Courrier scientifique - Parc naturel régional du Vexin français

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NUMÉRO SPÉCIAL
DU COURRIER SCIENTIFIQUE
D U PA R C N AT U R E L R É G I O N A L
DU VEXIN FRANÇAIS
Mieux connaître
le Vexin français
D
à la écouverte
des Milieux naturels
du Vexin français
SEPTEMBRE 2007
Ce numéro spécial du Courrier Scientifique du Parc naturel régional du Vexin français
a été écrit par Philippe LEVEQUE, phyto-écologue, [email protected], avec la contribution des membres du Comité scientifique du Parc
et sous la coordination technique de Françoise ROUX, responsable pôle environnement du Parc.
NUMÉRO SPÉCIAL
DU COURRIER SCIENTIFIQUE
D U PA R C N AT U R E L R É G I O N A L
DU VEXIN FRANÇAIS
Mieux connaître
le Vexin français
Syndicat mixte d’aménagement
et de gestion du Parc naturel
régional du Vexin français
D
à la écouverte
des Milieux naturels
du Vexin français
SEPTEMBRE 2007
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Sommaire
p. 7
Préambule
p. 8
Un petit pays diversifié
Quand la diversité géologique crée la diversité écologique
p. 10
Au pays des sources et des eaux vives
Le petit monde des sources
La vie au fil de l’eau
p. 12
Entre terre et eau : marais et roselières
De la forêt des roseaux
… À la jungle des mégaphorbiaies
Les bas-marais, joyaux botaniques
p. 14
Prairies et habitats associés : le bonheur est-il encore dans le pré ?
Une biodiversité menacée
Haies, arbres, mares : richesse des habitats associés
p. 16
Bois humides : la forêt les pieds dans l’eau
p. 18
Bois calcicoles : sous la forêt, les fleurs
Promenade au bois joli
De la fraîcheur des ravins…
… Aux coteaux brûlés
p. 20
Pelouses calcicoles : sous le soleil exactement
Un microclimat contrasté
Du thym et des cigales
Le pâturage, garant de la richesse des pelouses
p. 22
Terrasses alluviales : le monde des steppes
Quand un sol pauvre et sec engendre la richesse écologique
Des milieux menacés
p. 24
Là-haut, sur la montagne, les buttes stampiennes
Au pays des myrtilles
Etranges tourbières
Les landes, habitats très menacés
p. 26
Plateaux cultivés : le regard au loin
Petite histoire de la campagne vexinoise
Les coquelicots de M. Monet
4
p. 27
Les petites peluches du monde des ténèbres
La descente aux enfers
À chaque espèce son territoire et sa technique
Des mamans squatteuses
p. 30
Biodiversité des villages : la nature à votre porte
Safari sur un vieux mur
Haies, buissons et vergers : un 3 étoiles pour les oiseaux
p. 32
Pourquoi faut-il protéger les habitats naturels et la biodiversité dans le Vexin français ?
p. 33
Lexique
p. 34
Liste des espèces citées
p. 38
Pour découvrir le Vexin français
5
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À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
À LA DÉCOUVERTE DES MILIEUX NATURELS
Préambule du Vexin français
Il était une fois…
Il était une fois un petit pays situé aux portes de Paris dont l’histoire commence
il y a très longtemps, bien avant même que des Gaulois, les Véliocasses, lui donnent
son nom : le Vexin. Vexin que l’on appelle français, depuis qu’en 911, un roi
de France donna aux Normands sa partie occidentale.
Mais ce n’est pas cette histoire-là dont il est question ici. C’est une histoire plus intime,
faite de fleurs et de feuilles, de plumes et de poils, de couleurs et de senteurs.
Une histoire naturelle avec les hommes et les femmes, tous ceux qui ont trouvé en cette
terre de quoi se nourrir, s’abriter, se couvrir et se soigner et qui ont, au fil des temps,
adapté ses paysages à leurs besoins, puis modifié cet équilibre millénaire pour enfin
mesurer aujourd’hui l’impact de leurs actions.
Paysage du Vexin français
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D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Un petit pays diversifié
• Commençons notre histoire par nous poser une
question : qu’est-ce qui nous marque quand nous nous
promenons dans les paysages du Vexin français ?
• Les plateaux cultivés où le regard porte au loin ?
• Les grands coteaux calcaires de la Roche-Guyon
et leurs falaises de craie blanche ?
• Les vallées où l’eau vive des petites rivières courre
sous les aulnes et les frênes ?
• Les steppes de la boucle de Guernes et la maigre
végétation qui arrive à s’imposer parmi les cailloux ?
• Les forêts de chênes et de hêtres des buttes où le
chemin se perd dans l’océan des fougères ?
Le Vexin français est tout cela. Son identité, il la
tire de la multiplicité des paysages naturels qui
s’y juxtaposent et de leur utilisation par l’homme.
Et pour comprendre cette complexité, il faut faire
un voyage dans le temps. Jusqu’à l’époque des
dinosaures…
1
Sources
2
Marais et roselières
3
Prairies et habitats associés
4
Bois humides
5
Bois calcicoles de pente
6
Pelouses calcicoles
7
Terrasses alluviales
8
Buttes boisées
9
Plateau cultivé
9
6
Quand la diversité géologique
crée la diversité écologique
A la fin de l’ère secondaire, durant le Crétacé, l’ensemble
du Bassin parisien est envahi par la mer. Pendant
70 millions d’années, de fines particules calcaires
vont s’amasser au fond de cette mer, formant une
couche de craie épaisse de 700 m en Ile-de-France.
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1
9
9
5
6
3
1
Coupe géologique simplifiée du Vexin entre vallées de la Seine et de la Troësne (IGAL).
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La fin de l’ère secondaire voit l’extinction des
dinosaures et l’aboutissement de ce long épisode
marin. Le Bassin parisien sort de l’eau et commence
une nouvelle vie continentale. Mais ce n’en est
pas fini de l’histoire marine du Vexin français.
Car par 7 fois durant les 65 millions d’années du
Tertiaire, la mer va revenir en Ile-de-France lors de
nouvelles transgressions*. Le Vexin français, situé
sur les marge de cette dépression, va connaître une
succession de paysages inattendus : tantôt vaste baie
cernée de plages de sable, tantôt lagune saumâtre,
delta ou bien lac d’eau douce. A chacun de ces
épisodes, des sédiments différents se déposent :
sables, vases argileuses ou calcaires, qui vont
progressivement se transformer en roche (grès, argile,
calcaire) et recouvrir la craie.
Enfin, à la fin du tertiaire, la Seine va creuser son
lit dans la craie tendre créant les grands abrupts que
l’on voit aujourd’hui au sud-ouest du Vexin et
déposant dans son lit les sédiments sableux et
caillouteux qui forment les actuelles terrasses
alluviales.
Cette histoire complexe crée un véritable millefeuille
géologique que l’érosion, en modelant les paysages
en buttes et vallées, va mettre à jour.
Et à chaque couche géologique correspond,
aujourd’hui, une série d’habitats naturels particuliers.
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Bois du Chesnay
• A la base, la craie qui affleure sur les versants de
la Seine et de ses affluents l’Oise et l’Epte, voit
se développer des pelouses et des bois calcicoles*.
• Les premières couches dures qui la surmontent
sont les calcaires du Lutétien. Ils constituent
l’armature de tous les plateaux du Vexin français.
Ils sont recouverts de limons (loess) déposés
durant les périodes glaciaires, ce qui rend les sols
vexinois très fertiles. Ces sols riches sont dévolus
à la grande culture. Lorsque le calcaire est affleurant
sur les versants, s’y développent, comme sur la
craie, des pelouses et des bois calcicoles.
LES LIMITES GÉOGRAPHIQUES DU VEXIN FRANÇAIS
Le Vexin français trouve ses limites dans l’extension des
plateaux de calcaire lutétien. Au nord, le pays de Thelle et à l’ouest
le Vexin normand sont constitués de plateaux crayeux recouverts
d’une épaisse couche d’argile. A l’est le pays de France est également constitué de calcaires, mais plus récents (calcaires de StOuen). Seul le Mantois, au sud, est formé de calcaires lutétiens
• Les calcaires lutétiens donnent aussi au Vexin français
son identité architecturale. C’est le matériau de
construction traditionnel de la plupart des villages
vexinois. Le calcaire était exploité dans des carrières
souterraines situées sur les versants. Ces cavités
souterraines constituent aujourd’hui des habitats
pour des espèces cavernicoles* comme les chauvessouris.
• Au-dessous et au-dessus des calcaires, il existe
deux séries de couches géologiques formées, pour
les premières, d’argiles et de sables, et pour les
secondes, de marnes, de sables et de grès. Ces
couches induisent respectivement des habitats
naturels originaux, pelouses sableuses, sources
tuffeuses*, aulnaies et marais de pente.
• Les dernières couches géologiques déposées ont
été très érodées et ne subsistent que sous forme
de buttes ponctuelles, les buttes témoins. Elles
sont formées majoritairement de sables acides, les
sables de Fontainebleau ainsi que de blocs de
grès, d’argile et de meulière. On y trouve une
végétation spécifique constituée de landes à bruyères,
de chênaies-hêtraies et de sources tourbeuses.
comme le Vexin français, mais la Seine crée là une limite naturelle
qui sépare les deux entités géographiques. Le périmètre du Parc
naturel régional reprend parfaitement ces limites naturelles sauf
au nord où le Vexin français trouve sa frontière naturelle avec le
Thelle sur l’axe des vallées de l’Esches et de la Troësne.
• Enfin le fond des vallées est formé d’alluvions
charriées par les cours d’eau. Dans les grandes
vallées, Seine et Oise, il s’agit surtout de sables, de
graviers et de galets. On y trouve une végétation
de landes, de chênaies sèches et de pelouses
rases. Dans les autres vallées, il s’agit surtout
d’argile et de tourbe favorables aux boisements
alluviaux, aux prairies humides et aux mégaphorbiaies*.
Coteaux et pinacle calcaires de la Seine
La puissance de la dynamique érosive de la Vallée de la Seine
a creusé dans la craie des abrupts impressionnants.
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À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Au pays des sources et des eaux vives
Le Vexin français présente
des reliefs marqués
par rapport à l’ensemble
Le petit monde des sources
de la région. On y trouve
à la fois le point le plus haut
d’Ile-de-France, 216 m
aux buttes de Rosne,
et son point le plus bas, 11 m
à Limetz-Villez. Les rivières
vexinoises qui courrent depuis
les nombreuses sources
jusqu’à la Seine
et ses affluents sont des cours
d’eau rapides, habitats
d’une flore et d’une faune
Le millefeuille géologique du Vexin français a favorisé un réseau de sources très important sur ce
territoire. L’eau de pluie traverse les couches perméables, calcaires ou sables, et ressort à flanc de
coteau sous forme de sources au niveau des couches imperméables, argiles ou marnes.
Il existe deux type de sources en fonction de la géologie :
• Sur les buttes, l’eau traverse les couches de sables dépourvues de calcaire : l’eau des sources est
donc très acide et favorable à la formation de tourbières à Sphaignes.
• Dans les vallées principales, l’eau des sources a
traversé les calcaires lutétiens. Elle se charge en calcium et lorsqu’elle ressort, le calcium dissout se fixe
sur les cailloux et les débris en minces couches, formant un tuf. Ces sources tuffeuses sont des habitats
Cordulégaste annelé
très originaux et très rares au niveau européen qui
abritent une flore (mousses, algues microscopiques)
très spécifique. C’est le repère de la larve d’une très
belle Libellule, le Codulégastre annelé.
originales.
PEU DE MARES DANS LE VEXIN FRANÇAIS…
Les mares constituent dans beaucoup de régions des petits habitats
très intéressants pouvant accueillir de nombreuses espèces de
plantes et d’animaux. Mais en terre vexinoise, les mares sont peu
nombreuses. Il faut rappeler que ces mares sont le plus souvent
d’origine artificielle et avaient été aménagées par les villageois
pour conserver l’eau indispensable aux activités quotidiennes.
Dans le Vexin français, l’abondance des sources rendait cet
aménagement d’autant plus inutile que les sources fournissaient une
eau de bien meilleure qualité. Les mares du Vexin se rencontrent
surtout aux abords des villages implantés au cœur des plateaux
(Cléry, Gouzangrez) et au sommet des buttes, sur l’argile à meulière.
Les mares des plateaux et des villages accueillent la faune habituelle de ce type d’habitat comme le Triton palmé, ou bien la
Libellule déprimée.
Les mares situées sur les buttes sont beaucoup plus originales :
l’eau acide, pauvre en nutriments favorise des espèces rares et
menacées comme le Sympetrum noir et le Potamot à feuilles de
renouée.
… MAIS DES MOULINS À EAU
En effet, les nombreuses rivières à courant rapide et débit régulier (en raison de l’alimentation des sources) ont fourni aux Vexinois
une source d’énergie renouvelable et abondante dès le haut moyen-
âge. Ces moulins sont encore nombreux dans les vallées,
certains, comme le moulin de Noisement sur la Viosne, ayant été
transformés en fabriques au XIXé siècle.
La vie au fil de l’eau
Les petits cours d’eau vexinois alimentés par les
sources ont une eau de bonne qualité bien oxygénée :
c’est le domaine de l’Ecrevisse à pattes blanches,
écrevisse indigène très sensible aux pollutions,
menacée dans toute l’Europe et qui trouve dans les
affluents de l’Epte et du Sausseron ses dernières
populations franciliennes. La Truite fario, introduite
pour la pêche, s’y reproduit. Sur les berges, un oiseau
10
au dos gris et au ventre jaune court en hochant sa
longue queue : c’est la Bergeronnette des ruisseaux.
Côté flore, les tronçons bien éclairés sont envahis
par des herbiers flottants dominés par l’Ache nodiflore et le Cresson de fontaines. L’entrelacs des tiges
et des racines fournit un habitat pour de nombreux
insectes aquatiques comme les Caloptéryx, fines libellules bleu métallique ou vert bronze.
Martin-pêcheur
Quand le cours d’eau s’élargit, comme sur l’Epte,
les herbiers aquatiques se développent. Les draperies
des Callitriches et de la Zannichellie des marais
oscillent dans le courant. En mai, les longues tiges de
la Renoncule flottante se parent de mille fleurs blanches.
La rivière offre gîte et couvert à de nombreux oiseaux.
Un trait orange et bleu fend l’air et plonge dans l’eau :
c’est le Martin-pêcheur en quête d’une ablette. Une
boule de plumes châtain disparaît sous l’eau c’est
le petit Grèbe castagneux qui pêche. En hiver, on voit
les Chevaliers guignette et cul-blanc trottiner sur les
berges.
Les fossés attenants aux rivières abritent aussi des
espèces de libellules spécifiques comme l’Agrion de
Mercure, espèce menacée au niveau européen et
présente en vallée de l’Epte.
Enfin la Seine et son affluent l’Oise sont d’une toute
autre nature : de part leur taille d’abord ; mais aussi
de part leur débit, beaucoup plus lent que celui
des rivières vexinoises. Ayant facilement creusé sa
profonde vallée dans les couches de terrains tendres,
la Seine décrit de larges méandres qui la conduiront
à la mer.
Elle a perdu au cours du XXé siècle les très riches milieux
qui se développaient dans ses bras secondaires
(annexes hydrauliques) du fait de la régulation de ses
crues, de la pollution générée par l’agglomération
parisienne et de l’aménagement de la vallée.
Cependant la qualité des eaux de Seine s’améliore
progressivement et de nombreuses espèces végétales
aquatiques qui avaient disparu à l’aval de Paris font
leur retour : le Potamot pectiné et les Myriophylles
sont à nouveau abondants dans le cours principal
tandis que les bras secondaires s’ornent en été des
tapis du Nénuphar jaune.
La Viosne
Les herbiers aquatiques, ici sur la Viosne,
se développent surtout lorsque le cours
d’eau est bien éclairé.
Source tufeuse
Calopteryx splendide
Renoncule flottante
Mesures physico-chimiques
et prélèvements réalisés par le Parc
naturel régional du Vexin français.
U N E S U R V E I L L A N C E D E T O U S L E S I N S TA N T S
Un suivi coordonné de la qualité des rivières est organisé sur le
territoire du Vexin français par le Parc naturel régional, en partenariat avec la DIREN, l’AESN, le Conseil Supérieur de la pêche, le
Conseil Régional d’Ile-de-France, les Conseils généraux et les
DDEA des Yvelines et du Val d’Oise. Le suivi consiste à réaliser
régulièrement et en de nombreux points sur chacun des 9 cours
d’eau qui traversent le Parc (Cudron, Aubette de Magny, rus du Roy,
ru de Fontenay, Montcient, Aubette de Meulan, Viosne, Sausseron,
ru de Jouy), des analyses physico-chimiques, des mesures
de débit, un suivi biologique et un diagnostic de l’état général
du cours d’eau. Ce dispositif a pour objectif d’identifier la part
de chacune des sources de pollution et de connaître l’état de
toutes les berges et lits des cours d’eau afin de permettre la
programmation d’actions curatives en conséquence.
P O U R L U T T E R C O N T R E L’ E N V A S E M E N T,
L’érosion des sols, favorisée par une conjonction de multiples
facteurs (modification des techniques de travail du sol, disparition
de haies), est plus active dans le Vexin que par le passé. Les cours
d’eau s’envasent et l’on est obligé de les curer.
Mais cette solution palliative induit un autre problème : les curages
répétés favorisent l’érosion des berges qui se creusent et perdent
la végétation qui les maintenait… ce qui favorise le colmatage du
des techniques écologiques
lit de la rivière. On recommence donc le curage et… c’est une
histoire sans fin.
Pour lutter contre l’envasement, de nouvelles techniques de
« végétalisation » des berges peuvent être utilisées comme la
pose de « fascines » en saule. Les berges sont refaçonnées, en
pente douce, la rivière retrouve son lit naturel et son courant qui
entraîne vers l’aval les matériaux fins responsables du colmatage.
11
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Entre terre et eau : marais et roselières
Refuge de nos peurs
ancestrales, rétives
à la pénétration humaine
De la forêt de roseaux…
et dites « improductives »,
les zones humides ont été
en grande partie détruites
ou fortement dégradées
au cours du XXè siècle.
Elles jouent pourtant un rôle
majeur dans l’épuration
des eaux ou la régulation
des crues et foisonnent
de vie sauvage.
Dans le Vexin, ces milieux
entre terre et eau, souvent
temporairement inondés
mais conservant toute l’année
une certaine humidité,
sont encore présents.
Les roselières sont de hautes végétations dominées
par de grandes herbes d’allure graminéenne. Tout de
bosses et de creux, le Vexin français ne possède pas
les grandes roselières des pays plats. Les roselières
sont ici de dimensions réduites et limitées aux vallées.
La Phragmitaie est une roselière dominée par le
Roseau commun ou Phragmite qui affectionne surtout
les sols argileux. De même, la Typhaie, dominée
par la Massette à feuilles larges, est souvent présente
dans les mares.
Sur sol tourbeux, ce sont les grandes Laîches ou
Carex qui se développent. La Laîche paniculée peut
former des touffes énormes appelées touradons.
Beaucoup plus rare, le Marisque ne se rencontre
qu’au marais du Rabuais (vallée du Sausseron).
Nombre d’oiseaux trouvent dans la roselière un abri
sûr pour nicher. Au printemps, elle se transforme
en salle de concert où le Bruant des roseaux, la
Locustelle tachetée, la Rousserolle effarvate et la
Bouscarle de Cetti rivalisent de virtuosité.
La Poule d’eau est un hôte habituel des petites
roselières des mares. Plus discret, le Râle d’eau
fréquente les roselières d’une certaine importance,
tout comme la Couleuvre à collier.
Mégarphorbiaie au marais de Frocourt
12
Roselière au marais du Rabuais
… À la jungle des mégaphorbiaies
Les mégaphorbiaies sont comme les roselières de
hautes végétations herbacées, mais composées de
« phorbes », c’est-à-dire de plantes non graminéennes*.
Eau, lumière, sols riches, tout y ici concourt à
l’exubérance de la végétation. De hautes plantes
fleuries s’épanouissent avec profusion au fil de la
saison.
Le Pigamon jaune ouvre le bal avec son nuage de
petites fleurs jaune pâle en mai. Lui succèdent les Iris
jaunes en juin puis les roses intenses de l’Epilobe
hérissée et de la Salicaire en juillet. En août, c’est
au tour de l’Eupatoire chanvrine d’étaler ses capitules
rose pâle.
Plus rare et menacé, l’Aconit pyramidal est localisé
dans les vallées de la Viosne, du Sausseron et de
l’Aubette de Meulan. Quant à l’Epte, elle abrite
aussi des espèces remarquables comme le Séneçon
des marais et l’Euphorbe des marais : ombelles
chartreuse, tiges vermillon, feuillage bleuté, sans
doute la plus élégante des grandes plantes qui
peuplent la mégaphorbiaie.
Les mégaphorbiaies de la Seine présentent des substrats
plus riches en nutriments et un plus fort
assèchement l’été en période d’étiage. C’est dans ces
milieux que l’on trouvait primitivement la grande
Ortie avant que cette espèce ne profite des activités
humaines pour se répandre partout. Elle y est
accompagnée d’une curieuse plante parasite, la
Cuscute d’Europe qui enroule ses tiges rouges
dépourvues de feuilles autour de l’Ortie.
La profusion des floraisons attire de nombreux
insectes, notamment des papillons comme les grandes
Vanesses (Paon du jour, Vulcain, Carte géographique)
ou l’Ecaille chinée. La Rousserolle verderolle et
le Phragmite des joncs font partie des oiseaux qui
recherchent ces habitats.
Les bas-marais, joyaux botaniques
Lorsqu’un pâturage extensif s’exerce sur les zones
humides, cela favorise les espèces basses.
La végétation prend des allures de prairie et le milieu
accueille de nombreuses espèces remarquables.
Certaines espèces ont des floraisons spectaculaires
comme l’Orchis négligé ou le Mouron délicat qui
forme des tapis de petites fleurs roses. D’autres, plus
anonymes, passent facilement inaperçues comme
les petites Laîches. La plus rare est sans doute la
Laîche de Maire dont le Vexin français abrite encore
une demi-douzaine de stations.
Aux premiers beaux jours, on peut surprendre la
Vipère péliade prendre un bain de soleil dans les
Laîches et les Joncs. Quant aux Argiopes, (araignées
jaunes et noires), elles aiment tisser leurs toiles
savantes dans ces milieux riches en insectes.
La vipère péliade apprécie la quiètude
des zones humides.
Orchis négligé
Iris jaune
Aconit pyramidal
Mégaphorbiaie des marais de Frocourt
Grèbe huppé
LA SAUVEGARDE DES ZONES HUMIDES,
Combien ?
Plus de 60% des zones humides ont disparu de notre région
Ile-de-France depuis le début des années 1950 ce qui a pour
conséquence d’amplifier les inondations ainsi que de conduire à
la disparition de nombreuses espèces animales et végétales
caractéristiques de ces milieux.
Pourquoi ?
L’hiver, en période de crues, l’eau se répand sur les zones humides
qui jouent un rôle d’éponge et évitent ainsi les inondations des
un enjeu prioritaire
espaces habités. L’été, ces espaces conservent leurs réserves en
eau souterraine et permettent à la flore et à la faune de s’épanouir.
En raison de leurs fonctions de régulateur hydraulique, d’épurateur
des eaux de surface et de réservoir biologique, les zones humides
doivent être restaurées et préservées.
Comment ?
Aujourd’hui protégées par la loi, les zones humides font l’objet
de plans de gestion et de restauration. Il s’agit de retrouver un
équilibre acceptable entre production et protection.
L A R E S TA U R AT I O N D E S Z O N E S H U M I D E S :
Le Parc s’est attelé à la restauration de deux grands marais, relayé
depuis 2003 par le Conseil Général du Val d’Oise dans le cadre de
sa politique sur les Espaces Naturels Sensibles : le marais de
Frocourt et celui du Rabuais.
Marais tourbeux à l’origine, ces sites ont été drainés et voués à la
culture de peupliers entre 1950 et 1995.
Au marais de Frocourt (vallée de l’Epte), une opération de
restauration globale du site en milieu humide avec alternance de
prairies et de boisement alluvial est en cours. Les actions mises
en place sont notamment :
• L’abandon du système de drainage, sauf sur les marges, afin
Travaux d'étrépage
au marais du Rabuais
un travail titanesque
de favoriser une meilleure répartition de l’eau sur l’ensemble
du site.
• La création d’une mare aux berges en pente douce favorable
à la flore et à la faune
• L’ouverture du milieu par débroussaillage et fauche.
• La mise en place d’un pâturage extensif avec des chevaux
Camargue et des vaches Salers pour entretenir le milieu ouvert.
Depuis 1997, le Marais du Rabuais fait également l’objet d’une
expérience de restauration écologique qui comprend notamment
des actions de réouverture du milieu et « d’étrépage » afin de
favoriser l’émergence des graines conservées dans la tourbe.
Pâturage camargue à Frocourt
13
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Prairies et habitats associés :
le bonheur est-il encore dans le pré ?
Les prairies ne sont pas
des milieux naturels
Une biodiversité menacée
à proprement parler mais
des écosystèmes façonnés
par l’homme. Pourtant,
il s’y est établi un équilibre
entre les activités humaines
et de nombreuses espèces
sauvages qui ont su y trouver
un habitat favorable.
Mais cette coexistence
harmonieuse est mise à mal
depuis 50 ans, principalement
en raison de la disparition
de l’activité d’élevage
et de la modification
des pratiques d’entretien
de ces espaces :
l’Ile-de-France a perdu
les trois quarts de ses prairies
entre 1960 et 1990.
Aujourd’hui, le territoire
Les prairies sont des milieux semi-naturels herbacés,
régulièrement entretenus par pâturage ou fauchage.
Bien que le Vexin soit un territoire de grande culture
depuis des siècles, les prairies occupaient traditionnellement de vastes espaces où les sols trop argileux
ou bien trop superficiels (calcaires, sables) étaient
peu favorables aux cultures, principalement dans
les vallées ou au pied des buttes.
Dans ces milieux, la végétation est dominée par les
graminées avec, dans les prairies humides, les
joncs et les laîches comme la Laîche distique.
Les prairies humides les moins artificialisées abritent
encore de superbes plantes à fleurs comme la Reinedes-prés dont les ombelles parfumées s’épanouissent
en juin-juilllet ou la Fleur-de-coucou aux délicats
pétales en lanières.
La flore des prairies sèches abrite aussi de nombreuses
espèces comme le petit Rhinanthe aux fleurs en
casque, l’Avoine dorée ou le rarissime Orchis brûlé.
Côté faune, les prairies sont le paradis des
Orthoptères (Grillons, criquets et sauterelles) avec
la Decticelle bariolée ou le Criquet des montagnes.
Cette manne d’insectes attire de nombreux oiseaux
comme le Tarier pâtre ou la Chouette chevêche.
Les bermes routières, enfin, sont devenues des zones
refuges pour de nombreuses espèces végétales
n’ayant pas pu survivre dans les prairies, comme
l’Orobanche pourpre présente en boucle de Guernes.
Chouette chevêche (ou chevêche d’Athena)
du Parc conserve environ
3000 ha de pâturages
dans les fonds de vallées
et autour des buttes boisées.
14
Decticelle bariolée mâle
Prairie pâturée complantée de pommiers
LA GESTION ÉCOLOGIQUE DES BERMES ROUTIÈRES
Espace refuge pour certaines espèces, ces zones de transition
doivent faire l’objet de programmes spécifiques.
En effet, les fauches trop fréquentes, l’utilisation d’engins
mécaniques qui rabotent le sol ou les herbicides qui détruisent
Haies, arbres, mares : richesse des habitats
associés
Les prairies étaient traditionnellement associées à
d’autres habitats : haies qui séparaient les parcelles,
arbres taillés en têtards qui produisaient le bois de
chauffe, vergers de haute tige qui assuraient une
rentabilité supplémentaire aux parcelles, mares qui
servaient d’abreuvoir au bétail.
Bien qu’occupant une superficie réduite, ces habitats
complétaient l’intérêt écologique des écosystèmes
prairiaux : les haies sont recherchées par la Fauvette
babillarde ou l’Hypolaïs ictérine pour y nicher, les arbres
taillés et les vieux fruitiers souvent creux permettent
la reproduction du Rouge-queue à front blanc et
abritent des insectes comme les Capricornes et les
Cétoines, les mares sont favorables à de nombreuses
espèces aquatiques.
Non compatibles avec l’évolution mécanisée des
pratiques agricoles, ces habitats associés ont beaucoup
disparu malgré l’importance de leur rôle écologique.
Prairie humide
faune et flore menacent ces milieux de substitution.
Une gestion avec fauche tardive peut être pratiquée sur des tronçons
sélectionnés sans danger pour la sécurité des automobilistes.
“ A M É L I O R AT I O N ” D E S P Â T U R E S :
L’agronomie moderne a inventé des techniques d’amélioration de la productivité des prairies : apports d’engrais,
assèchement des parcelles les plus humides, chaulage
des prairies sur sols acides, élimination des plantes à
fleurs jugées moins productives que les graminées par
des traitements herbicides, labourage de la prairie et
semis d’un nombre limité d’espèces réputées bonnes
fourragères.
Dans tous les cas, ces traitements aboutissent à la
régression de la biodiversité floristique et faunistique, les
espèces les plus remarquables étant les premières
éliminées.
Si de nombreuses espèces végétales de la prairie dite
« naturelle » où ces pratiques sont exclues ont une
valeur fourragère secondaire en situation climatique
normale, elles peuvent se révéler très productives lors
des années trop humides ou trop sèches. Ainsi, avec
sa forte diversité biologique, la prairie naturelle assurera
une production plus régulière, moins sensible aux aléas
quel profit à long terme ?
climatiques, le développement de certaines espèces
compensant la moindre production des autres.
De plus, les apports d’engrais favorisent à terme les
espèces nitrophiles* comme l’ortie ou les ronces, peu
appétantes pour le bétail. Et la réduction de la biodiversité déséquilibre le milieu : la moindre concurrence
entre les espèces favorise l’expansion de celles qui sont
le moins recherchées par le bétail comme les joncs ou
les renoncules, qui deviennent envahissantes et font
perdre rapidement à la prairie sa valeur fourragère.
On est donc obligé de faire un traitement herbicide, de
labourer la parcelle et de ressemer… ce qui perturbe
encore plus le milieu.
Pour sortir de ce cercle infernal, il est possible de faire
évoluer le milieu vers une situation d’équilibre par le biais
d’une gestion douce. Mais la restauration écologique
n’est possible que sur une échelle de temps très importante.
Il faut des décennies pour qu’un milieu prairial retrouve
diversité biologique et équilibre écologique.
Reine des prés
L E S M E S U R E S A G R I - E N V I R O N N E M E N TA L E S ( M A E )
L’Opération locale menée de 1997 à 2002 dans la vallée de l’Epte
puis le programme PRAIRIE sur l’ensemble du Parc naturel régional
qui a démarré en 2006 sont autant de soutien à l’activité agricole
et donc au maintien des prairies permanentes dans le Vexin.
Ces programmes sont animés et mis en place par le Parc et les
partenaires agricoles (Chambre d’Agriculture, Maison de l’Elevage)
et financés par la Région, l’Etat et l’Union Européenne. Il s’agit de
contrats signés sur 5 ans avec les agriculteurs leur permettant
de bénéficier d’aides financières pour le maintien de leur activité
tout en s’engageant sur un cahier des charges (élevage de type
extensif, diminution des intrants, entretien des haies et bosquets…)
pour une gestion extensive du milieu. Suite à ces mesures,
aujourd’hui, dans la vallée de l’Epte, le Vanneau huppé niche à
nouveau dans les prairies et le magnifique Criquet ensanglanté
fait sa réapparition.
15
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Bois humides :
la forêt les pieds dans l’eau
À la fois zones humides et
milieux forestiers, les bois
humides abritent de
nombreuses espèces
remarquables et jouent
également un rôle important
dans l’épuration des eaux de
surface et la régulation des
crues. Ceux-ci ont pourtant
fortement régressé et ne
subsistent que très
ponctuellement dans les fonds
de vallées.
On trouve différents types de bois humides dans
le Vexin français :
• En vallée de la Seine, ce sont les Saules qui
dominent, Saule blanc et Saule des vanniers.
• Dans les autres vallées, au débit plus régulier,
ce sont l’Aulne glutineux et le Frêne.
• L’Aulne est également dominant dans les bois
humides de pentes, associés aux nombreuses
sources du territoire, que l’on trouve au pied des
buttes. Il y est souvent associé au Tremble, seul
peuplier présent naturellement dans le Vexin français.
La flore herbacée est riche. Outre les espèces de
mégaphorbiaies présentes surtout en lisières, on y
trouve des espèces comme la Balsamine des bois
dont la vallée de l’Epte abrite les seules populations
franciliennes.
Boisement humide de pente
16
De grandes herbes peuplent les bois humides de
pente, comme la Laîche à épis pendants ou la Prêle
d’ivoire. Dans tous les cas, la végétation est exubérante
et le bois humide prend volontiers des allures de
forêt tropicale avec ses nombreuses lianes comme le
Houblon.
Nombre d’espèces animales s’y rencontrent. Puissant
et flûté, impossible à confondre, le chant du Loriot
d’Europe y résonne en mai et juin. Malgré son
plumage noir et or on ne l’aperçoit que rarement
car il se tient dans la canopée*, tout en haut des
arbres. Sur les saules et les trembles, on trouve l’impressionnante chenille du papillon Queue-fourchue
bien inoffensive malgré son air de petit dragon
destiné à dissuader les prédateurs.
Grande Prêle
Laîche pendante
Balsamine des bois
P E U P L I E R S : T R O U V E R L’ É Q U I L I B R E
Mode de valorisation économique des espaces de fond de vallée
dès le début du siècle dernier et favorisée d’autant par la disparition
de l’élevage dans les petites vallées, la plantation de peupliers a
fortement affecté les zones humides du Vexin.
Comme les résineux, les peupliers ne poussent pas naturellement
dans le Vexin français. Les arbres qui sont plantés sont le résultat
d’hybridations entre le peuplier noir, d’origine méditerranéenne
et des peupliers américains.
Ecologiquement, les feuilles de peuplier en se décomposant libèrent
des substances toxiques néfastes à la faune et à la flore indigènes.
De plus, si le peuplier pompe beaucoup d’eau (50 litres par jour),
il ne le fait qu’en saison de végétation, au printemps et en été.
Ce qui le rend inefficace pour jouer un rôle lors de périodes de crues
hivernales.
Enfin, contrairement à l’Aulne, le peuplier supporte mal les sols
engorgés en permanence et sa culture nécessite la mise en place
d’un système de drainage.
Aujourd’hui un équilibre en termes de surface doit être trouvé entre
la préservation de milieux humides ouverts ou boisés et la gestion
d’espaces dont la vocation est la rentabilité économique directe,
tels que les peupleraies.
17
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Bois calcicoles :
sous la forêt, les fleurs
Si dans leur majorité
les habitats forestiers sont
moins diversifiés en espèces
Promenade au bois joli
végétales que les milieux
ouverts, les bois calcicoles
qui s’établissent sur la craie
ou le calcaire des versants
des vallées font exception :
de février à octobre, c’est
un festin de fleurs
et de couleurs.
Suivez le guide…
Les bois calcicoles se caractérisent d’abord par la
diversité des arbres qu’ils abritent : Frêne, Charme,
Hêtre, Chêne pédonculé, Erables et Tilleuls y coexistent.
Ensuite, les arbustes sont souvent abondants et le
tapis herbacé bien développé.
La ronde des floraisons y commence dès février,
avec outre le Noisetier, le Cornouiller mâle, petit arbre
dont les fleurs, hermaphrodites comme son nom ne
l’indique pas, colorent les bois de versant d’une teinte
vert-jaune au premier printemps.
L’Anémone sylvie étale en mars ses tapis de fleurs
blanches. Avril voit le règne des orchidées comme
l’Orchis pourpre, l’Orchis mâle ou le délicat petit
Ophrys mouche.
À partir de mai, l’intensité lumineuse baisse en sousbois. Sonne alors l’heure des fougères qui déroulent
leurs frondes délicates à l’ombre des frondaisons. Et
de quelques fleurs étranges comme la Néottie nidd’oiseau, orchidée sans chlorophylle aux fleurs
caramel.
C’est sur la lisière, dans l’ourlet calcicole*, que se
concentrent alors les plus belles floraisons : celle de
l’Ancolie en mai ou de la Campanule à feuilles de pêcher
en juin.
L’automne arrive et dès les premiers frimas, le bois
calcicole flamboie : jaune d’or de l’Erable champêtre,
orange du Hêtre, rose pourpré du Merisier, rose saumon
de l’Alisier torminal, rouge des fruits de l’Aubépine
et du Cornouiller mâle.
De la fraicheur des ravins…
Ancolie
Même au cœur de l’été, la fraîcheur se maintient
dans les bois calcicoles établis sur des pentes fortes
exposées au nord ou bien au fond de ravins encaissés. Ces conditions particulières sont favorables
aux fougères comme la Scolopendre ou le Polystic
à aiguillons et des espèces d’affinités montagnardes
comme l’Actée en épis.
Fougère scolopendre
18
… Aux coteaux brûlés
À l’opposé, les bois calcicoles exposés au sud supportent une chaleur et une sècheresse importantes en
été. Arbre méridional, le Chêne pubescent (ou Chêne
blanc) est parfaitement adapté à ces conditions. Il
peut être accompagné de plantes méridionales aux
couleurs éclatantes comme le Géranium sanguin, le
Grémil pourpre-bleu ou le Limodore à feuilles avortées, grande orchidée toute pourprée.
Limodore à feuiles avortées
Actée en épis
Bois calcicole de pente
LA JONQUILLE, VICTIME DU PILLAGE
La Jonquille, une des plus belles fleurs forestières, croît dans les
bois sur substrat sablo-calcaire. Victime de sa beauté, elle fait
l’objet d’un véritable pillage, ramassée par cageots entiers dès les
premiers jours de printemps. Pourtant sa cueillette est
réglementée dans le Val d’Oise par arrêté préfectoral, et seule la
récolte « familiale » limitée à 10 fleurs est autorisée.
LE RÔLE DES « OURLETS »
Les ourlets sont des formations végétales linéaires qui se
développent sur les lisières des forêts. Ils abritent une diversité
floristique remarquable qui attire de nombreux insectes.
Ces milieux subissent une très forte régression car ils sont, par
nature, situés la plupart du temps en transition entre le milieu
forestier et un espace utilisé par l’homme (cultures, chemins,
routes…). En limite de cultures, les traitements herbicides
et l’apport de nitrates détruisent les espèces de l’ourlet qui sont
remplacées par des nitrophiles banales comme l’ortie.
Le long des chemins, ils sont victimes des passages répétés de
véhicules.
En bord de route, ce sont les modes de gestion des dépendances
routières (herbicide, fauches trop répétées) qui éliminent les espèces
les plus fragiles.
19
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Pelouses calcicoles :
sous le soleil exactement
On les nomme « pelouses »
parce que la végétation est
dominée par des graminées
Un microtclimat contrasté
plus basses que dans une
prairie. Mais là s’arrête
la comparaison avec
les pelouses des parcs
et des jardins. Les pelouses
calcicoles sont des milieux
naturels abritant une faune
et une flore très particulières
qui trouvent sur les coteaux
ensoleillés du Vexin
français la chaleur
qu’elles affectionnent.
Les pelouses calcicoles s’établissent sur les versants
des vallées, le plus souvent sur des pentes fortes exposées
au sud. Le sol qui recouvre la craie ou le calcaire est
peu épais, naturellement pauvre en éléments nutritifs.
La roche sous-jacente étant perméable, ce sol superficiel
retient peu l’eau, soumettant la végétation à une forte
sècheresse estivale.
Ces conditions pédologiques* particulières sont
renforcées par l’intensité du rayonnement solaire
due à la pente et à l’exposition : la température
moyenne du sol sur une pelouse calcicole est, en
été, de 3° C supérieure à celle d’un bois établi sur le
même substrat. Des conditions qui s’approchent
de celles des milieux naturels méditerranéens.
Mais si le soleil brûle en été la pelouse calcicole,
elle ne bénéficie pas en hiver de la protection d’un
couvert forestier. La température du sol sera
en moyenne de 5° C inférieure à celle d’un bois
calcicole, et le nombre d’heures de gel 10 fois
supérieur. Des conditions favorables aux espèces
montagnardes, capables d’affronter gel et blizzard.
C’est de cette double influence, méridionale et
montagnarde, que va naître l’originalité faunistique
et floristique de la pelouse calcicole. Et sa richesse :
sur le site des coteaux de la Seine, on a recensé
470 espèces végétales dont 14 sont protégées et
128 autres peu fréquentes en Ile-de-France.
Machaon
20
Du thym et des cigales
La première fleur à s’épanouir dans la pelouse
calcicole est une montagnarde : la Seslérie bleue,
jolie graminée dont les épillets métalliques émergent
dès février. Commune dans les pâturages alpins,
globalement rare en plaine, elle est abondante sur les
coteaux de la Seine.
Robe de velours violet, étamines d’or, l’Anémone
pulsatille suivra en mars-avril. Mai amène les
premières chaleurs sur la pelouse et c’est l’explosion
des orchidées comme l’Ophrys bourdon et l’Orchis
militaire ainsi nommé en raison du casque formé
par les sépales, tandis que les tapis de Thym serpolet
se couvrent de petites fleurs roses.
À partir de juin, la sécheresse ensommeille la vie
végétale de la pelouse mais elle réserve encore
quelques superbes floraisons comme celles de la
Centaurée scabieuse ou de la Campanule agglomérée.
L’été, c’est surtout la vie animale qui attire l’attention.
La pelouse devient le royaume des papillons, petits
comme les azurés aux ailes turquoise et grands comme
le Gazé ou le Machaon.
À chaque pas les criquets jaillissent des chaumes
déjà jaunis. Ce sont les proies préférées de la Mante
religieuse qui se tient immobile sur une herbe, ses
pattes prédatrices repliées en une bien étrange prière.
Au bestiaire fantasque de la pelouse, il faut citer aussi
Atypus affinis, petite mygale qui creuse un terrier recouvert de soie. Elle y attendra l’insecte imprudent
qui, en effleurant son ouvrage, signalera sa présence
et finira poignardée par les longs chélicères* de
l’araignée.
Bien qu’on ne l’entende que rarement en raison de
son chant beaucoup plus discret que celui de ses
cousines méditerranéennes, la Cigale des montagnes
est assez bien représentée sur les coteaux du Vexin
français. Plus discrètes que leurs célèbres cousines
méridionales, deux espèces de cigales, Cicadetta
cantilatrix et Cicadetta montana, sont assez bien
représentées sur les coteaux de Vexin français. La
première a d’ailleurs été récemment décrite sur le
territoire grâce à l’analyse de son chant.
Et sous le soleil, on trouve bien sûr, les reptiles,
lézards et serpents. Animaux à sang froid, ils passent
l’hiver en hibernation et c’est en mars-avril,
lorsqu’encore tout engourdis ils prennent un
premier bain de soleil que vous aurez le plus de
Mante religieuse
Lézard vert
chances de les surprendre : le magnifique Lézard
vert à la livrée d’émeraude, la Vipère péliade ou la
très discrète Coronelle lisse, couleuvre prédatrice de
lézards.
Le pâturage, garant de la richesse
des pelouses
À l’origine, les pelouses calcicoles se trouvaient dans
de vastes clairières au sein de la forêt primitive où les
grands herbivores sauvages limitaient l’implantation
des arbres et des arbustes. À partir du néolithique,
les coteaux font l’objet d’un pâturage extensif, de
moutons surtout et, le plus souvent, itinérant. Les
parties les moins pentues des coteaux sont, quant à
elles, dévolues à la culture de plantes adaptées aux
conditions climatiques de ces milieux comme la
vigne ou le prunier.
Cette gestion qui concilie très bien agriculture et
biodiversité perdure jusqu’au début du XXe siècle.
Mais ses faibles rendements ne lui permettront pas
de résister aux pressions économiques de ce siècle.
Les pelouses sur des sols relativement profonds sont
labourées ou bien amendées et transformées en prairies.
Mais la plupart sont simplement abandonnées. En
l’absence de pâturage, une graminée, le Brachypode
penné se révèle envahissante. D’autant qu’il produit
une litière de feuilles mortes qui étouffe les autres
espèces. Ou bien les arbustes puis les arbres
s’installent. Dans tous les cas, la richesse de la
pelouse calcicole disparaît.
UNE GESTION NÉCESSAIRE
Dans le cadre d’un programme européen LIFE nature entre 1999
et 2003, le Parc naturel régional a entrepris une opération pilote
de gestion des pelouses calcicoles des coteaux de la Seine.
Le site (270 ha) fait aujourd’hui l’objet d’un projet de réserve
naturelle nationale en cours d’instruction.
L’objectif de ces travaux, peu mécanisés en raison des conditions
de pente, est de restaurer par des actions de débroussaillage et de
fauche des espaces ouverts et de les remettre progressivement
Pâturage ovin sur les coteaux de Seine
Zygènes sur une Centaurée
scabieuse
en pâturage extensif principalement par des ovins, grâce à un
partenariat avec des éleveurs locaux. A terme, le souhait est
d’obtenir une mosaîque de milieux ouverts, semi-ouverts et
boisés, favorisant ainsi le maximum de biodiversité.
Sans cette gestion, le milieu serait livré à la colonisation spontanée
par les ligneux et la forêt gagnerait progressivement.
La biodiversité animale et végétale liée aux espaces ouverts
et ensoleillés disparaîtrait alors complètement.
LA VIGNE EN VEXIN FRANÇAIS
« Côte aux vignes », « La Grande Vigne », « Rue de la Vigne »,
la toponymie du Vexin français résonne encore des longues amours
que le petit pays entretint avec la plante. Elle marque toujours les
paysages vexinois : ici, le promeneur la verra, ensauvagée,
assaillir les broussailles du coteau. Là, le petit bois de châtaigniers
établi sur les sables en haut du versant rappelle que la culture de
cet arbre était naguère associée à la vigne à laquelle il fournissait
un bois imputrescible pour la fabrication des piquets et des tonneaux.
Ou bien encore les nombreuses caves troglodytiques, les « boves »,
où l’on remisait les fûts avant de les mener par le fleuve vers
Paris.
Le chemin de fer d’abord, en inondant l’Ile-de-France des
productions languedociennes plus compétitives, le phylloxéra
ensuite, la standardisation enfin ont eu raison de la vigne vexinoise. Elle résiste malgré tout sur une poignée d’arpents à Guernes,
Saint-Martin-la-Garenne ou Vauréal.
Phalangère à fleurs de Lys
LE GENÉVRIER S’ACCROCHE AUX MAISONS VEXINOISES
Le Genévrier aux formes de petit sapin est le seul conifère poussant
naturellement dans le Vexin français. Il y porte le nom de « pétillon »,
allusion à la pétarade que produit son bois riche en résine quand
on le porte au feu.
Le pétillon faisait autrefois l’objet d’une fête traditionnelle en Vexin.
La branche accrochée au-dessus des portes d’entrée des maisons
avait la même signification de porte-bonheur que le gui pour la nouvelle année.
21
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Terrasses alluviales :
le monde des steppes
En même temps qu’elle
creusait son lit dans la craie
tendre des versants, la Seine
y a déposé des alluvions
charriées depuis l’amont.
Un milieu hostile, fait
de sables et de cailloux,
qui permet le développement
d’une faune et d’une flore
très originales.
Quand un sol pauvre et sec engendre la
richesse écologique
Les habitats se développant sur les terrasses alluviales ont des points communs avec les pelouses
calcicoles : le sol est pauvre, très filtrant et la chaleur
au niveau du sol en été est intense.
On y retrouve donc les mêmes types d’adaptation au
milieu : ainsi les plantes peuvent adopter plusieurs
stratégies : certaines comme le Serpolet développent
des réseaux racinaires très importants. D’autres ont
des feuilles découpées en fines lanières pour limiter
les pertes d’eau dues à l’évapotranspiration comme
l’Armoise champêtre. D’autres, comme l’Orpin blanc,
stockent l’eau dans des feuilles épaissies. Enfin
les espèces annuelles se développent, fleurissent,
fructifient rapidement en début de saison quand
l’eau est encore présente en surface et passent l’été
sous forme de graines.
Traditionnellement, les terrasses alluviales étaient
comme les pelouses calcicoles utilisées en pâturages
extensifs. Les pelouses s’y développant sont appelées
« pelouses sablo-calcaires » en référence au substrat.
Elles ont de nombreuses espèces végétales en
commun, mais la pelouse sablo-calcaire possède des
espèces qui lui sont propres comme l’Armérie des
sables, cousine du gazon d’Olympe des falaises
littorales, et le Bugle de Genève aux fleurs bleu intense.
Les conditions de vie sont encore plus rudes pour les
plantes dans les secteurs qui ont été exploités en
carrière. Parmi les graviers, se développent de petites
espèces annuelles comme les Vulpies ou les
Cotonnières.
Les alluvions plus anciennes, situées à des niveaux
topographiques supérieurs, sont décalcifiées. Les pelouses sont dominées par des espèces acidiphiles*,
comme l’Hélianthème à goutte dont les fleurs jaune
pâle au centre rouge ne durent que quelques heures : les pétales se détachent en milieu de matinée,
dès que la température s’élève. Une autre stratégie
pour limiter les pertes d’eau. Sur ces sols décalcifiés,
une lande peut s’installer avec la Callune et le Genêt
à balais accompagné de son parasite, l’Orobanche du
genêt.
Les terrasses alluviales sont également le refuge d’une
faune originale adaptée à ces milieux arides.
Beaucoup ont développé des stratégies de camouflage
élaborées comme l’Oedicnème criard (voir encadré)
ou l’Oedipode turquoise. Cet oiseau et ce criquet
partagent une livrée cryptique qui les dissimule
efficacement dans leur habitat caillouteux. Lorsqu’un
intrus approche ils restent immobiles et décollent
au dernier moment, déployant des ailes aux couleurs
contrastées, blanches et noires chez l’oiseau, bleues
et noires chez le criquet. Ils se posent un peu plus
loin et, en refermant leurs ailes, disparaissent
littéralement. Un vrai tour de passe-passe, qui
déboussole efficacement les prédateurs.
Autres oiseaux typiques de ces milieux,
l’Engoulement d’Europe dont on entend le curieux
chant au crépuscule dans les landes piquetées de
bouleaux et l’Hirondelle de rivage qui niche sur les
berges et les fronts de taille des carrières.
L'OEDICNÈME CRIARD
L'Oedicnème criard est un oiseau essentiellement terrestre,
surtout actif au crépuscule ou à la nuit. Reconnaissable à
son œil jaune et à ses longues pattes, il est difficile à voir en
raison de son mimétisme avec le milieu qu'il fréquente.
Depuis 20 ans, cet oiseau a fortement régressé. Dans le Vexin
français, il a trouvé des habitats de substitution aux cultures
sur sols caillouteux qu'il fréquentait autrefois : les anciennes
carrières des boucles de Seine. Toutefois, la pérennité de ces
populations d'oedicnèmes est liée à une gestion adaptée de
son habitat et notamment au maintien de milieux herbacés
caillouteux.
22
Œdicnème criard
Des milieux menacés
Les pressions qui s’exercent depuis 50 ans sur ces
habitats sont très fortes.
Une partie des exploitations de carrières (extraction
de sables et de granulats), situées en dessous du
niveau de la nappe, sont aujourd’hui en eau. Ces
grands plans d’eau très profonds constituent
notamment des zones d’accueil pour les oiseaux
d’eau du nord de l’Europe fuyant le gel. Mais on est
loin de l’intérêt écologique des milieux préexistants.
Ceux-ci peuvent se reconstituer sur les anciennes
Orpin réfléchi
carrières sèches où des milieux dits « néo-formés »
accueillent une partie des espèces présentes originellement sur les terrasses alluviales. Mais ces milieux
peu productifs sont menacés par différents modes de
« valorisation » comme divers projets de valorisation
sportive ou touristique ou encore les reboisements
imposés à une certaine époque par la réglementation
dans le cadre des réaménagements de carrières, qui
aboutissent à la disparition des espèces des milieux
steppiques.
L E B O I S D U C H Ê N AY, U N S I T E U N I Q U E
Entre Saint-Martin-la-Garenne et Vétheuil, le Bois du Chênay est
l’ultime relique d’une très ancienne terrasse alluviale déposée par
la Seine lorsque son lit ne s’était pas encore creusé dans la craie.
Le substrat est constitué de sables décalcifiés plaqués sur le
calcaire lutétien ou les argiles du sparnacien. La végétation est
dominée par des chênes clairsemés avec une flore très originale
mêlant espèces calcicoles et acidophiles. Ces milieux particuliers
abritent de nombreuses espèces végétales très rares en Ile-de-France
comme la Potentille des montagnes, la Porcelle maculée ou encore
la Serratule des teinturiers.
Toute proche, la butte du Hutrel regroupe des espèces de pelouses
calcicoles et de bas- marais* comme le Pissenlit des marais dont
il s’agit d’une des dernières populations régionales.
Le Rougequeue à front blanc et le Faucon hobereau fréquentent
ces sites. Ces espaces exceptionnels sont intégrés au site Natura
2000 des boucles de la Seine.
Légende
Oedipode turquoise
Bois du Chesnay
Lande sèche
L E R É S E A U N AT U R A 2 0 0 0 D A N S L E V E X I N
Le réseau Natura 2000 constitue un outil de préservation des
écosystèmes menacés à l’échelle européenne. Le système de
préservation repose avant tout sur la gestion concertée et non
sur un « gel des territoires ».
Dans le Vexin français ce réseau concerne à l’heure actuelle
4 sites : « vallée de l’Epte francilienne et ses affluents »,
« coteaux et boucles de la Seine », « boucles de Guernes, de
Moisson et de Rosny », « chiroptères du Vexin français ».
Ceci représente environ 5000 ha dans le périmètre du Parc
répartis sur une trentaine de communes.
23
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Là-haut sur la montagne,
les buttes stampiennes
Malgré leur statut de points
culminants de l’Ile-de-France
les buttes qui surplombent
le plateau vexinois ont tout
juste l’air de collines.
Et pourtant, en y regardant
de plus près, il y souffle
comme un petit air
de montagne…
Au pays des myrtilles
En haut, des argiles. En dessous, encore des argiles.
Entre les deux des sables acides avec parfois
des blocs de grès. Le tout datant de la dernière
transgression marine ayant affecté l’Ile-de-France,
au Stampien, il y a environ 30 millions d’années.
Voilà la carte d’identité géologique des buttes vexinoises.
Les sols sont donc acides, ce qui les différencient
des autres sols vexinois majoritairement calcaires.
Ils sont très secs au niveau des sables et les zones
humides se concentrent au niveau des argiles :
mares au niveau des argiles à meulière en partie
supérieure, sources et suintement de pente au
niveau des argiles vertes en pied de buttes.
Le Chêne sessile, le Hêtre, le Bouleau et le Châtaignier,
ce dernier introduit depuis fort longtemps en raison
de son rôle dans la viticulture traditionnelle, sont
les arbres dominants sur les sables.
Depuis les bords de la Seine toute proche, l’altitude
au sommet des buttes s’est élevée de près de 200 m.
Cela suffit pour modifier sensiblement le climat :
l’air est plus frais et plus humide sur les buttes que
nulle part ailleurs dans le Vexin. Et cela permet à la
flore de s’enrichir de plantes que l’on a plutôt
l’habitude d’associer aux régions de montagnes.
Comme la Myrtille, espèce rare en Ile-de-France qui
devient abondante sur les buttes vexinoises.
L’atmosphère fraîche et humide est aussi très favorable
aux fougères : la Fougère femelle et la grande
Fougère-aigle sont abondantes. Plus rare, le Blechnum
en épis recherche les endroits les plus frais à proximité
des sources.
La faune aussi prend un air de montagne : au printemps,
vous entendrez le puissant tambourinage du Pic noir
résonner dans les grands hêtres.
Blaireau
Blechnum en épi
LE BLAIREAU
Avec sa face noire et blanche caractéristique, le blaireau est
difficile à observer mais sa présence est facilement repérable en
raison de son terrier. Celui-ci est constitué d’un réseau important
de galeries, surmonté de plusieurs monticules de terre et comporte
24
des entrées en « toboggans ».
Cette espèce a beaucoup régressé depuis les 20 dernières années,
victime des gazages des renards, avec lesquels elle cohabite
souvent, et de la circulation routière.
Etranges tourbières
Au contact des sables et des argiles sous-jacents,
l’eau ressort sous forme de sources ou de suintements.
Cette eau acide, très pauvre en nutriments et en oxygène,
favorise le développement d’habitats très originaux,
les tourbières.
Le Bouleau pubescent et l’Aulne sont les seuls arbres
à pousser dans ces milieux asphyxiants. Le sol, noir
et fangeux, est souvent recouvert d’un épais tapis
de mousses, les Sphaignes, qui forment de gros
coussinets.
C’est ici que vit l’Osmonde royale dont les immenses
frondes peuvent dépasser deux mètres.
Plus discrète mais tout aussi remarquable, la Laîche
lisse recherche les layons forestiers humides. C’est
aussi là que poussent l’Orchis maculé dont les épis
de fleurs blanc rosé s’épanouissent en juin et la
Succise des prés dont les capitules violets s’ouvrent
en juillet-août.
Les landes, habitats très menacés
Osmonde royale
Les landes qui occupaient autrefois de vastes
ensembles ont fortement régressé sur les buttes
vexinoises et ne se rencontrent le plus souvent que
sur des espaces limités.
La lande sèche est caractérisée par la Callune et la
Bruyère cendrée. Cette espèce atlantique possède
en Vexin français l’une de ses très rares populations
au nord de la Seine. Dans la lande humide, on trouve
la Bruyère à quatre angles aux fleurs en clochettes
rose pâle accompagnée d’une grande graminée dont
les grosses touffes jaune paille se voient bien hiver,
la Molinie.
Orchis maculé
Bruyère à quatre angles
Osmonde royale
QUELLE GESTION DES BUTTES BOISÉES ?
Les milieux forestiers représentent seulement 17%
du territoire du Parc.
Principalement en propriété privée et très morcelés
sur le plan du foncier, ces espaces sont difficiles à
appréhender. Divers usages s’y rencontrent, (chasse,
sylviculture ou promenade) lesquels ne sont pas toujours
faciles à concilier.
Néanmoins, une des principales difficultés est la
préservation de petits milieux ouverts (landes et
tourbières), en l’absence fréquente de gestion.
Bois humide de versant
Sphaigne
25
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Plateaux cultivés : le regard au loin
Recouverts d’une épaisse
couche de limons fertiles,
les plateaux vexinois sont
Petite histoire de la campagne vexinoise
depuis des millénaires
dévolus à la grande culture.
Ces grands espaces ondulés
qui plongent dans les petites
vallées qui entaillent
le plateau sont le paysage
caractéristique le plus connu
du Vexin. C’est le domaine
de l’Alouette des champs
qui lance ses trilles
aux premiers beaux jours.
Le paysage de champs ouverts, la « campagne » au
sens premier du mot, que nous voyons aujourd’hui
est certainement très proche de celui qu’ont découvert
les légions romaines lorsqu’elles ont pris le contrôle
des riches terres des Véliocasses, il y a 2000 ans.
Les Romains réorganisent le parcellaire du Vexin et
le découpent en grosses fermes, les villas, alignées
le long de la voie qui relie Lutèce à Rotumagos (Rouen),
l’actuelle chaussée Jules-César.
Durant des siècles, rien ne bouge ou presque. Les villas
deviennent simplement des villages et conservent
en partie leurs limites héritées de l’époque gallo-romaine
encore bien visibles aujourd’hui quand on regarde
une carte administrative du Vexin français.
Bleuets et coquelicots
26
Le XXé siècle modifie peu le paysage des plateaux
contrairement à ceux des coteaux et des vallées.
Pourtant, lorsque l’on regarde de plus près, ce sont
les éléments ponctuels et structurant de ce paysage
qui ont été modifiés : disparition des haies, vergers,
mares, alignements d’arbres le long des routes,
ceintures « vertes » des villages.
Et puis surtout, changement fondamental mais non
perceptible dans le paysage, l’intensification des
modes de cultures.
Alouette des champs
Paysage de plateau
Les coquelicot de M. Monet
Les Coquelicots vexinois, immortalisés il y a un peu
plus d’un siècle par Claude Monet, se maintiennent
en petit nombre dans les friches ou au bord des routes.
Beaucoup d’autres espèces de la flore des cultures
ou espèces « messicoles » (associées aux moissons)
n’ont pu s’adapter comme le Coquelicot à des milieux
de substitution et ont disparu ou presque du territoire
comme le Miroir-de-Vénus ou le Bleuet jadis
compagnon omniprésent du Coquelicot.
Toutefois, la boucle de Guernes abrite encore
quelques espèces remarquables comme le Peignede-Vénus dont les fruits à long bec évoquent un
peigne espagnol.
Les oiseaux des cultures ont subi le même sort. Voilà
plusieurs décennies que l’Oedicnème criard s’est
replié sur les anciennes carrières des boucles de
Seine même s’il profite encore de quelques cultures
sur les hautes terrasses alluviales.
La Caille des blés est devenue rare mais le Buzard
Saint Martin survole encore les plateaux.
La biodiversité des plateaux cultivés est encore là,
potentielle, mais tributaire de l’évolution des
pratiques agricoles dans les prochaines décennies.
Paysage de culture en limite de la vallée de l’Epte
27
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Les petites peluches du monde
des ténèbres
Leurs moeurs nocturnes,
leur fréquentation du monde
souterrain et la drôle de tête
que leur donnent les organes
d’écholocation* ont fait courir
sur elles les plus folles
rumeurs : tantôt vampires
assoiffés de sang, tantôt
La descente aux enfers
L’hiver, c’est sous terre qu’il faut aller pour rencontrer
les chauves-souris, appelées scientifiquement
« chiroptères », c’est à dire « mains en forme d’aile ».
Insectivores, les chauves-souris des régions tempérées
passent en effet l’hiver en état d’hibernation, meilleur
moyen de survivre en une période où elles ne trouvent
pas à manger.
souterraines désaffectées. Le Vexin français qui possède
beaucoup de ces carrières liées à l’exploitation
ancestrale des calcaires lutétiens est donc une
région particulièrement favorable aux chauves-souris.
11 espèces différentes ont été recensées sur le territoire
du Parc naturel régional, chacune avec des effectifs
variables.
Si quelques espèces hibernent dans les arbres creux
comme les Noctules ou dans les bâtiments comme
les Pipistrelles, la plupart des chauves-souris se
réfugie dans des cavités souterraines où la température
descend moins bas.
La plupart des espèces hiberne posées sur une corniche ou dans une fissure, en boule, les ailes repliées le
long du corps.
monstres sataniques,
les Chauves-souris ont
mauvaise réputation.
Et pourtant ces inoffensifs
insectivores deviennent
bien sympathiques
Les grottes naturelles étant rares dans les régions de
plaines, les chauves-souris recherchent les carrières
quand on prend la peine
de faire plus ample
connaissance.
Grand murin
28
Elles ont alors vraiment l’air de petites peluches
au poil soyeux. Les Rhinolophes, quant à eux,
dorment accrochés par les pieds, la tête en bas, les
ailes entourant le corps comme un parapluie.
À chaque espèce son territoire
et sa technique
Dès que les beaux jours reviennent, les chauvessouris se réveillent. Elles se nourrissent la nuit, quand
leurs concurrents diurnes, les oiseaux, sont couchés
et elles se repèrent grâce à des systèmes sophistiqués
d’écholocation par ultrasons qui ressemblent à nos
sonars.
Chaque espèce à sa spécialité : un milieu et une
technique bien définis.
Le grand Rhinolophe est le spécialiste des haies et
des lisières arborées où il vole au ras des branches.
Les Noctules hantent les hautes frondaisons et le
Murin à oreilles échancrées fonce dans le feuillage
pour attraper les araignées.
Le Vespertilion de Daubenton recherche les zones
humides et les rivières. Le Vespertilion de Natterer
chasse au ras du sol et le grand Murin n’hésite pas
à mettre pied à terre pour se nourrir d’insectes terrestres
en marchant.
Quant à la Pipistrelle, la plus commune des chauvessouris, elle peut passer la nuit entière à faire
bombance autour d’un unique réverbère.
Entrée protégée de la cavité de Villarceaux
Des mamans squatteuses
Les chauves-souris se reproduisent dans des sites
variés. Les Noctules recherchent des arbres creux et
le Vespertilion de Natterer des fissures dans les vieux
murs ou sous les ponts.
Chez beaucoup d’espèces, les futures mamans se
regroupent pour mettre bas ensemble dans des
bâtiments, granges, combles et greniers.
PROTEGER LES CHAUVES-SOURIS
Pour protéger les chauves-souris, il faut intervenir sur
tous les habitats nécessaires au cycle biologique de ces
espèces : protéger les sites d’hibernation, mais aussi
les sites de reproduction et les milieux où elles chassent.
La préservation des zones de chasse passe par des
actions globales sur les habitats menacés (prairies,
rivières, zones humides, haies) et celle des sites de
reproduction par une coopération avec les habitants du
Vexin français. C’est l’objet du programme d’actions en
cours sur le territoire du Parc naturel régional.
Carrières souterraines dans les calcaires lutétiens
(photo J.C. Pansanel)
29
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Biodiversité des villages :
la nature à votre porte
Vous trouvez du charme
aux vieilles pierres
du Vexin français ?
Safari sur un vieux mur
La nature aussi.
Et pour peu qu’on l’aménage
de manière favorable
et qu’on y tolère un certain
négligé, le jardin vexinois
peut devenir une oasis
de vie sauvage.
Construit en matériaux naturels, calcaire lutétien et
mortier, le vieux mur vexinois constitue un habitat
très proche d’une paroi rocheuse. Des plantes
inféodées à ces milieux le colonisent sans difficulté
comme les Doradilles, petites fougères capables de
reviviscence : elles se dessèchent quand l’eau fait
défaut et elles se réhydratent à la première pluie.
Le sommet du mur est colonisé par des petites espèces
annuelles comme la Saxifrage à trois doigts ou des
plantes « grasses » comme l’Orpin blanc.
Les creux entre les pierres sont recherchés par de
nombreux insectes comme les Osmies qui y déposent
leurs œufs. Les cavités plus importantes abritent le
Rougequeue noir tandis qu’au pied du mur
elles constituent un gîte de choix pour le Crapaud
accoucheur ou Alyte. Au printemps, il berce les nuits
des villages de son chant flûté.
Et lorsque le lierre recouvre le mur, les Mésanges
viendront y nicher et des abeilles sauvages y butiner.
Les bâtiments, surtout les bâtiments anciens,
sont recherchés par de nombreuses espèces pour
s’y reproduire.
Les grands bâtiments comme les églises et les châteaux
abritent la Chouette effraie et le Martinet noir. Les
Hirondelles rustiques et de fenêtre recherchent les
granges et les corniches sous les toits.
Hérisson
Ceterach officinale
30
Alyte
Haies, buissons et vergers :
un 3 étoiles pour les oiseaux
Il en va des jardins comme des forêts : les arbres
et les arbustes indigènes, poussant naturellement
dans le Vexin, sont beaucoup plus favorables à la vie
sauvage que les espèces exotiques comme le Thuya.
Les haies composées d’arbustes seront propices à la
nidification des fauvettes (Fauvette à tête noire,
Fauvette grisette, Fauvette babillarde). Au printemps,
la haie devient une salle de concert où chaque espèce
rivalise de virtuosité.
Les haies composées d’arbres âgés avec des cavités
et les vieux vergers de haute tige sont favorables à
des espèces menacées comme la Chouette chevêche
ou le Moineau friquet.
Les bâtiments anciens sont plus favorables à la vie
sauvage que les constructions modernes. Mais vous
pouvez la favoriser en y posant, par exemple, des
nichoirs.
L’ O P É R A T I O N « D E S P O M M E S E T D E S C H E V Ê C H E S »
Depuis plusieurs années, un programme d’actions pour la
protection des Chouettes chevêches et du patrimoine fruitier
de notre région est mené en partenariat entre le Parc naturel
régional, le club CPN (Connaître et protéger la nature) de la vallée
du Sausseron et l’association des Croqueurs de pommes
d’Ile-de-France.
Ce programme vise à la fois la restauration et la plantation de
vergers avec des variétés locales, et la consolidation et le suivi
des populations de Chouette chevêche dans le Vexin grâce
notamment à la pose de nichoirs adaptés. Des formations et
manifestations grand public comme la fête annuelle de la pomme
accompagnent ces actions.
UN JARDIN POUR LA VIE
Il est facile de favoriser la biodiversité dans un jardin en suivant
quelques règles simples :
Plantez en majorité des arbres et des arbustes feuillus poussant
naturellement dans le Vexin français. Utilisez les produits de
jardins (engrais, désherbants, insecticides) avec modération et
traitez juste là où il faut. Car en traitant trop vous interdirez à
votre jardin de trouver son équilibre. N’oubliez pas qu’en éliminant
les pucerons de vos rosiers avec de l’insecticide, vous tuerez
Hirondelle rustique
aussi les coccinelles qui sont vos alliées naturelles contre les
pucerons.
Diversifiez les habitats en créant une mare ou en laissant un tas
de pierre dans un coin. Ces micro-habitats vont attirer de
nouvelles espèces chez vous.
Tolérez un certain négligé dans votre jardin : laisser un coin de
pelouse non tondue régulièrement fera le bonheur des insectes,
criquets et papillons.
Ceinture verte autour du village d’Us
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D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Pourquoi faut-il protéger
les habitats naturels et la biodiversité
dans le Vexin français ?
Les menaces pesant
sur les espèces sauvages
sont l’un des grands
problèmes environnementaux
de notre planète.
Du fait du développement des activités économiques
et des modifications intervenues dans la gestion des
territoires depuis 50 ans, le rythme d’extinction des
espèces est actuellement plus de 1000 fois supérieur
à ce qu’il devrait être naturellement.
Les experts estiment qu’entre 5% et 15 % des espèces
s ‘éteindront irréversiblement d’ici 2020. À l’horizon
2100, c’est plus d’un million d’espèces qui pourraient
disparaître définitivement de la planète.
À côté des menaces pesant sur des espèces emblématiques comme l’Ours polaire dont la presse se
fait l’écho, de nombreuses espèces de plantes
et d’animaux encore abondants il n’y pas si longtemps
régressent, abandonnant de vastes territoires devenus
inhospitaliers : l’hirondelle de fenêtre, la Chouette
chevêche, le grillon des champs, le bleuet ou la
bruyère cendrée sont dans ce cas.
Et s’il nous faut protéger toute cette diversité d’espèces,
ce n’est pas simplement parce qu’elle égaye nos jardins.
Les espèces sauvages constituent en effet des com-
munautés très organisées, les écosystèmes, qui agissent sur le milieu physique et le milieu humain. Ils
jouent un rôle fonctionnel, participant à la gestion et
à la production des territoires.
Or on sait aujourd’hui que plus les écosystèmes sont
diversifiés et proches d’un état naturel, mieux ils
remplissent ces rôles : un bois alluvial naturel filtrera
mieux les pollutions qu’une peupleraie, une zone
humide riche et diversifiée absorbera mieux les
excédents d’eau lors d’une crue, une forêt naturelle
résistera mieux aux tempêtes ou aux maladies
qu’une plantation d’espèces exotiques, une prairie
écologiquement riche et diversifiée assurera une
production fourragère plus régulière en cas d’aléa
climatique.
La biodiversité est avant tout une alliée qui nous
aide à gérer notre espace. En la protégeant, c’est
nous, et nos enfants, que nous protégeons.
MIEUX CONNAÎTRE POUR MIEUX PROTÉGER
En résumé, l’intérêt patrimonial du Vexin français réside à la
fois dans la diversité des habitats naturels qui y sont représentés,
dans la présence de certaines espèces en limite d’aire de répartition,
et celle d’un grand site d’intérêt national tel que l’ensemble des
coteaux et boucles de la Seine.
Parallèlement à la mise en place de mesures de protection de la
nature, le Parc naturel régional a entrepris un vaste travail
d’inventaire de son patrimoine, et de nombreux sites d’intérêt
écologiquement inconnus lors de sa création en 1995 ont été
découverts, dont certain d’importance majeure. Aujourd’hui le
32
le patrimoine du Vexin français
Parc dispose d’une base de données d’espèces animales et
végétales vivant sur son territoire.
Ce programme de connaissance du patrimoine se poursuit avec
la réalisation d’Atlas du patrimoine naturel communal sur
l’ensemble des communes du périmètre. A terme, une mise en
ligne de ces éléments cartographiques et de fiches techniques
associées sera réalisée afin que tout un chacun puisse mieux
appréhender les enjeux et les mesures à prendre pour préserver
la biodiversité locale.
D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Lexique
k Acidiphile
Se dit d’un organisme qui préfère les sols acides.
k Bas-marais
Formation herbacée qui, du fait de l’excès d’eau de la nappe
phréatique ou de ruissellement, présente une couverture
végétale adaptée à l’humidité. La végétation des bas-marais
reflète les fluctuations des niveaux d’eau et se diversifie
selon les propriété chimiques de l’eau. On y rencontre
différentes associations végétales : roselières, prairies
à molinies, marais à laîches, prairie humide à populage,
mégaphorbiaie.
k Canopée
Désigne l’étage supérieur de la forêt.
k Cavernicole
Se dit d’un animal qui vit dans les cavernes.
La faune cavernicole comprend de nombreuses espèces
terrestres et aquatiques.
k Mégaphorbiaie
Milieu constitué d’une prairie dense à hautes herbes
composée de roseaux et de hautes plantes herbacées vivaces.
k Nitrophile
qualifie les espèces végétales dont le développement
est particulièrement favorisé par l’abondance d’azote
nitrique dans le sol.
k Sources tuffeuses
Sources d’eau calcaire avec formation de concrétions
autour de la végétation et avec la présence de briophytes
typiques de ces milieux.
k Transgression marine
Déplacement du niveau de la mer de caractère positif
se traduisant par une avancée du tait de côte
sur le continent. Cette modification s’accompagne
de changement dans les formes littorales et dans les faciès
de sédimentation.
k Chélicère
Appendice buccal caractéristique des chélicérates,
super-classe comprenant notamment les arachnides
(araignées, scorpions, acariens).
k Etrépage
Pour un bas-marais, décapage de la couche superficiel
du sol sur 15 à 20 cm, voire plus, pour remettre à nu
la tourbe et favoriser la germination des graines enfouies
et conservées.
k Graminéen
Milieu dans lequel les graminées sont les espèces
dominantes.
k Ourlet calcicole
Espace de transition entre un boisement calcicole de type
chênaie –charmaie et des milieux plus ouverts, composé
d’une strate herbacée assez dense et piqueté d’arbustes
et d’arbres comme le chêne pubescent.
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D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Liste des espèces citées dans le texte
Noms français
Odonates
Agrion de mercure
Calopteryx
Cordulégastre annelé
Libellule déprimée
Orthetrum noir
Poissons, crustacés
Truite fario
Ecrevisse à pattes blanches
Reptiles, amphibiens
Couleuvre à collier
Triton palmé
Papillons
Carte géographique
Ecaille chinée
Gazé
Machaon
Paon du jour
Queue fourchue
Vulcain
Orthoptères
Criquet des montagnes
Criquet ensanglanté
Decticelle bariolée
Oedipode turquoise
Mante religieuse
Oiseaux
Alouette des champs
Bergeronette des ruisseaux
Bouscarle de Cetti
Bruant des roseaux
Busard St-Martin
Caille des blés
Chevalier cul-blanc
Chevalier guignette
34
Noms latins
Coenagrion mercuriale
Calopteryx sp.
Cordulegaster boltonii
Libellula depressa
Orthetrum danae
Salmo trutta
Austropotamobius pallipes
Natrix natrix
Triturus helveticus
Araschnia levana
Callimorpha quadripuntaria
Aporia crataegi
Papilio machaon
Inachis io
Cerula vinula
Vanessa atalanta
Chortippus montanus
Stethophyma grossum
Metrioptera roeselli
Oedipoda caerulescens
Mantis religiosa
Alauda arvensis
Motacilla cinerea
Cettia cetti
Emberiza schoeniclus
Circus cyaneus
Coturnix coturnix
Tringa ochropus
Actitis hypoleucos
Noms français
Noms latins
Chouette chevêche
Engoulevent d’Europe
Fauvette babillarde
Grèbe castagneux
Hirondelle de rivage
Hypolais ictérine
Locustelle tachetée
Loriot d’Europe
Martin pêcheur
Oedicnème criard
Phragmite des joncs
Pic noir
Poule d’eau
Râle d’eau
Rouge-queue à front blanc
Rousserole effarvate
Rousserole verderole
Tarier pâtre
Mammifères
Athene noctua
Caprimulgus europaeus
Sylvia curruca
Tachybaptus ruficollis
Riparia riparia
Hippolais icterina
Locustella naevia
Oriolus Oriolus
Alcedo atthis
Burhinus oedicnemus
Acrocephalus schoenobaenus
Dryocopus martius
Gallinula chloropus
Rallus aquaticus
Phoenicurus phoenicurus
Acrocephalus scirpaceus
Acrocephalus palustris
Saxicola torquata
Blaireau
Grand Murin
Grand Rhinolophe
Pipistrelle
Vespertilion de Daubenton
Vespertilion de Natterer
Flore
Meles meles
Myotis myotis
Rhinolophus ferrumequineum
Pipistrellus pipistrellus
Myotisdaubentoni
Myotis natterreri
Ache nodiflore
Aconit pyramidal
Actée en épis
Ancolie
Anémone pulsatille
Anemone sylvie
Armérie des sables
Armoise champêtre
Avoine dorée
Balsamine des bois
Blechnun en épis
Bleuet
Brachypode penné
Bruyère à quatre angles
Bruyère cendrée
Bugle de Genève
Callune
Campanule à feuilles de pêcher
Campanule agglomérée
Centaurée scabieuse
Chêne pubescent
Apium nodiflorum
Aconitum napellus subsp.
Actea spicata
Aquilegia vulgaris
Pulsatilla vulgaris
Anemone nemorosa
Armeria arenaria
Artemisia campestris
Trisetum flavescens
Impatiens noli-tangere
Blechnum spicant
Centaurea cyanus
Brachypodium pinatum
Erica tetralix
Eroca cinerea
Ajuga genevensis
Calluna vulgaris
Campanula persicifolia
Campanula glomerata
Centaurea scabiosa
Quercus pubescens
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À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
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Noms français
Noms latins
Coquelicot
Cornouiller male
Cresson de fontaines
Cuscute d’Europe
Epilobe hérissée
Eupatoire chnavrine
Euphorbe des marais
Fleur-de-coucou
Fougère aigle
Fougère femelle
Genêt à balais
Geramium sanguin
Grabde Ortie
Grémil pourpre-bleu
Hélianthème à goutte
Houblon
Iris jaune
Jonquille
Laîche à épis pendants
Laîche de Maire
Laîche distique
Laiche lisse
Laîche paniculée
Limodore à feuilles avortées
Marisque
Massette à feuilles larges
Miroir-de Vénus
Molinie
Mouron délicat
Myrtille
Nénuphar jaune
Néottie nid-d’oiseau
Ophrys bourdon
Ophrys mouche
Orchis brûlé
Orchis maculé
Orchis male
Orchis militaire
Orchis négligé
Orchis pourpre
Orobanche pourpre
Orpin blanc
Osmonde royale
Peigne-de-Vénus
Petit Rhinante
Phragmite
Pissenlit des marais
Papaver rhoeas
Cornus mas
Nasturtium officinale
Cuscuta europea
Epilobium hirsutum
Eupatorium cannabinum
Euphorbia palustris
Silene flos-cuculi
Pteridium aquilinum
Athyrium filix-femina
Cyrisus scoparius
Geranium sanguineum
Urtica dioica
Lithospermum purpuro-caeruleum
Tuberaria guttata
Humulus lupulus
Iris pseudacorus
Narcissus pseudo-narcissus
Carex pendula
Carex mairii
Carex disticha
Carex laevigata
Carex paniculata
Limodorum abortivum
Cladium mariscus
Typha latifolia
Legousia speculum-veneris
Molinia caerulea
Anagallis tenella
Vaccinium myrtillus
Nuphar lutea
Neottia nidus-avis
Ophrys fuciflora
Ophrys insectifera
Orchis ustulata
Dactylhoriza maculata
Orchis mascula
Orchis militaris
Dactylorhiza praetermissa
Orchis purpurea
Orobanche purpurea
Sedum album
Osmunda regalis
Scandix pecten-veneris
Rhinantus minor
Phragmites australis
Taraxacum palustre
Noms français
Noms latins
Polystic à aiguillons
Porcelle maculée
Potamot à feuilles de renouée
Potamot pectiné
Potentille des montagnes
Prêle d’ivoire
Pygamon jaune
Reine-des-prés
Renoncule flottante
Salicaire
Scolopendre
Sénecon des marais
Serratule des teinturiers
Seslerie bleue
Succise des prés
Thym serpolet
Zanichellie des marais
Polystichum aculeatum
Hyppochaeris maculata
Potamogeton polygonifolius
Potamogeton pectinatus
Potentilla montana
Equisetum telmateia
Thalictrum flavum
Filipendula ulmaria
Ranunculus fluitans
Lythrum salicaria
Asplenium scolopendrium
Senecio paludosus
Serratula tinctoria
Sesleria caerulea
Succisa pratensis
Thymus praecox
Zanichellia palustris
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D
À la écouverte des Milieux naturels du Vexin français Numéro spécial SEPTEMBRE 2007
Pour découvrir le Vexin français
Pour toutes informations, vous pouvez contacter le Parc naturel régional du Vexin français
ou consulter son site internet :
Maison du Parc 95 450 Théméricourt
Accueil : 01 34 48 66 10
Informations touristiques :
Numéro Azur : 0 810 16 40 45 (prix appel local)
E-mail : [email protected]
Site internet : http://www.pnr-vexin-francais.fr
Des sorties natures sont organisées pour la découverte du patrimoine naturel du Vexin français
par diverses structures :
• Par les départements en partenariat avec le Parc naturel régional dans le cadre de leurs politiques
« Espaces naturels sensibles » : www.valdoise.fr / www.yvelines.fr
• Par la région avec l’Agence des Espaces Verts : www.iledefrance.fr / www.aev-iledefrance.fr
• Par les associations :
- Club CPN de la vallée du Sausseron
- Centre Ornithologique d’Ile-de-France
- Association de Sauvegarde de la vallée du Sausseron
- Association de l’Union des Amis du Parc
- Société d’étude des sciences naturelles du mantois
• Et des informations naturalistes peuvent être recueillies auprès de :
- Conservatoire botanique national du bassin parisien : www.cbnbp.mnhn.fr
- Direction régionale de l’environnement d’Ile-de-France : www.ile-de-france.ecologie.gouv.fr
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Prix de vente : 4,50 €
ISSN : 1774-0282
Création : Agence AIRE - Réalisation : DAC : 01 45 23 44 57 - Imprimerie Escourbiac - Septembre 2007 - Crédit photos : S. Perera - Alizari Images - Christian Kerihuel -Philippe Mothiron (www.lepinet.fr <http://www.lepinet.fr> ) - Philippe Lhomel - Philippe Lévêque - Serge Gadoum - Olivier Barbet - Parc naturel régional du Vexin français - Gwanaël Torrès - CORIF : F. Barth ; J. Coatmeur ; G. Van Langenhove ; J-F. Magne
Maison du Parc - 95450 Théméricourt
Tél. : 01 34 48 66 10 - Fax : 01 34 48 66 11
E-mail : [email protected]
www.pnr-vexin-francais.fr
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