Leportique dansle Jardin Essai sur la biomécanique du Kyudo Suivi d'une Thèse philosophique sur l'approche occidentale de la discipline 1 À mes MAÎTRES Jacques Normand 先生 Tokuda MASAHIKO 先生 Pour leurs enseignements À tous mes Sempai 先輩 Pour leur bienveillance À tous mes Elèves Pour ce qu'ils m'ont appris. Cequisuitnepourraplaireàtoutlemonde,jen'aid'ailleurspasvoulucela. 2 J'aiexprimésimplementmafaçondevoirleschosesdanscettedisciplineetdel'écrire m’apermispersonnellementdefairelepoint. Lepartagermaintenantseraunplaisirsivous-mêmeytrouvezdequoivousréjouir. 3 Notre culture gréco-latine a été dès son origine fortement imprégnée par les influences orientales (indiennes, égyptiennes) et très probablement par d'autres encore, aux grés des voyages des philosophes du troisième, quatrième, cinquième siècle avant Jésus-Christ. Aprèsavoirétélaterred'accueildelabrancheorientaledespremiersmigrantsdurift africain (si l'on en croit les ethnologues), le continent indien a été par la suite un trait d’unionconstantentrel'Orient,l'Occidentetl'Extrême-Orient.Ladiffusiondescultureset leséchangesdesprincipes,descoutumes,despenséesetdescroyancesnepeuventêtre écartées.Ilestdonclogiquederetrouvercesmêmesgrandsprincipesetconceptsdansles principauxcourantsphilosophiquesquiontparcourulescontinentsdenotreterreduSud auNordetdel’Estàl’Ouest. Mais au cours de ces courtes quatre mille dernières années, des coutumes se sont ancrées, des philosophies et des modes de pensées ont évolué pour leur propre compte toutencontinuantauxgrésdeshasards(invasions,conquêtes)desecolorerdenouveaux apports. Carcequiafaitlaforcedel'humanitéaucoursdesonévolutioncen'estpastantson adaptabilité ou son ingéniosité mais plutôt sa capacité extraordinaire à absorber, à s'approprierlesacquisdel'autre. Malgré tout cela et ce fond commun, pour nous Occidentaux, comprendre parfaitement la philosophie extrême-orientale et particulièrement japonaise est une gageure. La question est donc, peut-on pratiquer pleinement un art martial japonais et en particulierleKyudosifortementimprégnédephilosophieetdeculturenipponne,pourne pasdiredereligion,sansêtrejaponais? Laréponseestévidemment«oui»maiscelle-cidéclineunautrequestionnementqui est: Comment y parvenir en préservant sa propre identité, sa propre culture et surtout sanssombrerdansunemauvaiseetridiculeimitation? Letiràl'arccontemporainfaçonnipponne,entendezparlàleKyudo,estunmoyen, un outil, une méthode, afin d’atteindre une certaine plénitude, une certaine sérénité, si chèreàtousleshommesenquêtedevérité:c'estlavoiedel'arc. PourcelaleKYUDOs'inscrittotalementdanslalignedirectriceduBUDOjaponais,la voiedesancienssamouraïs. DansmonDojoilyaunecalligraphied’unamiprêtrebouddhiste,quiestundenos contemporainsetquej’aieuleplaisirderencontrer,etquidit«Lagrandevoien’apasde porte».C’esttoutdire….. 4 Bien sûr le Kyudo n'est pas le seul moyen de parvenir à cet état tant recherché, par tant d’hommes, depuis si longtemps. Tout peut y mener même et surtout la pêche à la ligne. Nousproposonsdepratiquerlekyudoavecnotreétatd’esprit,nosvaleursculturelles toutenrespectantlelegs,ohcombienestimable,desjaponais. Alorsvoilàpourquoi,est-cesanscomplexe,quel'ondoitpratiquerleKyudoavecnotre modedepenséeoccidentale? C’est parce que les origines philosophiques de l'humanité sont identiques, même si chacune a évolué pour son propre compte, que les concepts qui alimentent les pensées sontidentiques.Ainsilapenséesino-japonaiseextrêmeorientalemélangel'ancienTAO,le bouddhisme indien, le shintoïsme, et enfin le zen dans sa forme la plus épurée de la pensée, de la subjectivité immédiate du détachement, de l’éphémérité, de la vacuité néantissanteduréel,auxquellessesurajoutecedoutesurl'éternitéetl’au-delàdelavie. Maiscettephilosophieextrêmeorientalecommelaphilosophiegrecquequiémergera aucinquièmesiècleavantJésus-Christ,trouvesasourcechezlesGymnosophistesdel'Inde, grandcarrefourmigratoiredel'humanitéàl'originedescivilisationsindo-européennes. Enfin une dernière curiosité en guise de dessert ou de cerise sur le gâteau ; en grec l'arcs'écritβιοσ (BIOSavecunaccentsurleo)etlavie βιοσ (BIOSsansaccentsurleo) doncàunaccentprés«l'arcdevie»seretrouveégalementdanslaculturegrecque.En effet vous n'êtes pas sans savoir que les Japonais dénomment l'arc (yumi) l’arme de vie. Curieuxnon… Enappliquantcesprincipes,jemesuisviteaperçuquenonseulementcelapouvait fonctionner,maisquedeplusjemesentaisbeaucoupmoinsempruntécardefaitplus enclinaunaturel,plusprochedemaproprepersonnalité. En effet mon morphotype massivement celtique n'a rien à voir avec la morphologie longiligneetplutôtélégantedesjaponais. Pourlereste,etpourmesentirenadéquationtotaledanslapratiqueavecmonesprit occidental, il a simplement fallu, par un simple retour à mes vieux souvenirs philosophiques,quejemettetoutsimplement«unportiquedanslejardin». J’ai ainsi exprimé dans ma pratique du Kyudo ce curieux mélange, fort agréable, de stoïcismeetd’épicurisme,cocktailfortappréciédeslatins.Onneserefaitpas!!! 5 L’objet de ce travail est donc d’apporter ma pierre à l’édifice en toute humilité, en décrivantmonapprochedeladisciplineentantqu’homme,maiségalemententantque scientifique,enparticulierencequiconcernelapartiebiomécaniqueetphysiologiquede lapratique,puisquemonexpérienceprofessionnelleenavouluainsi. Enfinentantquecitoyendecetteterre,j'affirmequelaculturedesautreshommes est ma culture, le patrimoine culturel de l’humanité n’a pas de copyright et je la revendiquecommemienneàpartentière. Enfin n'attendez pas de ce travail une description précise de ce qu'il faut faire et ne pasfairedansladiscipline(cen'estpasunprécisdeKyudo),n'attendezpasnonplusqueje traitedetoutcequiconcernentladiscipline;ilyadéjàuncertainnombred'écritsquiont étéréaliséscesdernièresannéesenjaponais,enanglaisetenfrançais.Monapprocheest essentiellementbiomécaniqueetphilosophique.J'aiessayéd'interprétersurceplanlàles conseils donnés par les professeurs japonais en les traduisant physiquement pour mieux lescomprendre. 6 VOILAPOURQUOI«UNPORTIQUEDANSLEJARDIN» Parcequej’aitrouvédansleKyudounmélangeharmonieuxdecequepouvaient décrirelesanciensàproposdustoïcismeetdel’épicurisme. Dustoïcismej’airetrouvédansleKyudo - Lesensdel’honneuretdumaintien - Laretenueetladignité - Legoûtdel’épuréetdelasimplicitémaisdanslasolennité - Ledondesoisansretenue - Legoutdelarigueuretdelaméthode - Lamodestieetladistancedeshonneurs - lasobriétévestimentairemaisavecgoût - Lerecoursausuicidedansledéshonneur«Seppuku»bienheureusementplusàla mode - Le sens de la RES publica (la chose publique en LATIN) et l’engagement dans la «politique»enparticulierFédéraleouscolastique Del’épicurismej’aiapprécié - lavéritéetleplaisir(ausenshédonisteeteudémonisteduterme) - lesensdel’amitiéetdelafraternité - legoûtdubeauetdusimple(égalementcommechezlesstoïciens) - Legoûtduplaisird’êtreensemble - Dumatérialismerelatifdelavie - Leplaisirdumomentvécuimmédiatement - Leplaisirdurepasetdelaconvivialitépartagés - Lecultedelatoléranceabsoluecontenuedanslesrèglesdelabienséance - Le besoin d’ataraxies (de bien être dans le calme sans la perturbation du monde Extérieur) 7 Enfait,jeretrouvedansleKyudouneapprochematérialistedelavie.(Épicurienne) Mais je n'y retrouve rien de la philosophie platonicienne dans ce qu'elle a de dissociatifentrelecorpsetl'esprit. Bienaucontraireladisciplineetcelledel'unionducorpsetdel'esprit,del’icietdu maintenantdanslesensdel'unitétemporo-spatialeetdanslaréalisationdel'instanttel quel'ontdéfiniRoupnel,EinsteinetbiensûrBachelard. C'estdonccequejevaism'efforcerdedémontrerdanscetravailquivasuivre. Pour cela je vais procéder par une approche biomécanique de la discipline afin d'expliquerphysiologiquementl’enseignementdesexpertsenlamatièreetuneapproche philosophique et psycho philosophique pour transcender la véritable essence du Kyudo vueparunespritoccidental. C'est également parce que je n'ai jamais partagé l'approche pseudo orientale à laquelle se forçaient certains occidentaux en mimant, ou plutôt en singeant, ce qu’ils ne pouvaitcomprendredufaitdel’abîmeculturellesséparantdelaperceptiondesjaponais eux-mêmes. Bien que n'étant pas un expert, j'ai voulu écrire cet essai pour démontrer que la méditation qui est la néantisation de l'instant n'a rien à voir avec le Kyudo qui en est l'émergence. Peut-êtrequejem'orientemême,sansl'avoirvouluinitialement,versuneantithèse dutrèsprécieuxlivredeMonsieurE.HERRIGEL«lezendansl'artchevaleresquedutirà l'arc»quiamalheureusementtropmarquél'Occident. Maistoutcelaseradéveloppédanscequivasuivre. 8 INTRODUCTION Touterecherche,touteconnaissancedébuteparunquestionnement: - Pourquoi tout cet enchaînement de phases préalables codifiées à l'extrême pour aboutirautirproprementdit? - Pourquoi nous a-t-on appris à ne pas déroger, à respecter intégralement, minutieusementl'ensembledecesphasesdansleurexécutionetleurdéroulement? - Pourquoiaucunepersonnalisationdustyle(commecelasepratiquedansl'ensemble dessports)n'est-ellepossible? - Est-ceunepréparationpsychologiqueautir? - Est-ceunepréparationmécaniquedutir? - Oulesdeuxàlafois? La conclusion de ce travail nous donnera peut-être une ou des réponses, mais en attendantilconvientd’yréfléchirquelquepeuetc'estàcelaquejevousinvite. Aproposdel'ensembledesenchaînementsdesdifférentesphasesdutir,quecesoit enSHOMENouenSHAMEN,ilestessentieldeconservertoujoursàl'espritquecequia étéconstruitpréalablementdansunephasedutirnedoitpasêtredétruitparlaphase suivante.Sinonpourquoil'avoirfait? Cequiaétéfaitdansunephasedoitêtremaintenudanslasuivanteetainsidesuite jusqu'à la fin du cycle; sinon il n'y aurait aucune explication plausible à la construction d'unephase,aumaintiend'uneposture.Sinonautantencocherlaflècheettirersansautre formedepréambule. L'on ne peut passer sous silence ce qui frappe l'observateur pour la première fois lorsqu'il assiste à un tir de KYUDO; l'esthétique, la beauté, la sobriété, la simplicité, la facilitéapparente. Pourtant cela risquera d'être le piège du débutant qui s'attachera plus à la forme qu'aufondparlenon-respectdesprincipesmécaniquesdebasequel'enseignanttentera deluidonner. Ceci pour préciser que ce que je dirai n'aura pas pour prétention d'être exhaustif, d'êtrelavérité,maisdedonnersimplementmoninterprétation. 9 Etpuispourterminercetteintroduction,etaurisquedemerépéter,mercidenepas vousattendreàunedescriptionprécisedetoutcequ’estleKyudo,jen'aipaslaprétention de réaliser un traité sur cette discipline. Mon objectif est, dans cet essai, de donner une approchebiomécanique,neurophysiologiquedelagestuelleetdutirengénéral.Expliquer pourquoi les postures et leur enchaînement sont justifiés et de faire parfois un parallèle entre les métaphores des enseignants, répétées de génération en génération, et ma modesteinterprétationbiomécanique. Ilestdoncpossiblequecertainesphasesdutirnesoientpasdécritesdanscequiva suivre,nonpasquejen’ytrouveaucunintérêtmaisplutôtquejen'airienaproposeren matièred'interprétation. Enfin,jemelaisseraiégalementaller,carjen'aipaspum'enempêcher,àcequej'ai appeléuneinterprétationpsychophilosophiquedecequecettedisciplineapuinspirerà certains auteurs et à la grande majorité de mes contemporains occidentaux, en grande recherche de sérénité, par le truchement des techniques extrême orientales dont le fameuxzen. Enfin,sionlecompareàd'autresdisciplinesduBudo,ledéveloppementduKyudoest demeurérelativementconfidentielenOccident,avecunrecrutementdesplusspécifiques dansunetranched'âgedelapopulationquel'onpourraitplutôtsituerducôtédesseniors, comparéeégalementaveclespratiquantsjaponais. Je m'interrogerai donc sur les différents paramètres qui pourraient permettre au Kyudofrançaisdepouvoirsedévelopper. 10 PLAN Préambule INTRODUCTION I/ BiomécaniqueduTiretdel’arc Analysedesdifférentesphasesdutir. II/ AnalysepsychophilosophiqueduKyudo III/ LedéveloppementduKYUDOenFranceavecdeuxobjectifs. 1Conserverl'essencetraditionnelledeladiscipline. 2Occidentalisationdelapenséeetdelapratiquelarendantconformeàlalégislation denotrepays. CONCLUSION 11 Étudesbiomécaniquesdes différentesphasesdutir ASHIBUMI Pourquoitantd'intérêtpourcetteposturepréliminaire? Lesdifférentsécrits,lesdifférentestraductionsetlesdifférentsenseignementsparlent d'implantationdespieds,d'ancragedanslesolpourtenterdedécrirecetteposture. Encoreunefoispeuimportelesimagesemployéesellesreviennenttoutesàdirequ'il s'agitdetrouveruneattitudestableoucommentstabiliserl’édifice? L’écartementdesjambesestunréflexenaturelpouraugmenterlastabilitéducorps, c'est ce que l'on fait automatiquement et spontanément dès que l'on se trouve en déséquilibre;ils'agitd’augmenterlepolygonedesustentation. Touslestirs,danstouslespays,danstouteslescivilisations,avectouteslesarmes,ont nécessitélastabilisationducorpsavantl'action. Ilestégalementnatureld'opposerlarésistanceaudéséquilibrepotentielàcontresens delaforce,doncpersonneneserasurprisquedansletiràl’arcl’écartementdesjambes soitdansl’axedutir. Ceciétantposé,l’essentieldel’ASHIBUMIn'estpaspourautantdévoilé. Nous aurons à décrire les points essentiels et donc le rôle d’ASHIBUMI par la suite, mais celui-ci ne peut s'organiser correctement qu’avec un rachis stabilisé et bien positionné. Mais, le rachis ne pourra correctement se stabiliser que sur une embase favorableàcettestabilisationc'est-à-direunbassinlui-mêmestabilisé.Etc…. Revenons donc au point de départ afin de comprendre comment stabiliser cet empilementd’osquenoussommes. Pourcela,ilvafalloirprocéderlogiquementpourstabiliserl'ensembledubasversle haut(etnonpasl'inverseselonleprincipedeschaînesouvertesetchaînesferméesdont 12 j'aurai à parler plus tard). Toute entreprise inverse sera vouée à l'échec; c'est pour cela quelesanciensparlenttoutd'aborddel'implantationdespieds. Encore une fois il n'est pas de mon propos de décrire exactement l'écartement, la position, ce qui est déjà fait dans l'ensemble des traités, mais plutôt d'insister sur le fait quelatonicitédesmusclesintrinsèquesdespiedsdoitgarantir«l'arrimage»ausol.Surle plananatomiquelepiedestuntrépiedavectroispointsd'appuiavecenavantlapremière et cinquième métatarso-phalangienne et en arrière le talon. Schéma d'ailleurs repris par l'ensemble des androïdes de science-fiction. Le poids du corps se trouvera sur le tiers antérieurdupiedcommeilsedoitpourmieuxgarantirl'adhérence. Lepremiergarantdelastabilisationdel'édificevadoncêtred'abordunpiedtonique afin de garantir un bon d'ancrage au sol et non pas comme on le voit souvent un pied atoniqueavachisursonbordexterne. Au-dessus,lesmembresinférieursquidoiventêtredelamêmefaçonverrouilléset toniques. Leverrouillagenécessiteunelégèrerotationinternedel'axedumembreinférieur. Au-dessuslebassinvasepositionnerenrétroversiondefaçonàoffrirauxrachisune base horizontale. Le maintien de cette posture va nécessiter une bonne tonicité des muscles grands fessiers et ischio-jambiers. C'est pour cette raison que les enseignants doiventvérifierlabonnetonicitédecesmuscles. Delapositiondubassinvadépendrel'harmoniedurachisdanssonensemble.Etnous allons voir comment et pourquoi les courbures du rachis sont d'une importance primordiale. Lacourburedorsalepeutmodifierlacinématiquedesomoplatesetdoncdesépaules, lacourburelombaireexcessivepeutêtredouloureuse. Rappelonscequesontlesdifférentescourburesphysiologistes: --lalordoselombaire, --lacyphosedorsale, --lalordosecervicale, Poursimplifier,unecyphosegénèreunebosse,unelordoseuncreux. Premiercasdefigure:LeBassinS'INCLINE:iln'estpasenrétroversion Onparlealorsd'uneantéversiondubassinquitournealorsdanslesensdesaiguilles d'une montre autour d'un axe passant par les deux hanches. Il est facile de comprendre 13 que lorsque ceci se réalise, l'ensemble du corps aura tendance à partir en avant. Pour compenser ce déséquilibre antérieur et pour rester en équilibre, le haut du corps doit revenirenarrièreenaccentuantlacourburelombaire;onparlealorsd'hyperlordose.De plus, si l'on veut conserver l'horizontalité du regard il faut alors, dans ces conditions, augmenterlacyphosedorsaleetdefaitlalordosecervicale. L'antéversiondubassinvadoncaugmenterl'ensembledescourburesphysiologiques durachis. Deuxièmecasdefigure:lebassinS’INCLINEENARRIERE:ilestalorsenrétroversion Lebassintournecettefois-cidanslesensinversedesaiguillesd'unemontreautourde l’axedeshanches.Ilprendunepositionbeaucoupplushorizontale.Lephénomèneinverse seproduitsurlerestedurachis,lalordoselombairediminueainsiquelacyphosedorsale etlalordosecervicalesil'onveutconserverl'horizontalitéduregard. Cette fois-ci, la rétroversion du bassin entraîne globalement une diminution des courburesphysiologiquesdurachis. En résumé : l'antéversion du bassin augmente les courbures physiologistes, la rétroversionlesdiminue. Tout cela bien entendu avec comme prérequis la nécessité de la conservation de l'horizontalitéduregard. AlorsmaintenantquelrapportavecleKyudoetenparticulieravecletir: 1/. Un dos le plus plat possible permettra une meilleure cinétique (un meilleur glissement)desomoplatesetdoncdemeilleuresconditionsmécaniquespourlesmuscles (trapèzes moyens, inférieur et grand dorsal, grand dentelé) qui sont à l'origine de leur déplacement lors du tir. Avec un dos arrondi, les omoplates auront plus de chemin à parcourir et les muscles fonctionneront dans de mauvaises conditions mécaniques ; en particulierlemusclegranddorsalquiverrasonaxedetractionantériorisé. Par ailleurs, dans ce cas de figure, les derniers moments du Kai tels que nous les décrironsnepourrontpasseréaliser.Eneffetcesinstantssontcaractérisésparunléger écartementdesomoplatesgrâceàl'actiondesmusclesgrandsdentelés.C'estentreautre ce mouvement ultime qui contribuera au HANARE. De plus, dans cette configuration en cyphose atonique (que je différencie de la cyphose structurelle d'une personne naturellementvoûtée)l'actiond'ouverturedelapoitrinequifinaliseleHANAREnepourra seproduire. (NousenparleronsendétaildanslechapitreconsacréauKaietauHanare). 14 Certainsd'entrenoussontconformésavecunecyphoseaccentuée;elleest structurelleetacquise. Ils'agitsouventd'uneséquelledueàunproblèmedecroissancesouventdanslecadre d'une pathologie connue comme la maladie dite de Scheuerman. Cela ne les condamne absolumentpasàl'abandondeladiscipline,maiscommelesautresilsdevronts'efforcer d’avoirledosleplusplatpossiblepourfaciliterletravaildesomoplates. Au-dessus de la cyphose dorsale, la diminution de la lordose cervicale, du fait du redressementgénéraldurachis,vafaciliterlarotationdelatête.Larotationdelatêteà gauche comme à droite, avec une lordose cervicale exagérée ne peut se faire sans une inclinaison qui perturbe l'horizontalité du regard. Cette attitude est souvent visible chez certains tireurs, elle est malheureusement obligatoire dès que l'arthrose va modifier la mécaniquevertébrale. Voilà pourquoi dans ASHIBUMI il est important de veiller à verrouiller le bassin en rétroversionafinde stabiliserleshanches etlebassin. Lebassin ainsihorizontalvaoffrir une assise stable et non douloureuse au rachis lombaire sus-jacent qui va pouvoir à son tour, en effaçant légèrement ses courbures naturelles, offrir un dos droit et plat permettantunbonfonctionnementdesarticulationsscapulo-thoraciques,autrementdit, depermettreauxomoplatesdemieuxglisserenarrièresurlegrilcostal. Lapartien'estpaspourautantgagnée.Eneffetlarétroversiondubassinnevapas,à elle seule, favoriser l'érection du rachis. Il faut pour cela une action volontaire d'effacement des courbures, obtenue par un auto agrandissement, comme si une force invisiblenoustiraitverslehautparunfilauniveaudel’apex(sommetducrâne). Revenonsaudébutetposons-nouslaquestionafindelarésoudre: Comment«horizontaliser»cebassinparsarétroversionetcommentlestabiliser? La rétroversion du bassin est obtenue par une contraction des abdominaux mais la respirationlibreabdominaledontnousavonsbesoinpourletir,nousinterditd'utiliserces mêmesmusclespourpérenniseretstabiliserlaposture. Le verrouillage de la position est obtenu par une légère rotation interne des deux membresinférieursautourdeleuraxerespectif;cequiapourautreavantagedereporter l'appuiducorpssurlepremierrayonmétatarsien(Axedugrosorteil). La stabilisation de la position du bassin est assurée par les muscles des cuisses que sontlesfessiers,lesischios-jambiers,lesadducteursetlequadriceps. D'oùlavérificationnécessaireparlesenseignantsdelacontractiondecesmuscleslors desentraînementscommejel'aiditprécédemment. 15 Pourexemple,nousavonstousvudestireursdanscettepositionenhyperlordoseen particulieraprèsHANARE,àtort,carilsrelâchenttouslesmuscles,considérantqueletir estterminé,etréalisentunSANSHINetYUDAOSHIsansénergie. D’autres se désorganiseront dès UCHIOKOSHI lors de l'élévation des bras et conserverontcettehyperlordosetoutaulongdutir. Detoutefaçoncettemauvaiseattitudenepermetpasunebiomécaniquecorrectedu tiretsurtoutpeutgénéreràtermedesdouleurslombaires. Donccen'estqu'autourd’unecolonnevertébralestabiliséeayanteffacésescourbures sur un bassin stable, horizontal, verrouillée par des muscles contractés sur des jambes ancréesdanslesolquevapouvoirs'organiserleTATESENetleYOKOJUMOJI. Souvenez-vous que le membre supérieur, omoplate comprise, n'est relié à notre charpente squelettique que par la clavicule. L'épaule est donc l'association d’une articulation normale «d’os à os » (une énarthrose) au niveau de la scapulo-humérale et d’une articulation « bizarre » une surface de glissement dotée d'une serveuse le permettant, entre l'omoplate la cage thoracique, que l'on appelle la Scapulo-thoracique. Les omoplates ne tiennent sur la cage thoracique que grâce à un certain nombre de muscles puissants. Le tout, membre supérieur et omoplate, n’étant relié au reste du squelette(sternum)queparlaclaviculequijouelerôled'unebielle. Je vous invite à regarder cet excellent travail de Monsieur Jean-Michel Grand qui illustre parfaitement ce que je viens de décrire. Il conviendra d'y retourner pour bien imaginer le travail musculaire lorsque l'on parlera des autres phases du tir. https://youtu.be/mD1ci3YtLDg Cemontage,quel'onretrouvedansl'ensembledel'animalité,plusoumoinsmodifiée selonlesnécessitésdelabipédieoudelaquadrupédie,estleseulgarantd'unemobilitédu membresupérieurdansl'espaceenvironnantpermettantlasaisieàdesfinsalimentaires entreautres. Maisnousverronsleurfonctionnementaucoursdel'étudedesautresphasesdetir. Pour l'instant il suffit donc de comprendre la nécessité pour ces épaules d'avoir une embasestableetfixe. Lamécaniquedel'ouverturedel'arcnepeuts'organiserqu'avecunrachisrectiligneet unbassinstableetsurtoutilconvientquecetensemblesoittotalementverrouilléparla musculature. Nousabordonsmaintenantunepartietrèsimportanteetintéressanted’ASHIBUMI. Cettepostureimposeaussiquelesdeuxpoingssoientsurleshanches. 16 Simplesoucid'esthétiqueouencoreunepréoccupationbiomécaniquecachée? Si nous n'avions pas les poings sur les hanches dans cette position, il serait difficile d'apprécierlabonnepositiondesépaulesparrapportauxhanches.Lefaitquelespoings soient sur les hanches permet de positionner les épaules parallèlement à l'axe des hanches. En effet la chaîne articulaire des membres supérieurs se trouve fermée par le contactavecleshanchesetdoncpermetunmeilleurretourd'informationsproprioceptives surlapositiondesépaules. Cecinécessiteunepetiteexplicationsurcequ’estunechaîneferméeetcequ’estune chaîneouverteenlangagedebiomécaniquehumaine.Lachaîneouverteestainsinommée quandl'extrémitédumembre(lepiedoulamain)etlibre,sanspointd'ancrage.Lorsquele piedestausoloulorsquelamaintientunappuionditquelachaîneestfermée.Dansune chaîne ouverte c'est le corps qui va stabiliser l'action du membre, lorsque la chaîne est fermée,c’estlemembrequistabiliselecorps. VoicidoncpourquoiASHIBUMIestuneposturecapitale,essentiellequ'ilconvientde s'appliqueràréalisersil'onveutquelerestedutirpuissesedéroulernormalement. Enfinsil'onvoulaitendireplussurASHIBUMIondiraitqu’ilreprésenteleTAISABAKI duBUDO. Dans le KYUJUTSU il est le moment où l'objectif, l’adversaire est évalué, tancé, à sa justevaleur,àsajustedistance,etilaffirmele«jesuisprêt».Cetteattitudenepeutêtre plusdigne,ferme,déterminé,noble. VoicidoncpourquoiASHIBUMIestuneposturededéterminisme. UnASHIBUMImounedonneraqu'untirsansénergie,sansbut,untirmort-né. ASHIBUMIréalisédanslesrèglesetdansl'espritpréparerauntirpuissantetnoble. 17 DOZUKURI Ilesttraduithabituellementcomme«lastabilisationdelaposture». DOZUKURI est lui aussi une phase importante et à ne pas négliger dans le tir car comme je l'ai précédemment dit, si son importance était mineure en quoi serait-il nécessaire! Plutôt que de «stabilisation de la posture» je traduirai par «vérification de la posture».EneffetdurantcettephaseestréaliséleTORIKAKE(encochedelacordesurle gant)etleTENOUCHIquiestlaprisedel'arcparlamaingaucheauquelnousréserverons unchapitrecar,làaussi,toutlemondes'accordeàdirequecettephaseestcapitalepour letir. PourenreveniràDOZUKURI,lavérificationdelaposturedevientindispensablecarles brasetlecorps(surtoutlesépaules)peuventsedésorganiser,sedéplacerplusoumoins, aucoursdel'encochedelacordeetdelaflècheetlorsdelaprisedel'arc.Aprèscesdeux actionsilconvientdevérifierlapositiondespieds,deshanches,desépaules,deréajuster les coudes à la bonne hauteur afin de faire un cercle avec les bras, de descendre les épaules et d’étirer le rachis vers le haut avant de faire MONOMI (C'est-à-dire tourner la têteverslacible). En résumé, il convient de vérifier, éventuellement de réajuster l'ensemble des axes deshanchesetdesépaulesavecceluidespieds. Il convient également de vérifier que tous ces axes désormais bien parallèles soient égalementbienperpendiculairesàl'axeducorps. C'estlepremiermomentderéajustementdelaposture,nousverrontparlasuitequ'il yenad'autres. 18 HUCHIOKOSHI Sansenfaireunetraductionlittéraleils'agitdel'élévationdel'arc.Cemouvementest extrêmementdéstabilisantpourlaposturegénéralecarildéplacelecentredegravitévers l'avantunverslehaut. Il ne faut pas non plus que lors de cette élévation des bras, les omoplates soient entraînéesverslehaut.Ilfautqu’ellesgardentlamêmepositionsurlacagethoracique(le pluspossible)etquel'élévationdesdeuxbrasnesefassequedansl'articulationscapulohumérale. Voirencoresinécessairelavidéohttps://youtu.be/mD1ci3YtLDg Parailleurspourquelaflèchedemeurehorizontale,unlégerdécalageentrelesdeux mains(METEetYOUNDE)estrequis;lamaindroiteétantdiscrètementplushautequela maingauche. Ledéplacementducentredegravitévaavoirtendanceàentraînerl'ensembledel'axe ducorpslégèrementversl'avant(certainsexagèrentàtort).Toutauplusdoit-onsentirle poidsducorpsunpeuplusmarquésurlesavant-pieds.D'autresencorebasculentlehaut du corps en avant en générant une hyper lordose lombaire. Ce qui donne une proéminencedisgracieusedesfessiersetcasselastatiquedurachispréalablementétablie. Durantcetteélévationlaflèchedoitdemeurerhorizontaleetl'arcvertical.Quantaux bras,ilsnedoiventpasdépasserles50à60°au-dessusdel’horizontale,toutsimplement parce que l'amplitude dans la scapulo-humérale ne permet pas d'aller au-delàsans déplacerlesomoplatesdanslascapulo-thoracique. Cetteélévationdoitdoncsesituerentre50et60°au-dessusdel'horizontaleetpas plus. Maislevéritablebutdeceproposestlepourquoianatomophysiologiquequijustifie cequiestécritdanslesmanuelstechniques. Silorsdel'élévation lesbrasdépassentcet angle, vous générerez ipso facto une bascule de l'omoplate en rétroversion. Si cela se produit, vous aurez le plus grand mal lors de l'ouverture de l'arc à repositionner correctement les omoplates afin d'obtenir un tir confortable. Lors de ce mouvement d'élévation des bras les omoplates doivent donc rester fixées dans la position qu’elles avaientenDOSUKURI,oupresque,positionsqu'ellesdevrontconserverjusqu'auKAI. C'estpourcetteraisonetuniquementpourcetteraisonqu'ilneconvientpasd'élever lesbrasau-dessusdecettelimite. 19 Pourrésumer: Lesbrass'élèvent Lescourburess'effacent Lesépaulesimpassiblesnesuiventpas AlorsseulementDaïsanpeutnaitre 20 DAISAN ParmilesseptmouvementsduASETSU,DAÏSANestcertainementleplusmystérieux etleplusdifficileàcomprendre. Il s'agit de la première phase d'armement et d'ouverture de l'arc. Cette première phase d'ouverture correspond mécaniquement à la phase facile de l’ouverture. Cette préparation va nous permettre de s'arc-bouter, de commencer à s'intercaler à l'intérieur de l'arc pour en terminer l'ouverture dans la phase où la tension va devenir, au fur et à mesure,croissante. Cettephaseestdoncessentiellepourpréparerlasuivante,commeàl'habitude,dans l'enchaînementdesdifférentesphasesquenousétudions. Surleplangéométriqueetanatomophysiologiqueiln'yapasd'originalitéparticulière. Il s'agit d'une translation de l'ensemble arc et flèches vers l'avant avec trois points fixes, constitués par les deux épaules et le coude droit, dont deux serviront de points de rotation.(Épaulegaucheetlecoudedroit).Lebrasgauche,poursapart,demeuranttendu, sousl'arcs'ouvrirad'autant. Sil'onrespectelesconsignesprécitéesconcernantlecoudedroitetlesépaules,seulle bras gauche est susceptible d'être à l'origine d'un mauvais positionnement. Il arrive en effet très souvent que celui-ci aille trop en avant ou insuffisamment en avant, que l'omoplate gauche se déstabilise et que l’épaule remonte etc… tous les défauts que l'on peutconstaterchezlesdébutantsetquenousavonsnous-mêmesvécusetquel'onpeut revivreencoreenutilisantunarctroppuissant. La position idéale décrite par les professeurs est de dire que le pli du coude gauche doitsetrouverarrêtéauniveaudelalignedeviséeforméeparl'œildirecteurdroitetla cible. Onremarqueraégalementquelebrasgauchepassed'unanglede50à60°lorsdela dernièrephaseàunanglede45°auDAISAN. Bien entendu il y a des explications anatomo-physiologiques pour que cette posture aitétéretenue. Lepremierargumentestdedirequelaviséedel'objectifestmaintenue. Ledeuxièmeestquemécaniquementlaphasesuivanted'ouverturedel'arcsetrouve êtrebeaucoupplusfavorabledansceplande45°quedansunplanquiseraitplusvertical ou plus horizontal. C'est une question de simple biomécanique des épaules et angle de tractiondesmusclesgrandsdorsauxlorsdelaphasesuivante(Hikiwake).Eneffetilsemble que ce soit sous cet angle que leur orientation soit biomécaniquement la plus favorable 21 pourleuractionsurleshumérusafindelesabaisserversl'axehorizontal.(Voirencorela vidéo:https://youtu.be/mD1ci3YtLDg) HIKIWAKE Traduitparcertainscommel'extensionrépartie… HIKIWAKE poursuit l'ouverture de l'arc qui se fait essentiellement au début, comme dans DAÏSAN, en poussant avec la main gauche plus qu'en tirant avec la droite et ceci jusqu'à ce que la flèche arrive pratiquement au niveau des sourcils ou des yeux. Ce qui danslatechniquediteenSHAMENcorrespondàunMezukaïparticulier. Maistroppousserferaplongerlaflècheenavant,troptirerdonnerauneinclinaison inverse.Lejusteéquilibremaintiendralaflècheparallèleausol. Cettepousséeàgaucheetcettetractionàdroiteestlaconséquencedel'interposition de l'arc-boutant constitué par les bras et la ceinture scapulaire dans l'intervalle de l'ouverturedel’arc. Cetteinterpositionfonctionneparlaseuleforcedesmusclesdorsaux(grandsdorsaux, trapèzes). Il faut se souvenir ici de ce que j'ai déjà expliqué en matière de chaîne musculaire ouverte et de chaîne musculaire fermée. Dans ce cas nous sommes dans une chaîne ouverteparticulièrecarellesetrouveêtresemiferméeparlaforcedel'arcetdelacorde surlesdeuxmains.Ceciexpliquequelorsdel'effortquiesteffectuépourl'ouverture,le corpssetrouveégalementattirerversl'intérieurdel'arc. Cequiexpliquelefaitquemoinsonestentrédansl'arc,plusl'effortmusculairepour maintenirl'ouverturedecelui-ciestimportant.L'idéalétantdes'interposertotalementà l'intérieurdel'arcpouravoirhypothétiquementaucuneffortmusculaireàfaire;cequeles anciensdénommentpar«tireraveclesos». Cet ensemble d’alignement osseux est particulièrement instable puisqu'il y a six articulationspratiquementalignées.Enfaitlesarticulationsnesontpastoutàfaitalignées et l'équilibre n'est maintenu que par la force des muscles dorsaux et des muscles des épaules(deltoïdes). Il est alors facile de comprendre que si l'ensemble du corps est insuffisamment interposé dans l'arc celui-ci aura naturellement tendance à refermer les bras comme un livre. 22 Ilsemblequecesoitlameilleuredestechniquespourouvrirunarcpuisqu'ils'agitde seglisseràl'intérieuretdelemaintenirouvertpar«l'empilementosseux»desbrasetdes épaules et non pas simplement de l'ouvrir en tirant sur une corde par la simple force musculairedesbras. Ilfautavoirprésentàl'espritquesurleplananatomique,lapuissancemusculairechez l'animal (donc chez l’homme) décroît progressivement des racines des membres vers les extrémités. Ce sont les muscles fixateurs des épaules et les muscles des épaules euxmêmesquiseront,parcettetechnique,plutôtutilisés.Alorsquecesontlesmusclesbiceps ettricepsquilesontplutôtdansl'ouverturedel'arcoccidental. Cette technique permet d'utiliser les muscles les plus puissants d'une part, mais également de faciliter leur tâche par l'interposition progressive de l'arc-boutant osseux déjàdécritàl'intérieurdel'arc. Pourarriveràglisserce«coin»entrel'arcetlacorde,lestechniquesprécédemment décritesetenseignéesparlesmaîtres,permettentd'yparvenir. Maisilyauneautreraison.L'arcestasymétriqueavecunebranchesupérieureplus longue et plus fragile puis une branche inférieure beaucoup plus forte. Cette phase d’ouverture, avec l'image de l'interposition du corps dans l’arc, nécessite également de mentaliser l'impression de se hisser au-dessus de l'axe représenté par la flèche. En effet c'estleseulmoyendecomprendrequ'ilestnécessairedeplustravaillerlapetitecourbure lorsdel'extensionducoudedroitquinedoitpasdescendredirectement(sinon,celaferait travailler plutôt la grande branche de l'arc) mais plutôt aller en arrière de façon à ouvrir l'arcparunetractionquiprédominesurlapetitebrancheinférieure. Dans cette ouverture il y a donc un équilibre à respecter non seulement le long de l'axe de la flèche (avant-arrière) mais également dans l'axe de l'arc (Haut-bas). Younde prévalantversl'avantMetepoursapartdebasenhaut. Ilyaaussiunmomentparticulierànoter. IlexisteunNeraïtoutàfaitspécifiquequandlaflèchearriveauniveaudesyeux.Dela mêmefaçonquelorsqu'onsehissesurunmur,oncommencepartireraveclesbras,puis lorsqu'onarriveauniveaudelapoitrine,onpousse. Lasensationpeutêtrecomparéedansletir;avantcetteposition,onal'impressionde tirerverssoi,après,onaplutôtl'impressiondesehisserau-dessusdelaflèche. D'ailleursdansletirdecertainesécolescetempsestdélibérémentmarquéetjepense quecen'estpaspourrien. 23 Surleplanphysio-anatomiquelorsquelaflècheestàceniveau(auniveaudesyeux) les coudes et les épaules sont passés par? le même plan vertical mais les coudes sont encoreau-dessusdesépaules.Danslaphasesuivantedutir,lorsquelaflèchevadescendre jusqu'àlalèvre,lescoudesdevrontavoirtendanceàpasserlégèrementenarrièreduplan des épaules et tout particulièrement le coude droit. C'est pour cette raison qu'on a l'impressiondesehisserau-dessusdel'axedutiràlaforcedesbras. 24 KAI LeKaiestcomparableàl'instantoùlefélinvabondirsursaproie.Immobilitéparfaite, tension maximale, sérénité totale, vigilance absolue, calme apparent avant l'explosion finale. VoilàdonccommentjedécriraileKai. Maintenantsurleplanbiomécanique,lecorpss'estintercaléàl'intérieurdel'arcqui aura naturellement une tendance mécanique à le refermer comme livre autour des axes derotationquesontlesdeuxépaules,lesbrasreprésentantlesdeuxcouverturesdeceluici. Pour lutter contre cette loi mécanique le tireur doit contrecarrer cette force par l'action des muscles du dos et des épaules en particulier (deltoïdes, sus-épineux, grand dorsal, trapèzes moyens en particulier) et également diminuer les moments des forces tendantàlafermetureenserapprochantlepluspossibleduplandel'arc.Autrementdità entrerdansl'arc.Oserais-jedirepourlabeautédel'imagedansuneutopieconceptuelleà inversermêmelesensdefermeture.Commesil'arcdevaitnousrefermerenarrière.Peutêtrequedanscesconditionsnousn'aurionsplusàforcer,oudumoinsàmoinsforcersur leplanmusculaireetnousnousretrouverionsdanslesconditionsdécritesparlessenseïs autrementdits«detireraveclesos». Cette position est très instable et l'on constate souvent, en particulier chez certains débutants,desrupturesd’équilibreavecl'épaulegauchequivas'échapperenhauteten avant. Sonmaintiennécessitedoncuneforteactivitémusculairedel'ensembledesmuscles dudosetdelapoitrine.Jevousrenvoiepourcelaversl'articlequej’aiécritilyaquelques annéesetjointenannexequis'appelle;«tireraveclestroisgrands».Entendonsparlàà proposdestroisgrands:grandpectoral,granddorsal,granddentelé. Voirégalementlavidéo;https://youtu.be/mD1ci3YtLDg MaiscettepositionmaintenuenevapasêtresuffisantepourunKaiefficacequionle verraestdynamiqueetnonstatique.LeKaiestl'instantquiprécèdele«lâcher»quin'en estd’ailleurspasun.LeHanarecommejevaisl’expliquerplustard,nesefaitpasavecla main droite (Mete) mais avec la poitrine. Ce n’est pas la main qui lâche la corde mais la cordequiquittelamain. Jevaisessayerdevousexpliquercomment. Les maîtres disent que le Kai n'est pas un instant d'immobilité mais un moment d'extension continue. Effectivement l'extension continue obtenue par l'action du grand 25 dentelé(conjuguéàl'actiondesautresmusclesbiensûrs)quivaécarterlesomoplatesde l'axedurachis.Cesderniersmillimètresd'extensionimperceptiblesontbiensûrunelimite quiestcomplétéeparl'ouverturefinaledelapoitrine. OmoplateetarticulationOmo-Humérale 49:Omoplatevuedesaglène 51:vuepostérieure 50:vueantérieure 1:ActionduDeltoïde 2:ActionduSusépineux 3:ActionsduGrandDentelé 4:Actiondutrapèze Musclesmoteursdelaceinture scapulaire(d’aprèsKapandji) 1:ActiondumuscleTrapèze moyenilestadducteurde l’omoplate.illarapprochedela lignemédiane. 4:ActiondemusclesGrand DenteléetPetitPectoral(5). IlssontAbducteurde l’omoplate;ilsl’éloignentdela lignemédiane 26 MusclesMoteursdelaceinture Scapulaire(d’aprèsKapandji) 1:Trapèze 1trapèzeSupérieuril soulèvelemoignondel’épaule. 1’trapezeMoyen rapprochede2a3cmlebord del’omoplatedelaligne médianeetappliquel’omoplate surlegrilcostal. 1’’trapèzeinferieur attirel’omoplateenbaseten dedans 2LeRhomboïdeattirel’angle inferieurdel’omoplateenhaut etendedans. 3L’angulairemêmeactionque leRhomboïde. 4LeGranddentelé 4portionsupérieureattirel’omoplatede12a15cmenavantetendehorsetl’empêchede reculerlorsqu’onforceetpousseversl’avantoulorsdutiràl’arc. 4’portioninferieureactioncomplémentaireàlaportionsupérieureenréglantlarotation del’omoplate Si ces principes ne sont pas respectés, vous obtiendrez un tir mou, à la précision aléatoire,unlâchéquiseseraeffectuévolontairementauniveaudelamaindroite. Il me faut, avant de quitter ce chapitre, parler à propos du Kai de l'effet de torsion inverseentreMeteetYounde.(SHIBURU). L'extensioncontinuedubrasgaucheavecinfinelepoucedanslacibles'accompagne d'unetorsiondanslesenshorairedubras.Parcompensationetpourunbonéquilibre, l’extensioncontinuedubrasdroits'accompagned'unetorsionantihorairedupoignet. Ces deux effets contraires s’équilibrent. La torsion antihoraire du poignet droit va maintenir l'horizontalité de celui-ci mais également empêcher l’arc de basculer dans le sensdetorsiondubrasgauche. 27 Enrésumé: Danslesouffleextrêmelapensées'anéantit Danslaflèchedématérialiséequinefaitqu'unaveclaMato,elleseprojette. Sanslavouloir,ellesesublimedanssonessenceaurisquedes'yperdre. Danssondésir,elleyrisquesavie;detoutefaçon,touchéeoumanquée,elledevient phalliqueoucastrée.Maisilfaudrarecommencerlavéritén'estpaslà. 28 HANARE PourmoileHANAREetlaconclusionduKai. Il correspond indubitablement à la libération de la flèche qui n'est pas un acte volontaireàproprementparlermaisplutôtuneconséquenceattendue. Dans le KYUJUTSU et l’art de la guerre ou de la chasse, il en était certainement autrement par nécessité vitale ou alimentaire et la décoche de la flèche ne devait être manifestement que volontaire au risque de voir s'échapper la cible ou de devenir soimêmelacible,maislatechniqueendemeureidentiqueetjevaism'expliquerdupourquoi etducomment. SiJedisaisdoncquelalibérationdelaflèche(ladécoche)n'estpasunactevolontaire delamaindroite(METE).Nousavonsvuprécédemmentquelemaintiendelacordedans sonencoche(faceinterneduBoshi)n’estdûqu'àlalégèrepressiondel'indexetdumajeur surlafaceexternedupouce. Ce n'est pas la diminution volontaire de la force de maintien du pouce qui va provoquerledépartdelaflèche(cequiseraitunlâcher)maisaucontrairel'augmentation delatensiondelacordequi,dépassantlaforcedemaintien,vapermettrelalibérationde lacorde. Vousn'êtespassanssavoirqu'ilyaquatrefaçonsdetenirlacordepourbomberun arc: - Laplusélémentaireentrepousseetindex. - Avectroisdoigts(leII,leIII,leIV)encrochets:techniquediteméditerranéenne,la plusclassiqueestlaplusconnueenOccident. - Aveclesmêmestroisdoigtsinversés(facedorsaledelamaincontrelajoue). - Avec le pouce barré par les deux doigts (index et majeur) techniques asiatiques (Chine,Mongolie,Japon….)Lepouceétantprotégéparunebagueouungant. Comme nous l'avons déjà expliqué, pour augmenter cette force de tension qui permettra la libération, il faut simplement que l'arc s'ouvre légèrement, plus millimètre par millimètre, encore et encore. Cela est obtenu au cours du KAI par une extension continue des deux bras et une interposition de la poitrine du thorax formant la clé de voûtedel'arc-boutantdéjàévoqué. 29 Cetteinterpositionaugmentelégèrementladistanceentrel'arcetlacordeetdoncpar conséquentlaforcedetensionquivaalorsdépasserlacontreforcequiretientlepouce. C'estpourcetteraisonquelesmaîtresenseignentcetteextensiondansleKAIàl'infini tant vers la cible qu’à son opposé. C'est pour cela qu'ils enseignent également, en particulier dans certaines écoles, à ce que le pouce gauche, dans son extension finale, « ailledanslecentredelacible». Ilnes'agitdoncpasd’unlâché(OHanashi),d'unedécoche,maisd’une«arrachée» bienquecetermesoittropviolentpourimagerleconcept,alorsdisonsd'uneéchappée, d'unelibération…Jen'aipastrouvédetermefrançaispouvantimagerleconcept. Toujours pour s'en référer aux anecdotes racontées par les maîtres japonais pour imagerlelâcherdelaflèche,c’estbienentendu,enpremierlieu,àl'histoiredelagoutte deroséequiseséparedelafeuille(Ororinohanare)quejefaisallusion.Cetteséparation dont on attend l'instant sans jamais le surprendre qui nous laisse toujours au constat délicat du fait accompli ou encore cette autre image de l'enfant lâchant la main de son pèrepourallersurunevitrinedejouets.Gestedélicat,naturelquilaisseralepèrepantois alorsquel'enfantaprisunbonmètrededistanceavantquecelui-ciaitréagi. MaintenantilnousfautparlerdedifférentstypesdeHANAREcarilvousserapermis d'entendre certains commentaires à propos de O HANARE, TCHU HANARE ou de KO HANARE. Sachons tout d'abord définir ce que l'on entend par grand et petit HANARE pour limiternotredescriptionàdeuxcatégories. LeKOHANAREoupetitHANAREsecaractériseparlefaitquelamaindroiteMETEne parvientpasàl'horizontaleetrestemêmeprèsdel'épaulecommeensuspension. Danslestirsanciens,avecdesarcspuissantsilsembleraitqueKOHANAREaitétéla règle. Lasituationestundéséquilibreentreladroiteetgaucheavecuneprédominancetrop importantedeYOUNDE(maingauche).Celaseproduitd'autantplusfacilementquel'arc estpluspuissant. AcontrariopourleOHANARElamain(METE)vavenirdansleprolongementdubras droit. C'est ce qui est enseigné de nos jours. Le déclenchement du tir se fait avec la poitrine, l'écartement longitudinal des épaules et l'échappement naturel de la corde du Kake.OnparledeNASHIWARINOHANARE:l'imagedelapoirequiéclate. 30 Ilestégalementdécritunephaseintermédiaired'extensiondubrasdroitaprèsle Hanarequis'appelleTCHOUHANARE.L'avant-brasrestantàpeuprès90°dubrasen extension. C'estvolontairementquejen'iraipasplusloindanslesdescriptionsetcommentairesà cesujettantmonproposeststrictementuneanalysebiomécaniquedenotrediscipline. METElamainDroitedansleHANARE Deuxdoigtscrochetésretiennentlepouce Latensionnécessaireestcelledemandéeparlacorde Laséparationneviendraquedelapoitrine. PourMETEuneflexionvolontaireetforcéedupoucedroitlorsdutiretenparticulier au moment de l’ouverture de l’arc et jusqu’en Kai est un reflexe fréquent chez les débutants. Cetteattitudeestuneréactionnormaleàlaforcedelacordesurlepouce. Mais il faut comprendre que cette résistance est une erreur dans la mesure où la cordeestcertesretenueparl’encocheàlafaceinternedupoucedugant;maisc’estbien lesdeuxdoigts(IIetIII)classiquementmaisaussileIVaveccertainsgantsquiretiennentle pouce. Ce sont les muscles intrinsèques à la main (muscles interosseux) qui vont maintenir essentiellement les deux doigts (II et III) en flexion. L'action du long fléchisseur est extrêmementlimitée.(Voirschémaci-dessous) Parailleurscettecontractionexcessivedupoucedanslapaumedelamainn’estpas justifiée.Ellenepeuts'expliquerqueparlapeurquelacordes'échappe.Cecigénère,par co-contractionsynergique,uneextensiondupoignetquiestparticulièrementvisiblechez lesdébutants. Autrementditpourfairecessercettedorsiflexionetdupoignetlorsdel’ouverturede l’arc,apprenezàneplustireraveclepouce. 31 Un exercice simple consiste à ouvrir l’arc avec le Boshi sans que le pouce ne soit à l’intérieur, on constatera alors que la corde ne tient dans son encoche que par les deux doigts(IIetIII)quimaintiennentlepoucedugant. C’estpourcetteraisonquel’ondoitimager,lorsdel’ouverturedel’arc,quelesdoigts delamaingriffentl’espace. Comme nous l’avons dit dans le chapitre qui traite de l’équilibre des forces dans l’ouverture de l’arc, la force de maintien du pouce par les deux doigts (index et majeur) égalelaforcedetractiondelacorde. AlafinduKai,etc'estlaseuleactionvolontaire,oncessed'égalerlaforcedetraction delacorde.Celle-ci,dufaitdel’extensioncontinue,devientsupérieureàlacontre-force deretenuequel’onabienvouluconcéderaveclesdeuxdoigts(IIetIII).C’estpourcette raisonqu’elles’échappedupoucedroit.C’estpourcelaqu’ilnes’agitpasd’unlâchermais d’une«échappée»etquecelle-cidoitpresquenoussurprendre. Etcetultimedéséquilibreestfourniparl'ouverturefinaledelapoitrineassociéeàune tractionpostérieuredesdeuxcoudes. C’estle«Hanaré». Enrésumé: Deuxdoigtscrochetésretiennentlepouce. Lenécessairenepeutexcéderlesuffisant. Larupturevienttoujoursdel'avant. 32 L'indexreposesurlepoucecomme lorsqu'iltientunstylo. L'actiondesinterosseux(IX)etde maintenirfléchitlapremière phalange(P1)grâceàunedossière. Fortelamefibreuse 33 YOUNDE lamaingauche EncoreunefoisjenevaispasdécrireleTENOUCHImaisexpliquerbio-mécaniquement cequel'onnousaappris. L'arcpossèdedeuxarrêtesenavantalorsquel'arrière,decequel'onpourraitappeler enfrançaislapoignée,estarrondie. L'arrête interne doit être mise le long du pli palmaire moyen (le grand pli vertical à l'intérieur de la main); Ce qui correspond aux articulations métacarpo-phalangiennes. Cettearrêteinterne,àceniveau-là,vareprésenterl'axederotationdel'arc. Lesforcesenprésence: - L'actiondupouce,dontlepointdecontactavecl'arcsurlebordexternedecelui-ci, sesitueàlabasedelapremièrephalange(Tsunomi),vaêtreunepoussée. - L'action des trois doigts (III, IV, V) et tout particulièrement du troisième et du cinquièmeparcrochetage,vaêtreunetractiontoujoursversl'avant. Dufaitdecesforcesetdeleurspointsd'application,ilyauneffetdetorsiondel'arc dans le sens contraire des aiguilles d'une montre et ceci depuis DAISAN avec une augmentationprogressivedelatorsionjusqu'auHanare. C'estpourcetteraisonquel'ondoitmettredelacendreafindefaciliterl'adhérence surleNIGIRIKAWA. En résumé l’arc doit être vrillé dans le sens contraire des aiguilles d'une montre et pouréquilibrercetteactionquiauraittendanceàfairebasculerl'arcversladroite,METE doit contrecarrer cette tendance par une force en rotation également dans le sens contrairedesaiguillesd'unemontrequipareffetsurlacordeempêcheral'arcdebasculer àdroited'unepartmaisparailleursbloqueralaflèchesouslamétacarpo-phalangiennede l'index. C’estfaireSHIBURU Lamaingauchedoitêtredouloureuseparl'actiondetorsionetcen'estpaspourrien quedansl'écoleEIKIl'undessymbolesestlafeuilled'érabled’automnequiimagelamain gaucheaprèsletir.Momijigasanenotenouchi. 34 Enrésumé: L’unpousseetdeuxtirentsansjamaiss'ouvrir,sansjamaissecrisper. Alorsc’estMomijietlaflèchesuivralepouce. PourconclureleHANARE: LeHanarelibératoiresymbolyseuneouvertureaumonde. L'énergiequittelecorpsquisevidedetoutesubjectivité. Lesujetestlaflèche,l'objetlaMato. L’êtreestpleindevacuité,pleindenonpensée. Ilpeutalorsseregarderets'apprécierdanssanuditéoriginelle;dunondésirsatisfait ouducontraire,selonlerésultat;laMatoneservirait-ellequ’àcela? 35 Analysepsycho-philosophiqueduKyudo L’hommenefaitriensansqu'ilyaituneoriginepsychologiqueàsonactemaisilyaura toujoursuneconséquenceégalementpsychologiqueenretourparcequ'ilseracontraint delereplacerdansuncontextephilosophiqueettoutparticulièrementéthique. Cartoutestsymboledepuislanuitdestemps.Lapremièredescommunicationspasse par la symbolisation. La description d'un concept n'est jamais aussi claire que dans le symbole. Les chamanes, les prêtres de toutes les églises, les grands prédicateurs, les sociétés initiatiquesnefonctionnaientqu'autourdessymboles. Laproblématiquedusymboleetquetoutlemondel'interprèteàsafaçon. L'écriture la plus ancienne n’est que symboles et sujette à interprétation (Hiéroglyphes, idéogrammes) d'où l'apparition des signes phonétiques pour un gain de précision. Il n'en reste pas moins vrai que le symbole, image du concept, demeure un des moyenslesplusutilisédansl'expressionphilosophiqueetésotérique. Cecipourreprendreletitredecetessai«leportiquedanslejardin»quijelerappelle faitallusionauportiquedesstoïciensdanslejardindesépicuriens. Ledeuxièmeaspectdecetteanalysepsychophilosophiquesetourneraverscequeles occidentaux aperçoivent en premier lieu dans la pratique des arts martiaux et en particulier du Kyudo et du zen. Et ceci en particulier grâce ou à cause de l'ouvrage fort intéressant et profond qu'a écrit M. E .Errigel . Même si je l’ai lu et relu avec intérêt, attentionetadmiration,iln'endemeurepasmoinsvraiquejenepeuxlepartagersurle plan philosophique tant celui-ci est empreint de philosophie platonicienne avec cette dissociationmajeureentrelecorpsetl'espritetcetteomniprésenced'unespritsubliméau niveauduspirituel. Jediraisdoncqueletravailderéflexionquej'aimenésetrouveêtre,commeannoncé danslepréambule,uneantithèseautravaildeMonsieurE.Errigel. Etlaquestionserainfine;y-a-t-ilunepartdezendansleKyudo?Jetacheraimême deladéfinir,enparticulier,parrapportàlaméditationzen(ZaZen).Cechapitrerépondra àceuxquidéfinissentleKyudocommelezendebout. Enfin un chapitre philosophique essentiellement centré sur le Kai, le Hanare et le Zanshin qui sont les moments essentiels du tir (car toute la construction de celui-ci y 36 débouche)etquines'arrêtentpascommelepensentbeaucoupàlasimpledécochedela flèche. Vousvenezpeut-êtrederemarquerquejeprononcepourlapremièrefoislemotde Zanshin exprimant « le maintien de la posture » soit encore « l'expression spirituelle du coeur»ouencore«l'espritquidemeure».DetoutefaçonilestprésentdanstoutleBudo. PourmoileKyudoAssetsu,enparticulierenShareï,estcommeunevaguequidéferle sur une plage avec une attaque oblique. Le haut de la déferlante, qui correspond à Uchi Okoshi,sepoursuitdeplaceenplace,suiviedufracasdeladéferlanteelle-même. lesHanaresesuccèdentaprèscetinstantsuspenduduKaïquicorrespondàcetarrêt surimagequesemblefairelavaguesursontunnel.Puisaprèsl’ecrassement,leZanshin delavaguequis’étalesurlesabledansunchuintementdelibérationetd’extase. Jenel'aipasfaitauparavantcariln'aaucunintérêtbiomécaniquec'estdoncdansce chapitrequ'iltrouveraitsaplace. Que recherche-t-on lors de la pratique de la méditation si ce n'est comme le dit Bachelard«ànousdétacherdel'accidenteletdelanouveautéquinousassaillent…Ànous perdreassezpournousretrouver,àtoucheretàsuivrecettecouléeuniformeouladurée 37 dérouleraitunehistoiresanshistoire,uneincidencesansincident.…Devenirunvoldansun ciellimpide,unvolquinedéplacerien,auquelriennefitobstacle,l'élandanslevide,bref devenirdanssapuretédanssasimplicitédevenirdanssasolitude.» La méditation est en fait la néantisation du temps et de l'espace ou a minima une dissociationtemporo-spatiale,unclivagedel'espace-tempsparlevideetlenéant.Oseraisjediredanscesconditionsquelaméditationestlamort.Unepetitemortcependantavant larenaissancedelalumière,delavérité,etc…maiscettedissociationentrel’espritetle corps,cettemort,cetterenaissanceparlalumièreattendue,esttoutàfaitplatonicienne dans l'approche et c'est pour cela qu'elle a tant séduit l'Occident (et en particulier M. Errigel)tantelleestprochedumodèlejudéo-chrétien.QuantàPlaton,onsaittrèsbien qu'iln'arieninventé(mêmesiSocrateaexistéetquel'œuvreestconsidérable)tantila puisé comme les autres dans les expériences hindoues et égyptiennes. D'où l'origine communedesmodesdepenséesàl'humanitécommeannoncéedanslepréambule. L'éveiltantattendudanslaméditationsurvientcommeleHanare.Attendumaisnon voulucommeunéclairdansuncield'été,commeunapaxexistentiel(pourreprendreun terme cher à Michel ONFRAY), c'est par la survenue inattendue de l'attendu que nait l'émerveillement. LeKyudo,pourmapart,n'ariendetoutcela. Le Kyudo est la philosophie de l'instant, la recherche métaphysique de la vérité de l'instantmatérialiséparleHANARE. Voilà pourquoi je vais pouvoir développer ce qui caractérise philosophiquement la pratiqueduKyudoetnousallonsalorsconstaterquecelle-cis'opposepointparpointàla philosophieplatonicienne. Avec pour conséquence immédiate que tout ce qui pourrait l'aborder empreint de culturedephilosophieplatoniciennesetromperaitdevoieàmonsens. La pratique de la discipline nécessite une présence absolue à un point précis de l'espace-temps qui détermine l'instant tel que l’a défini M. Roupnel et M. Gaston Bachelard.Àtoutmomentnousdevonsêtreprésentetattentifàtoutcequenousfaisons sansnouspréoccuperdecequ'iladviendraaprèsoudecequ'ilestadvenuavant,àtout moment nous sommes présents en nous-mêmes, là où nous sommes, et non pas à quelquesmètresànousregarderparletruchementduregarddel'autre. Par expérience, chaque fois que l'ont failli à cette règle, on se trouve confronté à l'échecdanslapratique. 38 La pratique du Kyudo est un déroulement séquentiel d'instants avec une présence absolue dans chacun d’eux, instant après instant, tout. Et ceci pour chaque tireur indépendamment l'un de l'autre dans des espace-temps différents mais qui merveilleusementsontréunisdanslemêmeespace-tempsdel'observateur.Voilàlamagie philosophiqueduKYUDO. C'estpourcetteraisonqueleKyudoestpourmoilameilleuredéfinitiondecequ'est le temps (par une succession d'instants) et c'est pour cette raison que cette définition rejoint celle des matérialistes, en particulier tel que la décrit Bachelard en reprenant Roupnel et Einstein dans sa théorie de la relativité, en contredisant ainsi la théorie Bergsoniennedelacontinuitédutemps. VoilàégalementpourquoileKYUDOestmatérialisteetquis'inscritdansladroiteligne desépicuriens. Cetargumentserajoutantàceuxénumérésenpréambulelorsquej'aidéfinileKyudo épicurien. Dans la définition de l'instant dont on sait qu'il a un début et une fin et qu'il est composé d'une somme d'instants successifs, c'est dans le Hanare que j'ai trouvé la meilleuredéfinitiondecelui-ci. PendantleKai,ilestattendu,ilestvécu,ilestsuspendudanssonextinctionpendant toutleZanshin. Ilneprovoquelaplénitudequelorsquel'instantcoïncideavecl'attendu. Quelrapportya-t-ilalorsentreeux:leKyudo,laméditationetlezen. J'emploiecettefois-ciàbonescientleconceptzendontjen'aipasladéfinitionmoimême sauf qu'il existe et qu'il est employé en particulier en Occident et bien souvent à touteslessauces. La méditation, d'après mes lectures, ne trouve sa justification que lorsqu'elle débouche sur «l'illumination », la lumière, la vérité, de Nirvana selon la définition bouddhiste.Orcetinstantprivilégiésedéfinitnonpasparlavacuitémaisbienaucontraire parlaréalitéd'unespace-tempsdéfini.Unicietmaintenantdevéritédevenueréalité. LeKYUDOdanssapratiqueetcommejel'aidéjàdéfini,emploieunevoiedifférente voir opposée à la méditation puisque tout le déroulement de la pratique n'est qu'une 39 succession d'instants précis, des ici et des maintenant successifs conscients. Le Hanare débouchesurl'analyseultimede«l'instant»danssaréalitétemporo-spatiale. Lesdeuxtechniques(méditationetKyudo)diamétralementopposéesdébouchentsur lemêmerésultatdelajouissancedel'instantdanssamatérialisationconsciente. C'estmadéfinitionduzen. DéveloppementduKYUDOenFrance Même si l'on tient compte des effectifs des deux fédérations existantes en France à l'heureactuelle(700pratiquants)avecen1996200pratiquantsrépertoriéscelafaitàce jour(20ansplustard)untauxdecroissancede3,5%paran.Onpeutconsidérerqu'àce rythme-làladisciplineresteraencoreconfidentiellependantquelquesdécennies. Manifestementlerecrutementdenouveauxpratiquantsnesembleintéresserqu’une fractionconfidentielledelapopulationfrançaise. Biensûr,pourêtretotalementexhaustif,ilseraitindispensabled'analyserlesorigines sociales (professionnelle et culturelle) des pratiquants français et de les comparer aux pratiquantsjaponais. Cependantcequiestfrappantlorsquel'onvaauJaponoulorsqu'onsepromènesur lesréseauxsociauxc'estdevoirl'importantpourcentagedejeunespratiquantsalorsquela moyenned'âgedenotrepopulationdeKyudokasesituetrèsprobablementauxalentours delacinquantaine. 40 Certesladisciplineesténormémentpratiquéeaucollègeetaulycéecommed'autres disciplines du Budo mais il y a manifestement autre chose qui attire les jeunes dans les dojos. Jenepensepasqueleprixdel'équipementsoitunobstaclemajeurdanslamesureoù l'onpeutenvisagerfacilementleprêtdematérielparlesclubs. Enrevanchelesespacesdepratiquepeuventreprésenteruneréelledifficulté.Iln'ya pas un dojo de Kyudo dans chaque ville, et l'obtention d'un créneau horaire dans un gymnase municipal peut souvent poser problème du fait de la pléthore des disciplines candidates. Par ailleurs le faible effectif des clubs Français ne risque pas de les rendre prioritairesauxyeuxdesservicesdessportsmunicipaux. Ceci dit on peut également se poser la question de savoir pourquoi notre discipline n'estpasattractivepourlesjeunes.? Est-cequevraimentsil'onavaitentre16et20ans,nousirionsnous-mêmesdansun dojopratiquéleKyudoenFrancetelqu'ilestpratiquéàl'heureactuelle?Moientoutcas sûrementpas. Il faut se poser également la question de savoir de quoi nous avons l’air vu de l'extérieur. Certesd'autresdisciplinesrespirentlasagesse,latranquillité,labeauté,allezdisons-le lezenoccidental. Mais l'on ne dégage pas ce qu'attend un jeune d'une activité physique; l’effort physiquelui-même,l'ambiance,labonnehumeur,l'aspectludiqueetlacompétition. Nousdonnonsuneimagequineplaîtpasauxjeunes. Pour les attirer il va falloir donner à notre enseignement non seulement un aspect ludique mais également introduire la notion de compétition. Non pas des compétitions ponctuelles, une fois l'an, comme nous le faisons à l'heure actuelle mais un véritable niveau de compétition départementale, régional, national comme cela se passe dans les autresdisciplines. Ilfaudraégalementépurernosexigencessurfaitessurl'étiquettedansledojo.Certes elledoitêtrerigoureusesurdespointsélémentairesmaisledojodoitêtreunlieudevie convivial,animé,amicaletjoyeux.Cequ'ilestd'ailleursauJaponalorsquenousfrançais l’avonstransforméenunlieumonacal. Etpuisilfautquetoutlemondeetenparticulierlesjeunesaientaccèsàdespassages de grades facilement et à moindre frais sans être obligé de se rendre dans un stage internationalàl’étrangertrèsonéreux. 41 Bienentenduilresteralaproblématiquedeshautsgrades,commedanslesautres disciplinesd'ailleurs,maisnousentronslàdansunautredébatquidépasseceluidu développementdeladisciplineàsabase. Voilàdoncparoùdoitpasserunepolitiquededéveloppementsielleveutêtre couronnéedesuccès: - Rendre attractive la discipline en l'allégeant d'un surplus de rituel et de comportementpseudomonacaldéplacéetinutile. - Développerlesrencontrescompétitivesetleschampionnats. - Multiplieretlesrendreplusaccessiblelespassagesdegradesaumoinsjusqu'au5ème Dan. - EviterquenosHautsGradésnedéveloppentunegopathologiquementdémesuré. IlvadesoiqueleKyudotraditionnel,leKYUJUTSUettouteslesformesdepratiques doiventexisterafindepouvoirsatisfairetoutunchacun.Maislevivierd'unedisciplineà l’imagedesgrandesfédérations(football,judo, Rugby,Tennis,Equitation etc.),pourleur développement se sont délibérément tournés vers la jeunesse. Sans cette force aucun développementn'estenvisageabledefaçonsérieuse. CONCLUSION Encore une fois ce travail n'a pas la prétention d'expliquer ce qu'est le Kyudo mais simplement de donner une approche biomécanique de la discipline et en particulier une explication biomécanique des conseils qui nous sont et qui ont été prodigués par les professeursjaponais. Au cours de celui-ci je me suis également permis d'approcher la discipline par le truchement de ma culture occidentale. J'ai voulu montrer que l'humanité ayant une origine commune partageait les mêmes valeurs et les mêmes principes mêmes si la pensée, selon les continents, avait évolué de façon particulière. J'ai ainsi montré que la philosophie occidentale et tout particulièrement le matérialisme épicurien collait parfaitement à la philosophie du Kyudo même si on y retrouvait quelques traits de stoïcisme. J'ai également montré à contrario que la philosophie platonicienne et sa dichotomiecorps-espritn'ytrouvaientpassaplace. Surlemêmeplanj'aipuprécisermaconceptionduzenentantqu'instant.Lezenen tantquepointspécifiqued'unespace-tempsparticulier.Espace-tempspropreàunsujetet 42 unobjetqu'ilspartagentpendantcetinstantenquestionetdontlesujetn’aleloisirdela jouissancequedanslepasséimmédiatquisuitl'instant. Vous me direz qu’il en est de même pour tout instant conscient dont l’analyse et la jouissancenepeutsefairequ'aposteriori.PourladisciplineduKyudoc’estleHanarequi représente l'instant en question, c’est un instant attendu dont le délai de prise de conscience se trouve réduit. Plus ce délai sera réduit plus la prise de conscience sera contemporainedel'instantetplus«lajouissance»seragrande. Etl'onauraalorscetteimpressiondevivreunmomentexceptionneldepleinevie,de pleineconscienceunesorted'apaxexistentiel. Ilyaquelquesflèchescommecelaquidanslavied'untireurrestentinoubliables. Par ailleurs, se pose-t-on la question de savoir à qui appartient le bouddhisme ? À l’inde,àlaThaïlande,auVietNam,auTibet,àlaChine,auJapon?Celui-ciaévoluédans chaque pays selon des particularités et en fonction de chacun des peuples qui l'ont accueilli. Est-cequel'onseposelaquestiondesavoiràquiappartientlamusiquedeMozart, deBeethovenoud'autrescompositeurscélèbres? Est-ce qu'on se pose la question de savoir à qui appartient la philosophie ? Les sciencesmathématiques?Lasciencedanssaglobalité? LeKYUDOestdésormaisinternationalilestunlegsduJaponàl'humanitéparcequele Japon l’a voulu ainsi. Il appartient donc à tous les hommes d'en profiter, d'en user, d’en jouir.LeKYUDOestpatrimoinedel'humanité. MesdevisessontcellesquejedonneauKyudo: Semperfidelis(toujoursfidèle) Nonmeanimodemeteo(jamaisnerenonce) EtpuiscommentnepasterminersurcettepenséedeSénèque; «Toutlemondedésirevivreheureux,maisque,pourdécouvrircequirendlavie heureuse,personnen’yvoitclair» 43 Annexe1publiédanslarevueKyudoFFKTN°21991 44 Annexe2PubliédanslarevueKyudoFFKTN°31992 45 46 47 Annexe3PubliédanslarevueKyudoFFKTN°41993 Pu 3 48 49 50 51