et parce qu'il y a une suspicion d'extension extra-capsulaire en ima-
gerie. Il utilise alors une greffe du nerf sural et il rapporte [9] les
résultats sur 28 patients chez qui il a réalisé une résection bilatéra-
le : 26% des érections spontanées, 43% si l'on inclut le sildénafil.
Dans la technique de KIM,il s'agit de 12 patients sélectionnés avec
isolement et exérèse bilatérale des bandelettes vasculo-nerveuses
alors qu'il n'y a aucune raison de penser qu'ils devront subir après
une radiothérapie ou une hormonothérapie. Après exérèse des ban-
delettes, une bandelette visible ou un plexus de tissu demeure au
sommet du rectum. Les extrémités nerveuses sont clippées et est
réalisée une greffe bilatérale de nerf sural longue de 5 à 6,5 cm. La
greffe nerveuse est anastomosée au groupe de fibres nerveuses qui
en agrégat représente le nerf caverneux. TAKENAKA [25] a récem-
ment montré qu'à la jonction vésico-prostatique il s'agissait du nerf
hypogastrique supérieur, 2 à 3 cm sous la jonction vésico-prosta-
tique il s'agissait des racines nerveuses S2 et S3 et qu'en anastomo-
sant une racine nerveuse sympathique à une racine nerveuse para-
sympathique, il était difficile d'envisager une récupération des érec-
tions.
Sur le plan technique, reste comme l'a montré ALI[1], que le plexus
hypogastrique inférieur était étalé, difficile à greffer.
Dans le futur, pour se substituer aux greffes nerveuses il est préco-
nisé des tubes de silicone le long desquels se ferait une régénération
nerveuse spontanée orientée. De grands espoirs sont encore fondés
dans les facteurs de croissances nerveuses mis au contact des extré-
mités nerveuses dans le petit bassin.
STIMULATION DES NERF CAVERNEUX
L'identification des nerfs n'est pas toujours évidente, que ce soit
avant ou après l'extirpation de prostate, pour des raisons liées à l'a-
natomie du patient ou aux facteurs chirurgicaux locaux comme les
adhérences et l'hémorragie [14, 16] d'où l'idée de stimulation ner-
veuse per opératoire pour aider à identifier et préserver les nerfs, ou
même à prédire le pronostic fonctionnel érectile. La stimulation per
opératoire entraîne une élévation des pressions intra-caverneuses et
une érection.
La stimulation per opératoire des nerfs caverneux par le système
Cavermap apportait des espoirs : elle a été décrite initialement par
LUE [14] puis reprise par WATSON et KLOTZ [11, 12, 31]. Mais KIM
[10], s'il retrouve 77% de réponses positives per opératoires, ne
retrouveque 18% de puissants avec conservation unilatérale et 27%
avec conservation bilatérale. WALSH dans une étude multicentrique
[28] est plus pessimiste montrant qu'il y a une sensibilité per opéra-
toire de 88% mais une spécificité de 54% seulement. Une seule cer-
titude s'il n'y a pas de réponse lors de la stimulation per opératoire
il n'y aura pas d'érection en post opératoire.
LA PHARMACOTHERAPIE APRES PROSTATECTOMIE
RADICALE
Chez les patients ayant une érection pré opératoire avec conserva-
tion des bandelettes neuro-vasculaires il existe des érections effica-
ces spontanées à 1 an de 24% si préservation unilatérale, de 45% si
préservation bilatérale [17].
PADMA-NATHAN [18] a montré qu'après préservation bilatérale des
bandelettes neuro-vasculaires à 6 mois, les patients prenant du sil-
dénafil avaient 27% d'érection contre 4% avec placebo. MONTORSI
[15] compare deux groupes de 15 patients, l'un recevant des injec-
tions intra-caverneuses de PGE1 trois fois par semaine pendant 4
semaines l'autre rien. Les érections spontanées reviennent dans 67%
des cas avec PGE1, 20% des cas en observation au bout de 3 mois.
Une étude comparant l'intérêt des phosphodiestérases 5 et des
PGE1 conduite par RASWEILLER,2005, montre là aussi un résultat
favorable s'il y a conservation des nerfs bilatéralement plus avec la
PGE1 qu'avec la phospho-diestérase 5.
STIEF,2005, propose un protocole de traitement pro-érectile : infor-
mation du couple avant la prostatectomie radicale pour savoir leur
motivation, expliquer la réhabilitation sexuelle précoce, débuter dès
l'ablation de la sonde par 3 fois par semaine 1/4 de comprimé de sil-
dénafil 100 au coucher, faire le bilan au bout de 3 mois. S'il n'y a
pas de tumescence, prescrire au patient des injections intra-caver-
neuses.
CONCLUSION
La chirurgie de préservation nerveuse demeure le pivot d'une
conservation de l'activité sexuelle après prostatectomie radicale.
Les différentes voies d'abord ne présentent pas de différence signi-
ficative. La chirurgie de greffe nerveuse est encore sujette à éva-
luation. La stimulation per opératoire n'apporte pas d'aide signifi-
cative. Enfin, un traitement pro-érectile précoce semble apporter
une amélioration dans la reprise des érections.
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