Autrement dit, c'est à travers cette double notion complémentaire/ antagoniste de communauté/société
que peut être compris le phénomène de la scientificité, à commencer par celui de l'objectivité.
L'objectivité, dans un sens, apparaît comme la marque évidente de la réalité objective sur les esprits.
Seulement pour que cette marque soit évidente, il faut qu'il y ait une multiplicité d'observateurs-
expérimentateurs d'accord sur les procédures et protocoles d'observation/expérimentation c'est-à-dire
qu'il faut qu'il y ait cette communauté/société scientifique et il faut qu'il y ait échanges et accords
Intersubjectifs. Autrement dit, le premier fondement de l'objectivité, c'est i'inter-subjectivité, le consensus
intersubjectif. lequel évidemment se base sur cette double réalité socioculturelle (communauté/société),
Mais il faut penser aussi que cette réalité socioculturelle de cette communauté/société scientifique est un
phénomène historique. La science en tant que telle ne s'est détachée de la philosophie ou des autres
activités cognitives que de façon assez récente. Elle ne s'est institutionnalisée véritablement qu'à partir du
XVIIIe et si la science s'est détachée de la philosophie, elle a hérité d'elle quelque chose que
la philosophie a institué à Athènes en s'autoconstituant et qui est la règle fondamentale du débat d'idées,
où les arguments peuvent s'affronter saris qu'il y ait un tabou ou une sanction théologique ou politique qui
puissent l'altérer, Ainsi s'est instituée ce que Popper appelle la " tradition critique ». Après la fermeture de
l'École d'Athènes, cette tradition critique a été interrompue pendant quelques siècles puis a réapparu dans
des conditions nouvelles : c'est à la suite de cette "renaissance" que la science s'est détachée de la
philosophie en constituant à la fois sa méthode et sa règle de jeu.
Ainsi, on peut dire que l'objectivité est le produit d'un formidable processus historico-sociologico-culturel.
Et, dans ce sens, on peut considérer l'objectivité comme un produit sociohistorique. Mals une fois que
cette objectivité est établie. elle transcende ces conditions de formation puisque, effectivement, elle est et
demeure vérifiable et critiquable sans cesse dans des conditions spatio-temporelles données. Ainsi les
données objectives et les relations objectives concernant les mouvements de la terre autour du soleil sont
valables tant que terre et soleil continuent de perdurer dans les conditions présentes. On peut dire que
cela vaut depuis quelques millions d'années et qu'après la mort du soleil, ceci ne vaudra plus. Dans ce
saris, la réalité est indépendante des esprits et des consciences qui la découvrent, mais pour qu'elle
devienne objective dans ces esprits et dans ces consciences, il faut ce formidable processus historique et
le perpétuel recommencement du processus scientifique.
RECHERCHES INTERDISCIPLINAIRES
Exposés de conférenciers extérieurs:
- Charles Bogdansky: Théorie du régulon, ses applications en anthropologie et sociologie.
- Mario Borillo : Le raisonnement, perspectives et limites de la formalisation. - Manuel de Dieguez :
Causalité et connaissance théorique.
- Gérard Pinson : Structure hologrammatique dans les organisations complexes.
- Patrick Tort: Le darwinisme et l'évolutionnisme: science/idéologie. - Michel Slubicki : Problèmes autour
de la logique de Hegel.
Activité scientifique :
Missions et conférences: Université catholique de Louvain, Unité de philosophie des sciences
biomédicales, Séminaire " biologie, éthique et sciences sociales,,, mars 1983. - New York University,
French Department, Seminaire " La complexité dans les sciences et dans les lettres », octobre 1983.