Grèce : la société athénienne à l’époque classique
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couronne d’olivier, à cause de la bienveillance dont il a fait preuve à l’égard du peuple athénien ;
de le placer lui et ses descendants parmi les bienfaiteurs du peuple athénien, de lui accorder
l’enktesis ges kai oikias, le droit de combattre aux cotés des Athéniens et l’isotelie pour les
eisphorai . Le secrétaire de la Boulè fera graver ce décret et l’exposera sur l’Acropole. Pour
l’inscription sur la stèle, le trésorier du peuple donnera... drachmes, prises sur le budget affecté
par le peuple aux dépenses concernant les décrets."
Extraits de : M. Austin et P. Vidal-Naquet, Economies et sociétés en Grèce ancienne, Paris, A.
Colin, 1974.
La révolte des soldats athéniens en 411
"Les soldats, pour leur part, tinrent sur le champ une assemblée qui destitua les stratèges
précédents et tous les triérarques suspects, puis nomma à leur place d’autres triérarques et
stratèges, parmi lesquels Thrasybule et Thrasyllos. Les hommes y prenaient la parole pour
s’encourager mutuellement, disant entre eux qu’il ne fallait pas s’inquiéter que la cité eut rompu
avec eux ; car, par rapport à eux, c’était une minorité qui s’était détachée d’une majorité mieux
pourvue à tous égards. Puisqu’ils possédaient en effet l’ensemble de la flotte, ils pourraient tout
d’abord obliger les autres cités de l’empire à fournir l’argent exactement comme s’ils avaient
Athènes pour centre... ; et en second lieu, possédant la flotte, ils pouvaient mieux que les gens de
la ville se procurer le nécessaire. Seule justement, leur position avancée à Samos avait permis aux
Athéniens de disposer jusque-là de l’accès du Pirée, et maintenant eux-mêmes, si les autres
refusaient de leur rendre le droit de cité, allaient se trouver en position de pouvoir les chasser de la
mer plus que d’en être chassés par eux. En outre, l’aide que la ville leur apportait pour vaincre
l’ennemi était mince et sans intérêt ; ils n’avaient rien perdu, avec des gens qui n’avaient plus
d’argent à leur envoyer- les soldats devaient s’en procurer eux-mêmes - ni de décision valable à
leur mander ; or précisément, c’est pour cela que l’Etat commande aux armées.
Sous ce rapport, même, les autres avaient commis la faute d’abroger les lois traditionnelles tandis
qu’eux les sauvegardaient et tenteraient de forcer les autres à y revenir ; ainsi l’armée n’était pas
non plus inférieure quant aux hommes susceptibles de proposer des décisions valables."
Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse,VlII, 76, 2-6, trad. J. de Romilly, ed. Les Belles
Lettres.
Extraits de : M. Austin et P. Vidal-Naquet, Economies et sociétés en Grèce ancienne, Paris, A.
Colin, 1974.
L’activité religieuse du citoyen
"Comme il était naturel du moment qu’il existait des enfants de sa fille, jamais il n’a offert un
sacrifice sans nous ; qu’il fut petit ou grand, toujours nous y assistions et y participions. Et ce n’est
pas à ces seules cérémonies qu’il nous conviait ; mais il nous conduisait toujours aux Dionysies des
champs ; nous assistions aux représentations avec lui, assis à coté de lui, et nous allions chez lui
pour célébrer toutes les fêtes. Lorsqu’il sacrifiait à Zeus Ktesios, sacrifice auquel il donnait un soin
particulier, ou il n’admettait ni esclaves ni hommes libres étrangers à la famille, mais ou il faisait
tout de ses propres mains, nous y participions, nous touchions avec lui aux victimes et les
déposions avec lui sur l’autel ; avec lui nous accomplissions tous les rites, et il demandait pour
nous la santé et la prospérité, comme il est naturel d’un grand-père... Ce ne sont pas ces faits
seulement qui mettent en évidence que notre mère était fille légitime de Kiron, mais encore la
conduite de notre père et l’attitude des femmes du dème envers elle. Quand notre père la prit en
mariage, il offrit un repas de noces et y invita trois de ses amis en même temps que ses proches ; il
donna aussi aux membres de sa phratrie un banquet solennel, conformément à leurs statuts. Les
femmes du dème, dans la suite, choisirent notre mère avec la femme de Dioklès de Pithos pour
présider aux Thesmophories et accomplir avec celle-ci les cérémonies d’usage."
Isee, VlII, 15-16 ; 18-19, trad. P. Roussel, ed. Les Belles Lettres.