D’autreparmeditBoissonnas:aveclesquatreparaquivousrestentdontNorbertBeyrardempêché
deveniriciaujourd’huietunequarantained’hommes,ouplus,appartenantaumaquisduCharolais
quinoushébergeaitetnousprotégeait,vousallezoccuperLaivesdontlesallemandssontpartis.Le
villagedomineSenneceyetserviraderefugeauxjeepsaprèsleurcoupdeforce.
Jeveuxexpliquerpourquoicefutàmoiques’adressaBoissonnasalorsquelechefdemonstick
parachutéle17aoûtentreChalonsetTournusétaitlelieutenantZermati.Ilavaitétévictimelaveille,
le3septembre,d’unecrisedepaludetévacuéparnosmaquisardsversdeslieuxpluscalmes.Ilfut
rétablienfindesoiréeetserenditdanslanuitàunrendez‐vousavecJarrot(commandantundes
bataillonsdumaquis)etd’autresofficiersquipréparaientl’opératifdulendemain.
RevenonsàSenneceyetnousvoilàpartis,maisnousfumesreçusàcoupdefusilmitrailleur.Les
allemandsavaientréoccupélevillageetcefutànousdelesdéloger.
Jepostedeshommesarmésdefusilunpeupartoutautourduvillagecequifitcroireauxallemands
quenousétionsnombreuxmaisquandilss’aperçurentdenotrebluffcefutànousdesouffrir.
Nousavonséchangédesfusilladespendantunbonmoment.IlfautnoteraussiqueNorbertBeyrard
proposadelaissersortirlesblindésetdelesaccueilliràcoupdebazooka.Cetteinitiativeserévéla
accablantepourlesallemandsetpermisàplusieursd’entrenousdes’évanouirversleszones
contrôléesparlemaquis.
Boissonnas,lui,avaitprislatêted’uneautrepetitetroupedemaquisardsmaisfutarrêtéàhauteur
deNantonpardesunitésSSencoreprésentessurleplateauquidomineSennecey.Ilfuttuésur
place.
PourmapartjepoursuivaismatentativedereprendreLaiveslorsqu’àmagrandesurpriseles
allemandss’enretirèrent.IlsavaientprobablementapprisparradioqueRoquebruneetsesjeeps
avaientétémiseshorsdecombat.
NousrestionsmaîtresdeLaives,maistroptard.
C’étaitlafindecettejournéeaussifollequetéméraire.Nousavionstuébeaucoupd’allemandsmais
perdutropdenoshommesettoutcequejepeuxdire,70ansplustard,c’estquesilatéméritéestla
formelaplusextrêmeducourageilsontréussiànouslemontrerd’unemanièrequirestera
longtempsdansnosmémoires.
Jesouhaitequelquesinstantsdesilencepourleuradresserunderniersalut.