TD4 Correction

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Université Montesquieu Bordeaux IV
Année universitaire 2015-2016
L1 AES
INTRODUCTION A LA MACROECONOMIE
Séance 4
Le circuit
DOCUMENT JOINT
Poulon F. (2015), Economie générale, Dunod, 8ème édition, extraits.
QUESTIONS
A l’aide des documents joints ainsi que de vos connaissances, vous répondrez aux
questions suivantes :
1. Définissez le circuit économique. Pourquoi le tableau économique de F. Quesnay est-il
considéré comme relevant d’une analyse en termes de circuit ?
Un circuit économique est une représentation simplifiée de l’activité économique mettant
en présence les principaux pôles de décision de la vie économique et les relations existant
entre eux.
François Quesnay présente le Tableau Economique en 1758. Celui-ci résume les flux qui
s’établissent au cours d’une période dans une société agricole. Il est précurseur des tableaux
de la comptabilité nationale. Les physiocrates sont les premiers à représenter les relations
existant entre les individus composant la société, ces individus étant regroupés en un petit
nombre de catégories homogènes.
2. Présentez les trois classes sociales qui constituent l’économie dans l’analyse de
Quesnay en justifiant leur appellation. Quelle est la source de création de valeur pour
les Physiocrates ? Critiquez cette analyse. Montrez que Quesnay avait déjà l’intuition
du produit intérieur net. Quelle différence y a-t-il avec le PIB ?
Quesnay distingue trois classes sociales :
-
la classe productive regroupe les agriculteurs (l’économie à l’époque est une économie
agricole) et plus généralement tous ceux qui extraient des ressources du sol. Pour
Quesnay, seule la terre est source de création de valeur.
-
La classe des propriétaires fonciers : ce sont ceux qui possèdent la terre et la louent à la
classe productive.
-
La classe stérile, qui comprend les artisans et les commerçants. L’idée de Quesnay est que
cette classe ne crée pas de richesse : elle ne fait que transformer par le travail des richesses
crées par d’autres (richesses extraites du sol), en richesses strictement équivalentes.
L’idée erronée de Quesnay est donc que la seule création de richesse provient du sol (d’où le
rôle central donné à la nature et à l’ordre naturel : théorie de la valeur foncière). Les artisans ne créent
pas de richesse. Pour les physiocrates, le travail ne crée pas de valeur ajoutée.
Seuls les agriculteurs (la classe productive) créent des richesses. Sur la production brute
de l’année, les agriculteurs effectuent des prélèvements que Quesnay appelle avances
annuelles et intérêts des avances primitives, et qui correspondent aux consommations
intermédiaires (CI) et à la consommation de capital fixe (CCF). Si l’on soustrait ces deux
éléments de la production, on obtient le produit intérieur net. Si on ne soustrait que les
consommations intermédiaires, on obtient le PIB, produit intérieur brut.
3. Présentez brièvement le principe du circuit keynésien et expliquez pourquoi on dit
qu’il est hiérarchisé.
Le circuit keynésien est composé de trois pôles, B, E et M (banques, entreprises,
ménages), qui représentent les trois fonctions économiques de base : le financement, la
production et la consommation. Entre ces pôles circulent des flux, qui représentent les
opérations économiques. On y trouve F, le financement bancaire, S, l’épargne des ménages,
C, les achats des ménages auprès des entreprises, Y, les flux de revenus distribués par les
entreprises aux ménages (salaires et profits distribués). Les entreprises ont également des
dépenses productives, consommations intermédiaires (CI) et investissements (I).
Ce circuit est hiérarchisé car les Banques sont au point de départ de l’activité productive.
C’est par leurs prêts qu’elles permettent aux entreprises d’investir et de financer l’activité
productive. Le produit de cette activité leur permet ensuite de rembourser leurs emprunts.
EXERCICE
Soit une économie simplifiée reposant sur 3 agents : les ménages (M), les banques (B) et les
entreprises (E), ainsi que sur six flux : la consommation finale des ménages (C), l’épargne des
ménages (S), les salaires reçus par les ménages de la part des entreprises (Y), le crédit
bancaire (F) et l’investissement net des entreprises (I)1.
1. Tracez le circuit de cette économie.
B
S
F
Y
M
E
I
C
2. On donne :
C = 460 ; I = 300 ; F = 300
Dressez les comptes de chaque agent afin de retrouver les valeurs manquantes, en vérifiant
l’équilibre de chaque compte. Montrez que la condition d’équilibre du circuit est réalisée.
Déterminez le montant des richesses créées dans cette économie.
On sait que les richesses créées (production moins consommations intermédiaires) sont égales
à la demande.
Ici : production = I + C = 300 + 460 = 760
Ces richesses créées sont égales aux revenus distribués (ici seulement sous forme de
salaires) : Y = 760.
Le revenu des ménages est, soit consommé, soit épargné. Y = C + S
Soit 760 = 460 + S.
D’où S = 300.
On vérifie la condition d’équilibre du circuit : I = S = 300. (l’épargne est égale à
l’investissement).
1
On néglige ici les consommations intermédiaires.
On obtient :
E
Banques
F = 300
S = 300
R
E
Entreprises
R
E
Ménages
I = 300
I = 300
C= 460
Y= 760
C = 460
S = 300
R
Y = 760
F = 300
On vérifie l’égalité emplois-ressources compte par compte.
Cette économie se dote à présent d’un Etat, noté (A).
3. Expliquez brièvement comment Keynes justifie l’intervention de l’Etat.
Keynes explique l’existence du chômage par une insuffisance de la production, elle-même
due à une insuffisance de la demande globale. Les entreprises, pour déterminer leur niveau de
production, se basent sur la demande effective, c'est-à-dire sur les débouchés anticipés. C’est
donc, dans l’analyse keynésienne, la demande qui détermine la production. Cette demande est
le fait des entreprises, via les dépenses d’investissement, et des ménages, via les dépenses de
consommation. Si, pour une raison ou une autre, cette demande privée diminue (crise
économique, problèmes de financements, etc.), Keynes suggère que l’Etat prenne
temporairement le relais. L’augmentation des dépenses publiques doit soutenir la demande
globale et donner des débouchés aux entreprises. Une fois la dynamique de reprise
enclenchée, par la hausse de la production et des revenus distribués, la demande privée va de
nouveau pourvoir augmenter, et l’intervention de l’Etat sera moins nécessaire.
4. Le compte de l’Etat (A) comporte les flux suivants :
Les traitements et salaires des agents de l’Etat (Z), avec Z = 100 ;
Les impôts versés par les ménages (Tm), avec Tm = 170 ;
Les impôts versés par les entreprises (Te) avec Te = 100 ;
Les transferts sociaux à destination des ménages (Tr) avec Tr = 170
L’Etat réalise également des investissements publics (Ig) en faisant appel aux entreprises pour
un montant de 100 et des achats de biens (G) pour un montant de 150.
Le déficit budgétaire est financé par un emprunt (Fg) auprès des banques.
Dressez les comptes des agents en intégrant ces nouvelles données. A partir de l’équilibre
emplois-ressources, compte par compte, vous déterminerez le nouveau montant de l’épargne
des ménages et les nouveaux besoins de financements bancaires de cette économie, de la part
des entreprises et de la part de l’Etat.
Tracez le circuit en prenant compte de la présence de l’Etat.
On remplit dans un premier temps les comptes des agents, en n’oubliant pas d’écrire
chaque opération deux fois (en emplois pour une catégorie d’agents, en ressources pour une
autre).
Banques (B)
E
F = 150
Fg = 250
Entreprises (E)
R
S = 400
E
Ménages (M)
R
E
État (A)
R
E
R
Te = 100
Ig = 100
Tm =
170
Z = 100
Z = 100
Tm =
170
I = 300
I = 300
C = 460
Tr = 170
Tr = 170
Te = 100
Y = 760
G = 150
S = 400
Y = 760
Ig = 100
Fg = 250
C = 460
G = 150
F = 150
Si on commence par les ménages, leurs ressources sont maintenant égales à 1030 (salaires et
prestations sociales). Ces ressources, une fois les impôts payés (Tm = 170), sont soient
consommées (C = 460), soit épargnées.
On obtient Revenus des ménages nets d’impôts = 1030-170 = 860.
Epargne des ménages = 860 – 460 = 400.
Concernant les entreprises, leurs ressources sont de 1010, tandis que leurs emplois sont de
1160. Elles ont donc un besoin de financement (demande de crédit bancaire) de : 1160 - 1010
= 150.
Le besoin de financement de l’Etat se calcule de même en faisant Ressources moins emplois,
soit 270 – 520 = - 250.
On vérifie que l’équilibre emplois – ressources est bien vérifié au niveau du compte des
banques.
5. Expliquez pourquoi l’intervention de l’Etat n’est pas neutre dans cette économie.
Calculez le montant des richesses créées dans cette économie suite à l’intervention de l’Etat.
Que devient l’égalité I = S ?
L’intervention de l’Etat n’est pas neutre car la production nationale va augmenter, ainsi que le
montant des richesses créées et distribuées. L’Etat n’est pas seulement un agent qui prélève
certains secteurs et redistribue à d’autres. Il contribue à la création de richesse.
On peut calculer le nouveau montant des richesses créées dans cette économie.
Production (moins CI) = C + G + I + Ig : 460 + 100 + 300 + 100 = 960
La dépense publique (achats de biens de consommation et dépenses d’investissement) vient se
rajouter à la demande privée (C + I) pour augmenter fortement la dépense totale dans cette
économie et ainsi le montant produit et les richesses distribuées. Ces montants augmentent de
200.
Keynes va montrer que ces richesses supplémentaires vont avoir un effet d’entrainement sur
l’économie, en favorisant par la suite la consommation des ménages et l’investissement des
entreprises.
Avec l’intervention de l’Etat, l’épargne finance les investissements des entreprises et de
l’Etat.
On obtient S = I + Ig
400 = 300 + 100
B
S = 400
F = 150
Y = 760
Fg = 250
M
C = 460
Z + Tr = 270
Tm = 170
A
E
Te = 100
Ig + G = 250
I = 300
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