L’écotourisme, l’industrie privilégiée du développement durable
La forme de tourisme qui vise le développement durable, soit la sauvegarde de l’environnement, la
protection du patrimoine culturel et social, de même que le développement économique des
régions visitées porte le nom d’écotourisme (Whelan 1991 ; Ceballos-Lascuráin 1996 ; Wood
2002). C’est donc une activité touristique réfléchie qui initie les touristes à la beauté, la richesse et
l’unicité du patrimoine naturel et culturel d’une nation. Pour mériter ce nom, un produit
écotouristique doit assurer la préservation continue de l’intégrité des écosystèmes et de la culture
des lieux visités, tout en produisant des avantages économiques soutenus (Gössling 1999).
L'écotourisme se présente habituellement sous forme scientifique, esthétique ou philosophique et
comporte toujours un fort élément d’interprétation et de socialisation, ce qui n’est généralement
pas le cas du tourisme d’aventure axé, quant à lui, sur la pratique sportive dans un cadre naturel.
C’est, dans ce cas, une activité de plein air faite en groupes structurés, accompagnés de guides qui
bénéficient d’une grande expérience dans la pratique d’un ou plusieurs sports de contact avec la
nature.
Par sa définition même, l’écotourisme, lorsqu’il est bien pratiqué, constitue le secteur économique
privilégié du développement durable (Munasinghe et McNeely 1994 ; Vaughan 2000). En effet,
cette industrie dépend en premier lieu d’une nature intègre où sont préservés les éléments
endémiques et rares de la biodiversité régionale et où subsistent généralement des nations
autochtones riches en traditions et en culture. Quelles belles opportunités environnementales,
sociales et économiques s’offrent à l’industrie internationale et nationale de l’écotourisme d’établir
un réseau mondial de laboratoires in situ du développement durable! On pourrait tenter cette
expérience en mettant à profit le réseau actuel des réserves mondiales de la biosphère (au nombre
de 409 dans 94 pays en 2002), étant donné que ces sites visent à harmoniser les objectifs de
conservation et les besoins sociaux et économiques des communautés rurales
(http ://www.unesco.org/mab/wnbr.htm).
Les chances de succès sont d’autant plus grandes que les consommateurs des ressources
écotouristiques sont des gens qui sont pour la plupart fortement scolarisés et qui s’intéressent à la
vie sous toutes ses formes. Ce sont des « libres penseurs » en ce sens qu’ils abordent généralement
les enjeux environnementaux, sociaux et économiques avec sérieux et qu’ils sont désireux de
contribuer à solutionner les problèmes dont ils ont conscience. Ce sont en quelque sorte des
« croisés » du développement durable prêts à porter le message du maintien de la biodiversité dans
les coins les plus reculés de la planète. En 1992, ces naturalistes-voyageurs représentaient près de
15% des touristes internationaux...et c’est sans compter les excursionnistes régionaux ! Herliczek
(1996, dans Mendelsohn 1997) évalue à 2 billions de dollars ($US) les revenus annuels mondiaux
de l’écotourisme. Par ailleurs, Filion et collaborateurs (1994) estiment qu’environ 75 millions
d’observateurs d’oiseaux laissent à eux seuls près de 80 millions de dollars ($US) dans les pays où
ils pratiquent leur loisir!
Comme une partie croissante des revenus de l’écotourisme sont réalisés dans le tiers monde, là où
se trouvent les principaux sites de la biodiversité mondiale, on tient là une opportunités en or dont
il faut absolument profiter pour supporter financièrement les pays pauvres auxquels incombent la
responsabilité d’assurer la part la plus importante de la facture de la conservation de la biodiversité