daral shaga - Les Quinconces

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daral shaga
Opéra Circassien
Livret
Musique
Mise en scène
Direction artistique
Laurent Gaudé
Kris Defoort
Fabrice Murgia
Philippe de Coen
dossier pédagogique
collèges, lycées
Contact Sophie Tessier, T : +32 474 47 50 25, www.feriamusica.org/daralshaga, [email protected]
1
préambule
L’opéra contemporain Daral Shaga réunit plusieurs langages
Opéra circassien en un acte
artistiques – la musique, les arts du cirque et le théâtre-cinéma -
3 chanteurs
pour refléter la violence de l’exil, du passage de frontière et de la
perte d’identité, avec, à cœur, la volonté de donner une véritable
place à l’acte circassien. Cinq acrobates, trois chanteurs et trois
musiciens forment ainsi le chœur-rumeur des immigrés, de ceux
qui n’ont pas de place dans le monde moderne, ceux à qui on ne
prête jamais la voix. La compagnie Feria Musica, le romancier
Laurent Gaudé, le compositeur Kris Defoort, le metteur en
scène Fabrice Murgia et l’ensemble vocal Silbersee s’inspirent
Le père
La fille, Nadra
L’émigré
Le choeur
3 musiciens
Piano
Violoncelle
des lambeaux de vie laissés à Melilla, Tijuana, Lampedusa, pour
Clarinette
dessiner la figure d’un dieu des immigrés et entrevoir la possibilité
5 acrobates
de passer d’une rive à l’autre sans rien laisser derrière soi.
Ce dossier propose d’aborder avec les élèves tant cette
Distribution
thématique de l’immigration que la façon dont le cirque et l’art
Solistes et choeur Silbersee / Michaela Riener (mezzosoprano),
Maciej Straburzynski (basse & contre-ténor), Tiemo Wang
(baryton)
lyrique parviennent à proposer un regard sur ce sujet d’actualité.
Le dossier s’adresse principalement aux collégiens et lycéens,
suggérant des analyses de textes, d’images et des réflexions
philosophiques. Ce ne sont là que quelques pistes laissant libre
cours à votre inspiration !
Musiciens Fabian Fiorini (piano), Lode Vercampt (violoncelle),
Jean-Philippe Poncin (clarinettes)
Acrobates Anke Bucher, Renata do Val, Mark Pieklo, André
Rosenfeld Sznelwar, Laura Smith
2
en amont du spectacle
Le défi de cette création : réunir le cirque et l’opéra
En 2009, Alain Mercier, directeur de l’Opéra-Théâtre de Limoges propose à la compagnie de cirque contemporain belge Feria Musica de créer
un opéra circassien. Un challenge que Philippe de Coen, directeur de la compagnie souhaite relever, une expérience inédite.
Le renouveau des arts du cirque
Le cirque connaît depuis une quarantaine d’années un
renouveau dans ses formes traditionnelles comme dans ses
formes contemporaines. Le cirque actuel est très divers tant dans
les formats de spectacles, que la taille des équipes, et surtout
les propositions esthétiques. Il bénéficie encore d’une assise
populaire et attire un public toujours aussi nombreux.
Aujourd’hui on parle plus volontiers des Arts du cirque tant les
expressions sont diverses et dans la mesure où les disciplines ont
pris beaucoup d’autonomie : les spectacles pluridisciplinaires
sont plus rares au profit de spectacles axés sur une, ou parfois
deux, trois disciplines. Chaque discipline s’est singularisée,
devenue indépendante des autres, les artistes ont pu creuser la
poétique de chaque technique.
On distingue en général le cirque traditionnel (ou familial) du
cirque contemporain (ou de création), lui-même extrêmement éclaté.
Ce sont les années 1970 avec les mouvements sociaux et culturels
et le déclin du cirque traditionnel qui amènent à une rupture.
L’enseignement du cirque ouvert à tous (et non plus réservé
aux cercles fermés des familles de cirque) est créé par Annie
Fratellini qui ouvre son école en 1974. Dès lors, de nouveaux
artistes apparaissent et avec eux la liberté d’inventer hors de la
tradition : le nouveau cirque est né.
1974 Création de l’Ecole Nationale du Cirque par Annie Fratellini
et de l’Ecole du Carré Monfort par Alexis Grüss.
1979 Le cirque passe du Ministère de l’Agriculture au Ministère
de la Culture
1985 Création du Centre National des Arts du Cirque (CNAC) et
son école supérieure.
Années 1980 Apparition de troupes innovantes (Le Puit aux
images, le Cirque Aligre, le Cirque Bidon, le Cirque Archaos, le
Cirque Plume...).
1995 Spectacle fondateur du «Nouveau Cirque» avec les élèves
de la 7ème promotion du CNAC, «Le cri du Caméléon» en
collaboration avec Josepf Nadj, chorégraphe.
2001 Année des arts du cirque en France
2011 Création du label de Pôle national des arts du cirque par le
Ministère de la culture qui attribue à 12 lieux en France, référents
et structurant pour les arts du cirque.
Rédaction Le Sirque, pôle national des arts du cirque de Nexon - Limousin
3
En parallèle, en Belgique, le cirque est reconnu comme secteur
à part entière des arts de la scène par la Fédération Wallonie
Bruxelles en 1999. Le premier contrat-programme (convention
qui permet à une compagnie de recevoir une subvention annuelle au
fonctionnement) est signé en 2008 avec la compagnie Feria Musica.
Bibliographie, documentation
La fabuleuse histoire du cirque, Pascal Jacob - Le Chêne, 2008
Le nuancier du cirque, Jean-Michel Guy et Julien
Rosemberg, Sceren et Hors Les Murs, 2010
Panorama contemporain des arts du cirque, Véronique Klein
et Pierre Hivernat, Textuel, 2011
Hors Les Murs Centre national de ressources pour les arts
de la rue et du cirque : études, articles, chiffres, dossiers
thématiques... www.horslesmurs.fr
L’opéra et le concept d’art total
Tout au long du XXe siècle, les compositeurs se sont posés la
question du renouvellement de l’art lyrique. Que faire après
Wagner ? Les révolutions musicale, esthétique, artistique qu’ont
fait naître l’œuvre wagnérienne ont marqué les générations
— chacun de ses successeurs a tenté dans son propre style et
sa propre époque de faire la synthèse des apports du Ring, de
Tristan et de Parsifal, que ce soit en France (déjà dans Pelléas et
Mélisande de Debussy), en Angleterre (Britten) et, bien sûr, en
Allemagne (Hindemith, Berg puis Stockhausen).
Révolution musicale : celle de l’écriture ; révolution artistique :
celle du traitement de l’action ; révolution esthétique : celle de
l’œuvre d’art totale, la Gesamtkunstwerk. La fusion entre les
arts, expérimentée avec succès à Bayreuth, propose à l’auditeurspectateur une vision supérieure du spectacle habituel, portée
par sa symbolique et sa signification. Cette fusion est possible
lorsqu’un seul homme est à l’origine de l’oeuvre : dans Parsifal,
créé pour et à Bayreuth, Wagner, déjà librettiste et compositeur,
en plus d’être directeur de festival, donna de nombreux conseils
aux metteurs en scène et remplaça le chef pour la dernière.
Le concept de la Gesamtkunstwerk a largement influencé les
successeurs de Wagner et l’art lyrique en général. Mais le XXe
siècle multiculturel, où tout se confronte, où tout se métisse et
se reconstruit après les grands désastres de la guerre, la culture
contemporaine cesse de chercher dans le symbole un ailleurs
supérieur pour s’intéresser à la réalité du monde qui l’entoure.
Inspirée par les siècles passés, où danse (à l’ère baroque) et
théâtre (à l’ère classique) côtoyaient la musique sur les scènes,
la juxtaposition des arts est devenue un pilier de notre culture.
Mais de tous les arts, cette fois : arts du cirque, arts numériques,
musique(s), littérature… Le spectacle contemporain est avant
tout l’aboutissement d’une recherche entre créateurs. Dans
cette recherche de création, chacun a sa place, dans une totale
cohérence et sans aucune hiérarchie ; on ne cherchera pas à
mettre une musique sur un livret, ni à coller un texte sur une
musique ; on ne cherchera pas non plus à interpréter dans la
mise en scène la volonté du compositeur… Non : le travail entre
compositeur, auteur, metteur en scène, compagnie, interprètes
(acrobates, chanteurs, instrumentistes) est une oeuvre simultanée,
à même échelle.
Rédaction Opéra-Théâtre de Limoges
4
Bibliographie, documentation
Tout l’opéra, de Monteverdi à nos jours, Gustav Kobbé, Réed.:
1999, Robert Laffont
Géographie de l’opéra au XXe siècle, Hervé Lacombe, Fayard, 2007
Les liens entre le cirque et l’opéra, le cirque et la musique
Fondée par un trapéziste et un musicien, Feria Musica fait
de l’alliance musique et acrobatie sa marque de fabrique.
Entre impulsions réciproques et réponses inattendues,
chacune contribue en interdépendance à l’éveil des émotions
chez le spectateur. La musique n’est pas perçue comme un
accompagnement de l’action mais comme une partie intrinsèque
et une composante de la dramaturgie. Sans renfort de cuivres
ni roulement de tambour, la musique surprend, suit la piste
résolument contemporaine de la compagnie, par des détours
vers l’improvisation, sur des rythmes qui voyagent, lancinent,
s’envolent.
Feria Musica se doit de maintenir un cap, de continuer à faire des
propositions différentes pour ouvrir le cirque à d’autres champs
d’explorations, d’autres techniques, pour que jamais le cirque ne
« reste à sa place » justement. C’est ce qui me semble essentiel si le
cirque veut prétendre à être un art à part entière.
Interview de Philippe de Coen réalisé par Hubert Amiel, blog de la compagnie
> A partir de recherches autour du cirque contemporain et de
l’histoire du cirque, identifier les éléments qui ont pu être un
frein à la reconnaissance du cirque comme « art à part entière », et,
en parallèle, retrouver les éléments qui positionnent le cirque
aujourd’hui comme un art de la scène au même titre que le
théâtre, la danse et la musique.
> Travailler sur ce qui peut rapprocher le cirque de l’opéra, et,
inversement ce qui les différencie. En quoi serait-ce un défi
de les réunir ?
> Proposer aux élèves, par petits groupes, de repérer des
spectacles où le cirque et la musique se côtoient et de
comparer les démarches, à partir d’extraits vidéo, d’articles de
presse et des sites internet des compagnies.
Bibliographie, documentation
Compte-rendu du Focus Cirque et Musique, circostrada.org
Cirque Plume, www.cirqueplume.com
Cirque Trottola, www.cirque-trottola.org
Cridacompany, www.cridacompany.org/site
Circa Tsuica, www.cheptelaleikoum.com/
Deux hommes jonglaient dans leur tête, spectacle de Jérôme
Thomas et Roland Auzet, www.jerome-thomas.fr/
Sinué, spectacle de Feria Musica, reportage Une Vue de
musiciens, //www.youtube.com/watch?v=ZWQQbTwhiqU
5
La compagnie Feria Musica
Emmener ce cirque ailleurs. Ailleurs, c’est-à-dire là où le
spectateur ne l’attendra pas. Vers une zone trouble. Une sensation
inconnue.
Faire se rencontrer acrobates et musiciens, acrobates et
chorégraphes, constructeur ingénieux et homme de théâtre.
Réunir des artistes hétéroclites prêts à s’embarquer dans
l’aventure d’une création et tenter de s’émanciper de leur propre
technique.
Renouveler l’agrès, explorer ses possibilités au-delà de
l’accomplissement de la figure parfaite. Fouiller le connu pour
extraire le singulier.
Raconter. Sans guider le spectateur dans une histoire terre-àterre. Traduire par tel ou tel acte acrobatique, léger ou violent,
petit ou grandiose, un regard porté sur tel ou tel agissement
quotidien, néfaste ou anodin, condamné ou encensé.
Mettre en musique, y accorder une attention toute particulière.
Une musique vivante, créée en interaction permanente avec
l’acrobatie, pour impulser, répondre, suggérer.
Voir les choses en grand, occuper les plateaux, construire des
agrès-monuments. Et oser le rassemblement d’un groupe.
Etre plusieurs, être nombreux, pour toucher au plus près nos
fragilités, nos émotions et nos envies.
1995 Création de Feria Musica à Bruxelles • 1997 Liaisons
dangereuses, Dirk Opstaele • 2000 Calcinculo, Dirk Opstaele •
2004 Le vertige du papillon, Fatou Traoré • 2009 Infundibulum,
Mauro Paccagnella • 2010 Prix SACD du spectacle vivant • 2012
Sinué, Mauro Paccagnella • 2014 Daral Shaga, Fabrice Murgia
> Proposer aux élèves, à partir de ce texte, de mettre en avant
la démarche spécifique que développe la compagnie dans le
milieu des arts du cirque.
Pour cet exercice, l’analyse du texte peut être accompagnée
d’une étude de l’annexe 1 (portrait de la compagnie publié
dans l’ouvrage « Panorama des arts du cirque »), et d’une visite
sur le site internet de la compagnie www.feriamusica.org
> A la lumière de ce texte et du précédent texte sur la
musique, qu’est-ce qui, dans le discours de la compagnie,
semble la mener logiquement à la création d’un opéra ?
6
Daral Shaga
Parce que nos villes regorgent de regards exilés à apaiser, parce que le cirque, art de l’obstination à l’extrême, gagne à poursuivre ses incursions
sur de nouveaux territoires, parce que réunir auteur, compositeur, metteur en scène, acrobates, chanteurs, musiciens, nous donne l’audace
d’avancer, nous choisissons de forger l’utopie de Daral Shaga à plusieurs voix.
Le parcours de création
Début 2011 Après plusieurs temps d’échange avec Alain Mercier,
nous mettons le projet en marche
Mai 2011 Rencontre avec le compositeur Kris Defoort
Sept 2011 Rencontre avec le librettiste Laurent Gaudé
Oct 2012 Laurent Gaudé débute l’écriture du livret, plusieurs
étapes de dialogue auront lieu jusqu’à la version finale d’avril 2014.
Nov 2012 Rencontre avec le metteur en scène Fabrice Murgia
Avril 2013 Première rencontre avec l’ensemble Silbersee
Eté 2013 Auditions des chanteurs, rencontre avec les musiciens
choisis par Kris, choix de l’équipe acrobatique et technique
Automne 2013 Premiers ateliers de recherches acrobatiques,
construction du décor, début de l’écriture musicale
Janvier, février 2014 Cinq semaines de création à Bruxelles avec
l’équipe acrobatique et Fabrice Murgia
Avril 2014 Deux semaines de création à Bruxelles, présentation
d’une étape de travail
Mai 2014 Premières répétitions des chanteurs
Août 2014 Dix jours de création à Bruxelles = première période
de travail avec acrobates, chanteurs et musiciens réunis
Sept 2014 Quatre semaines de création à Limoges et premières
> Lecture de la rubrique « Coulisses de la création » en ligne :
http://www.feriamusica.org/daralshaga/coulisses/ (annexe 2) et
jeu de l’oie (annexe 3) afin de cerner les différentes étapes du
montage d’un spectacle, au-delà de l’aspect artistique.
> Analyser le terme «utopie» et cerner son double sens dans
le discours de la compagnie : en quoi le spectacle, dans son
contenu et dans son montage, peut-il constituer une utopie ?
Le point de départ : le texte
C’est suite à la lecture d’Eldorado que la compagnie Feria Musica
choisit de contacter Laurent Gaudé pour l’écriture du livret.
Résumé
L’émigré rentre chez lui. Il veut repasser par chaque poste
frontière, chaque gare traversés quelques temps plus tôt, alors
qu’il avançait, assoiffé, vers son eldorado.
De l’autre côté, au pays des jours lents, Nadra et son père sont sur
le départ. Ils vont avancer, eux aussi, pas à pas, vers un ailleurs
meilleur. Mais le chemin épuise le père et poussera Nadra à
passer la frontière seule, laissant bien plus qu’une maison et
quelques valises derrière elle.
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L’émigré poursuit sa route, guidé par son désir de retrouver
une dignité, de racheter en quelque sorte les dérapages passés,
vécus au cœur d’un voyage inhumain. Et le chœur des immigrés
le hante de ses questions incessantes. Où vas-tu ? Il marche à la
recherche de cette part perdue de lui-même, jusqu’à rencontrer
le père de Nadra au pied de la grille, ce père qui deviendra sage
capable de voir ce que les immigrés laissent derrière eux, leur
permettant alors de tout réunir et de tout emporter.
Extraits
Nadra et son père quittent leur terre, pour échapper aux jours lents.
Regarde-le longtemps,
Ce que tu ne peux pas prendre avec toi.
Emmène-le en pensée,
Ce qui ne rentre pas dans tes poches.
L’émigré rentre. Nulle part est chez lui.
Le choeur questionne, et se projette, prêt à affronter la grille.
Où vas-tu, alors ?
Là où j’ai perdu un peu de moi.
(...)
Toi, moi,
Et des milliers d’autres,
Aimantés par les lumières,
Sans fatigue,
Concentrés sur l’idée qu’il est des terres,
Là-bas,
Où l’on ne souffre pas
(…)
Tous nos voyages,
Tous nos efforts
Nous mèneront à ce point :
La grille.
Qui ne laisse passer personne sans le saigner.
Daral Shaga naîtra de regards et d’un passage impossible.
Daral Shaga.
Le vieil homme qui ne meurt pas.
Texte édité chez Actes Suds Papiers, suivi de Maudits les innocents.
> Analyser quelques extraits avec les élèves, les mettre en
parallèle avec l’extrait d’Eldorado (annexe 4).
> Imaginer l’action possible des acrobates pendant tel ou tel
passage.
> On pourra également s’attarder sur les évocations du titre.
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La thématique : l’immigration
Photos : caméra-surveillance (web), le mur et la peur (Gaël Turine)
Texte et schéma (Amnesty International)
Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de
bénéficier de l’asile en d’autres pays. (Article 14-1,Déclaration universelle des droits de l’homme)
L’Union européenne s’entoure de murs. Barrière-frontière de Ceuta
et Melilla, clôture de Bulgarie ou de Grèce. L’Union européenne
transforme ses frontières en murs. Murs de la surveillance, physique,
policière et technologique. L’Union européenne consolide ses murs
naturels. La Méditerranée est aujourd’hui un lieu de contrôle des
personnes déracinées qui tentent de la franchir, avant même d’être
un espace de sauvetage des vies perdues, abandonnées et fragiles
dans cet élément.
Au pied de chacun de ces murs, des êtres humains. Certains en
quête de protection fuyant les persécutions, un conflit, une violence
généralisée. D’autres à la recherche d’une autre vie. Tous sont
semblables au pied de ces murs, de ces barrières, de ces frontières :
fragiles et vulnérables, avec leur dignité comme ultime protection.
9
Extraits - Le droit d’émigrer, Catherine Wihtol de Wenden, CNRS Ed.
Aux Nations-Unies, l’ancien secrétaire général, Kofi Annan, a
appelé, depuis le milieu des années 2000, à un dialogue constructif :
« Depuis qu’il y a des frontières, les hommes les franchissent pour
visiter les pays étrangers, mais aussi pour y vivre et y travailler…
L’histoire nous enseigne que les migrations améliorent le sort de
migrations Sud-Sud, 37 millions de migrations Nord-Nord et 40
millions de migrations Nord-Sud. Le premier constat que l’on peut
tirer de ces chiffres est que le Sud attire aujourd’hui presque autant
de migrants que le Nord : 75 millions pour le Sud contre 113 pour le
Nord au début des années 2000 et 114 pour le Sud contre 134 pour
le Nord aujourd’hui.
ceux qui s’exilent mais font aussi avancer l’humanité toute entière…
Tant qu’il y aura des nations, il y aura des migrants. Qu’on le veuille
ou non, les migrations continueront, car elles font partie de la
vie. Il ne s’agit donc pas de les empêcher, mais de mieux les gérer
et de faire en sorte que toutes les parties coopèrent davantage et
comprennent mieux le phénomène. Les migrations ne sont pas
un jeu à somme nulle. C’est un jeu où il pourrait n’y avoir que des
gagnants. »* L’approche « win win win » est désormais lancée. En
2009, le Programme des Nations Unies pour le Développement
> Proposer une analyse du corpus de documents ci-dessus.
> Recherche sur les « murs » frontières existants et passés dans le
monde et proposer des exposés par groupes : relater l’histoire de
ces murs, les chiffres, la situation politique, les perspectives.
> On peut proposer la même chose aux élèves sur les camps de
réfugiés (Irak/Syrie, Lampedusa, Liban, Tchad, Népal).
> Projet de rédaction : imaginer le trajet d’un migrant de sa ville
d’origine à sa destination rêvée.
(PNUD) dans son rapport intitulé « Lever les barrières »**, souligne,
chiffres à l’appui, que la mobilité est un facteur essentiel du
développement humain.
(...)
Bibliographie, documentation
Sur les presque 7 milliards d’habitants que compte la planète,
Atlas des migrations, un équilibre mondial à inventer, C.
près d’un milliard est en situation de mobilité interne (pour 740
millions d’entre eux) ou internationale (240 millions). Au début
des années 2000, alors que l’on comptait 190 millions de migrants
internationaux, les Nations Unies comptabilisaient 63 millions
de migrants Sud-Nord, 62 millions de migrants Sud-Sud, 50
millions de migrants Nord-Nord et 14 millions de migrations NordSud. En 2011, pour 240 millions de migrants internationaux, on
comptabilisait 97 millions de migrations Sud-Nord, 74 millions de
* Les migrants font avancer l’humanité, Le Monde, 9 juin 2006
** PNUD, Lever les barrières : mobilité et développement humain, 2009
Whithol de Wenden, Ed. Autrement
Kingsley, carnet de route d’un immigrant clandestin, Olivier
Jobard, Florence Saugues, Ed. Marval
Le mur et la peur, Gaël Turine, Actes Sud
Numéro 23 du magazine Exils, Amnesty International : http://
www.amnesty.fr/sites/default/files/exils_23.pdf
Site internet Arte / Refugiés http://info.arte.tv/fr/refugies
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Les notes d’intention
Philippe de Coen - le cirque
Daral Shaga superpose les écritures, et positionne l’acrobatie
comme un vecteur émotionnel fort aux côtés de la musique et du
chant. Le cirque vient ici chorégraphier l’abandon, la détermination,
l’espoir, la désillusion, l’obstination...autant de thèmes liés au sujet
choisi, la quête d’un Eldorado. (...)
Le cadre coréen associé au trampoline est au coeur du dispositif
scénographique. Nous abordons ces disciplines aériennes, ainsi
que la technique du contrepoids et la chaîne, pour transcender
l’immuabilité du mur, et permettre aux corps emprisonnés d’évoluer
vers une légèreté. Nous souhaitons aussi, dans cet espace cerné
qu’est le trajet d’un immigré, rentrer dans l’intimité d’une relation
par la discipline du main-à-main.
© Hubert Amiel
Kris Defoort - la musique
La relation entre Nadra et son père est très marquante, je crée une
musique tendre et déchirante. Leur parcours, la perte d’identité
progressive, le retour de l’émigré, installent pour moi une
empreinte mélancolique constante. (...)
L’équilibre de la palette sonore est assuré, entre le violoncelle et
la clarinette (et clarinette basse) qui peuvent parfois se fondre en
un seul instrument et prendre une couleur très intime, et le piano
qui satisfait toute mon imagination orchestrale et harmonique. Ma
palette s’étend de la musique de chambre à l’éclatement orchestral,
pour créer une musique nourrie de toute ma mémoire musicale,
du baroque au jazz jusqu’à la musique contemporaine, pouvant
s’inspirer de sonorités arabisantes et balkanisantes.
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Fabrice Murgia - la mise en scène
Daral Shaga est l’histoire d’un ultime effort au pied d’un mur. Une
collision entre deux enfermements, entre l’espoir et la désillusion, le
rêve et la réalité. (...)
La présence multiple des personnages, avec les chanteurs, acrobates,
musiciens, et la vidéo, témoigne d’un chant collectif : celui des êtres
meurtris par l’exil. Daral Shaga est la partie d’entre eux, la partie
d’eux, restée entre ici et là-bas, accrochée aux murs de fils barbelés
qui enferment les uns et les autres.
> S’attarder sur l’image proposée par la compagnie pour
présenter le spectacle dans les programmes, observer sa
symbolique. On pourra proposer aussi les images de répétitions
ci-contre pour éclairer les élèves sur les agrès de cirque et le
dispositif vidéo.
le cadre coréen associé au trampoline
le contrepoids
le main-à-main
la chaîne
© Hubert Amiel
> Essayer de dégager les émotions et sentiments que les différents
intervenants du projet souhaitent évoquer. Compléter la liste à
partir du travail mené plus haut sur le thème de l’immigration.
Etablir une corrélation entre ces émotions et le cirque.
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au retour du spectacle
© Hubert Amiel
Scénographie
> Décrire et analyser la scénographie, se remémorer les 3 tableaux
du spectacle et dégager les étapes du récit.
> Relier cette analyse aux réflexions menées en amont du spectacle :
en quoi cette scénographie est-elle une scénographie de cirque ? En
quoi est-elle porteuse de sens par rapport au parcours des migrants
? Quel est l’apport des caméras ?
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Les scènes et les personnages
Scène 14 - Adieu (Nadra et le père)
© Hubert Amiel
Scène 9 - Je suis une ombre maintenant (l’émigré)
> Décrire la scène, qu’évoquent les artistes de cirque à l’arrière ?
> Résumer le parcours de l’émigré, ses différentes positions
dans l’espace de jeu, la musique qui l’accompagne. Pourquoi sa
position est-elle particulière ?
Daral Shaga, le dieu des immigrés
> Discuter de la symbolique du père devenu Daral Shaga.
> Proposer une recherche autour des divinités liées à la notion de
voyage (Hermès, Ulysse, Adéona et Abéona).
> Synthétiser les analyses sur l’émigré et le père par une réflexion
sur la mort dans l’œuvre de Laurent Gaudé, à partir aussi des
romans La Mort du Roi Tsongor et Danser les ombres. (annexe 6)
> Décrire la scène d’adieu, interpréter le choix de mise en scène
et du gros plan vidéo, le texte (annexe 7), et la musique ?
> Résumer le parcours de Nadra et de son père, qu’évoque le
choix du père ?
> Demander aux élèves de rechercher d’autres scènes d’adieux
en littérature et ainsi découvrir les façons de traiter ce genre de
scène, souvent lié au registre de la tragédie, les analyser et les
confronter (voir en annexe 8 les adieux des frères dans Eldorado,
et ceux de Jean Valjean à Cosette dans les Misérables).
> Commenter cet extrait d’interview de Fabrice Murgia : « une grande
notion d’espoir se dégage du fait que ce soit une fille qui passe, dans
le fait qu’un père se laisse abandonner, L. Gaudé a imaginé une forme
de passation du monde et une utopie magnifique.»
14
La musique
> Quels genres de musique les élèves ont-ils reconnu (cf note
d’intention de Kris Defoort) ? Les élèves ont-ils repéré des
changements en fonction des personnages impliqués dans les scènes,
en fonction des scènes elles-mêmes et de l’évolution du récit ?
> Discuter de la place de la musique, son apport aux différents
tableaux du spectacle, les émotions qu’elle crée.
> Quel sens peut-on voir dans la position des musiciens au coeur
de la scénographie ? Quel rôle peut-on attribuer aux musiciens
dans certaines scènes ?
> Commenter cet extrait d’interview de Fabrice Murgia : « Kris
donne les énergies principales au spectacle, la musique raconte
quelque chose que le texte ne raconte pas forcément, et la mise
en scène doit aussi raconter autre chose.»
Le défi de conjuguer les arts
> Interroger les élèves sur le défi de conjuguer les arts et ce qu’il
en résulte pour Daral Shaga. En quoi ce choix est-il intéressant
par rapport au thème de l’immigration ?
> Comment cette thématique ressort-elle dans le spectacle ? Que
semble dire le spectacle à ce sujet ? Que peut-on apprendre ?
Prolongations : projets de rédaction
> Imaginer un épisode de la vie de Nadra après le passage de la
grille.
> Imaginer les actions de Daral Shaga dans une scène future.
> Imaginer les retrouvailles de Nadra avec son père devenu
Daral Shaga.
> Commenter cet extrait de presse (Laurent Bourdelas, France
Bleu Limousin) : « Daral Shaga dit tous les murs, toutes les
frontières, depuis toujours : le limes, le mur de Berlin, le mur
« de sécurité » construit par Israël, celui entre le Mexique et les
Etats-Unis… ceux qui séparent les nantis des métèques, des
barbares… Etranges étrangers. Ceux qui parlent une autre langue.
Nos frères. Ceux à qui la mise en scène nous confronte lorsqu’ils
frôlent les spectateurs. Oublier cette humanité, c’est permettre
le surgissement d’autres grilles, comme celles qui entouraient
Auschwitz, si fortement suggérées par les corps inertes plaqués
contre la grande barrière érigée sur la scène. (...) Daral Shaga dit
le réfugié, l’exilé, dans toute son humanité quand tant voudraient
le faire apparaître comme d’abord suspect. Mais est-il encore
temps ? »
> Disserter sur la question du droit d’asile et/ou du droit
de circuler librement. « Toute personne est libre de quitter
n’importe quel pays, y compris le sien ». (article 2 du protocole
additionnel n°4 à la Convention de sauvegarde des droits de
l’homme et des libertés fondamentales.)
15
Annexes
1. Portrait Feria Musica
2. Coulisses de la création, journal
3. Jeu de l’oie
4. Eldorado, Laurent Gaudé, extrait
5. Daral Shaga, scène 9
6. La mort chez Laurent Gaudé
(La Mort du roi Tsongor, extrait, et Danser
les ombres, extrait)
7. Daral Shaga, scène 14
8. Scènes d’adieux
© Hubert Amiel
(Eldorado, extrait, les Misérables, extrait)
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ANNEXE 1 – PORTRAIT EXTRAIT DU PANORAMA
CONTEMPORAIN DES ARTS DU CIRQUE
ANNEXE 2 - LES COULISSES DE LA CREATION, JOURNAL
http://www.feriamusica.org/daralshaga/coulisses/
PREMIERE SEMAINE, EFFERVESCENCE
Comment vous faire palper l’effervescence qui règne au Centre communautaire de Joli
Bois en cette première semaine de création ? Comment ne pas cacher notre excitation
à rentrer dans le feu de l’action ?
Les acteurs de l’ombre
Les journées sont trop courtes, les idées fusent. Le matin, Philippe (directeur
artistique) arrive tôt, très tôt (7h30) pour finir d’assembler les éléments de
scénographie avec Bruno (constructeur : scénographie et machinerie) et Joachim
(régisseur général). Quand Mark, Laura, Renata, André et Anke (acrobates) arrivent à
10h, Bruno en chemise rouge, Philippe en pantalon de travail et Joachim en casquette
sont affairés à percer, accrocher, déplacer, planifier.
Dans un coin de la salle, une « chambre noire » a été aménagée pour la préparation
des lumières et des effets vidéo sur la maquette. De drôles de personnages – petits
chevaliers ou mini Schtroumpfs – ont pris place sur cette maquette, pour figurer les
acrobates, les chanteurs et les musiciens. Emily et Giacinto (création lumière vidéo)
passent beaucoup de temps dans leur « chambre » mais circulent aussi pas mal « là
où ça se passe » pour pointer les lumières, découvrir les techniques de cirque et la
recherche acrobatique qui démarre.
De la dramaturgie…
Fabrice (metteur en scène) arpente l’espace de long en large, d’une table à l’autre,
d’un interlocuteur à l’autre, d’un écran à l’autre. Il aménage des temps de
« dramaturgie » avec les acrobates et le dialogue s’installe sur la thématique du
spectacle, sur les contraintes liées au travail acrobatique, les possibilités d’éclairage,
de costumes…
L’équipe regarde ensemble « La Forteresse », reportage sur un centre de requérants
d’asile situé à Vallorbe (Suisse). Fabrice souligne la situation d’un jeune Africain qui
craque aux côtés du directeur du centre : « je ne sais plus pourquoi je suis là ». Cette
notion d’égarement, d’effacement, de perte de sens guide la création de Daral Shaga.
Les mots du livret résonnent :
Le père : Regarde-le longtemps,
Ce que tu ne peux pas prendre avec toi.
Regarde-le longtemps,
Ce qui ne rentre pas dans tes poches…
(…)
L’émigré : Je suis là,
Maintenant,
Parmi eux.
Je vois les lumières qui ne s’éteignent jamais.
La richesse et le confort
Et tout cela m’écrase.
… aux corps
Youri (formateur au cadre coréen / trampoline) travaille chaque après-midi avec les
acrobates et déjà, les allers-retours de la voltigeuse entre son porteur et le trampoline,
les mains tendues l’un vers l’autre, cette fraction de seconde suspendue entre le
rebond et l’attrape, nous évoque la difficulté de laisser derrière soi, comme une envie
intime de revenir, mais aussi le mouvement perpétuel de l’obstination.
La semaine se ponctue également de temps de recherche en main-à-main et
contrepoids. Fabrice aimerait mélanger les deux pour créer le trouble au milieu des
portés par de brefs temps de suspension.
Le premier test avec la caméra Go pro sur Renata, agrippée au dessus d’André est
probant, cela crée un plan sur le visage du porteur, marqué par l’effort. Anke a aussi
installé sa chaîne et suscite l’envie de travailler sur le contraste entre la violence de
l’agrès et la douceur des mouvements.
Première semaine / le medley !
Des milliers de réflexions, d’ajustements et de petits événements ont jalonné cette
première semaine. Donnons quelques indices en vrac ! Il a été question d’un mur de
chaines, d’un tapis de danse blanc, de l’achat d’un vidéoprojecteur, de bonnets de
piscine, d’un univers visuel feutré, de touches fluo, de machine à fumée, d’un
martèlement, d’une semaine de répétition à décaler, du tournage d’un teaser, de cases
dramaturgiques, de tableau des noyés, de danger.
DEUXIEME SEMAINE, STRUCTURER
Lundi, rendez-vous à Wolubilis, pour fixer la prochaine période de travail prévue en
avril 2014. Nous serons donc dans un théâtre ! C’est une donnée importante pour
pouvoir travailler les lumières et la vidéo dans de bonnes conditions.
Prendre en main les caméras
A Joli Bois les expérimentations acrobatiques se poursuivent dans une rencontre de
plus en plus rapprochée avec la vidéo. Les acrobates apprennent à manier les
caméras tandis qu’ils sont suspendus à des systèmes de contrepoids, ils se filment
entre eux, pour obtenir un point de vue sur leur visage, sur leurs mains.
Etablir la structure
Mardi matin, une nouvelle réunion « dramaturgie » permet à Fabrice de présenter la
structure globale du spectacle, structure encore à l’épreuve, qui sera remise à Kris
Defoort, avec des timings précis pour la composition de la musique. Les intentions du
metteur en scène sont très claires pour les premières séquences : plonger le
spectateur dans une ambiance de favela grouillante et montrer les prémices du
déracinement. Il souhaite également faire entrer progressivement le public dans les
codes de l’opéra et que le chant ne soit pas présent d’emblée.
Choisir les matériaux
Côté construction et scénographie, l’heure du point budgétaire a sonné ! Nous
sommes dans les clous pour l’instant mais nous n’avons pas encore trouvé des
solutions pour chacune de nos idées éclatantes. C’est notamment la grille du final qui
pose question : utiliserons-nous des filets de réception acrobatiques, des barbelés, des
balises de chantier pour créer un espace complètement clos ? Quant au sol, l’idée
première d’utiliser des particules de liège, pour laisser des traces du voyage sur les
corps, les tissus, est abandonnée, au profit de la tourbe…L’essentiel est d’insuffler à
l’image globale une unité visuelle forte, en recouvrant les matériaux disparates actuels
(bois, métal, cordes) d’une même texture.
Participer à la promotion
Jeudi soir, nous tournons un teaser. La journée est longue. La fatigue se fait ressentir.
Nous attendons que la salle de Joli Bois soit plongée dans le noir pour recréer
quelques ambiances prévisionnelles du futur spectacle. Après quinze jours de travail,
la tâche est difficile mais les démons de la promotion ne nous laissent pas le choix !
La séance se termine sur une session de course et chutes « freestyle » sur notre plan
incliné transformé en rampe acrobatique, les derniers souffles d’énergie sont lâchés.
Vendredi repos bien mérité, avant le workshop animé par Claudio Stellato. Rendezvous en troisième semaine !
lâche et qui est récupéré par les autres ». Claudio encourage les acrobates à explorer
le déséquilibre, à trouver des mouvements amples. L’improvisation jusqu’à
l’épuisement est sa méthode : pour découvrir ce qui se passe au-delà, parvenir à
échapper aux inhibitions. Tranquiiiiiiiiille.
Nous partons
Mercredi, Fabrice choisit de travailler le texte avec les acrobates. Mots en bouche,
rythme, mémoire, voix, répétition. Nous vous avions prévenu, les acrobates seront
sollicités vocalement pendant le spectacle, ça commence aujourd’hui !
Toi, moi,
Et des milliers d’autres,
Nous partons,
En pleine nuit…
Le ciel est vaste
Nous partons, (…)
Quelques jours de pause en fin de semaine : les corps en ont besoin. Renata et André
entonnent des chants au yukulélé sur un air de week-end.
Premier public
Dimanche 2 février, pour la première fois alors que la compagnie répète depuis 15 ans
au Centre Communautaire de Joli Bois, nous présentons au public de la commune de
Woluwé-Saint-Pierre l’état de nos recherches acrobatiques : la chaîne, le contrepoids
filmé, le main-à-main, le cadre coréen. Moment fort pour ce passage au cadre : un peu
accidentellement Mark rattrape Laura de dos, par les aisselles. Ce geste nous
interpelle tous, l’intention de Fabrice est de le travailler pour obtenir cette sensation de
rattrape dans l’urgence, l’inattendu. Comment recréer cette impression une fois la
figure répétée ?
QUATRIEME SEMAINE, TOURBE
TROISIEME SEMAINE, LÂCHER, RECUPERER
Un élément de scénographie fait son apparition : la grille. Un simple tronçon, nu,
similaire à une échelle, est accolé au trampoline. Elle se dresse, majestueuse et
douloureuse. De sérieuses choses s’annoncent.
Explorer le déséquilibre
Les après-midis sont consacrés aux recherches chorégraphiques guidées par Claudio
Stellato. Il explore les traversées possibles de la pente (plan incliné) en lien direct avec
les idées d’obstacle, d’épuisement, d’effacement. Les mains s’agrippent. La contrainte
de la lenteur est donnée le deuxième jour, et crée des déplacements graves mais
solidaires. La grille est exploitée aussi pour des ascensions empêchées : « un qui
La grille.
Qui ne laisse passer personne sans le saigner.
Les acrobates répètent un trajet vers la grille avec Fabrice. Il leur demande de crier, de
clamer un passage du livret puis finalement de chanter une comptine dans leurs
langues respectives tout en grimpant fiévreusement, doucement.
Traversées en rafale
Les envies, les idées ont germé pendant trois semaines. Phase de test. Les femmes
portent les hommes. Le système de contrepoids pourrait-il créer l’illusion d’une voltige
masculine au-dessus d’un corps de femme ? Des chutes au trampoline par dizaine
sont mises en parallèle avec des dérapages sur la pente. Le groupe laisse échapper
quelqu’un pour le rattraper immanquablement. Les traversées sont travaillées au sol
puis sur la pente, en silence, en criant, en chantant. Les caméras s’insèrent par
moment, proches des mains, des peaux et des regards.
S’arrêter sur la tourbe
Les matières prennent forme. Avant la reprise de la création en avril, les tronçons de la
grille métallique seront recouverts d’une peinture rouillée. L’utilisation de la tourbe au
sol, déposée sur de la toile de jute, n’est plus une rumeur…
Du choeur à l’ouvrage
Mercredi matin, deux de nos trois chanteurs nous rejoignent pour trois jours de training
physique. Nous accueillons Maciej et Tiemo, impatients et curieux. Se prêter au jeu
des portés, du trampoline, de la grille et du contrepoids ne ressemble pas à une
épreuve pour nos deux membres de l’ensemble VOCAAL LAB, habitués à chanter
dans l’effort, le repli, la contrainte. Si nos deux nouvelles silhouettes n’évoluent pas
avec la même souplesse ni la même force que les corps acrobates, leur volonté et leur
puissance vocale émeuvent.
Pas de musique écrite encore. Quelques extraits enregistrés chez Kris pour notre
teaser – premières pistes et improvisations – ponctuent les répétitions. Déjà le
contraste est beau entre la mélancolie des notes et la brutalité des gestes. Maciej et
Tiemo s’imprègnent du texte avec Fabrice, pressés de pouvoir, fin avril, mettre des
notes sur les mots.
Déracinés
Dernier jour. Nous quittons Joli Bois pour quelques heures. Un spectacle se joue au
Théâtre National de Bruxelles, avec de la tourbe au sol. Nous avons l’opportunité de
passer une matinée au contact de cette terre humide. Des ambiances de rituel, de
départs sont improvisées. Hubert, assistant à la mise en scène et photographe, extrait
quelques clichés prenants de cette séance hors du temps. La présence de la tourbe
crée des couleurs rougeoyantes, des salissures âpres et mystérieuses. Les images du
futur spectacle sont (presque) là.
Séances de visionnage
Matinée musicale pour les acrobates, Kris Defoort a été filmé jouant au piano et
interprétant les premières partitions chantées de sa composition ! Certains diront que
cette version à usage éphémère est « collector ». En attendant les répétitions des
chanteurs fin avril, la voix enrouée de Kris nous suivra pour toute cette deuxième
période de création.
On sélectionne sur vidéo les moments acrobatiques retenus en janvier. Les séquences
sont baptisées grappe, tremblement de terre, échappée, fracasse, boule, Jésus…
Naissance d’un vocabulaire interne à manier avec distance !
Des images saisissantes
Fabrice teste les scènes une par une, avec les éclairages et la vidéo, projetée tantôt
sur le tulle ou le cyclorama, tantôt sur le plastique ou sur la pente. Première scène :
atmosphère grave d’un rituel de départ autour du feu, fausses larmes et émotion du
dernier texto envoyé. Jour après jour, Fabrice, Emily et Giacinto façonnent les images
du spectacle, feutrées, brumeuses, troubles, bleutées, désertiques, éblouissantes.
La visite
Jeudi, Kris, accompagné par Laurent Gaudé, de passage à Bruxelles, assistent aux
répétitions, comment perçoivent-ils la façon dont l’équipe s’approprie l’histoire de Daral
Shaga ? Des micros ont été placés sur le plateau, la pente est sonorisée, les pas des
acrobates sont des coups de tonnerre. Une interaction entre la lumière et la voix des
chanteurs est prévue, pour faire vibrer les rayons lumineux au son des vocalises.
Les manipulations de la scénographie d’une position à l’autre prennent encore du
temps. Les gestes s’impriment, répétés puis optimisés, la mise en scène patiente,
bouillonnante, trépidante. Enfin, à 18h, la bière irrigue la fourmilière, aux terrasses du
Cook & Book.
« Acharnez-vous ! »
Il est question de bambous de 3 mètres, que l’on heurte à la grille, que l’on assemble
en abri, que l’on s’échange prudemment. La grille face public est massive, il devient
soudain évident qu’elle arrive trop tôt dans le spectacle et que son apparition doit être
plus brève. Enième amendement au conducteur du spectacle, Hubert n’a pas fini de
prendre des notes…
CINQUIEME SEMAINE, TREPIDANTE
Premier montage en théâtre
Les jours sont comptés car nous louons la salle dans laquelle nous répétons. Un jour
de montage n’est pas suffisant. Quand les acrobates arrivent le 8 avril, il faut encore
ajuster les différents modules de scénographie, pointer les lumières, tester les 3
positions de la scénographie. L’axe de la deuxième position est modifié pour améliorer
le point de vue du spectateur. La tourbe est attendue pour mercredi.
SIXIEME SEMAINE, CONCENTRES SUR L’IDEE…
… que nous présentons une étape de travail vendredi !!
Le retour de Claudio
Chaque matin, les acrobates recherchent les mouvements susceptibles de révéler la
dureté du trajet, à partir des indications de Claudio Stellato. Ils courent, s’épuisent,
s’accrochent les uns aux autres pour avancer, s’empêcher d’avancer, passer le
premier. Chorégraphie brutale de corps qui s’acharnent, au sol d’abord, puis sur la
grille. Ils explorent la fluidité, la rapidité, les ruptures de rythme, les traversées furtives
sur de courtes distances.
Suggérer le danger
Lundi, le cadre coréen est travaillé avec la Go Pro dans deux positions différentes, les
plans se centrent sur le visage de Laura, les mains, le rituel de la magnésie. Lumières
d’apparat derrière le plastique, puis ambiance glaçante pour les gestes accidentels à
falsifier. A la chaine, Anke est amenée à confronter la violence des maillons
métalliques à la grâce féminine, et à déraper jusqu’à s’effondrer au sol. La voix
d’André résonne, rumeur du chœur des immigrés.
La conduite
La tension s’installe pour la préparation de la présentation du vendredi. Mercredi
matin, la conduite est prête. Filage pour les deux jours à venir. Les techniciens ont
vissé leurs casques intercom sur leurs oreilles, commentaires studieux alternent avec
humeurs blagueuses.
Qu’est-ce qu’ils attendent ?
Parfois la communication entre la régie et le plateau se brouille. La patience est de
mise quand on approche le travail acrobatique, les temps de préparation, les mises en
place, les discussions entre duos de main-à-main sont parfois longs et probablement
inimaginables pour qui ne s’y est jamais frotté. Chacun apprend à apprivoiser les
besoins des autres, à réagir vite, quand c’est possible.
Vendredi
Expérience sensorielle garantie. Découvrir les images douloureuses, vibrantes,
retentissantes, les sons et les voix réverbérés, le fil, déjà tendu, d’un trajet sous
surveillance. Les mots tournent en boucle dans nos têtes « de l’autre côté, la vie
possible ». On s’amusera, un peu, de la voix de Kris restée notre bande son pour 15
jours. On se satisfera aussi de la venue de Frédéric Roels et Roger Le Roux,
convaincus, suite à la présentation, de programmer Daral Shaga à l’Opéra de Rouen
en novembre 2015.
SEPTIEME ET HUITIEME SEMAINE, METTRE EN PLACE
Les voix, les instruments
Entendre les musiciens et les chanteurs pour la première fois sur le plateau. C’est pour
ainsi dire l’événement de cette nouvelle session de travail à Bruxelles. Nous disposons
de 6 jours top chrono pour passer à travers toutes les scènes et tester les
déplacements, les positions des chanteurs, la façon dont la musique rencontre l’action
au plateau. Mélancolie et espoir se dégagent de la partition ; piano acharné et
violoncelle acéré sur les braises enveloppantes des clarinettes.
La méthode
Si le matin, chacun est attelé à sa tâche première – acrobates aux agrès, chanteurs et
musiciens en répétition chez Kris Defoort – les après-midi sont consacrés à réunir les
interprètes sous les directives d’un metteur en scène déterminé, méthodique, frondeur.
Deux scènes par jour sont abordées avec les musiciens puis on travaille les positions
des deux scènes suivantes entre acrobates et chanteurs pour le lendemain, et ainsi de
suite. Il faut « tracer », arriver à la mer (scène 11) samedi, tester la scène finale coûte
que coûte.
Les dépenses
En coulisses, on égraine les idées de costumes et d’accessoires pour évoquer le
contraste entre la terre quittée et la terre convoitée. Des roses, des confettis, des
boules à facettes, des seaux d’eau, des couvertures… Les friperies de Bruxelles sont
notre caverne. Au rayon bricolage, peinture, bois et sacs de jute, les achats vont bon
train et l’administratrice veille au grain.
Les conclusions
Au bout de six jours, la phase de mise en place est accomplie, essentielle pour que le
travail de lumière puisse avancer à Limoges, pour que les images se dessinent plus
nettement par la suite. Ce travail permet aussi de mettre en relief les manques de
lisibilité, les besoins de silence, les moments pour lesquels le bon équilibre reste à
trouver. Jeudi, le débriefing est dense, il faut se préparer au mieux pour la phase
finale. Nous réalisons que les surtitres seront nécessaires et que le rôle de l’émigré
doit encore se frayer un chemin juste dans la mise en scène. Le cirque peut être plus
présent et plus imprégné d’intentions. Le chœur des émigrés acrobates doit faire mûrir
sa voix, sa puissance. Kris continue d’écrire la musique, les ponts entre les scènes,
laissant encore des plages flexibles et affinant les tempos. Il faudra mettre au point la
scène finale, la raccourcir, lui donner tout son impact. Rendez-vous à Limoges !
NEUVIEME ET DIXIEME SEMAINE, ACCORDER
Arrivée à l’Opéra-Théâtre de Limoges
Après deux journées de montage denses, aux côtés des techniciens qui nous
entoureront pendant 4 semaines, notre équipe technique est rejointe par les acrobates,
Fabrice et Philippe. En journée les moments acrobatiques sont passés en revue, tant
au point de vue des figures que des intentions. Chaque enchaînement prend peu à
peu sa forme définitive, le groupe est soudé et avance efficacement. Quelques soirées
autour du barbecue auront pour vertu de débriefer joyeusement, entre la côte de bœuf
et le camembert fondu.
Conjonction de coordination
La coordination de ces quatre semaines de résidence à 700km de Bruxelles est une
logistique à rôder. S’assurer de la livraison des repas, de la répartition des mobil
homes, des listes de courses, des demandes de costumes, des transferts
gare/camping, des horaires, du stationnement des véhicules. De l’autre côté, porter
une attention particulière aux relations avec l’équipe de l’Opéra, du Festival les
Francophonies en Limousin et du Sirque de Nexon pour que les demandes presse
soient satisfaites, pour que les décisions sur la jauge soient prises, pour que les
quotas d’invitation soient suffisants et respectés, pour que les supports de
communication soient prêts, relus et envoyés dans les temps.
Vingt-et-un
Dimanche soir. Gare de Limoges Bénédictins. 21h54. 28°C. Les chanteurs, puis les
musiciens débarquent. Nous passons de 14 à 21. 21 personnes à réunir autour du
même objectif. 21 personnes, 5 champs de compétences, des besoins, des rythmes et
des dynamiques différentes à agencer et harmoniser. Une cohésion à trouver pour que
chacun s’écoute, se concentre et patiente. Même découpage des journées qu’à
Wolubilis, matinées où chacun répète sa propre technique, après-midi collectifs pour
travailler les scènes au plateau. Et certains matins, les acrobates rejoignent les
chanteurs au foyer musiciens pour travailler le final. Pour Emily (lumières) et Giacinto
(vidéo), les journées commencent très tôt afin de disposer d’un plateau vide, pouvoir
travailler dans le noir, anticiper aussi sur la passation de leurs conduites à Thomas et
Fanny qui reprendront leur régie en tournée. Et certains soirs, le doute s’installe, la fin
n’est pas encore convaincante.
Premier filage à l’opéra
Le filage de fin de semaine est un bon exercice, déjà les retours sur l’esthétique, la
musique et la place du cirque sont positifs. Il reste quelques chantiers pour les 2
semaines à venir, notamment les réglages pour les changements de plateau, l’entrée
en matière de l’émigré, la mise en scène du « baptême » de Daral Shaga, les
costumes. On attend l’arrivée de Kris, la partition peut encore évoluer. Et la série de
filages journaliers commencera lundi.
ONZIEME ET DOUZIEME SEMAINE, MONTER EN PUISSANCE
Une rencontre scolaire pour démarrer la onzième semaine. Une centaine d’élèves qui
viendront à la première, assis au foyer du public, écoutent Philippe présenter le projet,
attentifs ?
Mettons-nous d’accord sur le vocabulaire : une allemande ? une italienne ? Au théâtre,
à l’opéra, au cirque, en France, en Hollande, en Belgique, chacun ne l’entend pas de
la même façon. Pour épargner les corps acrobates certains jours, ce sera une
allemande, on marque les mouvements, on évite les blessures.
Et si la dernière allemande était de trop ?
Magie de la répétition. Les changements de décor sont maintenant effectués dans les
temps, certains cœurs en sont plus que rassurés.
La qualité des cadrages et des mises au point pour les projections sur le tulle s’affine.
Il faut aussi prendre le temps de repérer les positions des chanteurs pour qu’ils soient
bien placés sous les sources lumineuses.
Après-midi autour de la table, Fabrice travaille la prononciation et les intentions de jeu
avec les chanteurs. Avancer progressivement est une façon d’amener chacun vers la
justesse.
Interview matin, midi. France 3 vient ce soir. Nous filons.
Perte d’énergie, maintenir la flamme jusqu’au bout.
On repérera l’équipe de Feria Musica au karaoké samedi soir. L’Amicale des
parachutistes belges se souviendra aussi de son passage.
En boucle, les mots du livret dans nos têtes :
« mes frères… », « la grille !!! », « pour que notre terre nous laisse partir… »
Derniers jours.
On a bien fini par trouver un costume pour chacun, dans les tons.
Les pétales de rose, les 200 roses artificielles aussi.
Les proches qui veulent être là à la première commencent à arriver.
Trancher pour la fin, harmoniser.
On dit Toï toï toï, on offre des friandises, des porte-bonheur souvenirs.
Laurent Gaudé est là aussi, impatient et désireux de savourer l’instant.
Fabrice réunit tout le monde à 19h40 sur le plateau. Disons-le, c’est émouvant.
N’oublions pas les exilés, les déracinés, les laissés-pour-morts aux portes de l’Europe
forteresse.
Puis, il est 20h30.
Journal rédigé par Sophie Tessier, chargée de diffusion, production, communication
Une série de filages quotidiens commence cet après-midi, indispensable pour que le
spectacle se bonifie d’ici la première.
Octobre 2009
TOP DEPART donné par Alain Mercier, directeur de
l’Opéra-Théâtre de Limoges : la proposition nous est
faite de créer un opéra circassien, alors que notre
spectacle Infundibulum vient juste de voir le jour
>
Octobre
&
Novembre
PREMIERE
RENCONTRE
VIF DU SUJET
Juin
Juin
RDV OPERA de
LIMOGES
VIF DU SUJET
REUNION AU SOMMET
A LA RECHERCHE
DE PARTENAIRES
&
Alsace, Champagne
&
Septembre
Réséo, Göteborg,
Wallonie
Mai
VIF DU SUJET
Livret
Version 1
J
-365
A LA RECHERCHE
DE PARTENAIRES
UN PAS EN
AVANT
>
Vocaal Lab
embarque avec nous
Décembre
VIF DU SUJET
Lode, Fabian, Bogdan, Hubert,
Marc, Giacinto, Fabrice, Kris,
Philippe, Hélène,
Sophie
Version 6
Mai
Décembre
PREMIERE
RENCONTRE
Concevoir la scénographie
Septembre
Provence, Paris, Nord
Juin
Philippe et Fabrice
Livret
&
Version 2
Septembre
RDV OPERA de
LIMOGES
A LA RECHERCHE DE
PARTENAIRES
Livret
Fabrice Murgia
Festival Circa
Novembre
Novembre
Octobre
&
Kris, Laurent,
Philippe
UN PAS EN
AVANT
>
Consolidation des liens
avec le Sirque de Nexon
on y va !!!
2011
Juin
Décembre
RDV OPERA de
LIMOGES
A LA RECHERCHE
DE PARTENAIRES
Décembre
VIF DU SUJET
PREMIERE
RENCONTRE
REUNION AU
SOMMET
Maciej et Tiemo
Scénographie
chanteurs de Vocaal Lab
Kris, Laurent,
Philippe
GRAND BAIN
AVIGNONNAIS
&&
Niveau 2
Février
RDV OPERA de
LIMOGES
Construction
Mai
Avril
A LA RECHERCHE
DE PARTENAIRES
&
Août
Juillet
PREMIERE
RENCONTRE
GRAND BAIN
AVIGNONNAIS
>
Kris Defoort
Niveau 3
Fabrice embarque
avec nous
Août
Juillet
Décembre
VIF DU SUJET
VIF DU SUJET
Livret
Livret
A LA RECHERCHE
DE PARTENAIRES
Romain Bischoff
&
directeur de Vocaal Lab
Mars
Août
VIF DU SUJET
Version 7
Demandes de
subsides
Scénographie
Maquette
A LA RECHERCHE DE
PARTENAIRES
au fil de la tournée
de Sinué
Mars
Février
VIF DU SUJET
REUNION AU SOMMET
Livret
Kris, Laurent, Philippe,
Fabrice
Version 5
Mars
Janvier
Janvier
UN PAS EN AVANT
RDV OPERA de
LIMOGES
UN PAS EN AVANT
<
UN PAS EN
AVANT
chanteuse
de Vocaal Lab
PREMIERE
RENCONTRE
1e dossiers de prod
PREMIERE
RENCONTRE
Décembre
&&
Michaela Riener
Avril
&
Juillet
AVEC QUI ?
&
Les Francophonies en
Limousin
Juillet
Août
RDV OPERA de
LIMOGES
>
Livret
Septembre
Montpellier
Août
UN PAS EN
AVANT
Version 3
Septembre
REUNION AU
SOMMET
LE FAISONSNOUS ?
Avril
A LA RECHERCHE DE
A LA RECHERCHE DE
PARTENAIRES
PARTENAIRES
Aix et la Belgique
2010
<
Kris embarque avec nous
Version 4
2013
CREER
DARAL SHAGA
MAIS REDUIRE LA
VOILURE
2012
QUI VEUT
SOUTENIR LA
CREATION ?
Juillet
GRAND BAIN
AVIGNONNAIS
&&
Niveau 1
Septembre
PREMIERE
RENCONTRE
Laurent Gaudé
Décembre
UN PAS EN
AVANT
<
Laurent embarque avec
nous
Règle du jeu
1 dé
autant de pions que de joueurs
Case RDV OPERA de LIMOGES
vous devez avancer, rejouez
Case UN PAS EN AVANT
Avancez d’une case
>
Case VIF DU SUJET
Les idées fusent, rafraîchissez-vous
Case PREMIERE RENCONTRE
Tentez de concrétiser votre rencontre en relançant le dé. En un seul lancer, vous devez être capable de
rentrer dans l’action et de rejoindre une case VIF DU SUJET. Si vous ne tombez pas sur le chiffre exact, vous ne
pouvez pas avancer.
Case REUNION AU SOMMET
vous entrez au coeur de l’action, la réunion dure un peu, passez votre tour.
Case Année
Vous démarrez bien mais vous vous posez beaucoup de questions, restez ici deux tours de plus pour bien
réfléchir
Case A LA RECHERCHE DE PARTENAIRES &
C’est quitte ou double ! Lancez de nouveau le dé :
Si votre score se situe entre 1 et 3, vous reculez d’autant de cases que l’indique le dé
Si votre score se situe entre 4 et 6, vous avancez d’autant de cases que l’indique le dé
Case GRAND BAIN AVIGNONNAIS &&
Niveau 1 vous ne rencontrez pas beaucoup de partenaires potentiels, rien ne se passe
Niveau 2 vous multipliez les contacts, nous vous invitons à entretenir vos relations et à avancer jusqu’à la
prochaine case A LA RECHERCHE DE PARTENAIRES
Niveau 3 vous faites le plein de rencontres stimulantes, et remportez la partie
ANNEXE 4 - ELDORADO, LAURENT GAUDE, EXTRAIT
Deux frères quittent le Soudan, l’un des deux, malade, ne poursuivra pas le voyage.
Nous roulons sans cesse. De jour comme de nuit. Toujours vers la mer. Je me perds
dans des terres que je ne connais pas. J’imagine Jamal en train de faire la route dans
l’autre sens. Il repasse la frontière, sans joie cette fois, sans embrassade, retrouvant
sa vie laide d’autrefois. Comme une bête qui, après s’être échappée, retourne de son
propre chef à l’étable.
Je me suis trompé. Aucune frontière n’est facile à franchir. Il faut forcément
abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la
moindre difficulté, mais il faut s’arracher la peau pour quitter son pays. Et qu’il n’y ait
ni fils barbelés ni poste frontière n’y change rien. J’ai laissé mon frère derrière moi,
comme une chaussure que l’on perd dans la course. Aucune frontière ne vous laisse
passer sereinement. Elles blessent toutes.
ANNEXE 5 - DARAL SHAGA / SCENE 9 - L’EMIGRE
Je suis une ombre maintenant.
Comme il est facile de traverser le monde ainsi...
Les hommes ne me voient pas.
Je longe les chemins de fer,
je passe les ponts,
la poussière des routes ne me fait plus tousser,
je n'ai plus soif sous le soleil.
Les hommes ne me voient pas.
Comme il est facile de traverser le monde ainsi...
Je suis une ombre maintenant.
ANNEXE 6 – LA MORT CHEZ LAURENT GAUDE
DANSER LES OMBRES, LAURENT GAUDE, EXTRAIT
LA MORT DU ROI TSONGOR, LAURENT GAUDE, EXTRAIT
A Haïti, après le tremblement de terre, Port-au-Prince doit faire le deuil de ses morts
restés dans les décombres et des cadavres sans tombeaux. En attendant, les morts
côtoient les vivants…
Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un
empire immense, s’apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième
prétendant surgit. La guerre éclate. Le monarque s’éteint ; son plus jeune fils s’en va
parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l’image de ce que fut le vénéré – et
aussi le haïssable – roi Tsongor. Quelques heures avant sa mort, Tsongor dialogue
avec son vieux serviteur Katabolonga.
Dans la nuit touffue de Massaba, il lui tendit un petit objet que le vieux serviteur
recueillit au fond de sa main avec attention. C’était une vieille pièce de cuivre rouillée.
Les contours étaient polis par l’usure. On distinguait à peine les inscriptions dont elle
avait été frappée.
« C’est une vieille pièce de monnaie que j’ai gardé sur moi toute ma vie. La seule
chose qu’il me reste de l’empire de mon père. La seule chose que j’ai emportée avec
moi lorsque j’ai levé ma première armée. C’est cette pièce-là que tu me glisseras
dans la bouche et que je tiendrai serrée entre mes dents de mort lorsque je me
présenterai aux dieux d’en bas.
- Ils te laisseront passer avec respect, Tsongor. En voyant le roi du plus grand empire
se présenter à eux avec cette seule pièce, ils comprendront ce que tu fus.
- Ecoute bien, Katabolonga, poursuivit Tsongor, écoute bien car je n’ai pas encore fini.
Cette pièce, il est d’usage de la donner au mort à l’instant où commencent les
funérailles pour qu’il rejoigne au plus vite l’au-delà. Ce n’est pas ce que je veux. Pas
tout de suite. Garde-la sur toi. Et veille à ce qu’aucun de mes fils n’y substitue une
autre pièce. Je serai mort demain. Tu possèdes la seule pièce qui puisse payer mon
passage et je te demande de la garder sur toi.
- Pourquoi ? demanda Katabolonga qui ne comprenait pas ce que voulait le roi.
- Tu la conserveras jusqu’au jour où Souba reviendra. Ce n’est que lorsqu’il reviendra
à Massaba que tu pourras offrir à mon cadavre le prix du passage.
- Tu sais ce que cela veut dire, Tsongor ? demanda Katabolonga.
- Je sais, répondit simplement le roi.
- Tu erreras des années entières, sans repos, reprit Katabolonga. Des années
entières condamné au tourment.
- Je sais, répéta Tsongor. Je serai mort demain. Mais je veux attendre le retour de
Souba pour mourir tout à fait. D’ici là, que je sois une ombre agitée. J’entendrai
encore les rumeurs du monde des hommes. Je serai un esprit sans tombeau. C’est ce
que je veux. Toi seul auras la pièce capable de m’apaiser. J’attendrai ce qu’il faudra. Il
ne pas y avoir de repos pour Tsongor tant que tout ne sera pas achevé.
- Je ferai selon ta volonté, dit Katabolonga.
- Jure-le, demanda le roi.
- Je le jure, Tsongor. Par ces dizaines d’années qui nous unissent toi et moi. »
D’abord, ce n’est qu’un petit groupe d’amis, serrés dans le salon de la maison Kénol.
L’après-midi décline doucement. Les bruits de la ville semblent commencer à
s’estomper imperceptiblement. On sent que dans quelques minutes – une heure tout
au plus – la chaleur tombera et l’air deviendra doux. D’abord, ce n’est qu’un groupe, le
même que chez Fessou, écoutant la voix de rocaille du Vieux dire que Dame Petite a
raison, que les morts sont mécontents et que la ville va bientôt basculer sous leur
colère.
- Puisqu’il n’y a plus de place dans nos cimetières…, dit-il… Nous les enterrerons de
nos paroles.
Et les amis, autour de lui, acquiescent, Saul, Lucine, Jasmin. Ils les enterreront de
leurs prières. Boutra regarde l’ancêtre avec admiration.
- Chacun de nos mots sera une poignée de terre sur leur sépulture et alors seulement,
le monde des vivants et le monde des morts seront séparés à nouveau.
Et le Vieux poursuit, animé par une force nouvelle. Il parle avec fièvre, les poings
fermés.
- Nous devons emmener nos morts à la tombe.
Les amis acquiescent. Chacun sait que le monde ne peut vivre ainsi, que les vivants
s’y perdraient, deviendraient fous. Alors ils disent oui, même Saul, encore traversé par
l’envie de voir Emeline, même lui, il acquiesce, parce que c’est le Vieux qui parle. Il
faut renoncer et il le fera, avec ses amis, mâchoires serrées. Prophète Coicou les
regarde chacun, lentement, avec gravité et il ajoute qu’il faut emmener le plus de
monde possible, pas simplement eux, le petit groupe d’amis, lais tous ceux au-dehors,
dans le jardin, dans les rues du quartier et dans tous les quartiers de la ville qu’ils
traverseront. Il faut emmener tous ceux qui pleurent un frère, un père… La foule sera
grande, mais c’est bien, c’est ce qu’il faut. Sa voix s’assombrit. Il hésite un temps,
semble ému – peut-être pense-t-il à son ami le facteur Sénèque ou aux jeunes filles
de l’école d’infirmières… Il reste silencieux quelques secondes puis reprend avec
fermeté :
- Pour que les vivants vivent, il faut que nous semions les morts.
Et ils sentent alors que tout peut commencer. (…)
D’abord, ce n’est qu’un cortège d’hommes et de femmes vaillants, entrant dans la nuit
d’un pas sûr, mais maintenant la colonne semble se déliter, s’éparpiller, se briser. Des
ombres restent sur le bas-côté, tête basse, désespérées d’être chassées du monde. A
chaque carrefour, il s’en perd. Les morts ne savent plus où ils sont. Ils sentent qu’ils
vont devoir rejoindre le pays des ombres et ils pleurent sur leur vie, sur les amis qu’ils
quittent. Maintenant, la colonne avance d’un pas saccadé et tout le monde tremble.
Les vivants ne savent plus si ils sont vraiment vivants. Ils craignent de se découvrir
morts.
ANNEXE 7 - DARAL SHAGA / SCENE 14 - NADRA, LE PERE
La fille : Tu ne passeras pas, père.
Tu ne vas pas assez vite.
Le père : Je n’essaie même pas.
La fille : Tu me regardes au lieu de courir et tes mots me reviennent :
Ce que tu ne peux pas prendre avec toi…
Le père : … Regarde-le longtemps...
La fille : Ce dont tu te sépares à jamais…
Le père : … Emmène-le en pensée.
Adieu, ma fille.
La fille : Je te regarde longtemps, père
Le père : Adieu.
La fille : Ce qui ne tient pas dans les sacs…
Ton visage épais,
Tes mains calleuses,
Ton parfum.
Adieu, père.
Le père : N’oublie pas,
Ma fille,
De vivre avec joie.
ANNEXE 8 – SCENES D’ADIEUX
ELDORADO, LAURENT GAUDE, EXTRAIT
Notre guide a salué le conducteur. Mon frère s’approche. Il parle à l’homme. Je
n’entends pas ce qu’ils disent mais je vois mon frère sortir de l’argent et le lui tendre.
C’est mon passage qu’il paie. Cet argent qu’il donne est celui qui lui manquera pour
s’acheter des médicaments. Je voudrais lui crier de reprendre les billets mais je ne le
fais pas. Je suis épuisé. C’est comme un peu de sa vie qu’il donne à cet homme. Il se
condamne à la douleur pour moi.
Je sais que maintenant les choses vont aller très vite. C’est ce que veut Jamal. Que je
sois happé par le rythme du voyage. Le conducteur va vouloir que je monte et il
démarrera sans attendre. Je veux un peu de temps. Je repense au thé que nous
avons bu chez Fayçal. Je croyais que nous faisions nos adieux à la ville mais Jamal
savait, lui, qu’il reviendrait. C’est à moi qu’il disait adieu. Cette tristesse dans ses
yeux, c’était celle d’avoir à quitter son frère.
Notre guide vient me saluer. Il me recommande à Dieu et ajoute, avant de faire trois
pas en arrière : « Si tout va bien, tu seras à Al-Zuwarah dans deux jours ». je regarde
mon frère, je suis perdu.
- où est-ce que je vais, Jamal ? »
Je ne sais même pas où je pars. Il voit mon trouble. Alors, encore une fois, il
s’approche de moi et m’entoure de son calme. Il m’explique qu’il a payé pour tout, que
je n’ai plus à me soucier de rien, simplement me concentrer sur mes forces et aller
jusqu’au bout. La voiture m’emmène à Al-Zuwarah, sur la côte libyenne. Elle me
déposera dans un appartement où les passeurs viendront me chercher. Je paierai la
deuxième moitié à ce moment-là, pour la traversée. Jamal parle lentement. Il a tout
calculé. Tout prévu. Il me demande si j’ai bien compris. Je ne parviens pas à penser
que je vois mon frère pour la dernière fois. La tête me tourne. J’ai besoin d’appui.
C’est alors que Jamal enlève de son cou un collier et me le tend. Je ne bouge pas. Je
suis sans force. Il me le met doucement autour du cou. C’est un collier de perles
vertes. J’ai toujours vu mon frère avec. Je sens le contact froid des perles sur ma
peau. Il n’a pas dit un mot. Il doit être comme moi, incapable de prononcer une parole.
Il me serre à nouveau dans ses bras, avec force. Je me remplis de sa vigueur. Jamal
m’accompagne jusqu’aux portes du voyage. Je voudrais lui rendre son collier et
prendre sa maladie. Je voudrais l’agonie à sa place. Mais je sais qu’il n’en sera pas
ainsi. Je me remplis de lui pour ne jamais oublier le visage qu’il a à cet instant.
LES MISERABLES, VICTOR HUGO, EXTRAIT
Dans les dernières pages des Misérables, le personnage principal, Jean Valjean, au
moment de mourir, dit adieu à Cosette, sa fille adoptive.
« Comme le temps passe ! Nous avons été bien heureux. C’est fini. Mes enfants, ne
pleurez pas, je ne vais pas très loin. Je vous verrai de là. Vous n’aurez qu’à regarder
quand il fera nuit, vous me verrez sourire. Cosette, te rappelles-tu Montfermeil ? Tu
étais dans le bois, tu avais bien peur ; te rappelles-tu quand j’ai pris l’anse du seau
d’eau ? C’est la première fois que j’ai touché ta pauvre petite main. Elle était si froide !
Ah ! vous aviez les mains rouges dans ce temps-là, Mademoiselle, vous les avez bien
blanches maintenant. Et la grande poupée ! te rappelles-tu ? Tu la nommais
Catherine. Tu regrettais de ne pas l’avoir emmenée au couvent ! Comme tu m’as fait
rire des fois, mon doux ange ! Quand il avait plu, tu embarquais sur les ruisseaux des
brins de paille, et tu les regardais aller. Un jour, je t’ai donné une raquette en osier, et
un volant avec des plumes jaunes, bleues, vertes. Tu l’as oublié, toi. Tu étais si
espiègle toute petite ! Tu jouais. Tu te mettais des cerises aux oreilles. Ce sont là des
choses du passé. Les forêts où l’on a passé avec son enfant, les arbres où l’on s’est
promené, les couvents où l’on s’est caché, les jeux, les bons rires de l’enfance, c’est
de l’ombre. Je m’étais imaginé que tout cela m’appartenait. Voilà où était ma bêtise.
Ces Thénardier ont été méchants. Il faut leur pardonner. Cosette, voici le moment
venu de te dire le nom de ta mère. Elle s’appelait Fantine. Retiens ce nom-là : Fantine.
Mets-toi à genoux toutes les fois que tu le prononceras. Elle a bien souffert. Elle t’a
bien aimée. Elle a eu en malheur tout ce que tu as en bonheur. Ce sont les partages
de Dieu. Il est là-haut, il nous voit tous, et il sait ce qu’il fait au milieu de ses grandes
étoiles. Je vais donc m’en aller, mes enfants. Aimez-vous bien toujours. Il n’y a guère
autre chose que cela dans le monde : s’aimer. Vous penserez quelquefois au pauvre
vieux qui est mort ici. Ô ma Cosette ! ce n’est pas ma faute, va, si je ne t’ai pas vue
tous ces temps-ci, cela me fendait le cœur ; j’allais jusqu’au coin de ta rue, je devais
faire un drôle d’effet aux gens qui me voyaient passer, j’étais comme fou, une fois je
suis sorti sans chapeau. Mes enfants, voici que je ne vois plus très clair, j’avais
encore des choses à dire, mais c’est égal. Pensez un peu à moi. Vous êtes des êtres
bénis. Je ne sais pas ce que j’ai, je vois de la lumière. Approchez encore. Je meurs
heureux. Donnez-moi vos chères têtes bien-aimées, que je mette mes mains
dessus. »
Cosette et Marius tombèrent à genoux, éperdus, étouffés de larmes, chacun sur une
des mains de Jean Valjean. Ces mains augustes ne remuaient plus.
Il était renversé en arrière, la lueur des deux chandeliers l’éclairait ; sa face blanche
regardait le ciel, il laissait Cosette et Marius couvrir ses mains de baisers ; il était mort.
La nuit était sans étoiles et profondément obscure. Sans doute, dans l’ombre, quelque
ange immense était debout, les ailes déployées, attendant l’âme.
revue de presse
septembre 2014 EXTRAITS DE PRESSE
Oratorio vibrant sur l’exil
C
compagnie Feria Musica,
dirigée par Philippe de
Coen, métaphores de cette
Une mélodie du malheur,
multitude de corps malalternant douceur, vibramenés qui se confrontent
tion et rythme, qui monte
face au mur de
en intenLe cirque prend ici la liberté ou de
sité au fil
l’emprisonnetoute sa dimension ment.(…)
des trois
tableaux
universelle et
et dixartistique, et apporte L’ensemble est
d’une grande
huit
à l’opéra toute sa
Au coeur de ces arts, le
scènes
beauté, on se
modernité.
superbe et poétique lide cette
sent saisi par
vret de l’écrivain français
création
cette imbrication
Laurent Gaudé, d’une rare incroyaoriginale des
puissance pour raconter
ble, à vous faire frissonner. arts et la force artistique
dans une prose contempoet intense qui en émane.
Une
émotion
accentuée
au
raine enlevée la violence
Magistral.
Eva Sala
physique et morale, l’indi- gré des portés et voltiges
Le 26/09/2014
des
cinq
acrobates
de
la
gnation, l’inhumanité que
e rêve d’exil, tout
à la fois actuel et
intemporel, entremêle
harmonieusement et avec
émotion les arts les plus
différents pour créer un
conte universel puissant
dont le but est de redonner la parole aux clandestins, louer leur courage et
leur détermination.(…)
subissent les clandestins
au quotidien. (…)
Daral Shaga, triple salto réussi pour le
premier opéra circassien
Les mouvements et gestes circassiens expriment à merveille les sauts de l’âme et la
force de l’illusion de ceux qui s’attaquent à ce mur presque infranchissable qui les
sépare de cet autre monde tant espéré.
Siegfried Forster
Le 26/09/2014
Une merveille circassienne à l’opéra
Fabrice Murgia dépoussière littéralement le genre. Ses images sont comme à chaque
fois somptueuses, il parvient à mixer avec allégresse la musique, le chant, la poésie
de la vidéo, avec des numéros de cirque époustouflants.
Un spectacle coup de poing qui renouvelle le genre. Toute l’équipe a réussi à créer
une atmosphère jamais vue dans l’enceinte d’un opéra et cela fait du bien.
Stéphane Capron
Journal de 19h, le 26/09/2014
Daral Shaga ou la beauté brûlante de la
tragédie et de l’espoir des réfugiés ...
D
tèques, des barbares… Nos
aral Shaga dit tous
les murs, toutes les
frères. Ceux à qui la mise
frontières, depuis toujours en scène nous confronte
lorsqu’ils frô: le limes, le
mur de BerDaral Shaga, projet lent les spectateurs. (…)
lin, le mur «
artistique global,
de sécurité
est une réussite
Dans la beau» construit
esthétique et
té des lumièpar Israël,
res d’Emily
signifiante.
celui entre le
Brassier, la
Mexique et
confrontation
les Etats-Unis… ceux qui
dynamique des images et
séparent les nantis des médes angles de vision, celle
des paroles, des chants et
de la musique, les formidables artistes circassiens
montrent la vitalité, le désir, de ceux qui avancent,
avancent, au risque de se
tordre sur les chaînes et
le fer (prouesses magnifiques), de ceux qui escaladent sans cesse pour partir
à l’assaut du monde et qui
en seront le sel.
Laurent Bourdelas
Le 26/09/2014
Le brillant envol de Daral Shaga
Un spectacle complet, impressionnant d’aboutissement. (…)
L’extraordinaire de cette oeuvre vient du rôle inédit, inouï, joué par les acrobates de
la compagnie de cirque belge Feria Musica qui animent de tout leur corps les chaînes et les murs, les barreaux et les gouffres. Ils subliment à en couper le souffle les
émotions que les mots et les images se refusent à surligner : la violence, la chute, le
vide, l’envol des mains tendues et le désir de vivre au-delà des grilles, de la mort.
Marie-Noëlle Robert
Le 2/10/2014
23 septembre 2014
Supplément
http://www.rfi.fr/culture/20140926-­‐daral-­‐shaga-­‐laurent-­‐gaude-­‐triple-­‐salto-­‐reussi-­‐premier-­‐opera-­‐circassien-­‐francophonies-­‐limousin/ Publié le 26-09-2014 Modifié le 27-09-2014 à 09:54
«Daral Shaga», triple salto réussi pour le
premier opéra circassien
Par Siegfried Forster
«Daral Shaga», premier opéra circassien, création mondiale le 25 et 26 septembre 2014 dans le cadre des 31e Francophonies
en Limousin. ©Christophe Péan
Quand l’art du cirque emballe l’opéra. « Daral Shaga » raconte la tragédie de l’immigration, le périple
des êtres meurtris par l’exil et l’histoire d’un mur qui sépare deux mondes. Présenté en première
mondiale à l’Opéra-Théâtre de Limoges dans le cadre des Francophonies en Limousin, ce spectacle a
réussi l’exploit de faire fusionner la littérature du Prix Goncourt Laurent Gaudé (voir l’entretien cidessous), la musique de Kris Defoort et les arts de la corde, du trapèze et du trampoline du cirque
menés par Philippe de Coen pour faire naître une nouvelle forme théâtrale très applaudie par le public.
Un feu de camp brûle, une mélodie s’installe et avec un grand sac sur le dos, le périple peut
commencer. « Regarde-le longtemps, ce que tu ne peux pas prendre avec toi. » Une dernière fois,
Nadra plante sa main dans la terre natale qu’elle doit quitter avec son père. Déracinés, mais espérant
trouver ailleurs un monde meilleur.
L’histoire est tristement connue, un classique parmi les tragédies contemporaines qui se jouent chaque
jour à Melilla, Tijuana ou Lampedusa. Daral Shaga porte les illusions et le destin de ces migrants
autrement, avec la force poétique et l’obstination radicale de l’art circassien. Oui, il y a les voix
d’opéra, le jeu des acteurs et les projections vidéo qui créent des univers audacieux et abyssaux, mais
ce sont les acrobates qui font la différence avec leurs portés sur les épaules ou la tête, leurs « main-àmain », leurs sauts dans le vide et leurs saltos qui disent long sur l’exaspération et le désespoir face à
ce monde impitoyable. Ce sont les acrobates qui occupent les airs et nous coupent le souffle, le tout
accompagnés par les airs d’opéra.
« On a construit un spectacle où le cirque apparaît lentement et paraît comme une nécessité dans le
spectacle pour traduire des émotions que le chant ou le texte n’auraient pas abordées frontalement »,
http://www.rfi.fr/culture/20140926-­‐daral-­‐shaga-­‐laurent-­‐gaude-­‐triple-­‐salto-­‐reussi-­‐premier-­‐opera-­‐circassien-­‐francophonies-­‐limousin/ http://www.rfi.fr/culture/20140926-­‐daral-­‐shaga-­‐laurent-­‐gaude-­‐triple-­‐salto-­‐reussi-­‐premier-­‐opera-­‐circassien-­‐francophonies-­‐limousin/ explique Philippe de Coen, ancien trapéziste et directeur artistique de la pièce. C’est bluffant comment
les artistes du cirque arrivent à percer un espace qui semble resté vide jusque-là. « Jusqu’à présent, le
cirque était utilisé par l’opéra pour illustrer quelques petites scènes. Aujourd’hui, la poésie du cirque
se greffe sur la poésie du texte et renforce le propos du spectacle. On parle de gens qui font des
sacrifices incroyables et ont un courage énorme pour partir vers leur eldorado. On retrouve les
mêmes sentiments du circassien qui se met en danger, qui a une obstination à arriver à faire son
exercice, à atteindre un but ultime. Et c’est ce mix qu’on est parvenu à faire passer dans le
spectacle. »
Les mouvements et gestes circassiens expriment à merveille les sauts de l’âme et la force de l’illusion
de ceux qui s’attaquent à ce mur presque infranchissable qui les sépare de cet autre monde tant espéré.
« On s’est servi de tous les mouvements dont transpirait poétiquement un acrobate pour parler de
notre thématique et on l’a mis en relief », explique le metteur en scène belge Fabrice Murgia au sujet
de sa méthode de travail.
Quant à la musique « tendre et déchirante » de Kris Defoort, ce dernier ose le grand écart dans une
composition qui respire aussi bien le baroque que le jazz, l’opéra ou la musique contemporaine. Une
musique qui reste plus collée à un destin personnel qu’à l’histoire, malgré des images d'archives
projetées ou des mélodies yiddish, arabisantes et balkanisantes ressuscitées par la clarinette, le
violoncelle ou le piano.
Enfin arrivé à la grille de la frontière, l’espoir est resté intacte : « De l’autre côté, une vie est
possible », avec « un travail » et « plus de coups ». « Où vas-tu, alors », demande le chœur à l’émigré
avant de montrer patte blanche : « Tous nos efforts nous mèneront à ce point : la grille. Qui ne laisse
passer personne sans le saigner. »
La création mondiale de ce premier opéra circassien pour trois musiciens, trois chanteurs et cinq
acrobates représente l’accomplissement de trois ans de travail et de recherche de financement pour un
projet qui semblait à bien de gens trop innovateur. Aujourd’hui, le très grand succès auprès du public
et le sentiment d’avoir avancé est pour Philippe de Coen la juste récompense : « On est vraiment dans
un spectacle complet. Je pense qu’on a réussi à ouvrir une nouvelle piste de cirque dans le monde de
l’opéra. »
«Daral Shaga», premier opéra circassien. Livret de Laurent Gaudé. Musique : Kris Defoort. Mise en scène : Fabrice
Murgia. Direction artistique : Philippe de Coen. Création mondiale le 25 et 26 septembre 2014 dans le cadre des
Francophonies en Limousin. ©Christophe Péan
http://www.rfi.fr/culture/20140926-­‐daral-­‐shaga-­‐laurent-­‐gaude-­‐triple-­‐salto-­‐reussi-­‐premier-­‐opera-­‐circassien-­‐francophonies-­‐limousin/ http://www.rfi.fr/culture/20140926-­‐daral-­‐shaga-­‐laurent-­‐gaude-­‐triple-­‐salto-­‐reussi-­‐premier-­‐opera-­‐circassien-­‐francophonies-­‐limousin/ ENTRETIEN AVEC LAURENT GAUDE
Le Prix Goncourt et auteur de Eldorado a écrit le livret pour le premier opéra circassien, Daral Shaga.
Fallait-il un titre énigmatique comme Daral Shaga pour raconter cette histoire d’un mur qui
sépare les deux mondes ?
Laurent Gaude : Pour le spectateur qui entre dans la salle, ce titre ne dit rien de particulier, si ce n’est
peut-être l’ailleurs. Ce nom, « Daral Shaga », porte avec lui un peu d’étrangeté. Et puis, au fil du
spectacle, je souhaite que le spectateur puisse dire à la fin : « Ah, je sais maintenant ce que cela veut
dire. Je sais qui se nomme comme ça ».
Lors de la première, le public était étonné et bouleversé de ce qu’il avait vu sur scène. Etiez-vous
étonné ce que vos mots ont provoqué sur le plateau ?
Ce soir, c’était la première fois que j’ai vu le spectacle. Donc, je ne me souciais pas de savoir
comment il était perçu par le public. J’ai entendu le silence du public et son attention, mais j’étais dans
le plaisir de découvrir la musique de Kris Defoort que j’avais entendue par morceaux, mais pas dans
son intégralité et surtout le travail de Fabrice Murgia, le metteur en scène. J’avais vu quelques photos,
j’ai assisté à quelques répétitions, mais au début du travail. Donc je n’avais jamais fait le parcours
complet et c’était pour moi un moment de découverte.
Vous dites de votre texte qu’il s’agit presque de la poésie. Aujourd’hui, avec les artistes du
cirque, peut-on dire que jamais vos mots ont sauté et volé si haut ?
C’est vrai [rires]. C’est un merveilleux cadeau pour un auteur d’avoir un jour la demande d’une
compagnie de cirque. Normalement, nous sommes dans deux mondes qui ne se rencontrent jamais. Le
cirque n’a pas besoin de nous et moi, je peux rencontrer des comédiens, des chanteurs, mais rarement
des acrobates. Quand Philippe de Coen de la Compagnie Feria Musica est venu me voir et a dit : «
Voilà, je suis une compagnie de cirque et j’aimerais travailler avec vous », j’étais à la fois très surpris,
mais dans la seconde, je me suis dit c’est formidable, saisissons cette occasion. Je ne pense pas qu’elle
se représentera dans ma vie d’auteur. C’est toujours réjouissant d’être face à des ovnis qu’il faut
construire.
« Nulle part est chez moi ». C’est une phrase issue de votre livret pour le spectacle. Est-ce la
définition de l’homme moderne exilé d’aujourd’hui ?
C’est une phrase, qui peut effectivement fonctionner comme une sorte de définition, parce que, à partir
du moment où l’on quitte un pays - surtout si c’est un pays qu’on a quitté pour des raisons politiques -,
l’exil est un adieu. On va dans un pays qui n’est pas encore le sien et il ne le sera peut-être jamais tout
à fait. On est dans cet entre-deux à jamais. Et c’est une des choses les plus bouleversantes dans cet
acte d’émigration. En fait, c’est un cadeau qu’on fait aux générations suivantes, au sacrifice de sa
propre existence. Ce qu’ils posent comme une sorte de première étape, c’est pour leurs enfants, pour
que leurs enfants, eux, soient d’ « ici ».
On connaît votre littérature, on connaît l’opéra, mais on n’avait jamais vu un opéra circassien.
Est-ce un nouvel espace artistique qui n’existait pas jusqu’ici ?
Pour moi, c’est sûr, même si j’avais déjà croisé la route de l’opéra, notamment avec Mille orphelins,
une mise en scène et une musique de Roland Auzet au théâtre des Amandiers à Nanterre. C’était une
belle expérience, mais c’était un opéra « classique ». Avec Daral Shaga, le fait qu’il y ait du cirque en
plus rajoute une étrangeté. Là, je me sens dans une zone totalement inconnue.
Il y a les mots et les acrobates qui traversent l’espace du bas vers le haut et vice versa pour
occuper littéralement tout l’espace de la scène...
Il y a un moment que j’ai découvert ce soir. C’est le moment où apparaît le cirque dans le spectacle.
Ce n’est pas la première scène, c’est après un quart d’heure où il y a, pour la première fois, cette image
d’hommes qui portent d’autres sur leurs épaules et qui font des gestes de portés que seuls les acrobates
peuvent faire. L’apparition du cirque crée une poésie qui serait impossible avec uniquement des
comédiens et qui n’est pas non plus la poésie de la danse à laquelle on est peut-être plus habituée. Là,
c’est quelque chose de plus fragile. En tant que spectateur, j’ai ressenti que, à ce moment précis où le
http://www.rfi.fr/culture/20140926-­‐daral-­‐shaga-­‐laurent-­‐gaude-­‐triple-­‐salto-­‐reussi-­‐premier-­‐opera-­‐circassien-­‐francophonies-­‐limousin/ http://www.rfi.fr/culture/20140926-­‐daral-­‐shaga-­‐laurent-­‐gaude-­‐triple-­‐salto-­‐reussi-­‐premier-­‐opera-­‐circassien-­‐francophonies-­‐limousin/ cirque apparaît, ça crée du danger sur le plateau. Tout d’un coup, on reprend notre sorte de réflexe de
spectateur de cirque : « Est-ce qu’il va tomber ou pas ? » A plusieurs moments dans le spectacle, il y a
ce petit frisson qui est propre au cirque, ce moment où le cœur remonte. Tout est extrêmement
millimétré par la musique, par la mise en scène, et là, le cirque arrive avec son danger. C’est d’une
grande poésie.
Daral Shaga, est-ce que cela représente pour vous une rupture par rapport à vos œuvres
précédentes ?
C’est une évolution totale d’un point de vue thématique. La migration est un thème que j’ai beaucoup
traité, qui m’intéresse et bouleverse profondément depuis quasiment dix ans et qui continue à le faire.
Et je suis encore sur des projets où j’interroge ce thème. Par contre, c’est une rupture totale, ou disons
plutôt une découverte totale par rapport à la forme que cela prend.
Daral Shaga, premier opéra circassien, le 25 et 26 septembre aux Francophonies en Limousin.
Pour connaître les dates de la tournée à Strasbourg, Besançon et Grenoble, cliquez ici.
http://www.rfi.fr/culture/20140926-­‐daral-­‐shaga-­‐laurent-­‐gaude-­‐triple-­‐salto-­‐reussi-­‐premier-­‐opera-­‐circassien-­‐francophonies-­‐limousin/ Daral Shaga : une merveille circassienne à l’opéra
27 septembre 2014
Des acrobates, des voltigeurs sur la scène d’un opéra : c’est Daral Shaga spectacle de Kris Defoort et de Laurent Gaudé mis en scène par Fabrice Murgia. Ce projet produit par l’Opéra-­‐Théâtre de Limoges a été créé dans le cadre des Francophonies en Limousin. Une pure merveille !
C’est la première fois dans le monde que l’on créé un opéra pour des artistes de cirque. L’idée vient de la compagnie Feria Musica et de son créateur Philippe de Coen qui aiment confronter le cirque à toutes les disciplines artistiques. La mise en scène a été confiée au belge Fabrice Murgia qui dépoussière littéralement le genre en transformant le plateau en un grand chapiteau féérique Ses images sont comme à chaque fois somptueuses, il parvient à mixer avec allégresse la musique, le chant, la poésie de la vidéo, avec des numéros de cirque époustouflants. Les circassiens de Feria Musica transforment les agrès traditionnels. Ils se hissent sur des chaines, grimpent sur des échafaudages et donnent l’illusion de plonger dans la mer en virevoltant sur leurs trapèzes. On retient notre souffle à chaque numéro. Le livret écrit par Laurent Gaudé parle de l’exil, de ces centaines de migrants africains candidats à une vie meilleure en Europe. Le Goncourt 2004 donne une âme à ces hommes et ces femmes qui au péril de leur vie rêvent de liberté. Un spectacle coup de poing qui renouvelle le genre. Toute l’équipe a réussi à créer une atmosphère jamais vue dans l’enceinte d’un opéra et cela fait du bien. Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr Muriel Steinmetz
Lundi, 29 Septembre, 2014
Limoges, envoyée spéciale. La trente et unième édition des Francophonies en Limousin, que dirige avec brio
Marie-Agnès Sevestre, lutte pied à pied pour offrir un large panorama de tout ce qui se passe ici ou là dans le
spectacle vivant de langue française. Elle ouvre ses portes à « des artistes saute-frontière », en un temps où « nos
sociétés européennes subissent à des degrés divers la tentation du repli autoritaire ». Vingt-quatre pièces de
théâtre, de danse et de musique sont à l’affiche dont sept créations, deux premières en France et une première en
France métropolitaine (1). Nous avons assisté à trois représentations d’envergure. Daral Shaga est un opéra
circassien sur un livret de Laurent Gaudé, mis en scène par Fabrice Murgia.
La figure de l’émigré face au mur qui le sépare
de l’Europe
Trois chanteurs, trois musiciens, cinq acrobates et un chœur invisible mêlent leurs disciplines.
L’œuvre met en jeu la figure de l’émigré face au mur qui le sépare de l’Europe. L’appareillage
technique est justement constitué de structures métalliques où grimper, de sauts dans le vide rattrapés
de justesse, d’un voile de tulle couvrant la scène pour y projeter les lumières de la ville, « cet autre
monde si près de nous ». L’idée de frontière est donc concrètement désignée jusqu’au rideau de scène
qui s’ouvre et se ferme comme un couperet. Chanteurs et acrobates, le visage terreux, sont censés
figurer tous ceux qui fuient leur pays. La sophistication des voix parfois mouillées de larmes contraste
avec le souffle court devant l’obstacle à franchir. (…)
- See more at: http://www.humanite.fr/limoges-le-congo-se-taille-la-part-du-lion553057#sthash.xOGSS82h.dpuf
LE BLOG A EMILE (Lansman) Emile Lansman, éditeur et observateur privilégié du théâtre et de la littérature (dramatique) francophones, souhaite vous faire partager une part de ses activités de terrain, attirer votre attention sur des informations qui pourraient vous intéresser et dévoiler ses coups de coeur : lieux visités, spectacles, lectures, événements, personnalités... Voir également les autres blogs associés (CED-­WB, Promotion-­Théâtre...) vendredi 26 septembre 2014 DARAL SHAGA, un opéra-­cirque mis en scène par Fabrice Murgia Vu ce soir, aux Francophonies en Limousin, l'opéra-­‐cirque de Kris Defoort mis en scène par Fabrice Murgia à partir d'un livret de Laurent Gaudé. Objet théâtral inclassable et pourtant envoûtant qui raconte cet instant singulier où on se retrouve au pied du mur (au sens propre). D'un côté la dure réalité d'un monde injuste, de l'autre l'espoir et l'eldorado rêvé. Reste le dernier obstacle à franchir, le plus dur, qui laissera les plus faibles à leur triste sort. Chanteurs, comédiens, acrobates, musiciens... mais aussi éclairagistes et magiciens de l'image unissent leur talent au service d'une oeuvre forte, captivante à voir et à entendre, et surtout porteuse d'une émotion et d'une angoisse que le public partage d'un bout à l'autre. Après les saluts, et selon sa bonne habitude implantée à Avignon, Fabrice a pris la parole pour rappeler le combat des intermittents mais aussi évoquer les coupures du gouvernement flamand qui vont avoir des répercussions importantes sur la création et, sans doute, de celles qui s'annoncent, selon les rumeurs, en Wallonie et à Bruxelles. Avec humour, simplicité et sans agressivité. Bravo ! {grapsimostyle}
2014/09/29
Daral Shaga
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Un monde à plusieurs voix
Daral Shaga révèle le souci d’une belle
ambition. Projet d’heureuses rencontres.
Celle d’abord d’Alain Mercier, le directeur
de l’Opéra-Théâtre de Limoges, et de
Philippe de Coen, le fondateur et directeur
artistique de la Compagnie Feria Musica. À
la genèse du spectacle, affleure la sensibilité
d’Alain Mercier pour la rencontre des
disciplines. La belle ambition sera celle d’un
opéra circassien. Peu à peu, le quatuor se
forme. Au final, s’harmonise. L’auteur
Laurent Gaudé signe pour le livret un texte
ciselé dans la lignée d’Eldorado. Le récit des
errances, des violences de l’exil devient
épopée. Le compositeur Kris Defoort
dessine une ligne musicale fascinante où les
genres semblent se superposer. Le jazz fait
écho au baroque. De variations surprenantes
s’ouvre le champ des émotions et
notamment celle de la mélancolie lorsque la
clarinette du dernier tableau traduit avec
grâce le déchirement des âmes altérées par
la séparation, par l’arrachement. La
musique révèle les voies sinueuses des exils
où les espoirs ne cessent de se heurter à
l’échec, à la mort, à la solitude. Le metteur
en scène Fabrice Murgia crée avec Philippe de Coen des images saisissantes. La caméra offre
plan large et plan intime. Les agrès se poétisent. Le mur, la grille se dressent. Mur de
l’indifférence, de l’injustice, à franchir. Les hommes et les femmes sont mus par la volonté féroce
et inextinguible de la traversée. Au prix du sang comme l’illustre la paroi rouge en fond de scène
qui s’élève du plateau jusqu’aux cintres. Course inachevée des exilés jusqu’au couperet de la mort
ou jusqu’au début d’une vie renouvelée, d’un sang nouveau. Une artiste circassienne s’agrippe à
la grille, se hisse, chute, se remet en mouvement, son corps disloqué nous alerte sur cette volonté
niant toutes les douleurs.
Daral Shaga, œuvre de quatre créateurs, œuvre polyphonique, fait entendre les voix des
hommes dévastés par l’indignation, des hommes en lutte pour exercer une de ses libertés
fondamentales, celle de circuler, de quitter librement un pays et d’y revenir. Garant de cette
liberté, se dresse la figure de Daral Shaga, « Le vieil homme qui ne meurt pas / Et veille sur ceux
qui défient la barrière », la divinité des êtres fauchés en plein élan, la mémoire d’espoirs avortés,
la mémoire d’hommes privés de leurs droits. Geste scénique saisissant, Daral Shaga est un
poème musical où les images et les corps tracent les contours d’une lutte éternelle pour la liberté.
Sabine Dacalor
http://grapsimostyle.com/ Laurent Bourdelas, 29 septembre 2014.
Daral Shaga
ou la beauté brûlante de la tragédie et de l’espoir
des réfugiés, « sans-papiers » et autres exilés
Après la réussite émouvante d’Infundibulum, la Compagnie bruxelloise de cirque
contemporain Feria Musica propose un oratorio d’une furieuse beauté inspiré par le
parcours d’exilés-émigrés.
Trois chanteurs ; trois musiciens : au piano, au violoncelle et à la clarinette, dialoguant
fébrilement ; pour une partition entre jazz et expérimental, écrite par Kris Defoort. Un livret poétique
mais plutôt minimaliste écrit par Laurent Gaudé, Prix Goncourt, comme on s’en souvient. Des artistes
circassiens de haut niveau, époustouflants de force, d’agilité, de beauté. La création video si
expressionniste de Giacinto Caponio. Et la direction artistique de Philippe de Coen, la mise en scène
de Fabrice Murgia. C’est Daral Shaga est un oratorio, mais plus encore un univers artistique dans
lequel plonge avec plaisir mais inquiétude le spectateur.
Deux histoires qui s’entrecroisent, et bien plus : un émigré-immigré ayant fui son pays de sang
et de pauvreté pour rejoindre un pays riche – y a-t-il survécu ? Y est-il mort écrasé en traversant une
route et sa voix fantomatique nous accompagne-t-elle alors ? Une fille et son vieux père en fuite, en
exil vers ce même Eden improbable et vers la liberté rêvée. Il a fallu se délester de tout, ne prendre que
l’essentiel, après avoir regardé longuement les choses que l’on ne pouvait emporter pour en conserver
la mémoire – ce bagage ultime des exilés. Il a fallu partir, comme tous les autres, les milliers, les
millions d’autres. Marcher, porter, souffrir. Tenter de franchir tous les obstacles éprouvants. La mer,
peut-être, comme dans le détroit de Gibraltar, ce grand cimetière vivant, où les gilets de sauvetage ne
sauvent pas du pire. Beauté cruelle de corps mouvants dans l’émeraude liquide… Les chaînes, la
grille, le mur, que l’on essaie de franchir, tout en sachant que certains ne passeront pas, parce qu’ils
sont épuisés et qu’ils n’auront plus la force, comme ce père qui va demeurer là, et que sa fille
regardera longtemps, comme les objets qu’elle n’a pas emportés, pour le conserver dans sa mémoire.
Daral Shaga. Le vieil homme qui ne meurt pas Et veille sur ceux qui défient la barrière. » Les chaînes,
la grille, le mur, auxquels on se blesse toujours, réels ou métaphoriques ; toutes les barrières que l’on
doit escalader lorsque l’on est un étrange étranger. Lorsque l’on est Sisyphe. Daral Shaga dit tous les
murs, toutes les frontières, depuis toujours : le limes, le mur de Berlin, le mur « de sécurité » construit
par Israël, celui entre le Mexique et les Etats-Unis… ceux qui séparent les nantis des métèques, des
barbares… Etranges étrangers. Ceux qui parlent une autre langue. Nos frères. Ceux à qui la mise en
scène nous confronte lorsqu’ils frôlent les spectateurs. Oublier cette humanité, c’est permettre le
surgissement d’autres grilles, comme celles qui entouraient Auschwitz, si fortement suggérées par les
corps inertes plaqués contre la grande barrière érigée sur la scène.
Dans la beauté des lumières d’Emily Brassier, la confrontation dynamique des images et des
angles de vision, celle des paroles, des chants et de la musique, les formidables artistes circassiens
montrent la vitalité, le désir, de ceux qui avancent, avancent, au risque de se tordre sur les chaînes et le
fer (prouesses magnifiques), de ceux qui escaladent sans cesse pour partir à l’assaut du monde et qui
en seront le sel. Daral Shaga, projet artistique global, est une réussite esthétique et signifiante, qui dit
le réfugié, l’exilé, dans toute son humanité quand tant voudraient le faire apparaître comme d’abord
suspect. Mais est-il encore temps ?
http://www.theatreoracle.com/content/index.php?mact=CGBlog,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=42&cntnt01returnid=57 Fabrice Murgia / Interview / Daral Shaga
30 sept. 2014
Interview de Fabrice Murgia.
Au menu : les processus d'écriture, l'évolution d'un langage, l'imaginaire... et le
théâtre de demain.
Fabrice Murgia est le metteur en scène de l'Opéra-Circassien Daral
Shaga, présenté à L'Opéra Théâtre dans le cadre du Festival des Francophonies
en Limousin.
Le Festival des Francophonies accorde au travail de Fabrice Murgia un intérêt
particulier et a déjà accueilli plusieurs de ses créations précédentes : Le chagrin
des Ogres, Life reset / Chronique d'une ville épuisée, Les enfants de Jéhovah.
Propos recueillis par Emilie Barrier.
Bonjour Fabrice Murgia.
Votre connaissance aigüe du plateau vous a permis de développer un univers très onirique.
Comment naît une idée ? Et comment traduit-on une idée au plateau ? Pouvez-vous nous
parler de ce processus ? Quel fut votre point de départ pour l'image des roses rouges et celle
des abysses ?
Si une idée est narrative, elle naît de mon processus d'écriture. J'utilise des cartes heuristiques
pour construire la structure du spectacle. Ce sont des dessins mentaux, des "mind map" comme on
dit. Je travaille avec des logiciels de mind mapping pour rallier des mots sur une page blanche,
comme on le ferait par exemple sur un tableau blanc. Je colle des images, des fragments, et très
vite la narration se construit.
Ici, l'idée des plastiques est arrivée parce que je voulais voir des corps qui chutent dans l'eau.
C'était l'une des images les plus fortes que j'avais par rapport à l'immigration. Des corps qui
chutent dans l'eau, c'est ce que je connaissais de l'immigration et je voulais cela.
Dans ce livret qui m'a été donné, il y a cette chose assez douce : «Est-il possible que le bonheur
ressemble à cet instant ?" J'ai donc commencé à m'imaginer que Le Père se noyait sur cette phrase.
Ensuite ? C'est très technique. On a pris du plastique.
Pourquoi du plastique ? Parce qu'on s'est dit que c'était ce qui ressemblait le plus à de l'eau. Et
parce que ça peut être ignifugé.
Si cette scène fonctionne aussi bien, c'est aussi parce qu'elle est sans vidéo. Dans le spectacle l'œil
s'habitue vite à ce que la persistance rétinienne s'arrête sur le tulle, ou au plateau.
Tout à coup pour cette scène, il y a le seul retro éclairage. Alors on peut créer une grosse
profondeur, qui est beaucoup plus forte qu'elle ne l'aurait été si l'on n'avait pas eu le tulle avant.
Ce n'est pas trop technique, ça va ?
http://www.theatreoracle.com/content/index.php?mact=CGBlog,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=42&cntnt01returnid=57 http://www.theatreoracle.com/content/index.php?mact=CGBlog,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=42&cntnt01returnid=57 Non, c'est très bien.
Le plateau, s'il est maîtrisé, offre la possibilité de rendre visible aux yeux des autres nos
images intérieures. C'est la particularité du théâtre. Que se joue-t-il lorsque l'on crée à
plusieurs ? Comment créer une vision commune ?
Euh, je ne crois pas trop à la démocratie en art. Daral Shaga n'a pas été une création collective. Je
ne fais jamais de création collective.
Je m'entoure d'artistes. Ces artistes me font des propositions qui viennent d'eux. Je leur fais des
retours, et je réutilise ces propositions en les déformant. Mais l'idée principale de ces propositions
provient toujours de moi.
Ici c'était différent, parce que je ne suis pas l'auteur du livret, ni le compositeur de la musique. On a
pris la tête du projet un par un, en fonction des différentes étapes du processus d'écriture. J'ai eu la
chance d'avoir un compositeur, un librettiste et un directeur artistique. Ils étaient très à l'écoute et
le texte a évolué au fil des répétitions. Tout ça a été chapeauté par la compagnie Feria Musica et
Phillipe de Coen.
Est-ce que vous pouvez me parler un peu de la notion de "plateau" ?
Quel est votre rapport au plateau ? Est-ce qu'il est vital ? Conflictuel ? Est-ce que le plateau
modifie la façon de raisonner et la manière de voir le monde d'un homme ?
Non. Mais c'est vrai qu'à force de passer du temps dans les salles à y essayer des choses, on réussit
à faire évoluer son langage. Ce qui fait avancer c'est aussi de travailler avec le même décor et le
même dispositif. Au bout d'un moment on le modifie et il évolue par lui-même. En ne changeant
pas de scénographie, ni de processus de narration tous les spectacles, on arrive à voir une image
qu'on n'a encore jamais essayée, tout en étant assez persuadé que ça va fonctionner. Cette scène
des corps qui tombent dans l'eau, on a branché, on a monté les curseurs et ça a marché. Ça
a marché parce qu'on connaissait les matériaux.
On fait évoluer un langage, mais on ne lit pas un texte en se disant : "Tiens, quelle scénographie je
vais inventer ? "
Non, on vit avec son univers.
A votre avis, vers où se dirige le théâtre ? Quel sera le théâtre de demain ?
Je crois que ce sera quelque chose de très pur, très simple.
Parce que ce sera un théâtre sans argent, un théâtre pauvre.
Et je pense que l'usage des technologies va peut-être nous permettre de faire évoluer la narration.
Aujourd'hui il y a surement des "Godard" dans des greniers, car tout le monde peut faire un film,
on peut tous s'enregistrer avec un téléphone portable. En revanche, je pense vraiment que ce sera
un théâtre sans moyen. Quoi qu'il arrive, on aura intérêt à créer des œuvres visuellement fortes,
mais pauvres.
Propos recueillis par Emilie Barrier. http://www.theatreoracle.com/content/index.php?mact=CGBlog,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=42&cntnt01returnid=57 "Daral Shaga" de Fabrice Murgia : un opéra cirque
sur l'exil et les migrants
Publié le 08/10/2014 à 12H07, mis à jour le 08/10/2014 à 14H52
Daral Shaga, une oeuvre à la frontière
du cirque et de l'opéra qui explorent
avec force l'univers des migrants ©
Hubert Amiel
Daral Shaga est une oeuvre
circassienne hors-norme
imaginée par la compagnie Feria
Musica. La musique, la voix, la
vidéo et le texte du romancier
Laurent Gaudé se mêlent pour
raconter l'exil et l'épopée des
migrants. Jusqu'au 9 octobre le
théâtre des deux scènes de
Besançon accueille ce récit
bouleversant. Par Odile Morain
Fabrice Murgia signe cette mise en scène brute et puissante où la musique acoustique des instruments et
de la voix, le cirque, la vidéo-live et le texte (chanté, parlé, crié, surtitré) se répondent. Sur la scène, devenue
territoire hostile, les acrobates et les chanteurs de Daral Shaga parlent de l'injustice et du désespoir des
migrants. L'opéra devient cirque, la voix qui guide les sauts invite le spectateur à franchir les frontières, les
mots de Laurent Gaudé rebondissent sur les murs trop hauts et s'effondrent sur le sol.
Daral Shaga, c’est d’abord l’histoire d’un mur qui sépare deux mondes, un mur que certains franchissent et
que beaucoup n’atteignent jamais, un mur qui les sépare de tout mais surtout de la liberté. La jeune Nadra,
son père, un émigré, et le chœur racontent le voyage, la traversée, la perte de l’identité. Dans ce rêve d’exil,
si actuel et si intemporel, tous les arts se mêlent pour créer un conte universel où l’indignation fait face au
désespoir et la liberté à l’oubli. Entre les deux se dresse un dieu nouveau qui naît en abandonnant la course
: Daral Shaga est celui qui n’a pas pu sauter.
Daral Shaga mêle acrobatie, vidéo, chant
et texte © Hubert Amiel
Une équipe de France 3 Besançon était
présente pour suivre les ultimes
répétitions avant la première. Deux
années depuis le début de la création
auront été utiles pour mettre en scène
Daral Shaga. Sur scène trois musiciens,
cinq acrobates et trois chanteurs lyriques
livrent cette oeuvre intense où les
différentes disciplines artistiques
s'écoutent, se regardent et s'influencent
en bien.
Une fois de plus la compagnie Bruxelloise
Feria Musica, lointaine cousine du Cirque
Plume, jette des passerelles entre les arts. Avec Daral Shaga, elle fait cohabiter subtilement le cirque et
l'opéra.
http://culturebox.francetvinfo.fr/scenes/cirque/daral-shaga-un-opera-cirque-pour-raconter-lexil-et-lesmigrants-192863
Reportage : Aline Bilinski / Fabienne Le Moing / Mehdi Bensmaïl / Marie Baschung
http://www.lincontournable-­‐magazine.fr/portfolio/daral-­‐shaga/ DARAL SHAGA COMPAGNIE FERIA MUSICA
Daral Shaga est un objet théâtral difficilement classable. Entre théâtre, opéra,
danse contemporaine, video live et arts du cirque, la compagnie Feria Musica
nous a embarqué dans un spectacle émouvant et éblouissant au service d’une
histoire tragique.
« Regarde-le longtemps, ce que tu ne peux
pas prendre avec toi. »
C’est sur ces mots que Daral Shaga s’ouvre, ce
qui ne peut pas être pris c’est évidemment la terre
que l’on doit laisser derrière soi pour quitter un
pays devenu un tombeau. C’est également les
êtres chers qui, trop faibles pour gravir le mur qui
sépare les mondes, devront rester de l’autre coté.
Des papiers d’identité qui brûlent dans un feu de
camp, qu’est ce qu’il reste encore de vie à ces
hommes et femmes qui risquent tout pour passer
de l’autre coté?
Nadra et son père, qui deviendra Daral Shaga, la
divinité de l’exil, devront apprendre à rêver
ensemble à un avenir meilleur pour trouver la
force d’avancer et se séparer.
La compagnie Belge Feria Musica a créé une
oeuvre atypique, bouleversante et saisissante,
c’est un opéra porté par une composition
musicale qui oscille entre le baroque et le jazz. À
mesure que l’histoire progresse le cirque se mêle
à l’opéra, apportant par le jeu des corps une
dimension toute autre à Daral Shaga.
Ce qui n’aurait pu être qu’un patchwork se révèle être une oeuvre très cohérente, le ballet des
acrobates soulignant les propos et la musique, exprimant une réalité si viscéralement humaine
qu’aucun mot ne peut la traduire. Il faut donc laisser les corps se tordre et tomber pour se relever,
encore et toujours.
Une heure de spectacle et l’éternité d’un adieu au pied d’un mur, celui qui sépare les civilisations, un
rappel évident de Tijuana, Lampedusa, Berlin ou Jérusalem quand l’envie de vivre est plus forte que la
peur de la mort et qu’on ne craint plus de tomber pour continuer à avancer au risque de tout perdre.
Laurent Gaudé pour le livret, Fabrice Murgia pour la mise en scène, Kris Defoort pour la musique et
Phillipe De Coen pour la mise en piste ont livré une oeuvre parfaite sur la forme et au propos
résolument poétique et politique.
Christophe RAMAIN, Besançon, le 8 octobre 2014.
Octobre 2014 HORS SERIE OCTOBRE 2014
http://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2014/11/29/daral-shaga-par-dela-les-murs
Daral Shaga, par-delà les murs
Daral Shaga, opéra circassien inédit au
tuilage d’histoires d’exils, de quête de
liberté.
(PHOTO H. Amiel)
Relayés par les médias, les drames
et les souffrances endurés par les
migrants et les réfugiés aux portes
de l’Europe se succèdent sans
qu’aucune autre politique que celle
des contrôles migratoires ne soit
envisagée. La Méditerranée est
devenue ce cimetière marin qu’a
récemment dénoncé le Pape
François au Parlement européen, à
Strasbourg. Des frontières de
l’Union Européenne, du continent
américain sont devenues le théâtre
de dangereuses prises de risques, de
renvois forcés, de violations des
droits des migrants ou des réfugiés. Que savons-nous de ces êtres et de ce qui s’y passe réellement ?
Dans son hybridation innovante, sa forme originale, Daral Shaga emboîte le pas aux migrants et croise le double
parcours de Nadra et son père, en route vers une terre d’avenir plus hospitalière, et celui d’un émigré sur le retour. Au
carrefour de ces chemins, Daral Shaga invente une nouvelle histoire de migration artistique : de l’univers du cirque
vers le monde de l’opéra avec la médiation littéraire du mythe et dans la projection cinématographique.
C’est l’ancien trapéziste et directeur artistique de la compagnie belge Feria Musica, dont le théâtre strasbourgeois Le
Maillon a accueilli les plus récentes créations, Philippe de Coen qui a rêvé ce projet insensé, nécessitant trois ans de
travail et de recherches de financement. Et l’a réalisé et coécrit avec Laurent Gaudé, prix Goncourt 2004, le
compositeur inventif Kris Defoort et le metteur en scène surdoué Fabrice Murgia – qui en seulement quelques saisons
est passé des scènes du festival Premières à celle d’Avignon. Un semblable regard posé sur le monde, lie ces hommes.
Créé en septembre à Limoges, Daral Shaga offre en effet, la liberté de changer de point de vue, d’avoir une approche
renouvelée, plus humaine de la catastrophe personnelle, des réalités collectives, tragiques vécues au large de Malte, de
Lampedusa, du côté de Melilla, ou de Tijuana. Il y a toujours un mur qui sépare deux mondes, un mur que certains
franchissent et que beaucoup n’atteignent jamais.
Au pied du mur. Les acrobates de Feria Musica connaissent les risques, les chutes qui lestent l’esprit, l’obstination
pour se relever guidé par le rêve d’Icare. Face au mur grillagé, les migrants se retrouvent pris au piège. Derrière eux,
la terre des origines abandonnée. Daral Shaga, la divinité protégeant les exilés, saura peut-être les aider. « Daral Shaga
est la partie d’entre eux, la partie d’eux qui est restée entre ici et là-bas, précise Fabrice Murgia, accrochée aux murs
de fils barbelés ».
Les voix du chœur fantomatique s’élèvent dans une obscurité où cohabitent des images projetées, des ombres en
mouvements. Puis des hommes en portent d’autres, escaladent et enjambent le vide d’existences sacrifiées. Dans ce
précipité de sensations, de transports lyriques, l’énergie poétique du cirque se greffe sur la poésie du texte. Sur scène,
cinq virtuoses de la piste, trois solistes de l’Ensemble Vocaal Lab font vivre cette odyssée humaine aux accents
déchirants. Empreinte d’une mélancolie constante, la partition de Kris Defoort accompagne cette quête meurtrie, et se
déploie entre musique chambriste et éclatement orchestral, activée aussi par des sonorités arabo-balkanisantes.
L’équilibre de cette palette sonore est assuré par le violoncelle et la clarinette que soutient aussi le piano.
« Nulle part est chez moi ». Extraite du livret de Laurent Gaudé, la phrase dit la réalité de l’acrobate, du migrant, de
l’exilé. Traversé par toutes les traversées, Daral Shaga dépose sur la rive l’épave des illusions de nos sociétés
occidentales en pleine décroissance de civilisation.
Veneranda Paladino
29/11/2014 à 04:59
DE STANDAARD / traduction
L'opéra au trapèze
Le compositeur Kris Defoort opte à nouveau pour le jazz
Comment se présente un opéra circassien ? Dans Daral Shaga, les numéros de cirque ne
sont pas isolés, mais la musique, le théâtre et les acrobaties se mélangent dans un
portrait captivant de réfugiés en errance.
Par Geert Van Der Speeten
Traduction Martine Bom
Dans Daral Shaga, Fabrice Murgia – le prodige du théâtre francophone – propose une succession
d'images puissantes. Dans la première des dix-huit scènes, nous voyons des réfugiés se préparer au
départ. Ils jettent leur carte d'identité dans les flammes : la rupture ne saurait être plus définitive.
L'exil est dur. Nous retrouvons le groupe dans la tempête, comme des silhouettes sculptées dans un
bas-relief. Au bout les attend la grille qu'ils doivent franchir s'ils veulent atteindre une vie meilleure et
le riche Occident. Leurs vêtements réduits en lambeaux soulignent le degré de difficulté de l'escalade.
L'une des cinq acrobates interprète la chorégraphie de l'échec. Elle grimpe à toute allure au sommet de
l'échelle avant de redescendre lentement, désarticulée, en rebondissant d'une barre à l'autre. Des gros
plans et plans d'ensemble filmés coulissent les uns sur les autres, intensifiant notre engagement dans
ce récit tendu qui transpose une grande thématique abstraite en destin familier de trois personnages.
Une femme entraîne son père, mais doit l'abandonner. Lors du final légèrement emphatique, ce
personnage devient une sorte de saint patron de tous les réfugiés. De l'autre côté de la grille se tient un
migrant en état de détresse morale ; il revient parce qu'il a omis d'aider un frère. La manière dont cet
opéra intègre la compagnie de cirque bruxelloise Feria Musica est une véritable trouvaille. Si la saison
dernière, la Monnaie a proposé des représentations de Rigoletto sous un chapiteau de cirque, c'était
surtout pour la couleur locale. Ici, les numéros de cirque correspondent à l'essence même du récit.
Afin d'assurer la réussite de leur périple, les réfugiés doivent faire appel à la résilience, à l'instinct de
survie, à l'entraide. Dans les numéros de cirque, l'engagement est identique. Un saut au trapèze ou au
« cadre coréen » ne peut réussir qu’à force d’entraînement et de confiance entre les partenaires.
Mélange stylistique
Daral Shaga fait appel à trois chanteurs et trois musiciens. Piano, violoncelle et clarinette : les
sonorités ne sauraient être plus proches du jazz. C'est d'ailleurs ainsi que Kris Defoort a élaboré sa
partition. Elle est née d'improvisations et s'appuie sur des rythmes puissants et flexibles. Du point de
vue musical aussi, les scènes sont tendues et dépouillées. On entend des échos de divers styles
vocaux ; l'espace d'un instant résonne même une bribe cynique de l'Hymne à la Joie.
Dès ses débuts dans l'art lyrique, The woman who walked into doors (2001), Defoort avait opté pour
un récit poignant, profondément humain. À cette occasion il avait associé le meilleur de deux mondes,
le classique et le jazz, dans un pur mélange stylistique. Le spectacle fut un immense succès, une
véritable référence pour le théâtre musical contemporain.
The house of the sleeping beauties (2009) connut un autre cheminement ; un univers intérieur
complexe y reçut une traduction sonore somptueuse et sensuelle. Puis le cours des choses fit que
Defoort dut abandonner son troisième opéra, le livret n’étant pas achevé à temps. Il prépare
actuellement un nouveau projet, The time of our singing de Richard Powers, dont la création aura lieu
en 2018, dans une mise en scène d'Ivo Van Hove.
Après cette œuvre, Kris Defoort tirera un trait sur la création d’œuvres lyriques. Mais Daral Shaga –
tout comme An old monk, une collaboration avec Josse De Pauw – ouvre une nouvelle voie
intéressante, celle d'un théâtre musical jazzy dans lequel la création et l'interprétation coïncident au
plus près. Le spectacle, qui vient de connaître quelques représentations à Rotterdam, mérite de toute
façon une longue tournée dans notre pays.
1 Wat hebben circusartiesten en vluchtelingen met elkaar gemeen? Ze moeten kunnen klimmen, springen, vallen, weer opveren,
elkaar vasthouden en weer loslaten, bereid zijn om de grootste risico’s te nemen. In de opera Daral Shaga van de Belgische
componist Kris Defoort gebeurt dat allemaal, maar het heeft ook allemaal een dubbele of meer dan dubbele betekenis. Zelden
zal circus, opera en teksttheater zo geïntegreerd zijn geweest.
Het begint bij een vuurkorf waarbij sjofele mensen zich staan te warmen. Het zijn vluchtelingen, misschien ergens in een woestijn. Een
oude man en zijn dochter gaan op weg om te proberen over het hek te klimmen, op de vlucht voor het geweld in hun land. Ze weten
allebei dat de vader het niet zal kunnen halen. Hij offert zich op zodat zijn dochter een beter leven zal hebben, aan de andere kant van
het hek. Dat hek is tegelijkertijd een concreet hek, het hekwerk waarmee Europa zich lastige indringers van het lijf probeert te houden
en een klimhek, waar acrobaten tegenaan klauteren, vanaf vallen, tegenop lopen.
Voor Daral Shaga heeft schrijver Laurent Gaudé het Franstalige libretto geschreven, gebaseerd op zijn eigen gelijknamige roman. Kris
Defoort heeft daar zeer subtiele muziek bij gecomponeerd, voor niet meer dan drie instrumenten: piano (Fabian Fiorini), cello (Lode
Vercampt) en klarinet (Jean-Philippe Poncin). Het klinkt sober, maar vooral heel erg mooi. Nog mooier zijn de zangers, ook hier weer
van Silbersee: Michaela Riener als de dochter, de Poolse tenor Maciej Straburzynski als een vluchteling en de Nederlandse bariton
Tiemo Wang als de vader.
Naast hen zijn er nog vijf acrobaten actief van het circusgezelschap Feria Musica van Philippe de Coen, de eigenlijke initiatiefnemer van
deze voorstelling, die uiteindelijk werd geregisseerd door Fabrice Murgia. Maar belangrijker dan al deze verschillende namen is de
verwonderlijke eenheid die werd bereikt met zulke heel verschillende elementen.
Het toneel is meestal donker, figuren doemen op en worden vaak reuzengroot geprojecteerd op een gazen voordoek. Uiterst ontroerend
is het als we vader en dochter aan weerszijden van het hek zien, heel dicht bij elkaar en gescheiden door een ijzeren grens. De vader
heeft altijd gezegd dat je, wanneer je vlucht, alleen mee kan nemen wat je in je zakken kan dragen en hooguit in een tas, de rest moet je
achterlaten. Nu is hij datgene wat zijn dochter moet achterlaten.
Bijzonder aan deze opera is dat alle verhalen geheel vanuit de vluchtelingen zelf worden verteld. Je ziet en hoort hoe wanhopig, maar
ook hoe dapper ze zijn. Hoe hard ze soms moeten zijn tegen anderen en hoe vreselijk dat hen later kan opbreken. In het begin begrijp je
nauwelijks hoe daarbij mensen in de diepte kunnen vallen en toch weer opveren. Pas later zie je hoe er schitterend gebruik wordt
gemaakt van een trampoline, als een metafoor voor de veerkracht van deze mensen. Zoals kettingen waarlangs een acrobate omhoog
klimt symbolen zijn van de problemen die zij moet overwinnen. En zoals perfect samenwerken tussen de artiesten noodzakelijk is, om
niet in de diepte te verdwijnen.
Daral Shaga vertelt een concreet verhaal van twee vluchtelingen, maar ook het grote verhaal van de vluchtelingenstromen naar het rijke
Westen. Het stemt droevig en hoopvol tegelijkertijd. Zolang kunstenaars bereid en in staat zijn op zo’n hoog niveau stem te geven aan
vreemdelingen en vluchtelingen, kan hun lot toch niet geheel en al tevergeefs zijn, hoop je. Het heeft een unieke en weergaloze
voorstelling opgeleverd, die u, als u u heel erg haast, woensdagavond 27 mei misschien nog in Rotterdam zou kunnen zien.
THEATERKRANT (Traduction)
DARAL SHAGA
FERIA MUSICA / SILBERSEE
La merveilleuse fusion du cirque, de l'opéra
et du théâtre de texte
par Max Arian
spectacle vu le 26 mai 2015
Traduction Martine Bom
Quel est le point commun entre les artistes de cirque et les réfugiés ? Devoir grimper,
sauter, tomber, se relever d'un bond, s'agripper les uns aux autres et se relâcher, prêts à
prendre les plus grands risques. Dans l'opéra Daral Shaga du compositeur belge Kris
Defoort, tout cela se passe effectivement, mais tout a un double sens, voire des sens
multiples. Le cirque, l'opéra et le théâtre de texte ont rarement été aussi étroitement
entremêlés.
Ça commence près d'un feu de camp ; un groupe, vêtu de lambeaux, s'y réchauffe. Ce sont des réfugiés,
peut-être quelque part dans le désert. Un vieillard et sa fille, fuyant la violence dans leur pays, se
mettent en route pour tenter de franchir la grille. Ils savent tous deux que le père n'y parviendra pas. Il se
sacrifie afin que sa fille puisse connaître une vie meilleure de l'autre côté de la grille. Celle-ci est à la
fois un grillage bien réel – la barrière dont se sert l'Europe pour tenter de refouler les intrus importuns –
et une échelle que des acrobates escaladent, dont ils tombent et auquel ils se heurtent.
L'auteur Laurent Gaudé a écrit le livret français de Daral Shaga. Sur ce livret Kris Defoort a composé
une musique d'une grande subtilité, pour trois instruments seulement : le piano (Fabian Fiorini), le
violoncelle (Lode Vercampt) et la clarinette (Jean-Philippe Poncin). Si les sonorités sont sobres, elles
sont avant tout très belles. Plus beau encore est le chant, également de Silbersee : Michaela Riener
chante la fille, le ténor polonais Maciej Straburzynski interprète le père et le baryton néerlandais Tiemo
Wang tient le rôle de l’émigré.
À leurs côtés évoluent cinq acrobates de la compagnie de cirque Feria Musica de Philippe de Coen,
initiateur du spectacle mis en scène par Fabrice Murgia. Mais plus importante que cette série de noms
est l'étonnante fusion obtenue à partir d'éléments si disparates. La plupart du temps le plateau est plongé
dans l'obscurité, des personnages en surgissent tandis que, souvent, leur image géante est projetée sur un
tulle à l'avant-scène. Une image particulièrement émouvante est celle du père et de la fille de part et
d'autre de la grille, tellement proches, mais séparés par une frontière de fer. Le père a toujours dit qu’à
l’heure du départ, il ne faut emporter que ce qui rentre dans nos poches ou, tout au plus, dans un sac ;
tout le reste doit être abandonné. Cette fois-ci, c'est son père que la fille doit laisser sur place.
Cet opéra a comme particularité que tous les récits sont entièrement racontés du point de vue des
réfugiés. On voit et on entend leur désespoir, mais aussi leur courage, la dureté des rapports entre eux et
leurs terribles conséquences. Au début, on comprend à peine comment les gens peuvent chuter si bas,
puis remonter malgré tout. Ce n'est qu'après un certain temps qu'on découvre le recours génial à un
trampoline, comme une métaphore de la résilience de ces individus. Quant aux chaînes auxquelles
s'agrippe une acrobate pour monter, elles sont le symbole des difficultés qu'elle doit vaincre. La
collaboration entre les artistes doit être parfaitement réglée, pour éviter de sombrer dans l'abîme.
Daral Shaga raconte le récit de deux réfugiés, mais aussi la grande histoire des flux migratoires en
direction du riche Occident. Cela rend triste, mais donne aussi de l'espoir. Tant que des artistes sont
prêts à offrir une voix aux étrangers et aux réfugiés, et en sont capables à un tel niveau d'excellence, ce
que vivent ces derniers ne sera pas entièrement vain, espère-t-on. Ici, le résultat est un spectacle unique
en son genre, sans pareil ; si vous vous dépêchez, vous pourrez peut-être encore le voir le mercredi 27
mai à Rotterdam.
1 Poin t m édias
R adio
M us iq3 , Temps de pause, Anne Mattheuws, mardi 9 septembre 2014
http://www.rtbf.be/radio/podcast/player?id=1954059&channel=musiq3
Fr an ce In t e r , Journal de 19h, Stéphane Capron, vendredi 26 septembre 2014
(time code : 17’07>19’02)
http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=976138
R FI, Vous m’en direz des nouvelles, Jean-François Cadet, vendredi 26 septembre 2014
http://www.rfi.fr/emission/20140926-1-31eme-edition-festival-francophonies-limousin/
Fr an ce In t e r , La Librairie Francophone, Emmanuel Kerad, samedi 11 octobre 2014
Entretien avec Laurent Gaudé autour du texte Daral Shaga publié chez Actes Sud.
http://www.franceinter.fr/emission-la-librairie-francophone-corine-jamar-fellag-et-laurentgaude-0
TV
T h é ât r e -vidé o. n e t , entretien avec Marie-Agnès dans le cadre du Festival les
Francophonies en Limousin
http://www.theatre-video.net/video/Entretien-avec-Fabrice-Murgia-pour-Daral-Shaga-31eFrancophonies-en-Limousin?autostart
La 7 à Lim og e s , sujet de Aurélien Guilloteau, jeudi 25 septembre 2014
http://www.7alimoges.tv/Daral-Shaga_v2540.html
Fr an ce 3 Lim ous in , La Voix est libre, Annaïck Demars, samedi 27 septembre 2014
http://france3-regions.francetvinfo.fr/limousin/emissions/les-francos-tout-le-monde-est-la
Fr an ce 3 Nat ion al, Espace Francophone, Stéphane Balazuc, diffusion à venir
http://www.replay.fr/espace-francophone.html
T é lim , Finissez d’entrer, sujet de Emma Le Bail Deconchat, diffusion le 6 novembre 2014
http://www.telim.tv/videos/opera-theatre-henri-nanot
Fr an ce 3 , C ult ur e Box, reportage d’Aline Bilinski, le 8 octobre 2014
à l’occasion de notre venue aux 2 scènes, Besançon
http://culturebox.francetvinfo.fr/scenes/cirque/daral-shaga-un-opera-cirque-pour-raconterlexil-et-les-migrants-192863
C ult ur e Box, capt at ion in t é g r ale , en ligne du 6 décembre 2014 au 6 juin 2015
Coproduction Feria Musica et Ozango, diffusion sur Szenik et Alsace 20
http://culturebox.francetvinfo.fr/live/musique/opera/daral-shaga-de-fabrice-murgia-alopera-de-limoges-207373
WEB docum e n t air e , festival Détours de Babel, mars 2015
https://www.youtube.com/watch?v=UgJnEOUr5xo
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