UN CAS INHABITUEL DE SYNDROME DE LA MOELLE ATT ACHÉE ÀRÉVÉLATION TARDIVE
Tl comme une structure hyperintense, allongée, étendue de
L3 àL4, prolongeant le cône terminal et adhérant àla face
postérieure du fourreau duraI. Il s' y associe une moelle
anormalement basse, visible jusqu'en L3. Du fait de l'âge,
de la difficulté de l'acte chirurgical, de l'absence de déficit
et de trouble sphinctérien et surtout de l'évolution favorable
de la douleur sous morphiniques, l'indication chirurgicale
n'est pas retenue
DISCUSSION
Le syndrome de la moelle attachée est une pathologie peu
connue des rhumatologues, plus souvent rencontrée dans
les services de pédiatrie ou d'urologie. Un filum terminal
tendu, épaissi, difficilement identifiable, un cône médullaire
toujours en dessous de L:2, et une moelle collée à la face
postérieure du fourreau duraI par un lipome intra-dural avec
ou sans extension extra-durale, sont les trois principaux élé-
ments anatomiques de ce syndrome (6).
Classiquement, les manifestations cliniques qui incitent à
rechercher une dysraphie n'ont aucune spécificité. Les
trou bles débutent dans l'adolescence ou existent dès
l'enfance sans être invalidants et s'aggravent àl'âge adulte.
On distingue trois syndromes cliniques (5,7)
Le syndrome neuro-orthopédique consiste en des déficits
moteurs, sensitifs, et parfois trophiques des membres infé-
rieurs ànette prédominance distale, couramment unilaté-
raux ou bilatéraux mais très asymétriques. Cliniquement, ce
syndrome se caractérise par une intrication de signes péri-
phériques et centraux et par une anomalie constante des
réflexes osteo-tendineux. Il s'y associe des troubles de la
marche, une dysmorphie du ou des pieds, une amyotrophie,
des troubles vasomoteurs distaux, des anomalies de courbu-
re du rachis. La douleur est le principal symptôme chez
l'adulte (78% des cas dans la série de Pang (5», classique-
ment diffuse, non radiculaire et principalement localisée à
la région ano-périnéale.
Le syndrome cutané lombo-sacré associe le plus souvent
par ordre de fréquence un sinus dermique, une voussure
sous-cutanée, une tumeur pédiculée, une queue de faune ou
un angiome. Ces stigmates cutanés lombo-sacrés sont
absents dans plus de 50% des cas chez l'adulte, alors qu'au
moins un des signes cités ci-dessus est présent dans 90%
des cas chez l'enfant, où il est alors révélateur d'une dysra-
phie occulte (5.7).
Les troubles sphinctériens sont fréquents, évalués à 80%.
Les troubles urinaires, conséquences de l'hypertonie vési-
cale, sont plus fréquents que les troubles stercoraux, carac-
térisés par une constipation opiniâtre avec défécation dou-
loureuse (7).
La quasi-totalité des auteurs mentionne la possibilité
281
d'aggravation où d'apparition des troubles neurologiques.
Il s'agit d'une détérioration lente et insidieuse pouvant
débuter à tout âge. La situation basse de la moelle fixée sur
un lipome constitue le fait anatomique majeur, indépen-
damment du siège du lipome (7). Des facteurs déclenchants
tels qu'un traumatisme du rachis, un accident de la voie
publique, une chute sur les fesses, un accouchement sont
mentionnés dans 60% des cas, et précipitent l'évolution
neurologique (5). Il est communément admis que les
lipomes malformatifs sont des lésions stables non évolu-
tives. Il existe cependant des cas où une augmentation de
volume de la lésion a été clairement établie. Plusieurs cir-
constances favorisantes ont été rapportées, comme la prise
rapide de poids, la corticothérapie ou encore la grossesse (7).
L'I.R.M. fournit la meilleure imagerie dans les dysraphies
comme dans de nombreuses pathologies médullaires (2,9),
C'est un examen indispensable en préopératoire car le scan-
ner ne permet pas d'étudier les rapports entre la moelle et le
lipome. Le lipome apparaît en Tl comme une structure
spontanément hyperintense, de signal isointense à la graisse
sous-cutanée en Tl comme en T2. Les séquences après
injection de gadolinium n'ont pas d'intérêt car il n'y a pas
de modification du signal. Il faut souligner l'intérêt de
l'I.R,M. dynamique qui permet d'étudier les mouvements
de la moelle épinière et du liquide céphalo-rachidien, gui-
dant l'intervention chirurgicale. Dans les séries combinées,
B.I.N.E.M. et S.N.L.F, 70% des lipomes sont insérés sur le
cône et/ou la moelle terminale, 18% sont des lipomes du
filum, 5% ont une origine mixte et les 7% restant représen-
tent des lipomes médullaires. La hauteur moyenne du lipo-
me est d'environ trois vertèbres. Le niveau inférieur est
sacré dans 90% des cas (entre L5 et S3 dans 90% des cas)
mais la terminaison médullaire semble significativement
plus haute dans les lipomes du filum (7).
L'attitude chirurgicale est mal codifiée. Chez l'adulte, les
résultats sont décevants pour les déficits et les troubles
sphinctériens mais satisfaisants pour la douleur (3,8). Chez
l'enfant, l'attitude va dans le sens d'une intervention systé-
matique et précoce en raison du risque potentiel d'aggrava-
tion neurologique (7).
Notre observation s'intègre assez bien au syndrome de la
moelle attachée décrit chez l'adulte dans la littérature. Son
originalité tient au fait de la révélation tardive, alors que
notre patiente n'avait jamais souffert de troubles neurolo-
giques antérieurement. Le mode de révélation est égale-
ment inhabituel. L'imagerie prend tout son intérêt dans le
diagnostic étiologique d'une sciatalgie chronique atypique
dans son expression clinique et surtout résistante au traite-
ment médical habituel. L'absence d'électromyogramme des
sphincters ne permet pas d'affirmer l'imputabilité des
troubles stercoraux au lipome, en sachant que les troubles
sphinctériens, même infra-cliniques et détectés par le bilan
urodynamique, conditionnent souvent l'attitude chirurgicale.
Aucun facteur déclenchant n'a été noté chez notre patiente,
en dehors d'une fracture de la jambe droite plusieurs
années auparavant.