vements expiratoires successifs. Ces séries d’AFE permet-
tent la mobilisation et la progression des mucosités vers les
grosses bronches et la trachée.
L’énergie générée à partir de la pression-mobilisation
de la paroi thoracique et transmise aux poumons et aux
bronches agit donc indirectement sur l’air intrathoraci-
que : mal réalisées ou insuffisamment effectuées, les
manœuvres risquent de ne pas aboutir. C’est par de nom-
breuses répétitions de ces mouvements ventilatoires que
leur action va pouvoir se manifester. Le frottement répété
du courant aérien sur des sécrétions même épaisses, infec-
tées, déshydratées, stagnantes, devient alors de plus en
plus audible avec leur arrivée dans les gros troncs bron-
chiques. En même temps, à ce stade, le kinésithérapeute,
lors de ses manœuvres de mobilisation costale, va sentir
sous ses doigts la situation et la progression des mucosités
dans les grosses bronches et la trachée.
L’air ainsi mobilisé (bien supérieur au volume courant)
en un flux augmenté vient butter sur les sécrétions, et par
les turbulences provoquées les accroche, les étire, et par le
renouvellement des exercices ventilatoires amplifiés, finit
par les cisailler ou les arracher, les soulever, les décrocher,
soit par strates soit par petits amas successifs. Tout dépend
de leur abondance, de leur viscosité, de leur hydratation,
de leur adhérence aux parois bronchiques. Sauf état res-
piratoire très dégradé, pour un encombrement proximal le
résultat doit être sensible rapidement et l’auscultation à ce
niveau s’en trouver très nettement améliorée. Pour un
encombrement profond, les manœuvres de KR vont es-
sayer d’agir sur les mucosités distales et les entraîner par
des séries répétées de mouvements expiratoires plus
longs, entrecoupées de temps de repos indispensables ; en
abaissant la fréquence respiratoire et en modifiant le
rythme ventilatoire de l’enfant, c’est-à-dire en augmentant
très progressivement l’amplitude et en prolongeant la du-
rée de chacun de ses mouvements ventilatoires (afin de
solliciter l’air de réserve expiratoire).
Dans la mucoviscidose, au niveau respiratoire, la ma-
ladie débute au niveau des petites bronches. Inflammation
et infection s’entremêlent et s’ajoutent ; œdème, hypercri-
nie, abrasage et desquamation de l’épithélium, déficit et
incompétence ciliaires, sécrétions visqueuses, déshydra-
tées, pullulation de germes, tout concourt au rétrécisse-
ment, à la diminution de la lumière des conduits bronchi-
ques et à la stase des sécrétions.
Sur les conduits distaux étroits du nourrisson, encore
réduits par l’inflammation pariétale et avec l’accumula-
tion des mucosités, produits de l’hypercrinie, le risque
d’obstructions multiples, partielles ou totales est réel et
permanent. On perçoit ici l’importance du drainage, c’est-
à-dire de la mobilisation et de l’élimination quotidiennes,
et même si nécessaire pluriquotidiennes, des sécrétions.
D’autant que cette atteinte périphérique surtout à son
début peut passer inaperçue pendant quelque temps (pas
de toux à ce niveau, peu de signes cliniques).
Cependant les pressions costales thoraciques doivent
être progressives et restent, d’abord, davantage un accom-
pagnement, puis un renforcement et surtout un allonge-
ment de l’expiration plutôt qu’une véritable mobilisation
passive du thorax. Souvent, en effet, le nourrisson réagit
lors des manœuvres de KR et ses mouvements ventilatoi-
res amplifiés deviennent actifs. De plus, il garde en per-
manence l’initiative de sa respiration surtout avec son
muscle respiratoire principal : le diaphragme. Les temps
de calme entre les séries d’exercices permettent au nour-
risson de se reposer et de retrouver un rythme ventilatoire
proche de son rythme initial.
Le nourrisson peut parfois s’opposer aux manœuvres
du kinésithérapeute et bloquer sa respiration, par simple
réflexe de défense ; ou s’il ne supporte pas la fréquence, le
rythme ou l’amplitude ou la durée des mouvements impo-
sés : par exemple après une expiration prolongée, il peut
présenter une forte reprise inspiratoire avec un important
tirage, ou encore au cours de la séance donner brutale-
ment des signes de fatigue (il se défend moins). Toutes ces
raisons impliquent l’arrêt momentané ou prolongé des
pressions thoraciques, pour donner à l’enfant la possibilité
de se reposer et de retrouver le rythme ventilatoire anté-
rieur, puis le praticien reprend les manœuvres en deçà des
précédentes. Il faut tout le temps de la séance garder son
attention sur l’état du petit patient et surveiller son com-
portement et ses réactions.
Il n’est pas toujours aisé de dégager les voies aériennes
périphériques du tout-petit quand elles sont encombrées,
surtout en raison de la distension pulmonaire résultant de
l’obstruction bronchiolaire. La souplesse habituelle du
thorax du petit enfant s’en trouve diminuée, ses côtes plus
horizontales (thorax bombant) voient leur course réduite,
son diaphragme plus aplati a une cinétique et une fonction
moindres. La mise en jeu du volume expiratoire de réserve
(VRE) s’avère délicate. Le kinésithérapeute doit procéder
avec douceur et progression, surveiller en permanence
l’enfant (coloration, fatigue, tirage, quintes de toux fati-
gantes, épuisantes et parfois émétisantes) et noter tout
changement éventuel de son état (un tirage qui s’accuse,
une fréquence ventilatoire, contrôlée lors des temps de
repos, qui augmente au fur et à mesure de la séance, une
saturation limite) et tout signe d’aggravation (fatigue sou-
daine, brusque cyanose) et se comporter en clinicien
attentif et prudent ; d’où l’importance d’effectuer un bilan
ventilatoire avant de commencer la séance, bien surveiller
l’enfant lors de la KR et pendant les temps de repos, ainsi
que lors de la récupération après la séance.
Il faut considérer les manœuvres de KR comme une
aide externe pour atteindre une amplitude ventilatoire
plus importante mais, de par la ventilation profonde et les
réactions qu’elle entraîne, comme un travail ventilatoire
plus important et donc un effort supplémentaire demandé
à un enfant qui peut être encombré et déjà gêné, parfois
même fatigué, d’où l’importance de la surveillance étroite
Kinésithérapie respiratoire chez l’enfant atteint de mucoviscidose
mt pédiatrie, vol. 8, n° 3, mai-juin 2005
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