
Lundi 4 septembre 1995 à 17 h
Premiers nombres
et
nombres premiers
Bernard Vuilleumier
L’activité mentale qui consiste à compter a très probablement donné lieu aux nombres naturels
qui permettent de dénoter les éléments d’un ensemble ainsi que l’ordre dans lequel ils sont
arrangés. Ces nombres présentent à la fois un aspect cardinal – qui se réfère au nombre total
d’objets d’une collection – et un aspect ordinal – premier, second, etc. Si nous saisissons par
exemple une boîte de disquettes sur laquelle est imprimé «12», nous comprenons que cela
signifie qu’il y a 12 disquettes dans la boîte. Si nous en extrayons une qui porte «12» sur
l’étiquette, nous pensons qu’elle est la seule à porter ce numéro et qu’il s’agit de la douzième
de la collection. La prise de conscience de cette distinction est fondamentale dans l’évolution
de la pensée humaine à propos de l’énumération. Elle prépare à concevoir l’activité de compter
comme une relation entre quantités plutôt qu’une simple liste de quantités. Les opérations
arithmétiques élémentaires figurent parmi les relations utilisées. Elles permettent de définir
d’autres ensembles de nombres – entiers relatifs pour la soustraction, rationnels pour la division, etc.
Les nombres premiers sont des nombres naturels qui ne sont les multiples d’aucun
autre nombre naturel, excepté 1. Si un nombre naturel n’est ni 1 ni premier, il est appelé
nombre composé. Un théorème important de la théorie des nombres établit que tout nombre
n a t u r e l supérieur à 1 peut être exprimé d’une manière unique à l’aide d’un produit de
nombres premiers. Les nombres premiers sont donc, d’une certaine manière, les «atomes»
avec lesquels il est possible de construire, par multiplication, tous les nombres entiers composés.
Savoir décomposer en facteurs premiers un nombre, aussi grand soit-il, est une tâche qui
intéresse non seulement les mathématiciens mais également tous les «pirates informatiques»
qui cherchent à percer des codes secrets! En effet, depuis le début des années 80, les
nombres premiers jouent un rôle fondamental en cryptographie (voir lettre du Club Math nº 25).
Leur étude débouche, entre autres, sur les questions suivantes:
• Combien y a-t-il de nombres premiers?
• Comment décider si un nombre arbitraire donné est premier ou pas?
• Existe-t-il des fonctions définissant les nombres premiers?
• Comment les nombres premiers sont-ils distribués?
• Y a-t-il différentes catégories de nombres premiers?
• Quel est, à ce jour, le plus grand nombre premier connu?
12
23
345
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78 9 10
1
11
112 1
13
314 15 16 1
17
718 1
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21 22 2
23
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3
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4
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344 45 46 4
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748 49 50
51 52 5
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354 55 56 57 58 5
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Fig. 1: Dans un tableau de nnombres naturels, il est possible d’obtenir ceux qui sont premiers (en relief) sans avoir à effectuer de division.
C’est la méthode du «crible d’Eratosthène» (ca 276 - 194 av. J.-C.), qui est l’un des plus anciens algorithmes connus: on biffe les
multiples de 2 supérieurs à 2, puis ceux du plus petit nombre prestant différent de 1 et supérieur à p; et ainsi de suite jusqu’à p2>n.
Au terme du processus, les nombres qui ne sont pas biffés sont, à l’exception de 1, des nombres premiers.
lub ath
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pédagogique (CIP)
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Lettre nº 41
L’activité de compter a très
probablement donné lieu aux
nombres naturels
Les nombres premiers sont
des nombres naturels qui ne
sont les multiples d’aucun
autre nombre naturel, excepté 1
Si un nombre naturel n’est ni
1 ni premier, il est appelé
nombre composé
Savoir décomposer en facteurs
premiers un nombre est une
tâche qui intéresse non seule-
ment les mathématiciens mais
également tous les «pirates
informatiques»