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1) une guerre de décolonisation inextricable
Traditionnellement, on fait débuter la guerre d’Algérie le 1er novembre 1954 (Toussaint rouge),
jour où une série d’attentats frappe des intérêts français en Algérie et font plusieurs victimes.
Cependant, les tensions étaient présentes depuis longtemps et les émeutes de mai 1945 à Sétif avaient
fait de très nombreuses victimes du fait de la répression de l’armée.
La situation en Algérie est très compliquée car aucun des acteurs du conflit ne peut admettre de
céder au nom de principes apparaissant légitimes. De plus, c’est un conflit qui est à la fois une guerre
extérieure (Français contre Algériens) et une guerre civile (Algériens contre Algériens… et même à la fin
Français contre Français).
- Le FLN, constitué par le rapprochement de différents mouvements, agit dans le but de libérer le
pays d’une présence étrangère opprimante. Pour le FLN, il n’y a pas d’entente possible avec les Français
et le mouvement, par le recours à la violence, veut discréditer les modérés. Le soutien qu’il reçoit de la
part des Algériens est contrasté, certains Algériens restant fidèles à la France quand d’autres, de plus en
plus nombreux, accompagnent la lutte du FLN.
- Pour les gouvernements français, l’Algérie est un territoire français (elle est divisée en
départements) comme les autres et, à ce titre, les actions menées par le FLN sont des actions terroristes
(on appelle les membres du FLN des fellaghas, soit « bandits de grand chemin » an arabe) ; le conflit
algérien n’est donc pas perçu comme une guerre (il faudra attendre 1999 pour que l’Etat reconnaisse en
France ce terme de guerre) mais comme une série d’actions terroristes auxquelles il faut répondre par
des opérations de maintien de l’ordre. Il faut ajouter que la France trouve deux intérêts majeurs au
territoire algérien à la fin des années 50 (présence d’hydrocarbures, lieu d’expérimentation pour l’arme
nucléaire). Il est donc hors de question de brader cet élément d’une puissance française réduite depuis
la Seconde Guerre mondiale.
- Pour les Français d’Algérie, cette terre leur appartient ; ils ne peuvent accepter ni un partage
des responsabilités avec les musulmans algériens, ni a fortiori une indépendance. Ils poussent donc à
une lutte sans merci contre le FLN et font pression sur les représentants du pouvoir français (ils
obtiennent ainsi que le ministre responsable de l’Algérie soit en poste à Alger et pas à Paris…)
- Autre acteur essentiel, l’armée. Pour elle, l’Algérie ne peut pas être une nouvelle défaite. Après
le désastre de mai-juin 1940, après la perte de l’Indochine en 1954, il est hors de question de « perdre
l’Algérie ». La lutte va donc être menée de la manière la plus intense (torture, exécutions sommaires…).
Il se crée une solidarité de fait avec les Français d’Algérie lesquels auront toujours plus confiance dans
les militaires (le général Massu en particulier) que dans les hommes politiques…
2) les grandes étapes du conflit
Une chronologie avec des vidéos sur le site de francetv
Dans un premier temps (1954-1955), les opérations se concentrent dans l’est de l’Algérie. Le
conflit bascule à l’été 1955 avec de nouveaux attentats qui amènent à donner carte blanche à l’armée
laquelle réprime désormais violemment sur tout le territoire. La majorité de gauche élue en France en
janvier 1956 souhaitait la paix en Algérie ; après une visite houleuse à Alger, le président du conseil Guy
Mollet change de politique et intensifie le conflit en envoyant des soldats du contingent en Algérie ; le
gouvernement obtient des pouvoirs spéciaux pour 6 mois concernant l’Algérie ce qui fait échapper
temporairement la gestion de la crise algérienne aux assemblées. Le terrorisme du FLN monte encore en
intensité en frappant dans les villes. Le gouvernement réagit avec la Bataille d’Alger, série d’opérations
de maintien de l’ordre (1957).
L’année 1958 voit une internationalisation du conflit avec des interventions de l’aviation
française pour frapper les bases du FLN en Tunisie ; la condamnation internationale de la France amène
le pouvoir parisien à commencer à réfléchir sur un moyen de régler le sort de l’Algérie, réflexion qui
conduit au 13 mai 1958 et au retour de de Gaulle au pouvoir. Avec de Gaulle, une nouvelle phase de la