenir
une personne en souffrance psychique
sont ceux qui en ont fait eux-mêmes
l’expérience.
Le pair aidant est donc une personne
qui vit ou a vécu une maladie psy-
chique, qui a fait usage des services de
soins et d’accompagnement psychia-
triques et qui aujourd’hui a retrouvé
un certain seuil de rétablissement lui
permettant de transmettre son expé-
rience à d’autres patients.
Ces trente dernières années, avec l’évo-
lution des concepts de prise en charge
psychiatrique, cette pratique natu-
relle et informelle s’est renforcée et a
acquis une meilleure reconnaissance,
notamment dans les pays anglo-saxons
puis en France, grâce au développe-
ment de formations et à l’intégration
progressive des pairs aidants dans les
structures de soins psychiatriques.
La mise sur pied de cette formation
de pair praticien en Suisse romande
constitue aujourd’hui une étape cru-
ciale dans la reconnaissance de l’ex-
pertise et du savoir des personnes en
souffrance psychique.
Ce cursus d’apprentissage théorique et
pratique, articulé autour de l’acquisi-
tion de connaissances en santé men-
tale, du rétablissement, de l’action
communautaire, mais aussi autour de
la réexion active sur le rôle et le posi-
tionnement du pair en tant qu’interve-
nant, va offrir aux futurs praticiens des
outils et des savoirs complémentaires.
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La Coraasp est intimement convaincue
que l’intégration de ces futurs interve-
nants dans les structures de soins, les
institutions, les associations, transfor-
mera durablement et positivement le
paysage de la prise en charge et de
l’accompagnement des personnes souf-
frant de troubles psychiques.
Cependant, les dés de cette intégra-
tion ne manquent pas. Le positionne-
ment des personnes concernées comme
celui des professionnels, par rapport à
leurs «statuts» respectifs, va être pro-
fondément bouleversé, et cela sans
oublier les enjeux non négligeables de
la reconnaissance salariale de ce nou-
veau métier.
Dans leurs futures interventions, les
pairs praticiens ne seront plus des
patients, sans pour autant devenir
psychiatres, inrmiers, psychologues
ou travailleurs sociaux. Ils seront les
«experts de l’expérience» reconnus
par une formation certiée; il s’agira
d’ancrer progressivement cette pra-
tique en tant que nouveau métier dans
les champs d’intervention de l’action
médico-psycho-sociale.
Pour les soignants et travailleurs
sociaux, l’arrivée de ces nouveaux col-
lègues dans les équipes constituera un
dé susceptible de générer simultané-
ment enthousiasme et crainte. Certes,
la perspective d’une vraie reconnais-
sance de l’expertise des patients est
un élément qui réjouit les profession-
nels qui, comme au sein des organi-
sations membres de la Coraasp, mili-
tent depuis des années pour une autre
considération de la parole des usagers.
Cependant on ne saurait négliger les
questions qu’un tel changement induit:
place de ces intervenants dans les
équipes et dans les organigrammes,
nouvelle distribution des tâches entre
professionnels, pairs et bénévoles,
répartition des responsabilités, déter-
mination et nancement des salaires…
Ces interrogations sont à accueillir non
pas comme des freins à cette intégra-
tion, mais bien plus comme les mani-
festations de résistances bien humaines
qui surgissent lorsque les équilibres
sont bousculés.
En conclusion, avec l’arrivée des pairs
praticiens en santé mentale formés, de
nouveaux repères sont à construire. La
Coraasp et ses membres sont prêts à
relever cet audacieux dé, parce que
ce qui compte in ne, c’est bien que
les personnes souffrant de troubles
psychiques puissent bénécier de
toutes les expériences pour trouver
leur propre chemin de rétablissement.
Florence Nater,
directrice de la Coraasp
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Avec l’arrivée des pairs
praticiens en santé
mentale formés,
de nouveaux repères
sont à construire.
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La maladie psychique confronte vio-
lement la personne concernée à des
questions existentielles: Quel sens va
avoir ma vie désormais? Suis-je encore
utile à la société, à mes proches? Com-
ment ne pas me sentir réduit à un dia-
gnostic? Pourquoi continuer à me
battre? Comment me reconnaître et
redénir mon identité avec la maladie?
La maladie psychique cause une telle
souffrance que la personne peut
être anéantie au plus profond d’elle-
même. La recherche d’un nouveau
sens est alors vitale!
Il s’agit d’un cheminement, une pro-
gression, avec des hauts et des bas,
qui peut conduire chacun à retrou-
ver goût à la vie, à se sentir plus en
paix et libre intérieurement. On ne
peut pas donner du sens à quelqu’un,
il s’agit d’une démarche individuelle.
Et pourtant la dimension communau-
taire est essentielle dans cette quête
où les perspectives individuelle et col-
lective se conjuguent.
Si ces questions sont vitales pour sur-
vivre, on peut se demander si elles
doivent être prises en compte dans
les institutions médicales, sociales qui
accompagnent proches et personnes
concernées. Quelles seraient alors
les implications pour les profession-
nels? Les structures sont-elles prêtes à
répondre à de telles attentes?
Les proches vivent eux aussi une
crise de sens au moment la mala-
die arrive. Toutefois, cette crise n’est
peut-être pas la même que celle de la
personne directement touchée. Com-
ment leurs questions se rencontrent-
elles ou s’affrontent-elles?
Le congrès souhaite clarier ces
notions de spiritualité et de recherche
de sens dans le contexte de la mala-
die psychique.
Ces deux jours seront l’occasion de
donner la parole à des «chercheurs
de sens», professionnels, proches et
malades, mais aussi d’identier des
pièges et ressources sur ce chemin.
Cette quête de sens est en réalité l’es-
sence de notre humanité à tous.
Marie Israël,
responsable du comité d'organisation
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Charles Chalverat, membre du conseil du Graap-Fondation
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Ada Marra, conseillère nationale (PS/VD)
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Jean-Charles Mouttet, accompagnant spirituel et aumônier
en psychiatrie
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?()*3&R"DG)*#K*-()D"&L*K&*I(&K*C%KA*D%KD()*'()*E#"I)*
Marie-Noëlle Besançon, fondatrice et présidente
des Invités au Festin, psychiatre
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F(*'#*A(JQ(AJQ(*_*'#*CA#D"SK(*J'"&"SK(*
Sylvia Mohr, docteure en psychologie
et psychologue-psychothérapeute
[K(''(*C'#J(*C%KA*'#*)C"A"DK#'"DG*_*'=QBC"D#'a
Madeleine Lederrey, pasteure et aumônière à l'Hôpital de
Cery, DP-CHUV; Boris Pourré, inrmier clinicien, Section
E.-Minkowski, PGE-DP-CHUV
?(*C("&DA(L*'(*C)`JQ#&#'`)D(*(D*'(*I%"&(
Jean-Michel Degoumois, artiste-peintre,
psychanalyste, moine zen
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Alix Noble-Burnand, formatrice d’adulte, conteuse
et thanatologue
@Q#JK&*)%&*JQ(I"&
Irène Zumsteg, chamane contemporaine, et Nelly Perey,
membre du Graap-Association
François Ledermann, président du Réseau d'entraide des
entendeurs de voix (REEV, Genève), thérapeute
Christophe Folletete, accompagnateur en montagne
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Karima Brakna, psychologue clinicienne spécialisée
dans l’accompagnement de migrants
5&(*)%J"GDG*#XR"F(*F(*)(&)
Guy Gilbert, éducateur, prêtre
6(&)*(D*)C"A"DK#'"DGL*K&(*#EE#"A(*"&F"R"FK(''(*(D*J%''(JD"R(
Association des Alcooliques anonymes
9A%E())"%&&(')L*CA%JQ()*(D*I#'#F()L**
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Dea Evêquoz-Wälti, professeure EESP, psychanalyste
et assistante sociale
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DG'N*eTd*hfi*dh*eeL*AK(*F(*'#*j%AF(*TUL*@9*hii+L**
1002 Lausanne, www.graap.ch
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8 h 15 - 17 h 15
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