Les micro-inflammations devraient être une préoccupation

29 RUE DE LISBONNE
75008 PARIS
SEPT 14
Mensuel
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TRAJECTOIRE
1307901400502/GFD/OTO/2 Tous droits réservés à l'éditeur
Les micro-inflammations devraient
être une préoccupation quotidienne
pour toute personne soucieuse de son
bien-être. Adopter une alimentation
pauvre en viande mais riche en fruits
et légumes s'avère un moyen efficace
pour préserver notre système digestif.
PAR MARIE-LAURENCE GRÉZAUD,
AVEC ISABELLE ARTUS
S'LNFLAMMER
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Moins connue que l'inflammation, la micro-inflamma-
tion intéresse de plus en plus de médecins et de cher-
cheurs. Parmi eux, citons aujourd'hui Richard Béliveau
(Canada), Andrew Weil (États-Unis), Catherine Serfaty-
Lacrosnière (France) et bien sûr, il y a quèlques années,
David Servan-Schreiber. Ils lui attribuent d'être à
l'origine de nombreux troubles qui nous empoisonnent
la vie, comme la fatigue permanente, la mauvaise di-
gestion, la déprime récurrente, les problèmes de peau.
Mais, plus préoccupant, ils ont etabli le lien entre micro-
inflammation et cancer, diabète, maladies cardio-
vasculaires, insuffisance rénale, etc.
Pour lutter contre ce phénomène, et si possible le préve-
nir, encore faut-il savoir de quoi il s'agit et ce qui le dis-
tingue de l'inflammation, plus familière. Cette dernière
est la réponse du corps face à une agression - elément
etranger comme une écharde, mais aussi microbes,
virus, etc. Les symptômes en sont la rougeur, le gonfle-
ment, la chaleur et la douleur. A priori, il est difficile de
passer à côté. Le corps met en marche un dispositif de
défense qui consiste à envoyer des globules blancs sur le
lieu de l'agression, procédant à l'élimination de la cause
puis à la réparation et à la cicatrisation de la partie abî-
mée. Spontanément ou à l'aide d'anti-inflammatoires,
tout rentre dans l'ordre en quèlques jours.
Il en va autrement des micro-inflammations. Bien que
leur fonctionnement soit identique à celui de l'inflamma-
tion, elles n'ont pas de symptôme et leur signal chimique
est très faible. Raison pour laquelle elles sont également
appelées inflammations de bas grade, ou à bas bruit. Ce
qui les provoque est difficile à identifier précisément,
puisqu'il s'agit à la fois du tabac, du manque de sommeil,
du stress, de la pollution, de l'oxydation, des mauvaises
habitudes alimentaires. Pour peu que l'on ait une prédis-
position familiale ou un terrain fragilisé, on les accumule
sans le savoir, ce qui épuise nos défenses physiques et
psychiques, jusqu'à la maladie ou à la dépression.
Que faire ? Tout d'abord, vérifier son propre état de santé,
insomnies, mauvaise digestion, fatigue et déprime pou-
vant être dues à tout à fait autre chose. Il existe un mar-
queur très subtil dans le sang capable de déceler une
inflammation de bas grade1.
DES SOLUTIONS À NOTRE PORTÉE
Ensuite, de nombreuses méthodes pour prévenir et
combattre les micro-inflammations existent : la médi-
tation pour faire baisser le niveau de stress, le sport pour
augmenter sa résistance physique et psychologique, la
modification de son hygiène de vie et le changement
d'alimentation. Avec, à la clé, une amélioration de son
bien-être quotidien et un outil de prévention des risques
de cancer, d'infarctus et de maladie d'Alzheimer.
« Toutes ces stratégies sont excellentes, reconnaît Didier
Chos2, médecin cofondateur de la micronutrition. Mais
elles ne sont pas forcément adaptées au problème de
chacun. » Par exemple, il n'est pas judicieux de faire
monter trois étages à pied à une personne en surpoids
qui n'a jamais fait de sport, ou bien de manger des ali-
ments riches en fibres - réputées anti-inflammatoires -
lorsqu'on ne les digère pas. Cela ajoute du stress au stress
et nourrit l'inflammation. « II faut accompagner chacun
avec des conseils adaptés à son problème inflammatoire,
en évitant la culpabilité », préconise-t-il.
Il existe néanmoins un domaine d'action qui fait l'una-
nimité : l'alimentation. Plus de mille études3 mettent
en lien la maladie inflammatoire et l'alimentation, à la
fois comme facteur d'aggravation - aliments riches en
pesticides, en sucres raffinés, en graisse, frits -, mais
aussi comme vecteur d'amélioration de notre terrain
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inflammatoire. Les médecins Catherine Kousmine,
Jean Seignalet ou encore Laurent Schwartz furent
parmi les précurseurs de ces régimes anti-inflam-
matoires proches du modèle crétois, même si chacun
d'eux a des influences et des expériences légèrement
différentes. Globalement, leur proposition revient à pri-
vilégier une alimentation peu acidifiante, car pauvre en
viande et en produits laitiers, riche en fruits et légumes
de saison et bio, des modes de cuisson inférieurs à
HO °C à la vapeur ou mijotes, qui excluent la friture et
le recours aux graisses animales.
AMELIORER SON TERRAIN
Idéalement, il faudrait supprimer l'alcool, le tabac, les
plats pimentés, et limiter la consommation de produits
laitiers liquides, d'aliments riches en gluten. L'idée?
Parvenir à ce que Laètitia Agullo, diététicienne et natu-
ropathe, nomme l'« epargne digestive ». Dans le même
temps, il est recommandé de faire la part belle aux
légumes et fruits cuits afin de limiter la fermentation,
et de choisir des aliments qui « cicatrisent » la paroi
intestinale, tels le poulet, les petits pois, les champi-
gnons. Les laits fermentes comme le kéfir, les prépara-
tions à base de soja fermenté (miso, tofu, tempeh...) ou
les féculents comme les pommes de terre et les pâtes
(mais refroidis, car les amidons se digèrent mieux)
apaisent autant qu'ils nourrissent !
Pour stimuler la multiplication des bactéries de la flore
intestinale et améliorer le fonctionnement du côlon : les
bananes, l'ail, les poireaux et les artichauts (cuits). Enfin,
pour celles et ceux qui ont un intestin irritable chronique,
une cure de compléments alimentaires prébiotiques
- bactéries ou levures nourrissant la flore intestinale - et
probiotiques - qui augmentent la quantité de bactéries
de la flore intestinale - est une aide précieuse. « À condi-
tion de contenir suffisamment de bactéries vivantes pour
garantir un effet bénéfique sur la santé », rappelle Didier
Chos. Malheureusement, la certification Generally reco-
gnised as safe (Gras) assurant leur qualité n'apparaît pas
sur les boîtes. Comme dans un jardin bio, il faut essayer
de proscrire ce qui nourrit l'inflammation et au contraire
fournir en abondance ce qui l'empêche de grandir.
1 lh agit de rsi. hercher dam, le bang iie la protéine Creative ou CRP
ultrasensible Cet examen est rembourse dans le cas dune prescription médicale
2 DidierChos également president de I Institut europeen de dietétique
etdemicronutrition(IEDM) ledm asso fr
3 La derniere en date «Low-grade chronic inflammationperpetuated
bymoderndietasapromoterofobesityandobteoporosis» in Archives
of Industrial Hygiene and Toxicologyjum 20J4
LES MEILLEURS ALIMENTS
ANTI INFLAMMATOIRES
Les oméga-3 On les trouve naturellement dans
les huiles de colza de camelino (bio et premiere
pression a froid) dans la noix de Grenoble les
graines de lin et les poissons gras des mers froides
(sardine hareng maquereau) Ce sont ces
derniers qui contiennent les meilleurs agents
anti inflammatoires les omega 3 a longue chaîne
(DHA) « Maîs ils se metabolisent mal et une
supplementation (250 mg/pur) apres 50 ans est
très souvent nécessaire » explique le Dr Didier Chos
Le curcuma. Les différentes etudes menées
sur cette epice indienne ont toutes démontre
son importance pour reduire les phénomènes
nflammatoires en particulier dans les cas de
polyarthrite rhumatoide A condition que le
curcuma contienne suffisamment de curcumme
et que celle ci soit associée au poivre noir
afin d en faciliter I absorption par le tube digestif
Les baies Cassis airelles myrtilles mûres
grenade baies d aroma Au-delà de leurs bienfaits
antioxydants et anti inflammatoires ces
aliments très riches en polyphenols nous
reservent encore bien des surprises
Le the vert Pour bénéficier de ses effets
protecteurs les etudes montrent qu il faut en
boire quatre a cinq tasses par jour
Le cafe Une etude récente1 a démontre ses
effets anti-inflammatoires sur le cerveau a raison
de quatre tasses parjour Ni plus ni moins
7 « Bénéficiai effects ofcaffeme in a transgemc model ofAlzheimer's
disease-hke tau pathology» de David Bh/m (Inserm Lille) el a],
in Neurobiology of Agmg
POUR ALLER PLUS LOIN
À lire En bonne sante grâce a la
micronutntion de Didier Chos et Laetitia
Agullo On y trouve des questionnaires pour
identifier I origine de I inflammation et des
menus adaptes a chacun (Albin Michel, 2014)
Pour en savoir plus La Méthode anticancer
de Richard Beliveau (Flammarion en librairies
le 17 septembre) La brioche tue plus que le
cholestérol d'Edouard Pelissier (Odile Jacob
2012) La Méthode alcaline de Stephan
Domenig (Flammarion 2014) Nutrition
consciente de Marion Kaplan (Grancher, 2013)
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