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Histoire - Thème 2 Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Question 1 - Les chemins de la puissance
chapitre 1 - Les États-Unis et le monde depuis 1945
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, alors qu'ils ont apporté une contribution décisive à la victoire
des alliés et que le programme en «14 point du président Wilson a largement inspiré le traité de Versailles (1919),
les Américains font le choix du retour à l'isolationnisme. Ils ne ratifient pas le traité de Versailles et n'intègrent pas la
nouvelle SDN.
C'est la Seconde Guerre mondiale qui conduit les États-Unis à prendre enfin leurs responsabilités au
plan international. Face au Japon qui menace les intérêts américains en Chine, Roosevelt obtient dès 1940 une
augmentation des crédits militaires. La loi prêt-bail (mars 1941) autorise le gouvernement à aider les pays dont la
défense est vitale pour la sécurité des États-Unis. Cette loi permet au Royaume-Uni de poursuivre la lutte contre
l'Allemagne nazie.
Le 12 août 1941, Roosevelt et Churchill, le Premier ministre anglais, signent la Charte de l'Atlantique, qui
reprend les grandes idées de Wilson. Les Etats-Unis se posent ainsi en arbitres des traités qu'il faudra signer à la fin du
conflit en en définissant les principes: droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, renoncement des pays de l'Axe
(Allemagne, Italie, Japon) à leurs conquêtes, collaboration économique internationale, etc...
= Loi prêt-bail (Lend-lease) Loi autorisant à fournir sous forme de « prêts» des armes aux adversaires de l'Axe. Le
Royaume-Uni et l'URSS en sont les principaux bénéficiaires.
Ce n'est que le 7 décembre 1941 que les États-Unis entrent en guerre, à la suite de l'attaque surprise du
Japon contre leur base militaire de Pearl Harbor, à Hawaï. L'opinion américaine unanimement ralliée à son président
considère désormais que les États-Unis ne peuvent plus rester isolés du reste de l'humanité.
Problématique:
- Comment les États-Unis ont-ils bâti, depuis 1945, une puissance « globale » qui demeure aujourd'hui encore au
premier rang mondial?
Notions-clés:
= Isolationnisme: Attitude consistant, autant que possible, à ne pas intervenir dans les affaires internationales et à se
fermer aux influences étrangères. Dans le cas américain, cette doctrine politique prône le repli des États-Unis sur le
seul continent américain et exclut en particulier un engagement politique en Europe.
= «Destinée manifeste»: conviction que les États-Unis ont été désignés pour pandre le progrès dans le monde en
propageant le modèle qui a assuré leur propre réussite.
et crée la SDN.
= Quatorze points: Discours prononcé par Wilson le 8 janvier 1918, dans lequel il expose sa conception d'un nouvel
ordre international fondé sur le droit.
= Multilatéralisme: système de relations internationales fonsur la négociation, la coopération et le respect des
règles communes.
= Doctrine Monroe: Doctrine énoncée en 1823 par le président Monroe, selon laquelle les États-Unis n'interfèrent pas
dans les affaires européennes, mais s'opposent à toute intervention européenne sur le continent américain. Ces
principes inspirent la diplomatie américaine au moins jusqu'à la Première Guerre mondiale.
I. Les Etats-Unis, leaders du « monde libre » durant la Guerre froide (1945-1991)
A. A l'issue de la 2GM, les Etats-Unis ont acquis le statut de superpuissance:
= Superpuissance: pays capable d'exercer une suprématie à l'échelle mondiale grâce à son rayonnement dans les
domaines géopolitique, économique ou culturel.
L' engagement des EU dans la 2nde GM a été total.
Cet engagement est d'abord industriel et économique: le Victory Program mobilise le pays au service de
l'effort de guerre; d'énormes quantités d'armements et de navires sont fabriquées à la chaîne. Les EU deviennent
«l'arsenal des démocraties». L'extraordinaire reprise de la croissance économique qui s'ensuit ressoude la société.
Entre 1939 et 1945, le nombre de chômeurs passe de 18% à 4% de la population active.
Cet engagement est ensuite militaire: les États-Unis doivent combattre sur deux fronts, dans le Pacifique
et en Europe. Trois débarquements (Afrique du Nord 1942, Italie 1943, Normandie 1944) permettent à l'armée
américaine, aidée de ses alliés, de libérer l'Europe occidentale. La lutte contre le Japon est tout aussi intense: la
progression est lente, à l'est par le Pacifique et au sud par les Philippines. Les terribles bombardements de Tokyo et
l'usage de l'arme nucléaire à Hiroshima et Nagasaki (6 et 9 août 1945) finissent par pousser le Japon à capituler.
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La Seconde Guerre mondiale projette les États-Unis au premier rang mondial.
À la fin du conflit, les EU sont devenus une véritable superpuissance. Leur puissance est sans égale dans de
nombreux domaines:
sur le plan militaire: ils sont les seuls à posséder l'arme atomique.
sur le plan économique:
- Ils sont la 1ère puissance industrielle mondiale et leur territoire est intact.
- Les EU instaurent une première gouvernance économique mondiale fondée sur le principe qu'une interdépendance
des économies atténue les risques de conflit.:
=> Les accords de Bretton Woods, en juillet 1944, font du dollar la seule monnaie convertible en or et donc le pivot
du nouveau système monétaire international. Le dollar devient ainsi la principale monnaie du commerce mondial.
Ces accords reposent sur le fait que les EU détiennent à la fin du conflit les 2/3 du stock d'or mondial. Ils consacrent la
puissance financière américaine et la suprématie du dollar. La place des États-Unis dans les nouvelles institutions
monétaires internationales (FMI et Banque mondiale) est prépondérante.
- Les accords du GATT, en octobre 1947, qui s'inspirent des principes libre-échangistes (=> promotion du libre-
échange), favorisent l'économie des États-Unis, alors en position dominante.
sur le plan diplomatique:
- ils jouent un rôle de premier plan dans les conférences de Yalta en février 1945 (Roosevelt, Churchill, Staline) et
de Potsdam, fin juillet 1945, (Truman, Attlee, Staline) qui règlent le sort des vaincus (Allemagne, Japon).
- Les sièges des nouvelles institutions internationales, ONU et FMI, sont respectivement à New York et Washington.
sans oublier la capacité de séduction de leur culture et de leur modèle de société.
Comme en 1919, se pose alors la question de savoir ce qu'ils vont faire de cette puissance:
- se replier à nouveau sur leur traditionnelle politique isolationniste ou
- accepter, comme le souhaitent Roosevelt (décédé le 12 avril 1945) et son successeur Truman, de jouer un rôle
international à la hauteur de leur statut.
B. Durant le Guerre froide, les EU développent une puissance géostratégique assumée au service de la
lutte contre le communisme:
Un engagement total contre le communisme:
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis décident de tourner définitivement la page de
l'isolationnisme et d'assumer pleinement les responsabilités que leur confère leur puissance, afin d'éviter, à l'avenir,
d'être plongés comme en 1917 et 1941 dans un nouveau conflit mondial. À partir de 1947, et durant plus de 40 ans, ils
prennent la te du monde occidental dans la Guerre froide qui les oppose à l'URSS et ses alliés. Au nom de la
défense de la liberté et de la démocratie contre le communisme, ils s'engagent dans une lutte de tous les instants,
sur tous les terrains et tous les continents, en évitant toutefois un affrontement militaire avec leur adversaire direct.
Le président Harry Truman, dénonçant la satellisation des Etats d'Europe de l'est par l'URSS instaure au
printemps 1947 une politique de containment (endiguement du communisme). En application de cette doctrine
Truman, l'Europe occidentale reçoit une aide économique massive (13 milliards de dollars) dans le cadre du plan
Marshall (1947).
Les EU multiplient les pactes bilatéraux et multilatéraux de façon à encercler l'URSS et à empêcher
l'extension de l'influence communiste. Ils sont ainsi le pivot d'un réseau d'alliances, dont l'OTAN (1949) est le plus
solide élément, doublé de bases militaires terrestres et maritimes qui leur sont autant de points d'appui. Le pacte de
Bagdad (1955) renforce la présence américaine au Proche-Orient, comme l'ANZUS (1951) en Océanie et l'OTASE
(1954) en Asie. Ce réseau d'alliances assure une présence militaire américaine dans la plupart des régions du monde, à
tel point que les adversaires des États-Unis dénoncent une forme d'impérialisme.
Dans le même esprit, les EU engagent l'épreuve de force à Berlin (crise du blocus de Berlin par les
soviétiques 1948-1949) et se lancent en Corée dans une guerre longue et meurtrière (1950-1953) contre la Corée du
Nord qui a envahi la Corée du Sud et est soutenue par la Chine communiste de Mao Zedong. Cette guerre se termine
par un statu quo.
Plusieurs des crises de la guerre froide semblent consacrer la puissance des EU, comme la crise des fusées de
Cuba (1962) l'URSS de Khrouchtchev (1953-1964) a reculé (retrait des missiles nucléaires installés en secret à
Cuba) devant la fermeté du président démocrate Kennedy (1960-63). L'issue de cette crise a marqué le but de la
période dite de la Détente caractérisée par une volonté d'apaisement réciproque des relations entre les deux
superpuissances (Etats-Unis et URSS). La Détente dure jusqu'au milieu des années 1970.
= Containment (« endiguement » / Doctrine Truman): Doctrine appliquée par les États-Unis à partir de 1947, visant
à s'opposer par tous les moyens (militaires, économiques, propagande) à toute nouvelle extension du communisme
dans le monde => aide économique aux pays menacés (Plan Marshall) construction d'un système d'alliances (OTAN,
OEA - Organisation des Etats Américains, OTASE - Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est ...).
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= OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord): Organisation civile et militaire de l'Alliance atlantique
mise en place en 1949 et rassemblant à l'origine, autour des États-Unis, le Canada et 10 pays d'Europe occidentale.
= Impérialisme: terme qui prend souvent une connotation péjorative et qui désigne la volonté d'un pays d'établir par
différents moyens (politiques, économiques, culturels, etc.) son influence sur des territoires et sur des hommes, parfois
contre leur gré, en dehors de ses propres frontières.
Une suprématie disputée: Dans certains domaines, la suprématie américaine est toutefois mise à mal par l'autre
superpuissance, l'URSS.
L'URSS obtient l'arme nucléaire en 1949. Elle parvient à rattraper son retard dans la course aux armements, à
instaurer un équilibre de la terreur et même à passer les États-Unis dans les années 1970 en nombre de missiles
nucléaires.
= Équilibre de la terreur: Situation dans laquelle les États-Unis et l'URSS possèdent chacun un stock d'armes
nucléaires suffisant pour anéantir l'adversaire. Une attaque de l'un contre l'autre provoquerait la destruction des deux
camps.
L'URSS prend également les EU de vitesse dans la course à l'espace et est la première, dès 1957, à placer un
satellite en orbite (satellite Spoutnik) et en 1961 à envoyer un homme dans l'espace (Youri Gagarine).
C. Le modèle américain exerce une extraordinaire capacité de séduction:
Une hégémonie économique et financière:
Dans les années 1950-60, les États-Unis sont de très loin la première puissance économique mondiale
dans tous les domaines:
- industriel (ils produisent en 1955 43 % de l'acier mondial et 65 % des automobiles);
- commercial (leur flotte marchande représente les deux tiers du tonnage mondial);
- financier (leurs investissements extérieurs passent de 6 à 30 milliards de dollars entre 1946 et 1959).
Le complexe militaro-industriel (=>expression popularisée dans les années 1950 aux EU pour désigner
l'industrie de l'armement et les autres industries liées à l'armée) entretient la croissance économique et le progrès
technologique aux EU.
Cette puissance économique sert la politique de Guerre froide. Le plan Marshall, annoncé en juin 1947,
est une aide indispensable à la reconstruction des pays d'Europe de l'Ouest; mais il permet aussi aux États-Unis,
qui disposent d'un droit de regard sur l'utilisation de l'aide, de contrôler la politique économique de leurs alliés et de
renforcer ainsi à leur profit la cohésion du monde occidental.
L'American way of life, mêlant société de consommation, liberté et prospérité, est proposé en modèle au monde
entier, notamment par le cinéma hollywoodien, les séries télévisées et la musique (Jazz puis Rock'n'Roll à partir des
années 1950). La culture populaire et les modes vestimentaires (jeans) américaines exercent une forte séduction sur les
générations de l'après Seconde Guerre mondiale, tout particulièrement dans les pays européens.
Un pays d'immigration:
Les Immigration and Nationality Acts of 1965 (Lois de 1965 sur l'immigration et la nationalité) abolissent les
quotas basés sur la nationalité, en vigueur depuis la Loi d'immigration Johnson-Reed de 1924. Les EU s'ouvrent à
nouveau à l'immigration et accueillent à partir des années 1960 des migrants venant essentiellement d'Amérique latine
et d'Asie, démontrant la vitalité du «rêve américain» (idée qu'aux Etats-Unis, terre de la liberté individuelle, chacun a
une chance de réussir par son travail et son talent).
la conquête spatiale, vitrine de la puissance technologique et outil de propagande:
L'envoi du 1er homme sur la lune en 1969 (Neil Armstrong / mission Apollo 11) a un retentissement
planétaire. L'évènement est retransmis dans le monde entier en Mondovision (500 à 600 millions de téléspectateurs le
suivent). Il marque la victoire des EU dans la course à l'espace.
D. Affaiblie dans les années 1970, la superpuissance américaine sort néanmoins victorieuse de la Guerre
froide en 1991:
1. Une suprématie contestée à partir du milieu des années 1960:
Les ÉU sont confrontés aux difficultés de leur leadership.
Les États-Unis s'enlisent dans des conflits limités. La guerre du Vietnam (1964-1973) est une terrible défaite
pour le containment et a des conséquences désastreuses sur l'image des États-Unis. Ceux-ci, malgtoute la puissance
de leur armée, ne réussissent pas à venir à bout de la guérilla Vietcong et à stopper la progression du communisme en
Asie du Sud-Est. Les violences commises par l'armée américaine (usage du napalm et de défoliants chimiques,
bombardements aériens massifs du Nord-Vietnam) jettent le trouble au sein de leur propre camp. Les EU n'exercent
plus une suprématie absolue. Richard Nixon reconnaît cet état de fait en gociant avec l'URSS, dans le cadre de la
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Détente bipolaire (adoption de l'accord SALT 1 de limitation des armes nucléaires en 1972), et en faisant de la Chine
communiste un interlocuteur légitime (les EU appuient l'entrée de la Chine communiste au Conseil de sécurité de
l'ONU comme membre permanent en 1971 [jusque ce siège était occupé par la Chine nationaliste de Taïwan];
Nixon se rend en Chine en 1972 pour rencontrer Mao Zedong).
Le bloc occidental se fissure dans les années 1960. La France du général de Gaulle, sans remettre en cause
l'Alliance atlantique, conteste l'hégémonie américaine et quitte le commandement militaire intégré de l'OTAN en
1966. Mais c'est surtout en Amérique latine que l'emprise économique et politique de Washington est de plus en plus
mal acceptée. Arrivé au pouvoir en 1959, Fidel Castro avait fait basculer Cuba du côté communiste. Craignant une
propagation du communisme en Amérique latine et pour lutter contre les guérillas d'inspiration marxiste ou les
gouvernements de gauche qui accèdent au pouvoir sur le continent, les États-Unis n'hésitent pas, comme au Chili en
1973, à soutenir des coups d'État et favoriser des dictatures d'extrême droite (dictature du général Pinochet au
Chili à partir de 1973), ni à intervenir militairement, comme en République dominicaine en 1965.
L'image des États-Unis dans le monde se brouille. Le scandale du Watergate qui conduit le président Nixon à la
démission (1974) semble indiquer une trahison par l'Amérique des idéaux au nom desquels elle agissait sur la scène
internationale. La chute de l'ensemble du Vietnam entre les mains des communistes (en 1975, soit deux ans après le
retrait américain), la conviction que l'URSS est en train de prendre un avantage au plan stratégique et le Japon au plan
économique, apparaissent comme de nouvelles humiliations. L'entrée des Soviétiques en Afghanistan (1979) provoque
un spectaculaire raidissement des relations internationales (on qualifie parfois de «Guerre fraîche» la période 1975-
1985 qui succède à la Détente /1962-1975).
2. Les États-Unis vainqueurs de la Guerre froide (1980-1990)
Les années Reagan semblent correspondre à un rebond.
Une victoire stratégique et diplomatique:
• Les deux présidences de Ronald Reagan (1981-1988) marquent le retour d'une politique offensive, qui fait de
la lutte contre « l'Empire du Mal » - c'est ainsi qu'il qualifie l'URSS - la priorité absolue. Les États-Unis accroissent
significativement leurs dépenses militaires (le budget militaire passe de 4,8 % du PIB en 1977 à 6,5 % en 1987). Ils
répondent systématiquement aux actions soviétiques et, avec l'Initiative de défense stratégique (IDS), relancent la
course aux armements dans un domaine ils savent que l'URSS n'a pas les moyens financiers et technologiques de
les suivre. Il ne s'agit plus seulement de contenir la progression du communisme, mais de le combattre de l'intérieur
pour le faire refluer (doctrine du roll back => faire reculer le communisme dans le monde). Toutefois, si l'effort de
réarmement met les États-Unis en position de mieux négocier avec l'URSS de Gorbatchev (1985-91), il se traduit par
un déficit budgétaire qu'il faut financer par l'endettement. Pour la première fois depuis 1917, le pays renoue en 1987
avec son statut de débiteur envers l'étranger.
= Initiative de défense stratégique (IDS): Projet annoncé par Ronald Reagan en 1983 visant à déployer un bouclier
spatial
capable d'intercepter et de détruire les missiles soviétiques avant qu'ils ne touchent le sol américain.
L'arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir à Moscou en 1985 modifie la donne: il comprend la nécessité
de réformer le système soviétique et de négocier avec les États-Unis des accords sur le désarmement nucléaire
(accords de Washington en 1987 et START en 1991).
La chute des régimes communistes en Europe de l'Est (1989-1990), la réunification de l'Allemagne (1990)
et l'éclatement de l'URSS (1991) laissent les États-Unis sans rivaux. Ils sortent vainqueurs de la Guerre froide de
façon pacifique, parce que leur concurrent s'est effondré.
Une victoire idéologique
• La victoire des États-Unis est aussi celle de leurs valeurs: le libéralisme économique, qui triomphe dans les
années 1980, le capitalisme, qui gagne l'Europe de l'Est et la Chine avant même les réformes politiques, la
démocratie, qui progresse en Amérique latine, en Asie du Sud-Est ou en Afrique australe. Néanmoins, les États-Unis
ont toujours une vision claire de leurs intérêts et continuent à soutenir des régimes non démocratiques s'ils le jugent
nécessaire, comme, au Moyen-Orient, l'Égypte ou les monarchies pétrolières de la péninsule Arabique.
• La puissance des États-Unis, incontestée et universelle, semble alors à son apogée.
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II. Les Etats-Unis et le monde depuis 1990: de l'hyperpuissance au déclin relatif
A. L'hyperpuissance américaine à son apogée (1991-2001)
= Hyperpuissance: terme dont l'usage a été popularisé par Hubert Védrine (ministre français des Affaires
étrangères de 1997 à 2002) pour désigner la puissance sans rivale des États-Unis à cette époque.
1. Les multiples facettes de l'hyperpuissance:
Une puissance géostratégique sans égale
L'effondrement de l'URSS en 1991 laisse les États-Unis sans égaux ni rivaux sur le plan
géostratégique. Ils bénéficient d'une suprématie absolue dans les domaines essentiels de la puissance:
militaire, économique (ils produisent, en 2000, 22 % des richesses mondiales), technologique et culturel. À
cela s'ajoutent le poids déterminant qu'ils jouent dans les institutions internationales politiques et financières,
ainsi que le rôle clé du dollar qui, malgré la crise des années 1970 (fin de la convertibilité du dollar en or et
du système de Bretton Woods en 1971; chocs pétroliers de 1974 et 1979), continue d'être la principale
monnaie d'échanges et de réserve.
Cette « hyperpuissance ». outre qu'elle implique de nouvelles et lourdes responsabilités, permet
aux États-Unis de définir comme ils l'entendent leur place dans le nouvel ordre mondial et de choisir le
cadre, multilatéral ou unilatéral, dans lequel ils veulent jouer leur rôle.
= Multilatéralisme: Attitude consistant à agir en concertation avec les autres acteurs des relations
internationales.
= Unilatéralisme: Attitude consistant pour un État à définir sa politique extérieure sans tenir compte de
l'avis des autres États ni des institutions internationales.
Une économie dominante mais de plus en plus concurrencée
L'économie américaine, de plus en plus tertiarisée, est de loin la plus puissante. La croissance
des États-Unis est portée par les NTIC et les activités financières quand leur principal rival économique, le
Japon, entre en récession. Une nouvelle nération d'entrepreneurs comme Bill Gates arrive au premier plan.
La confiance dans le dollar et la bonne santé de la bourse favorisent le recours au crédit qui permet d'investir
et de soutenir la consommation. Les entreprises américaines assurent plus du tiers des dépenses mondiales
de recherche et développement.
= NTlC: Nouvelles technologies de l'information et de la communication.
L'économie américaine, qui défend les principes du libre-échange et de la déréglementation, fait
des États-Unis la plaque tournante du commerce mondial et l'acteur principal de la mondialisation. Ils
doivent toutefois de plus en plus compter avec la concurrence de l'Union européenne, du Japon et surtout
des puissances émergentes comme la Chine, l'Inde ou le Brésil. Si leurs importations représentent toujours, à
la fin des années 1990, 22 % du total mondial, la part de leurs exportations a chuté de 25% en 1950 à 9 % à
la fin des années 1990. Il s'ensuit un déficit considérable de leur balance commerciale, qu'ils financent en
s'endettant. De plus, durant les années 1990, les EU deviennent de plus en plus dépendants de leurs
fournisseurs de pétrole (Remarque: grâce à l'exploitation du pétrole de schiste, la production de pétrole brut
des Etats-Unis a atteint 7,7 millions de barils par jour en octobre 2013, dépassant les importations pour la
première fois depuis février 1995. L'exploitation massive des gisements de gaz et de pétrole de schiste ces
dernières années aux EU laissent envisager une reconquête de leur indépendance énergétique dans un futur
proche).
La mondialisation ressemble à une aricanisation de la planète. Le soft power des États-Unis réside
d'abord dans leur capacité de séduction: ils attirent chaque année plus de trois millions d'immigrants; la
langue, les innovations technologiques et les produits culturels américains modèlent les esprits sur toute la
planète. Combiné avec le hard power, le soft power semble faire des États-Unis une hyperpuissance.
= Soft power: éléments non coercitifs de la puissance, essentiellement la capacité d'influence s'exprimant au
travers de la diffusion de la culture ou des systèmes de pensée.
2. Les États-Unis et le «nouvel ordre mondial»
Les « gendarmes du monde »
• La puissance géostratégique des États-Unis est à son apogée sous les présidences du républicain
George H. Bush (1989-92) et du démocrate Bill Clinton (1993-2000). Les dirigeants américains considèrent
qu'avec la fin de la Guerre froide, leurs valeurs économiques et politiques ont triomphé et qu'un «nouvel
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