
vement la région iléo-cæcale. Parfois, la présence de
granulomes épithélioïdes, caractéristiques de la MC, a
été décrite. De plus, des lésions fistulisantes anales ont
aussi été récemment mises en évidence dans ce modèle
animal qui est celui qui présente le plus grand nombre
de similitudes avec la MC.
Les modèles d’inflammation intestinale
induite
• Les modèles « toxiques »
Une colite peut être déclenchée par l’administration
d’un composé chimique toxique qui lèse la paroi intes-
tinale. Plusieurs voies d’administration du toxique sont
décrites, notamment le lavement (éthanol concentré,
acide acétique ou formaline) et la prise orale (sulfate
de dextrane sodique (DSS) dans l’eau de boisson). La
colite de mécanisme « toxique » apparaît rapidement
après l’administration du composé et conduit à des
lésions souvent sévères par altération de la barrière
intestinale qui met en contact la flore et l’immunité
intestinale sous-jacente. L’activation du système immu-
nitaire intestinal et le recrutement dans l’intestin de
cellules inflammatoires concourent à entretenir l’inflam-
mation et les lésions intestinales [1] (figure 1). Ces
modèles ont ainsi démontré l’importance de l’intégrité
de la barrière intestinale dans le maintien de l’homéos-
tasie intestinale.
• Les modèles « immunologiques »
Ces modèles reposent sur l’utilisation de molécules
chimiques de faible poids moléculaire non immunogè-
nes par elles-mêmes, appelées haptènes, comme
l’acide 2,4,6 trinitrobenzène sulfonique (TNBS) ou
l’acide 2,4 dinitrobenzène sulfonique (DNBS). L’admi-
nistration d’une faible dose non toxique d’un haptène
dans le côlon entraîne la formation d’un complexe
entre l’haptène et certains acides aminés constituant
des protéines du contenu et des parois coliques (par
exemple les résidus lysines qui forment ainsi un com-
plexe ayant des propriétés antigéniques) à l’origine de
l’induction d’une réponse immunitaire. Cette réponse,
localisée dans les ganglions mésentériques, se carac-
térise par l’activation, l’expansion et la différenciation
de lymphocytes T (LT) spécifiques d’antigène en cellules
effectrices et est complètement asymptomatique (phase
de sensibilisation). L’inflammation colique survient lors
d’un second contact de la muqueuse colique avec
l’haptène (phase de révélation) et résulte du recrute-
ment des LT effecteurs dans l’intestin. Ces effecteurs
spécifiques de l’antigène initient la réaction inflamma-
toire et les lésions intestinales qui sont amplifiées et
perpétuées par le recrutement d’autres cellules inflam-
matoires non spécifiques (macrophages, polynucléai-
res, lymphocytes, mastocytes).
Le mécanisme impliqué dans ces modèles « immunolo-
giques » est une hypersensibilité retardée (HSR type IV)
colique médiée par les LT CD4
+
ou LT CD8
+
spécifiques,
cytotoxiques et produisant des cytokines (figure 1)
. Ces
modèles s’accompagnent d’une inflammation récidi-
vante de l’intestin ; ceci supporte l’hypothèse qu’un
composant du contenu intestinal est à l’origine des
poussées récurrentes observées au cours des MICI.
• Les modèles de transfert
à des souris immunodéprimées
Le dernier modèle largement utilisé est représenté par
le transfert d’une population particulière de LT CD4
+
dits « naïfs », exprimant les molécules CD45RB
hi
, à des
animaux immunodéprimés (souris Nude ou RAG
-/-
dépourvues de LT ou SCID pour severe combined
immunocompromised deficiency dépourvues de LT et
de lymphocytes B). Ces animaux reconstitués avec
cette sous-population lymphocytaire T particulière
développent progressivement un infiltrat inflammatoire
puis des lésions coliques qui surviennent dans les
3-10 semaines suivant le transfert [3]. Ce modèle a
permis d’identifier, chez la souris, une sous-population
de LT CD4
+
« mémoires » (exprimant la molécule
CD45RB
low
) ayant des propriétés régulatrices. Le
co-transfert de ces LT et des LTCD4
+
naïfs CD45RB
hi
aux
animaux immunodéprimés prévient ainsi le développe-
ment de la colite [4]. Ces expériences ont aussi permis
de mettre en évidence le rôle du TGFbet d’une molé-
Abréviations :
CPA :cellule présentatrice d’antigène ;
CEACAM-1 :carcinoembryonnic antigen-related cell adhesion
molecule -1 ;
CARD15 :caspase activation and recruitment domain ;
CCR-9 :récepteur de chimiokine 9 ;
CMH :complexe majeur d’histocompatibilité ;
CPA :cellule présentatrice d’antigène ;
CTLA4 :cytotoxic T lymphocyte associated molecule-4 ;
DSS :sulfate de dextrane sodique ;
DNBS :dinitrobenzène sullfonate ;
HSR :hypersensibilité retardée colique ;
IL- :interleukine ;
IFNc:interféron c;
LT :lymphocytes T ;
MAPK :protéine kinase activée par les mitogènes ;
MC :maladie de Crohn ;
MICI :maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ;
MPO :myelloperoxydase ;
NFjB:nuclear factor jB;
NKT :natural killer T cells ;
NOD2 :nucleotide-binding oligomerization domain ;
PPARc:récepteur activé des proliférateurs des peroxisomes ;
RAG :recombinase activating gene ;
RCH :rectocolite hémorragique ;
SCID :severe combined immunodeficiency ;
TcR :récepteur T du lymphocyte ;
Th :T helper ;
TGFb:transforming growth factor b;
TNBS :trinitrobenzène sulfonate ;
TNFa:tumor necrosis factor
␣
.
Hépato-Gastro, vol. 15, n°1, janvier-février 2008 35
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