“Pulsars : les astronomes saisis par le doute” 3
latin par un clerc de la ville d'Oudenburg à l'ouest de Bruges en Belgique,
qui relate la mort du pape Léon IX en l'an...1054. Dans ce "Traité de l'église
St Pierre d'Aldenburg", on peut lire "le pape Léon, le 18e jour avant le
premier mai, un lundi, vers midi a quitté ce monde. A la même heure .... un
cercle d'une extrême clarté est apparu dans le ciel qui a duré une demi-heure".
La mort du pape est datée ici au 14 avril 1054. S'agit-il d'une timide
évocation de la supernova, qui, présentée comme miracle religieux, aurait
évité l'accusation d'hérésie ? Selon les auteurs, le doute reste permis mais ni
la date, ni la description ne semble véritablement concorder.
Les dernières observations de la nébuleuse du Crabe par le télescope spatial
ont confirmé, en revanche, le lien direct entre la supernova et le pulsar. Les
astronomes ont découvert la présence d'un jet issu du pulsar qui vient
illuminer un réseau de filaments riches en un gaz rare, l'argon, que les anglo-
saxons ont baptisés "argoknots" (noeuds d'argon). Le plus jeune pulsar
connu garde donc son titre de pierre de Rosette.
Les choses ne sont pas si simples pour un deuxième pulsar célèbre, celui de
Vela, qui, situé à seulement 1600 années-lumière, est le deuxième pulsar le
plus proche et aussi la plus puissante source de rayons gamma du ciel. Ce
pulsar est lui-aussi à l'intérieur d'un reste de supernova visible en ondes
radio sous la forme d'une gigantesque bulle de 5° de diamètre, soit plus de
dix fois la pleine Lune. De nouveau, l'âge de cette bulle, calculée à partir de
sa vitesse d'expansion, et celui du pulsar, déduit de son ralentissement,
semblent approximativement remonter vers un unique événement qui daterait
cette fois-ci de quelques 11 000 ans. Les contemporains magdaléniens de la
grotte de Lascaux n'ont malheureusement pas pu nous relater la beauté de
cette supernova car la scène se déroulait dans l'hémisphère sud !
Mais dans ce tableau idyllique, les astrophysiciens italiens Bignami et
Caraveo ont signalé en 1988 une anomalie majeure. Le pulsar n'est
absolument pas au centre du reste de la supernova, il s'en faut de plus d'un
degré ! En mesurant la vitesse actuelle de déplacement du pulsar sur le ciel,
ils ont conclut qu'en plus de dix mille ans, celui-ci n'avait pu se déplacer que
de seulement 0.1 degré depuis sa naissance. Où est l'erreur ? S'agit-il d'une
superposition fortuite ?
C'est en passant les restes de la supernova aux rayons X que des
astrophysiciens allemands utilisant le satellite ROSAT actuellement en orbite
ont rassemblé des éléments de réponse. La photographie de la supernova de
Vela, prise par ROSAT, ressemble à un véritable champ de bataille. Tout