Artériopathie périphérique [ téléchargez le pdf ]

À chaque contraction, le coeur envoie
une certaine quantité de sang riche en
oxygène vers les organes ; les canaux
utilisés pour transporter ce sang sont
les artères ; après avoir délivré
l’oxygène aux organes cibles, le sang
revient vers le coeur via un réseau
composé d’autres canaux, les veines.
Dans l’artériopathie périphérique – le
terme exact étant en fait "artériopathie
oblitérante des membres inférieurs" ou
AOMI – les artères qui transportent le
sang vers les membres sont sténosées.
Le problème touche surtout les
membres inférieurs. Cette affection n’a
en principe rien à voir avec les
varicosités (varices), un trouble au
niveau des veines des membres
inférieurs également connu sous le
nom de "vasculopathie périphérique."
Quelles en sont les
conséquences ?
Comme elles sont rétrécies, les artères
peuvent transporter moins de sang, et
donc moins d’oxygène, jusqu’aux
membres inférieurs. Ce sont les muscles
qui y sont le plus sensibles, car ceux-ci ont
besoin d’une grande quantité d’oxygène
lors de tout effort ; si les muscles reçoivent
moins d’oxygène, leur fonction se retrouve-
ra en difficulté. La manifestation la plus évi-
dente se produit lors de la marche. Dans
les formes plus avancées de la maladie, la
peau sera également atteinte : outre les
décolorations, une plaie ouverte peut se
développer et cicatriser difficilement en rai-
son du manque d’oxygène. Soulignons
que toutes les plaies ouvertes au niveau
des membres inférieurs ne sont pas
consécutives à une artériopathie : il existe
de nombreuses autres causes, comme la
vasculopathie périphérique par exemple.
Que ressent le patient ?
Dans la forme la plus classique de la
maladie, le patient aura l’impression que
son mollet est serré dans un étau lorsqu’il
marche ; cette douleur augmentera tant
que le patient continue de marcher et ne
s’arrêtera que lorsqu’elle aura raison de lui
et qu’il s’arrêtera ; ensuite, la douleur dis-
paraît relativement vite, le plus souvent en
quelques minutes seulement. Ce signe,
également appelé claudication intermit-
tente, est certes caractéristique de la
maladie, mais il nest pas très fréquent.
Très souvent, le patient ne ressent absolu-
ment aucune gêne et nest donc pas du
tout conscient de la maladie. Il n’est pas
rare que les plaintes soient confondues
avec d’autres problèmes touchant les
membres, comme des crampes muscu-
laires, une arthralgie au niveau de la
hanche ou du genou … Tous ces élé-
ments nous permettent de comprendre
pourquoi le diagnostic nest souvent pas
posé, ce qui nempêche toutefois pas que
les dangers qui y sont liés risquent bel et
bien de se manifester.
Quelles sont les causes de
l’artériopathie périphérique ?
La sténose est quasi toujours provoquée
par une athérosclérose, un dépôt de sub-
stances graisseuses dans la paroi des
artères. C’est cette même maladie qui est à
l’origine d’autres problèmes, ailleurs dans
l’organisme, comme au niveau des artères
coronaires ou des vaisseaux sanguins du
cerveau. Les causes de l’athérosclérose
sont les mêmes dans les membres
qu’ailleurs et sont très nombreuses. Les
facteurs de risque d’athérosclérose les plus
connus sont le tabagisme, l’hypertension
artérielle, le sucre, l’obésité et, bien sûr, l’hy-
percholestérolémie. Le tabagisme joue par
ailleurs un rôle très important dans l’artério-
pathie périphérique, surtout lorsqu’il est
combiné au diabète.
Chez qui la maladie se
développe-t-elle ?
L’artériopathie périphérique apparaît prin-
cipalement dans la deuxième moitié de la
vie – après l’âge de cinquante ans – tant
chez les hommes que chez les femmes.
Selon les estimations, notre pays compte
au moins 300000 patients souffrant
d’artériopathie périphérique ; la moitié
d’entre eux n’a probablement aucun
symptôme ; mais tous sont exposés à un
risque accru (cf. ultra).
Le diagnostic peut-il être posé
facilement ?
Oui, le diagnostic est relativement simple
à poser, même si le patient ne rapporte
aucun symptôme caractéristique. La mesu-
re du pouls dans les membres inférieurs,
par ex. au niveau de la cheville et du dos du
pied, est très instructive. Un autre moyen
très efficace est de mesurer la tension au
niveau des artères de la cheville ; cette
mesure se fait au moyen d’un brassard,
comme lorsque l’on mesure la tension arté-
rielle au niveau du bras, et d’un petit dispo-
sitif qui émet des ultrasons. La procédure
est totalement indolore et inoffensive.
Normalement, la tension mesurée au
niveau de la cheville est à peu près iden-
tique à celle mesurée au niveau du bras ; si
la tension artérielle est inférieure au niveau
de la cheville, il y a lieu d’envisager la possi-
bilité d’une sténose ; plus la tension est
basse, plus le rétrécissement est important.
Il est donc très intéressant de connaître non
seulement sa tension au bras, mais aussi
sa tension à la cheville.
Chez qui mesurer la tension artériel-
le au niveau de la cheville ?
Les personnes qui se plaignent de
douleurs dans les mollets lors-
quelles marchent
Les personnes de 50 ans et plus qui
présentent des facteurs de risque
d’athérosclérose (voir texte)
Toutes les personnes de 70 ans et
plus
Pourquoi l’artériopathie
périphérique est-elle
importante ?
Tout d’abord, elle peut expliquer toute
une série de plaintes au niveau des
membres ; une personne qui doit sans
Artériopathie périphérique
◗◗◗ ARTICLES MÉDICAUX
Mesure de la tension artérielle au niveau de la cheville
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◗◗◗ ARTICLES MÉDICAUX
cesse arrêter de marcher à cause de
crampes dans les mollets peut éventuelle-
ment y trouver la cause de son problème.
Ensuite, il convient de citer un autre point
au moins aussi important. Nous avons dit
précédemment qu’il y a lieu de déterminer
la cause du rétrécissement dans l’athéro-
sclérose. Le problème de l’athérosclérose,
c’est qu’elle ne survient souvent pas en un
seul endroit du corps, mais en plusieurs
endroits simultanément. Dans le cas de
l’artériopathie périphérique, il n’est pas rare
d’avoir aussi une sténose des artères coro-
naires ou des vaisseaux sanguins du cer-
veau. L’artériopathie périphérique nest
donc pas importante uniquement pour les
membres, mais aussi parce quelle peut
s’accompagner d’autres lésions, ailleurs, et
de toutes les conséquences pos-
sibles qui en découlent (angine de
poitrine, infarctus du myocarde,
accident vasculaire cérébral, …). Ce
risque est présent non seulement
chez les patients symptomatiques,
mais aussi chez ceux qui ne pré-
sentent (encore) aucune manifes-
tation de la maladie. Le lien est à
ce point évident qu’une relation
directe peut être établie entre une
tension inférieure au niveau des
artères de la cheville et le risque de
développer des complications au
niveau du coeur ou du cerveau.
C’est la raison pour laquelle
diverses campagnes ont été
menées cette année à l’attention
de la population, certaines initia-
tives offrant même la possibilité
aux intéressés de mesurer leur ten-
sion au bras et à la cheville.
Peut-on intervenir sur la
maladie ?
Oui, il y a beaucoup d’interven-
tions possibles. Les mesures
prises pour lutter contre l’athéro-
sclérose en général sont au moins
aussi pertinentes contre l’artériopa-
thie périphérique. Faites en sorte
de connaître vos facteurs de risque
(tabagisme, hypertension, obésité,
cholestérol, taux de sucre dans le
sang) et faites tout ce que vous
pouvez pour les corriger. Le mot
d’ordre est d’adapter ses habi-
tudes, et en particulier d’adopter
un régime alimentaire sain et équili-
bré.
Dans l’artériopathie périphérique,
l’accent est mis sur le sevrage
tabagique et sur la pratique réguliè-
re d’exercices simples. Les prome-
nades quotidiennes sont très
utiles. Très souvent, une grande
partie des symptômes peuvent
s’améliorer grâce à des exercices
ciblés (se tenir sur la pointe des
pieds pendant quelques
secondes).
Parfois, lorsque les adaptations
du mode de vie n’apportent pas
un soulagement suffisant, il faut passer aux
médicaments. L’acide acétylsalicylique
(aspirine) est souvent prescrit, à faible
dose, pour éviter la formation de caillots.
Ce traitement doit toujours faire l’objet
d’une concertation avec le médecin car il
augmente la propension aux saignements.
Si les résultats obtenus ne sont pas suffi-
sants ou si des problèmes se font jour, le
médecin peut opter pour d’autres médica-
ments, comme le clopidogrel.
En résumé
L’artériopathie périphérique est un rétré-
cissement des artères des membres infé-
rieurs, généralement dû à une athérosclé-
rose. La maladie provoque une douleur
dans les membres de l’individu qui
marche, mais un grand nombre de
patients ne ressentent absolument rien. La
maladie est importante, car il nest pas rare
quelle soit associée à une athérosclérose
au niveau des artères coronaires et des
vaisseaux sanguins du cerveau. Il est pri-
mordial de contrôler les facteurs de risque
(tabagisme, cholestérol, taux de sucre
dans le sang, hypertension, obésité) ; une
adaptation du mode de vie et de l’alimen-
tation est très utile. Le sevrage tabagique et
l’exercice régulier (marche, exercices ciblés)
sont très efficaces.
Prof. Ém. D.L.Clement
Université de Gand
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