
3
Résumé
Un inventaire a été réalisé dans la région de l’estuaire fluvial et de l’estuaire
oligohalin du fleuve Saint-Laurent, afin de préciser la répartition, l'abondance et
l'habitat de plusieurs espèces de plantes vasculaires menacées ou vulnérables
sur l’hydrolittoral (le marécage a été exclu). Sur la rive nord, le secteur étudié va
de Grondines à l’ouest au Cap Tourmente à l’est, et sur la rive sud, de
Deschaillons à Saint-Jean-Port-Joli; l’île d’Orléans a été incluse dans l’inventaire,
mais pas l’archipel de Montmagny. Dix-sept espèces menacées ou vulnérables
ont été recensées : Bidens eatonii, Cicuta maculata var. victorinii, Elymus
riparius, Epilobium ciliatum var. ecomosum, Erigeron philadelphicus subsp.
provancheri, Eriocaulon parkeri, Gentianopsis procera subsp. macounii var.
victorinii, Gratiola neglecta var. glaberrima, Isoëtes tuckermanii, Lindernia dubia
var. inundata, Lycopus asper, L. laurentianus, L. virginicus, Physostegia
virginiana var. granulosa, Polygonum punctatum var. parvum, Schoenoplectus
(syn. = Scirpus) torreyi et Zizania aquatica var. brevis. Par ailleurs, plusieurs
taxons estuariens d’intérêt biogéographique ou pour la conservation ont été
inventoriés : Bromus latiglumis, Elatine triandra var. americana, Juncus
brachycephalus, Schoenoplectus smithii, Symphyotrichum (syn. = Aster)
tradescantii et Tillaea (syn. = Crassula) aquatica. D’autres taxons d’intérêt
biogéographique ou pour la conservation atteignant leur limite dans le secteur
étudié, mais non strictement estuariennes, ont aussi été notées : Eleocharis
olivacea et Eleocharis parvula. Enfin, les plantes introduites d’intérêt spécial
parce que restreintes à l’estuaire ou potentiellement envahissantes ont retenu
notre attention : Butomus umbellatus, Callitriche stagnalis, Lycopus europaeus et
Lythrum salicaria.
Au plan de la conservation des espèces, l’Erigeron philadelphicus subsp.
provancheri figure parmi les espèces critiques de l’estuaire mais a déjà fait l’objet
d’une étude et n’a été recensé qu’une fois dans le présent travail.
Au plan écologique, la diversité floristique totale et le nombre d’espèces
menacées ou vulnérables sont plus élevés dans l’hydrolittoral supérieur et la
prairie humide, mais les taxons d’intérêt phytogéographique y sont peu
nombreux. Des étages de végétation étudiés, c’est celui qui souffre le plus de
l’activité humaine et qui est le plus vulnérable, sinon menacé. L’hydrolittoral
moyen, dominé par le marais à scirpe, compte un nombre légèrement moindre
de taxons, mais comprend la majorité des espèces d’intérêt. L’hydrolittoral
inférieur, un milieu sans couverture végétale continue, contient peu d’espèces et
aucune d’intérêt.
Globalement, les taxons estuariens sont répartis sur l’ensemble de l’estuaire
fluvial, quoique leur diversité décroisse dans la partie oligohaline à l’est de l’île
d’Orléans. La diversité totale et celle des espèces d’intérêt est plus grande dans
les sites vaseux sur les estrans larges des anses, alors que les sites plus
rocailleux, sur les estrans étroits et souvent plus exposés au courant, sont plus
pauvres. Les marais situés entre Grondines et Saint-Augustin-de-Desmaures, et
plus particulièrement celui recensé dans ce dernier secteur, possèdent un grand
nombre d’espèces d’intérêt et devraient avoir une priorité élevée au plan de la
conservation, particulièrement lorsque l’on considère que certains secteurs
présentent encore des marécages intacts. Plus à l’est, sur la côte sud, une
seconde zone de haute diversité se trouve dans la région de Saint-Michel-de-
Bellechasse, où le substrat rocheux affleure régulièrement. Sur la rive nord, le