observées. Une prévalence plus faible de ces espèces ainsi que
de plusieurs traceurs (Homme, ruminant, chien) a été observée
l’été. Les niveaux de pluie seraient une cause probable de ces
variations ; les niveaux de précipitation étant plus faibles l’été
dans ce secteur géographique. Le lessivage des sols agricoles ou
forestiers serait à l’origine des contaminations animales, et les
contaminations humaines proviendraient des fosses septiques
localisées à proximité du cours d’eau. Pour préciser ces aspects,
les auteurs ont étudié les corrélations entre concentrations
en espèces pathogènes, coliformes fécaux et traceurs de
contamination fécale. Ces analyses ont permis d’observer une
corrélation positive entre les concentrations de Salmonella spp,
E. coli 0157 :H7 et des coliformes fécaux. La corrélation entre les
coliformes fécaux et le traceur Bacteriodes générique est quant
à elle moins forte, et l’estimation d’une relation entre ce traceur
et les agents pathogènes est difficile du fait que les analyses ont
été réalisées sur des périodes de temps différentes. La corrélation
négative observée entre les concentrations en Campylobacter
et en indicateurs/traceurs fécaux indique l’influence d’une
source non-identifiée ou des différences majeures dans le
comportement de ces bactéries. Notons que certains résultats
sont à considérer avec prudence étant donné que les taux de
détection sont parfois faibles et donc statistiquement moins
robustes.
Commentaire
Des corrélations positives dans la répartition d’espèces
pathogènes et des indicateurs/traceurs fécaux peuvent être
observées, mais trouver la source à l’origine de la contamination
demeure un défi. Ces sources peuvent être nombreuses et
de multiples paramètres peuvent influencer les vitesses de
transfert des micro-organismes vers un cours d’eau récepteur.
Les coliformes fécaux indiquent une contamination fécale des
eaux mais dans le contexte de sources multiples, ce paramètre
ne peut permettre une hiérarchisation des sources. D’autres
indicateurs sont alors essentiels. Les auteurs de cet article ont
testé les traceurs de type Bacteroides mais se sont heurtés à
des contaminations fécales de plusieurs espèces animales, ne
permettant pas d’identifier clairement les sources. Finalement,
seules les données de génotypage infra-spécifique ou de
sérotypage des formes pathogènes ont permis de déduire
les sources à l’origine des contaminations observées comme
celles concernant les Salmonella spp. Sérovars (9) Mbandaka et
Typhimurium Copenhague. Ces sérovars ont pu être reliés à des
zones d’élevage de porcs mais ces résultats mériteraient d‘être
affinés en utilisant les outils de la génétique des populations.
grands groupes en fonction des zones géographiques, du climat,
et des facteurs pouvant affecter le contenu de la flore intestinale
humaine.
Commentaire
Les auteurs proposent dans cet article une méthode alternative
aux indicateurs classiques pour évaluer la qualité microbiologique
des eaux. Une originalité du travail est la proposition d’une grille
basée sur le ratio des BBC/A (voir ci-dessus) permettant d’obtenir
une image du niveau de contamination fécale du cours d’eau en
fonction des zones de prélèvement. Ce ratio peut permettre
de déduire la position des sources majeures de contaminants
fécaux. Dans le cadre de ce travail, il serait intéressant d’obtenir
des données sur les agents pathogènes. La technologie proposée
dans cet article pourrait être améliorée en augmentant la densité
de la puce PhyloChipTM avec des gènes marqueurs spécifiques
du genre ou de l’espèce bactérienne.
Les sources de Campylobacter spp., Salmonella
enterica and Escherichia coli O157 :H7 de la rivière
Salmon, Colombie Britannique, Canada
Jokinen CC, Schreier H, Mauro W, Taboada E, Isaac-Renton JL, Topp
E, Edge T, Thomas JE, Gannon VP. The occurrence and sources of
Campylobacter spp., Salmonella enterica and Escherichia coli O157 :H7
in the Salmon River, British Columbia, Canada. J Water Health. 2010 ;
82 : 374-86.
Analyse
Cet article concerne également la problématique de la
qualité microbiologique des eaux et les risques d’exposition
des populations humaines aux agents pathogènes d’origine
hydrique. Il concerne un secteur géographique particulier du
Canada où de nombreuses sources, tant animales qu’humaines,
peuvent être à l’origine de la contamination d’un bassin-versant.
L’originalité de cette contribution concerne l’analyse croisée
d’espèces pathogènes, Campylobacter spp. (6), Salmonella spp. (7)
et Escherichia coli O157 :H7 (8), et d’indicateurs de contamination
fécale, incluant des traceurs (Bacteroides) de l’origine de cette
contamination, sur des échantillons d’eau de surface, d’eaux
usées et de fèces d’animaux. Les échantillons ont été récoltés
sur plusieurs saisons. Les analyses microbiologiques ont été
effectuées en utilisant des approches de culture et d’identification
classiques. L’étude des traceurs de contamination fécale a été
réalisée par PCR spécifique du genre bactérien Bacteroides,
ciblant le gène codant pour l’ARNr 16S permettant de déduire
l’espèce animale à l’origine d’une contamination.
Les résultats obtenus ont permis d’observer des répartitions
spatiales espèces-spécifiques et certaines corrélations avec
les indicateurs de contamination fécale. Campylobacter spp.
et E. coli O157 :H7 ont été retrouvées à des concentrations
élevées au sein de zones communes mais les concentrations
les plus élevées de salmonelles ont été observées pour d’autres
secteurs. Des variations saisonnières marquées de la répartition
de ces espèces bactériennes et indicateurs fécaux ont été
Contaminants microbiens des milieux aquatiques anthropisés : bactéries pathogènes
et indicateurs de pollution fécale – Stéphanie PETIT et Benoit COURNOYER Agents biologiques
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Anses • Bulletin de veille scientifique no 13 • Santé / Environnement / Travail • Mars 2011