Article paru dans Biodynamis

RECHERCHE
Hormones végétales et
forces cosmiques
JACQUES FOURES
Jacques Fourès, œnologue, viticulteur et membre du conseil d’administration du MABD, propose ici sa lecture de la conférence donnée
par Jürgen Fritz, enseignant chercheur allemand de l’université de
Bonn, à l’occasion de l’université d’hiver du MABD en janvier 2012.
Il émet des hypothèses passionnantes sur les liens entre l'action des
hormones végétales avec les influences des planètes. Pour terminer, il
en tire des propositions pratiques pour les arboriculteurs et viticulteurs. Le jardinier pourra lui aussi y trouver des éléments de
réflexion pour la pratique.
e Cours aux agriculteurs qui a servi
de base au développement de l'agriculture biodynamique nous donne
des indications sur l'effet du Soleil et des
planètes sur les plantes. Sa compréhension n'en est pas toujours facile, et lors de
la dernière université d'hiver organisée
par le Mouvement de l'Agriculture
BioDynamique, j'ai été vivement intéressé par l'exposé d'un scientifique
Allemand, Jürgen Fritz, qui lors de sa
thèse, a cherché les parallèles entre les
hormones végétales et les forces décrites
par Rudolf Steiner. On pourra constater
que celui-ci, par ses méthodes d'observation et de compréhension de la nature et
son intuition, savait observer et décrire
l'action des phytohormones bien avant
que celles-ci ne soient découvertes.
Jürgen Fritz met en parallèle les actions
cosmiques décrites par Rudolf Steiner et
les propriétés connues des phytohormones, puis il vérifie l'action des planètes
L
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sur quelques-unes des hormones décrites.
Il fera aussi quelques expériences qui
mettent en évidence certaines affirmations de Steiner qui constituent le fondement de l'agriculture biodynamique.
Cette thèse peut rassurer certains sceptiques et aussi permettre d'extrapoler ces
hypothèses en comparant l'effet observé
des préparations biodynamiques avec les
hormones décrites en poursuivant le raisonnement analogique.
Le Cours aux agriculteurs décrit l'action
conjuguée des planètes avec des effets
différents selon qu'il s'agit d'énergie
directe du haut vers le bas ou d'une énergie passée par la terre ou réfléchie et
s'exerçant du bas vers le haut.
La première énergie décrite et la plus
connue est l'action directe du Soleil.
Durant la journée, il émet lumière et chaleur qui agissent sur les plantes, mais agit
également de manière plus subtile.
Force 1
Action du Soleil
C'est la source de vie la plus connue et la
plus mesurable. Tout le monde en connaît
l'intérêt, on sait que la vie sur Terre et
notamment celle des plantes est déterminée par cette énergie et l'alternance du
jour et de la nuit due à la rotation de la
Terre. Personne n'en conteste la véracité.
Source de lumière et de chaleur, le Soleil
provoque le développement des plantes et
est indispensable à leur respiration, à la
fixation du carbone par photosynthèse. Il
permet de développement de la structure,
la formation des racines qui vont alimenter la plante.
Steiner évoque en même temps une action
en sens inverse, réductrice de l'exubérance trop grande, une limitation des
formes.
Force 2
La Lune agissant comme réflecteur du
Soleil et des planètes proches : Vénus
et Mercure
C'est une force qui est décrite comme
agissant du bas vers le haut, comme réfléchie par la Terre. Ces forces sont liées à
l'eau et au calcaire, elles entraînent une
prolifération végétale. Cette force puissante agit sur la partie externe de la plante
en augmentant la division cellulaire.
Ces actions du Soleil et des forces des
planètes proches sont des actions de fort
développement végétatif qui agissent en
polarité. C'est un bon dosage de ces deux
forces qui va créer une pousse harmonieuse de la plante.
Ces deux forces très actives à leur façon
dans la pousse des plantes, peuvent être
comparées aux hormones ayant une action
positive sur la croissance :
La force 1 correspond bien à la description de l'action de l'auxine fabriquée dans
les feuilles par photosynthèse et stockée
dans les racines, c'est une hormone de
pousse forte, et d'allongement des racines.
En excès, elle entraîne une prolifération
tumorale de la pousse avec émission de
racines sans partie végétative (feuilles).
La force 2 ressemble tout à fait à la description de la cytokinine fabriquée dans
les racines et agissant fortement sur la
pousse des feuilles et la division cellulaire ; appliquée en excès sur une bouture
de tige, elle produit une tumeur avec
émission de feuilles sans racines. Elle
participe également à la formation de la
fleur.
Le schéma en page suivante montre une
expérience sur une bouture décrivant la
polarité entre l'auxine et la cytokinine.
Suivant les doses employées sur une bouture de tige de tabac on peut constater des
résultats différents allant de la mort de la
plante à la tumeur, c'est un dosage très
précis entre ces deux hormones qui va
entraîner la pousse harmonieuse de la
plante.
Force 3
Soleil, miroir des planètes lointaines
(Mars, Jupiter, Saturne)
La troisième force ayant une action positive sur la croissance est due à l'action du
Soleil agissant comme réflecteur des planètes lointaines. Steiner décrit ce rayonnement comme passant par la terre et
devenant alors une force positive en
remontant de la Terre vers le ciel, il agit
avec l'élément silice lié à la lumière, à la
sécheresse et à la chaleur. Il agit sur l'allongement de la tige, va structurer la
plante, former la graine, normalise la prolifération végétale.
On peut comparer la force 3 à l'hormone
de la plante produite dans l'apex, les
pépins et les extrémités racinaires : la
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Force 4
gibbérelline. C'est une hormone de croissance, mais si la dose de gibbérelline
augmente trop, on obtient l'effet inverse
avec une réduction de forme.
Cette hormone va agir sur l'allongement
des tiges, elle peut transformer un pois
nain en pois grimpant. Elle agit sur la formation de la graine et le grossissement
des fruits. Elle peut forcer à la montaison
des plantes, réguler l'utilisation des
réserves dans les graines et agir sur la
levée de dormance. Elle agit en polarité
avec une autre hormone végétale dont on
parlera plus loin : l'acide abcissique.
La quatrième force décrite par Steiner est
la force directe de rayonnement des planètes supra solaires : Mars, Jupiter et
Saturne, reflétées par le Soleil et agissant
de haut en bas avant passage dans la
Terre.
Elle agit avec la silice, la lumière et la chaleur, en durcissant et vieillissant les tissus,
en activant les couleurs et les parfums. On
associe même des couleurs favorisées par
les planètes : Mars et le rouge, Jupiter et le
jaune, Saturne et le bleu.
On peut comparer cette force à l'action de
cytokinines mg/l
0
0
0,01
0,1
1
10
f leurs
0,005
Aux ines mg/l
Cals
0,01
bourgeonnement
végétatif intense
0,1
1
Racines
10
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Force 5
Réflexion du Soleil et des planètes subsolaires, Vénus et Mercure par la Lune
agissant au-dessus du sol
La cinquième force décrite est une action
directe : Steiner la décrit comme la force
liée au changement été/hiver, un processus de digestion de la Terre. On peut parler de « forces terrestres ».
On peut mettre en parallèle la description
de cette force avec l'action de l'acide
abcissique qui est un inhibiteur de croissance, qui met les graines en dormance.
En période de pousse cette hormone
régule cependant l'ouverture et la fermeture des stomates et donc gère l'eau dans
la plante, elle agit aussi sur la fécondation. Après l'équinoxe d'automne son
action sur l'évolution de la vie des sols
est indéniable, elle active la digestion de
la matière organique.
mort
L’aide de deux hormones : l’auxine et la cytokinine.
On joue sur le rapport Auxine /Cytokinine :
Si R =1 : formation de cal uniquement ;
R <1 : formation de fleurs ou de feuilles sur le cal ;
R > 1 : formation de racines sur le cal
Source wikipédia
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l'éthylène, hormone végétale provoquant
le mûrissement des fruits, avec développement des parfums et des couleurs. Cette
hormone participe également au vieillissement des tissus, à l'arrêt de la pousse
des tiges et à l'abscission foliaire.
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Jürgen Fritz compare aussi cette description des hormones à l'action des deux
préparations biodynamiques : bouse de
corne et silice de corne. Il met en évidence la similitude de leur action positive
sur la pousse des plantes.
On peut comparer l'action de la bouse de
corne à celle très exubérante de la cytokinine, et celle de la silice de corne à l'action très spécifique de la gibbérelline.
Maintenant que l'on a pu établir un parallèle intéressant entre les descriptions de
Steiner, les hormones végétales et l'action
de certaines préparations biodynamiques,
Jürgen Fritz vérifie la corrélation de
l'émission de cytokinine avec les rythmes
synodiques de la Lune, et celle de l’action
de la silice avec la gibbérelline. Ces vérifications croisées entre les hormones, les
préparations et l'action des planètes viendront alors confirmer les analogies entre
les actions cosmiques et les hormones.
C'est un procédé scientifique couramment utilisé.
Essais : l'action de la pleine Lune sur
la cytokinine
Ces travaux sont des essais soit menés
par le chercheur (Fritz, 1994), soit mis en
évidence précédemment par d'autres
chercheurs (Hofmann, 1986).
- Effet sur des radis ou l’aralia, les semis
seront couverts de plaques noires durant
la nuit, cet effet de pousse est différent du
témoin non couvert.
- Effet de semis autour de la pleine Lune
(quelques jours avant, suivant les indications de H. Spiess). On peut constater une
pousse plus forte à ces dates due à l'action de cette hormone et la doser.
- Essais comparables sur des pousses de
lierre.
- Action de la fumure par les algues, la
récolte de celles-ci autour de la pleine
Lune augmente leur teneur en cytokinine.
On peut en déduire que l'émission de
cette hormone est augmentée par la pleine
Lune. On constate aussi des effets plus
importants en hiver qu'en été, ce qui corrobore les thèses de Steiner sur l'élément
calcaire, sensiblement plus actif en présence d'eau.
Action de la silice sur la gibbérelline
D'après Steiner la silice transmet les
forces du cosmos ; lorsqu'on la broie, on
en libère les forces « éthériques », la
corne de vache reflète ces forces et les
concentre. Ces forces de vie sont l'expresN° 78 ETÉ 2012 - BIODYNAMIS
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Tableau de synthèse des forces des influences des planètes sur les végétaux (Jürgen Fritz)
sion de la vie des plantes. On intensifie
par l'action de la préparation de silice ces
forces au sein la Terre, la 501 va structurer les forces éthériques dans la plante.
Un essai sur différents types de salades et
haricots, durant trois ans, mettra en évidence l'action directe de la silice de corne
sur la gibbérelline en comparant l'allongement des tiges entre témoins et plants
ayant reçu la préparation de silice. Cette
expérience montre l'effet direct de la
silice sur l'émission de cette hormone
(Fritz, 2000 ; Winter, 1981).
Après vérification de la corrélation croisée entre hormones, planètes et préparations, Fritz va explorer d'autres affirmations de Steiner.
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Effet lumière et chaleur de la silice
La préparation de silice apporte
lumière et de chaleur
Des radis sont semés dans trois récipients
et deux d'entre eux seront recouverts
d'une plaque de verre teintée absorbant
lumière et chaleur.
Essai sur :
- Un témoin cultivé à la lumière extérieure,
- Un second témoin recouvert d'une
plaque transparente colorée,
- Un échantillon ayant reçu de la 501
couvert du même filtre transparent. On
pourra constater que ce dernier est comparable au témoin ayant reçu la lumière
alors que le témoin voilé sans silice présente les symptômes du manque de
lumière.
Vérification montrant qu'une substance
peut avoir comme certaines énergies
venant des planètes une action différente
au-dessus et au-dessous de la Terre
Cette expérience s'est faite sur une culture de riz sur laquelle on a fait agir de
l'éthylène (Sengbush, 1988).
Si on applique cette hormone sur la partie
aérienne des tiges, on pourra constater
l'effet déjà décrit de l’éthylène sur l'arrêt
de la pousse, le vieillissement des tissus
et le mûrissement accentué des graines.
Si on injecte cette hormone dans la partie
immergée, on va obtenir un allongement
de la plante assez semblable à l'effet de la
gibbérelline. L'éthylène agit dans ces
conditions en stimulant l'action de la gibbérelline. On retrouve également dans
cette expérience les deux actions observées de la 501 : éthylène ou gibbérelline.
Médication de la plante
et de l'être humain
Steiner décrit dans la médecine humaine
la manière de combattre l'excès de métabolisme chez l'être humain par l'administration d'un poison dilué. Si on augmente
les quantités d'azote dans le sol, on
constate une diminution de l'effet de la
silice et une perte de la sensibilité de la
plante à cette préparation. On peut dire
que l'azote entraîne un excès de métabolisme chez la plante.
Si on ajoute de la digitale à cette préparation, on retrouve les effets initiaux et l'action de l'azote en excès est inhibée. La
501 redevient efficace. (Fritz, 2000)
Cette étude montre l'intérêt des observations de Steiner, mais surtout permet de
mieux comprendre l'action obtenue par
les préparations suivant la période où on
les utilise.
Compte tenu de l'effet observé des préparations, cette étude permet d'extrapoler
plus facilement la corrélation entre les
préparations 500 et 501 et l'action décrite
des hormones. Par un raisonnement analogique on peut comparer des effets observés des préparations suivant le moment
d'application à ceux d'hormones ayant
des propriétés similaires et pousser plus
loin la théorie que l'on vient de décrire. Je
peux par exemple imaginer que chaque
préparation permet d'activer des hormones différentes suivant le moment où
on l'applique.
Par exemple, la silice de corne qui a l'effet décrit par Jürgen Fritz en période de
printemps, pendant l'expansion de la
nature est semblable à celle de la gibbérelline qui donne, en période estivale, des
effets observés très comparables à l'action de l'éthylène sur le mûrissement des
fruits, les parfums, l'effet d'arrêt de la
végétation.
On peut penser de même que l'effet cytokinine déclenché par la bouse de corne au
printemps, pourrait s'inverser à l'automne
et donner les effets constatés plus assimilables à ceux de l'acide abcissique.
Cette extrapolation constatée dans les
faits reste à démontrer scientifiquement,
mais présente une certaine logique. On
peut penser à une inversion des effets
lorsqu'on agit en période d'expansion de
la nature de l'équinoxe de printemps au
solstice d'été, ou en période de concentration à partir du solstice d'été.
Connaissant par exemple l'effet de la gibbérelline sur l'allongement des entrenœuds, on pourra s'en servir en viticulture en appliquant la silice de corne en
période de croissance. On favorisera ainsi
l'allongement des mérithalles, l'aération
des grappes sera meilleure, en même
temps on empêchera la pousse des entre
cœurs qui gênent également l'aération et
l'éclairement des raisins. Cet effet sera
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augmenté par la préservation du bourgeon terminal source de cette hormone.
Ainsi quelques exemples de préparations
appliquées en arboriculture ou viticulture :
- la 500P passée à l'automne pourrait
avoir une action semblable à celle de
l'acide abcissique et en effet on peut
constater qu'elle développe les forces de
digestion de la Terre et anime la vie du
sol, prépare le réveil des microorganismes qui activeront la vie du sol, rendront la matière organique bloquée utilisable par les plantes. Pour les arbres, on
activera la mise en dormance de la plante
et l'accumulation de réserves vitales, on
favorisera l'abscission foliaire et on évi-
tera ainsi un traumatisme de la plante par
l'arrivée d'un gel précoce alors qu'elle est
encore en végétation (acide abcissique).
- La 500P de printemps, dans cette période
d'expansion, favorisera la pousse rapide
de la plante et sa floraison (cytokinine).
- La 501 sur forte pousse au printemps
structurera cette pousse et allongera les
entre-nœuds, favorisera la fécondation
(gibbérelline).
- Une 501 en juillet arrêtera la pousse des
branches en période trop humide, évitera
l'écimage et favorisera la concentration
vers le fruit (éthylène).
- Une 501 en été après une période froide
et peu ensoleillée compensera l'effet de
ce désagrément. Effet chaleur et lumière.
- Une 501 plus tard donnera une meilleure
maturation, une couleur et des parfums
plus intenses, et augmentera de l'épaisseur de pellicule (éthylène).
- Une 501 passée le soir après vendange
devrait, comme la 500, accélérer la mise
en repos de la vigne et l'accumulation de
réserve pour une meilleure initiation florale (acide abcissique). C'est aussi un
effet de la 501, semblable à l'acide abcissique, que l'on peut constater en été où
elle ouvre les stomates et accélère l'activité de la plante.
Ces travaux nous confortent dans nos
convictions et nous ouvrent des voies de
réflexion. À nous d'utiliser à bon escient
toutes ces possibilités en fonction du
contexte. L'usage de ces préparations permet une agronomie fine basée sur une
amplification des forces naturelles. Il est
plus facile en effet d'accompagner la
nature que d'essayer de l'infléchir !
Bouse de corne. Photo Sophie Barmès
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