Le Journal de la Société canadienne de rhumatologie / 5
MÉTHOTREXATE
La plupart des données sur l’emploi du MTX avant et
pendant la grossesse sont tirées de la documentation sur le
cancer, un champ thérapeutique dans lequel la dose de
MTX est beaucoup plus élevée que dans le traitement des
maladies rhumatismales1,3,5,14,22. Le MTX est emmagasiné
dans les tissus maternels, traverse la barrière placentaire et
atteint le fœtus1. La prise de MTX par la mère avant une
grossesse (trois mois avant dans le cas des maladies rhu-
matismales et jusqu’à six ou sept mois avant dans le traite-
ment du cancer) et pendant la grossesse présente un
risque élevé d’avortement spontané, cause des effets toxi-
ques chez l’embryon et entraîne de nombreuses ano-
malies fœtales et un retard de croissance intra-
utérine1-3,13-23. Les caractéristiques des malformations
observées chez les nourrissons exposés au MTX ou à
d’autres antagonistes de l’acide folique, surtout pendant le
premier trimestre, sont désignées par le terme « syndrome
des aminoptérines »3,18,19,22,23. En outre, on a signalé des cas
d’aplasie médullaire du nouveau-né après l’exposition au
MTX, mais ils pourraient s’expliquer par la prise d’autres
immunosuppresseurs3,13. Chez un nouveau-né de
sexe féminin au caryotype normal, on a décelé aussi des
anomalies chromosomiques (vides et chromosome en
anneau) évoquant, en théorie, un risque accru de cancer
et d’anomalies génétiques chez les descendants1.
Dans le traitement des maladies rhumatismales, le
MTX est contre-indiqué aussi bien chez la femme que
chez l’homme trois mois avant l’arrêt de la contracep-
tion. Le MTX est également contre-indiqué pendant la
grossesse et l’allaitement2-4,13-23. La FDA a classé le MTX
dans la catégorie des facteurs de risque X.
Chez les femmes et les hommes traités par le MTX en
raison d’une maladie rhumatismale et qui souhaitent con-
cevoir un enfant, la grossesse doit être planifiée des mois à
l’avance. Il importe de diminuer progressivement la dose
de MTX (pour prévenir une poussée d’arthrite subséquente
à l’arrêt du MTX) et de remplacer le MTX par un ARMM
pouvant être administré sans danger pendant la grossesse
(sujet discuté dans le présent article ainsi que dans l’article
précédent). La substitution du MTX par un autre ARMM
doit avoir lieu au moins trois mois avant l’abandon de la
méthode contraceptive3,13. Chez les femmes atteintes de
maladies rhumatismales, par exemple d’une maladie du
tissu conjonctif (lupus érythémateux disséminé [LED]), et
chez les rares patientes souffrant d’une forme grave de
vascularite (polyartérite noueuse, angéite allergique de
Churg et Strauss ou granulomatose de Wegener), on
recommande la substitution par un ARMM six mois avant
le moment planifié pour la grossesse. L’atteinte multi-
systémique doit en effet se stabiliser et passer à la
phase quiescente sous l’effet du nouvel ARMM, et ce,
pendant six mois avant le début de la grossesse24,25,29.
Lors de l’arrêt du MTX en vue de la conception, aussi
bien chez l’homme que chez la femme, on recommande
la prise d’un supplément d’acide folique avant le début
de la grossesse et pendant toute la grossesse, car le MTX
est un antagoniste de l’acide folique, et l’on sait que ce
dernier est essentiel à la prévention des anomalies du
tube neural chez l’embryon3,13,26.
Finalement, il faut souligner que, contrairement à ce
qu’on a dit plus haut, on a signalé des cas de nouveau-
nés normaux et en bonne santé après l’exposition acci-
dentelle au MTX in utero (surtout, mais non exclusive-
ment, lors de l’exposition au MTX administré à dose
faible [10 mg par semaine] avant la sixième semaine de
gestation)2,13,14,22,23,27. Ces rapports éparses sur la naissance
de nouveau-nés sains sont de loin dépassés par des
rapports d’effets tératogènes et embryotoxiques graves,
ce qui démontre de façon concluante que le MTX est
contre-indiqué pendant les trois mois qui précèdent la
grossesse, pendant la grossesse et pendant l’allaitement.
Par ailleurs, ces rapports éparses sur les résultats
normaux de la grossesse ne modifient pas les recomman-
dations selon lesquelles les hommes et les femmes qui
prennent le MTX doivent utiliser une méthode de contra-
ception fiable pour prévenir la grossesse2,3,13,14,27.
AZATHIOPRINE (AZA)
L’AZA traverse facilement la barrière placentaire, alors que
le foie du fœtus ne contient pas l’enzyme nécessaire pour
la transformer en son métabolite actif (6-mercaptopurine),
ce qui semble le protéger des effets tératogènes2,3,5,13. On a
retrouvé seulement des traces de la 6-mercaptopurine
(dérivée de l’AZA dans la circulation maternelle) chez le
fœtus1,5,13.
On a employé très fréquemment l’AZA pendant la
grossesse pour traiter des patientes ayant subi la greffe
d’un organe et des patientes souffrant de maladies inflam-
matoires de l’intestin, sans qu’on ait signalé d’anomalies
Lors de l’arrêt du MTX en vue de la conception,
aussi bien chez l’homme que chez la femme, on
recommande la prise d’un supplément
d’acide folique avant le début de la grossesse et
pendant toute la grossesse, car le MTX est un
antagoniste de l’acide folique, et l’on sait que
ce dernier est essentiel à la prévention des
anomalies du tube neural chez l’embryon3,13,26.