CHAPITRE 4 : COMMENT EXPLIQUER LES CRISES FINANCIERES ET REGULER LE SYSTEME FINANCIER ? CONSIGNES : RÉPONDEZ AUX QUESTIONS DES DOCUMENTS CITÉS DANS LE PLAN SUR VOTRE SUPPORT DE TRAVAIL AVANT D’ASSISTER AU COURS. Notions du programme : Aléa moral, risque systémique, comportement mimétique, régulation. Acquis de première : asymétrie d'information, risque de crédit. I ) La finance globalisée augmente les risques Répondre à toutes les questions des docs 1 à 4 p. 96-97 + faire le bilan II ) Une crise systémique : la crise de 2007-2008 Répondre à toutes les questions des docs 1 à 4 p. 100-101 + faire le bilan III ) Les crises financières et leur traitement Répondre à toutes les questions des docs 1 à 3 p. 102-103 + faire le bilan IV ) Comment éviter les crises financières ? Répondre à toutes les questions des docs 2 à 4 p. 104-105 + faire le bilan Acquis de première : Asymétrie d'information : situation où, sur un marché, l'un des deux acteurs dispose d'une meilleure information. Cette asymétrie, fréquente, risque de compromettre le fonctionnement efficace du marché. Bilan : document comptable qui présente les ressources et les emplois d'une entreprise en éléments passifs et actifs. Il fournit une image instantanée de la situation financière de l'entreprise. Risque de crédit : risque qu'un emprunteur ne s'acquitte pas intégralement d'une obligation à la date d'échéance ou ultérieurement. Notions du programme Aléa moral : situation où un agent, non ou mal informé, ne peut pas contrôler l'action d'un partenaire qui peut en profiter (par exemple, dans un contrat d'assurance, le client, une fois assuré, peut être incité à prendre plus de risques). Comportement mimétique : situation dans laquelle les agents économiques se copient les uns les autres faute d'information. Ce type de comportement peut générer des bulles spéculatives. Régulation : ensemble des institutions, procédures et processus permettant à un système de fonctionner correctement et dans la durée. Risque systémique : situation où la mise en difficulté d'une banque ou d'un agent financier risque de se transmettre à tout le système financier. La réaction des agents face à ce risque augmente la probabilité qu'il se produise (paniques bancaires, par exemple}. Notion complémentaire Agence de notation : entreprise ou agence chargée de noter la qualité des emprunteurs pour permettre aux préteurs de mesurer le risque de leurs placements. Bien public : bien ou service qui peut être consommé simultanément par plusieurs personnes (non-rivalité) et pour lequel il est impossible d'exclure celles qui refusent de payer (non-excluabilité). Son utilité collective est supérieure à son utilité privée ; pour cette raison, les biens publics ne sont pas correctement produits par les marchés. Bulle spéculative : situation où la spéculation éloigne les cours de la Bourse de leur valeur réelle. Fonds spéculatifs : fonds de gestion d'épargne privilégiant la prise de risque par des placements spéculatifs et le recours à l'effet de levier. Paradis fiscal : territoire bénéficiant d'une fiscalité faible et d'un secret bancaire élevé. Les activités y sont très peu réglementées. Réglementation prudentielle : réglementation visant à éviter ou à limiter la prise de risque par les banques et agents financiers. Titrisation : technique financière qui permet de transformer des titres peu liquides en titres liquides par l'émission de nouveaux titres adossés aux anciens. COMMENT EXPLIQUER LES CRISES FINANCIERES ET REGULER LE SYSTEME FINANCIER ? L'origine des crises financières Les crises financières se caractérisent par un retournement de la conjoncture dans Le système financier : après une phase d'euphorie et d'augmentation des prix des actifs, ces valeurs s'effondrent. On peut observer ce type de retournement sur les marchés d'actions (krach boursier), dans le système bancaire (faillites bancaires), sur les marchés de titres de dette (crises de solvabilité des États) ou sur le marché des changes (effondrement de la valeur d'une devise). Ces crises sont liées au fonctionnement même des marchés financiers. La valeur des actifs financiers est en effet liée aux anticipations des opérateurs de marché sur les revenus futurs que ces actifs peuvent procurer, mais aussi sur le comportement des autres opérateurs. De ce fait, des titres peuvent atteindre une valeur déconnectée de leur valeur fondamentale quand, par mimétisme, les agents les achètent parce qu'ils anticipent que les autres vont aussi les acheter, ce qui provoque effectivement une hausse des cours : c'est ainsi que se forme une bulle spéculative. Mais la tendance finit par se retourner quand les agents anticipent une baisse de la valeur des titres, ce qui entraîne la chute des cours : on dit que la bulle spéculative « éclate ». Les anticipations des agents sont auto-réalisatrices : Les anticipations se réalisent effectivement et sont amplifiées par le comportement mimétique des opérateurs de marché. Les marchés financiers ont donc une tendance intrinsèque à l'instabilité. Cette tendance à l'instabilité a été renforcée avec la globalisation financière et les innovations financières qui l'ont accompagnée : dans la phase d'expansion qui a précédé la crise de 2007-2008, la titrisation et l'essor des produits dérivés ont encouragé la prise de risque. En effet, la titrisation des créances permet le transfert du risque de crédit vers un autre opérateur, et les produits dérivés offrent une protection en cas d'événement imprévu (défaut d'un emprunteur, hausse des taux...). L'existence d'une assurance a encouragé l'aléa moral : on peut supposer que les agents ont pris des risques supplémentaires parce qu'ils savaient qu'ils disposaient d'un filet de sécurité. Objectifs et instruments de la régulation financière En matière financière, la régulation a pour objectif de prévenir les risques de crises et, en particulier, de réduire le risque systémique. Les institutions de régulation doivent en effet limiter le risque que se produise un événement qui dégraderait brutalement la stabilité du système financier avec des conséquences majeures sur L'économie réelle. Il s'agit alors de repérer l'exposition du système financier aux risques, la possibilité de contagion d'un choc d'un secteur du système financier vers les autres et les déséquilibres financiers susceptibles d'engendrer une crise. Une crise financière peut aussi se transmettre à l'économie réelle, c'est-à-dire à la production et à l'emploi. Ainsi, l'effondrement des actifs financiers ou les faillites bancaires engendrent généralement un rationnement du crédit accordé aux entreprises, qui réduisent leur niveau d'investissement, de production et d'emploi ; les ménages réduisent alors leur consommation au profit d'une épargne de précaution, d'où le risque de récession et de montée du chômage. C'est pourquoi la régulation apparaît nécessaire. Les crises financières s'expliquent aussi par des évolutions macro-économiques. Ainsi, Les déséquilibres des balances courantes à l'échelle mondiale sont l'un des facteurs explicatifs de la crise actuelle. Dans un contexte d'ouverture commerciale et de libéralisation du marché des changes, les pays émergents, notamment la Chine, ont connu une forte croissance tirée par les exportations en direction des pays développés. Ils ont donc accumulé une épargne qui a nourri les placements financiers à l'échelle mondiale. Cet excédent courant a trouvé sa contrepartie dans un déficit courant de certains pays développés, notamment des États-Unis. Dans ces pays, la croissance a reposé sur l'endettement de l'ensemble des agents : dans un contexte de hausse des inégalités de revenu, cet endettement, facilité par une politique monétaire accommodante et les innovations financières, a permis la poursuite de la consommation. Mais il a aussi nourri le développement de la sphère financière et des prises de risques qui ont précipité la crise. La régulation passe par la surveillance et le contrôle de certains acteurs des marchés financiers. Ainsi, il est actuellement question de renforcer le contrôle sur l'information produite par les agences de notation. Ces agences interviennent théoriquement pour donner des informations sur la solvabilité des émetteurs de titres de dette, afin de réduire l'asymétrie d'information sur le marché. Mais elles sont rémunérées par les émetteurs eux-mêmes : cette situation de conflit d'intérêts nuit à la transparence de l'information délivrée. L'action de régulation passe aussi par une réglementation plus poussée des banques : les accords de Baie ont fixé des « ratios prudentiels » qui imposent aux banques de provisionner des fonds propres en fonction des sommes prêtées et des risques encourus. Enfin, une réflexion est en cours sur le rôle des paradis fiscaux (zones offshore) dans la récente crise financière, et la possibilité de limiter ces zones déréglementées. Au final, la régulation du système financier dans un cadre globalisé pose deux problèmes. D'une part, on peut se demander qui sont les acteurs susceptibles d'assurer cette régulation à l'échelle internationale, et notamment comment les États peuvent intervenir. D'autre part, il y a débat sur les limites à imposer à la sphère financière : alors que certains économistes pensent qu'il faut interdire certaines pratiques financières risquées et réduire le rôle de la finance dans l'économie, d'autres considèrent que les marchés financiers peuvent être mis au service de la croissance s'ils sont régulés avec les instruments appropriés. Un exemple de régulation financière : la taxe TOBIN Paris est partisan d'une taxe a minima, alors qu'en 2012, avant son élection, François Hollande militait pour une taxe sur les transactions financières ambitieuse. En 2012, avant son élection, François Hollande vilipendait «son véritable adversaire, le monde de la finance» et militait pour une taxe sur les transactions financières ambitieuse. C'est bien à l'initiative de la France et de l'Allemagne que le projet fut lancé à l'échelle européenne en 2011. Après de multiples blocages, notamment de la Grande-Bretagne, le cadre a été réduit en janvier 2013 à une procédure de coopération renforcée avec 11 pays, dont la Belgique, l'Italie et l'Espagne. Aujourd'hui, ironie de l'histoire, alors que les ministres des Finances européens se retrouvent ce mardi à Bruxelles pour tenter d'arracher un accord avant la fin de l'année, Paris est partisan d'une taxe a minima qui de fait bloque le processus. Début novembre, Michel Sapin s'est prononcé pour une taxation très réduite des produits dérivés, limitée aux seuls CDS, c'est-à-dire aux contrats d'assurance contre le risque de défaut de paiement. Lesquels ne représentent que 3% du total des dérivés dans le monde et sont appelés à se réduire du fait de la réglementation européenne. À l'inverse, l'Autriche et l'Allemagne veulent une large assiette. Angela Merkel est tenue par l'accord politique avec les socio-démocrates du SPD, avec une TTF ambitieuse en tête des priorités. Berlin n'est toutefois pas en première ligne sur cette bataille, la chancelière concentrant ses attaques contre Paris sur le front budgétaire. Sauf que l'opposition vient aussi des petits pays - Estonie, Portugal, Slovaquie, Slovénie… - qui faute de larges places financières espèrent des revenus substantiels de la TTF. Or, dans le cadre d'une procédure renforcée, il faut dix signataires. Le projet initial de la Commission qui visait à couvrir tout type de transaction en appliquant une taxe de 0,1% sur les actions et obligations et 0,01% sur les dérivés pouvait rapporter, selon l'estimation de Bruxelles, 34 milliards d'euros sur le périmètre de onze pays. Son objectif était ambitieux voulant à la fois procurer des recettes fiscales aux États et limiter les dérives de la finance qui ont conduit à la faillite de Lehman Brothers en 2008. Aujourd'hui, le texte en discussion ne couvre plus que les actions et les discussions bloquent sur le périmètre des dérivés. Un document daté du 3 décembre, signé de l'Italie, qui préside l'Ecofin, reconnaît que les principes de collecte de la taxe ne sont pas clairs. «Résultat, les États européens se battent pour à peine 4 milliards d'euros !», critiquent les ONG. Pire, si la proposition de Bercy était retenue, cela rapporterait à Paris encore moins que la taxe française qui taxe les actions d'entreprises françaises et rapporte, au mieux, 700 millions d'euros par an. La reculade de Bercy est attribuée au lobby bancaire. Le ministre veut préserver les intérêts des grandes banques, très présentes sur le marché des dérivés, notamment de BNP Paribas, numéro deux européen, ou de la Société générale. Les banques, soumises à des règlements plus strictes dans le cadre de Bâle III et du fonds de résolution bancaire, mettent en avant le risque de délocalisation. Sauf ultime rebondissement, l'Ecofin se soldera sur un nouvel échec. Et réduit d'autant l'objectif d'une taxe début 2016. Sources : Le Figaro 09/12/2014