Le portique dans le Jardin

publicité
Leportique
dansle
Jardin
Essai sur la biomécanique du Kyudo
Suivi d'une
Thèse philosophique
sur l'approche occidentale de la discipline
1
À mes MAÎTRES
Jacques Normand 先生
Tokuda MASAHIKO 先生
Pour leurs enseignements
À tous mes Sempai 先輩
Pour leur bienveillance
À tous mes Elèves
Pour ce qu'ils m'ont appris.
Cequisuitnepourraplaireàtoutlemonde,jen'aid'ailleurspasvoulucela.
2
J'aiexprimésimplementmafaçondevoirleschosesdanscettedisciplineetdel'écrire
m’apermispersonnellementdefairelepoint.
Lepartagermaintenantseraunplaisirsivous-mêmeytrouvezdequoivousréjouir.
3
Notre culture gréco-latine a été dès son origine fortement imprégnée par les
influences orientales (indiennes, égyptiennes) et très probablement par d'autres encore,
aux grés des voyages des philosophes du troisième, quatrième, cinquième siècle avant
Jésus-Christ.
Aprèsavoirétélaterred'accueildelabrancheorientaledespremiersmigrantsdurift
africain (si l'on en croit les ethnologues), le continent indien a été par la suite un trait
d’unionconstantentrel'Orient,l'Occidentetl'Extrême-Orient.Ladiffusiondescultureset
leséchangesdesprincipes,descoutumes,despenséesetdescroyancesnepeuventêtre
écartées.Ilestdonclogiquederetrouvercesmêmesgrandsprincipesetconceptsdansles
principauxcourantsphilosophiquesquiontparcourulescontinentsdenotreterreduSud
auNordetdel’Estàl’Ouest.
Mais au cours de ces courtes quatre mille dernières années, des coutumes se sont
ancrées, des philosophies et des modes de pensées ont évolué pour leur propre compte
toutencontinuantauxgrésdeshasards(invasions,conquêtes)desecolorerdenouveaux
apports.
Carcequiafaitlaforcedel'humanitéaucoursdesonévolutioncen'estpastantson
adaptabilité ou son ingéniosité mais plutôt sa capacité extraordinaire à absorber, à
s'approprierlesacquisdel'autre.
Malgré tout cela et ce fond commun, pour nous Occidentaux, comprendre
parfaitement la philosophie extrême-orientale et particulièrement japonaise est une
gageure.
La question est donc, peut-on pratiquer pleinement un art martial japonais et en
particulierleKyudosifortementimprégnédephilosophieetdeculturenipponne,pourne
pasdiredereligion,sansêtrejaponais?
Laréponseestévidemment«oui»maiscelle-cidéclineunautrequestionnementqui
est: Comment y parvenir en préservant sa propre identité, sa propre culture et surtout
sanssombrerdansunemauvaiseetridiculeimitation?
Letiràl'arccontemporainfaçonnipponne,entendezparlàleKyudo,estunmoyen,
un outil, une méthode, afin d’atteindre une certaine plénitude, une certaine sérénité, si
chèreàtousleshommesenquêtedevérité:c'estlavoiedel'arc.
PourcelaleKYUDOs'inscrittotalementdanslalignedirectriceduBUDOjaponais,la
voiedesancienssamouraïs.
DansmonDojoilyaunecalligraphied’unamiprêtrebouddhiste,quiestundenos
contemporainsetquej’aieuleplaisirderencontrer,etquidit«Lagrandevoien’apasde
porte».C’esttoutdire…..
4
Bien sûr le Kyudo n'est pas le seul moyen de parvenir à cet état tant recherché, par
tant d’hommes, depuis si longtemps. Tout peut y mener même et surtout la pêche à la
ligne.
Nousproposonsdepratiquerlekyudoavecnotreétatd’esprit,nosvaleursculturelles
toutenrespectantlelegs,ohcombienestimable,desjaponais.
Alorsvoilàpourquoi,est-cesanscomplexe,quel'ondoitpratiquerleKyudoavecnotre
modedepenséeoccidentale?
C’est parce que les origines philosophiques de l'humanité sont identiques, même si
chacune a évolué pour son propre compte, que les concepts qui alimentent les pensées
sontidentiques.Ainsilapenséesino-japonaiseextrêmeorientalemélangel'ancienTAO,le
bouddhisme indien, le shintoïsme, et enfin le zen dans sa forme la plus épurée de la
pensée, de la subjectivité immédiate du détachement, de l’éphémérité, de la vacuité
néantissanteduréel,auxquellessesurajoutecedoutesurl'éternitéetl’au-delàdelavie.
Maiscettephilosophieextrêmeorientalecommelaphilosophiegrecquequiémergera
aucinquièmesiècleavantJésus-Christ,trouvesasourcechezlesGymnosophistesdel'Inde,
grandcarrefourmigratoiredel'humanitéàl'originedescivilisationsindo-européennes.
Enfin une dernière curiosité en guise de dessert ou de cerise sur le gâteau ; en grec
l'arcs'écritβιοσ (BIOSavecunaccentsurleo)etlavie βιοσ (BIOSsansaccentsurleo)
doncàunaccentprés«l'arcdevie»seretrouveégalementdanslaculturegrecque.En
effet vous n'êtes pas sans savoir que les Japonais dénomment l'arc (yumi) l’arme de vie.
Curieuxnon…
Enappliquantcesprincipes,jemesuisviteaperçuquenonseulementcelapouvait
fonctionner,maisquedeplusjemesentaisbeaucoupmoinsempruntécardefaitplus
enclinaunaturel,plusprochedemaproprepersonnalité.
En effet mon morphotype massivement celtique n'a rien à voir avec la morphologie
longiligneetplutôtélégantedesjaponais.
Pourlereste,etpourmesentirenadéquationtotaledanslapratiqueavecmonesprit
occidental, il a simplement fallu, par un simple retour à mes vieux souvenirs
philosophiques,quejemettetoutsimplement«unportiquedanslejardin».
J’ai ainsi exprimé dans ma pratique du Kyudo ce curieux mélange, fort agréable, de
stoïcismeetd’épicurisme,cocktailfortappréciédeslatins.Onneserefaitpas!!!
5
L’objet de ce travail est donc d’apporter ma pierre à l’édifice en toute humilité, en
décrivantmonapprochedeladisciplineentantqu’homme,maiségalemententantque
scientifique,enparticulierencequiconcernelapartiebiomécaniqueetphysiologiquede
lapratique,puisquemonexpérienceprofessionnelleenavouluainsi.
Enfinentantquecitoyendecetteterre,j'affirmequelaculturedesautreshommes
est ma culture, le patrimoine culturel de l’humanité n’a pas de copyright et je la
revendiquecommemienneàpartentière.
Enfin n'attendez pas de ce travail une description précise de ce qu'il faut faire et ne
pasfairedansladiscipline(cen'estpasunprécisdeKyudo),n'attendezpasnonplusqueje
traitedetoutcequiconcernentladiscipline;ilyadéjàuncertainnombred'écritsquiont
étéréaliséscesdernièresannéesenjaponais,enanglaisetenfrançais.Monapprocheest
essentiellementbiomécaniqueetphilosophique.J'aiessayéd'interprétersurceplanlàles
conseils donnés par les professeurs japonais en les traduisant physiquement pour mieux
lescomprendre.
6
VOILAPOURQUOI«UNPORTIQUEDANSLEJARDIN»
Parcequej’aitrouvédansleKyudounmélangeharmonieuxdecequepouvaient
décrirelesanciensàproposdustoïcismeetdel’épicurisme.
Dustoïcismej’airetrouvédansleKyudo
- Lesensdel’honneuretdumaintien
- Laretenueetladignité
- Legoûtdel’épuréetdelasimplicitémaisdanslasolennité
- Ledondesoisansretenue
- Legoutdelarigueuretdelaméthode
- Lamodestieetladistancedeshonneurs
- lasobriétévestimentairemaisavecgoût
- Lerecoursausuicidedansledéshonneur«Seppuku»bienheureusementplusàla
mode
- Le sens de la RES publica (la chose publique en LATIN) et l’engagement dans la
«politique»enparticulierFédéraleouscolastique
Del’épicurismej’aiapprécié
- lavéritéetleplaisir(ausenshédonisteeteudémonisteduterme)
- lesensdel’amitiéetdelafraternité
- legoûtdubeauetdusimple(égalementcommechezlesstoïciens)
- Legoûtduplaisird’êtreensemble
- Dumatérialismerelatifdelavie
- Leplaisirdumomentvécuimmédiatement
- Leplaisirdurepasetdelaconvivialitépartagés
- Lecultedelatoléranceabsoluecontenuedanslesrèglesdelabienséance
- Le besoin d’ataraxies (de bien être dans le calme sans la perturbation du monde
Extérieur)
7
Enfait,jeretrouvedansleKyudouneapprochematérialistedelavie.(Épicurienne)
Mais je n'y retrouve rien de la philosophie platonicienne dans ce qu'elle a de
dissociatifentrelecorpsetl'esprit.
Bienaucontraireladisciplineetcelledel'unionducorpsetdel'esprit,del’icietdu
maintenantdanslesensdel'unitétemporo-spatialeetdanslaréalisationdel'instanttel
quel'ontdéfiniRoupnel,EinsteinetbiensûrBachelard.
C'estdonccequejevaism'efforcerdedémontrerdanscetravailquivasuivre.
Pour cela je vais procéder par une approche biomécanique de la discipline afin
d'expliquerphysiologiquementl’enseignementdesexpertsenlamatièreetuneapproche
philosophique et psycho philosophique pour transcender la véritable essence du Kyudo
vueparunespritoccidental.
C'est également parce que je n'ai jamais partagé l'approche pseudo orientale à
laquelle se forçaient certains occidentaux en mimant, ou plutôt en singeant, ce qu’ils ne
pouvaitcomprendredufaitdel’abîmeculturellesséparantdelaperceptiondesjaponais
eux-mêmes.
Bien que n'étant pas un expert, j'ai voulu écrire cet essai pour démontrer que la
méditation qui est la néantisation de l'instant n'a rien à voir avec le Kyudo qui en est
l'émergence.
Peut-êtrequejem'orientemême,sansl'avoirvouluinitialement,versuneantithèse
dutrèsprécieuxlivredeMonsieurE.HERRIGEL«lezendansl'artchevaleresquedutirà
l'arc»quiamalheureusementtropmarquél'Occident.
Maistoutcelaseradéveloppédanscequivasuivre.
8
INTRODUCTION
Touterecherche,touteconnaissancedébuteparunquestionnement:
- Pourquoi tout cet enchaînement de phases préalables codifiées à l'extrême pour
aboutirautirproprementdit?
- Pourquoi nous a-t-on appris à ne pas déroger, à respecter intégralement,
minutieusementl'ensembledecesphasesdansleurexécutionetleurdéroulement?
- Pourquoiaucunepersonnalisationdustyle(commecelasepratiquedansl'ensemble
dessports)n'est-ellepossible?
- Est-ceunepréparationpsychologiqueautir?
- Est-ceunepréparationmécaniquedutir?
- Oulesdeuxàlafois?
La conclusion de ce travail nous donnera peut-être une ou des réponses, mais en
attendantilconvientd’yréfléchirquelquepeuetc'estàcelaquejevousinvite.
Aproposdel'ensembledesenchaînementsdesdifférentesphasesdutir,quecesoit
enSHOMENouenSHAMEN,ilestessentieldeconservertoujoursàl'espritquecequia
étéconstruitpréalablementdansunephasedutirnedoitpasêtredétruitparlaphase
suivante.Sinonpourquoil'avoirfait?
Cequiaétéfaitdansunephasedoitêtremaintenudanslasuivanteetainsidesuite
jusqu'à la fin du cycle; sinon il n'y aurait aucune explication plausible à la construction
d'unephase,aumaintiend'uneposture.Sinonautantencocherlaflècheettirersansautre
formedepréambule.
L'on ne peut passer sous silence ce qui frappe l'observateur pour la première fois
lorsqu'il assiste à un tir de KYUDO; l'esthétique, la beauté, la sobriété, la simplicité, la
facilitéapparente.
Pourtant cela risquera d'être le piège du débutant qui s'attachera plus à la forme
qu'aufondparlenon-respectdesprincipesmécaniquesdebasequel'enseignanttentera
deluidonner.
Ceci pour préciser que ce que je dirai n'aura pas pour prétention d'être exhaustif,
d'êtrelavérité,maisdedonnersimplementmoninterprétation.
9
Etpuispourterminercetteintroduction,etaurisquedemerépéter,mercidenepas
vousattendreàunedescriptionprécisedetoutcequ’estleKyudo,jen'aipaslaprétention
de réaliser un traité sur cette discipline. Mon objectif est, dans cet essai, de donner une
approchebiomécanique,neurophysiologiquedelagestuelleetdutirengénéral.Expliquer
pourquoi les postures et leur enchaînement sont justifiés et de faire parfois un parallèle
entre les métaphores des enseignants, répétées de génération en génération, et ma
modesteinterprétationbiomécanique.
Ilestdoncpossiblequecertainesphasesdutirnesoientpasdécritesdanscequiva
suivre,nonpasquejen’ytrouveaucunintérêtmaisplutôtquejen'airienaproposeren
matièred'interprétation.
Enfin,jemelaisseraiégalementaller,carjen'aipaspum'enempêcher,àcequej'ai
appeléuneinterprétationpsychophilosophiquedecequecettedisciplineapuinspirerà
certains auteurs et à la grande majorité de mes contemporains occidentaux, en grande
recherche de sérénité, par le truchement des techniques extrême orientales dont le
fameuxzen.
Enfin,sionlecompareàd'autresdisciplinesduBudo,ledéveloppementduKyudoest
demeurérelativementconfidentielenOccident,avecunrecrutementdesplusspécifiques
dansunetranched'âgedelapopulationquel'onpourraitplutôtsituerducôtédesseniors,
comparéeégalementaveclespratiquantsjaponais.
Je m'interrogerai donc sur les différents paramètres qui pourraient permettre au
Kyudofrançaisdepouvoirsedévelopper.
10
PLAN
Préambule
INTRODUCTION
I/
BiomécaniqueduTiretdel’arc
Analysedesdifférentesphasesdutir.
II/
AnalysepsychophilosophiqueduKyudo
III/
LedéveloppementduKYUDOenFranceavecdeuxobjectifs.
1Conserverl'essencetraditionnelledeladiscipline.
2Occidentalisationdelapenséeetdelapratiquelarendantconformeàlalégislation
denotrepays.
CONCLUSION
11
Étudesbiomécaniquesdes
différentesphasesdutir
ASHIBUMI
Pourquoitantd'intérêtpourcetteposturepréliminaire?
Lesdifférentsécrits,lesdifférentestraductionsetlesdifférentsenseignementsparlent
d'implantationdespieds,d'ancragedanslesolpourtenterdedécrirecetteposture.
Encoreunefoispeuimportelesimagesemployéesellesreviennenttoutesàdirequ'il
s'agitdetrouveruneattitudestableoucommentstabiliserl’édifice?
L’écartementdesjambesestunréflexenaturelpouraugmenterlastabilitéducorps,
c'est ce que l'on fait automatiquement et spontanément dès que l'on se trouve en
déséquilibre;ils'agitd’augmenterlepolygonedesustentation.
Touslestirs,danstouslespays,danstouteslescivilisations,avectouteslesarmes,ont
nécessitélastabilisationducorpsavantl'action.
Ilestégalementnatureld'opposerlarésistanceaudéséquilibrepotentielàcontresens
delaforce,doncpersonneneserasurprisquedansletiràl’arcl’écartementdesjambes
soitdansl’axedutir.
Ceciétantposé,l’essentieldel’ASHIBUMIn'estpaspourautantdévoilé.
Nous aurons à décrire les points essentiels et donc le rôle d’ASHIBUMI par la suite,
mais celui-ci ne peut s'organiser correctement qu’avec un rachis stabilisé et bien
positionné. Mais, le rachis ne pourra correctement se stabiliser que sur une embase
favorableàcettestabilisationc'est-à-direunbassinlui-mêmestabilisé.Etc….
Revenons donc au point de départ afin de comprendre comment stabiliser cet
empilementd’osquenoussommes.
Pourcela,ilvafalloirprocéderlogiquementpourstabiliserl'ensembledubasversle
haut(etnonpasl'inverseselonleprincipedeschaînesouvertesetchaînesferméesdont
12
j'aurai à parler plus tard). Toute entreprise inverse sera vouée à l'échec; c'est pour cela
quelesanciensparlenttoutd'aborddel'implantationdespieds.
Encore une fois il n'est pas de mon propos de décrire exactement l'écartement, la
position, ce qui est déjà fait dans l'ensemble des traités, mais plutôt d'insister sur le fait
quelatonicitédesmusclesintrinsèquesdespiedsdoitgarantir«l'arrimage»ausol.Surle
plananatomiquelepiedestuntrépiedavectroispointsd'appuiavecenavantlapremière
et cinquième métatarso-phalangienne et en arrière le talon. Schéma d'ailleurs repris par
l'ensemble des androïdes de science-fiction. Le poids du corps se trouvera sur le tiers
antérieurdupiedcommeilsedoitpourmieuxgarantirl'adhérence.
Lepremiergarantdelastabilisationdel'édificevadoncêtred'abordunpiedtonique
afin de garantir un bon d'ancrage au sol et non pas comme on le voit souvent un pied
atoniqueavachisursonbordexterne.
Au-dessus,lesmembresinférieursquidoiventêtredelamêmefaçonverrouilléset
toniques.
Leverrouillagenécessiteunelégèrerotationinternedel'axedumembreinférieur.
Au-dessuslebassinvasepositionnerenrétroversiondefaçonàoffrirauxrachisune
base horizontale. Le maintien de cette posture va nécessiter une bonne tonicité des
muscles grands fessiers et ischio-jambiers. C'est pour cette raison que les enseignants
doiventvérifierlabonnetonicitédecesmuscles.
Delapositiondubassinvadépendrel'harmoniedurachisdanssonensemble.Etnous
allons voir comment et pourquoi les courbures du rachis sont d'une importance
primordiale.
Lacourburedorsalepeutmodifierlacinématiquedesomoplatesetdoncdesépaules,
lacourburelombaireexcessivepeutêtredouloureuse.
Rappelonscequesontlesdifférentescourburesphysiologistes:
--lalordoselombaire,
--lacyphosedorsale,
--lalordosecervicale,
Poursimplifier,unecyphosegénèreunebosse,unelordoseuncreux.
Premiercasdefigure:LeBassinS'INCLINE:iln'estpasenrétroversion
Onparlealorsd'uneantéversiondubassinquitournealorsdanslesensdesaiguilles
d'une montre autour d'un axe passant par les deux hanches. Il est facile de comprendre
13
que lorsque ceci se réalise, l'ensemble du corps aura tendance à partir en avant. Pour
compenser ce déséquilibre antérieur et pour rester en équilibre, le haut du corps doit
revenirenarrièreenaccentuantlacourburelombaire;onparlealorsd'hyperlordose.De
plus, si l'on veut conserver l'horizontalité du regard il faut alors, dans ces conditions,
augmenterlacyphosedorsaleetdefaitlalordosecervicale.
L'antéversiondubassinvadoncaugmenterl'ensembledescourburesphysiologiques
durachis.
Deuxièmecasdefigure:lebassinS’INCLINEENARRIERE:ilestalorsenrétroversion
Lebassintournecettefois-cidanslesensinversedesaiguillesd'unemontreautourde
l’axedeshanches.Ilprendunepositionbeaucoupplushorizontale.Lephénomèneinverse
seproduitsurlerestedurachis,lalordoselombairediminueainsiquelacyphosedorsale
etlalordosecervicalesil'onveutconserverl'horizontalitéduregard.
Cette fois-ci, la rétroversion du bassin entraîne globalement une diminution des
courburesphysiologiquesdurachis.
En résumé : l'antéversion du bassin augmente les courbures physiologistes, la
rétroversionlesdiminue.
Tout cela bien entendu avec comme prérequis la nécessité de la conservation de
l'horizontalitéduregard.
AlorsmaintenantquelrapportavecleKyudoetenparticulieravecletir:
1/. Un dos le plus plat possible permettra une meilleure cinétique (un meilleur
glissement)desomoplatesetdoncdemeilleuresconditionsmécaniquespourlesmuscles
(trapèzes moyens, inférieur et grand dorsal, grand dentelé) qui sont à l'origine de leur
déplacement lors du tir. Avec un dos arrondi, les omoplates auront plus de chemin à
parcourir et les muscles fonctionneront dans de mauvaises conditions mécaniques ; en
particulierlemusclegranddorsalquiverrasonaxedetractionantériorisé.
Par ailleurs, dans ce cas de figure, les derniers moments du Kai tels que nous les
décrironsnepourrontpasseréaliser.Eneffetcesinstantssontcaractérisésparunléger
écartementdesomoplatesgrâceàl'actiondesmusclesgrandsdentelés.C'estentreautre
ce mouvement ultime qui contribuera au HANARE. De plus, dans cette configuration en
cyphose atonique (que je différencie de la cyphose structurelle d'une personne
naturellementvoûtée)l'actiond'ouverturedelapoitrinequifinaliseleHANAREnepourra
seproduire.
(NousenparleronsendétaildanslechapitreconsacréauKaietauHanare).
14
Certainsd'entrenoussontconformésavecunecyphoseaccentuée;elleest
structurelleetacquise.
Ils'agitsouventd'uneséquelledueàunproblèmedecroissancesouventdanslecadre
d'une pathologie connue comme la maladie dite de Scheuerman. Cela ne les condamne
absolumentpasàl'abandondeladiscipline,maiscommelesautresilsdevronts'efforcer
d’avoirledosleplusplatpossiblepourfaciliterletravaildesomoplates.
Au-dessus de la cyphose dorsale, la diminution de la lordose cervicale, du fait du
redressementgénéraldurachis,vafaciliterlarotationdelatête.Larotationdelatêteà
gauche comme à droite, avec une lordose cervicale exagérée ne peut se faire sans une
inclinaison qui perturbe l'horizontalité du regard. Cette attitude est souvent visible chez
certains tireurs, elle est malheureusement obligatoire dès que l'arthrose va modifier la
mécaniquevertébrale.
Voilà pourquoi dans ASHIBUMI il est important de veiller à verrouiller le bassin en
rétroversionafinde stabiliserleshanches etlebassin. Lebassin ainsihorizontalvaoffrir
une assise stable et non douloureuse au rachis lombaire sus-jacent qui va pouvoir à son
tour, en effaçant légèrement ses courbures naturelles, offrir un dos droit et plat
permettantunbonfonctionnementdesarticulationsscapulo-thoraciques,autrementdit,
depermettreauxomoplatesdemieuxglisserenarrièresurlegrilcostal.
Lapartien'estpaspourautantgagnée.Eneffetlarétroversiondubassinnevapas,à
elle seule, favoriser l'érection du rachis. Il faut pour cela une action volontaire
d'effacement des courbures, obtenue par un auto agrandissement, comme si une force
invisiblenoustiraitverslehautparunfilauniveaudel’apex(sommetducrâne).
Revenonsaudébutetposons-nouslaquestionafindelarésoudre:
Comment«horizontaliser»cebassinparsarétroversionetcommentlestabiliser?
La rétroversion du bassin est obtenue par une contraction des abdominaux mais la
respirationlibreabdominaledontnousavonsbesoinpourletir,nousinterditd'utiliserces
mêmesmusclespourpérenniseretstabiliserlaposture.
Le verrouillage de la position est obtenu par une légère rotation interne des deux
membresinférieursautourdeleuraxerespectif;cequiapourautreavantagedereporter
l'appuiducorpssurlepremierrayonmétatarsien(Axedugrosorteil).
La stabilisation de la position du bassin est assurée par les muscles des cuisses que
sontlesfessiers,lesischios-jambiers,lesadducteursetlequadriceps.
D'oùlavérificationnécessaireparlesenseignantsdelacontractiondecesmuscleslors
desentraînementscommejel'aiditprécédemment.
15
Pourexemple,nousavonstousvudestireursdanscettepositionenhyperlordoseen
particulieraprèsHANARE,àtort,carilsrelâchenttouslesmuscles,considérantqueletir
estterminé,etréalisentunSANSHINetYUDAOSHIsansénergie.
D’autres se désorganiseront dès UCHIOKOSHI lors de l'élévation des bras et
conserverontcettehyperlordosetoutaulongdutir.
Detoutefaçoncettemauvaiseattitudenepermetpasunebiomécaniquecorrectedu
tiretsurtoutpeutgénéreràtermedesdouleurslombaires.
Donccen'estqu'autourd’unecolonnevertébralestabiliséeayanteffacésescourbures
sur un bassin stable, horizontal, verrouillée par des muscles contractés sur des jambes
ancréesdanslesolquevapouvoirs'organiserleTATESENetleYOKOJUMOJI.
Souvenez-vous que le membre supérieur, omoplate comprise, n'est relié à notre
charpente squelettique que par la clavicule. L'épaule est donc l'association d’une
articulation normale «d’os à os » (une énarthrose) au niveau de la scapulo-humérale et
d’une articulation « bizarre » une surface de glissement dotée d'une serveuse le
permettant, entre l'omoplate la cage thoracique, que l'on appelle la Scapulo-thoracique.
Les omoplates ne tiennent sur la cage thoracique que grâce à un certain nombre de
muscles puissants. Le tout, membre supérieur et omoplate, n’étant relié au reste du
squelette(sternum)queparlaclaviculequijouelerôled'unebielle.
Je vous invite à regarder cet excellent travail de Monsieur Jean-Michel Grand qui
illustre parfaitement ce que je viens de décrire. Il conviendra d'y retourner pour bien
imaginer le travail musculaire lorsque l'on parlera des autres phases du tir.
https://youtu.be/mD1ci3YtLDg
Cemontage,quel'onretrouvedansl'ensembledel'animalité,plusoumoinsmodifiée
selonlesnécessitésdelabipédieoudelaquadrupédie,estleseulgarantd'unemobilitédu
membresupérieurdansl'espaceenvironnantpermettantlasaisieàdesfinsalimentaires
entreautres.
Maisnousverronsleurfonctionnementaucoursdel'étudedesautresphasesdetir.
Pour l'instant il suffit donc de comprendre la nécessité pour ces épaules d'avoir une
embasestableetfixe.
Lamécaniquedel'ouverturedel'arcnepeuts'organiserqu'avecunrachisrectiligneet
unbassinstableetsurtoutilconvientquecetensemblesoittotalementverrouilléparla
musculature.
Nousabordonsmaintenantunepartietrèsimportanteetintéressanted’ASHIBUMI.
Cettepostureimposeaussiquelesdeuxpoingssoientsurleshanches.
16
Simplesoucid'esthétiqueouencoreunepréoccupationbiomécaniquecachée?
Si nous n'avions pas les poings sur les hanches dans cette position, il serait difficile
d'apprécierlabonnepositiondesépaulesparrapportauxhanches.Lefaitquelespoings
soient sur les hanches permet de positionner les épaules parallèlement à l'axe des
hanches. En effet la chaîne articulaire des membres supérieurs se trouve fermée par le
contactavecleshanchesetdoncpermetunmeilleurretourd'informationsproprioceptives
surlapositiondesépaules.
Cecinécessiteunepetiteexplicationsurcequ’estunechaîneferméeetcequ’estune
chaîneouverteenlangagedebiomécaniquehumaine.Lachaîneouverteestainsinommée
quandl'extrémitédumembre(lepiedoulamain)etlibre,sanspointd'ancrage.Lorsquele
piedestausoloulorsquelamaintientunappuionditquelachaîneestfermée.Dansune
chaîne ouverte c'est le corps qui va stabiliser l'action du membre, lorsque la chaîne est
fermée,c’estlemembrequistabiliselecorps.
VoicidoncpourquoiASHIBUMIestuneposturecapitale,essentiellequ'ilconvientde
s'appliqueràréalisersil'onveutquelerestedutirpuissesedéroulernormalement.
Enfinsil'onvoulaitendireplussurASHIBUMIondiraitqu’ilreprésenteleTAISABAKI
duBUDO.
Dans le KYUJUTSU il est le moment où l'objectif, l’adversaire est évalué, tancé, à sa
justevaleur,àsajustedistance,etilaffirmele«jesuisprêt».Cetteattitudenepeutêtre
plusdigne,ferme,déterminé,noble.
VoicidoncpourquoiASHIBUMIestuneposturededéterminisme.
UnASHIBUMImounedonneraqu'untirsansénergie,sansbut,untirmort-né.
ASHIBUMIréalisédanslesrèglesetdansl'espritpréparerauntirpuissantetnoble.
17
DOZUKURI
Ilesttraduithabituellementcomme«lastabilisationdelaposture».
DOZUKURI est lui aussi une phase importante et à ne pas négliger dans le tir car
comme je l'ai précédemment dit, si son importance était mineure en quoi serait-il
nécessaire!
Plutôt que de «stabilisation de la posture» je traduirai par «vérification de la
posture».EneffetdurantcettephaseestréaliséleTORIKAKE(encochedelacordesurle
gant)etleTENOUCHIquiestlaprisedel'arcparlamaingaucheauquelnousréserverons
unchapitrecar,làaussi,toutlemondes'accordeàdirequecettephaseestcapitalepour
letir.
PourenreveniràDOZUKURI,lavérificationdelaposturedevientindispensablecarles
brasetlecorps(surtoutlesépaules)peuventsedésorganiser,sedéplacerplusoumoins,
aucoursdel'encochedelacordeetdelaflècheetlorsdelaprisedel'arc.Aprèscesdeux
actionsilconvientdevérifierlapositiondespieds,deshanches,desépaules,deréajuster
les coudes à la bonne hauteur afin de faire un cercle avec les bras, de descendre les
épaules et d’étirer le rachis vers le haut avant de faire MONOMI (C'est-à-dire tourner la
têteverslacible).
En résumé, il convient de vérifier, éventuellement de réajuster l'ensemble des axes
deshanchesetdesépaulesavecceluidespieds.
Il convient également de vérifier que tous ces axes désormais bien parallèles soient
égalementbienperpendiculairesàl'axeducorps.
C'estlepremiermomentderéajustementdelaposture,nousverrontparlasuitequ'il
yenad'autres.
18
HUCHIOKOSHI
Sansenfaireunetraductionlittéraleils'agitdel'élévationdel'arc.Cemouvementest
extrêmementdéstabilisantpourlaposturegénéralecarildéplacelecentredegravitévers
l'avantunverslehaut.
Il ne faut pas non plus que lors de cette élévation des bras, les omoplates soient
entraînéesverslehaut.Ilfautqu’ellesgardentlamêmepositionsurlacagethoracique(le
pluspossible)etquel'élévationdesdeuxbrasnesefassequedansl'articulationscapulohumérale.
Voirencoresinécessairelavidéohttps://youtu.be/mD1ci3YtLDg
Parailleurspourquelaflèchedemeurehorizontale,unlégerdécalageentrelesdeux
mains(METEetYOUNDE)estrequis;lamaindroiteétantdiscrètementplushautequela
maingauche.
Ledéplacementducentredegravitévaavoirtendanceàentraînerl'ensembledel'axe
ducorpslégèrementversl'avant(certainsexagèrentàtort).Toutauplusdoit-onsentirle
poidsducorpsunpeuplusmarquésurlesavant-pieds.D'autresencorebasculentlehaut
du corps en avant en générant une hyper lordose lombaire. Ce qui donne une
proéminencedisgracieusedesfessiersetcasselastatiquedurachispréalablementétablie.
Durantcetteélévationlaflèchedoitdemeurerhorizontaleetl'arcvertical.Quantaux
bras,ilsnedoiventpasdépasserles50à60°au-dessusdel’horizontale,toutsimplement
parce que l'amplitude dans la scapulo-humérale ne permet pas d'aller au-delàsans
déplacerlesomoplatesdanslascapulo-thoracique.
Cetteélévationdoitdoncsesituerentre50et60°au-dessusdel'horizontaleetpas
plus.
Maislevéritablebutdeceproposestlepourquoianatomophysiologiquequijustifie
cequiestécritdanslesmanuelstechniques. Silorsdel'élévation lesbrasdépassentcet
angle, vous générerez ipso facto une bascule de l'omoplate en rétroversion. Si cela se
produit, vous aurez le plus grand mal lors de l'ouverture de l'arc à repositionner
correctement les omoplates afin d'obtenir un tir confortable. Lors de ce mouvement
d'élévation des bras les omoplates doivent donc rester fixées dans la position qu’elles
avaientenDOSUKURI,oupresque,positionsqu'ellesdevrontconserverjusqu'auKAI.
C'estpourcetteraisonetuniquementpourcetteraisonqu'ilneconvientpasd'élever
lesbrasau-dessusdecettelimite.
19
Pourrésumer:
Lesbrass'élèvent
Lescourburess'effacent
Lesépaulesimpassiblesnesuiventpas
AlorsseulementDaïsanpeutnaitre
20
DAISAN
ParmilesseptmouvementsduASETSU,DAÏSANestcertainementleplusmystérieux
etleplusdifficileàcomprendre.
Il s'agit de la première phase d'armement et d'ouverture de l'arc. Cette première
phase d'ouverture correspond mécaniquement à la phase facile de l’ouverture. Cette
préparation va nous permettre de s'arc-bouter, de commencer à s'intercaler à l'intérieur
de l'arc pour en terminer l'ouverture dans la phase où la tension va devenir, au fur et à
mesure,croissante.
Cettephaseestdoncessentiellepourpréparerlasuivante,commeàl'habitude,dans
l'enchaînementdesdifférentesphasesquenousétudions.
Surleplangéométriqueetanatomophysiologiqueiln'yapasd'originalitéparticulière.
Il s'agit d'une translation de l'ensemble arc et flèches vers l'avant avec trois points fixes,
constitués par les deux épaules et le coude droit, dont deux serviront de points de
rotation.(Épaulegaucheetlecoudedroit).Lebrasgauche,poursapart,demeuranttendu,
sousl'arcs'ouvrirad'autant.
Sil'onrespectelesconsignesprécitéesconcernantlecoudedroitetlesépaules,seulle
bras gauche est susceptible d'être à l'origine d'un mauvais positionnement. Il arrive en
effet très souvent que celui-ci aille trop en avant ou insuffisamment en avant, que
l'omoplate gauche se déstabilise et que l’épaule remonte etc… tous les défauts que l'on
peutconstaterchezlesdébutantsetquenousavonsnous-mêmesvécusetquel'onpeut
revivreencoreenutilisantunarctroppuissant.
La position idéale décrite par les professeurs est de dire que le pli du coude gauche
doitsetrouverarrêtéauniveaudelalignedeviséeforméeparl'œildirecteurdroitetla
cible.
Onremarqueraégalementquelebrasgauchepassed'unanglede50à60°lorsdela
dernièrephaseàunanglede45°auDAISAN.
Bien entendu il y a des explications anatomo-physiologiques pour que cette posture
aitétéretenue.
Lepremierargumentestdedirequelaviséedel'objectifestmaintenue.
Ledeuxièmeestquemécaniquementlaphasesuivanted'ouverturedel'arcsetrouve
êtrebeaucoupplusfavorabledansceplande45°quedansunplanquiseraitplusvertical
ou plus horizontal. C'est une question de simple biomécanique des épaules et angle de
tractiondesmusclesgrandsdorsauxlorsdelaphasesuivante(Hikiwake).Eneffetilsemble
que ce soit sous cet angle que leur orientation soit biomécaniquement la plus favorable
21
pourleuractionsurleshumérusafindelesabaisserversl'axehorizontal.(Voirencorela
vidéo:https://youtu.be/mD1ci3YtLDg)
HIKIWAKE
Traduitparcertainscommel'extensionrépartie…
HIKIWAKE poursuit l'ouverture de l'arc qui se fait essentiellement au début, comme
dans DAÏSAN, en poussant avec la main gauche plus qu'en tirant avec la droite et ceci
jusqu'à ce que la flèche arrive pratiquement au niveau des sourcils ou des yeux. Ce qui
danslatechniquediteenSHAMENcorrespondàunMezukaïparticulier.
Maistroppousserferaplongerlaflècheenavant,troptirerdonnerauneinclinaison
inverse.Lejusteéquilibremaintiendralaflècheparallèleausol.
Cettepousséeàgaucheetcettetractionàdroiteestlaconséquencedel'interposition
de l'arc-boutant constitué par les bras et la ceinture scapulaire dans l'intervalle de
l'ouverturedel’arc.
Cetteinterpositionfonctionneparlaseuleforcedesmusclesdorsaux(grandsdorsaux,
trapèzes).
Il faut se souvenir ici de ce que j'ai déjà expliqué en matière de chaîne musculaire
ouverte et de chaîne musculaire fermée. Dans ce cas nous sommes dans une chaîne
ouverteparticulièrecarellesetrouveêtresemiferméeparlaforcedel'arcetdelacorde
surlesdeuxmains.Ceciexpliquequelorsdel'effortquiesteffectuépourl'ouverture,le
corpssetrouveégalementattirerversl'intérieurdel'arc.
Cequiexpliquelefaitquemoinsonestentrédansl'arc,plusl'effortmusculairepour
maintenirl'ouverturedecelui-ciestimportant.L'idéalétantdes'interposertotalementà
l'intérieurdel'arcpouravoirhypothétiquementaucuneffortmusculaireàfaire;cequeles
anciensdénommentpar«tireraveclesos».
Cet ensemble d’alignement osseux est particulièrement instable puisqu'il y a six
articulationspratiquementalignées.Enfaitlesarticulationsnesontpastoutàfaitalignées
et l'équilibre n'est maintenu que par la force des muscles dorsaux et des muscles des
épaules(deltoïdes).
Il est alors facile de comprendre que si l'ensemble du corps est insuffisamment
interposé dans l'arc celui-ci aura naturellement tendance à refermer les bras comme un
livre.
22
Ilsemblequecesoitlameilleuredestechniquespourouvrirunarcpuisqu'ils'agitde
seglisseràl'intérieuretdelemaintenirouvertpar«l'empilementosseux»desbrasetdes
épaules et non pas simplement de l'ouvrir en tirant sur une corde par la simple force
musculairedesbras.
Ilfautavoirprésentàl'espritquesurleplananatomique,lapuissancemusculairechez
l'animal (donc chez l’homme) décroît progressivement des racines des membres vers les
extrémités. Ce sont les muscles fixateurs des épaules et les muscles des épaules euxmêmesquiseront,parcettetechnique,plutôtutilisés.Alorsquecesontlesmusclesbiceps
ettricepsquilesontplutôtdansl'ouverturedel'arcoccidental.
Cette technique permet d'utiliser les muscles les plus puissants d'une part, mais
également de faciliter leur tâche par l'interposition progressive de l'arc-boutant osseux
déjàdécritàl'intérieurdel'arc.
Pourarriveràglisserce«coin»entrel'arcetlacorde,lestechniquesprécédemment
décritesetenseignéesparlesmaîtres,permettentd'yparvenir.
Maisilyauneautreraison.L'arcestasymétriqueavecunebranchesupérieureplus
longue et plus fragile puis une branche inférieure beaucoup plus forte. Cette phase
d’ouverture, avec l'image de l'interposition du corps dans l’arc, nécessite également de
mentaliser l'impression de se hisser au-dessus de l'axe représenté par la flèche. En effet
c'estleseulmoyendecomprendrequ'ilestnécessairedeplustravaillerlapetitecourbure
lorsdel'extensionducoudedroitquinedoitpasdescendredirectement(sinon,celaferait
travailler plutôt la grande branche de l'arc) mais plutôt aller en arrière de façon à ouvrir
l'arcparunetractionquiprédominesurlapetitebrancheinférieure.
Dans cette ouverture il y a donc un équilibre à respecter non seulement le long de
l'axe de la flèche (avant-arrière) mais également dans l'axe de l'arc (Haut-bas). Younde
prévalantversl'avantMetepoursapartdebasenhaut.
Ilyaaussiunmomentparticulierànoter.
IlexisteunNeraïtoutàfaitspécifiquequandlaflèchearriveauniveaudesyeux.Dela
mêmefaçonquelorsqu'onsehissesurunmur,oncommencepartireraveclesbras,puis
lorsqu'onarriveauniveaudelapoitrine,onpousse.
Lasensationpeutêtrecomparéedansletir;avantcetteposition,onal'impressionde
tirerverssoi,après,onaplutôtl'impressiondesehisserau-dessusdelaflèche.
D'ailleursdansletirdecertainesécolescetempsestdélibérémentmarquéetjepense
quecen'estpaspourrien.
23
Surleplanphysio-anatomiquelorsquelaflècheestàceniveau(auniveaudesyeux)
les coudes et les épaules sont passés par? le même plan vertical mais les coudes sont
encoreau-dessusdesépaules.Danslaphasesuivantedutir,lorsquelaflèchevadescendre
jusqu'àlalèvre,lescoudesdevrontavoirtendanceàpasserlégèrementenarrièreduplan
des épaules et tout particulièrement le coude droit. C'est pour cette raison qu'on a
l'impressiondesehisserau-dessusdel'axedutiràlaforcedesbras.
24
KAI
LeKaiestcomparableàl'instantoùlefélinvabondirsursaproie.Immobilitéparfaite,
tension maximale, sérénité totale, vigilance absolue, calme apparent avant l'explosion
finale.
VoilàdonccommentjedécriraileKai.
Maintenantsurleplanbiomécanique,lecorpss'estintercaléàl'intérieurdel'arcqui
aura naturellement une tendance mécanique à le refermer comme livre autour des axes
derotationquesontlesdeuxépaules,lesbrasreprésentantlesdeuxcouverturesdeceluici.
Pour lutter contre cette loi mécanique le tireur doit contrecarrer cette force par
l'action des muscles du dos et des épaules en particulier (deltoïdes, sus-épineux, grand
dorsal, trapèzes moyens en particulier) et également diminuer les moments des forces
tendantàlafermetureenserapprochantlepluspossibleduplandel'arc.Autrementdità
entrerdansl'arc.Oserais-jedirepourlabeautédel'imagedansuneutopieconceptuelleà
inversermêmelesensdefermeture.Commesil'arcdevaitnousrefermerenarrière.Peutêtrequedanscesconditionsnousn'aurionsplusàforcer,oudumoinsàmoinsforcersur
leplanmusculaireetnousnousretrouverionsdanslesconditionsdécritesparlessenseïs
autrementdits«detireraveclesos».
Cette position est très instable et l'on constate souvent, en particulier chez certains
débutants,desrupturesd’équilibreavecl'épaulegauchequivas'échapperenhauteten
avant.
Sonmaintiennécessitedoncuneforteactivitémusculairedel'ensembledesmuscles
dudosetdelapoitrine.Jevousrenvoiepourcelaversl'articlequej’aiécritilyaquelques
annéesetjointenannexequis'appelle;«tireraveclestroisgrands».Entendonsparlàà
proposdestroisgrands:grandpectoral,granddorsal,granddentelé.
Voirégalementlavidéo;https://youtu.be/mD1ci3YtLDg
MaiscettepositionmaintenuenevapasêtresuffisantepourunKaiefficacequionle
verraestdynamiqueetnonstatique.LeKaiestl'instantquiprécèdele«lâcher»quin'en
estd’ailleurspasun.LeHanarecommejevaisl’expliquerplustard,nesefaitpasavecla
main droite (Mete) mais avec la poitrine. Ce n’est pas la main qui lâche la corde mais la
cordequiquittelamain.
Jevaisessayerdevousexpliquercomment.
Les maîtres disent que le Kai n'est pas un instant d'immobilité mais un moment
d'extension continue. Effectivement l'extension continue obtenue par l'action du grand
25
dentelé(conjuguéàl'actiondesautresmusclesbiensûrs)quivaécarterlesomoplatesde
l'axedurachis.Cesderniersmillimètresd'extensionimperceptiblesontbiensûrunelimite
quiestcomplétéeparl'ouverturefinaledelapoitrine.
OmoplateetarticulationOmo-Humérale
49:Omoplatevuedesaglène
51:vuepostérieure
50:vueantérieure
1:ActionduDeltoïde
2:ActionduSusépineux
3:ActionsduGrandDentelé
4:Actiondutrapèze
Musclesmoteursdelaceinture
scapulaire(d’aprèsKapandji)
1:ActiondumuscleTrapèze
moyenilestadducteurde
l’omoplate.illarapprochedela
lignemédiane.
4:ActiondemusclesGrand
DenteléetPetitPectoral(5).
IlssontAbducteurde
l’omoplate;ilsl’éloignentdela
lignemédiane
26
MusclesMoteursdelaceinture
Scapulaire(d’aprèsKapandji)
1:Trapèze
1trapèzeSupérieuril
soulèvelemoignondel’épaule.
1’trapezeMoyen
rapprochede2a3cmlebord
del’omoplatedelaligne
médianeetappliquel’omoplate
surlegrilcostal.
1’’trapèzeinferieur
attirel’omoplateenbaseten
dedans
2LeRhomboïdeattirel’angle
inferieurdel’omoplateenhaut
etendedans.
3L’angulairemêmeactionque
leRhomboïde.
4LeGranddentelé
4portionsupérieureattirel’omoplatede12a15cmenavantetendehorsetl’empêchede
reculerlorsqu’onforceetpousseversl’avantoulorsdutiràl’arc.
4’portioninferieureactioncomplémentaireàlaportionsupérieureenréglantlarotation
del’omoplate
Si ces principes ne sont pas respectés, vous obtiendrez un tir mou, à la précision
aléatoire,unlâchéquiseseraeffectuévolontairementauniveaudelamaindroite.
Il me faut, avant de quitter ce chapitre, parler à propos du Kai de l'effet de torsion
inverseentreMeteetYounde.(SHIBURU).
L'extensioncontinuedubrasgaucheavecinfinelepoucedanslacibles'accompagne
d'unetorsiondanslesenshorairedubras.Parcompensationetpourunbonéquilibre,
l’extensioncontinuedubrasdroits'accompagned'unetorsionantihorairedupoignet.
Ces deux effets contraires s’équilibrent. La torsion antihoraire du poignet droit va
maintenir l'horizontalité de celui-ci mais également empêcher l’arc de basculer dans le
sensdetorsiondubrasgauche.
27
Enrésumé:
Danslesouffleextrêmelapensées'anéantit
Danslaflèchedématérialiséequinefaitqu'unaveclaMato,elleseprojette.
Sanslavouloir,ellesesublimedanssonessenceaurisquedes'yperdre.
Danssondésir,elleyrisquesavie;detoutefaçon,touchéeoumanquée,elledevient
phalliqueoucastrée.Maisilfaudrarecommencerlavéritén'estpaslà.
28
HANARE
PourmoileHANAREetlaconclusionduKai.
Il correspond indubitablement à la libération de la flèche qui n'est pas un acte
volontaireàproprementparlermaisplutôtuneconséquenceattendue.
Dans le KYUJUTSU et l’art de la guerre ou de la chasse, il en était certainement
autrement par nécessité vitale ou alimentaire et la décoche de la flèche ne devait être
manifestement que volontaire au risque de voir s'échapper la cible ou de devenir soimêmelacible,maislatechniqueendemeureidentiqueetjevaism'expliquerdupourquoi
etducomment.
SiJedisaisdoncquelalibérationdelaflèche(ladécoche)n'estpasunactevolontaire
delamaindroite(METE).Nousavonsvuprécédemmentquelemaintiendelacordedans
sonencoche(faceinterneduBoshi)n’estdûqu'àlalégèrepressiondel'indexetdumajeur
surlafaceexternedupouce.
Ce n'est pas la diminution volontaire de la force de maintien du pouce qui va
provoquerledépartdelaflèche(cequiseraitunlâcher)maisaucontrairel'augmentation
delatensiondelacordequi,dépassantlaforcedemaintien,vapermettrelalibérationde
lacorde.
Vousn'êtespassanssavoirqu'ilyaquatrefaçonsdetenirlacordepourbomberun
arc:
- Laplusélémentaireentrepousseetindex.
- Avectroisdoigts(leII,leIII,leIV)encrochets:techniquediteméditerranéenne,la
plusclassiqueestlaplusconnueenOccident.
- Aveclesmêmestroisdoigtsinversés(facedorsaledelamaincontrelajoue).
- Avec le pouce barré par les deux doigts (index et majeur) techniques asiatiques
(Chine,Mongolie,Japon….)Lepouceétantprotégéparunebagueouungant.
Comme nous l'avons déjà expliqué, pour augmenter cette force de tension qui
permettra la libération, il faut simplement que l'arc s'ouvre légèrement, plus millimètre
par millimètre, encore et encore. Cela est obtenu au cours du KAI par une extension
continue des deux bras et une interposition de la poitrine du thorax formant la clé de
voûtedel'arc-boutantdéjàévoqué.
29
Cetteinterpositionaugmentelégèrementladistanceentrel'arcetlacordeetdoncpar
conséquentlaforcedetensionquivaalorsdépasserlacontreforcequiretientlepouce.
C'estpourcetteraisonquelesmaîtresenseignentcetteextensiondansleKAIàl'infini
tant vers la cible qu’à son opposé. C'est pour cela qu'ils enseignent également, en
particulier dans certaines écoles, à ce que le pouce gauche, dans son extension finale, «
ailledanslecentredelacible».
Ilnes'agitdoncpasd’unlâché(OHanashi),d'unedécoche,maisd’une«arrachée»
bienquecetermesoittropviolentpourimagerleconcept,alorsdisonsd'uneéchappée,
d'unelibération…Jen'aipastrouvédetermefrançaispouvantimagerleconcept.
Toujours pour s'en référer aux anecdotes racontées par les maîtres japonais pour
imagerlelâcherdelaflèche,c’estbienentendu,enpremierlieu,àl'histoiredelagoutte
deroséequiseséparedelafeuille(Ororinohanare)quejefaisallusion.Cetteséparation
dont on attend l'instant sans jamais le surprendre qui nous laisse toujours au constat
délicat du fait accompli ou encore cette autre image de l'enfant lâchant la main de son
pèrepourallersurunevitrinedejouets.Gestedélicat,naturelquilaisseralepèrepantois
alorsquel'enfantaprisunbonmètrededistanceavantquecelui-ciaitréagi.
MaintenantilnousfautparlerdedifférentstypesdeHANAREcarilvousserapermis
d'entendre certains commentaires à propos de O HANARE, TCHU HANARE ou de KO
HANARE.
Sachons tout d'abord définir ce que l'on entend par grand et petit HANARE pour
limiternotredescriptionàdeuxcatégories.
LeKOHANAREoupetitHANAREsecaractériseparlefaitquelamaindroiteMETEne
parvientpasàl'horizontaleetrestemêmeprèsdel'épaulecommeensuspension.
Danslestirsanciens,avecdesarcspuissantsilsembleraitqueKOHANAREaitétéla
règle.
Lasituationestundéséquilibreentreladroiteetgaucheavecuneprédominancetrop
importantedeYOUNDE(maingauche).Celaseproduitd'autantplusfacilementquel'arc
estpluspuissant.
AcontrariopourleOHANARElamain(METE)vavenirdansleprolongementdubras
droit. C'est ce qui est enseigné de nos jours. Le déclenchement du tir se fait avec la
poitrine, l'écartement longitudinal des épaules et l'échappement naturel de la corde du
Kake.OnparledeNASHIWARINOHANARE:l'imagedelapoirequiéclate.
30
Ilestégalementdécritunephaseintermédiaired'extensiondubrasdroitaprèsle
Hanarequis'appelleTCHOUHANARE.L'avant-brasrestantàpeuprès90°dubrasen
extension.
C'estvolontairementquejen'iraipasplusloindanslesdescriptionsetcommentairesà
cesujettantmonproposeststrictementuneanalysebiomécaniquedenotrediscipline.
METElamainDroitedansleHANARE
Deuxdoigtscrochetésretiennentlepouce
Latensionnécessaireestcelledemandéeparlacorde
Laséparationneviendraquedelapoitrine.
PourMETEuneflexionvolontaireetforcéedupoucedroitlorsdutiretenparticulier
au moment de l’ouverture de l’arc et jusqu’en Kai est un reflexe fréquent chez les
débutants.
Cetteattitudeestuneréactionnormaleàlaforcedelacordesurlepouce.
Mais il faut comprendre que cette résistance est une erreur dans la mesure où la
cordeestcertesretenueparl’encocheàlafaceinternedupoucedugant;maisc’estbien
lesdeuxdoigts(IIetIII)classiquementmaisaussileIVaveccertainsgantsquiretiennentle
pouce.
Ce sont les muscles intrinsèques à la main (muscles interosseux) qui vont maintenir
essentiellement les deux doigts (II et III) en flexion. L'action du long fléchisseur est
extrêmementlimitée.(Voirschémaci-dessous)
Parailleurscettecontractionexcessivedupoucedanslapaumedelamainn’estpas
justifiée.Ellenepeuts'expliquerqueparlapeurquelacordes'échappe.Cecigénère,par
co-contractionsynergique,uneextensiondupoignetquiestparticulièrementvisiblechez
lesdébutants.
Autrementditpourfairecessercettedorsiflexionetdupoignetlorsdel’ouverturede
l’arc,apprenezàneplustireraveclepouce.
31
Un exercice simple consiste à ouvrir l’arc avec le Boshi sans que le pouce ne soit à
l’intérieur, on constatera alors que la corde ne tient dans son encoche que par les deux
doigts(IIetIII)quimaintiennentlepoucedugant.
C’estpourcetteraisonquel’ondoitimager,lorsdel’ouverturedel’arc,quelesdoigts
delamaingriffentl’espace.
Comme nous l’avons dit dans le chapitre qui traite de l’équilibre des forces dans
l’ouverture de l’arc, la force de maintien du pouce par les deux doigts (index et majeur)
égalelaforcedetractiondelacorde.
AlafinduKai,etc'estlaseuleactionvolontaire,oncessed'égalerlaforcedetraction
delacorde.Celle-ci,dufaitdel’extensioncontinue,devientsupérieureàlacontre-force
deretenuequel’onabienvouluconcéderaveclesdeuxdoigts(IIetIII).C’estpourcette
raisonqu’elles’échappedupoucedroit.C’estpourcelaqu’ilnes’agitpasd’unlâchermais
d’une«échappée»etquecelle-cidoitpresquenoussurprendre.
Etcetultimedéséquilibreestfourniparl'ouverturefinaledelapoitrineassociéeàune
tractionpostérieuredesdeuxcoudes.
C’estle«Hanaré».
Enrésumé:
Deuxdoigtscrochetésretiennentlepouce.
Lenécessairenepeutexcéderlesuffisant.
Larupturevienttoujoursdel'avant.
32
L'indexreposesurlepoucecomme
lorsqu'iltientunstylo.
L'actiondesinterosseux(IX)etde
maintenirfléchitlapremière
phalange(P1)grâceàunedossière.
Fortelamefibreuse
33
YOUNDE
lamaingauche
EncoreunefoisjenevaispasdécrireleTENOUCHImaisexpliquerbio-mécaniquement
cequel'onnousaappris.
L'arcpossèdedeuxarrêtesenavantalorsquel'arrière,decequel'onpourraitappeler
enfrançaislapoignée,estarrondie.
L'arrête interne doit être mise le long du pli palmaire moyen (le grand pli vertical à
l'intérieur de la main); Ce qui correspond aux articulations métacarpo-phalangiennes.
Cettearrêteinterne,àceniveau-là,vareprésenterl'axederotationdel'arc.
Lesforcesenprésence:
- L'actiondupouce,dontlepointdecontactavecl'arcsurlebordexternedecelui-ci,
sesitueàlabasedelapremièrephalange(Tsunomi),vaêtreunepoussée.
- L'action des trois doigts (III, IV, V) et tout particulièrement du troisième et du
cinquièmeparcrochetage,vaêtreunetractiontoujoursversl'avant.
Dufaitdecesforcesetdeleurspointsd'application,ilyauneffetdetorsiondel'arc
dans le sens contraire des aiguilles d'une montre et ceci depuis DAISAN avec une
augmentationprogressivedelatorsionjusqu'auHanare.
C'estpourcetteraisonquel'ondoitmettredelacendreafindefaciliterl'adhérence
surleNIGIRIKAWA.
En résumé l’arc doit être vrillé dans le sens contraire des aiguilles d'une montre et
pouréquilibrercetteactionquiauraittendanceàfairebasculerl'arcversladroite,METE
doit contrecarrer cette tendance par une force en rotation également dans le sens
contrairedesaiguillesd'unemontrequipareffetsurlacordeempêcheral'arcdebasculer
àdroited'unepartmaisparailleursbloqueralaflèchesouslamétacarpo-phalangiennede
l'index.
C’estfaireSHIBURU
Lamaingauchedoitêtredouloureuseparl'actiondetorsionetcen'estpaspourrien
quedansl'écoleEIKIl'undessymbolesestlafeuilled'érabled’automnequiimagelamain
gaucheaprèsletir.Momijigasanenotenouchi.
34
Enrésumé:
L’unpousseetdeuxtirentsansjamaiss'ouvrir,sansjamaissecrisper.
Alorsc’estMomijietlaflèchesuivralepouce.
PourconclureleHANARE:
LeHanarelibératoiresymbolyseuneouvertureaumonde.
L'énergiequittelecorpsquisevidedetoutesubjectivité.
Lesujetestlaflèche,l'objetlaMato.
L’êtreestpleindevacuité,pleindenonpensée.
Ilpeutalorsseregarderets'apprécierdanssanuditéoriginelle;dunondésirsatisfait
ouducontraire,selonlerésultat;laMatoneservirait-ellequ’àcela?
35
Analysepsycho-philosophiqueduKyudo
L’hommenefaitriensansqu'ilyaituneoriginepsychologiqueàsonactemaisilyaura
toujoursuneconséquenceégalementpsychologiqueenretourparcequ'ilseracontraint
delereplacerdansuncontextephilosophiqueettoutparticulièrementéthique.
Cartoutestsymboledepuislanuitdestemps.Lapremièredescommunicationspasse
par la symbolisation. La description d'un concept n'est jamais aussi claire que dans le
symbole.
Les chamanes, les prêtres de toutes les églises, les grands prédicateurs, les sociétés
initiatiquesnefonctionnaientqu'autourdessymboles.
Laproblématiquedusymboleetquetoutlemondel'interprèteàsafaçon.
L'écriture la plus ancienne n’est que symboles et sujette à interprétation
(Hiéroglyphes, idéogrammes) d'où l'apparition des signes phonétiques pour un gain de
précision.
Il n'en reste pas moins vrai que le symbole, image du concept, demeure un des
moyenslesplusutilisédansl'expressionphilosophiqueetésotérique.
Cecipourreprendreletitredecetessai«leportiquedanslejardin»quijelerappelle
faitallusionauportiquedesstoïciensdanslejardindesépicuriens.
Ledeuxièmeaspectdecetteanalysepsychophilosophiquesetourneraverscequeles
occidentaux aperçoivent en premier lieu dans la pratique des arts martiaux et en
particulier du Kyudo et du zen. Et ceci en particulier grâce ou à cause de l'ouvrage fort
intéressant et profond qu'a écrit M. E .Errigel . Même si je l’ai lu et relu avec intérêt,
attentionetadmiration,iln'endemeurepasmoinsvraiquejenepeuxlepartagersurle
plan philosophique tant celui-ci est empreint de philosophie platonicienne avec cette
dissociationmajeureentrelecorpsetl'espritetcetteomniprésenced'unespritsubliméau
niveauduspirituel.
Jediraisdoncqueletravailderéflexionquej'aimenésetrouveêtre,commeannoncé
danslepréambule,uneantithèseautravaildeMonsieurE.Errigel.
Etlaquestionserainfine;y-a-t-ilunepartdezendansleKyudo?Jetacheraimême
deladéfinir,enparticulier,parrapportàlaméditationzen(ZaZen).Cechapitrerépondra
àceuxquidéfinissentleKyudocommelezendebout.
Enfin un chapitre philosophique essentiellement centré sur le Kai, le Hanare et le
Zanshin qui sont les moments essentiels du tir (car toute la construction de celui-ci y
36
débouche)etquines'arrêtentpascommelepensentbeaucoupàlasimpledécochedela
flèche.
Vousvenezpeut-êtrederemarquerquejeprononcepourlapremièrefoislemotde
Zanshin exprimant « le maintien de la posture » soit encore « l'expression spirituelle du
coeur»ouencore«l'espritquidemeure».DetoutefaçonilestprésentdanstoutleBudo.
PourmoileKyudoAssetsu,enparticulierenShareï,estcommeunevaguequidéferle
sur une plage avec une attaque oblique. Le haut de la déferlante, qui correspond à Uchi
Okoshi,sepoursuitdeplaceenplace,suiviedufracasdeladéferlanteelle-même.
lesHanaresesuccèdentaprèscetinstantsuspenduduKaïquicorrespondàcetarrêt
surimagequesemblefairelavaguesursontunnel.Puisaprèsl’ecrassement,leZanshin
delavaguequis’étalesurlesabledansunchuintementdelibérationetd’extase.
Jenel'aipasfaitauparavantcariln'aaucunintérêtbiomécaniquec'estdoncdansce
chapitrequ'iltrouveraitsaplace.
Que recherche-t-on lors de la pratique de la méditation si ce n'est comme le dit
Bachelard«ànousdétacherdel'accidenteletdelanouveautéquinousassaillent…Ànous
perdreassezpournousretrouver,àtoucheretàsuivrecettecouléeuniformeouladurée
37
dérouleraitunehistoiresanshistoire,uneincidencesansincident.…Devenirunvoldansun
ciellimpide,unvolquinedéplacerien,auquelriennefitobstacle,l'élandanslevide,bref
devenirdanssapuretédanssasimplicitédevenirdanssasolitude.»
La méditation est en fait la néantisation du temps et de l'espace ou a minima une
dissociationtemporo-spatiale,unclivagedel'espace-tempsparlevideetlenéant.Oseraisjediredanscesconditionsquelaméditationestlamort.Unepetitemortcependantavant
larenaissancedelalumière,delavérité,etc…maiscettedissociationentrel’espritetle
corps,cettemort,cetterenaissanceparlalumièreattendue,esttoutàfaitplatonicienne
dans l'approche et c'est pour cela qu'elle a tant séduit l'Occident (et en particulier M.
Errigel)tantelleestprochedumodèlejudéo-chrétien.QuantàPlaton,onsaittrèsbien
qu'iln'arieninventé(mêmesiSocrateaexistéetquel'œuvreestconsidérable)tantila
puisé comme les autres dans les expériences hindoues et égyptiennes. D'où l'origine
communedesmodesdepenséesàl'humanitécommeannoncéedanslepréambule.
L'éveiltantattendudanslaméditationsurvientcommeleHanare.Attendumaisnon
voulucommeunéclairdansuncield'été,commeunapaxexistentiel(pourreprendreun
terme cher à Michel ONFRAY), c'est par la survenue inattendue de l'attendu que nait
l'émerveillement.
LeKyudo,pourmapart,n'ariendetoutcela.
Le Kyudo est la philosophie de l'instant, la recherche métaphysique de la vérité de
l'instantmatérialiséparleHANARE.
Voilà pourquoi je vais pouvoir développer ce qui caractérise philosophiquement la
pratiqueduKyudoetnousallonsalorsconstaterquecelle-cis'opposepointparpointàla
philosophieplatonicienne.
Avec pour conséquence immédiate que tout ce qui pourrait l'aborder empreint de
culturedephilosophieplatoniciennesetromperaitdevoieàmonsens.
La pratique de la discipline nécessite une présence absolue à un point précis de
l'espace-temps qui détermine l'instant tel que l’a défini M. Roupnel et M. Gaston
Bachelard.Àtoutmomentnousdevonsêtreprésentetattentifàtoutcequenousfaisons
sansnouspréoccuperdecequ'iladviendraaprèsoudecequ'ilestadvenuavant,àtout
moment nous sommes présents en nous-mêmes, là où nous sommes, et non pas à
quelquesmètresànousregarderparletruchementduregarddel'autre.
Par expérience, chaque fois que l'ont failli à cette règle, on se trouve confronté à
l'échecdanslapratique.
38
La pratique du Kyudo est un déroulement séquentiel d'instants avec une présence
absolue dans chacun d’eux, instant après instant, tout. Et ceci pour chaque tireur
indépendamment l'un de l'autre dans des espace-temps différents mais qui
merveilleusementsontréunisdanslemêmeespace-tempsdel'observateur.Voilàlamagie
philosophiqueduKYUDO.
C'estpourcetteraisonqueleKyudoestpourmoilameilleuredéfinitiondecequ'est
le temps (par une succession d'instants) et c'est pour cette raison que cette définition
rejoint celle des matérialistes, en particulier tel que la décrit Bachelard en reprenant
Roupnel et Einstein dans sa théorie de la relativité, en contredisant ainsi la théorie
Bergsoniennedelacontinuitédutemps.
VoilàégalementpourquoileKYUDOestmatérialisteetquis'inscritdansladroiteligne
desépicuriens.
Cetargumentserajoutantàceuxénumérésenpréambulelorsquej'aidéfinileKyudo
épicurien.
Dans la définition de l'instant dont on sait qu'il a un début et une fin et qu'il est
composé d'une somme d'instants successifs, c'est dans le Hanare que j'ai trouvé la
meilleuredéfinitiondecelui-ci.
PendantleKai,ilestattendu,ilestvécu,ilestsuspendudanssonextinctionpendant
toutleZanshin.
Ilneprovoquelaplénitudequelorsquel'instantcoïncideavecl'attendu.
Quelrapportya-t-ilalorsentreeux:leKyudo,laméditationetlezen.
J'emploiecettefois-ciàbonescientleconceptzendontjen'aipasladéfinitionmoimême sauf qu'il existe et qu'il est employé en particulier en Occident et bien souvent à
touteslessauces.
La méditation, d'après mes lectures, ne trouve sa justification que lorsqu'elle
débouche sur «l'illumination », la lumière, la vérité, de Nirvana selon la définition
bouddhiste.Orcetinstantprivilégiésedéfinitnonpasparlavacuitémaisbienaucontraire
parlaréalitéd'unespace-tempsdéfini.Unicietmaintenantdevéritédevenueréalité.
LeKYUDOdanssapratiqueetcommejel'aidéjàdéfini,emploieunevoiedifférente
voir opposée à la méditation puisque tout le déroulement de la pratique n'est qu'une
39
succession d'instants précis, des ici et des maintenant successifs conscients. Le Hanare
débouchesurl'analyseultimede«l'instant»danssaréalitétemporo-spatiale.
Lesdeuxtechniques(méditationetKyudo)diamétralementopposéesdébouchentsur
lemêmerésultatdelajouissancedel'instantdanssamatérialisationconsciente.
C'estmadéfinitionduzen.
DéveloppementduKYUDOenFrance
Même si l'on tient compte des effectifs des deux fédérations existantes en France à
l'heureactuelle(700pratiquants)avecen1996200pratiquantsrépertoriéscelafaitàce
jour(20ansplustard)untauxdecroissancede3,5%paran.Onpeutconsidérerqu'àce
rythme-làladisciplineresteraencoreconfidentiellependantquelquesdécennies.
Manifestementlerecrutementdenouveauxpratiquantsnesembleintéresserqu’une
fractionconfidentielledelapopulationfrançaise.
Biensûr,pourêtretotalementexhaustif,ilseraitindispensabled'analyserlesorigines
sociales (professionnelle et culturelle) des pratiquants français et de les comparer aux
pratiquantsjaponais.
Cependantcequiestfrappantlorsquel'onvaauJaponoulorsqu'onsepromènesur
lesréseauxsociauxc'estdevoirl'importantpourcentagedejeunespratiquantsalorsquela
moyenned'âgedenotrepopulationdeKyudokasesituetrèsprobablementauxalentours
delacinquantaine.
40
Certesladisciplineesténormémentpratiquéeaucollègeetaulycéecommed'autres
disciplines du Budo mais il y a manifestement autre chose qui attire les jeunes dans les
dojos.
Jenepensepasqueleprixdel'équipementsoitunobstaclemajeurdanslamesureoù
l'onpeutenvisagerfacilementleprêtdematérielparlesclubs.
Enrevanchelesespacesdepratiquepeuventreprésenteruneréelledifficulté.Iln'ya
pas un dojo de Kyudo dans chaque ville, et l'obtention d'un créneau horaire dans un
gymnase municipal peut souvent poser problème du fait de la pléthore des disciplines
candidates. Par ailleurs le faible effectif des clubs Français ne risque pas de les rendre
prioritairesauxyeuxdesservicesdessportsmunicipaux.
Ceci dit on peut également se poser la question de savoir pourquoi notre discipline
n'estpasattractivepourlesjeunes.?
Est-cequevraimentsil'onavaitentre16et20ans,nousirionsnous-mêmesdansun
dojopratiquéleKyudoenFrancetelqu'ilestpratiquéàl'heureactuelle?Moientoutcas
sûrementpas.
Il faut se poser également la question de savoir de quoi nous avons l’air vu de
l'extérieur.
Certesd'autresdisciplinesrespirentlasagesse,latranquillité,labeauté,allezdisons-le
lezenoccidental.
Mais l'on ne dégage pas ce qu'attend un jeune d'une activité physique; l’effort
physiquelui-même,l'ambiance,labonnehumeur,l'aspectludiqueetlacompétition.
Nousdonnonsuneimagequineplaîtpasauxjeunes.
Pour les attirer il va falloir donner à notre enseignement non seulement un aspect
ludique mais également introduire la notion de compétition. Non pas des compétitions
ponctuelles, une fois l'an, comme nous le faisons à l'heure actuelle mais un véritable
niveau de compétition départementale, régional, national comme cela se passe dans les
autresdisciplines.
Ilfaudraégalementépurernosexigencessurfaitessurl'étiquettedansledojo.Certes
elledoitêtrerigoureusesurdespointsélémentairesmaisledojodoitêtreunlieudevie
convivial,animé,amicaletjoyeux.Cequ'ilestd'ailleursauJaponalorsquenousfrançais
l’avonstransforméenunlieumonacal.
Etpuisilfautquetoutlemondeetenparticulierlesjeunesaientaccèsàdespassages
de grades facilement et à moindre frais sans être obligé de se rendre dans un stage
internationalàl’étrangertrèsonéreux.
41
Bienentenduilresteralaproblématiquedeshautsgrades,commedanslesautres
disciplinesd'ailleurs,maisnousentronslàdansunautredébatquidépasseceluidu
développementdeladisciplineàsabase.
Voilàdoncparoùdoitpasserunepolitiquededéveloppementsielleveutêtre
couronnéedesuccès:
- Rendre attractive la discipline en l'allégeant d'un surplus de rituel et de
comportementpseudomonacaldéplacéetinutile.
- Développerlesrencontrescompétitivesetleschampionnats.
- Multiplieretlesrendreplusaccessiblelespassagesdegradesaumoinsjusqu'au5ème
Dan.
- EviterquenosHautsGradésnedéveloppentunegopathologiquementdémesuré.
IlvadesoiqueleKyudotraditionnel,leKYUJUTSUettouteslesformesdepratiques
doiventexisterafindepouvoirsatisfairetoutunchacun.Maislevivierd'unedisciplineà
l’imagedesgrandesfédérations(football,judo, Rugby,Tennis,Equitation etc.),pourleur
développement se sont délibérément tournés vers la jeunesse. Sans cette force aucun
développementn'estenvisageabledefaçonsérieuse.
CONCLUSION
Encore une fois ce travail n'a pas la prétention d'expliquer ce qu'est le Kyudo mais
simplement de donner une approche biomécanique de la discipline et en particulier une
explication biomécanique des conseils qui nous sont et qui ont été prodigués par les
professeursjaponais.
Au cours de celui-ci je me suis également permis d'approcher la discipline par le
truchement de ma culture occidentale. J'ai voulu montrer que l'humanité ayant une
origine commune partageait les mêmes valeurs et les mêmes principes mêmes si la
pensée, selon les continents, avait évolué de façon particulière. J'ai ainsi montré que la
philosophie occidentale et tout particulièrement le matérialisme épicurien collait
parfaitement à la philosophie du Kyudo même si on y retrouvait quelques traits de
stoïcisme. J'ai également montré à contrario que la philosophie platonicienne et sa
dichotomiecorps-espritn'ytrouvaientpassaplace.
Surlemêmeplanj'aipuprécisermaconceptionduzenentantqu'instant.Lezenen
tantquepointspécifiqued'unespace-tempsparticulier.Espace-tempspropreàunsujetet
42
unobjetqu'ilspartagentpendantcetinstantenquestionetdontlesujetn’aleloisirdela
jouissancequedanslepasséimmédiatquisuitl'instant.
Vous me direz qu’il en est de même pour tout instant conscient dont l’analyse et la
jouissancenepeutsefairequ'aposteriori.PourladisciplineduKyudoc’estleHanarequi
représente l'instant en question, c’est un instant attendu dont le délai de prise de
conscience se trouve réduit. Plus ce délai sera réduit plus la prise de conscience sera
contemporainedel'instantetplus«lajouissance»seragrande.
Etl'onauraalorscetteimpressiondevivreunmomentexceptionneldepleinevie,de
pleineconscienceunesorted'apaxexistentiel.
Ilyaquelquesflèchescommecelaquidanslavied'untireurrestentinoubliables.
Par ailleurs, se pose-t-on la question de savoir à qui appartient le bouddhisme ? À
l’inde,àlaThaïlande,auVietNam,auTibet,àlaChine,auJapon?Celui-ciaévoluédans
chaque pays selon des particularités et en fonction de chacun des peuples qui l'ont
accueilli.
Est-cequel'onseposelaquestiondesavoiràquiappartientlamusiquedeMozart,
deBeethovenoud'autrescompositeurscélèbres?
Est-ce qu'on se pose la question de savoir à qui appartient la philosophie ? Les
sciencesmathématiques?Lasciencedanssaglobalité?
LeKYUDOestdésormaisinternationalilestunlegsduJaponàl'humanitéparcequele
Japon l’a voulu ainsi. Il appartient donc à tous les hommes d'en profiter, d'en user, d’en
jouir.LeKYUDOestpatrimoinedel'humanité.
MesdevisessontcellesquejedonneauKyudo:
Semperfidelis(toujoursfidèle)
Nonmeanimodemeteo(jamaisnerenonce)
EtpuiscommentnepasterminersurcettepenséedeSénèque;
«Toutlemondedésirevivreheureux,maisque,pourdécouvrircequirendlavie
heureuse,personnen’yvoitclair»
43
Annexe1publiédanslarevueKyudoFFKTN°21991
44
Annexe2PubliédanslarevueKyudoFFKTN°31992
45
46
47
Annexe3PubliédanslarevueKyudoFFKTN°41993
Pu
3
48
49
50
51
Téléchargement