Opmaak 1

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Quarterly
PERSPECTIVES ON BANKING
Comment
fonctionne
une banque ?
Jean-Noël Tilman évoque le rôle des banques
dans le cadre de la croissance
Une initiative de BNP Paribas Fortis en collaboration avec Echo Connect
édito
4
Quel est le rôle de la banque en 2014 ? Fondamentalement, il
n’a pas changé : organiser un système permettant aux entreprises et aux ménages de placer leurs économies et d’obtenir
des crédits. Lors de la crise de 2008, les banques se sont retrouvées dans l’impossibilité de jouer ce rôle essentiel. Leurs
autres activités, comme le trading de produits bancaires
américains complexes, les avaient mises en difficulté. Ces
excès ont coûté cher à l’économie belge. Pourtant, certains
produits de trading restent indispensables. Par exemple, pour
exporter vers des pays où d’autres monnaies que l’euro ont
cours, vous avez besoin de produits de trading, notamment
pour amortir les fluctuations des cours de change.
Une banque ne peut donc pas se contenter de ses deux
tâches principales (collecte de dépôts et octroi de crédits). La
Banque nationale de Belgique a fixé cette vision dans un
certain nombre de mesures approuvées par le gouvernement.
Il ne faut pas scinder les banques en banques d’affaires et en
banques de détail, estime la Banque nationale. Il est préférable
de limiter leur portefeuille de trading pour qu’elles se concentrent
sur leur rôle essentiel. De plus, toutes les banques actives en
Belgique, surtout en comparaison avec des pays comme la
Grande-Bretagne, sont fondamentalement des banques de
détail. Et c’est très bien comme cela.
La Banque nationale sera également réformée en profondeur.
À partir de novembre 2014, la Banque centrale européenne
deviendra l’organe de surveillance d’environ 130 organismes
de crédit, qui représentent 85% de l’actif total des banques
dans la zone euro. Pour mener cette mission, la BCE collaborera
avec les organes de surveillance nationaux. Nous sommes en
train de soumettre les banques, y compris les banques belges,
à un examen approfondi de leur bilan ainsi qu’à un test de résistance. Les différents crédits au bilan de la banque sont-ils
valorisés correctement ? Comment la banque réagira-t-elle à
un scénario de crise au cours des trois prochaines années ?
Dispose-t-elle de fonds propres suffisants ?
Toutes ces mesures liées aux fonds propres et aux liquidités
vont dans la bonne direction. Nous avons tiré les enseignements
de la crise de 2008. Nous sommes plus à l’abri aussi grâce
aux règles de Bâle III, alors qu’avant 2008, celles de Bâle II
n’étaient pas assez strictes. ||
Mathias Dewatripont,
Directeur de la Banque nationale de Belgique et professeur à l’ULB
B NQ
B NQ est une plateforme de contenu de cross médias consacrée à la banque
socialement responsable et moderne. Au travers de la diffusion d'informations,
B NQ entend ouvrir le débat et le dialogue sur la base de récits remarquables,
innovants et concrets. Ce magazine a été publié le 13/03/2014
www.lecho.be/bnq
La caricature
de la banque
14
Le rôle
des banques
8
Le banquier du futur
doit concilier le cœur
et la raison
6
La boîte à fusibles
de l’économie
16
De l’épargne
au crédit
18
Produits et services
financiers en vitrine
20
De l’argent auquel
on ne touche pas
17
22
L’ABC
de la banque
24
Les banques doivent
accompagner l’évolution
de notre monde
Ours
Une initiative de BNP Paribas Fortis en collaboration avec Echo Connect. Coordination : Veronique Soetaert
Lay-out : Björn De Greef, Christine Dubois Photo : Frank Toussaint E.R. : WalterTorfs, rue des Sols 2, 1000 Bruxelles
Echo Connect offre aux entreprises, organisations et organismes
publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision,
leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo.
Les partenaires impliqués sont responsables du contenu.
CONNECT
La caricature
de la banque
Roland Gillet : « Ce ne sont pas seulement
les banques qui ont fait défaut au premier chef.
Les particuliers et les indépendants qui ont trop emprunté
sont également à la base de la crise financière. »
I Activités bancaires I
Accusées d’être à la source de la crise financière, les banques sontelles aussi responsables qu’on le prétend ? C’est oublier l’influence
des ménages, qui ont été encouragés, par des avantages fiscaux, à
surinvestir dans l’immobilier, rappelle Roland Gillet, professeur de
finance à la Sorbonne (Paris) et à l’ULB (Solvay). Expert reconnu au
niveau international, il nous propose une autre lecture du dossier.
A
l’heure actuelle, aux yeux de la société, les banques
sont à la source de bien des maux. Elles ont créé la
crise financière et l’ont amplifiée. Elles ont pris des
risques inconsidérés. Et il a fallu les sauver avec de
l’argent public, ce qui a coûté cher à tout le monde. Pour empêcher les banques de renouveler ce mauvais scénario, il
faudrait donc, d’une part, leur interdire l’activité d’investissement
pour compte propre et, d’autre part, réduire leur taille. En
effet, si une petite banque tombe en faillite, elle ne déstabilisera
pas tout le système et les pouvoirs publics auront la capacité
de sauver les petits épargnants.
Cette approche, très répandue dans l’opinion, est cependant
caricaturale. Dans bien des cas ce ne sont pas les activités
spéculatives des banques qui ont précipité leur chute, mais les
innombrables crédits hypothécaires qu’elles avaient consentis
à de bien paisibles ménages...
L’exemple des Pays-Bas – pas un pays du Sud, donc ! – est révélateur. Beaucoup de ménages avaient investi dans l’immobilier
au-delà du raisonnable, poussés par de puissants incitants
fiscaux. Quand, pour des raisons budgétaires, le gouvernement
a réduit ces avantages, nombre d’entre eux n’ont plus pu
honorer leur emprunt. Si la classe moyenne avait surinvesti
dans la brique, c’est parce qu’elle pouvait déduire cet investissement non pas de ses revenus mais de ses impôts. Étranglés
financièrement, trop de vendeurs se sont manifestés en même
temps, ce qui a fortement fait chuter les prix. Le marché immobilier s’est retourné avec une rare violence. La vente, sous
la contrainte, de nombreux biens à prix bradés n’a pu éponger
tous les crédits encore en cours, ce qui a plombé certains
bilans bancaires.
c’est la banqueroute. Or les banques espagnoles
n’avaient pas reporté le risque sur d’autres
(contrairement aux banques américaines, qui
avaient pratiqué la titrisation). Et ce sont de
toutes petites banques, les caisses locales
(Caixas), qui réalisaient la plupart des petits
crédits hypothécaires et octroyaient des crédits
aux PME et aux collectivités locales, sur la base
de leurs dépôts, qui ont d’abord fait faillite.
Lorsque le marché s’est grippé en Espagne, les
défauts de crédit ont explosé pour les ménages,
mais aussi pour les PME et les collectivités locales. Celles-ci ont rencontré des difficultés
économiques, amplifiées par la crise immobilière.
Submergées par les trop nombreux défauts,
les caisses locales en faillite ont été, pour l’essentiel, regroupées dans la structure Bankia,
où elles représentaient un besoin d’aide de
plus de 30 milliards d’euros. Soit un véritable
gouffre en comparaison à la plus grande banque,
Santander, qui n’aura sans doute pas besoin
d’aide, car cette grande banque diversifiée sur
le plan international peut compenser ses pertes
en Espagne par ses activités qui ne sont pas
impactées par l’économie espagnole.
Voilà pourquoi il est essentiel de rappeler que,
pour les banques aussi, la diversification reste
la règle en matière de gestion des risques. À
ne pas assimiler à de la spéculation. ||
Par Roland Gillet, professeur de finance à
la Sorbonne (Paris) et à l’ULB (Solvay)
L’exemple de l’Espagne
Ce ne sont donc pas les banques qui ont fait défaut au premier
chef, mais les particuliers et les indépendants qui s’étaient endettés au-delà de leurs possibilités.
En Espagne, on a connu le même phénomène. Certaines
banques avaient prêté à très long terme, parfois jusqu’à 35
ans, car le gouvernement espagnol voulait favoriser l’achat
plutôt que la location. Or, avec un prêt long, la part de capital
remboursée les premières années est très faible. Pour peu que
le marché s’effondre, ce qui est arrivé, la banque qui saisit un
bien immobilier revend un actif qui ne couvre pas le crédit de
départ. Et si un grand nombre d’emprunteurs font défaut,
I5I
IL NE FAUT PAS
ASSIMILER DIVERSIFICATION
ET SPÉCULATION.
Roland Gillet
Le banquier du futur
doit concilier
le cœur et la raison
Plus que jamais, les banques doivent s’adapter à un monde en évolution
rapide. En quoi cette évolution influe-t-elle sur leur fonctionnement ? À quoi
ressemblera la banque du futur ? Cinq spécialistes confrontent leur vision.
I8I
Pierre Berger (Baker & McKenzie),
Marc De Ceuster (UA), Karel Lannoo
(Centre for European Policy Studies),
Max Jadot (BNP Paribas Fortis),
Michel Vermaerke (Febelfin).
L
e monde bancaire connaît une évolution extrêmement
rapide. Les besoins des clients changent, la technologie
ouvre de nouvelles opportunités et la réglementation
subit de profonds bouleversements. L’impact cumulé
de ces facteurs est immense. Les clients veulent pouvoir choisir
la manière dont ils entretiennent leurs relations avec leur
banquier. Ils ont tantôt besoin d’une discussion approfondie
dans une agence, tantôt de pouvoir exécuter leurs opérations
bancaires via leur ordinateur portable, leur tablette ou même
leur smartphone. Ces nouveaux schémas mettent les banques
face à un énorme défi, tout en offrant l’opportunité de combiner
un meilleur service et des économies de coût.
C’est l’un des constats tirés par les cinq experts que nous avons
invités à confronter leur vision : Pierre Berger (partner, spécialiste
banques chez Baker & McKenzie), Marc De Ceuster (professeur
à l’Université d’Anvers), Karel Lannoo (CEO du Centre for
European Policy Studies), Michel Vermaerke (administrateur
délégué de la fédération des banques Febelfin) et Max Jadot
(CEO BNP Paribas Fortis).
Quel est le rôle social du secteur bancaire ? Et quels défis
devra-t-il relever pour arriver à le jouer pleinement ?
Vermaerke : « Les banques remplissent une fonction extrêmement
importante dans le tissu économique. Une de leurs tâches essentielles consiste à attirer les dépôts d’épargne et à les
I9I
transformer en crédits. Toutefois, les banques
proposent également un éventail équilibré de
produits d’épargne et d’investissement, et sont
impliquées dans l’infrastructure qui permet
l’acheminement des paiements. C’est d’ailleurs
l’une de ces tâches essentielles qui subit un
bouleversement : la technologie évolue très vite
et les attentes des clients changent. Il faut également nous interroger sur l’implication sociale
du secteur. Les événements qui ont émaillé ces
vingt dernières années ont creusé un gouffre
entre le secteur bancaire et la société. Il ne sera
possible de le combler qu’en étant davantage à
l’écoute du client et en apportant une réponse
à ses nombreux besoins en matière de communication. Ainsi le secteur bancaire belge – et il
est le seul en Europe dans ce cas – s’est-il
engagé à ne plus diffuser de produits financiers
trop complexes. Plusieurs actions de sensibilisation
ont également été mises en œuvre concernant
la sécurité des opérations sur Internet. »
Jadot : « Nous sommes confrontés à trois défis
majeurs. Tout d’abord, nous devons trouver un
juste équilibre entre des banques très sûres,
>
Max Jadot
> mais aussi pleinement capables de convertir
les dépôts d’épargne en crédits. Vu la profusion
de nouvelles lois et réglementations, cela n’est
pas évident. En outre, les banques doivent apporter une réponse à l’évolution des besoins
des clients. S’ajoute à cela un défi de nature
plus temporaire : les taux d’intérêt bas, qui affecteront la rentabilité d’une fonction essentielle
des banques, à savoir la transformation de
l’épargne en crédits, au cours des prochaines
années. Ces défis auront un impact énorme
sur le secteur. Nous devons dès lors tâcher de
légiférer de manière équilibrée et d’instaurer
un climat de sécurité dans lequel le client reviendrait au centre de nos préoccupations. »
Quelle influence la révolution technologique
a-t-elle sur les banques et la manière dont
nous effectuons nos opérations bancaires ?
Berger : « Pour ce qui est des banques en
ligne, la Belgique a pris un peu de retard par
rapport à ses voisins. Aux Pays-Bas, par exemple,
les parts de marché des banques en ligne sont
beaucoup plus élevées. Par ailleurs, les plateformes mobiles sont également appelées à gagner en importance. Dans ce domaine, la Belgique peut même jouer un rôle de pionnier :
dans l’industrie du paiement, certains développements récents sont assez innovants dans
le contexte européen. L’interaction avec les réseaux sociaux est également destinée à s’intensifier. Nous n’en percevons pas encore réellement les conséquences en Belgique, mais ce
phénomène est en plein essor dans d’autres pays. Les organismes
financiers peuvent également profiter de ces évolutions pour
rapprocher le monde bancaire de l’univers des plus jeunes. »
Jadot : « Les banques évoluent vers un modèle où le client
pourra communiquer avec sa banque par différents canaux.
Les clients sont plus que jamais au centre du processus : ils
tiennent à choisir le canal par lequel ils communiquent avec
leur banquier au gré de leurs besoins à un moment spécifique.
Ces cinq dernières années, les activités au guichet ont diminué
de 50 à 80%. En revanche, le self-banking, le contact par callcenter et, bien entendu, le PC banking ont énormément gagné
en importance. Le PC banking existe depuis douze ans et son
utilisation ne cesse de prendre de l’ampleur. Des applications
permettent même d’exécuter les opérations bancaires par
smartphone ou sur tablette. En outre, nous sommes confrontés
à des entreprises du secteur technologique qui déploient des
activités bancaires – comme Google et Apple – ou au développement de nouveaux moyens de paiement électronique
comme le bitcoin. Les banques sont moins familiarisées avec
cet univers, mais elles peuvent y trouver leur place. Et, à
l’inverse, ces entreprises devront parvenir à s’adapter aux différentes réglementations, ce qui ne sera pas évident non plus. »
Quel sera le rôle des agences dans un monde où la technologie ne cesser de gagner en importance ?
Vermaerke : « Les opérations courantes passeront de plus en
plus par des plateformes numériques accessibles en permanence.
L’agence aura toujours sa place, mais il s’agira alors d’une
place de valeur ajoutée et de services. »
Jadot : « L’agence continuera à jouer un rôle important, mais
parallèle à tous les autres canaux nécessaires au client, ce qui
suppose de nombreuses possibilités. À court terme, un collaborateur d’agence pourra appeler un spécialiste sur sa tablette
pour discuter par vidéoconférence d’un prêt hypothécaire ou
d’investissements avec le client. Et, le soir, ce même client
pourra continuer cette discussion avec son conseiller sur son
I 10 I
I Activités bancaires I
IL FAUT ÊTRE CONSCIENT
QUE L’ÉLIMINATION DES
RISQUES A UN PRIX.
Marc De Ceuster
ordinateur ou sa tablette. Voilà comment la technologie alliera
amélioration du service et réduction des coûts. »
Vermaerke : « Cette évolution exigera un sérieux effort en
matière de formation du personnel. Celui-ci doit être préparé
à cette évolution numérique et être capable d’entretenir autrement le contact avec les clients. Le secteur investit déjà
plus de 3% de sa masse salariale en formations. Il compte
parmi les leaders européens dans ce domaine. Et il sera
nécessaire de poursuivre ces efforts à l’avenir. »
Les banques sont aussi confrontées à une foule de nouvelles
lois et règles. Quelles en sont les conséquences ?
De Ceuster : « En matière de réglementation, on observe deux
tendances très contradictoires. L’Europe nous a encouragés à
exploiter la libre circulation des biens et des services, mais
depuis le déclenchement de la crise, des tendances protectionnistes se manifestent plus ouvertement. Les banques
doivent céder leurs activités étrangères et se replier sur leur
marché national tout en ayant l’obligation de renforcer leurs
réserves de capitaux. C’est une exigence parfaitement légitime,
mais tout le monde ne réalise pas qu’elle s’accompagne de
restrictions : un renforcement des fonds propres pèsera nécessairement sur les octrois de crédits et la rentabilité. C’est
un principe économique incontestable. C’est précisément la
raison pour laquelle il est important de trouver le juste équilibre.
Il faut être conscient que l’élimination des risques a un prix. »
Lannoo : « Les régulateurs ont une attitude contradictoire : ils
imposent de plus en plus de règles, mais, simultanément, attendent des banques qu’elles fournissent davantage de capitaux.
C’est naturellement impossible. Au niveau européen, le durcissement des règles a réduit les octrois de crédits, or la majeure
partie du financement des entreprises passe par les banques.
Aux États-Unis, les entreprises font davantage appel aux
marchés des capitaux, et c’est également une des raisons
pour lesquelles les États-Unis sont sortis si rapidement de la
crise. De plus, l’Europe impose des règles plus strictes aux
I 11 I
Marc De Ceuster, Université d’Anvers
financements qui ne passent pas par les banques,
dans le but de protéger les investisseurs. En
outre, il est encore plus difficile, dorénavant,
de financer des entreprises. Pour moi, cela
reste l’un des grands défis à venir. »
Le financement bancaire traditionnel reste
important. N’évoluons-nous pas vers un modèle
où les formes alternatives de financement
gagnent du terrain ?
De Ceuster : « Je ne peux pas imaginer la disparition des banques. Un intermédiaire sera toujours
nécessaire entre ceux qui ont besoin d’argent et
ceux qui peuvent le mettre à leur disposition.
Bien sûr, il est possible de les mettre en contact
direct sur les marchés financiers, mais uniquement
si le bailleur de fonds est capable de faire une
estimation précise des risques. Or c’est cette
capacité qui fait l’originalité des banques et
c’est aussi pourquoi elles jouent un rôle fondamental. »
Berger : « Les banques assureront encore une
grande partie des besoins de financement, mais
je ne crois pas qu’elles continueront à tout
prendre à leur charge comme auparavant. La
réglementation contraindra les banques à alléger
leurs dettes et à renforcer leurs fonds propres.
Cela aura sans doute un impact sur les financements qui pourront être accordés et accroîtra le
besoin d’alternatives. Dans ce domaine, les autres
acteurs, comme les fournisseurs de capitalrisque, les assureurs, les fonds de pension ou les
fonds à effet de levier auront un rôle à jouer. »
>
>
Pierre Berger
Quel est le rôle des pouvoirs publics dans le secteur
bancaire ? Comment le voyez-vous évoluer ?
Jadot : « L’État doit créer un climat de confiance, garantir la
sécurité juridique et veiller à ce que l’ensemble des banques
soient soumises aux mêmes règles. Si l’État joue bien ces
différents rôles, il aura une énorme valeur pour le secteur
financier. Le passé l’a démontré : en pleine crise, l’État a tout mis
en œuvre pour préserver la confiance dans le secteur bancaire.
Nous devons lui en être reconnaissants. Ceci dit, avec les
nouvelles réglementations, nous traversons actuellement une
phase de turbulences qui s’accompagne d’incertitudes. »
Berger : « Un petit pays comme la Belgique doit surtout suivre
la politique européenne et transposer dans les délais les mesures
imposées, si possible sans ajouter trop de règles propres. La
Belgique a souvent beaucoup de retard dans la transposition
de la réglementation européenne, mais en matière bancaire,
nous sommes en avance sur le reste de l’Europe pour l’instant.
Pourtant, nous avons tout intérêt à appliquer les mêmes règles
que sur le reste du continent. L’État devrait également stimuler
certaines activités au lieu de se contenter d’imposer des
restrictions au secteur bancaire. Je crois plus au modèle luxembourgeois où l’État crée un climat propice au fonctionnement
efficace des banques. »
Lannoo : « C’est tout de même une évolution marquante : dans
le contexte européen, notre pays joue de plus en plus souvent
cavalier seul. Les autorités européennes sont intervenues massivement et l’opération a coûté 14,5% du PNB européen. Nous
devons revenir en arrière. De ce fait, les autorités européennes
exerceront une surveillance beaucoup plus distanciée que les
superviseurs nationaux. Je m'attends dès lors à des regains de
tension entre la BCE et les organes de surveillances nationaux.
Car ce sont finalement les autorités nationales qui devront implémenter les règles. »
Karel Lannoo
Comment voyez-vous l’avenir des banques ?
De Ceuster : « Le client doit revenir au centre de leurs préoccupations. Je pense que les banquiers ont un peu perdu de vue ce
principe. Un conseil de qualité sera toujours apprécié. Peut-être
pas pour les opérations quotidiennes, mais dans les phases cruciales de la vie : mariage, achat d’une maison ou ouverture d’un
plan de retraite. Là, les banques ont un rôle important à jouer.
Le contact humain ne disparaîtra pas, mais les banques devront
mieux communiquer leurs connaissances. »
Berger : « Il y aura beaucoup moins d’agences, mais elles
offriront plus de qualité. Je présume que la banque du futur
opérera dans une société sans cash et qu’elle se concentrera
plus encore sur les canaux en ligne et mobiles. Dans cet environnement, les banques devront également évoluer vers un
service plus simple, plus rapide et plus transparent. »
Michel Vermaerke
Vermaerke : « Je ne pense pas qu’il n’y a qu’un seul modèle de
banque du futur, mais plusieurs. Et quel sera le modèle de
banquier du futur ? Finalement, tout tourne autour de l’argent
et des personnes. L’argent est un sujet sérieux, qui exige de la
raison, mais également de la sensibilité. J’espère que le banquier
du futur saura concilier le cœur et la raison. » ||
I 12 I
I Activités bancaires I
L’État doit contribuer à la confiance
dans le système financier
Les pouvoirs publics ont leur mot à dire dans le débat sur le rôle des
banques. Explications par le ministre des Finances, Koen Geens.
Koen Geens
Quel rôle économique et social les banques doivent-elles
jouer, selon vous ? Comment peuvent-elles l’améliorer ?
Geens : « Les banques doivent accorder des crédits à l’économie
réelle. Pour ce faire, un cadre législatif et prudentiel adéquat est
nécessaire. Un cadre qui donne confiance aux épargnants et aux
investisseurs pour permettre aux banques de continuer à prêter de
l’argent. Pour s'adapter aux réglementations européennes actuelles
et à venir, les banques doivent opérer une profonde réforme organisationnelle. J’en suis conscient. Cela dit, si elles se conforment à la
lettre et à l’esprit de la loi relative à la maîtrise des risques, elles
auront accompli un grand pas dans la bonne direction. »
Quel regard portez-vous sur le rôle des pouvoirs publics dans
le secteur bancaire ?
Geens : « Par la réglementation, les pouvoirs publics contribuent à
augmenter la confiance dans le système financier. J’ai bien dit
« contribuent ». La confiance revient, c’est de plus en plus visible.
Le chemin que nous avons parcouru n’est pas à sous-estimer.
Pensez à l’union bancaire : à partir de novembre 2014, la BCE
exercera directement la surveillance sur les plus grandes banques
européennes. Pensez également aux nouvelles normes de capitaux
imposées par Bâle III, introduites en Belgique avec la nouvelle loi
sur les banques. Ces quelques étapes dans un long processus de
régulation commencent à porter leurs fruits. La confiance dans le
système financier européen augmente sensiblement. Il se peut
que nous n’ayons pas été assez loin. Regardons du côté des ÉtatsUnis : le gouvernement américain est intervenu très rapidement
quand la crise bancaire a éclaté. Je mets mes espoirs dans l’analyse
des bilans des banques, entamée par la BCE, et les tests de
résistance qui seront effectués. Le nouvel organe de surveillance
I 13 I
européen devra également se montrer strict, mais
juste, sous la direction de Danièle Nouy (la nouvelle
présidente de la BCE – NDLR). J’ai bon espoir. »
Comment voyez-vous évoluer les banques ?
Auront-elles un autre rôle ou d’autres tâches
d’ici dix à quinze ans ?
Geens : « Je me garderai de faire des pronostics.
Il n’y a pas si longtemps, nous rêvions de la Big
Belgian Bank. Aujourd’hui, nous sommes plus
modestes. De nombreuses banques se sont
retirées dans leurs frontières nationales. Je ne
pense pas que cela soit une fatalité. Avec le
nouvel arsenal européen de surveillance et de
résolutions, avec la création de l’union bancaire,
le terrain de jeu réglementaire sera beaucoup
plus robuste. Le marché interne des services financiers me semble bien né. Il manque encore
de visibilité, mais cela viendra. Je suis convaincu
que, parallèlement aux banques d’épargne traditionnelles, il y a un marché pour les banques universelles transnationales tant que nous n’aurons
pas perdu de vue l’importance d’une bonne maîtrise des risques. » ||
UN CADRE LÉGISLATIF
ADÉQUAT EST NÉCESSAIRE.
I Activités bancaires I
I 14 I
I Activités bancaires I
I 15 I
I Activités bancaires I
De l’épargne
au crédit
Les banques sont le lubrifiant de l’économie, dit-on parfois, parce
qu’avec l’épargne de leurs clients, elles accordent des crédits à la
fois aux ménages et aux entreprises. Comment procèdent-elles ?
S
ouvent, les acteurs économiques ont besoin de capitaux
pour certains investissements. Pensez aux ménages
qui souhaitent acheter une maison ou aux entreprises
qui investissent dans un nouveau parc de machines.
S’ils ne disposent pas de réserves suffisantes, ils peuvent
solliciter leur banque pour un emprunt. Dans un sens, celle-ci
fait office d’intermédiaire entre ceux qui ont besoin de capitaux
et ceux qui disposent de ressources financières excédentaires.
Les opérateurs qui peuvent se passer d’une partie de leur patrimoine dans l’immédiat peuvent la confier à la banque – sur
un compte à vue, un compte d’épargne, un compte à terme ou
sous la forme d’un bon de caisse. En fait, les épargnants
prêtent une partie de leur patrimoine à leur banque, en
échange d’intérêts. La banque ne pouvant pas faire grandchose de l’épargne d’un seul épargnant, elle regroupe tous les
dépôts afin d’accorder des crédits plus importants, avec
lesquels elle génère à son tour des revenus d’intérêt.
Cela a l’air très simple, mais cette activité confronte les organismes financiers à un énorme défi. Les dépôts d’épargne sont
exigibles à relativement court terme : les épargnants peuvent
retirer leur épargne à tout moment et rares sont ceux qui préfèrent des dépôts à terme à plus de dix ans. En revanche, les
prêts sont souvent assortis d’échéances beaucoup plus longues.
Autrement dit, la banque finance des crédits à long ou moyen
terme avec des dépôts à court terme. Pour compenser le
risque de liquidité, les banques doivent disposer de réserves
suffisamment importantes, de manière à ce que les crédits octroyés ne soient pas compromis par les retraits des épargnants.
Elles y sont également contraintes par des réglementations
I 16 I
bancaires internationales de plus de plus en
plus strictes (voir encadré). Le risque de liquidité
n’est pas le seul défi auquel est confrontée une
banque qui accorde des prêts. L’emprunteur
peut faire faillite ou être dans l’incapacité d’honorer son crédit, auquel cas la banque ne sera
pas en mesure de récupérer la totalité du montant prêté. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
les banques accordent tant d’attention à l’examen d’un dossier de crédit : elles veulent être
sûres de ne pas accorder de prêt à des ménages
ou à des entreprises qui présentent un risque
de défaut de paiement trop élevé.
En outre, la banque doit tenter de garder une
marge d’intérêt positive. Cette marge correspond
à la différence entre les revenus qu’elle perçoit (intérêts prélevés sur les crédits) et les coûts qu’elle
engage (intérêts accordés sur les dépôts). Le souscripteur d’un crédit peut opter pour un taux fixe,
pour rembourser la même somme pendant toute
la durée du crédit. Et la banque ne pourra pas répercuter sur son emprunteur à taux fixe une éventuelle variation des taux sur les dépôts. Sa marge
d’intérêt peut même devenir négative, ce qui l’obligera à essuyer une perte.
Les banques limitent autant que possible les
risques, par exemple en veillant à disposer de
fonds propres suffisants et d’une marge de liquidité
assez élevée. Elles peuvent se couvrir contre ces
risques à l’aide de produits financiers complexes,
comme un swap de taux d’intérêt, qui leur permet
de transformer, moyennant des frais définis, un
taux fixe en un taux variable, et d’éliminer ainsi le
risque de taux. ||
ALTERNATIVES AU
FINANCEMENT
BANCAIRE
© Hollandse Hoogte
© Thomas De Boever
Les ménages et les entreprises financent leurs activités avec l’épargne déposée
dans les banques.
4 règles pour un
système bancaire stable
En réaction à la crise bancaire de 2008, le
Comité de Bâle a élaboré de nouvelles directives
pour le secteur bancaire. Depuis sa création,
c’est la troisième fois que la fédération des organes de supervision du secteur bancaire
élabore une nouvelle série de règles, connues
sous le nom de Bâle III. Bien que ces directives
doivent encore être transposées dans la législation européenne, les principes sont d’ores et
déjà fixés. La réglementation devrait être introduite en plusieurs étapes jusqu’en 2019.
1
Sous Bâle III, le ratio de capital doit atteindre au moins 9%, voire plus pour les
« banques systémiques », c’est-à-dire les banques
dont la faillite pourrait gravement perturber l’ensemble du système financier et l’économie réelle.
Le ratio de capital représente le rapport entre
les fonds propres d’une banque et ses actifs,
pondérés en fonction des risques. Un ratio de
capital plus élevé obligera les banques à constituer
des réserves de capitaux plus importantes pour
limiter les risques.
2
Le rapport entre le capital d’une banque
et la taille de son bilan (le leverage) sera
limité. Par le passé, la taille des banques n’était
soumise à aucune restriction. Avec les nouvelles
règles, ce n’est plus le cas. C’est la raison pour
laquelle de nombreuses banques cèdent des
activités qui ne relèvent pas de leur cœur de
métier.
3
Bâle III obligera les banques à constituer
des réserves de liquidités suffisamment
élevées. Elles devront notamment détenir assez
d’actifs liquides (cash ou actifs négociables sur
le marché) pour résister pendant trente jours à
une crise qui affecterait leur cash-flow. L’objectif
de cette règle est d’éviter qu’elles soient mises
en difficulté si elles sont privées de l’accès aux
liquidités sur le marché interbancaire.
4
En 2018, le comité de Bâle imposera aux
banques un net stable funding ratio. Celui-ci détermine la mesure dans laquelle les activités bancaires doivent être couvertes par des
financements disponibles et stables. L’objectif
est de limiter le risque qu’engendre l’utilisation
de dépôts à court terme pour fournir des crédits
à moyen ou long terme.
I 17 I
Les banques ne sont pas la
seule source de financement
pour les entreprises. Si ses
besoins de capitaux ne sont pas
trop importants, le chef d’entreprise peut d’abord solliciter son
environnement proche. Des
business angels peuvent également lui fournir des fonds. Ceuxci sont généralement des
gérants ou anciens gérants
d’entreprises, qui investissent
dans des sociétés prometteuses
qui démarrent leur activité ou
affichent une croissance sensible. Les investisseurs privés
peuvent également fournir aux
entreprises les capitaux dont
elles ont besoin. Il peut s’agir de
fonds de capital-risque ou de
hedge funds qui, en tant qu’actionnaires, s’introduisent également dans le cockpit de l’entreprise. Pour les grandes entreprises, la Bourse est aussi une
source de capitaux envisageable. Enfin, le crowd funding
consiste à proposer directement
un projet à des investisseurs
particuliers par le biais des
médias sociaux ou d’autres plateformes Internet. Cette nouvelle
source de financement n’est pas
encore très répandue dans
notre pays.
Vous trouverez de plus amples
informations sur les crédits aux
entreprises sur bnq.lecho.be.
I Activités bancaires I
De l’argent auquel
on ne touche pas
23 décembre 2013, 16 heures. Le shopping de Noël bat son plein.
C’est précisément à ce moment-là que les terminaux de paiement
Bancontact tombent en panne pendant deux heures. Plus de deux
millions de transactions ne peuvent être effectuées et les commerçants
voient filer plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires.
T
elle est la face obscure du traitement électronique
des paiements. Contrairement à une transaction traditionnelle en cash – un service ou un bien en échange
d’argent comptant –, il faut pouvoir compter sur un
support technologique fiable lorsque vous utilisez de la
monnaie scripturale intangible. Cette confiance est méritée
dans 99,9% des cas. Mais 99,9%, ce n’est pas 100%. Pas une
semaine ne passe sans qu’on évoque la défaillance d’un
système de paiement ou un vol d’informations bancaires dans
le cyberespace financier. Admettons-le, les défaillances électroniques sont exceptionnelles. Et elles sont la seule part
d’ombre d’un système qui présente par ailleurs de nombreux
avantages. En effet, le paiement électronique complique considérablement le vol et la fraude, car le monde électronique est
un univers ouvert et contrôlé. Et surtout un univers pratique.
Confortablement installés dans notre fauteuil, nous ne craignons
plus de perdre des billets, nous faisons des achats et des
ventes où et quand nous le voulons. Sans nous soucier des
mécanismes complexes qui sous-tendent cette amélioration
de notre confort financier.
Ce confort nous est fourni par la banque. Le cœur d’activité
de chaque banque est clair : fournir des services. En tant
LE TRAITEMENT ÉLECTRONIQUE DES PAIEMENTS
DEVIENT UN RÉSEAU GÉANT
DE BITS ET D'OCTETS.
I 18 I
qu’intermédiaire, la banque veille à ce que les
capitaux excédentaires des uns soient dirigés
vers les autres, qui souhaitent en faire quelque
chose. Si l’objectif est simple, la tâche est éminemment compliquée. Recevoir des dépôts et
accorder des crédits est une chose. Gérer les
flux financiers gigantesques qui en découlent,
de et vers les particuliers, entreprises, pouvoirs
publics et autres banques, est une autre paire
de manches. Dès lors, la gestion de ces flux financiers est une des tâches cruciales des
banques. Une tâche dont l’ampleur s’est encore
accrue ces dernières années. Car il ne s’agit
pas uniquement d’alimenter un terminal en
billets, ou d’accepter une carte de crédit au
restaurant. Proton ? Puce de GSM ? Sites web ?
Vous payez où, quand et comme vous le souhaitez, à l'aide de vos revenus, virés automatiquement sur votre compte.
Aujourd’hui, la Belgique compte 14 millions de
cartes de débit et 4 millions de cartes de crédit.
C’est environ deux fois plus qu’en 1995. L’an
dernier, les Belges ont retiré environ 40 milliards
d’euros des distributeurs automatiques du pays,
deux fois plus qu’en 2000. Et plus de 10 milliards
d’euros à l’étranger, deux fois plus qu’en 2010.
Le PC banking connaît une croissance exponentielle, comme les achats en ligne. Les chèques
disparaissent. Le cash aussi. Le traitement électronique des paiements se métamorphose de
plus en plus en un gigantesque réseau de bits
et d’octets.||
I Activités bancaires I
Swift et SEPA
La libre circulation est inscrite dans les textes fondateurs européens. Et
à raison : la fluidité des paiements constitue l’un des piliers d’un
commerce international prospère, qui, à son tour, est une condition essentielle à une économie saine et à l’accroissement de la richesse.
Comment la libre circulation des paiements est-elle organisée ?
Comment éviter les erreurs et la fraude ? Quand il y a de l’argent en jeu,
la situation devient rapidement délicate, d’autant plus que les montants
sont considérables. Chaque transaction et chaque partie prenante doit
pouvoir être identifiée de manière univoque. Cette identification passe
par le code IBAN (International Bank Account Number) pour les
comptes personnels et le code BIC (Bank Identifier Code) pour
l’organisme financier. Grâce à ces codes, chaque compte dans chaque
pays a une adresse unique, ce qui facilite le suivi et le contrôle.
Ce trafic passe par une série d’institutions spécialisées. La Society for
Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT), basée à
La Hulpe, est de loin la plus importante. SWIFT est la propriété de plus
de 10 000 organismes financiers dans 214 pays, dont toutes les banques
importantes, également parties prenantes. Rien qu’en Belgique, on en
dénombre 104. Grâce au réseau de SWIFT, ces organismes s’envoient
des informations concernant les paiements. En Belgique, environ 1,5
million de messages sont échangés par jour. SWIFT assure ainsi un rôle
essentiel dans le trafic des paiements transfrontaliers. Toutefois, elle
n'est pas seule dans ce domaine. Target2 – Trans-European Automated
Real-Time Gross Settlement Express Transfer – est une plateforme
paneuropéenne qui assure d’importants transferts libellés en euros et
le règlement des opérations de la Banque centrale européenne.
La circulation monétaire est régie par les autorités européennes, par le
biais de la SEPA (Single Euro Payments Area). Depuis le 1er février 2014,
tous les virements et domiciliations des pays européens se font de la
même manière, par le biais d’une grande infrastructure, avec un seul
type de formulaire de virement et une seule législation européenne.
L’Europe est devenue une zone de paiement unique, où les paiements
en euros sont exécutés partout de manière identique. Pour le plus
grand bénéfice des entreprises.
LA CONCURRENCE EST LÀ
© Shutterstock
Aujourd’hui, pièces et billets sont toujours en circulation ; en
2020, ce ne sera peut-être plus le cas. Nous pouvons déjà
effectuer une foule de paiements à l’aide d’un smartphone ; en
2020, ce sera sans doute notre seul porte-monnaie. Le bitcoin
est en plein essor ; en 2020, une devise virtuelle sera peut-être
aussi importante que l’euro ou le dollar. Le cash existera-t-il
encore en 2020, trois générations après le lancement de la
carte de crédit, en 1958 ? Qui gérera le trafic des paiements ?
Les banques sauront-elles résister aux géants de la technologie
comme Google ? eBay est déjà propriétaire de PayPal, et d’autres entreprises informatiques sont en quête d’une licence bancaire – quand elles n’en détiennent pas déjà une. De l’autre
côté de la chaîne, les opérateurs téléphoniques et les supermarchés se trouvent exactement là où se font la plupart des paiements. Les banques semblent peu à peu évincées du centre de
la chaîne des paiements. Qu’elles s’accrochent !
I 19 I
I Activités bancaires I
Produits
et services
financiers en
vitrine
Cela fait longtemps que vous ne vous
rendez plus chez votre banquier uniquement
pour vos produits d’épargne et votre prêt
hypothécaire. Les banques proposent une
gamme de plus en plus vaste de produits
et services financiers, dans laquelle une
clientèle aussi large que possible doit
trouver chaussure à son pied.
E
n Europe, les organismes qui ne proposent que des services de banque
d’épargne ou de banque d’affaires sont
en voie de disparition. De nombreuses
institutions financières sont devenues des banques
universelles, au point que certains les considèrent
comme de véritables supermarchés financiers,
où une clientèle la plus large possible peut s’approvisionner en produits et services financiers
les plus divers. Il y a cinquante ans, il en était
tout autrement. Les banques d’épargne se
concentraient sur les ménages. Elles attiraient
les dépôts qu’elles utilisaient ensuite pour accorder
des prêts hypothécaires. Les banques d’affaires
déployaient leurs activités de l’autre côté du
spectre. Elles s’adressaient exclusivement aux
entreprises, qui avaient besoin de produits et
services plus spécialisés.
La prospérité économique aidant, la distinction entre les deux
types de banques s’est peu à peu estompée. Les ménages ont
beaucoup plus de moyens financiers qu’il y a cinquante ans, et
ils attendent plus de leur banque qu’un simple assortiment de
comptes d’épargne et de prêts hypothécaires. De ce fait, les
banques d’affaires répondent également aux besoins d’investissement des ménages, alors que les banques d’épargne classiques pénètrent le marché des services aux entreprises. Cette
évolution a finalement donné naissance à des organismes financiers actifs sur les différents marchés, dont certains sont
même devenus des bancassureurs intégrés. Ces derniers ont
également, dans leur catalogue, des produits d’assurance :
des assurances incendie ou auto aux assurances-vie.
Acteurs de niche et
banques universelles
Aujourd’hui, 104 banques sont enregistrées auprès de Febelfin,
la fédération du secteur bancaire belge. Parmi elles, de petites
et de grandes banques, des banques de niche, des banques
d’épargne et des banques universelles, chacune proposant
produits et services spécifiques. Ces organismes vendent
des produits d’épargne et de placement, accordent des
crédits, dispensent des conseils lors d’introductions en bourse
et de placements privés, organisent des mécanismes de couverture contre les risques de taux ou de change, financent
des activités d’exportation. Ces dernières activités sont typiquement le terrain d’action des banques d’affaires ou des
départements « Corporate & Commercial Banking ».
Les produits d’investissement sont proposés par des
départements de type « Investment Management » ou
I 20 I
I Activités bancaires I
MiFID
protège les
investisseurs
« Asset Management ». En gestion de patrimoine individuelle,
un portefeuille de placements est confié à un spécialiste. Généralement, c’est le domaine du private banking, un service
réservé aux clients les plus aisés. En gestion de patrimoine
collective, les investisseurs peuvent souscrire à de nombreux
fonds de placement. Ici, on distinguera les architectures fermées
des architectures ouvertes. Dans le premier cas, les banques
disposent de leurs propres gestionnaires de fonds et proposent
aux investisseurs leurs fonds « maison ». Dans le cas de l’architecture ouverte, les fonds de placement d’autres gestionnaires
de fonds sont disponibles. De nombreuses banques offrent
actuellement une combinaison des deux modèles. ||
LE MODÈLE DE DISTRIBUTION,
DU NORD AU SUD
En Europe, on distingue deux modèles de distribution dans
le secteur bancaire. Dans le premier, l’accent est surtout mis
sur les opérations électroniques. Les agences étant moins
nombreuses, les clients assurent eux-mêmes les tâches bancaires et ont accès aux produits financiers sur Internet. C’est
la situation qui prédomine dans le nord du continent, de la
Scandinavie aux Pays-Bas. Dans le sud de l’Europe, les
réseaux d’agences sont beaucoup plus étendus. La
Belgique se situe entre les deux modèles. On y trouve une
offre considérable de canaux Internet, mais aussi un vaste
réseau d’agences. Ce réseau est cependant de plus en plus
menacé en raison de son coût.
I 21 I
Les banques qui commercialisent des produits
financiers sont soumises à des règles. Au niveau européen, on trouve notamment la
MiFID, acronyme de Markets in Financial Instruments Directive. Cette directive européenne, entrée en vigueur début 2007, a
pour mission de protéger plus efficacement
les investisseurs. Depuis, les banques ne peuvent vendre certains produits financiers que
si elles disposent d’un profil de risque détaillé
du client. Ce profil de risque est défini à
l’aide d’un questionnaire, dans lequel le client
identifie les risques qu’il est disposé à prendre
et communique son expérience en matière
de produits financiers. La MiFID comporte
aussi de nombreuses obligations d’information
pour les banques, qui doivent garantir que
l’investisseur prend ses décisions sur base
d’informations justes. La directive prévoit
aussi l’obligation pour les banques d’informer
les clients des possibles conflits d’intérêts, et
les contraint à traiter de manière optimale
les ordres d’achat et de vente de produits de
placement. Pour les banques de détail, cela
signifie obtenir le prix le plus bas possible,
moyennant des frais d’exécution les plus bas
possible.
Les produits de placement sont donc soumis
à des règles strictes. C’est aussi le cas de
produits plus simples, comme le compte
épargne. L’arrêté royal du 18 juin 2013 impose
aux organismes de crédit des obligations
d’information lorsqu’ils commercialisent des
comptes d’épargne réglementés. Ainsi l’épargnant doit-il notamment pouvoir consulter
une fiche d’information standardisée avec
des renseignements essentiels. Ce document
doit être approuvé par la FSMA, l’organe de
supervision du secteur financier. On peut y
ajouter l’arrêté royal du 27 septembre 2012,
qui fixe le fonctionnement du compte d’épargne réglementé. La loi détermine le paiement
du taux de base et de la prime de fidélité.
Elle limite également les conditions que les
banques peuvent imposer à leurs clients pour
bénéficier d’un taux donné.
I Activités bancaires I
L’ABC
de la banque
Lorsqu’on s’intéresse au monde de la banque, on se voit
rapidement confronté à un dédale de termes complexes.
Tour d’horizon des principales notions à connaître.
Banque centrale
Eurosystème
L’Eurosystème se compose
de la Banque centrale européenne et des Banques
centrales des États membres de la zone euro. La
Banque nationale de Belgique (BNB) en fait donc
partie. Ensemble, ces institutions définissent et exécutent la politique monétaire pour la zone euro. En
outre, l’Eurosystème assure
le bon fonctionnement du
trafic des paiements, la
conservation et la gestion
des réserves de devises
étrangères ainsi que la collecte des statistiques économiques et financières.
Les Banques centrales veillent à la stabilité
du système financier. Dans certains pays,
elles assurent également la supervision
des banques individuelles. Les Banques
centrales déterminent la politique de taux
d’un pays et d’une région, et peuvent
mettre de la monnaie en circulation. Dans
la zone euro, ces activités sont exercées
par la Banque centrale européenne. L’objectif
principal de la BCE n’est pas de piloter la
croissance économique, mais de maintenir
l’inflation « sous, mais à proximité de 2% ».
La « Federal Reserve » est la Banque
centrale américaine. La « Bank of Japan »
est la Banque centrale du Japon.
FSMA
La Financial Services and Markets
Authority (FSMA) est un organisme
public indépendant qui supervise le secteur financier belge. Elle s’assure que
les organismes financiers ainsi que les
produits et services qu’ils proposent satisfont aux règles. La FSMA est également
chargée de la surveillance des marchés
financiers. En revanche, elle n’est pas
responsable du contrôle de la stabilité
des organismes financiers dans notre
pays, lequel relève de la responsabilité
de la Banque nationale de Belgique.
Banque coopérative
La banque coopérative offre à ses clients la possibilité de devenir associés ou copropriétaires en
achetant des parts coopératives. Pour une banque, c’est souvent une façon d’impliquer plus étroitement (une partie de) ses clients dans la stratégie et de nouer une relation à long terme. Les
parts coopératives ne peuvent être vendues à n’importe quel moment. Des avantages spécifiques
sont offerts aux membres, comme des remises sur certains produits et services. Les coopératives
agréées peuvent verser un dividende maximum de 6% par an.
I 22 I
I Activités bancaires I
Interbancaire (marché)
On dit parfois du marché interbancaire qu’il est le lubrifiant du système bancaire.
Les organismes financiers peuvent s’y prêter mutuellement des fonds à très court
terme (parfois moins de 24 heures). Le marché interbancaire est un maillon
indispensable du système financier parce qu’à très court terme, il n’y a jamais
d’équilibre parfait entre les dépôts placés à la banque et les crédits à long terme en
cours. En effet, un jour donné, le montant des dépôts collectés n’est jamais
exactement égal à celui des crédits accordés. Pour remédier à ce déséquilibre temporaire, les banques peuvent se rendre sur le marché interbancaire pour y emprunter
ou y déposer de l’argent.
SEPA
Banque
islamique
Les banques islamiques appliquent les
principes de la charia, la loi islamique.
La charia impose notamment le partage
des richesses pour plus de justice sociale.
C’est pourquoi les banques islamiques
ne peuvent facturer d’intérêts. Seuls les
prêts sans intérêts et les comptes
d’épargne sont autorisés. La spéculation
leur est également interdite, tout comme
les investissements dans l’alcool, le tabac,
l’industrie pornographique et les casinos.
En Europe, Londres est le principal centre
d’activité des banques islamiques.
SEPA (Single Euro Payments
Area, ou espace unique de
paiements en euros) a été
fondé en 2008 pour uniformiser les paiements de
l’Union européenne. L’objectif ? Instaurer dans
chaque pays le même type
de carte bancaire, de virement et de domiciliation,
afin de créer une zone de
paiement unique. De ce fait,
en Belgique, les virements
s’effectuent désormais avec
des formulaires européens
caractérisés par un code
IBAN plus long et un code
BIC. La zone SEPA se compose des pays de l’Union
européenne ainsi que de l’Islande, du Lichtenstein, de
Monaco, de la Norvège et
de la Suisse.
Banque
d’épargne
Les banques d’épargne s’adressent expressément aux particuliers et aux ménages. Elles prennent le moins de risques
possible avec l’épargne qu’elles gèrent
et l’utilisent principalement pour accorder
des prêts hypothécaires. Aujourd’hui, les
véritables banques d’épargne sont devenues rares, la plupart des organismes
financiers ayant étendu leur gamme de
produits et services financiers.
Banque d’affaires
Banque universelle
Les banques d’épargne et les banques d’affaires pures sont en voie de disparition
dans le paysage bancaire européen. La plupart des organismes financiers sont
devenus des banques universelles proposant les produits et services financiers les
plus divers à une clientèle la plus large possible. Ils s’adressent ainsi à la fois aux
épargnants, aux investisseurs, aux clients aisés, aux entreprises et même aux
pouvoirs publics. De nombreuses banques sont même devenues des bancassureurs
intégrés, qui proposent également des produits d’assurances.
I 23 I
Les activités des banques d’affaires sont
diverses, mais généralement considérées
comme plus risquées que celles des banques
traditionnelles. Les banques d’affaires investissent leurs ressources financières dans
des actifs plus risqués, comme des actions
et des obligations. Elles traitent des produits
financiers complexes. Elles peuvent accompagner les entreprises et les pouvoirs publics
qui souhaitent attirer de nouveaux capitaux
ou conseiller les entreprises lors d’une fusion
ou d’une acquisition.
l Échange d’idées l
Les banques doivent
accompagner l’évolution
de notre monde
Que de chemin parcouru depuis la Tisane du Vieil Ardennais, élaborée en 1947 à Durbuy par Lucien Tilman ! Aujourd'hui, l'entreprise
Tilman (entreprise de l'année 2013) croît de 15 % par an (CA 2013 :
19,2 ME), commercialise une vaste gamme de produits à base de
plantes et compte 115 employés. Une croissance accompagnée par
les banques, comme le raconte Jean-Noël Tilman, dirigeant depuis
1984, à Peter De Keyzer, Chief Economist de BNP Paribas Fortis.
Quel rôle la banque joue-t-elle auprès
des entrepreneurs débutants et des entreprises bien établies ? Qu'aimeriezvous que les banques fassent de plus ?
Jean-Noël Tilman : « La banque est un
partenaire essentiel de l'entreprise, qui lui
permet de croître et d'investir en finançant
son fonds de roulement. Chez Tilman,
nous avons des contacts quotidiens avec
notre banque. En revanche, pour un entrepreneur débutant, c'est plus difficile.
Beaucoup de porteurs de projets ne trouvent pas de financement auprès des
banques et doivent se tourner vers d'autres
sources, comme le capital-risque, qui exige
des rendements beaucoup plus élevés –
minimum 6 % par an. C'est beaucoup plus
que le taux d'un crédit bancaire. Cela dit,
je comprends que les banques soient timorées, car depuis la crise, des ratios
beaucoup plus stricts leur ont été imposés.
Or les jeunes entrepreneurs n'offrent pas
beaucoup de garanties... Donc les banques
prêtent de plus en plus aux entreprises
riches, car elles ne peuvent plus se permettre d'accumuler les risques. »
Quels sont les critères qui entrent en
ligne de compte lorsque vous décidez
d’un investissement ? Sont-ils différents
de ceux d'une banque ?
Jean-Noël Tilman : « Forcément, car
nous exerçons des métiers différents.
Nous n'avons pas le même point de vue.
Certains critères peuvent être communs,
mais l'entreprise, outre le rendement à
court terme et l'amortissement économique, décidera en fonction de l'impact
stratégique sur les cinq ou dix ans à venir.
Nous sommes concepteurs de produits,
LES BANQUES DOIVENT
S’IMPLIQUER DANS LE
DÉVELOPPEMENT DURABLE.
Jean-Noël Tilman, entrepreneur
I 24 I
fabricants, commerciaux, vendeurs. Le
banquier, lui, gère au mieux l'argent qui
lui est confié. »
Comment envisagez-vous le rôle de
Tilman au sein du paysage financier ?
Quels enseignements les banques peuvent-elles tirer de votre entreprise et de
vous-même ? Et, inversement, que pouvez-vous apprendre des banques ?
Jean-Noël Tilman : « Nous sommes des
partenaires. Ainsi, nous avons été ravis de
servir de vitrine à BNP Paribas Fortis quand
nous avons remporté le titre d'entreprise
de l'année, en 2013. J'étais heureux que
notre partenaire financier bénéficie également de retombées positives, j'ai même
fait des propositions dans ce sens. De
notre côté, nous avons beaucoup à apprendre : comment s'améliorer sur le plan
financier, bien sûr, mais aussi comment
mieux maîtriser l'environnement réglementaire, que notre banquier connaît mieux
que nous ! »
Comment remédier au fait que les
banques donnent moins facilement accès
aux moyens financiers ou aux crédits ?
Jean-Noël Tilman : « Mon sentiment est
Jean-Noël Tilman (à gauche) : « Nous sommes des
partenaires. Nous avons été ravis de servir de
vitrine à BNP Paribas Fortis lorsque nous avons
remporté le titre d’entreprise de l’année 2013. »
Peter De Keyzer (à droite)
que cela s’arrangera naturellement, car
les banques ont reconstitué leurs réserves
et vont pouvoir à nouveau prendre des
risques raisonnables et calculés, en respectant les nouvelles contraintes. »
Comment voyez-vous la croissance
économique évoluer en Belgique au cours
des années à venir ? Quels seront les nouveaux relais de croissance ?
Jean-Noël Tilman : « On a tellement surconsommé que je crois qu'on va forcément
aller vers une décroissance. Ce qu'on voit
actuellement n'est qu'un soubresaut. Pour
des raisons éthiques, climatiques, environnementales, la consommation va baisser,
la population sera volontairement plus frugale. Les politiques devraient se fier à d'autres indicateurs, du bien-être, de la santé,
de la diminution de la pauvreté : ils sont
bien plus signifiants que la croissance au
sens traditionnel du terme. Songez qu'actuellement, un automobiliste coincé dans
les bouchons crée de la croissance, en brûlant inutilement du carburant, alors qu'il
n'en génère pas s'il prend son vélo. »
Quel sera le rôle des banques dans
cette nouvelle configuration ?
Jean-Noël Tilman : « S'impliquer très
sincèrement dans le développement durable et la responsabilité sociétale des
entreprises. Soutenir le développement
de nouvelles technologies énergétiques,
de protection de l'environnement, de tourisme local responsable, etc. Les pays
émergents vont effectuer en dix ans le
chemin que nous avons fait en trente ans,
mais ils seront aussi rattrapés par les
conséquences climatiques de leur course
à la croissance. Le grand défi, pour les
Belges, les Européens et le reste du monde,
c'est la crise climatique qui va tout bouleverser : nos priorités, nos valeurs, etc. Regardez déjà comme l'attitude du Belge
moyen vis-à-vis de la voiture a changé : il
cherche des modèles plus sobres, moins
polluants. Face à la crise climatique, les
autres préoccupations comme la dette
ou l’État providence sont des détails. Les
banques et les entreprises devront se
garder du green washing, cet “affichage“
de valeurs écologiques sans réel engagement. »
Si vous vous amusiez à prédire l'avenir
des banques, que diriez-vous ?
Jean-Noël Tilman : « Qu'elles se débar-
I 25 I
rasseront enfin de la paperasse ! Pourquoi
un gestionnaire de relations-clients doitil venir dans nos locaux avec un tas de
papiers à signer pour débloquer un crédit ?
Passons à la signature électronique, validée
par visioconférence s'il le faut. Les banques
sont les derniers acteurs à utiliser autant
de papier. Et puis, j'aimerais que notre
banque propose des facilités de crédit à
nos employés, quitte à ce que tout ou
partie de ces prêts soient garantis par
l'entreprise. »
Vous avez toujours accordé beaucoup
d’importance à la R&D. Estimez-vous que
les banques tiennent suffisamment
compte des atouts d'une politique de
R&D forte ? Quels sont leurs points forts
en la matière ? Et quelles sont les possibilités qu’elles ne mettent pas (suffisamment) à profit ?
Jean-Noël Tilman : « Les banques n'ont
jamais financé notre R&D, car nous bénéficions de subsides très appréciables. La
R&D étant par nature incertaine, il est logique à mes yeux qu'elle soit financée
par des fonds publics ou semi-publics. »||
Mieux financer
l'économie
IL FAUDRAIT DÉVELOPPER
CONSIDÉRABLEMENT
LE CAPITAL-RISQUE.
Daniel Gros, Centre for European Policy Studies
On apprend à l'école que le rôle d'une banque est de recueillir l'épargne
des particuliers et de la prêter aux entreprises. Or c'est de moins en
moins le cas. Le financement de l'économie est en train de changer de
modèle, et c'est l'une des raisons pour lesquelles l'Europe a tant de mal à
sortir de la crise. Deux tendances de fond remettent profondément en
question le modèle bancaire traditionnel.
La première est la formation d'une « chaîne de transactions » beaucoup
plus longue qu'auparavant. Schématiquement, un établissement bancaire
recueille de l'épargne, en prête une partie à un deuxième établissement,
qui prête à son tour à un troisième, et c'est seulement ce troisième qui
prête à une entreprise. La longueur de cette chaîne, particulièrement
marquée en Europe, fragilise l'ensemble du système. Ce phénomène est
accentué par les disparités internes à l'UE : les ménages d'Europe du
Nord, comme les Belges et les Allemands, ont un excédent d'épargne,
qu'ils placent dans les banques, alors que les besoins d'investissement
sont plus importants au Sud. Les banques du Nord prêtent donc à des
banques du Sud qui placent l'argent dans l'économie. Mais en cas de
crise, si les banques du Nord veulent récupérer les fonds, les économies
du Sud s'écroulent. Parallèlement, on observe un changement dans la
nature même de l'épargne, particulièrement visible aux Etats-Unis : les
entreprises épargnent autant qu'elles investissent, elles se prêtent des
fonds entre elles, et ont de moins en moins besoin des banques. C'est
pour cette raison que la reprise est plus rapide et plus ferme outreAtlantique : les sociétés ont pu recommencer à investir sans le secours
des banques, qui restent vulnérables.
De plus, le taux de profit des entreprises américaines augmente, et
beaucoup de firmes très importantes, particulièrement dans les nouvelles
technologies, ne réalisent pas d'investissements tangibles et accumulent
des montagnes de cash. Apple détient plus de 100 milliards de dollars de
liquidités, soit autant qu'une grande banque. Les experts n'arrivent pas
vraiment à identifier les causes de cette hausse tendancielle du taux de
profit. Partie des Etats-Unis, elle a gagné l'Europe : en moyenne, et même
s'il existe de fortes disparités entre les régions, les entreprises de la zone
euro s'autofinancent aujourd'hui à 100 %. Cela dit, le mouvement est lent :
l'encours des crédits souscrits par les entreprises auprès des banques
reste deux fois plus élevé en Europe qu'aux Etats-Unis.
La deuxième tendance observée est consécutive à la lutte contre les
déficits budgétaires. Les déficits drainent une grande partie de l'épargne.
Outre-Atlantique, les ménages achètent des bons du Trésor. En Europe,
ils placent leurs fonds sur des livrets d'épargne, et les banques achètent
des bons d'Etat avec ces fonds. La reprise en main des déficits limitera
fortement le rôle d'intermédiaire entre États et ménages que jouent nos
banques. Toutes ces tendances sont moins perceptibles en Belgique, où
les ménages épargnent plus, s'endettent moins, et où les entreprises
sont moins profitables. Il ne faut pas pour autant en sous-estimer la
portée. Car, à terme, nous n'y échapperons pas : tout le financement de
notre économie sera à revoir. Il faudrait développer considérablement le
capital-risque, et ce alors que la crise a créé, chez les ménages, une
aversion vis-à-vis de l'equity et de la bourse... ||
Daniel Gros, Docteur en économie,
directeur du Centre for European Policy Studies
Comment
faites-vous
travailler votre
épargne ?
Crédits aux
entreprises : moteur
de l’économie ?
Comment
paierez-vous
demain ?
Participez à la discussion sur le rôle des banques dans
l’économie et la société via www.lecho.be/BNQ
ou suivez-nous via twitter @BNQ_Banque
Total des dépôts
Total
dépôts :
105,3 milliards*
Si je dépose mon
argent chez
Fortis,
ortis,
BNP Paribas
Paribas F
que devient-il
devient-il ?
Pour chaque 100 € déposés
Nous redis
redistribuons
tribuons
81,90
81,
90 €* de crédit
crédits,
s, soit:
908 agences*
22 Business centres*
37 priv
private
va
ate b
banking
anking
centres
Prêts
Prêt
s
hypo
hypothécaires
thécaires :
37
7,80 €*
37,80
Crédits à la
Crédits
la
consommation
consomma
ation :
0
0,20
,20 €*
4.093
4.
093
guichets
guichet
s
automatiques
a
utoma
ma
atiques
eexcl.
xcl. les cr
crédits
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