NUMÉRO SPÉCIAL DU COURRIER SCIENTIFIQUE D U PA R C N AT U R E L R É G I O N A L DU VEXIN FRANÇAIS Mieux connaître le Vexin français D à la écouverte des Milieux naturels du Vexin français SEPTEMBRE 2007 Ce numéro spécial du Courrier Scientifique du Parc naturel régional du Vexin français a été écrit par Philippe LEVEQUE, phyto-écologue, [email protected], avec la contribution des membres du Comité scientifique du Parc et sous la coordination technique de Françoise ROUX, responsable pôle environnement du Parc. NUMÉRO SPÉCIAL DU COURRIER SCIENTIFIQUE D U PA R C N AT U R E L R É G I O N A L DU VEXIN FRANÇAIS Mieux connaître le Vexin français Syndicat mixte d’aménagement et de gestion du Parc naturel régional du Vexin français D à la écouverte des Milieux naturels du Vexin français SEPTEMBRE 2007 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Sommaire p. 7 Préambule p. 8 Un petit pays diversifié Quand la diversité géologique crée la diversité écologique p. 10 Au pays des sources et des eaux vives Le petit monde des sources La vie au fil de l’eau p. 12 Entre terre et eau : marais et roselières De la forêt des roseaux … À la jungle des mégaphorbiaies Les bas-marais, joyaux botaniques p. 14 Prairies et habitats associés : le bonheur est-il encore dans le pré ? Une biodiversité menacée Haies, arbres, mares : richesse des habitats associés p. 16 Bois humides : la forêt les pieds dans l’eau p. 18 Bois calcicoles : sous la forêt, les fleurs Promenade au bois joli De la fraîcheur des ravins… … Aux coteaux brûlés p. 20 Pelouses calcicoles : sous le soleil exactement Un microclimat contrasté Du thym et des cigales Le pâturage, garant de la richesse des pelouses p. 22 Terrasses alluviales : le monde des steppes Quand un sol pauvre et sec engendre la richesse écologique Des milieux menacés p. 24 Là-haut, sur la montagne, les buttes stampiennes Au pays des myrtilles Etranges tourbières Les landes, habitats très menacés p. 26 Plateaux cultivés : le regard au loin Petite histoire de la campagne vexinoise Les coquelicots de M. Monet 4 p. 27 Les petites peluches du monde des ténèbres La descente aux enfers À chaque espèce son territoire et sa technique Des mamans squatteuses p. 30 Biodiversité des villages : la nature à votre porte Safari sur un vieux mur Haies, buissons et vergers : un 3 étoiles pour les oiseaux p. 32 Pourquoi faut-il protéger les habitats naturels et la biodiversité dans le Vexin français ? p. 33 Lexique p. 34 Liste des espèces citées p. 38 Pour découvrir le Vexin français 5 6 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 À LA DÉCOUVERTE DES MILIEUX NATURELS Préambule du Vexin français Il était une fois… Il était une fois un petit pays situé aux portes de Paris dont l’histoire commence il y a très longtemps, bien avant même que des Gaulois, les Véliocasses, lui donnent son nom : le Vexin. Vexin que l’on appelle français, depuis qu’en 911, un roi de France donna aux Normands sa partie occidentale. Mais ce n’est pas cette histoire-là dont il est question ici. C’est une histoire plus intime, faite de fleurs et de feuilles, de plumes et de poils, de couleurs et de senteurs. Une histoire naturelle avec les hommes et les femmes, tous ceux qui ont trouvé en cette terre de quoi se nourrir, s’abriter, se couvrir et se soigner et qui ont, au fil des temps, adapté ses paysages à leurs besoins, puis modifié cet équilibre millénaire pour enfin mesurer aujourd’hui l’impact de leurs actions. Paysage du Vexin français 7 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Un petit pays diversifié • Commençons notre histoire par nous poser une question : qu’est-ce qui nous marque quand nous nous promenons dans les paysages du Vexin français ? • Les plateaux cultivés où le regard porte au loin ? • Les grands coteaux calcaires de la Roche-Guyon et leurs falaises de craie blanche ? • Les vallées où l’eau vive des petites rivières courre sous les aulnes et les frênes ? • Les steppes de la boucle de Guernes et la maigre végétation qui arrive à s’imposer parmi les cailloux ? • Les forêts de chênes et de hêtres des buttes où le chemin se perd dans l’océan des fougères ? Le Vexin français est tout cela. Son identité, il la tire de la multiplicité des paysages naturels qui s’y juxtaposent et de leur utilisation par l’homme. Et pour comprendre cette complexité, il faut faire un voyage dans le temps. Jusqu’à l’époque des dinosaures… 1 Sources 2 Marais et roselières 3 Prairies et habitats associés 4 Bois humides 5 Bois calcicoles de pente 6 Pelouses calcicoles 7 Terrasses alluviales 8 Buttes boisées 9 Plateau cultivé 9 6 Quand la diversité géologique crée la diversité écologique A la fin de l’ère secondaire, durant le Crétacé, l’ensemble du Bassin parisien est envahi par la mer. Pendant 70 millions d’années, de fines particules calcaires vont s’amasser au fond de cette mer, formant une couche de craie épaisse de 700 m en Ile-de-France. 1 8 1 9 9 5 6 3 1 Coupe géologique simplifiée du Vexin entre vallées de la Seine et de la Troësne (IGAL). 8 La fin de l’ère secondaire voit l’extinction des dinosaures et l’aboutissement de ce long épisode marin. Le Bassin parisien sort de l’eau et commence une nouvelle vie continentale. Mais ce n’en est pas fini de l’histoire marine du Vexin français. Car par 7 fois durant les 65 millions d’années du Tertiaire, la mer va revenir en Ile-de-France lors de nouvelles transgressions*. Le Vexin français, situé sur les marge de cette dépression, va connaître une succession de paysages inattendus : tantôt vaste baie cernée de plages de sable, tantôt lagune saumâtre, delta ou bien lac d’eau douce. A chacun de ces épisodes, des sédiments différents se déposent : sables, vases argileuses ou calcaires, qui vont progressivement se transformer en roche (grès, argile, calcaire) et recouvrir la craie. Enfin, à la fin du tertiaire, la Seine va creuser son lit dans la craie tendre créant les grands abrupts que l’on voit aujourd’hui au sud-ouest du Vexin et déposant dans son lit les sédiments sableux et caillouteux qui forment les actuelles terrasses alluviales. Cette histoire complexe crée un véritable millefeuille géologique que l’érosion, en modelant les paysages en buttes et vallées, va mettre à jour. Et à chaque couche géologique correspond, aujourd’hui, une série d’habitats naturels particuliers. 5 4 2 3 1 6 8 1 Bois du Chesnay • A la base, la craie qui affleure sur les versants de la Seine et de ses affluents l’Oise et l’Epte, voit se développer des pelouses et des bois calcicoles*. • Les premières couches dures qui la surmontent sont les calcaires du Lutétien. Ils constituent l’armature de tous les plateaux du Vexin français. Ils sont recouverts de limons (loess) déposés durant les périodes glaciaires, ce qui rend les sols vexinois très fertiles. Ces sols riches sont dévolus à la grande culture. Lorsque le calcaire est affleurant sur les versants, s’y développent, comme sur la craie, des pelouses et des bois calcicoles. LES LIMITES GÉOGRAPHIQUES DU VEXIN FRANÇAIS Le Vexin français trouve ses limites dans l’extension des plateaux de calcaire lutétien. Au nord, le pays de Thelle et à l’ouest le Vexin normand sont constitués de plateaux crayeux recouverts d’une épaisse couche d’argile. A l’est le pays de France est également constitué de calcaires, mais plus récents (calcaires de StOuen). Seul le Mantois, au sud, est formé de calcaires lutétiens • Les calcaires lutétiens donnent aussi au Vexin français son identité architecturale. C’est le matériau de construction traditionnel de la plupart des villages vexinois. Le calcaire était exploité dans des carrières souterraines situées sur les versants. Ces cavités souterraines constituent aujourd’hui des habitats pour des espèces cavernicoles* comme les chauvessouris. • Au-dessous et au-dessus des calcaires, il existe deux séries de couches géologiques formées, pour les premières, d’argiles et de sables, et pour les secondes, de marnes, de sables et de grès. Ces couches induisent respectivement des habitats naturels originaux, pelouses sableuses, sources tuffeuses*, aulnaies et marais de pente. • Les dernières couches géologiques déposées ont été très érodées et ne subsistent que sous forme de buttes ponctuelles, les buttes témoins. Elles sont formées majoritairement de sables acides, les sables de Fontainebleau ainsi que de blocs de grès, d’argile et de meulière. On y trouve une végétation spécifique constituée de landes à bruyères, de chênaies-hêtraies et de sources tourbeuses. comme le Vexin français, mais la Seine crée là une limite naturelle qui sépare les deux entités géographiques. Le périmètre du Parc naturel régional reprend parfaitement ces limites naturelles sauf au nord où le Vexin français trouve sa frontière naturelle avec le Thelle sur l’axe des vallées de l’Esches et de la Troësne. • Enfin le fond des vallées est formé d’alluvions charriées par les cours d’eau. Dans les grandes vallées, Seine et Oise, il s’agit surtout de sables, de graviers et de galets. On y trouve une végétation de landes, de chênaies sèches et de pelouses rases. Dans les autres vallées, il s’agit surtout d’argile et de tourbe favorables aux boisements alluviaux, aux prairies humides et aux mégaphorbiaies*. Coteaux et pinacle calcaires de la Seine La puissance de la dynamique érosive de la Vallée de la Seine a creusé dans la craie des abrupts impressionnants. 9 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Au pays des sources et des eaux vives Le Vexin français présente des reliefs marqués par rapport à l’ensemble Le petit monde des sources de la région. On y trouve à la fois le point le plus haut d’Ile-de-France, 216 m aux buttes de Rosne, et son point le plus bas, 11 m à Limetz-Villez. Les rivières vexinoises qui courrent depuis les nombreuses sources jusqu’à la Seine et ses affluents sont des cours d’eau rapides, habitats d’une flore et d’une faune Le millefeuille géologique du Vexin français a favorisé un réseau de sources très important sur ce territoire. L’eau de pluie traverse les couches perméables, calcaires ou sables, et ressort à flanc de coteau sous forme de sources au niveau des couches imperméables, argiles ou marnes. Il existe deux type de sources en fonction de la géologie : • Sur les buttes, l’eau traverse les couches de sables dépourvues de calcaire : l’eau des sources est donc très acide et favorable à la formation de tourbières à Sphaignes. • Dans les vallées principales, l’eau des sources a traversé les calcaires lutétiens. Elle se charge en calcium et lorsqu’elle ressort, le calcium dissout se fixe sur les cailloux et les débris en minces couches, formant un tuf. Ces sources tuffeuses sont des habitats Cordulégaste annelé très originaux et très rares au niveau européen qui abritent une flore (mousses, algues microscopiques) très spécifique. C’est le repère de la larve d’une très belle Libellule, le Codulégastre annelé. originales. PEU DE MARES DANS LE VEXIN FRANÇAIS… Les mares constituent dans beaucoup de régions des petits habitats très intéressants pouvant accueillir de nombreuses espèces de plantes et d’animaux. Mais en terre vexinoise, les mares sont peu nombreuses. Il faut rappeler que ces mares sont le plus souvent d’origine artificielle et avaient été aménagées par les villageois pour conserver l’eau indispensable aux activités quotidiennes. Dans le Vexin français, l’abondance des sources rendait cet aménagement d’autant plus inutile que les sources fournissaient une eau de bien meilleure qualité. Les mares du Vexin se rencontrent surtout aux abords des villages implantés au cœur des plateaux (Cléry, Gouzangrez) et au sommet des buttes, sur l’argile à meulière. Les mares des plateaux et des villages accueillent la faune habituelle de ce type d’habitat comme le Triton palmé, ou bien la Libellule déprimée. Les mares situées sur les buttes sont beaucoup plus originales : l’eau acide, pauvre en nutriments favorise des espèces rares et menacées comme le Sympetrum noir et le Potamot à feuilles de renouée. … MAIS DES MOULINS À EAU En effet, les nombreuses rivières à courant rapide et débit régulier (en raison de l’alimentation des sources) ont fourni aux Vexinois une source d’énergie renouvelable et abondante dès le haut moyen- âge. Ces moulins sont encore nombreux dans les vallées, certains, comme le moulin de Noisement sur la Viosne, ayant été transformés en fabriques au XIXé siècle. La vie au fil de l’eau Les petits cours d’eau vexinois alimentés par les sources ont une eau de bonne qualité bien oxygénée : c’est le domaine de l’Ecrevisse à pattes blanches, écrevisse indigène très sensible aux pollutions, menacée dans toute l’Europe et qui trouve dans les affluents de l’Epte et du Sausseron ses dernières populations franciliennes. La Truite fario, introduite pour la pêche, s’y reproduit. Sur les berges, un oiseau 10 au dos gris et au ventre jaune court en hochant sa longue queue : c’est la Bergeronnette des ruisseaux. Côté flore, les tronçons bien éclairés sont envahis par des herbiers flottants dominés par l’Ache nodiflore et le Cresson de fontaines. L’entrelacs des tiges et des racines fournit un habitat pour de nombreux insectes aquatiques comme les Caloptéryx, fines libellules bleu métallique ou vert bronze. Martin-pêcheur Quand le cours d’eau s’élargit, comme sur l’Epte, les herbiers aquatiques se développent. Les draperies des Callitriches et de la Zannichellie des marais oscillent dans le courant. En mai, les longues tiges de la Renoncule flottante se parent de mille fleurs blanches. La rivière offre gîte et couvert à de nombreux oiseaux. Un trait orange et bleu fend l’air et plonge dans l’eau : c’est le Martin-pêcheur en quête d’une ablette. Une boule de plumes châtain disparaît sous l’eau c’est le petit Grèbe castagneux qui pêche. En hiver, on voit les Chevaliers guignette et cul-blanc trottiner sur les berges. Les fossés attenants aux rivières abritent aussi des espèces de libellules spécifiques comme l’Agrion de Mercure, espèce menacée au niveau européen et présente en vallée de l’Epte. Enfin la Seine et son affluent l’Oise sont d’une toute autre nature : de part leur taille d’abord ; mais aussi de part leur débit, beaucoup plus lent que celui des rivières vexinoises. Ayant facilement creusé sa profonde vallée dans les couches de terrains tendres, la Seine décrit de larges méandres qui la conduiront à la mer. Elle a perdu au cours du XXé siècle les très riches milieux qui se développaient dans ses bras secondaires (annexes hydrauliques) du fait de la régulation de ses crues, de la pollution générée par l’agglomération parisienne et de l’aménagement de la vallée. Cependant la qualité des eaux de Seine s’améliore progressivement et de nombreuses espèces végétales aquatiques qui avaient disparu à l’aval de Paris font leur retour : le Potamot pectiné et les Myriophylles sont à nouveau abondants dans le cours principal tandis que les bras secondaires s’ornent en été des tapis du Nénuphar jaune. La Viosne Les herbiers aquatiques, ici sur la Viosne, se développent surtout lorsque le cours d’eau est bien éclairé. Source tufeuse Calopteryx splendide Renoncule flottante Mesures physico-chimiques et prélèvements réalisés par le Parc naturel régional du Vexin français. U N E S U R V E I L L A N C E D E T O U S L E S I N S TA N T S Un suivi coordonné de la qualité des rivières est organisé sur le territoire du Vexin français par le Parc naturel régional, en partenariat avec la DIREN, l’AESN, le Conseil Supérieur de la pêche, le Conseil Régional d’Ile-de-France, les Conseils généraux et les DDEA des Yvelines et du Val d’Oise. Le suivi consiste à réaliser régulièrement et en de nombreux points sur chacun des 9 cours d’eau qui traversent le Parc (Cudron, Aubette de Magny, rus du Roy, ru de Fontenay, Montcient, Aubette de Meulan, Viosne, Sausseron, ru de Jouy), des analyses physico-chimiques, des mesures de débit, un suivi biologique et un diagnostic de l’état général du cours d’eau. Ce dispositif a pour objectif d’identifier la part de chacune des sources de pollution et de connaître l’état de toutes les berges et lits des cours d’eau afin de permettre la programmation d’actions curatives en conséquence. P O U R L U T T E R C O N T R E L’ E N V A S E M E N T, L’érosion des sols, favorisée par une conjonction de multiples facteurs (modification des techniques de travail du sol, disparition de haies), est plus active dans le Vexin que par le passé. Les cours d’eau s’envasent et l’on est obligé de les curer. Mais cette solution palliative induit un autre problème : les curages répétés favorisent l’érosion des berges qui se creusent et perdent la végétation qui les maintenait… ce qui favorise le colmatage du des techniques écologiques lit de la rivière. On recommence donc le curage et… c’est une histoire sans fin. Pour lutter contre l’envasement, de nouvelles techniques de « végétalisation » des berges peuvent être utilisées comme la pose de « fascines » en saule. Les berges sont refaçonnées, en pente douce, la rivière retrouve son lit naturel et son courant qui entraîne vers l’aval les matériaux fins responsables du colmatage. 11 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Entre terre et eau : marais et roselières Refuge de nos peurs ancestrales, rétives à la pénétration humaine De la forêt de roseaux… et dites « improductives », les zones humides ont été en grande partie détruites ou fortement dégradées au cours du XXè siècle. Elles jouent pourtant un rôle majeur dans l’épuration des eaux ou la régulation des crues et foisonnent de vie sauvage. Dans le Vexin, ces milieux entre terre et eau, souvent temporairement inondés mais conservant toute l’année une certaine humidité, sont encore présents. Les roselières sont de hautes végétations dominées par de grandes herbes d’allure graminéenne. Tout de bosses et de creux, le Vexin français ne possède pas les grandes roselières des pays plats. Les roselières sont ici de dimensions réduites et limitées aux vallées. La Phragmitaie est une roselière dominée par le Roseau commun ou Phragmite qui affectionne surtout les sols argileux. De même, la Typhaie, dominée par la Massette à feuilles larges, est souvent présente dans les mares. Sur sol tourbeux, ce sont les grandes Laîches ou Carex qui se développent. La Laîche paniculée peut former des touffes énormes appelées touradons. Beaucoup plus rare, le Marisque ne se rencontre qu’au marais du Rabuais (vallée du Sausseron). Nombre d’oiseaux trouvent dans la roselière un abri sûr pour nicher. Au printemps, elle se transforme en salle de concert où le Bruant des roseaux, la Locustelle tachetée, la Rousserolle effarvate et la Bouscarle de Cetti rivalisent de virtuosité. La Poule d’eau est un hôte habituel des petites roselières des mares. Plus discret, le Râle d’eau fréquente les roselières d’une certaine importance, tout comme la Couleuvre à collier. Mégarphorbiaie au marais de Frocourt 12 Roselière au marais du Rabuais … À la jungle des mégaphorbiaies Les mégaphorbiaies sont comme les roselières de hautes végétations herbacées, mais composées de « phorbes », c’est-à-dire de plantes non graminéennes*. Eau, lumière, sols riches, tout y ici concourt à l’exubérance de la végétation. De hautes plantes fleuries s’épanouissent avec profusion au fil de la saison. Le Pigamon jaune ouvre le bal avec son nuage de petites fleurs jaune pâle en mai. Lui succèdent les Iris jaunes en juin puis les roses intenses de l’Epilobe hérissée et de la Salicaire en juillet. En août, c’est au tour de l’Eupatoire chanvrine d’étaler ses capitules rose pâle. Plus rare et menacé, l’Aconit pyramidal est localisé dans les vallées de la Viosne, du Sausseron et de l’Aubette de Meulan. Quant à l’Epte, elle abrite aussi des espèces remarquables comme le Séneçon des marais et l’Euphorbe des marais : ombelles chartreuse, tiges vermillon, feuillage bleuté, sans doute la plus élégante des grandes plantes qui peuplent la mégaphorbiaie. Les mégaphorbiaies de la Seine présentent des substrats plus riches en nutriments et un plus fort assèchement l’été en période d’étiage. C’est dans ces milieux que l’on trouvait primitivement la grande Ortie avant que cette espèce ne profite des activités humaines pour se répandre partout. Elle y est accompagnée d’une curieuse plante parasite, la Cuscute d’Europe qui enroule ses tiges rouges dépourvues de feuilles autour de l’Ortie. La profusion des floraisons attire de nombreux insectes, notamment des papillons comme les grandes Vanesses (Paon du jour, Vulcain, Carte géographique) ou l’Ecaille chinée. La Rousserolle verderolle et le Phragmite des joncs font partie des oiseaux qui recherchent ces habitats. Les bas-marais, joyaux botaniques Lorsqu’un pâturage extensif s’exerce sur les zones humides, cela favorise les espèces basses. La végétation prend des allures de prairie et le milieu accueille de nombreuses espèces remarquables. Certaines espèces ont des floraisons spectaculaires comme l’Orchis négligé ou le Mouron délicat qui forme des tapis de petites fleurs roses. D’autres, plus anonymes, passent facilement inaperçues comme les petites Laîches. La plus rare est sans doute la Laîche de Maire dont le Vexin français abrite encore une demi-douzaine de stations. Aux premiers beaux jours, on peut surprendre la Vipère péliade prendre un bain de soleil dans les Laîches et les Joncs. Quant aux Argiopes, (araignées jaunes et noires), elles aiment tisser leurs toiles savantes dans ces milieux riches en insectes. La vipère péliade apprécie la quiètude des zones humides. Orchis négligé Iris jaune Aconit pyramidal Mégaphorbiaie des marais de Frocourt Grèbe huppé LA SAUVEGARDE DES ZONES HUMIDES, Combien ? Plus de 60% des zones humides ont disparu de notre région Ile-de-France depuis le début des années 1950 ce qui a pour conséquence d’amplifier les inondations ainsi que de conduire à la disparition de nombreuses espèces animales et végétales caractéristiques de ces milieux. Pourquoi ? L’hiver, en période de crues, l’eau se répand sur les zones humides qui jouent un rôle d’éponge et évitent ainsi les inondations des un enjeu prioritaire espaces habités. L’été, ces espaces conservent leurs réserves en eau souterraine et permettent à la flore et à la faune de s’épanouir. En raison de leurs fonctions de régulateur hydraulique, d’épurateur des eaux de surface et de réservoir biologique, les zones humides doivent être restaurées et préservées. Comment ? Aujourd’hui protégées par la loi, les zones humides font l’objet de plans de gestion et de restauration. Il s’agit de retrouver un équilibre acceptable entre production et protection. L A R E S TA U R AT I O N D E S Z O N E S H U M I D E S : Le Parc s’est attelé à la restauration de deux grands marais, relayé depuis 2003 par le Conseil Général du Val d’Oise dans le cadre de sa politique sur les Espaces Naturels Sensibles : le marais de Frocourt et celui du Rabuais. Marais tourbeux à l’origine, ces sites ont été drainés et voués à la culture de peupliers entre 1950 et 1995. Au marais de Frocourt (vallée de l’Epte), une opération de restauration globale du site en milieu humide avec alternance de prairies et de boisement alluvial est en cours. Les actions mises en place sont notamment : • L’abandon du système de drainage, sauf sur les marges, afin Travaux d'étrépage au marais du Rabuais un travail titanesque de favoriser une meilleure répartition de l’eau sur l’ensemble du site. • La création d’une mare aux berges en pente douce favorable à la flore et à la faune • L’ouverture du milieu par débroussaillage et fauche. • La mise en place d’un pâturage extensif avec des chevaux Camargue et des vaches Salers pour entretenir le milieu ouvert. Depuis 1997, le Marais du Rabuais fait également l’objet d’une expérience de restauration écologique qui comprend notamment des actions de réouverture du milieu et « d’étrépage » afin de favoriser l’émergence des graines conservées dans la tourbe. Pâturage camargue à Frocourt 13 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Prairies et habitats associés : le bonheur est-il encore dans le pré ? Les prairies ne sont pas des milieux naturels Une biodiversité menacée à proprement parler mais des écosystèmes façonnés par l’homme. Pourtant, il s’y est établi un équilibre entre les activités humaines et de nombreuses espèces sauvages qui ont su y trouver un habitat favorable. Mais cette coexistence harmonieuse est mise à mal depuis 50 ans, principalement en raison de la disparition de l’activité d’élevage et de la modification des pratiques d’entretien de ces espaces : l’Ile-de-France a perdu les trois quarts de ses prairies entre 1960 et 1990. Aujourd’hui, le territoire Les prairies sont des milieux semi-naturels herbacés, régulièrement entretenus par pâturage ou fauchage. Bien que le Vexin soit un territoire de grande culture depuis des siècles, les prairies occupaient traditionnellement de vastes espaces où les sols trop argileux ou bien trop superficiels (calcaires, sables) étaient peu favorables aux cultures, principalement dans les vallées ou au pied des buttes. Dans ces milieux, la végétation est dominée par les graminées avec, dans les prairies humides, les joncs et les laîches comme la Laîche distique. Les prairies humides les moins artificialisées abritent encore de superbes plantes à fleurs comme la Reinedes-prés dont les ombelles parfumées s’épanouissent en juin-juilllet ou la Fleur-de-coucou aux délicats pétales en lanières. La flore des prairies sèches abrite aussi de nombreuses espèces comme le petit Rhinanthe aux fleurs en casque, l’Avoine dorée ou le rarissime Orchis brûlé. Côté faune, les prairies sont le paradis des Orthoptères (Grillons, criquets et sauterelles) avec la Decticelle bariolée ou le Criquet des montagnes. Cette manne d’insectes attire de nombreux oiseaux comme le Tarier pâtre ou la Chouette chevêche. Les bermes routières, enfin, sont devenues des zones refuges pour de nombreuses espèces végétales n’ayant pas pu survivre dans les prairies, comme l’Orobanche pourpre présente en boucle de Guernes. Chouette chevêche (ou chevêche d’Athena) du Parc conserve environ 3000 ha de pâturages dans les fonds de vallées et autour des buttes boisées. 14 Decticelle bariolée mâle Prairie pâturée complantée de pommiers LA GESTION ÉCOLOGIQUE DES BERMES ROUTIÈRES Espace refuge pour certaines espèces, ces zones de transition doivent faire l’objet de programmes spécifiques. En effet, les fauches trop fréquentes, l’utilisation d’engins mécaniques qui rabotent le sol ou les herbicides qui détruisent Haies, arbres, mares : richesse des habitats associés Les prairies étaient traditionnellement associées à d’autres habitats : haies qui séparaient les parcelles, arbres taillés en têtards qui produisaient le bois de chauffe, vergers de haute tige qui assuraient une rentabilité supplémentaire aux parcelles, mares qui servaient d’abreuvoir au bétail. Bien qu’occupant une superficie réduite, ces habitats complétaient l’intérêt écologique des écosystèmes prairiaux : les haies sont recherchées par la Fauvette babillarde ou l’Hypolaïs ictérine pour y nicher, les arbres taillés et les vieux fruitiers souvent creux permettent la reproduction du Rouge-queue à front blanc et abritent des insectes comme les Capricornes et les Cétoines, les mares sont favorables à de nombreuses espèces aquatiques. Non compatibles avec l’évolution mécanisée des pratiques agricoles, ces habitats associés ont beaucoup disparu malgré l’importance de leur rôle écologique. Prairie humide faune et flore menacent ces milieux de substitution. Une gestion avec fauche tardive peut être pratiquée sur des tronçons sélectionnés sans danger pour la sécurité des automobilistes. “ A M É L I O R AT I O N ” D E S P Â T U R E S : L’agronomie moderne a inventé des techniques d’amélioration de la productivité des prairies : apports d’engrais, assèchement des parcelles les plus humides, chaulage des prairies sur sols acides, élimination des plantes à fleurs jugées moins productives que les graminées par des traitements herbicides, labourage de la prairie et semis d’un nombre limité d’espèces réputées bonnes fourragères. Dans tous les cas, ces traitements aboutissent à la régression de la biodiversité floristique et faunistique, les espèces les plus remarquables étant les premières éliminées. Si de nombreuses espèces végétales de la prairie dite « naturelle » où ces pratiques sont exclues ont une valeur fourragère secondaire en situation climatique normale, elles peuvent se révéler très productives lors des années trop humides ou trop sèches. Ainsi, avec sa forte diversité biologique, la prairie naturelle assurera une production plus régulière, moins sensible aux aléas quel profit à long terme ? climatiques, le développement de certaines espèces compensant la moindre production des autres. De plus, les apports d’engrais favorisent à terme les espèces nitrophiles* comme l’ortie ou les ronces, peu appétantes pour le bétail. Et la réduction de la biodiversité déséquilibre le milieu : la moindre concurrence entre les espèces favorise l’expansion de celles qui sont le moins recherchées par le bétail comme les joncs ou les renoncules, qui deviennent envahissantes et font perdre rapidement à la prairie sa valeur fourragère. On est donc obligé de faire un traitement herbicide, de labourer la parcelle et de ressemer… ce qui perturbe encore plus le milieu. Pour sortir de ce cercle infernal, il est possible de faire évoluer le milieu vers une situation d’équilibre par le biais d’une gestion douce. Mais la restauration écologique n’est possible que sur une échelle de temps très importante. Il faut des décennies pour qu’un milieu prairial retrouve diversité biologique et équilibre écologique. Reine des prés L E S M E S U R E S A G R I - E N V I R O N N E M E N TA L E S ( M A E ) L’Opération locale menée de 1997 à 2002 dans la vallée de l’Epte puis le programme PRAIRIE sur l’ensemble du Parc naturel régional qui a démarré en 2006 sont autant de soutien à l’activité agricole et donc au maintien des prairies permanentes dans le Vexin. Ces programmes sont animés et mis en place par le Parc et les partenaires agricoles (Chambre d’Agriculture, Maison de l’Elevage) et financés par la Région, l’Etat et l’Union Européenne. Il s’agit de contrats signés sur 5 ans avec les agriculteurs leur permettant de bénéficier d’aides financières pour le maintien de leur activité tout en s’engageant sur un cahier des charges (élevage de type extensif, diminution des intrants, entretien des haies et bosquets…) pour une gestion extensive du milieu. Suite à ces mesures, aujourd’hui, dans la vallée de l’Epte, le Vanneau huppé niche à nouveau dans les prairies et le magnifique Criquet ensanglanté fait sa réapparition. 15 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Bois humides : la forêt les pieds dans l’eau À la fois zones humides et milieux forestiers, les bois humides abritent de nombreuses espèces remarquables et jouent également un rôle important dans l’épuration des eaux de surface et la régulation des crues. Ceux-ci ont pourtant fortement régressé et ne subsistent que très ponctuellement dans les fonds de vallées. On trouve différents types de bois humides dans le Vexin français : • En vallée de la Seine, ce sont les Saules qui dominent, Saule blanc et Saule des vanniers. • Dans les autres vallées, au débit plus régulier, ce sont l’Aulne glutineux et le Frêne. • L’Aulne est également dominant dans les bois humides de pentes, associés aux nombreuses sources du territoire, que l’on trouve au pied des buttes. Il y est souvent associé au Tremble, seul peuplier présent naturellement dans le Vexin français. La flore herbacée est riche. Outre les espèces de mégaphorbiaies présentes surtout en lisières, on y trouve des espèces comme la Balsamine des bois dont la vallée de l’Epte abrite les seules populations franciliennes. Boisement humide de pente 16 De grandes herbes peuplent les bois humides de pente, comme la Laîche à épis pendants ou la Prêle d’ivoire. Dans tous les cas, la végétation est exubérante et le bois humide prend volontiers des allures de forêt tropicale avec ses nombreuses lianes comme le Houblon. Nombre d’espèces animales s’y rencontrent. Puissant et flûté, impossible à confondre, le chant du Loriot d’Europe y résonne en mai et juin. Malgré son plumage noir et or on ne l’aperçoit que rarement car il se tient dans la canopée*, tout en haut des arbres. Sur les saules et les trembles, on trouve l’impressionnante chenille du papillon Queue-fourchue bien inoffensive malgré son air de petit dragon destiné à dissuader les prédateurs. Grande Prêle Laîche pendante Balsamine des bois P E U P L I E R S : T R O U V E R L’ É Q U I L I B R E Mode de valorisation économique des espaces de fond de vallée dès le début du siècle dernier et favorisée d’autant par la disparition de l’élevage dans les petites vallées, la plantation de peupliers a fortement affecté les zones humides du Vexin. Comme les résineux, les peupliers ne poussent pas naturellement dans le Vexin français. Les arbres qui sont plantés sont le résultat d’hybridations entre le peuplier noir, d’origine méditerranéenne et des peupliers américains. Ecologiquement, les feuilles de peuplier en se décomposant libèrent des substances toxiques néfastes à la faune et à la flore indigènes. De plus, si le peuplier pompe beaucoup d’eau (50 litres par jour), il ne le fait qu’en saison de végétation, au printemps et en été. Ce qui le rend inefficace pour jouer un rôle lors de périodes de crues hivernales. Enfin, contrairement à l’Aulne, le peuplier supporte mal les sols engorgés en permanence et sa culture nécessite la mise en place d’un système de drainage. Aujourd’hui un équilibre en termes de surface doit être trouvé entre la préservation de milieux humides ouverts ou boisés et la gestion d’espaces dont la vocation est la rentabilité économique directe, tels que les peupleraies. 17 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Bois calcicoles : sous la forêt, les fleurs Si dans leur majorité les habitats forestiers sont moins diversifiés en espèces Promenade au bois joli végétales que les milieux ouverts, les bois calcicoles qui s’établissent sur la craie ou le calcaire des versants des vallées font exception : de février à octobre, c’est un festin de fleurs et de couleurs. Suivez le guide… Les bois calcicoles se caractérisent d’abord par la diversité des arbres qu’ils abritent : Frêne, Charme, Hêtre, Chêne pédonculé, Erables et Tilleuls y coexistent. Ensuite, les arbustes sont souvent abondants et le tapis herbacé bien développé. La ronde des floraisons y commence dès février, avec outre le Noisetier, le Cornouiller mâle, petit arbre dont les fleurs, hermaphrodites comme son nom ne l’indique pas, colorent les bois de versant d’une teinte vert-jaune au premier printemps. L’Anémone sylvie étale en mars ses tapis de fleurs blanches. Avril voit le règne des orchidées comme l’Orchis pourpre, l’Orchis mâle ou le délicat petit Ophrys mouche. À partir de mai, l’intensité lumineuse baisse en sousbois. Sonne alors l’heure des fougères qui déroulent leurs frondes délicates à l’ombre des frondaisons. Et de quelques fleurs étranges comme la Néottie nidd’oiseau, orchidée sans chlorophylle aux fleurs caramel. C’est sur la lisière, dans l’ourlet calcicole*, que se concentrent alors les plus belles floraisons : celle de l’Ancolie en mai ou de la Campanule à feuilles de pêcher en juin. L’automne arrive et dès les premiers frimas, le bois calcicole flamboie : jaune d’or de l’Erable champêtre, orange du Hêtre, rose pourpré du Merisier, rose saumon de l’Alisier torminal, rouge des fruits de l’Aubépine et du Cornouiller mâle. De la fraicheur des ravins… Ancolie Même au cœur de l’été, la fraîcheur se maintient dans les bois calcicoles établis sur des pentes fortes exposées au nord ou bien au fond de ravins encaissés. Ces conditions particulières sont favorables aux fougères comme la Scolopendre ou le Polystic à aiguillons et des espèces d’affinités montagnardes comme l’Actée en épis. Fougère scolopendre 18 … Aux coteaux brûlés À l’opposé, les bois calcicoles exposés au sud supportent une chaleur et une sècheresse importantes en été. Arbre méridional, le Chêne pubescent (ou Chêne blanc) est parfaitement adapté à ces conditions. Il peut être accompagné de plantes méridionales aux couleurs éclatantes comme le Géranium sanguin, le Grémil pourpre-bleu ou le Limodore à feuilles avortées, grande orchidée toute pourprée. Limodore à feuiles avortées Actée en épis Bois calcicole de pente LA JONQUILLE, VICTIME DU PILLAGE La Jonquille, une des plus belles fleurs forestières, croît dans les bois sur substrat sablo-calcaire. Victime de sa beauté, elle fait l’objet d’un véritable pillage, ramassée par cageots entiers dès les premiers jours de printemps. Pourtant sa cueillette est réglementée dans le Val d’Oise par arrêté préfectoral, et seule la récolte « familiale » limitée à 10 fleurs est autorisée. LE RÔLE DES « OURLETS » Les ourlets sont des formations végétales linéaires qui se développent sur les lisières des forêts. Ils abritent une diversité floristique remarquable qui attire de nombreux insectes. Ces milieux subissent une très forte régression car ils sont, par nature, situés la plupart du temps en transition entre le milieu forestier et un espace utilisé par l’homme (cultures, chemins, routes…). En limite de cultures, les traitements herbicides et l’apport de nitrates détruisent les espèces de l’ourlet qui sont remplacées par des nitrophiles banales comme l’ortie. Le long des chemins, ils sont victimes des passages répétés de véhicules. En bord de route, ce sont les modes de gestion des dépendances routières (herbicide, fauches trop répétées) qui éliminent les espèces les plus fragiles. 19 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Pelouses calcicoles : sous le soleil exactement On les nomme « pelouses » parce que la végétation est dominée par des graminées Un microtclimat contrasté plus basses que dans une prairie. Mais là s’arrête la comparaison avec les pelouses des parcs et des jardins. Les pelouses calcicoles sont des milieux naturels abritant une faune et une flore très particulières qui trouvent sur les coteaux ensoleillés du Vexin français la chaleur qu’elles affectionnent. Les pelouses calcicoles s’établissent sur les versants des vallées, le plus souvent sur des pentes fortes exposées au sud. Le sol qui recouvre la craie ou le calcaire est peu épais, naturellement pauvre en éléments nutritifs. La roche sous-jacente étant perméable, ce sol superficiel retient peu l’eau, soumettant la végétation à une forte sècheresse estivale. Ces conditions pédologiques* particulières sont renforcées par l’intensité du rayonnement solaire due à la pente et à l’exposition : la température moyenne du sol sur une pelouse calcicole est, en été, de 3° C supérieure à celle d’un bois établi sur le même substrat. Des conditions qui s’approchent de celles des milieux naturels méditerranéens. Mais si le soleil brûle en été la pelouse calcicole, elle ne bénéficie pas en hiver de la protection d’un couvert forestier. La température du sol sera en moyenne de 5° C inférieure à celle d’un bois calcicole, et le nombre d’heures de gel 10 fois supérieur. Des conditions favorables aux espèces montagnardes, capables d’affronter gel et blizzard. C’est de cette double influence, méridionale et montagnarde, que va naître l’originalité faunistique et floristique de la pelouse calcicole. Et sa richesse : sur le site des coteaux de la Seine, on a recensé 470 espèces végétales dont 14 sont protégées et 128 autres peu fréquentes en Ile-de-France. Machaon 20 Du thym et des cigales La première fleur à s’épanouir dans la pelouse calcicole est une montagnarde : la Seslérie bleue, jolie graminée dont les épillets métalliques émergent dès février. Commune dans les pâturages alpins, globalement rare en plaine, elle est abondante sur les coteaux de la Seine. Robe de velours violet, étamines d’or, l’Anémone pulsatille suivra en mars-avril. Mai amène les premières chaleurs sur la pelouse et c’est l’explosion des orchidées comme l’Ophrys bourdon et l’Orchis militaire ainsi nommé en raison du casque formé par les sépales, tandis que les tapis de Thym serpolet se couvrent de petites fleurs roses. À partir de juin, la sécheresse ensommeille la vie végétale de la pelouse mais elle réserve encore quelques superbes floraisons comme celles de la Centaurée scabieuse ou de la Campanule agglomérée. L’été, c’est surtout la vie animale qui attire l’attention. La pelouse devient le royaume des papillons, petits comme les azurés aux ailes turquoise et grands comme le Gazé ou le Machaon. À chaque pas les criquets jaillissent des chaumes déjà jaunis. Ce sont les proies préférées de la Mante religieuse qui se tient immobile sur une herbe, ses pattes prédatrices repliées en une bien étrange prière. Au bestiaire fantasque de la pelouse, il faut citer aussi Atypus affinis, petite mygale qui creuse un terrier recouvert de soie. Elle y attendra l’insecte imprudent qui, en effleurant son ouvrage, signalera sa présence et finira poignardée par les longs chélicères* de l’araignée. Bien qu’on ne l’entende que rarement en raison de son chant beaucoup plus discret que celui de ses cousines méditerranéennes, la Cigale des montagnes est assez bien représentée sur les coteaux du Vexin français. Plus discrètes que leurs célèbres cousines méridionales, deux espèces de cigales, Cicadetta cantilatrix et Cicadetta montana, sont assez bien représentées sur les coteaux de Vexin français. La première a d’ailleurs été récemment décrite sur le territoire grâce à l’analyse de son chant. Et sous le soleil, on trouve bien sûr, les reptiles, lézards et serpents. Animaux à sang froid, ils passent l’hiver en hibernation et c’est en mars-avril, lorsqu’encore tout engourdis ils prennent un premier bain de soleil que vous aurez le plus de Mante religieuse Lézard vert chances de les surprendre : le magnifique Lézard vert à la livrée d’émeraude, la Vipère péliade ou la très discrète Coronelle lisse, couleuvre prédatrice de lézards. Le pâturage, garant de la richesse des pelouses À l’origine, les pelouses calcicoles se trouvaient dans de vastes clairières au sein de la forêt primitive où les grands herbivores sauvages limitaient l’implantation des arbres et des arbustes. À partir du néolithique, les coteaux font l’objet d’un pâturage extensif, de moutons surtout et, le plus souvent, itinérant. Les parties les moins pentues des coteaux sont, quant à elles, dévolues à la culture de plantes adaptées aux conditions climatiques de ces milieux comme la vigne ou le prunier. Cette gestion qui concilie très bien agriculture et biodiversité perdure jusqu’au début du XXe siècle. Mais ses faibles rendements ne lui permettront pas de résister aux pressions économiques de ce siècle. Les pelouses sur des sols relativement profonds sont labourées ou bien amendées et transformées en prairies. Mais la plupart sont simplement abandonnées. En l’absence de pâturage, une graminée, le Brachypode penné se révèle envahissante. D’autant qu’il produit une litière de feuilles mortes qui étouffe les autres espèces. Ou bien les arbustes puis les arbres s’installent. Dans tous les cas, la richesse de la pelouse calcicole disparaît. UNE GESTION NÉCESSAIRE Dans le cadre d’un programme européen LIFE nature entre 1999 et 2003, le Parc naturel régional a entrepris une opération pilote de gestion des pelouses calcicoles des coteaux de la Seine. Le site (270 ha) fait aujourd’hui l’objet d’un projet de réserve naturelle nationale en cours d’instruction. L’objectif de ces travaux, peu mécanisés en raison des conditions de pente, est de restaurer par des actions de débroussaillage et de fauche des espaces ouverts et de les remettre progressivement Pâturage ovin sur les coteaux de Seine Zygènes sur une Centaurée scabieuse en pâturage extensif principalement par des ovins, grâce à un partenariat avec des éleveurs locaux. A terme, le souhait est d’obtenir une mosaîque de milieux ouverts, semi-ouverts et boisés, favorisant ainsi le maximum de biodiversité. Sans cette gestion, le milieu serait livré à la colonisation spontanée par les ligneux et la forêt gagnerait progressivement. La biodiversité animale et végétale liée aux espaces ouverts et ensoleillés disparaîtrait alors complètement. LA VIGNE EN VEXIN FRANÇAIS « Côte aux vignes », « La Grande Vigne », « Rue de la Vigne », la toponymie du Vexin français résonne encore des longues amours que le petit pays entretint avec la plante. Elle marque toujours les paysages vexinois : ici, le promeneur la verra, ensauvagée, assaillir les broussailles du coteau. Là, le petit bois de châtaigniers établi sur les sables en haut du versant rappelle que la culture de cet arbre était naguère associée à la vigne à laquelle il fournissait un bois imputrescible pour la fabrication des piquets et des tonneaux. Ou bien encore les nombreuses caves troglodytiques, les « boves », où l’on remisait les fûts avant de les mener par le fleuve vers Paris. Le chemin de fer d’abord, en inondant l’Ile-de-France des productions languedociennes plus compétitives, le phylloxéra ensuite, la standardisation enfin ont eu raison de la vigne vexinoise. Elle résiste malgré tout sur une poignée d’arpents à Guernes, Saint-Martin-la-Garenne ou Vauréal. Phalangère à fleurs de Lys LE GENÉVRIER S’ACCROCHE AUX MAISONS VEXINOISES Le Genévrier aux formes de petit sapin est le seul conifère poussant naturellement dans le Vexin français. Il y porte le nom de « pétillon », allusion à la pétarade que produit son bois riche en résine quand on le porte au feu. Le pétillon faisait autrefois l’objet d’une fête traditionnelle en Vexin. La branche accrochée au-dessus des portes d’entrée des maisons avait la même signification de porte-bonheur que le gui pour la nouvelle année. 21 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Terrasses alluviales : le monde des steppes En même temps qu’elle creusait son lit dans la craie tendre des versants, la Seine y a déposé des alluvions charriées depuis l’amont. Un milieu hostile, fait de sables et de cailloux, qui permet le développement d’une faune et d’une flore très originales. Quand un sol pauvre et sec engendre la richesse écologique Les habitats se développant sur les terrasses alluviales ont des points communs avec les pelouses calcicoles : le sol est pauvre, très filtrant et la chaleur au niveau du sol en été est intense. On y retrouve donc les mêmes types d’adaptation au milieu : ainsi les plantes peuvent adopter plusieurs stratégies : certaines comme le Serpolet développent des réseaux racinaires très importants. D’autres ont des feuilles découpées en fines lanières pour limiter les pertes d’eau dues à l’évapotranspiration comme l’Armoise champêtre. D’autres, comme l’Orpin blanc, stockent l’eau dans des feuilles épaissies. Enfin les espèces annuelles se développent, fleurissent, fructifient rapidement en début de saison quand l’eau est encore présente en surface et passent l’été sous forme de graines. Traditionnellement, les terrasses alluviales étaient comme les pelouses calcicoles utilisées en pâturages extensifs. Les pelouses s’y développant sont appelées « pelouses sablo-calcaires » en référence au substrat. Elles ont de nombreuses espèces végétales en commun, mais la pelouse sablo-calcaire possède des espèces qui lui sont propres comme l’Armérie des sables, cousine du gazon d’Olympe des falaises littorales, et le Bugle de Genève aux fleurs bleu intense. Les conditions de vie sont encore plus rudes pour les plantes dans les secteurs qui ont été exploités en carrière. Parmi les graviers, se développent de petites espèces annuelles comme les Vulpies ou les Cotonnières. Les alluvions plus anciennes, situées à des niveaux topographiques supérieurs, sont décalcifiées. Les pelouses sont dominées par des espèces acidiphiles*, comme l’Hélianthème à goutte dont les fleurs jaune pâle au centre rouge ne durent que quelques heures : les pétales se détachent en milieu de matinée, dès que la température s’élève. Une autre stratégie pour limiter les pertes d’eau. Sur ces sols décalcifiés, une lande peut s’installer avec la Callune et le Genêt à balais accompagné de son parasite, l’Orobanche du genêt. Les terrasses alluviales sont également le refuge d’une faune originale adaptée à ces milieux arides. Beaucoup ont développé des stratégies de camouflage élaborées comme l’Oedicnème criard (voir encadré) ou l’Oedipode turquoise. Cet oiseau et ce criquet partagent une livrée cryptique qui les dissimule efficacement dans leur habitat caillouteux. Lorsqu’un intrus approche ils restent immobiles et décollent au dernier moment, déployant des ailes aux couleurs contrastées, blanches et noires chez l’oiseau, bleues et noires chez le criquet. Ils se posent un peu plus loin et, en refermant leurs ailes, disparaissent littéralement. Un vrai tour de passe-passe, qui déboussole efficacement les prédateurs. Autres oiseaux typiques de ces milieux, l’Engoulement d’Europe dont on entend le curieux chant au crépuscule dans les landes piquetées de bouleaux et l’Hirondelle de rivage qui niche sur les berges et les fronts de taille des carrières. L'OEDICNÈME CRIARD L'Oedicnème criard est un oiseau essentiellement terrestre, surtout actif au crépuscule ou à la nuit. Reconnaissable à son œil jaune et à ses longues pattes, il est difficile à voir en raison de son mimétisme avec le milieu qu'il fréquente. Depuis 20 ans, cet oiseau a fortement régressé. Dans le Vexin français, il a trouvé des habitats de substitution aux cultures sur sols caillouteux qu'il fréquentait autrefois : les anciennes carrières des boucles de Seine. Toutefois, la pérennité de ces populations d'oedicnèmes est liée à une gestion adaptée de son habitat et notamment au maintien de milieux herbacés caillouteux. 22 Œdicnème criard Des milieux menacés Les pressions qui s’exercent depuis 50 ans sur ces habitats sont très fortes. Une partie des exploitations de carrières (extraction de sables et de granulats), situées en dessous du niveau de la nappe, sont aujourd’hui en eau. Ces grands plans d’eau très profonds constituent notamment des zones d’accueil pour les oiseaux d’eau du nord de l’Europe fuyant le gel. Mais on est loin de l’intérêt écologique des milieux préexistants. Ceux-ci peuvent se reconstituer sur les anciennes Orpin réfléchi carrières sèches où des milieux dits « néo-formés » accueillent une partie des espèces présentes originellement sur les terrasses alluviales. Mais ces milieux peu productifs sont menacés par différents modes de « valorisation » comme divers projets de valorisation sportive ou touristique ou encore les reboisements imposés à une certaine époque par la réglementation dans le cadre des réaménagements de carrières, qui aboutissent à la disparition des espèces des milieux steppiques. L E B O I S D U C H Ê N AY, U N S I T E U N I Q U E Entre Saint-Martin-la-Garenne et Vétheuil, le Bois du Chênay est l’ultime relique d’une très ancienne terrasse alluviale déposée par la Seine lorsque son lit ne s’était pas encore creusé dans la craie. Le substrat est constitué de sables décalcifiés plaqués sur le calcaire lutétien ou les argiles du sparnacien. La végétation est dominée par des chênes clairsemés avec une flore très originale mêlant espèces calcicoles et acidophiles. Ces milieux particuliers abritent de nombreuses espèces végétales très rares en Ile-de-France comme la Potentille des montagnes, la Porcelle maculée ou encore la Serratule des teinturiers. Toute proche, la butte du Hutrel regroupe des espèces de pelouses calcicoles et de bas- marais* comme le Pissenlit des marais dont il s’agit d’une des dernières populations régionales. Le Rougequeue à front blanc et le Faucon hobereau fréquentent ces sites. Ces espaces exceptionnels sont intégrés au site Natura 2000 des boucles de la Seine. Légende Oedipode turquoise Bois du Chesnay Lande sèche L E R É S E A U N AT U R A 2 0 0 0 D A N S L E V E X I N Le réseau Natura 2000 constitue un outil de préservation des écosystèmes menacés à l’échelle européenne. Le système de préservation repose avant tout sur la gestion concertée et non sur un « gel des territoires ». Dans le Vexin français ce réseau concerne à l’heure actuelle 4 sites : « vallée de l’Epte francilienne et ses affluents », « coteaux et boucles de la Seine », « boucles de Guernes, de Moisson et de Rosny », « chiroptères du Vexin français ». Ceci représente environ 5000 ha dans le périmètre du Parc répartis sur une trentaine de communes. 23 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Là-haut sur la montagne, les buttes stampiennes Malgré leur statut de points culminants de l’Ile-de-France les buttes qui surplombent le plateau vexinois ont tout juste l’air de collines. Et pourtant, en y regardant de plus près, il y souffle comme un petit air de montagne… Au pays des myrtilles En haut, des argiles. En dessous, encore des argiles. Entre les deux des sables acides avec parfois des blocs de grès. Le tout datant de la dernière transgression marine ayant affecté l’Ile-de-France, au Stampien, il y a environ 30 millions d’années. Voilà la carte d’identité géologique des buttes vexinoises. Les sols sont donc acides, ce qui les différencient des autres sols vexinois majoritairement calcaires. Ils sont très secs au niveau des sables et les zones humides se concentrent au niveau des argiles : mares au niveau des argiles à meulière en partie supérieure, sources et suintement de pente au niveau des argiles vertes en pied de buttes. Le Chêne sessile, le Hêtre, le Bouleau et le Châtaignier, ce dernier introduit depuis fort longtemps en raison de son rôle dans la viticulture traditionnelle, sont les arbres dominants sur les sables. Depuis les bords de la Seine toute proche, l’altitude au sommet des buttes s’est élevée de près de 200 m. Cela suffit pour modifier sensiblement le climat : l’air est plus frais et plus humide sur les buttes que nulle part ailleurs dans le Vexin. Et cela permet à la flore de s’enrichir de plantes que l’on a plutôt l’habitude d’associer aux régions de montagnes. Comme la Myrtille, espèce rare en Ile-de-France qui devient abondante sur les buttes vexinoises. L’atmosphère fraîche et humide est aussi très favorable aux fougères : la Fougère femelle et la grande Fougère-aigle sont abondantes. Plus rare, le Blechnum en épis recherche les endroits les plus frais à proximité des sources. La faune aussi prend un air de montagne : au printemps, vous entendrez le puissant tambourinage du Pic noir résonner dans les grands hêtres. Blaireau Blechnum en épi LE BLAIREAU Avec sa face noire et blanche caractéristique, le blaireau est difficile à observer mais sa présence est facilement repérable en raison de son terrier. Celui-ci est constitué d’un réseau important de galeries, surmonté de plusieurs monticules de terre et comporte 24 des entrées en « toboggans ». Cette espèce a beaucoup régressé depuis les 20 dernières années, victime des gazages des renards, avec lesquels elle cohabite souvent, et de la circulation routière. Etranges tourbières Au contact des sables et des argiles sous-jacents, l’eau ressort sous forme de sources ou de suintements. Cette eau acide, très pauvre en nutriments et en oxygène, favorise le développement d’habitats très originaux, les tourbières. Le Bouleau pubescent et l’Aulne sont les seuls arbres à pousser dans ces milieux asphyxiants. Le sol, noir et fangeux, est souvent recouvert d’un épais tapis de mousses, les Sphaignes, qui forment de gros coussinets. C’est ici que vit l’Osmonde royale dont les immenses frondes peuvent dépasser deux mètres. Plus discrète mais tout aussi remarquable, la Laîche lisse recherche les layons forestiers humides. C’est aussi là que poussent l’Orchis maculé dont les épis de fleurs blanc rosé s’épanouissent en juin et la Succise des prés dont les capitules violets s’ouvrent en juillet-août. Les landes, habitats très menacés Osmonde royale Les landes qui occupaient autrefois de vastes ensembles ont fortement régressé sur les buttes vexinoises et ne se rencontrent le plus souvent que sur des espaces limités. La lande sèche est caractérisée par la Callune et la Bruyère cendrée. Cette espèce atlantique possède en Vexin français l’une de ses très rares populations au nord de la Seine. Dans la lande humide, on trouve la Bruyère à quatre angles aux fleurs en clochettes rose pâle accompagnée d’une grande graminée dont les grosses touffes jaune paille se voient bien hiver, la Molinie. Orchis maculé Bruyère à quatre angles Osmonde royale QUELLE GESTION DES BUTTES BOISÉES ? Les milieux forestiers représentent seulement 17% du territoire du Parc. Principalement en propriété privée et très morcelés sur le plan du foncier, ces espaces sont difficiles à appréhender. Divers usages s’y rencontrent, (chasse, sylviculture ou promenade) lesquels ne sont pas toujours faciles à concilier. Néanmoins, une des principales difficultés est la préservation de petits milieux ouverts (landes et tourbières), en l’absence fréquente de gestion. Bois humide de versant Sphaigne 25 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Plateaux cultivés : le regard au loin Recouverts d’une épaisse couche de limons fertiles, les plateaux vexinois sont Petite histoire de la campagne vexinoise depuis des millénaires dévolus à la grande culture. Ces grands espaces ondulés qui plongent dans les petites vallées qui entaillent le plateau sont le paysage caractéristique le plus connu du Vexin. C’est le domaine de l’Alouette des champs qui lance ses trilles aux premiers beaux jours. Le paysage de champs ouverts, la « campagne » au sens premier du mot, que nous voyons aujourd’hui est certainement très proche de celui qu’ont découvert les légions romaines lorsqu’elles ont pris le contrôle des riches terres des Véliocasses, il y a 2000 ans. Les Romains réorganisent le parcellaire du Vexin et le découpent en grosses fermes, les villas, alignées le long de la voie qui relie Lutèce à Rotumagos (Rouen), l’actuelle chaussée Jules-César. Durant des siècles, rien ne bouge ou presque. Les villas deviennent simplement des villages et conservent en partie leurs limites héritées de l’époque gallo-romaine encore bien visibles aujourd’hui quand on regarde une carte administrative du Vexin français. Bleuets et coquelicots 26 Le XXé siècle modifie peu le paysage des plateaux contrairement à ceux des coteaux et des vallées. Pourtant, lorsque l’on regarde de plus près, ce sont les éléments ponctuels et structurant de ce paysage qui ont été modifiés : disparition des haies, vergers, mares, alignements d’arbres le long des routes, ceintures « vertes » des villages. Et puis surtout, changement fondamental mais non perceptible dans le paysage, l’intensification des modes de cultures. Alouette des champs Paysage de plateau Les coquelicot de M. Monet Les Coquelicots vexinois, immortalisés il y a un peu plus d’un siècle par Claude Monet, se maintiennent en petit nombre dans les friches ou au bord des routes. Beaucoup d’autres espèces de la flore des cultures ou espèces « messicoles » (associées aux moissons) n’ont pu s’adapter comme le Coquelicot à des milieux de substitution et ont disparu ou presque du territoire comme le Miroir-de-Vénus ou le Bleuet jadis compagnon omniprésent du Coquelicot. Toutefois, la boucle de Guernes abrite encore quelques espèces remarquables comme le Peignede-Vénus dont les fruits à long bec évoquent un peigne espagnol. Les oiseaux des cultures ont subi le même sort. Voilà plusieurs décennies que l’Oedicnème criard s’est replié sur les anciennes carrières des boucles de Seine même s’il profite encore de quelques cultures sur les hautes terrasses alluviales. La Caille des blés est devenue rare mais le Buzard Saint Martin survole encore les plateaux. La biodiversité des plateaux cultivés est encore là, potentielle, mais tributaire de l’évolution des pratiques agricoles dans les prochaines décennies. Paysage de culture en limite de la vallée de l’Epte 27 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Les petites peluches du monde des ténèbres Leurs moeurs nocturnes, leur fréquentation du monde souterrain et la drôle de tête que leur donnent les organes d’écholocation* ont fait courir sur elles les plus folles rumeurs : tantôt vampires assoiffés de sang, tantôt La descente aux enfers L’hiver, c’est sous terre qu’il faut aller pour rencontrer les chauves-souris, appelées scientifiquement « chiroptères », c’est à dire « mains en forme d’aile ». Insectivores, les chauves-souris des régions tempérées passent en effet l’hiver en état d’hibernation, meilleur moyen de survivre en une période où elles ne trouvent pas à manger. souterraines désaffectées. Le Vexin français qui possède beaucoup de ces carrières liées à l’exploitation ancestrale des calcaires lutétiens est donc une région particulièrement favorable aux chauves-souris. 11 espèces différentes ont été recensées sur le territoire du Parc naturel régional, chacune avec des effectifs variables. Si quelques espèces hibernent dans les arbres creux comme les Noctules ou dans les bâtiments comme les Pipistrelles, la plupart des chauves-souris se réfugie dans des cavités souterraines où la température descend moins bas. La plupart des espèces hiberne posées sur une corniche ou dans une fissure, en boule, les ailes repliées le long du corps. monstres sataniques, les Chauves-souris ont mauvaise réputation. Et pourtant ces inoffensifs insectivores deviennent bien sympathiques Les grottes naturelles étant rares dans les régions de plaines, les chauves-souris recherchent les carrières quand on prend la peine de faire plus ample connaissance. Grand murin 28 Elles ont alors vraiment l’air de petites peluches au poil soyeux. Les Rhinolophes, quant à eux, dorment accrochés par les pieds, la tête en bas, les ailes entourant le corps comme un parapluie. À chaque espèce son territoire et sa technique Dès que les beaux jours reviennent, les chauvessouris se réveillent. Elles se nourrissent la nuit, quand leurs concurrents diurnes, les oiseaux, sont couchés et elles se repèrent grâce à des systèmes sophistiqués d’écholocation par ultrasons qui ressemblent à nos sonars. Chaque espèce à sa spécialité : un milieu et une technique bien définis. Le grand Rhinolophe est le spécialiste des haies et des lisières arborées où il vole au ras des branches. Les Noctules hantent les hautes frondaisons et le Murin à oreilles échancrées fonce dans le feuillage pour attraper les araignées. Le Vespertilion de Daubenton recherche les zones humides et les rivières. Le Vespertilion de Natterer chasse au ras du sol et le grand Murin n’hésite pas à mettre pied à terre pour se nourrir d’insectes terrestres en marchant. Quant à la Pipistrelle, la plus commune des chauvessouris, elle peut passer la nuit entière à faire bombance autour d’un unique réverbère. Entrée protégée de la cavité de Villarceaux Des mamans squatteuses Les chauves-souris se reproduisent dans des sites variés. Les Noctules recherchent des arbres creux et le Vespertilion de Natterer des fissures dans les vieux murs ou sous les ponts. Chez beaucoup d’espèces, les futures mamans se regroupent pour mettre bas ensemble dans des bâtiments, granges, combles et greniers. PROTEGER LES CHAUVES-SOURIS Pour protéger les chauves-souris, il faut intervenir sur tous les habitats nécessaires au cycle biologique de ces espèces : protéger les sites d’hibernation, mais aussi les sites de reproduction et les milieux où elles chassent. La préservation des zones de chasse passe par des actions globales sur les habitats menacés (prairies, rivières, zones humides, haies) et celle des sites de reproduction par une coopération avec les habitants du Vexin français. C’est l’objet du programme d’actions en cours sur le territoire du Parc naturel régional. Carrières souterraines dans les calcaires lutétiens (photo J.C. Pansanel) 29 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Biodiversité des villages : la nature à votre porte Vous trouvez du charme aux vieilles pierres du Vexin français ? Safari sur un vieux mur La nature aussi. Et pour peu qu’on l’aménage de manière favorable et qu’on y tolère un certain négligé, le jardin vexinois peut devenir une oasis de vie sauvage. Construit en matériaux naturels, calcaire lutétien et mortier, le vieux mur vexinois constitue un habitat très proche d’une paroi rocheuse. Des plantes inféodées à ces milieux le colonisent sans difficulté comme les Doradilles, petites fougères capables de reviviscence : elles se dessèchent quand l’eau fait défaut et elles se réhydratent à la première pluie. Le sommet du mur est colonisé par des petites espèces annuelles comme la Saxifrage à trois doigts ou des plantes « grasses » comme l’Orpin blanc. Les creux entre les pierres sont recherchés par de nombreux insectes comme les Osmies qui y déposent leurs œufs. Les cavités plus importantes abritent le Rougequeue noir tandis qu’au pied du mur elles constituent un gîte de choix pour le Crapaud accoucheur ou Alyte. Au printemps, il berce les nuits des villages de son chant flûté. Et lorsque le lierre recouvre le mur, les Mésanges viendront y nicher et des abeilles sauvages y butiner. Les bâtiments, surtout les bâtiments anciens, sont recherchés par de nombreuses espèces pour s’y reproduire. Les grands bâtiments comme les églises et les châteaux abritent la Chouette effraie et le Martinet noir. Les Hirondelles rustiques et de fenêtre recherchent les granges et les corniches sous les toits. Hérisson Ceterach officinale 30 Alyte Haies, buissons et vergers : un 3 étoiles pour les oiseaux Il en va des jardins comme des forêts : les arbres et les arbustes indigènes, poussant naturellement dans le Vexin, sont beaucoup plus favorables à la vie sauvage que les espèces exotiques comme le Thuya. Les haies composées d’arbustes seront propices à la nidification des fauvettes (Fauvette à tête noire, Fauvette grisette, Fauvette babillarde). Au printemps, la haie devient une salle de concert où chaque espèce rivalise de virtuosité. Les haies composées d’arbres âgés avec des cavités et les vieux vergers de haute tige sont favorables à des espèces menacées comme la Chouette chevêche ou le Moineau friquet. Les bâtiments anciens sont plus favorables à la vie sauvage que les constructions modernes. Mais vous pouvez la favoriser en y posant, par exemple, des nichoirs. L’ O P É R A T I O N « D E S P O M M E S E T D E S C H E V Ê C H E S » Depuis plusieurs années, un programme d’actions pour la protection des Chouettes chevêches et du patrimoine fruitier de notre région est mené en partenariat entre le Parc naturel régional, le club CPN (Connaître et protéger la nature) de la vallée du Sausseron et l’association des Croqueurs de pommes d’Ile-de-France. Ce programme vise à la fois la restauration et la plantation de vergers avec des variétés locales, et la consolidation et le suivi des populations de Chouette chevêche dans le Vexin grâce notamment à la pose de nichoirs adaptés. Des formations et manifestations grand public comme la fête annuelle de la pomme accompagnent ces actions. UN JARDIN POUR LA VIE Il est facile de favoriser la biodiversité dans un jardin en suivant quelques règles simples : Plantez en majorité des arbres et des arbustes feuillus poussant naturellement dans le Vexin français. Utilisez les produits de jardins (engrais, désherbants, insecticides) avec modération et traitez juste là où il faut. Car en traitant trop vous interdirez à votre jardin de trouver son équilibre. N’oubliez pas qu’en éliminant les pucerons de vos rosiers avec de l’insecticide, vous tuerez Hirondelle rustique aussi les coccinelles qui sont vos alliées naturelles contre les pucerons. Diversifiez les habitats en créant une mare ou en laissant un tas de pierre dans un coin. Ces micro-habitats vont attirer de nouvelles espèces chez vous. Tolérez un certain négligé dans votre jardin : laisser un coin de pelouse non tondue régulièrement fera le bonheur des insectes, criquets et papillons. Ceinture verte autour du village d’Us 31 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Pourquoi faut-il protéger les habitats naturels et la biodiversité dans le Vexin français ? Les menaces pesant sur les espèces sauvages sont l’un des grands problèmes environnementaux de notre planète. Du fait du développement des activités économiques et des modifications intervenues dans la gestion des territoires depuis 50 ans, le rythme d’extinction des espèces est actuellement plus de 1000 fois supérieur à ce qu’il devrait être naturellement. Les experts estiment qu’entre 5% et 15 % des espèces s ‘éteindront irréversiblement d’ici 2020. À l’horizon 2100, c’est plus d’un million d’espèces qui pourraient disparaître définitivement de la planète. À côté des menaces pesant sur des espèces emblématiques comme l’Ours polaire dont la presse se fait l’écho, de nombreuses espèces de plantes et d’animaux encore abondants il n’y pas si longtemps régressent, abandonnant de vastes territoires devenus inhospitaliers : l’hirondelle de fenêtre, la Chouette chevêche, le grillon des champs, le bleuet ou la bruyère cendrée sont dans ce cas. Et s’il nous faut protéger toute cette diversité d’espèces, ce n’est pas simplement parce qu’elle égaye nos jardins. Les espèces sauvages constituent en effet des com- munautés très organisées, les écosystèmes, qui agissent sur le milieu physique et le milieu humain. Ils jouent un rôle fonctionnel, participant à la gestion et à la production des territoires. Or on sait aujourd’hui que plus les écosystèmes sont diversifiés et proches d’un état naturel, mieux ils remplissent ces rôles : un bois alluvial naturel filtrera mieux les pollutions qu’une peupleraie, une zone humide riche et diversifiée absorbera mieux les excédents d’eau lors d’une crue, une forêt naturelle résistera mieux aux tempêtes ou aux maladies qu’une plantation d’espèces exotiques, une prairie écologiquement riche et diversifiée assurera une production fourragère plus régulière en cas d’aléa climatique. La biodiversité est avant tout une alliée qui nous aide à gérer notre espace. En la protégeant, c’est nous, et nos enfants, que nous protégeons. MIEUX CONNAÎTRE POUR MIEUX PROTÉGER En résumé, l’intérêt patrimonial du Vexin français réside à la fois dans la diversité des habitats naturels qui y sont représentés, dans la présence de certaines espèces en limite d’aire de répartition, et celle d’un grand site d’intérêt national tel que l’ensemble des coteaux et boucles de la Seine. Parallèlement à la mise en place de mesures de protection de la nature, le Parc naturel régional a entrepris un vaste travail d’inventaire de son patrimoine, et de nombreux sites d’intérêt écologiquement inconnus lors de sa création en 1995 ont été découverts, dont certain d’importance majeure. Aujourd’hui le 32 le patrimoine du Vexin français Parc dispose d’une base de données d’espèces animales et végétales vivant sur son territoire. Ce programme de connaissance du patrimoine se poursuit avec la réalisation d’Atlas du patrimoine naturel communal sur l’ensemble des communes du périmètre. A terme, une mise en ligne de ces éléments cartographiques et de fiches techniques associées sera réalisée afin que tout un chacun puisse mieux appréhender les enjeux et les mesures à prendre pour préserver la biodiversité locale. D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Lexique k Acidiphile Se dit d’un organisme qui préfère les sols acides. k Bas-marais Formation herbacée qui, du fait de l’excès d’eau de la nappe phréatique ou de ruissellement, présente une couverture végétale adaptée à l’humidité. La végétation des bas-marais reflète les fluctuations des niveaux d’eau et se diversifie selon les propriété chimiques de l’eau. On y rencontre différentes associations végétales : roselières, prairies à molinies, marais à laîches, prairie humide à populage, mégaphorbiaie. k Canopée Désigne l’étage supérieur de la forêt. k Cavernicole Se dit d’un animal qui vit dans les cavernes. La faune cavernicole comprend de nombreuses espèces terrestres et aquatiques. k Mégaphorbiaie Milieu constitué d’une prairie dense à hautes herbes composée de roseaux et de hautes plantes herbacées vivaces. k Nitrophile qualifie les espèces végétales dont le développement est particulièrement favorisé par l’abondance d’azote nitrique dans le sol. k Sources tuffeuses Sources d’eau calcaire avec formation de concrétions autour de la végétation et avec la présence de briophytes typiques de ces milieux. k Transgression marine Déplacement du niveau de la mer de caractère positif se traduisant par une avancée du tait de côte sur le continent. Cette modification s’accompagne de changement dans les formes littorales et dans les faciès de sédimentation. k Chélicère Appendice buccal caractéristique des chélicérates, super-classe comprenant notamment les arachnides (araignées, scorpions, acariens). k Etrépage Pour un bas-marais, décapage de la couche superficiel du sol sur 15 à 20 cm, voire plus, pour remettre à nu la tourbe et favoriser la germination des graines enfouies et conservées. k Graminéen Milieu dans lequel les graminées sont les espèces dominantes. k Ourlet calcicole Espace de transition entre un boisement calcicole de type chênaie –charmaie et des milieux plus ouverts, composé d’une strate herbacée assez dense et piqueté d’arbustes et d’arbres comme le chêne pubescent. 33 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Liste des espèces citées dans le texte Noms français Odonates Agrion de mercure Calopteryx Cordulégastre annelé Libellule déprimée Orthetrum noir Poissons, crustacés Truite fario Ecrevisse à pattes blanches Reptiles, amphibiens Couleuvre à collier Triton palmé Papillons Carte géographique Ecaille chinée Gazé Machaon Paon du jour Queue fourchue Vulcain Orthoptères Criquet des montagnes Criquet ensanglanté Decticelle bariolée Oedipode turquoise Mante religieuse Oiseaux Alouette des champs Bergeronette des ruisseaux Bouscarle de Cetti Bruant des roseaux Busard St-Martin Caille des blés Chevalier cul-blanc Chevalier guignette 34 Noms latins Coenagrion mercuriale Calopteryx sp. Cordulegaster boltonii Libellula depressa Orthetrum danae Salmo trutta Austropotamobius pallipes Natrix natrix Triturus helveticus Araschnia levana Callimorpha quadripuntaria Aporia crataegi Papilio machaon Inachis io Cerula vinula Vanessa atalanta Chortippus montanus Stethophyma grossum Metrioptera roeselli Oedipoda caerulescens Mantis religiosa Alauda arvensis Motacilla cinerea Cettia cetti Emberiza schoeniclus Circus cyaneus Coturnix coturnix Tringa ochropus Actitis hypoleucos Noms français Noms latins Chouette chevêche Engoulevent d’Europe Fauvette babillarde Grèbe castagneux Hirondelle de rivage Hypolais ictérine Locustelle tachetée Loriot d’Europe Martin pêcheur Oedicnème criard Phragmite des joncs Pic noir Poule d’eau Râle d’eau Rouge-queue à front blanc Rousserole effarvate Rousserole verderole Tarier pâtre Mammifères Athene noctua Caprimulgus europaeus Sylvia curruca Tachybaptus ruficollis Riparia riparia Hippolais icterina Locustella naevia Oriolus Oriolus Alcedo atthis Burhinus oedicnemus Acrocephalus schoenobaenus Dryocopus martius Gallinula chloropus Rallus aquaticus Phoenicurus phoenicurus Acrocephalus scirpaceus Acrocephalus palustris Saxicola torquata Blaireau Grand Murin Grand Rhinolophe Pipistrelle Vespertilion de Daubenton Vespertilion de Natterer Flore Meles meles Myotis myotis Rhinolophus ferrumequineum Pipistrellus pipistrellus Myotisdaubentoni Myotis natterreri Ache nodiflore Aconit pyramidal Actée en épis Ancolie Anémone pulsatille Anemone sylvie Armérie des sables Armoise champêtre Avoine dorée Balsamine des bois Blechnun en épis Bleuet Brachypode penné Bruyère à quatre angles Bruyère cendrée Bugle de Genève Callune Campanule à feuilles de pêcher Campanule agglomérée Centaurée scabieuse Chêne pubescent Apium nodiflorum Aconitum napellus subsp. Actea spicata Aquilegia vulgaris Pulsatilla vulgaris Anemone nemorosa Armeria arenaria Artemisia campestris Trisetum flavescens Impatiens noli-tangere Blechnum spicant Centaurea cyanus Brachypodium pinatum Erica tetralix Eroca cinerea Ajuga genevensis Calluna vulgaris Campanula persicifolia Campanula glomerata Centaurea scabiosa Quercus pubescens 35 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 36 Noms français Noms latins Coquelicot Cornouiller male Cresson de fontaines Cuscute d’Europe Epilobe hérissée Eupatoire chnavrine Euphorbe des marais Fleur-de-coucou Fougère aigle Fougère femelle Genêt à balais Geramium sanguin Grabde Ortie Grémil pourpre-bleu Hélianthème à goutte Houblon Iris jaune Jonquille Laîche à épis pendants Laîche de Maire Laîche distique Laiche lisse Laîche paniculée Limodore à feuilles avortées Marisque Massette à feuilles larges Miroir-de Vénus Molinie Mouron délicat Myrtille Nénuphar jaune Néottie nid-d’oiseau Ophrys bourdon Ophrys mouche Orchis brûlé Orchis maculé Orchis male Orchis militaire Orchis négligé Orchis pourpre Orobanche pourpre Orpin blanc Osmonde royale Peigne-de-Vénus Petit Rhinante Phragmite Pissenlit des marais Papaver rhoeas Cornus mas Nasturtium officinale Cuscuta europea Epilobium hirsutum Eupatorium cannabinum Euphorbia palustris Silene flos-cuculi Pteridium aquilinum Athyrium filix-femina Cyrisus scoparius Geranium sanguineum Urtica dioica Lithospermum purpuro-caeruleum Tuberaria guttata Humulus lupulus Iris pseudacorus Narcissus pseudo-narcissus Carex pendula Carex mairii Carex disticha Carex laevigata Carex paniculata Limodorum abortivum Cladium mariscus Typha latifolia Legousia speculum-veneris Molinia caerulea Anagallis tenella Vaccinium myrtillus Nuphar lutea Neottia nidus-avis Ophrys fuciflora Ophrys insectifera Orchis ustulata Dactylhoriza maculata Orchis mascula Orchis militaris Dactylorhiza praetermissa Orchis purpurea Orobanche purpurea Sedum album Osmunda regalis Scandix pecten-veneris Rhinantus minor Phragmites australis Taraxacum palustre Noms français Noms latins Polystic à aiguillons Porcelle maculée Potamot à feuilles de renouée Potamot pectiné Potentille des montagnes Prêle d’ivoire Pygamon jaune Reine-des-prés Renoncule flottante Salicaire Scolopendre Sénecon des marais Serratule des teinturiers Seslerie bleue Succise des prés Thym serpolet Zanichellie des marais Polystichum aculeatum Hyppochaeris maculata Potamogeton polygonifolius Potamogeton pectinatus Potentilla montana Equisetum telmateia Thalictrum flavum Filipendula ulmaria Ranunculus fluitans Lythrum salicaria Asplenium scolopendrium Senecio paludosus Serratula tinctoria Sesleria caerulea Succisa pratensis Thymus praecox Zanichellia palustris 37 D À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007 Pour découvrir le Vexin français Pour toutes informations, vous pouvez contacter le Parc naturel régional du Vexin français ou consulter son site internet : Maison du Parc 95 450 Théméricourt Accueil : 01 34 48 66 10 Informations touristiques : Numéro Azur : 0 810 16 40 45 (prix appel local) E-mail : [email protected] Site internet : http://www.pnr-vexin-francais.fr Des sorties natures sont organisées pour la découverte du patrimoine naturel du Vexin français par diverses structures : • Par les départements en partenariat avec le Parc naturel régional dans le cadre de leurs politiques « Espaces naturels sensibles » : www.valdoise.fr / www.yvelines.fr • Par la région avec l’Agence des Espaces Verts : www.iledefrance.fr / www.aev-iledefrance.fr • Par les associations : - Club CPN de la vallée du Sausseron - Centre Ornithologique d’Ile-de-France - Association de Sauvegarde de la vallée du Sausseron - Association de l’Union des Amis du Parc - Société d’étude des sciences naturelles du mantois • Et des informations naturalistes peuvent être recueillies auprès de : - Conservatoire botanique national du bassin parisien : www.cbnbp.mnhn.fr - Direction régionale de l’environnement d’Ile-de-France : www.ile-de-france.ecologie.gouv.fr 38 Prix de vente : 4,50 € ISSN : 1774-0282 Création : Agence AIRE - Réalisation : DAC : 01 45 23 44 57 - Imprimerie Escourbiac - Septembre 2007 - Crédit photos : S. Perera - Alizari Images - Christian Kerihuel -Philippe Mothiron (www.lepinet.fr <http://www.lepinet.fr> ) - Philippe Lhomel - Philippe Lévêque - Serge Gadoum - Olivier Barbet - Parc naturel régional du Vexin français - Gwanaël Torrès - CORIF : F. Barth ; J. Coatmeur ; G. Van Langenhove ; J-F. Magne Maison du Parc - 95450 Théméricourt Tél. : 01 34 48 66 10 - Fax : 01 34 48 66 11 E-mail : [email protected] www.pnr-vexin-francais.fr