La Lettre du Rhumatologue - n° 243 - juin 1998
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INFORMATIONS
différentes du HLA donnent des résultats suggestifs. Les tests de
réplication montrent une évidence de liaison avec la région RA2
(Rheumatoid Arthritis 2), située sur le chromosome 18 (commune
au diabète insulinodépendant). Cette région est appelée RA2 en
référence à la région HLA, appelée RA1.
GÉNÉTIQUE DU LUPUS
(J.C. Piette, Paris)
Le lupus érythémateux systémique (LES) a une prévalence esti-
mée à 1/2 000 dans la population caucasienne (le risque relatif
chez les apparentés au premier degré est de 20). Le poids des
allèles HLA 1 et 2 prédisposant au lupus est modéré et les résul-
tats sont contradictoires selon les ethnies. Parmi les allèles HLA
de classe 2, les haplotypes HLA DR2 et DR3 sont associés de
façon significative à la survenue d’un LES chez les Caucasiens
et ils semblent plus corrélés au profil d’autoanticorps qu’à l’ex-
pression clinique de la maladie. Parmi les gènes codant pour les
protéines du complément, l’anomalie la plus fréquente concerne
le C4a. Les déficits complets en C1q s’associent presque constam-
ment à la survenue d’un LES. Un locus de susceptibilité situé sur
le bras court du chromosome 1 aurait été récemment identifié ;
sur celui-ci se trouvent aussi des gènes codant pour la portion Fc
des immunoglobulines G. Une étude génétique française est en
cours (120 familles lupiques multiplexes identifiées à l’hôpital
Necker). Mais l’hétérogénéité clinique reflète-t-elle l’hétérogé-
néité génétique ?
GÉNÉTIQUE DU PSORIASIS
(J. Fischer, Ivry)
Le psoriasis cutané touche 1 à 2 % de la population. Une asso-
ciation entre les antigènes de classe 1 du système HLA et l’âge
de début du psoriasis a été identifiée, mais la liaison à l’HLA
n’explique qu’une part de la prédisposition génétique. Le risque
de la maladie pour les apparentés du premier degré est estimé
entre 8 et 23 %. L’étude de familles américaines et irlandaises a
montré une association avec l’antigène HLA Cw6, avec le chro-
mosome 17, et le bras long du chromosome 4. Quatre autres
régions chromosomiques seraient impliquées : les chromosomes
2, 8, 20 et 6 ; ce dernier expliquerait 35 % de l’effet génétique du
psoriasis. Actuellement, grâce au Généthon, plus de 3 800
familles ont été retenues dont 502 avec au moins 5 sujets atteints ;
le phénotypage est en cours.
GÉNÉTIQUE DES MALADIES INFLAMMATOIRES DIGESTIVES
(J.P. Hugot, Paris)
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont
plus fréquentes en Europe et en Amérique du Nord (prévalence
globale en Europe : 1/1 000). Un à deux pour cent des apparentés
du premier degré sont atteints (maladie de Crohn [MC] et recto-
colite hémorragique [RCH]). Les gènes candidats les plus étudiés
pour les MICI sont les gènes HLA. Pour la RCH, une association
a été rapportée avec les allèles HLA DR2, et pour la MC, avec
DR1, DR7 et DQ5. D’autres études montrent qu’il existe un gène
de prédisposition aux MICI sur les chromosomes 12 et 16. Cepen-
dant, des facteurs environnementaux semblent très importants.
POLYMORPHISME DU HLA B27 ET SUSCEPTIBILITÉ À LA
SPONDYLARTHRITE ANKYLOSANTE DANS LE MONDE
(C. Lopez-Larrea, Espagne)
Le HLA B27 est associé fortement à la spondylarthrite ankylo-
sante (SPA) et représente une famille de 11 allèles (B27-01 à B27-
11). Une étude de population a permis de les caractériser en fonc-
tion des régions du globe. B27-05 est le sous-type prédominant
dans les régions polaires et préarctiques, B27-02 est pratiquement
restreint aux populations caucasiennes, avec une grande fréquence
au nord de l’Afrique et dans le Moyen-Orient, B27-03 est plus
fréquent en Afrique de l’Ouest ; B27-06 est associé négativement
avec la SPA en Thaïlande, ainsi que B27-09 en Sardaigne.
GÉNÉTIQUE DE LA SPONDYLARTHRITE ANKYLOSANTE :
EXPÉRIENCE ANGLAISE
(P. Wordsworth, Oxford)
P. Wordsworth confirme dans une étude anglaise de 284 SPA cau-
casiennes l’association à HLA B27. Il n’a pas observé de rela-
tion avec B27-05 ni B27-02, mais avec HLA B-60. B27 est fai-
blement représenté (6 % de la population) dans l’ethnie Fula
(Gambie) ; cette faible incidence peut être corrélée à la prédo-
minance de HLA B27-03 dans cette population et/ou à la pro-
tection par des facteurs environnementaux. Une étude sur
40 jumeaux souffrant de SPA a été effectuée en Grande-Bretagne.
Soixante-quinze pour cent des jumeaux monozygotes sont
concordants pour la SPA contre 12,5 % de jumeaux dizygotes.
Par ailleurs, une association significative avec HLA DR1
indépendante de B27 a été observée, ainsi qu’avec HLA DR8
(364 SPA en Grande-Bretagne). HLA B27, -B60 ou -DR1 n’ont
pas montré de relation avec la sévérité de la maladie. Par ailleurs,
certains gènes de la SPA seraient situés sur le chromosome 16.
En conclusion, 20 à 50 % de la susceptibilité de la SPA serait liée
au complexe HLA, d’autres gènes non HLA semblant toutefois
contribuer pour plus de 50 % à la maladie. Les facteurs environ-
nementaux sont importants mais probablement non ubiquitaires.
GÉNÉTIQUE DES SPONDYLARTHROPATHIES : EXPÉRIENCE
FRANÇAISE
Cent vingt familles atteintes de SPA sont en cours de collecte
(S. Laoussadi, Paris). Elles comportent au moins 200 familles
avec deux germains atteints et 40 familles avec au moins
5 membres atteints. La recherche de gènes de susceptibilité et/ou
de coopération dans la région du complexe majeur d’histocom-
patibilité et l’étude systématique du génome (recherche d’autres
gènes) sont en cours.
Les résultats préliminaires d’une autre étude (M. Bréban, Paris)
portant sur 500 individus confirment la forte association avec
HLA B27 (p < 10-9). Une association est aussi retrouvée avec
HLA A28, -C1 et -C2. L’étude de la région HLA classe 2 ne montre
pas d’association indépendante du B27. Le risque de développer
une spondylarthropathie diminue très rapidement avec l’éloigne-
ment de l’apparentement. Cela justifie une recherche systématique
de gènes non HLA impliqués dans les spondylarthropathies.
Dr F. Laroche, service de rhumatologie A,
Hôpital Cochin, Paris