Grèce : la société athénienne à l’époque classique
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Grèce : la société athénienne à l’époque
Grèce : la société athénienne à l’époque
classique
classique
par Charlotte Grimaldi
Mise en ligne : dimanche 14 juin 2015
i Histoire antique i Grèce
Histoire antique, Histoire de l’Europe, Cités antiques, Histoire politique, Histoire économique, Histoire sociale
Grèce : la société athénienne à l’époque classique
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Grèce : la société athénienne à l’époque classique
Grèce : la société athénienne à l’époque classique
Le Parthénon à Athènes
LA CITOYENNETÉ ATHÉNIENNE
Les Athéniens, " frères de dèmes "
"Clisthène, s’étant placé à la tête du peuple après la chute des tyrans, commença d’abord par
répartir tous les Athéniens en dix tribus au lieu de quatre, voulant les mélanger afin qu’ils
participent plus nombreux à la gestion de la cité. Il divisa également le territoire de la cité en
trente groupes de dèmes *, dix rassemblant les dèmes urbains, dix ceux de la côte, dix ceux de
l’intérieur. Chaque nouvelle tribu comprend trois dèmes, de telle sorte qu’elle en ait un de
chacune de ces trois régions. Clisthène rendit frères de dèmes ceux qui habitaient dans chacun des
dèmes, afin d’empêcher, s’ils se saluaient en donnant le nom de leur père, de révéler les citoyens
de fraîche date. Depuis cette mesure, les Athéniens, lorsqu’ils se rencontrent, se désignent du nom
de leur dème *."
D’après ARISTOTE (philosophe, 384-322 av. J.-C.), Constitution d’Athènes, XXI.
* Un dème est la subdivision de base de la cité, un canton.
** Voici comment étaient désignés deux citoyens athéniens célèbres " Périclès, fils de Xanthippos,
du dème de Chorlagès " " Socrate, fils de Sophroniskos, du dème d’Alopékè ".
L’éphébie
"XLII. 1. L’état actuel du gouvernement est le suivant. Prennent part au gouvernement ceux qui
sont nés de parents ayant tous deux le droit de cité. Les jeunes gens sont inscrits au nombre des
démotes à l’âge de dix-huit ans. Au moment de l’inscription, les démotes, après serment, décident
par un vote : premièrement, s’ils ont l’âge exigé par la loi - en cas de décision contraire, ils
retournent parmi les enfants ; deuxièmement, s’ils sont de condition libre et de naissance légitime.
Celui que les démotes repoussent par leur vote, comme n’étant pas de condition libre, peut faire
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appel au tribunal ; le dème de son côté élit cinq de ses membres pour soutenir l’accusation. Si le
tribunal décide qu’en effet il n’a pas le droit de se faire inscrire, la cité le fait vendre, si, au
contraire il gagne son procès, les démotes sont tenus de l’inscrire.
2. Cela fait, le Conseil soumet les inscrits à un examen, et s’il décide que l’un d’eux n’a pas atteint
l’âge de dix-huit ans, il met à l’amende les démotes qui l’ont inscrit."
Aristote, Constitution d’Athènes, XLII, 1-2
Extraits de : M. Austin et P. Vidal-Naquet, Economies et sociétés en Grèce ancienne, Paris, A.
Colin, 1974.
Le serment des éphèbes
"Je ne déshonorerai pas ces armes sacrées ; je n’abandonnerai pas mon compagnon dans la
bataille ; je combattrai pour les aïeux et pour mon foyer, seul ou avec d’autres. Je ne laisserai pas
la patrie diminuée, mais je la laisserai plus grande et plus forte que je ne l’aurai reçue. J’obéirai
aux ordres que la sagesse des magistrats saura me donner. Je serai soumis aux lois en vigueur et à
celles que le peuple fera d’un commun accord ; si quelqu’un veut renverser ces lois ou leur
désobéir, je ne le souffrirai pas, mais je combattrai pour elles, ou seul ou avec tous. Je respecterai
les cultes de mes pères."
Texte rapporté par Julius POLLUX, grammairien du IIIƒs. apr. J.-C.
Serment des jeunes athéniens arrivant à l’âge adulte
"Je ne déshonorerai pas mes armes ; je n’abandonnerai pas le compagnon, quel qu’il soit, dont je
partagerai le poste. Je combattrai pour la défense des Dieux et des hommes, soit seul, soit en
troupe. Je ne transmettrai pas à mes enfants la patrie amoindrie, mais je ne la leur laisserai plus
florissante et plus prospère que je ne l’aurai reçue. Je me soumettrai toujours aux décisions des
juges. J’obéirai aux lois et aux coutumes établies, et à celles que le peuple établira d’un commun
accord. Si quelqu’un veut abolir les lois ou refuse de s’y soumettre, je ne le souffrirai pas, mais je
les défendrai seul et avec tous les autres, et j’observerai la religion que nous ont transmise nos
ancêtres. Je prends les dieux à témoin de ce serment ".
Contre Euboulidès
"(...) Mais je vais revenir là-dessus ; pour l’instant, appelle-moi les témoins.
TEMOINS
46. Je suis donc bien Athénien par ma mère comme par mon père : vous le savez tous maintenant,
par les témoignages que vous venez d’entendre, d’une part ; et, de l’autre, par ceux qui
concernaient mon père tout à l’heure. Il me reste a vous parler de moi ; un mot suffit, je pense, et
il tranche tout : de deux Athéniens, ayant hérite du bien et du génos de mon père, je suis
citoyen. Néanmoins, je produirai toutes les preuves que de droit : je ferai attester que j’ai été
introduit dans ma phratrie ; que j’ai été inscrit sur la liste des démotes ; que ceux-ci m’ont eux-
mêmes propose à l’élection pour participer avec les citoyens les mieux nés au tirage au sort du
sacerdoce d’Héraclès ; que j’ai exercé des magistratures après avoir subi l’examen.
Appelle-moi les témoins."
Demosthène, Contre Euboulidès, 46
Extraits de : M. Austin et P. Vidal-Naquet, Economies et sociétés en Grèce ancienne, Paris, A.
Colin, 1974.
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Critère de la citoyenneté : exercice des fonctions de juge et de magistrat.
"6. Le citoyen au sens strict, aucun caractère ne le définit mieux que la participation à l’exercice
des pouvoirs de juge et de magistrat . Or, parmi les magistratures, les unes sont limitées en durée,
de sorte que certaines ne peuvent absolument pas être exercées deux fois par la même personne,
ou du moins ne le sont qu’après un intervalle de temps bien défini ; d’autres sont de durée
illimitée, comme celle de juge ou de membre de l’Assemblée.
7. Peut-être, il est vrai, pourrait-on dire que ce ne sont pas là des magistrats et que ces fonctions ne
les font pas participer au pouvoir ; et pourtant il serait ridicule de frustrer du pouvoir ceux qui
détiennent l’autorité suprême. Mais n’attachons pas d’importance à cela : c’est une simple
question de nom ; en effet, faute de terme pour désigner ce qui est commun au juge et au membre
de l’Assemblée, on ne sait comment les appeler tous les deux. Admettons, pour les définir, que
c’est une "magistrature à durée illimitée".
8. Dès lors, nous posons le principe que sont citoyens ceux qui participent ainsi au pouvoir.
Telle est donc à peu près la définition du citoyen qui s adapterait le mieux à tous ceux qu’on
appelle des citoyens."
Aristote, Politique,III,1275a
Extraits de : M. Austin et P. Vidal-Naquet, Economies et sociétés en Grèce ancienne, Paris, A.
Colin, 1974.
Contre Neera
"Il y a d’abord une loi imposée au peuple : il lui est interdit de faire Athénien quiconque n’aura
pas mérité, par d’éminents services envers Athènes, de devenir citoyen ; en outre, une fois que le
peuple a consenti et octroyé ce privilège, il faut, pour que celui-ci ait force de loi, qu’il soit
confirmé à l’Assemblée suivante par six mille Athéniens au moins votant au scrutin secret.
90. Les prytanes sont chargés de placer les urnes et de remettre les jetons de vote au fur et à
mesure des entrées, avant que les étrangers ne pénètrent et que les barrières ne soient enlevées. Il
faut que chacun juge en toute indépendance et dans son for intérieur si celui dont il s’apprête à
faire un citoyen est digne de la faveur qu’il va recevoir. Ce n’est pas tout : une accusation
d’illégalité est ouverte à n’importe quel Athénien contre le nouveau citoyen : il est permis d’aller
devant les juges pour faire la preuve qu’il ne mérite pas cette récompense et qu’il a été naturalisé
en violation de la loi. 91. De fait, alors que le peuple, trompé par les discours de ceux qui le
sollicitaient, avait octroyé cette faveur, il est arrivé qu’une accusation d’illégalité se produisit et
vint devant le tribunal : on a vu démontrer que le bénéficiaire n’était pas digne de la récompense ;
et le tribunal la lui a retirée. Il y a dans le passé de nombreux cas qu’il serait oiseux de rapporter ;
mais il y en a un dont vous vous souvenez tous : Pitholas de Thessalie et Apollonidès d’Olynthe
ayant été faits citoyens par le peuple, le tribunal révoqua ce privilège ; 92 Le fait n’est pas
tellement ancien que vous puissiez l’ignorer."
Pseudo-Démosthènes (Apollodore), Contre Neera, 89-90
Extraits de : M. Austin et P. Vidal-Naquet, Economies et sociétés en Grèce ancienne, Paris, A.
Colin, 1974.
Inscription en l’honneur d’Eudemos de Platées (330/29 av. J.C.)
"Sous l’archontat d’Aristophon, la tribu Leontis exerçant la neuvième prytanie, Antidoros fils
d’Antinous du dème de Paiania étant secrétaire, le 11 du mois Thargélion, 19e jour de la prytanie.
Aristophanes du dème d’Euonymeia étant épistate des proèdres. Le peuple a décidé, sur
proposition de Lycurgue, fils de Lycophron du dème des Boutades. Puisque Eudemos a annoncé au
peuple, précédemment, qu’il donnerait pour la guerre, si cela était nécessaire, 4’000 drachmes ; et
puisqu’aujourd’hui il a donne mille journées d’attelage pour l’aménagement du stade
panathénaïque et qu’il les a envoyées en totalité avant les Panathénées, comme il avait promis de
le faire. Plaise au peuple de louer Eudemos, fils de Philourgos de Platées ; de le couronner d’une
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couronne d’olivier, à cause de la bienveillance dont il a fait preuve à l’égard du peuple athénien ;
de le placer lui et ses descendants parmi les bienfaiteurs du peuple athénien, de lui accorder
l’enktesis ges kai oikias, le droit de combattre aux cotés des Athéniens et l’isotelie pour les
eisphorai . Le secrétaire de la Boulè fera graver ce décret et l’exposera sur l’Acropole. Pour
l’inscription sur la stèle, le trésorier du peuple donnera... drachmes, prises sur le budget affecté
par le peuple aux dépenses concernant les décrets."
Extraits de : M. Austin et P. Vidal-Naquet, Economies et sociétés en Grèce ancienne, Paris, A.
Colin, 1974.
La révolte des soldats athéniens en 411
"Les soldats, pour leur part, tinrent sur le champ une assemblée qui destitua les stratèges
précédents et tous les triérarques suspects, puis nomma à leur place d’autres triérarques et
stratèges, parmi lesquels Thrasybule et Thrasyllos. Les hommes y prenaient la parole pour
s’encourager mutuellement, disant entre eux qu’il ne fallait pas s’inquiéter que la cité eut rompu
avec eux ; car, par rapport à eux, c’était une minorité qui s’était détachée d’une majorité mieux
pourvue à tous égards. Puisqu’ils possédaient en effet l’ensemble de la flotte, ils pourraient tout
d’abord obliger les autres cités de l’empire à fournir l’argent exactement comme s’ils avaient
Athènes pour centre... ; et en second lieu, possédant la flotte, ils pouvaient mieux que les gens de
la ville se procurer le nécessaire. Seule justement, leur position avancée à Samos avait permis aux
Athéniens de disposer jusque-là de l’accès du Pirée, et maintenant eux-mêmes, si les autres
refusaient de leur rendre le droit de cité, allaient se trouver en position de pouvoir les chasser de la
mer plus que d’en être chassés par eux. En outre, l’aide que la ville leur apportait pour vaincre
l’ennemi était mince et sans intérêt ; ils n’avaient rien perdu, avec des gens qui n’avaient plus
d’argent à leur envoyer- les soldats devaient s’en procurer eux-mêmes - ni de décision valable à
leur mander ; or précisément, c’est pour cela que l’Etat commande aux armées.
Sous ce rapport, même, les autres avaient commis la faute d’abroger les lois traditionnelles tandis
qu’eux les sauvegardaient et tenteraient de forcer les autres à y revenir ; ainsi l’armée n’était pas
non plus inférieure quant aux hommes susceptibles de proposer des décisions valables."
Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse,VlII, 76, 2-6, trad. J. de Romilly, ed. Les Belles
Lettres.
Extraits de : M. Austin et P. Vidal-Naquet, Economies et sociétés en Grèce ancienne, Paris, A.
Colin, 1974.
L’activité religieuse du citoyen
"Comme il était naturel du moment qu’il existait des enfants de sa fille, jamais il n’a offert un
sacrifice sans nous ; qu’il fut petit ou grand, toujours nous y assistions et y participions. Et ce n’est
pas à ces seules cérémonies qu’il nous conviait ; mais il nous conduisait toujours aux Dionysies des
champs ; nous assistions aux représentations avec lui, assis à coté de lui, et nous allions chez lui
pour célébrer toutes les fêtes. Lorsqu’il sacrifiait à Zeus Ktesios, sacrifice auquel il donnait un soin
particulier, ou il n’admettait ni esclaves ni hommes libres étrangers à la famille, mais ou il faisait
tout de ses propres mains, nous y participions, nous touchions avec lui aux victimes et les
déposions avec lui sur l’autel ; avec lui nous accomplissions tous les rites, et il demandait pour
nous la santé et la prospérité, comme il est naturel d’un grand-père... Ce ne sont pas ces faits
seulement qui mettent en évidence que notre mère était fille légitime de Kiron, mais encore la
conduite de notre père et l’attitude des femmes du dème envers elle. Quand notre père la prit en
mariage, il offrit un repas de noces et y invita trois de ses amis en même temps que ses proches ; il
donna aussi aux membres de sa phratrie un banquet solennel, conformément à leurs statuts. Les
femmes du dème, dans la suite, choisirent notre mère avec la femme de Dioklès de Pithos pour
présider aux Thesmophories et accomplir avec celle-ci les cérémonies d’usage."
Isee, VlII, 15-16 ; 18-19, trad. P. Roussel, ed. Les Belles Lettres.
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