PERSPECTIVES ON BANKING
Comment
fonctionne
une banque ?
Une initiative de BNP Paribas Fortis en collaboration avec Echo Connect
Quarterly
Jean-Noël Tilman évoque le rôle des banques
dans le cadre de la croissance
Quel est le rôle de la banque en 2014 ? Fondamentalement, il
n’a pas changé : organiser un système permettant aux entre-
prises et aux ménages de placer leurs économies et d’obtenir
des crédits. Lors de la crise de 2008, les banques se sont re-
trouvées dans l’impossibilité de jouer ce rôle essentiel. Leurs
autres activités, comme le trading de produits bancaires
américains complexes, les avaient mises en difficulté. Ces
excès ont coûté cher à l’économie belge. Pourtant, certains
produits de trading restent indispensables. Par exemple, pour
exporter vers des pays d’autres monnaies que l’euro ont
cours, vous avez besoin de produits de trading, notamment
pour amortir les fluctuations des cours de change.
Une banque ne peut donc pas se contenter de ses deux
tâches principales (collecte de dépôts et octroi de crédits). La
Banque nationale de Belgique a fixé cette vision dans un
certain nombre de mesures approuvées par le gouvernement.
Il ne faut pas scinder les banques en banques d’affaires et en
banques de détail, estime la Banque nationale. Il est préférable
de limiter leur portefeuille de trading pour qu’elles se concentrent
sur leur rôle essentiel. De plus, toutes les banques actives en
Belgique, surtout en comparaison avec des pays comme la
Grande-Bretagne, sont fondamentalement des banques de
détail. Et c’est très bien comme cela.
La Banque nationale sera également réformée en profondeur.
À partir de novembre 2014, la Banque centrale européenne
deviendra l’organe de surveillance d’environ 130 organismes
de crédit, qui représentent 85% de l’actif total des banques
dans la zone euro. Pour mener cette mission, la BCE collaborera
avec les organes de surveillance nationaux. Nous sommes en
train de soumettre les banques, y compris les banques belges,
à un examen approfondi de leur bilan ainsi qu’à un test de ré-
sistance. Les différents crédits au bilan de la banque sont-ils
valorisés correctement ? Comment la banque réagira-t-elle à
un scénario de crise au cours des trois prochaines années ?
Dispose-t-elle de fonds propres suffisants ?
Toutes ces mesures liées aux fonds propres et aux liquidités
vont dans la bonne direction. Nous avons ti les enseignements
de la crise de 2008. Nous sommes plus à l’abri aussi grâce
aux règles de Bâle III, alors qu’avant 2008, celles de Bâle II
n’étaient pas assez strictes. ||
La caricature
de la banque
4
Le rôle
des banques
14
Le banquier du futur
doit concilier le cœur
et la raison
Mathias Dewatripont,
Directeur de la Banque nationale de Belgique et professeur à l’ULB
8
B NQ
B NQ est une plateforme de contenu de cross médias consacrée à la banque
socialement responsable et moderne. Au travers de la diffusion d'informations,
B NQ entend ouvrir le débat et le dialogue sur la base de récits remarquables,
innovants et concrets. Ce magazine a été publ le 13/03/2014 www.lecho.be/bnq
édito
La boîte à fusibles
de l’économie
6
De l’épargne
au crédit
16
De l’argent auquel
on ne touche pas
20
LABC
de la banque
22
Les banques doivent
accompagner l’évolution
de notre monde
24
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Une initiative de BNP Paribas Fortis en collaboration avec Echo Connect. Coordination : Veronique Soetaert
Lay-out : Björn De Greef, Christine Dubois Photo : Frank Toussaint E.R. : WalterTorfs, rue des Sols 2, 1000 Bruxelles
Ours
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leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo.
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CONNECT
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Produits et services
financiers en vitrine
Roland Gillet : « Ce ne sont pas seulement
les banques qui ont fait défaut au premier chef.
Les particuliers et les indépendants qui ont trop emprunté
sont également à la base de la crise financière. »
La caricature
de la banque
Al’heure actuelle, aux yeux de la société, les banques
sont à la source de bien des maux. Elles ont créé la
crise financière et l’ont amplifiée. Elles ont pris des
risques inconsidérés. Et il a fallu les sauver avec de
l’argent public, ce qui a coûté cher à tout le monde. Pour em-
pêcher les banques de renouveler ce mauvais scénario, il
faudrait donc, d’une part, leur interdire l’activid’investissement
pour compte propre et, d’autre part, réduire leur taille. En
effet, si une petite banque tombe en faillite, elle ne déstabilisera
pas tout le système et les pouvoirs publics auront la capacité
de sauver les petits épargnants.
Cette approche, très répandue dans l’opinion, est cependant
caricaturale. Dans bien des cas ce ne sont pas les activités
spéculatives des banques qui ont précipité leur chute, mais les
innombrables crédits hypothécaires qu’elles avaient consentis
à de bien paisibles ménages...
L’exemple des Pays-Bas – pas un pays du Sud, donc ! – est ré-
lateur. Beaucoup de ménages avaient investi dans l’immobilier
au-delà du raisonnable, poussés par de puissants incitants
fiscaux. Quand, pour des raisons budgétaires, le gouvernement
a réduit ces avantages, nombre d’entre eux n’ont plus pu
honorer leur emprunt. Si la classe moyenne avait surinvesti
dans la brique, c’est parce qu’elle pouvait déduire cet investis-
sement non pas de ses revenus mais de ses impôts. Étranglés
financièrement, trop de vendeurs se sont manifestés en même
temps, ce qui a fortement fait chuter les prix. Le marché im-
mobilier s’est retourné avec une rare violence. La vente, sous
la contrainte, de nombreux biens à prix bradés n’a pu éponger
tous les crédits encore en cours, ce qui a plombé certains
bilans bancaires.
Lexemple de l’Espagne
Ce ne sont donc pas les banques qui ont fait défaut au premier
chef, mais les particuliers et les indépendants qui s’étaient en-
dettés au-delà de leurs possibilités.
En Espagne, on a connu le même phénomène. Certaines
banques avaient prêté à très long terme, parfois jusqu’à 35
ans, car le gouvernement espagnol voulait favoriser l’achat
plutôt que la location. Or, avec un prêt long, la part de capital
remboursée les premières années est très faible. Pour peu que
le marché s’effondre, ce qui est arrivé, la banque qui saisit un
bien immobilier revend un actif qui ne couvre pas le crédit de
départ. Et si un grand nombre d’emprunteurs font défaut,
c’est la banqueroute. Or les banques espagnoles
n’avaient pas reporté le risque sur d’autres
(contrairement aux banques américaines, qui
avaient pratiqué la titrisation). Et ce sont de
toutes petites banques, les caisses locales
(Caixas), qui réalisaient la plupart des petits
crédits hypothécaires et octroyaient des crédits
aux PME et aux collectivités locales, sur la base
de leurs dépôts, qui ont d’abord fait faillite.
Lorsque le marché s’est grippé en Espagne, les
défauts de crédit ont explosé pour les nages,
mais aussi pour les PME et les collectivités lo-
cales. Celles-ci ont rencontré des difficultés
économiques, amplifiées par la crise immobilière.
Submergées par les trop nombreux défauts,
les caisses locales en faillite ont été, pour l’es-
sentiel, regroupées dans la structure Bankia,
où elles représentaient un besoin d’aide de
plus de 30 milliards d’euros. Soit un véritable
gouffre en comparaison à la plus grande banque,
Santander, qui n’aura sans doute pas besoin
d’aide, car cette grande banque diversifiée sur
le plan international peut compenser ses pertes
en Espagne par ses activités qui ne sont pas
impactées par l’économie espagnole.
Voilà pourquoi il est essentiel de rappeler que,
pour les banques aussi, la diversification reste
la règle en matière de gestion des risques. À
ne pas assimiler à de la spéculation. ||
Par Roland Gillet, professeur de finance à
la Sorbonne (Paris) et à l’ULB (Solvay)
Accusées d’être à la source de la crise financière, les banques sont-
elles aussi responsables qu’on le prétend ? C’est oublier l’influence
des ménages, qui ont été encouragés, par des avantages fiscaux, à
surinvestir dans l’immobilier, rappelle Roland Gillet, professeur de
finance à la Sorbonne (Paris) et à l’ULB (Solvay). Expert reconnu au
niveau international, il nous propose une autre lecture du dossier.
IL NE FAUT PAS
ASSIMILER DIVERSIFICATION
ET SPÉCULATION.
Roland Gillet
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I Activités bancaires I
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