Psychomotricité n
multiples incidences sur l’articulation de nos
pratiques professionnelles respectives.
Ce travail de fond nous a amené à confronter
et à comparer nos champs de compétences.
Par conséquent, les « frontières » de ces der-
niers paraissent plus claires et mieux définies.
Nous discernons mieux nos différences et nos
points communs. Nous apprenons à mieux
nous connaître.
Nous avons acquis un langage commun qui
nous permet de mieux nous comprendre et
surtout de proposer une prise en charge plus
cohérente de nos patients, de répondre avec
davantage d'efficacité au projet thérapeutique
commun .Nos bilans, plus complets, se sont
enrichis et deviennent de plus en plus lisibles
pour les uns et les autres. Les hypothèses diag-
nostiques s'affinent. L'approche, tout en gar-
dant ses spécificités, devient globale. Les
demandes que nous nous adressons (bilan,
prise en charge) sont plus précises.
Nos échanges et nos rencontres créent une
émulation et donnent lieu instantanément à
d'autres questions et d'autres réflexions, ce
qui permet de garder une attitude très dyna-
mique et renforce le réseau interprofessionnel.
ILLUSTRATION : SARAH
Sarah est une enfant de 10 ans et demi, sco-
larisée en CM1 avec une AVS trois demi-jour-
nées par semaine et dont la problématique est
complexe.
Sarah présente une encéphalomyopathie
d’étiologie non déterminée malgré de multiples
examens. Le bilan génétique recherchant un
syndrome myasthénique congénital est négatif.
Sarah est également traitée pour une épilepsie
(crises généralisées et absences) bien stabilisée.
Sur le plan fonctionnel, on observe une aggra-
vation de la fatigabilité musculaire avec une ré-
percussion sur la fonctionnalité des membres
supérieurs (difficulté pour soulever des poids,
possibilité d’écrire deux à trois lignes) et des
membres inférieurs (périmètre de marche es-
timé à 100 mètres avec marche difficile, mon-
tée des escaliers avec appui et difficulté pour se
relever seule du sol). Sarah se déplace en fau-
teuil roulant pour les longues distances.
Sarah est également porteuse de multiples
troubles des apprentissages dont une dyslexie-
dysorthographie secondaire à un retard sévère
de langage. En ce qui concerne les diagnostics
psychomoteurs, les troubles moteurs sont pré-
sents et évidement secondaires à la pathologie
musculaire initiale. Sarah présente également
un trouble déficitaire de l’attention accompa-
gné de troubles de la planification.
D’un point de vue scolaire l’apprentissage de
la lecture s’est fait difficilement mais elle est
acquise aujourd’hui. Le temps consacré aux
devoirs est long, des pleurs, de la tristesse et
du découragement sont présents. Son dis-
cours vis-à-vis de l’école est mitigé, elle aime
les apprentissages en français, grammaire,
conjugaison, retrouver ses copines et les sor-
ties scolaires. Elle se trouve en difficulté face
aux consignes qu’elle ne comprend pas, elle
est également gênée en mathématique et en
géographie. Elle dit également avoir des diffi-
cultés mnésiques et être dérangée par le fait
de ne pas se souvenir de ce qu’elle a étudié la
vieille. Elle se trouve lente surtout dans le
contexte des apprentissages.
Les relations sociales avec les pairs sont nom-
breuses, sereines et pacifiques. Vis-à-vis des
adultes Sarah est réservée et timide. Au sein
de la famille, le discours des deux parents est
commun (parents séparés), Sarah est décrite
comme une enfant adorable, agréable, atta-
chante, respectueuse des règles de vie, qui a
besoin de l’exclusivité, étouffante, qui a peur
de l’échec, qui manque de confiance, qui a
peur de décevoir.
Les résultats globaux de Sarah se situent au ni-
veau « moyen faible ». Le QI Total est égal à
87 avec un intervalle de confiance de 82 à 96.
Ce résultat ne peut constituer une analyse à
lui seul compte tenu de l’hétérogénéité des in-
dices avec des différences significatives inter
indices ainsi que des dysharmonies intra in-
dices avec des différences entre l’indice Com-
préhension Verbale et les autres indices de
Raisonnement Perceptif (+21 points), de Mé-
moire de Travail (+34 points) et de Vitesse de
Traitement (+21 points). L’Indice de mémoire
de travail c’est-à-dire la capacité à maintenir
dans sa mémoire temporaire une information,
84 - © LES ENTRETIENS DE BICHAT 2011
81_86_Psychomotricite_guitard 27/07/11 14:46 Page84