Ré f l e x i o n s su R Pe s s a h
Ba s é e s su R le s en s e i g n e m e n t s d u
Ra B B i mh’’m d e lo u B a v i t c h
tR a d u i t s e t ad a P t é s P a R
Ra v el i a h o u dahan
ה’’ב
2
Ré f l e x i o n s su R Pe s s a h
Qu e l e s t to n no m
Lorsque D-ieu donne dans la Paracha de Chemoth à Moché la mission de déli-
vrer le peuple Juif d’Egypte, Moché répond : « J’irai donc vers les Béné-Israël et je
dirai : ‘Le D-ieu de nos pères m’a envoyé vers vous !’ Ils me diront : ‘Quel est Son
Nom ?’ Que devrai-je leur dire ? »
Pourquoi Moché pense-t-il que les Béné-Israël lui demanderont cela ? Il est certain que les Juifs
connaissaient le D-ieu d’Avraham ; leurs pères leur en avaient certainement parlé. De plus, il
est étonnant de constater que Moché considère ne pas pouvoir répondre à cette question.
Nos sages afrment que D-ieu possède plusieurs Noms. Ils qualient, tous, une action spéci-
que de D-ieu. Chacun symbolise une manière différente par laquelle D-ieu intervient dans la
création. Elokim fait référence à l’attribut de Divin de justice. Le Nom de Havaya – le Tétra-
gramme – traduit l’attribut de miséricorde.
C’est ainsi qu’il faut comprendre l’interrogation du peuple Juif : « Quel est Son Nom ? Par
quel attribut compte-t-Il intervenir ? » L’attitude de D-ieu sera-t-elle l’expression de la justice
ou de la miséricorde ?
Pourtant, il nous reste à comprendre en quoi cela concernait le peuple Juif. L’essentiel était
qu’ils soient délivrés et que leurs souffrances cessent ! De plus, n’est-il pas évident que la dé-
livrance ne puisse découler que de la miséricorde ?
En fait, la question du peuple d’Israël relève d’une extrême gravité : Comment D-ieu avait-Il
permis de telles souffrances en Egypte ? Quel Nom allait-Il utiliser pour les sortir d’un si ter-
rible exil ?
Moché, lui-même, resta perplexe face à cette interrogation : « Que devrai-je leur dire ? »
Hachem répond, alors : « Dis-leur : ‘Je serai m’a envoyé à vous… Ceci est Mon Nom pour
l’éternité. Tel est Mon attribut pour toutes les générations. »
Rachi explique ainsi la réponse de D-ieu : « Je serai avec eux en Egypte, dans leur labeur. »
D-ieu dit à Moché qu’Il accompagne le peuple Juif dans son exil. Il ne l’ignore pas. Il est avec
lui dans son labeur, dans ses angoisses et dans sa détresse.
D-ieu afrme : « Ceci est Mon Nom pour l’éternité Léolam. » Or, le mot Léolam est écrit,
ici, sans Vav, il peut donc se lire Léélem qui signie dissimulation. En exil, le caractère de la
miséricorde Divine est caché. Il est certain que D-ieu nous accompagne dans notre exil, mais
sa bonté reste dissimulée ; elle ne se révélera qu’au moment où la Guéoulah arrivera.
Likouté Si’hoth Vol XXVI
3
Ré f l e x i o n s su R Pe s s a h
Pl o n g e r Da n s le ma t é r i a l i s m e
«Toutmâlenouveau-né,jetez-ledansleeuve,ettoutellefaites-lavivre.»
(Exode 1 – 22)
La première Paracha du livre de Chemoth raconte la descente des Béné-Israël en Egypte, le début de l’es-
clavage après la disparition de Yaakov et des ses enfants, et enn la naissance de Moché le sauveur.
Nous avons le devoir de nous souvenir et de revivre, chaque jour, les événements liés à la sortie
d’Egypte. Cet épisode de l’histoire de notre peuple constitue une source d’inspiration pour notre évolution
spirituelle.
Le premier décret de Pharaon fut de jeter au Nil tout enfant mâle naissant dans la famille d’Israël. La survie
des Egyptiens et de leur pays dépendait de ce euve ; c’est pourquoi il symbolise les lois de la nature. Les
Egyptiens le vénéraient, il était pour eux un dieu, parce que ses eaux débordaient et ses crues abreuvaient et
rendaient fertiles le pays.
Les Juifs, pour leur part, croient en un D-ieu qui transcende les limites de la nature et ses lois. Les Egyptiens
avaient l’intention de d’amener les Juifs à rejeter ce type de Divinité. Ils comptaient les plonger dans l’esprit
du pays et dans la dévotion pour les phénomènes naturels tel que la crue du Nil.
Sur sa terre, un tel état d’esprit était impossible pour le peuple Juif. En Israël, la relation entre la réussite
de l’homme et D-ieu était manifeste : lorsque la terre avait besoin de pluie, le peuple Juif priait et Hachem
envoyait sa bénédiction. Là, en Terre Sainte, il n’était pas difcile de percevoir et de ressentir que toutes les
bontés émanaient de D-ieu Lui-même. L’erreur d’analyse ne pouvait s’installer chez nos ancêtres qu’après leur
descente en Egypte. Ce pays montrait que l’on peut se sufre au phénomène naturel, les crues régulières du
Nil, pour avoir une terre fertile.
La soumission des Juifs à cette idée ne pouvait pas prendre place alors que Yossef était encore en vie et à la
tête de l’Egypte. Cette génération avait été témoin de la Providence Divine ; à cette époque, on avait compris
en Egypte que la nature et ses lois ne sont que des outils de l’intervention du Divin. L’esclavage, matériel et
spirituel, des Hébreux ne pouvait toucher que la nouvelle génération, celle qui n’avait pas connu la terre d’Is-
raël et qui n’avait pas vécu les moments privilégiés du rapport avec D-ieu.
C’est alors que commença la véritable descente en Egypte et que, par conséquent, Pharaon pouvait imposer
son terrible décret impliquant que le peuple Juif soit immergé dans le dieu Nil, dans l’idolâtrie et la soumission
aux lois de la nature.
Moché, le berger dèle, fut celui qui donna la force aux Béné-Israël de briser les liens de l’esclavage et le pou-
voir de se détacher des concepts idolâtres égyptiens. Moché installa dans le cœur de ses frères la foi en D-ieu
à un moment où, pour beaucoup d’entre eux, il était difcile de croire quel tel concept pouvait exister. C’est
précisément par le mérite de cette foi que nos ancêtres purent surmonter les épreuves de l’exil et recouvrer
leur liberté.
Ce phénomène peut et doit être vécu par chacun de nous quotidiennement. En commençant sa journée par la
prière et l’étude, le Juif construit sa relation avec D-ieu et peut, alors, percevoir l’intervention Divine tout le
reste de la journée.
Nos sages nous enseignent qu’il existe en chacun de nous une part de Moché. Cette étincelle ravive en nous
l’idée que toute notre existence – même ce qui pourrait paraître radicalement un phénomène naturel – n’est
que le produit direct de Hachem.
Likouté Si’hoth Vol XVI
4
Ré f l e x i o n s su R Pe s s a h
La Paracha Bo décrit en détail les rites qui accompagnent le sacrice de l’agneau de
Pessa’h. L’animal devait être choisi selon certains critères ; il devait être examiné
pendant quatre jours avant d’être abattu par la Ché’hita. Enn, il devait être consom-
mé accompagné de Matsoth et d’herbes amères.
Maïmonide dans le Sefer Hamitsvoth dénombre deux commandements concernant ce
rite:
Abattre l’agneau le quatorze Nissan.
Le manger dans la soirée du quinze.
Ces deux commandements paraissent intimement liés l’un à l’autre, il est donc étonnant que le
Rambam les considère comme deux Mitsvoth séparées.
La sortie d’Egypte représente un événement déterminant dans l’histoire du peuple Juif ; c’est
à ce moment qu’il se constitue en tant que nation. Il n’est plus l’esclave de Pharaon ; il devient
le serviteur de D-ieu.
Le sacrice de l’agneau de Pessa’h avait pour but de préparer nos ancêtres à l’exode. Chaque
détail était important car il préparait différemment à cet événement fondateur.
C’est pourquoi cette Mitsva se sépare en deux commandements distincts : le sacrice même,
et sa consommation. Ces deux étapes étaient requises pour préparer les Juifs à quitter l’Egypte
d’une part et pour qu’ils deviennent les serviteurs de D-ieu, d’autre part.
Dans l’Egypte antique, l’agneau était considéré comme un dieu. En l’offrant en sacrice, le
peuple Juif se débarrassa par un seul geste de sa soumission aux Egyptiens. Il fallait aux Juifs
une grande Messirouth-Nefech – sacrice personnel – pour agir ainsi. Ils sacrièrent l’agneau
publiquement face à leurs voisins et jusque là, tortionnaires horriés. Cet acte leur était
indispensable pour qu’ils cessent d’être soumis à l’Egypte, et pour qu’ils puissent devenir ainsi
les serviteurs de D-ieu.
La deuxième Mitsva consiste à manger l’agneau. Cet animal abattu avec Messirouth-Nefech
devient, après sa consommation, une partie même de la chair du Juif. La matière du sacrice
est digérée et s’unie avec le corps matériel.
Le sacrice de sa personne est une partie fondamentale du service de D-ieu. Ce sentiment doit
transcender la personne, mais il doit aussi pénétrer son être et l’emplir entièrement jusqu’à -
border dans les dimensions les plus matérielles de son existence. Ainsi, la Messirouth-Nefech
devient réellement une partie de l’Etre Juif, le préparant à la sortie d’Egypte et lui permettant
de devenir le serviteur de D-ieu.
Likouté Si’hoth Vol XVI
le Ko r b a n Pe s s a h
5
Ré f l e x i o n s su R Pe s s a h
Les quatre questions de Ma Nichtana sont – d’après la coutume ‘Habad – posées dans l’ordre
suivant :
Matbilin Toutes les nuits nous ne sommes pas tenus de tremper ne serait-ce
qu’une seule fois, cette nuit, nous le faisons deux fois !
Matsa - Toutes les nuits nous mangeons du ‘Hamets et de la Matsa, cette nuit,
seulement de la Matsa !
Maror - Toutes les nuits nous mangeons n’importe quelle sorte de légume, cette
nuit, du Maror !
Messoubin - Toutes les nuits nous mangeons assis ou accoudés, cette nuit, nous
sommes tous accoudés !
Quelle est la raison de cet enchaînement particulier ?
Nous ne pouvons pas dire que les questions sont présentées par ordre d’importance. Car, s’il en
était ainsi, la question concernant l’obligation de manger de la Matsa à Pessa’h Mitsva expli-
cite de la Torah aurait été rappelée en premier. Puis, suivrait le Maror qui n’est aujourd’hui
qu’une institution de nos sages. Le fait de s’accouder viendrait logiquement en troisième posi-
tion puisqu’il symbolise la liberté, reléguant, ainsi, le trempage des légumes, qui n’est qu’une
coutume, en dernière position.
Les questions ne sont pas, non plus, énoncées dans l’ordre chronologique du Seder. Nous
commençons la soirée par le Kidouch et nous buvons la première coupe de vin en position
accoudée. Méssoubin devait alors précéder la question de Matbilin le trempage du Karpass
dans l’eau salée qui vient après le Kidouch.
Matbilin le trempage – est pourtant la première question posée par l’enfant juif. Le trempage
attire son attention et saisit son regard, en dépit du fait que ceci n’est ni une injonction de la
Torah, ni même une institution rabbinique. La curiosité de l’enfant est stimulée précisément
par la coutume Juive.
Il existe certaines personnes qui admettent que l’on doit faire l’impossible pour pratiquer les
Mitsvoth de la Torah et cela à tout prix, même dans le cas cela impliquerait un sacrice
personnel. Toutefois, selon eux, les coutumes juives ne sont pas si importantes. Ainsi, si des
difcultés venaient à se présenter face à l’application des coutumes Juives, ces personnes
n’hésiteraient pas à y renoncer, puis, elles réduiraient la valeur de leurs signications.
L’ordre des questions posées au Seder nous apprend que personne ne doit jamais déprécier
un Minhag Israël – une coutume Juive. C’est précisément la coutume qui est citée en premier
lieu dans la Hagadda. C’est la coutume qui stimule l’enfant et elle le pousse à poser les autres
questions.
Ce sont les coutumes Juives qui nous différencient de notre entourage non-juif. Car, c’est en
observant les coutumes que notre particularisme est apparent, ainsi nous disons : « Tu nous as
choisi parmi les nations ! » et « La coutume Juive est Torah. »
Likouté Si’hoth Vol I
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