APEME ASSOCIATION PAYS D’EMERAUDE MER ENVIRONNEMENT MORTALITE DES HUITRES CREUSES Le phénomène de mortalité des huîtres est spécifique à une espèce, l’huître creuse « Crassostrea gigas », huître majoritairement élevée en France, puisqu’elle représente plus de 90 % de la production. Cette espèce, originaire du Japon, a été introduite sur le littoral français dans les années 70 suite à l’effondrement des huîtres portugaises. L’huître plate, espèce endémique de notre pays, n’est en revanche pas touchée par ce phénomène de mortalité. Au cours des étés des dernières années, d’importantes mortalités d’huîtres, en particulier juvéniles, ont été observées en mai et juin dans la quasi-totalité des zones conchylicoles françaises. Plusieurs raisons possibles sont avancées mais aucune conclusion n’est clairement établie. Le changement climatique Les huîtres constituent à travers le monde une ressource qui va mal. L'acidification des océans, la montée des températures, l'anoxie (insuffisance en oxygène) de l’eau sont liées au réchauffement climatique et ont des conséquences directes sur la mortalité des huîtres. 1 APEME ASSOCIATION PAYS D’EMERAUDE MER ENVIRONNEMENT Influence de la température de l’eau La comparaison sur plusieurs années en matière d'évolution de la température de l'eau et de l’apparition de la mortalité des huîtres fait apparaître des différences entre ces années. Si l'on considère la température de 16°C comme indicatrice de la montée thermique le long du littoral, il semble exister une corrélation entre le passage à cette température et la survenue des pics de mortalité. Ceci autorise à suspecter l'importance de l'évolution thermique sur l'apparition des mortalités. L’eutrophisation par les nitrates Les nitrates qui sont introduits dans la mer via l’exploitation agricole intensive (maïs et élevage des porcs) augmentent la fertilité du plancton végétal. Le plancton végétal croît rapidement ainsi que le plancton animal qui s’en nourrit. Or le phytoplancton est la nourriture essentielle de l’huître. Quand le milieu est favorable, l’eutrophisation s’accélère. Il n’y a plus assez d’oxygène pour entretenir la vie d’une population devenue pléthorique. Le plancton asphyxié crève. Les cadavres sont digérés par des bactéries consommatrices d’oxygène de telle sorte qu’une réaction en chaîne se met en place. Les organismes vivants sont asphyxiés et les déchets de leur décomposition tombent au fond. Des produits toxiques sont émis. Après la période destructrice, le plancton réapparaît et se développe à nouveau et les huîtres rescapées reprennent leur croissance. 2 APEME ASSOCIATION PAYS D’EMERAUDE MER ENVIRONNEMENT Les agents infectieux La recherche d’agents infectieux (herpès et bactéries) a été effectuée au moment des mortalités. L'analyse des résultats semble indiquer que la fréquence de détection du virus OsHV-1 est corrélée au taux de mortalité. La sélection génétique L’’huître creuse « Crassostrea gigas », massivement élevée en France, serait victime d’un appauvrissement génétique. Les pratiques professionnelles Au Japon, les ostréiculteurs français ont découvert des pratiques plus respectueuses de l'environnement et de l'huître. Par exemple, on n'utilise pas de coupelles en plastique pour élever le naissain, mais des coquilles Saint-Jacques. Pas d'élevage intensif non plus des adultes sur des tables métalliques. Les Japonais ont mis en garde les professionnels français : " Si vous n'adoptez pas de telles mesures, vous trouverez des solutions passagères, mais les problèmes reviendront tôt ou tard ". La sélection chromosomique Les huîtres triploïdes (dont les chromosomes ont été manipulés) auraient une responsabilité dans la mortalité des parcs. Ce sont elles qui sont majoritairement concernées. 3 APEME ASSOCIATION PAYS D’EMERAUDE MER ENVIRONNEMENT Les discussions en cours Pour l’IFREMER, la sélection génétique est la voie à privilégier pour éviter les mortalités. Il s'agirait d'identifier des souches plus résistantes et de réaliser des plans de croisement permettant le repeuplement et l'amélioration du captage. Aujourd’hui, les essais réalisés avec les souches prétendument résistantes (huîtres baptisées « R ») sont catastrophiques. De plus, il faut croire que l’IFREMER n’est pas sûr de son produit car le bon de commande pour les ostréiculteurs s’accompagne d’une mention spéciale : les ostréiculteurs s’engagent à renoncer à tout recours pour tout dommage direct et indirect lié à une moins bonne résistance aux mortalités estivales de ces produits. Pour le Comité Régional de la Conchyliculture de Bretagne Nord : Tout le monde comprend que, quand un organisme est sur le point de mourir, ses défenses immunitaires peuvent s’écrouler et le laisser en proie à des agents pathogènes avec lesquels il cohabitait jusque-là paisiblement. Ainsi le OsHV-1 envahit les huîtres empoisonnées par l’eutrophisation. L’Ifremer prend une conséquence pour une cause. Le virus herpès serait une conséquence des mortalités, pas la cause. Il faut y voir à la fois l’action de pathogènes présents dans l’eau, mais aussi l’impact de l’évolution du climat et la dégradation rapide de la qualité de l’eau. 4 APEME ASSOCIATION PAYS D’EMERAUDE MER ENVIRONNEMENT Le soutien des Pouvoirs Publics aux conchyliculteurs sur la production 2012 Afin de venir en aide aux exploitations touchées par la mortalité des huîtres, le ministère chargé de l’agriculture a mis en place deux mesures : • l’indemnisation des pertes de récolte (productions qui auraient dû être commercialisées en 2012) et de fonds (naissain qui auraient dû servir au garnissage des structures d’élevage en 2012). • l’aide à l’allègement des charges financières. « Plus de 110 millions d’euros » ont déjà été apportés par l’État aux ostréiculteurs pour les mortalités survenues entre 2008 et 2011 et, pour 2012, le dispositif a été reconduit « à hauteur de 11,5 millions d’euros ». Source : DPMA (Direction des pêches maritimes et de l’aquaculture). Situation constatée en août 2013 « La mortalité 2013 touche essentiellement les huîtres creuses issues d’écloseries, avec de 50 à 80% de taux de mortalité, alors que les huîtres naturelles sont touchées dans une moindre mesure, avec des taux de 8 à 10%. » (Olivier Leban, Président de la Section régionale conchylicole Arcachon-Aquitaine, Ouest-France du 3 août 2013). Des dossiers d’indemnisation pour l’année 2013 seront probablement mis en place par les Pouvoirs Publics, comme cela a été fait pour l’année 2012. Il en résulte que le contribuable est sollicité parce que des huitres triploïdes qui ne semblent pas adaptées à leur environnement sont commercialisées. 5