depuis 2010. Hausse des taux et encadrement du crédit ont été
décidés en réaction à l’ampleur de la hausse des prix de détail
et par crainte d’une bulle immobilière incontrôlable. La politique
de la banque centrale a été assouplie dès le début de 2012 et le
financement de l’économie a été largement assuré. Par ailleurs,
les investissements publics ont permis de soutenir l’activité.
Le redressement est réel mais la croissance au premier trimestre
(7,7 % sur un an) est plus modérée qu’attendu, notamment en
variation trimestrielle (1,6 % après 2 % au précédent). Phénomène
à souligner pour ce trimestre, la croissance de la consommation
a plus contribué à celle de l’économie (4,3 %) que celle des
investissements (2,3 %).
Depuis 2010, les autorités ont cherché à modérer un mouvement
de hausse des prix qui met le logement hors de portée d’un
nombre croissant de Chinois, une source de mécontentement
dans la population. Dans un contexte de reprise des transactions
depuis douze mois, les nouveaux dirigeants vont devoir lutter
contre la hausse des prix tout en cherchant à ménager la
croissance d’ensemble. Certaines villes (Pékin, Shanghai) ont
déjà introduit des restrictions sur les achats.
Les autorités monétaires vont-elles devoir à nouveau freiner
le crédit ? Le problème est d’ordre structurel car encadrer le
crédit pousse les emprunteurs potentiels à recourir à des
intermédiaires financiers plus risqués parce que moins régulés
(finance parallèle) que l’absence de réforme du système bancaire
a laissé se multiplier. Le risque systémique s’est d’autant plus
accru que les collectivités locales ont été dans le passé de gros
emprunteurs, une source d’inquiétude pour les agences de
notation. Pour la banque centrale, c’est une raison d’accélérer
la réforme du secteur bancaire et de son mode de régulation
(taux d’intérêt, rémunération des dépôts). Un train de réformes
financières et bancaires a été décidé en 2012 mais elles doivent
être approfondies pour être efficaces.
QUELLE EST LA PLACE RÉELLE DE LA CHINE EN ASIE ?
Un rapport conjoint de l’Organisation Mondiale du Commerce
et de l’OCDE a récemment montré les premiers résultats d’une
étude des échanges commerciaux plus fine que celle que l’on
retient habituellement, faute de mieux. Les statistiques douanières
sont en effet insuffisantes pour mesurer la contribution de chaque
pays en termes de valeur ajoutée.
La Chine est un des premiers exportateurs mondiaux mais ses
exportations sont très tributaires des produits qu’elle importe et la
valeur ajoutée de l’économie chinoise est à relativiser. En matière
d’électronique destinée au grand public, les producteurs chinois,
souvent filiales de sociétés taïwanaises, limitent leur contribution
à un rôle d’assembleur de circuits et de sous-ensembles
fabriqués au Japon, à Taïwan, à Singapour ou en Malaisie. Une
fois assemblés en Chine, ces produits sont exportés. Selon
l’OMC, une proportion de 40 % des exportations de produits
électroniques correspond à des produits importés.
Importatrice d’énergie et de matières premières minérales pour
son industrie de première transformation, la Chine importe
aussi des denrées agricoles. Elle constitue le premier marché
d’exportation des pays de la zone asiatique, Japon compris.
Ce que montre clairement l’étude c’est l’interdépendance
industrielle de la zone asiatique, conséquence de la stratégie
des groupes industriels japonais et taïwanais mais aussi de
celle des pays eux-mêmes (Thaïlande, Malaisie) à travers leur
politique d’infrastructure. Cette interdépendance va au-delà de
filières industrielles telles que l’électronique et concerne des
secteurs tels que l’automobile et les équipements automobiles.
Elle va continuer à se développer rapidement à la faveur des
investissements étrangers et de la libéralisation des échanges
(tarifs douaniers, obstacles non-tarifaires).
Mais la leçon principale est que la Chine doit améliorer sa valeur
ajoutée, fabriquer des produits plus élaborés. À l’échelle d’une
économie comme celle de la Chine, cette tâche sera difficile à
mener mais elle a tout son sens compte tenu de l’évolution des
salaires.
UN MODÈLE EXPORTATEUR MENACÉ ?
La hausse des salaires (20 % annuels) est une menace pour la
compétitivité chinoise. Une partie importante des exportations
étant le fait de sociétés étrangères, le ralentissement de
leurs investissements affecterait également la croissance. La
progression de la productivité (automatisation) permettra de
limiter les effets de la hausse des coûts salariaux mais la Chine
fait face par ailleurs à un problème de manque de main-d’œuvre
qualifiée. Celui-ci dépasse le cadre de l’économie et concerne
celui de la démographie et de la société tel qu’il a été défini il
y a longtemps (politique de l’enfant unique). Des décisions de
libéralisation seront-elles prises ?
La hausse du yuan (9 % depuis 2008 contre le dollar) s’ajoute à
celle des coûts. C’est un outil de lutte contre l’inflation et celle-ci
est tombée à 2,1 % en taux annuel. Ce mouvement de la devise
pénalise les exportateurs, y compris les étrangers. Des sociétés
ont déjà décidé de quitter la Chine pour s’installer en Asie du
Sud-Est (Cambodge ou Laos dans le cas du textile) ou même de
rapatrier certaines unités de production vers leur pays d’origine
(des exemples aux Etats-Unis). Le phénomène est encore limité
mais il va s’amplifier si les tendances ne changent pas.
L’ASIE ET LA RÉFORME DE L’ÉCONOMIE CHINOISE
Élément clé de la dynamique asiatique, la Chine concerne les
autres pays d’Asie aussi bien quantitativement (le rythme de
la croissance réelle) que qualitativement (la nature de cette
croissance). À la faveur de la libéralisation des échanges, la
spécialisation industrielle est devenue un facteur décisif pour les
pays qui exportent vers la Chine, en particulier ceux qui vendent
au consommateur chinois.
2 Edmond de Rothschild Asset Management • Mai 2013
LE BULLETIN PERSPECTIVES
L’Asie au risque de la Chine ?
Edmond de Rothschild Asset Management • Mai 2013 3
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Source : Bloomberg
EVOLUTION DU YUAN EN 2012 ET DEBUT 2013