p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 75 Séquence 5 Rire au Moyen Âge Lire des textes comiques du Moyen Âge Cette séquence, qui suit le roman de chevalerie, regroupe les textes du Moyen Âge et du XVIe siècle qui dénoncent, en se moquant, les institutions ou les personnages de roman de chevalerie. La séance 1 permet de situer utilement ces textes dans un contexte historique et social. Les textes forment comme un écho inversé des idéaux du roman de chevalerie : ils se moquent des pouvoirs, mettent en scène le peuple dans son quotidien. Images d’ouverture p. 135 1. La société médiévale ◗ Ces trois illustrations de manuscrits médiévaux présentent toutes des animaux dans des attitudes ou des activités humaines. La première image est une lettrine, un « E ». Elle illustre un épisode du Roman de Renart, le siège de Maupertuis. On reconnaît un château fort, des assiégeants équipés d’écus ornés, une machine de guerre. Parmi les animaux : porc-épic, chien, âne. Bien que représentés dans des attitudes humaines, ils ne sont pas habillés comme des humains. La deuxième image illustre elle aussi un épisode du Roman de Renart. Un renard, habillé d’un capuchon et muni d’un bâton, comme un pèlerin, harangue un auditoire de volailles. Sur la troisième image, le lion adoube un animal en présence de ses barons. Là encore les personnages sont très humanisés par leurs attitudes – ils sont en position verticale – par leurs vêtements, par leurs activités. ◗ Les cibles de ses images sont les chevaliers, le roi et sa cour, la religion. Situer et comprendre la vie au Moyen Âge p. 136-137 1. Pendant la période féodale, le pouvoir est exercé par les grands seigneurs (comtes, ducs…) dans leurs provinces et sur leurs terres. Puis, les rois, suzerains de tous les seigneurs, récupèrent peu à peu le pouvoir politique (administration, armée, justice). Le clergé exerce également un pouvoir important : sur le plan politique il est l’allié des rois, sur le plan économique il est propriétaire de domaines sur lesquels il fait travailler les paysans desquels il tire ses ressources (dîme, produits en nature…). On se moque des détenteurs du pouvoir parce qu’ils sont puissants, inaccessibles, secrets, riches, exploiteurs. 2. Les récits qui font rire sont transmis oralement par des « récitants » (poètes, troubadours, jongleurs) mais aussi par écrit (Roman de Renart, fabliaux). Séquence 5 © Magnard, 2006 75 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 76 La cruauté 2. Le comique de farce Ruse et tromperie 6. Les conséquences sont terribles pour Ysengrin, p. 138-141 LECTURE Pour commencer 1. Ysengrin est la victime naïve. Malgré sa cruauté, Renart, le rusé trompeur, fait rire. il manque y laisser la vie et sa queue coupée lui procure de la douleur. Le combat est qualifié de « farouche » (l. 51), la meute de chiens est excitée par les cris, Ysengrin mène un combat désespéré à coups de crocs : « triple galop » (l. 42), « se jettent » (l. 43), « excite » (l. 44) et plus loin, « épée tirée » (l. 46), « attaquer », « frapper » (l. 48), « combat farouche » (l. 51), « coupe net » (l. 52), « mordant » (l. 53), « mourrait de douleur » (l. 55) constituent le champ lexical de la violence. 7. Le texte ne donne aucune raison au comportement de Renart qui paraît, par pure méchanceté, se réjouir du sort du loup. La ruse de Renart 2. Renart profite de la naïveté d’Ysengrin. Beau parleur, il convainc Ysengrin d’attacher le seau à sa queue, sachant très bien que l’eau va geler et qu’Ysengrin va rester coincé dans la glace. Le texte suggère qu’il s’agit tout simplement de l’expression de la cruauté de Renart, toujours prêt à manipuler habilement les autres. 3. On reconnaît qu’il s’agit d’une ruse à l’attitude de Renart : il s’installe « le museau entre les pattes pour voir ce que l’autre va faire » (l. 16-17). Quand Ysengrin commence à s’affoler parce que le jour se lève, Renart fait mine d’approuver et l’appelle « frère » (l. 24) et « mon très cher ami » (l. 24) pour qu’Ysengrin, le loup, ne se méfie pas. Pour finir, il raille Ysengrin coincé : « Qui trop embrasse mal étreint » (l. 27-28) avant de s’enfuir. 4. Le lecteur soupçonne dès le départ l’intention maligne de Renart qui par ces paroles pousse Ysengrin à tenter la pêche en insistant sur la profusion de poissons, surtout que Renart a une réputation de madré et des comptes à régler avec le loup. Ysengrin ne comprend réellement que lorsque Renart l’abandonne et le raille. Ce décalage est destiné à susciter l’amusement du lecteur, il le rend complice de la ruse. 5. Ysengrin se laisse endormir par les paroles affables de Renart. Il devance les suggestions de Renart qui lui montre l’outil qui sert à pêcher profusion de poissons. Ysengrin est peu méfiant, il considère Renart comme son compère, il ne veut pas non plus avoir donner l’impression d’être incapable de pêcher, il veut tenir son rang. C’est lui qui a voulu pêcher dans le vivier : « le vivier dans lequel Ysengrin était supposé pêcher » (l. 2-3), et il donne des ordres comme un seigneur : « Prenez-le d’un côté […] et attachez-le moi » (l. 11) 8. Le comportement d’Ysengrin est héroïque, il se défend jusqu’au bout, profite que l’épée vient de le libérer pour s’enfuir, résiste à la douleur. On peut deviner que, désespéré d’avoir laissé sa queue en gage, il va chercher à obtenir réparation de la méchanceté de Renart. Il peut chercher à se venger ou demander justice. Pour conclure 9. Plus qu’un bon et un méchant, il y a une victime, un peu stupide mais héroïque, et un beau parleur cruel qui se joue de la stupidité et de l’avidité de sa victime. 10. La naïveté d’Ysengrin, l’habileté de Renart, le loup si effrayant coincé dans la glace puis mutilé, tout cela amuse. ÉTUDE DE LA LANGUE 11. Orthographe Le passage correspond aux lignes 16 à 18 : « Il s’installe alors […] de belle façon ». Les mots qui n’ont pas changé sont : « buisson », « glace », « fontaine », « tant que », « est », « glaçons ». Dans « li seaus » (cas sujet), on reconnaît « le seau », dans le « groing », le « groin », dans « piez », on reconnaît « pieds », dans « lors », « alors ». Le seul mot disparu est « estraine ». EXPRESSION 12. Écriture Le sujet suggère une vengeance d’Ysengrin, qui peut avoir à cœur de porter atteinte à la beauté et l’intégrité physique de Renart : ce dernier peut être enduit de miel pour attirer les abeilles, rasé entièrement, teint… Ce sujet peut aussi être remplacé par le parcours d’oral, le procès de Renart (p. 152-153 du manuel). 76 © Magnard, 2006 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 77 TEXTE ÉCHO Cet extrait de Pantagruel est à la fois un écho dans le temps – puisque Rabelais a vécu et écrit au XVIe siècle – et un écho dans le choix des moyens pour provoquer le rire : comme dans l’extrait du Roman de Renart, ce sont la ruse et la tromperie utilisées par l’un des personnages qui réjouissent le lecteur. Pour commencer 1. « Faire une farce » : tromper quelqu’un de façon amusante, pour plaisanter. Nous avions caché le cartable de notre sœur pour lui faire une farce, elle n’était pas très contente ! « Jouer un bon tour » : faire quelque chose à quelqu’un en employant la ruse, la malice. En lui laissant croire qu’ils avaient oublié son anniversaire, ils lui ont joué un bon tour : la maison était pleine d’amis lorsqu’il est rentré. « Tendre un piège » : cacher quelque chose à quelqu’un pour l’amener à se dévoiler. En ne me disant pas que Jeanne serait présente, il m’a tendu un piège, m’obligeant à la revoir. « Préparer une embuscade » : se cacher pour surprendre l’ennemi. L’araignée dans sa toile prépare une embuscade dans laquelle vont tomber de nombreuses mouches. Des forces inégales 2. Les deux camps ennemis sont Pantagruel et ses compagnons qui s’apprêtent à débarquer contre six cent soixante chevaliers. Sur le navire, on signale la présence, outre celle de Pantagruel, de Panurge, d’Epistémon et de Carpalim. C’est bien peu, comparé aux six cent soixante chevaliers qui arrivent au grand galop. 3. Pantagruel est un géant, doté d’une force impressionnante. Il a confiance dans ses possibilités : « mais je vous les tuerai comme des bêtes, fussent-ils dix fois autant. »(l. 5-6). La ruse de Panurge 4. Panurge met en place un piège dans lequel vont forcément tomber les cavaliers : – D’abord, à l’aide de deux cordes fixées à un treuil, il fait deux cercles, « l’un large, l’autre à l’intérieur de celui-ci. » (l. 12). Il remplit de paille et de poudre à canon l’espace entre les deux cordes. – Ensuite il laisse les chevaliers pénétrer sur le navire, dans l’espace limité par les deux cordes. – Puis, il donne l’ordre à Epistémon de tirer sur la corde à l’aide du treuil : les cavaliers et leurs chevaux tombent. – Enfin, Panurge met le feu à la traînée de poudre grâce à la « grenade à feu » (l. 18) dont il s’était muni, il enflamme la paille et « les fit tous brûler là comme des âmes damnées. » (l. 36-37). 5. Panurge fait preuve d’inventivité lorsqu’il construit le piège à l’aide de tout ce qu’il trouve sur le navire : corde, treuil, paille, poudre, grenade. Son intelligence est rapide : il met le piège en place sans hésitation. Il sait diriger ses compagnons : « Enfants, attendez ici et offrez-vous à ces ennemis franchement, obéissez-leur et faites semblant de vous rendre : mais faites attention de ne pas entrer à l’intérieur de ces cordes ; restez toujours dehors. » (l. 13-15), « Alors il cria soudain à Epistémon : “Tire ! Tire !” » (l. 30-31). 6. Dans les paroles de Panurge rapportées directement, on peut relever des phrases impératives : « retirez-vous dans le navire » (l. 8), « Avancez vous autres. » (l. 9), « Enfants, attendez ici et offrez-vous » (l. 13), « obéissez-leur » (l. 14), « faites attention » (l. 14-15), « restez » (l. 15), « Tire ! Tire ! » (l. 30-31). Les verbes sont à l’impératif. Le personnage de Panurge apparaît comme autoritaire, sachant et ayant sans doute l’habitude de tenir le rôle du chef. Des ennemis anéantis 7. Les chevaliers font preuve d’une grande naïveté, d’un manque de discernement : ils se précipitent sans analyser la situation : « En voyant cela les autres approchèrent, pensant qu’on leur avait opposé de la résistance à leur arrivée. » (l. 22-24). 8. Leur chute amuse le lecteur qui attendait de voir comment le piège préparé par Panurge allait fonctionner et qui s’attendait à le voir réussir. Lorsque Panurge « les fit brûler là comme des âmes damnées » (l. 36-37), la première réaction du lecteur est de se réjouir de voir un seul homme vaincre un si grand nombre de chevaliers. C’est un peu la victoire de David contre Goliath, celle d’Ulysse sur le Cyclope, celle du plus faible sur le plus fort… C’est aussi la victoire de l’intelligence sur la sottise, de la ruse sur la trop grande naïveté. Dans un deuxième temps, certains peuvent trouver que le sort des chevaliers est bien cruel… Pour conclure 9. a. Panurge est un homme intelligent qui, plutôt que d’employer la force pour vaincre, lui préfère la ruse. Il est présenté comme celui qui sait rassembler ses compagnons pour les entraîner dans son projet. b. Comme Renart, il se sort d’un mauvais pas en employant la ruse. Comme lui (voir le texte précédent de « La pêche aux anguilles », p. 138-139 du manuel), il sait profiter de la naïveté de ses adverSéquence 5 © Magnard, 2006 77 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 78 saires. Comme lui, aussi, il est capable d’élaborer un piège infaillible et, comme lui, enfin, il n’éprouve aucune pitié pour ceux qui s’opposent à lui ou qui ne sont pas de ses amis. La comparaison avec Ulysse dans l’Odyssée, repose sur la préférence des deux personnages pour l’intelligence plutôt que la force. Ils utilisent tous deux la ruse pour vaincre un ennemi qui apparaît comme prêt à se laisser tromper par plus fin, plus astucieux que lui. Tous deux apparaissent aussi comme des chefs, sachant prendre les bonnes décisions et convaincre leurs compagnons. 3. La parodie du chevalier Des chevaliers ridicules p. 142-143 Les deux textes correspondent à un cliché du roman de chevalerie, le départ au combat du preux chevalier, morceau de bravoure tourné en dérision dès le Moyen Âge. Le travail sur ces textes peut s’effectuer en les lisant successivement ou en partageant la classe en deux groupes, la conclusion s’effectuant en commun. LECTURE Pour commencer 1. Pour saisir l’écart, source de comique, il est nécessaire que les élèves aient en tête le modèle du chevalier, fort, beau, agile, courageux, au service des faibles. Texte 1 2. Le portrait d’Aucassin commence par l’exclamative ironiquement admirative : « Mon Dieu ! comme lui allaient bien […] le milieu de la porte » (l. 2-6). Grand, fort, élégant, bien bâti, le jeune homme correspond aux critères physiques des chevaliers de romans, les termes sont tous positifs. 3. et 4. Après un tel portrait, le lecteur s’attend à un comportement exemplaire et héroïque d’Aucassin, capable de croiser le fer avec plus d’adversaires, de se jeter sans trembler dans la mêlée. Mais le deuxième paragraphe accumule les négations : « N’allez pas vous imaginer […] ni […] pas le moins du monde […] ne [ …] même pas » (l. 7-9). Elles marquent l’opposition entre l’apparence et le comportement du jeune homme, tellement amoureux qu’il en oublie tous ses devoirs, et surtout l’ironie de l’auteur qui s’adresse directement au lecteur en démentant ses attentes. « N’allez pas vous imaginer… » (l. 7). 5. Les verbes de pensée « songeait » (l. 7), « pensait » (l. 10), « oubliait » (l. 10), ont pour sujet Aucassin. Les verbes d’action « emporta » (l. 13), « s’élança » (l. 14), « mettent » (l. 15), « empoignent » (l. 16), « arrachent » (l. 16-17), « emmènent » (l. 17) ont pour sujet le cheval ou les ennemis et Aucassin pour objet. Ce changement de construction correspond à la mise en œuvre dans le récit de l’échec d’Aucassin : échec à se battre, échec à être chevalier. Le jeune homme est un jouet passif. Du chevalier, il ne montre que l’apparence. 78 © Magnard, 2006 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 79 Texte 2 6. L’équipement de Trubert se compose de lances, écu, éperons, arçon, heaume, cheval. Tout son équipement semble animé d’une vie propre et échappe à son contrôle, créant ainsi l’image d’un chevalier inexpérimenté : il serre les jambes autour de son cheval pour se retenir et son cheval « fait un bond de trente pieds en avant » (l. 6-7) ; « Ses lances bringuebalent » (l. 8), « son écu le heurte » (l. 8-9), son heaume « a pivoté » (l. 13). Voilà un chevalier bien ridicule et en grande difficulté ! 7. Les spectateurs interprètent la demande de Trubert comme signe de sa bravoure et de sa valeur, comme l’indique « Tous se signent, émerveillés » (l. 3), alors que Trubert s’est surarmé par crainte, pour mieux se protéger. C’est en fait un signe de sa lâcheté. Pour conclure 8. Aucassin et Trubert possèdent l’équipement du chevalier, la prestance, mais le courage et la motivation leur font cruellement défaut : ils sont les jouets, non les acteurs des événements. L’ironie est perceptible dans les deux textes : les deux auteurs feignent d’admirer dans les premières lignes les magnifiques chevaliers pour mieux les mettre en difficulté ensuite. Le comique de situation est souligné par les comparaisons « Dieu n’a pas fait le lièvre assez agile pour courir aussi vite qu’il l’emporte » (texte 2, l. 10-11), la juxtaposition et l’accumulation des actions marquent la vivacité de la scène. ÉTUDE DE LA LANGUE 9. Vocabulaire Il tua des milliers d’ennemis / Elle était plus belle qu’une déesse / Son cheval filait à la vitesse de l’éclair / D’immondes pustules défiguraient son visage / Son épée creusa dans le roc une profonde entaille / Il dévorait chaque matin sandwichs, céréales, saucisses, œufs sur le plat, tartines de confitures, sardines à l’huile… 10. Grammaire Le trésor : COD du verbe « emporter » / un étrange personnage : sujet du verbe « vivre » / les enfants : sujet du verbe « observer » / l’ : COD du verbe « observer » / ce portrait : sujet du verbe « comporter ». EXPRESSION 11. Écriture Le sujet propose de suivre la structure du texte d’Aucassin pour faire ressortir le contraste entre apparence et réalité. Certains des procédés d’écriture pourront être imposés : accumulation, exclamation, réflexion à l’intention du lecteur… 4. La satire de la société Une critique du pouvoir féodal p. 144-145 LECTURE Pour commencer 1. Les élèves penseront sans doute aux Fables (le lion roi), aux dessins animés comme Shrek (le chat botté voleur, le percepteur des impôts) et bien sûr au Roman de Renart. Des animaux symboliques 2. Les animaux sont réunis à la cour du roi, Sire Noble, le lion, malade. Sont aussi présents Renart, le renard (le goupil) qui joue les médecins, Brichemer, le cerf, et Ysengrin, le loup, qui sont les sujets du roi, ses barons. Les autres membres de l’assistance ne sont pas nommés. 3. La peau du loup, sa pelisse, la hure du loup, les babines de Renart, le bois de cerf, la patte du roi : les personnages ont un aspect animal. En revanche, ils se comportent comme des humains : leurs gestes sont humains, ils désignent de la patte, utilisent un couteau, sont soignés par des médecins qui utilisent l’urinal pour le diagnostic, vivent dans des habitats humains avec des portes et des salles. Ils éprouvent des sentiments humains : Renart veut se venger, Ysengrin est épouvanté et bien évidemment tous parlent. Sous des traits animaux, on se moque des humains, l’animalité participe de la mise à distance. Un remède étrange 4. Renart prétend avoir diagnostiqué la maladie du roi en observant ses urines et il propose un remède à base de peau de loup, de bois et de peau de cerf dans le but de se venger. Finalement, il recourt au remède plus traditionnel de l’ellébore qui délivre le roi de son indigestion et de ses maux de ventre. 5. Le roi oblige les deux animaux à se plier à ses ordres : il tente d’abord de les amadouer – « Mon très cher ami » (l. 23) –, puis ordonne à ses gardes d’agir. Il ne leur laisse aucune possibilité de se dérober. C’est un souverain autoritaire. 6. Le roi guérit en pétant, en éternuant, en suant : la grandeur royal perd de sa prestance, le roi n’est plus qu’un vulgaire corps malmené. Ce dénouement ridiculise le roi et, de ce fait, amuse le lecteur. Séquence 5 © Magnard, 2006 79 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 80 Pour conclure 3. Le prêtre est : « notre curé » (l. 5), le « doyen, un 7. L’extrait montre un souverain autoritaire. En même temps que s’affirme le pouvoir royal, la dénonciation de ses excès croît. 8. Renart est le rusé trompeur qui ne craint pas homme habile et madré » (l. 12), « dom Constant » (l. 15). Il est porté à la tromperie alors que ses paroissiens lui accordent confiance et il abuse de sa position pour vouloir s’enrichir. d’affronter le roi, et à ce titre il est sympathique ; mais il est prêt à torturer, par esprit de vengeance, ceux dont il a eu à souffrir et il se montre cruel : cet aspect le rend moins sympathique. Un retournement de situation EXPRESSION 5. Le dénouement est favorable au paysan. Le prêtre qui s’était accaparé la vache se retrouve dépouillé de sa bonne laitière et le paysan reçoit bien le double de ce qu’il avait donné. Le vilain en remercie Dieu. 9. Oral La lecture peut être effectuée à plusieurs : un narrateur et un élève pour chaque personnage. Parmi les Fables, citons : – dans le livre I : Le Corbeau et le Renard, Le Renard et la Cigogne – dans le Livre II : Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe, Le coq et le renard – dans le livre III : Le Renard et le Bouc, Le Renard et les Raisins – dans le livre IV : Le Renard et le Buste – dans le livre V : Le Renard ayant la queue coupée – dans le livre VI : Le Renard, le Singe et les Animaux – dans le livre VIII : Le Lion, le Loup et le Renard – dans le livre IX : Le Chat et le Renard, Les Deux Rats, le Renard et l’Œuf – dans le livre XI : Le Fermier, le Chien et le Renard, Le Loup et le Renard – dans le livre XII : Le Renard, le Loup et le Cheval, Le Loup et le Renard, Le Renard, les Mouches et le Hérisson, le Renard anglais, Le Renard et les Poulets d’Inde. Voir aussi http://www.jdlf.com/lesfables/livrexii Une critique du clergé 4. Le vilain décide de donner sa vache à Dieu, ou plutôt à son représentant, à la suite d’un sermon entendu à l’église. Il espère ainsi recevoir le double : le paysan est à la fois naïf et calculateur. Un récit didactique 6. Le présent débute et clôt le récit. Dans le premier cas, il s’agit d’un présent d’énonciation, dans le deuxième cas du présent des sentences et proverbes, le présent de vérité générale. 7. Le pronom « je » désigne le conteur. Il reprend la parole en clôture du récit pour en donner la leçon : « ce fabliau nous montre » (l. 27). Il s’adresse à son auditoire. Dans ce dernier passage, on trouve le présent d’énonciation et le présent de sentence. 8. « Tel croit avancer qui recule » (l. 31) est le prêtre qui, souhaitant s’accaparer une vache, se voit dépouillé de la sienne. Pour conclure 9. D’après cet exemple, le fabliau est un court récit qui était dit devant un auditoire. Ce court récit met en scène peu de personnages et une intrigue simple dont on tire ensuite la leçon. Ce fabliau, cette petite histoire, dénonce un abus en riant. p. 146-147 ÉTUDE DE LA LANGUE LECTURE Pour commencer 1. Le renversement de situation est amusant, de même que le côté calculateur du paysan : il consent à donner une vieille vache qui produit peu de lait dans l’espoir de recevoir le double. 10. Grammaire « Je conte l’histoire d’un vilain » : présent d’énonciation / « tel croit avancer qui recule » : présent de vérité générale / « Blérain s’y refuse » : présent de narration. EXPRESSION Un vilain sous influence 11. Écriture Cette petite histoire pourra imiter le 2. Le vilain est un paysan, on comprend qu’il est fabliau : « je conte l’histoire de… », quelques répliques et une leçon finale. très modeste à la taille de son étable, trop petite pour deux vaches, et au fait qu’il ne possède qu’une vieille vache. 80 © Magnard, 2006 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 81 LIRE L’IMAGE Des caricatures modernes p. 148-149 La caricature – les événements récents survenus dans le monde à propos de dessins concernant le fondateur de l’islam, Mohammed l’ont démontré avec force – est un moyen d’expression d’une société libre et démocratique. Si le Moyen Âge n’a pas laissé de témoignages de ce genre, c’est que cette période n’était pas propice à la liberté d’expression iconographique. Les caricatures médiévales se retrouvent donc plutôt à travers la littérature, la sculpture romane ou quelques œuvres picturales, de Jérôme Bosch par exemple. Cependant, les motifs, thèmes, situations, personnages caricaturés et moqués au Moyen Âge ont perduré jusqu’à nous et demeurent présents dans la conscience collective populaire. Quelques journaux offrent encore à leurs lecteurs des dessins de presse ou caricatures à peu près libres et sont, de ce point de vue, une mine pour étudier les représentations humoristiques de personnages et de situations ancrés dans le réel. Ils nécessitent parfois une connaissance du contexte, du journal lui-même, voire du dessinateur, pour en saisir toutes les subtilités. Les trois dessins présentés dans cette séquence n’ont besoin que d’un minimum d’explications : celui de Cardon porte sur la crise des banlieues en France (octobre-novembre 2005), celui de Willem sur la santé défaillante de Karol Wojtyla (plus connu sous le nom de Jean-Paul II) pendant les mois précédant sa mort et celui de Cabu se réfère à l’ouragan qui a dévasté la Louisiane aux États-Unis (septembre 2005). Pour commencer 1. La question est ouverte mais on insistera sur les justifications apportées par les élèves pour expliquer leur choix. Un support 2. Ces dessins ont été publiés dans des journaux français : Le Canard Enchaîné (dont on rappellera qu’il est né, contre la censure de la presse, en 1915, pendant la Première Guerre mondiale, et qu’il est, à ce jour le plus ancien hebdomadaire satirique) et Libération (quotidien). 3. On peut donc associer le métier de dessinateur de presse à celui de journaliste. Tous les dessinateurs n’ont pas leur carte de presse mais tous font, à leur manière, un travail de journaliste en commentant des faits d’actualité et en proposant un point de vue. On rappellera qu’un journaliste se contente rarement de rapporter des faits mais que, dés l’instant où il choisit un fait et un angle, il est déjà dans le point de vue et le commentaire personnel. Document 1 4. Le personnage est Dominique Gallouzeau de Villepin, premier ministre de la France à l’époque. Cardon dessine toujours ses personnages de dos : on les reconnaît alors à un détail, une silhouette, une carrure, un objet particulier, un environnement... Ici, il est difficile de reconnaître Villepin. On sait qu’il s’agit bien de lui grâce à ses cheveux blancs, à son dossier sous le bras (les personnages importants ont toujours un dossier sous le bras...), aux micros devant lesquels il parle et à sa manière de « gérer » la « crise des banlieues » de son fauteuil de l’hôtel Matignon. 5. Ce personnage se trouve probablement à l’hôtel Matignon ou peut-être au Palais-Bourbon, siège de l’Assemblée nationale (dans ce cas, il s’adresserait aux députés). Il peut aussi, plus simplement, tenir une conférence presse et donc s’adresser à des journalistes qui s’empresseront de rapporter ses propos dans leurs journaux, sur les radios ou à la télévision. 6. Le titre du dessin est ironique. D’après le dessinateur, il dit précisément le contraire de ce que pense le Premier ministre : le Premier ministre n’aurait aucune affection particulière pour les banlieues. 7. « J’aime beaucoup... » est une manière, pour Cardon, de montrer le désintérêt et l’indifférence polis du Premier ministre. Il ne connaît probablement rien de la banlieue, surtout de la banlieue ouvrière caractérisée par le chômage, la pauvreté, la précarité, l’exclusion. C’est un aristocrate qui vit dans les « beaux quartiers », peut-être dans les banlieues riches parsemées de jardins et de parcs, aux grandes allées et aux immeubles en pierre de taille. L’autre banlieue, il n’en a vu, au mieux, que des photos. 8. On ne voit pas comment il pourrait « aimer la banlieue » s’il n’y a jamais mis les pieds. Le dessinateur veut dire qu’un Premier ministre qui ne connaît pas la banlieue ne peut rien y comprendre et encore moins prétendre résoudre ses problèmes. Document 2 9. Le personnage principal est un homme d’Église, on le voit d’après ses vêtements. Son visage familier (c’est une star des journaux et de la télévision) est celui de Karol Wojtyla (le pape Jean-Paul II). Séquence 5 © Magnard, 2006 81 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 82 10. Il se trouve dans un lieu indéfini, apparemment en hauteur, sur une estrade (un balcon ?). Les personnages en bas à droite sont des fidèles qui paraissent heureux ou attristés. Ils sont venus pour assister à un discours, peut-être. 11. Les traits (signe caractéristique de la BD) signifient un tremblement, un léger mouvement. L’objet qu’il a dans le dos est une clé. Le personnage est donc représenté comme un jouet qu’on peut faire bouger ou marcher en remontant un petit mécanisme à l’aide d’une clé : quand le ressort du mécanisme est complètement détendu, que la clé ne tourne plus, le jouet s’immobilise. Willem veut probablement dire que le pape est devenu incapable de marcher et de se déplacer seul, que son état de santé est plutôt préoccupant. 12. Les deux personnages de gauche sont des évêques (ils portent une mitre). Leur propos signifie que, la clé ne tournant plus et le pape s’immobilisant, sa santé n’est pas en train de s’améliorer et qu’il ne faut pas compter sur une intervention surnaturelle pour le remettre d’aplomb. 13. S’il y avait eu un « miracle » (événement surnaturel et imaginaire), le pape aurait recouvré la santé. On peut s’étonner que des membres de la hiérarchie catholique fassent le constat qu’il n’y a pas de miracle ! Willem veut peut-être dire par là que même les évêques ne croient pas au miracle mais qu’ils laissent cette croyance au bon peuple (en bas à droite). Document 3 14. Il s’agit de l’ouragan qui a ravagé la Louisiane et la ville de La Nouvelle-Orléans, ville noire du sud des États-Unis, protégée de l’océan et des débordements du Mississipi par des digues non entretenues par le gouvernement fédéral qui a réduit ses dépenses publiques. Bush, président des ÉtatsUnis, « toujours long à percuter », signifie qu’il a mis du temps à comprendre ce qu’il se passait en Louisiane. 15. Le personnage qui parle est George Bush, les deux autres sont les pilotes de l’hélicoptère avec lequel ils survolent La Nouvelle-Orléans. 16. « Ils » sont les habitants de la ville ; le personnage correspondant à ces « ils » est sur le toit d’une maison qui émerge des flots parce qu’elle a été inondée. Il est en détresse et appelle à l’aide en agitant un vêtement blanc en direction de l’hélicoptère. 17. Bush évoque la « thalasso » car les habitants de la ville sont submergés par les eaux qui se sont mélangées à la terre : ils prennent donc, par la force des choses, des bains de mer et de boue, mortels. Les propos prêtés à Bush par le dessinateur sont donc particulièrement cyniques et tendent à montrer que le gouvernement des États-Unis ne se préoccupe pas des habitants de la Louisiane ravagée par l’ouragan (à cette époque, les ÉtatsUnis occupent l’Irak et y consacrent l’essentiel de leurs moyens : une partie des forces de sécurité de la Louisiane ont été expédiées en Irak et ont donc fait défaut aux habitants après l’ouragan). 18. Malgré ce qu’on fait dire au président, les habitants de la Louisiane ont des raisons de se plaindre : leurs maisons sont inondées, détruites, il y a de nombreuses victimes, les rues sont transformées en fleuves de boue, les équipements sont dévastés, notamment dans les quartiers noirs… Pour conclure 19. Les personnages principaux de ces dessins sont un Premier ministre, un pape et un président. Ce sont donc des personnages puissants, des hommes de pouvoir. On peut les comparer avec les rois, les seigneurs et le haut clergé du Moyen Âge (si les fonctions politiques ont changé depuis cette période, en revanche, la fonction de pape est restée identique). Ces personnages étaient les cibles principales des fabliaux, des satires, du Roman de Renart. Ils restent, aujourd’hui, à la une des journaux, caricaturés pour leur position, leur pouvoir, leur politique, leur hypocrisie, leur mépris du peuple, leur haine de classe, leur richesse... 20. Ces dessins sont humoristiques : leur but est de faire rire ou sourire les lecteurs en utilisant, le plus souvent, le procédé de l’ironie. Ils montrent qu’on peut effectivement rire de tout, y compris de situations dramatiques (l’ouragan) ou de personnages religieux en fâcheuse posture (le pape). 21. Les dessinateurs nous incitent à la fois à nous moquer des personnages caricaturés (bêtise, fierté, propos, incompétence...), mais également à les mépriser tant leur attitude, souvent proche du cynisme, leur confère un rôle essentiel dans la misère du monde. Bibliographie « La caricature, deux siècles de dérision salutaire », Historia, n° 651 - mars 2001. « Le dessin de presse. Croquer l’info », T.D.C., n° 792 - mars 2000. Michel RAGON, Le Dessin d’humour, Points Virgule, Seuil, 1992. 82 © Magnard, 2006 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 83 VOCABULAIRE Mots et expressions issus du Moyen Âge ORTHOGRAPHE Distinguer les homonymes p. 151 p. 150 D’autres expressions figurent sur les sites suivants : http://pages.videotron.com/celte/expressions. html http://www.formatage.org/branches/bavardage/ origine-expressions1.html http://www.languefrancaise.net/annuaire/ 1. a. Sens contemporain (atlif) Monter sur ses grands chevaux = se mettre en colère et parler avec hauteur Être mis au pied du mur = être acculé à prendre une décision, être contraint d’agir Relever le gant = accepter le défi (Jeter le gant. Jeter le gantelet aux pieds de son adversaire pour le défier au combat. Jeter, lancer, envoyer le gant à la face de qqn. Le provoquer en duel) Entrer en lice = Hist. Lice = Espace entouré de palissades où se déroulaient les tournois, les joutes au Moyen Âge. D’où = s’engager, intervenir dans une compétition, un débat d’idées, une situation conflictuelle Être sans merci = sans pitié Passer l’arme à gauche = mourir b. 1. gant ou gantelet (jeter le gant, relever ou ramasser le gant) 2. chevaux (monter sur ses grands chevaux) 3. lice (entrer en lice) 4. mur (être au pied du mur) 5. merci (crier ou demander merci) 6. gauche (passer l’arme à gauche = d’abord se rendre puis ne plus pouvoir combattre donc mourir) 2. 1. « braie » a donné « débraillé » 2. « braque » a donné « braguette » 3. « chipe » a donné « chipoter » 4. « vette » a donné « vétille » 5. « mitoufle » a donné « emmitoufler » (de mitouflé = qui porte des mitaines) 6. « bourgette » a donné « budget » 7. « béguin » a donné avoir le « béguin » 3. 1. fier comme un pou 2. à la queue leu leu 3. payer en monnaie de singe 4. Beaugosse a voulu épater la galerie en clamant partout qu’il avait rendez-vous avec Miss Terre. Il a cru qu’il avait pris l’avantage sur tous les garçons du collège qui tiraient la langue devant la belle. Mais celle-ci l’a traité par-dessus la jambe et lui a fait faux bond. Depuis, Beaugosse rase les murs… en attendant de prendre sa revanche. 1. 1. Un livre : J’ai emprunté un livre au CDI, c’est un roman policier, je te prêterai dès que je l’aurai lu. Il est passionnant ! Une livre : J’ai mangé une livre de cerises. Si j’en avais acheté un kilo, elles sont si bonnes que je l’aurais sans doute fini ! 2. Un garde : Il y avait un garde à chaque entrée et personne n’a pu entrer sans montrer son billet Une garde : Le jeune soldat monte la garde devant la caserne. 3. Un page : Être page était une étape dans la vie d’un jeune noble destiné à devenir chevalier. Une page : Le livre a été oublié au jardin et la pluie a rendu plusieurs pages illisibles. 4. Un mousse : Sur les bateaux, le mousse doit apprendre de nombreuses manœuvres avant de devenir un vrai matelot. Une mousse : Une belle mousse verte a poussé au pied du grand sapin. 5. Un voile : La brume forme une sorte de voile sur les prés du bord de la rivière. Une voile : Le trois-mâts a fière allure avec toutes ses voiles gonflées par le vent. 6. Un moule : Il a fait cuire le dessert dans un moule à tartes. Une moule : Les huîtres et les moules sont des mollusques. 7. Un vase : Prends un vase pour y mettre ces superbes roses. Une vase : En sortant du bateau, nous avons dû traverser une épaisse couche de vase avant d’arriver sur le rivage. 8. Un pendule : Les invités s’étaient réunis autour d’une table et regardaient avec attention osciller le pendule au-dessus d’une carte de la région. Une pendule : Dans un silence impressionnant, la pendule égrena les douze coups de minuit. 9. Un tome : J’ai commencé à lire un roman en plusieurs tomes et je viens de terminer le troisième. Une tome : La tome de Savoie est un fromage savoureux. 2. 1. Fort : adverbe – un fort : nom commun – fort : adjectif qualificatif – je fore, tu fores… verbe « forer » 2. Près : préposition – un prêt : nom commun – prêt : adjectif qualificatif 3. Les temps : nom commun – tant : adverbe – je tends, tu tends : verbe « tendre » – t’en pronom personnel « te » et pronom adverbial « en » – le taon : nom commun – 4. Champs : nom commun – chant : nom commun Séquence 5 © Magnard, 2006 83 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 84 5. Pain : nom commun – le pin : nom commun – peint : adjectif qualificatif – je peins, tu peins il peint : verbe « peindre » – 6. Vin : nom commun – vain : adjectif qualificatif – vingt : adjectif numéral invariable et nom invariable – vint : verbe « venir » 7. Mais : conjonction de coordination – le met : nom commun – je mets, tu mets, il met : verbe « mettre » – mai : nom commun – la maie : nom commun 8. Ses : déterminant possessif – ces : déterminant démonstratif – je sais, tu sais, il sait : verbe « savoir » – c’est : présentatif 9. Mot : nom commun – les maux : nom commun 10. Soit : verbe « être » – soi : pronom personnel – la soie : nom commun 3. 1. Il est sain de corps et d’esprit. – Il a ceint son épée. – C’est un saint très vénéré dans ce pays. – Il porte une cicatrice au-dessous du sein gauche. 2. Les petits pois sont des légumes. – Le poids de ce carton est énorme. – La poix sert à coller le papier. 3. Le héron a un très long cou. – Il lui a donné un violent coup de poing. – Le coût de ce vase dépasse mes moyens. 4. Le cours de français s’est terminé avec 10 minutes de retard. – Le cours de la Seine est très sinueux. – Les courts de tennis sont très fréquentés. – Elle porte un pantalon court. – Il court plus vite que moi. – Le temps presse, il faut faire court. 5. Elle est sortie trois fois pendant le discours. – Il n’a pas prévu cette catastrophe : il a agi en toute bonne foi. – Le foie est un organe très important pour la digestion des aliments. 6. Il a fait un saut exceptionnel. – Un sceau a été apposé sur ce document officiel. – Les enfants jouent avec leur seau dans le sable. – Il est sot de ne pas écouter les conseils donnés par ses parents. 7. La lettre pi se trouve dans l’alphabet grec. – Le pis de la vache est gonflé, il faudra bientôt la traire. – Il dit pis que pendre de son ancien ami. – La pie fait son nid au sommet de l’arbre. 8. Un mur très élevé sépare les deux propriétés. – Les fruits sont bien mûrs. – Les mûres que nous avons mangées nous ont bleui les doigts. 9. Nous avons réussi à grimper sur la plus haute cime. – Il fait chaud, j’ôte ma veste. – Les hôtes accueillent leurs invités avec beaucoup de chaleur. – La hotte est remplie de bois bien sec. (pour une prononciation qui ne distingue pas le [o] ouvert du [o] fermé) 4. 1. Lâche est le présent du verbe « lâcher ». Il est aussi un adjectif qualificatif : Il est lâche de s’attaquer à plus faible que soi. 2. La louche est un nom. Il peut être aussi un verbe : Il a un défaut dans le visage : il louche. Il peut aussi être un adjectif qualificatif : Cette affaire est louche. 3. Liquide est un nom. Il peut être un adjectif qualificatif : Cette sauce est trop liquide, il faut la mettre au frais. Il peut être un verbe : L’industriel liquide son stock à des prix intéressants. 4. La ferme est un nom commun. Il peut être un verbe : Je ferme la porte en sortant. Il peut être un adjectif qualificatif : Sa réponse a été ferme et sans surprise. 5. Bois est un nom. Il peut être un verbe : Je bois une tasse de thé tous les jours. 6. Porte est un nom commun. Il peut être un verbe : Je porte les cheveux longs depuis toujours. 7. Teinte est un nom commun. Il peut être un participe passé : La porte a été teinte en vert. 8. Vague est un adjectif qualificatif. Il peut être un nom commun : C’est une énorme vague qui a fait chavirer le voilier. 5. 1. Les rides (nom) de son visage révèlent un âge avancé. – La brise ride (verbe) la surface de l’eau. 2. La sorcière a jeté un mauvais sort (nom) à la petite fille. – Il sort (verbe) ses cahiers et ses livres rapidement. 3. Le père sert le potage avec une grosse louche (nom). – Il louche (verbe) sur le gâteau de sa voisine. Je n’ai pas confiance, tout cela me semble bien louche (adjectif). 4. Elle a le teint (nom) pâle et les cheveux roux. – On a teint (verbe) ses cheveux en noir pour la transformer. Elle a les cheveux teints (adjectif). 5. part : On lui a donné une grosse part de gâteau. S’il part trop tard, il manquera son train. 6. mine : Après son séjour à la mer, elle a très bonne mine. La mine tirée dans la carrière a fait un énorme bruit. Les soucis que lui donnent ses enfants la minent. 7. tranche : Je voudrais une tranche de bœuf. Sa douceur tranche avec son allure austère. Cette hache aiguisée tranche facilement le bois. 8. serre : L’aigle emporte sa proie dans ses serres. Il cultive des orchidées dans sa serre. Elle serre son écharpe contre sa poitrine pour se protéger du froid. 6. 1. Ils portent des vêtements larges et traversent les champs en courant. 2. Le vieillard avait les mains pleines de rides et, comme il se dirigeait vers le fond du jardin, il sortit un instrument vert et coupa une branche de saule qu’il jeta sur le sol. 3. Il vint près de la table et versa du vin dans un verre. 4. Il tend les bras en espérant qu’après tant de temps on lui pardonnera. 84 © Magnard, 2006 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 85 PARCOURS D’ORAL Le procès de Renart p. 152-153 Ce parcours collectif permet de travailler des compétences diverses : – compétences de lecture, puisqu’il s’appuie sur une lecture personnelle d’épisodes divers du Roman de Renart – compétences d’écriture, puisqu’il s’agit de produire les plaidoiries des avocats – compétences d’oral, puisque les élèves ont à exposer clairement des faits, tenir compte de leur interlocuteur, parler pour convaincre. On consacrera donc plusieurs heures à ce parcours. Le travail de lecture se fera de préférence à la maison ; vient ensuite la répartition des rôles, définis en étape 2. Les tâches précisées dans l’étape 3 ne sont pas forcément préparées par ceux qui auront ensuite à jouer les rôles choisis. On vérifiera donc que chaque « acteur » s’est bien vu remettre son texte à l’avance. L’étape 4 pourra être l’occasion d’un travail collectif sur le discours argumentatif On rappellera le déroulement du procès : – Présentation des faits par le juge. Interrogatoire de Renart par le juge – Interrogatoire de Renart et des témoins par l’avocat de la partie civile – Interrogatoire de Renart et des témoins par l’avocat de la défense – Plaidoirie de l’avocat de la partie civile – Plaidoirie de l’avocat de la défense – Délibération des jurés et choix d’une sentence – Annonce de la sentence BILAN Les Perdrix p. 154-155 QUESTIONS L’irrésistible tentation 1. La femme du vilain commence par manger « Un peu de peau cuite et dorée » (l. 9). Elle continue par « une aile, une seule » (l. 10-11). Cette aile est « si tendre, qu’elle ne voulut pas résister à la deuxième. » (l. 11). Elle dévore « le reste du rôti » (l. 1314) et savoure ensuite « le cou » (l. 21). Elle mange la deuxième perdrix. 2. La dame « s’en régala » (l. 10), elle mange les deux ailes car la première est « si tendre, qu’elle ne voulut pas résister à la deuxième » (l. 11). Son plaisir, en finissant la première, se traduit par : « Quelle merveille ! Quelle chair délicate et fondante ! » (l. 14). La deuxième perdrix a « un cou exquis » (l. 21), « qu’elle savoure en se léchant les doigts » (l. 22). Les trouvailles de la gourmande 3. La femme du vilain prétend d’abord que le chat a mangé les perdrix, puis, voyant la colère de son mari et ce qui l’attend, elle prétend avoir voulu plaisanter. Elle fait preuve de présence d’esprit et évite d’être battue en trouvant de quoi calmer temporairement la colère de son mari. 4. Le curé arrive à point pour lui fournir sa nouvelle trouvaille : elle le fait s’enfuir en prétendant que son mari qui aiguise son couteau a l’intention de lui trancher les oreilles. Elle appelle alors son mari pour le lancer à la poursuite du curé au prétexte que ce dernier a volé les perdrix et qu’il s’enfuit en les emportant. Dans ce passage, elle fait preuve d’inventivité. Elle sait tenir compte des défauts des autres : le tempérament coléreux de son mari, le manque de courage et la crédulité du curé. Un récit moral ? 5. Le lecteur rit de Gombaud parce qu’il se laisse emporter par la colère et qu’il croit sans douter à la culpabilité du curé. De plus, sa violence envers sa femme a donné de lui une image peu sympathique. On rit du curé parce que, sans se demander pourquoi Gombaud peut lui en vouloir, il fuit lâchement devant la vision du couteau bien aiguisé. Peut-être n’est-il pas sans reproches et a-t-il des raisons de ne pas être tranquille ! Séquence 5 © Magnard, 2006 85 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 86 6. Le texte prend parti pour la femme en rendant crédules et ridicules les deux hommes. C’est donner raison à la gourmandise et au mensonge et donc contraire à la morale, mais ce qui provoque le rire n’est pas toujours en accord avec la morale. Les exemples ne manquent pas, depuis le rire que provoquent les coups de bâton que reçoit Géronte dans Les Fourberies de Scapin jusqu’à celui qui naît devant le ridicule des maris et amants trompés dans les pièces de Feydeau. ÉCRITURE 7. Cet exercice d’écriture permet de revenir sur le travail proposé dans la séquence 3, à propos de l’insertion du dialogue dans un récit et des fonctions du dialogue. Le texte doit reprendre les caractéristiques des deux personnages et tenir compte de ce qui s’est passé : – le vilain a vu son repas lui échapper et il croit que c’est le curé qui lui a volé ses perdrix – le curé croit que le vilain voulait lui couper les oreilles – ce qu’ils croient l’un et l’autre leur a été appris par la femme du vilain. Le dialogue devra donc jouer sur la découverte progressive de la vérité et de la ruse de la femme. Quelles seront leurs réactions ? 86 © Magnard, 2006 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 87 2 Dossier Le Moyen Âge aujourd’hui Différents supports posée par Chrétien de Troyes : courtoisie, bravoure, courage, sens du devoir, mais vont aussi dans le même sens en ce qui concerne le langage « précieux ». Un héros historique : le chevalier p. 156-157 Document 1 Pour conclure 1. Les termes qui montrent qu’Agilulfe est un che- 8. Question ouverte mais on attendra des élèves qu’ils réutilisent tout le travail mené sur la chevalerie ainsi que leurs réponses à ce questionnaire. valier sont : « armure », « casque », « écu », « blason », « heaume », « gantelet de fer », « troussequin », « selle », « paladin ». 2. Le personnage étonne le roi par son aspect immaculé, le soin de sa « mise », le souci de sa toilette et son refus de lui dévoiler son visage. Document 2 Une figure mythique : Merlin p. 158-159 3. La série s’appelle Star Wars, c’est-à-dire La Guerre des étoiles. 4. Les éléments de l’affiche relevant de la sciencefiction sont les casques et les astres dans le ciel, les épées fluorescentes, des vaisseaux et un personnage mi-homme, mi-bête. Ceux relevant du Moyen Âge sont la coiffure de la jeune fille et, peut-être, les costumes des deux combattants figurant au centre de l’image. 5. Question ouverte selon la culture des élèves : Le Seigneur des anneaux, Sacré Graal, la série télévisée Kaamelott… Document 3 6. Les images de la chevalerie sont le chevalier (costume, équipement, monture) et le jeune écuyer. 7. Les bulles donnent une représentation particulière du chevalier : langage châtié et ironique, personnage intéressé (« Je ne travaille jamais pour rien ! »). Elles sont à la fois à l’opposé de celle pro- 1. Dans le document 1, Merlin apparaît comme un vieillard un peu magicien, un peu sorcier, un peu voyant et plutôt bon. Dans les documents 2 et 3, il est représenté étant enfant de manière humoristique et utilisant un langage argotique : il est courageux et revendique sa filiation avec le diable. Dans le document 4, Merlin est un jeune et bel adolescent, mystérieux, impénétrable, s’isolant dans la nature à la recherche de la connaissance. Dans le document 5, enfin, il est le chef, le guerrier haranguant les foules, appelant aux armes, au combat contre un autre peuple. 2. La représentation de Merlin la plus fidèle au texte de Boron semble être celle du document 1 (devin). Celle du document 4 pourra également être choisie pour l’aspect mystérieux et savant de Merlin. La plus éloignée semble être celle des documents 2 et 3, même si la filiation au diable est évoquée. Dossier 2 © Magnard, 2006 87 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 88 3. Les éléments plutôt celtiques sont : la magie, la sorcellerie, les pouvoirs surnaturels (doc. 1), les créatures légendaires (doc. 2 et 3), le rapport à la nature, à la connaissance (doc. 4), la référence à la Bretagne, aux Scots, les costumes et les armes (doc. 5). Il n’y a qu’un seul élément chrétien : la référence au diable (doc. 2). 4. Féerique (doc. 1), parodique (doc. 2 et 3), légendaire (doc. 4) et épique (doc. 5). Pour conclure 6. Ce personnage et son combat sont toujours actuels parce que les faits qui ont motivé la révolte de Robin existent aujourd’hui partout dans le monde : pauvreté, inégalité, exploitation, tyrannie… Une critique de la société : Le Roman de Renart p. 162-163 5. Question ouverte mais dont les réponses devront être justifiées. Pour commencer Pour conclure 1. Le document qui correspond le plus au renard 6. Le succès de Merlin dans la littérature ou la rencontré dans les lectures et activités est le premier qui reprend l’épisode des anguilles. bande dessinée (ou encore le cinéma) peuvent s’expliquer par le mystère et la puissance du personnage, sa sagesse et ses pouvoirs. Il est à la fois philosophe, savant, prophète, guerrier. Document 1 2. Il s’agit de la scène des anguilles qui est parodiée par le style du dessin (caricatural), le langage utilisé et la mise en scène des personnages. Un héros légendaire : Robin des Bois Document 2 p. 160-161 Document 1 1. Le texte de Morpurgo nous apprend que Robin des Bois est célèbre parce que courageux et rusé. Il est aussi la figure du rebelle contre le tyran, l’Église et l’injustice. 2. Robin est considéré par le peuple comme un justicier, un défenseur des pauvres et, par les représentants du pouvoir comme l’homme à abattre parce qu’il les ridiculise, les exproprie et les menace directement. Document 2 3. La BD se situe en ville à l’époque contemporaine (immeubles, costumes, casquettes, langage…) : Robin est devenu le « prince des délinquants ». L’effet produit est humoristique. 3. Renart prend l’engagement de subvenir aux besoins de sa famille à partir de maintenant par tous les moyens et qu’il ne sera plus jamais ridiculisé. 4. Question ouverte qui pose le problème de l’individualisme ou de l’action collective quand un État n’est pas là pour remplir sa mission publique. Les élèves appuieront leur réponse sur des passages précis du texte. Document 3 5. Les éléments retrouvés sont le roi pavané, le chat courtisan, le renard observateur. Les personnages sont plutôt d’aspect féminin et le style du dessin semble destiner ce film à un public enfantin. Synthèse 163 1. À notre époque, l’univers de la chevalerie Documents 3 et 4 4. Les deux documents reprennent des éléments partiels de la légende : la forêt, Marianne, le roi et le shérif, l’argent dérobé, le petit peuple, Robin archer. 5. L’affiche de Disney insiste sur le côté rusé, malin, joyeux de Robin et de sa bande, ainsi que sur l’aspect ridicule des puissants. L’affiche de Reynolds insiste davantage sur l’aspect guerrier et rebelle de Robin. comme certains personnages quasi-mythiques sont repris parce qu’ils fascinent toujours. L’univers historique du Moyen Âge est repris comme trame de récit, comme décor (lieux, costumes, évènements…). Cependant les auteurs actuels renouvellent ces motifs par des décalages (parodie, humour, nouveau discours…). L’univers du Moyen Âge, comme source d’inspiration, est très souvent aussi mêlé à la science fiction comme dans de nombreux films, jeux vidéo… 88 © Magnard, 2006 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 89 2. Les réponses seront variées en fonction des connaissances des élèves. Cette question peut donner lieu à un travail de recherches, à une visite au CDI. 3. Pour apprécier les reprises actuelles, le lecteur ou le spectateur doit connaître les œuvres initiales et donc partager une culture commune ou le même univers de référence avec les différents créateurs. 4. Les raisons peuvent être effectivement diverses selon le personnage choisi. Néanmoins si certains ont cette importance c’est le plus souvent leur aspect mythique qui explique l’importance de l’intertextualité. C’est aussi l’aspect fondateur des textes qui les mettent en scène et la puissance créatrice de leurs auteurs. Dossier 2 © Magnard, 2006 89 p075_090_S5 18/07/06 14:35 Page 90