marché des changes (effondrement de la valeur d'une devise). Ces crises sont liées au fonctionnement
même des marchés financiers.
La valeur des actifs financiers est en effet liée aux anticipations des opérateurs de marché sur les revenus
futurs que ces actifs peuvent procurer, mais aussi sur le comportement des autres opérateurs. De ce fait,
des titres peuvent atteindre une valeur déconnectée de leur valeur fondamentale quand, par mimétisme,
les agents les achètent parce qu'ils anticipent que les autres vont aussi les acheter, ce qui provoque
effectivement une hausse des cours : c'est ainsi que se forme une bulle spéculative. Mais la tendance finit
par se retourner quand les agents anticipent une baisse de la valeur des titres, ce qui entraîne la chute
des cours : on dit que la bulle spéculative « éclate ». Les anticipations des agents sont auto-réalisatrices :
Les anticipations se réalisent effectivement et sont amplifiées par le comportement mimétique des
opérateurs de marché. Les marchés financiers ont donc une tendance intrinsèque à l'instabilité.
Cette tendance à l'instabilité a été renforcée avec la globalisation financière et les innovations financières
qui l'ont accompagnée : dans la phase d'expansion qui a précédé la crise de 2007-2008, la titrisation et
l'essor des produits dérivés ont encouragé la prise de risque. En effet, la titrisation des créances permet le
transfert du risque de crédit vers un autre opérateur, et les produits dérivés offrent une protection en cas
d'événement imprévu (défaut d'un emprunteur, hausse des taux...). L'existence d'une assurance a
encouragé l'aléa moral : on peut supposer que les agents ont pris des risques supplémentaires parce
qu'ils savaient qu'ils disposaient d'un filet de sécurité.
Objectifs et instruments de la régulation financière
En matière financière, la régulation a pour objectif de prévenir les risques de crises et, en particulier, de
réduire le risque systémique. Les institutions de régulation doivent en effet limiter le risque que se
produise un événement qui dégraderait brutalement la stabilité du système financier avec des
conséquences majeures sur L'économie réelle. Il s'agit alors de repérer l'exposition du système financier
aux risques, la possibilité de contagion d'un choc d'un secteur du système financier vers les autres et les
déséquilibres financiers susceptibles d'engendrer une crise. Une crise financière peut aussi se
transmettre à l'économie réelle, c'est-à-dire à la production et à l'emploi. Ainsi, l'effondrement des actifs
financiers ou les faillites bancaires engendrent généralement un rationnement du crédit accordé aux
entreprises, qui réduisent leur niveau d'investissement, de production et d'emploi ; les ménages réduisent
alors leur consommation au profit d'une épargne de précaution, d'où le risque de récession et de montée
du chômage. C'est pourquoi la régulation apparaît nécessaire.
Les crises financières s'expliquent aussi par des évolutions macro-économiques. Ainsi, Les déséquilibres
des balances courantes à l'échelle mondiale sont l'un des facteurs explicatifs de la crise actuelle. Dans un
contexte d'ouverture commerciale et de libéralisation du marché des changes, les pays émergents,
notamment la Chine, ont connu une forte croissance tirée par les exportations en direction des pays
développés. Ils ont donc accumulé une épargne qui a nourri les placements financiers à l'échelle
mondiale. Cet excédent courant a trouvé sa contrepartie dans un déficit courant de certains pays
développés, notamment des États-Unis. Dans ces pays, la croissance a reposé sur l'endettement de
l'ensemble des agents : dans un contexte de hausse des inégalités de revenu, cet endettement, facilité
par une politique monétaire accommodante et les innovations financières, a permis la poursuite de la
consommation. Mais il a aussi nourri le développement de la sphère financière et des prises de risques
qui ont précipité la crise.
La régulation passe par la surveillance et le contrôle de certains acteurs des marchés financiers. Ainsi, il
est actuellement question de renforcer le contrôle sur l'information produite par les agences de notation.
Ces agences interviennent théoriquement pour donner des informations sur la solvabilité des émetteurs
de titres de dette, afin de réduire l'asymétrie d'information sur le marché. Mais elles sont rémunérées par
les émetteurs eux-mêmes : cette situation de conflit d'intérêts nuit à la transparence de l'information
délivrée. L'action de régulation passe aussi par une réglementation plus poussée des banques : les
accords de Baie ont fixé des « ratios prudentiels » qui imposent aux banques de provisionner des fonds
propres en fonction des sommes prêtées et des risques encourus. Enfin, une réflexion est en cours sur le
rôle des paradis fiscaux (zones offshore) dans la récente crise financière, et la possibilité de limiter ces
zones déréglementées.
Au final, la régulation du système financier dans un cadre globalisé pose deux problèmes. D'une part, on
peut se demander qui sont les acteurs susceptibles d'assurer cette régulation à l'échelle internationale, et
notamment comment les États peuvent intervenir. D'autre part, il y a débat sur les limites à imposer à la
sphère financière : alors que certains économistes pensent qu'il faut interdire certaines pratiques
financières risquées et réduire le rôle de la finance dans l'économie, d'autres considèrent que les marchés
financiers peuvent être mis au service de la croissance s'ils sont régulés avec les instruments appropriés.