En janvier 1938, le compositeur envoie la pièce à Arturo Toscanini, chef d'orchestre qui lui
rend la partition sans aucun commentaire. Barber, vexé, évite de le revoir.
Toscanini lui transmet alors un mot par le biais d'un ami : il envisage de jouer l'œuvre et il la
lui a rendue pour l’avoir déjà mémorisée. L'arrangement de Barber lui-même pour orchestre
à cordes fut crée par ce même Arturo Toscanini avec l'Orchestre symphonique de la NBC le
5 novembre 1938 a New-York. La radiodiffusion nationale de l’œuvre est un succès sans
précédent pour une composition américaine. Elle devient l’œuvre la plus populaire de la
musique ≪ sérieuse ≫ américaine. Elle est, en outre, l’hymne interprété lors de nombreuses
funérailles officielles (la première fois lors du décès du président Roosevelt, à qui l’œuvre est
dédiée, puis lors des funérailles de Kennedy et de Grace Kelly) et une mélodie très présente
dans le cinéma (Eléphant Man en 1980, Platoon en 1986, Little Buddha en 1993, La Cité des
anges en 1998, Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain en 2001…)
Analyse musicale
Ecrit en 1938, cet Adagio aurait pu être composé 70 ans plus tôt, tant son écriture est
éloignée du style des années1940.
Il possède un caractère méditatif particulièrement pénétrant, proche de certaines musiques
religieuses. La souplesse de la mélodie le rapproche en effet des chants religieux du Moyen
Age et la polyphonie (plusieurs voix mélodiques évoluant ensemble) de nombreuses
musiques religieuses pour chœur de la Renaissance au XX
e
siècle.
Les notes ont des durées égales et se caractérisent par leur longueur : certaines
durent 10 temps.
Le tempo lent et les rythmes étirés contribuent à donner de l'élévation à cette pièce.
La répétition du même thème (alterné avec le thème 2) du début a la fin donne
l'impression d'une litanie.
La mélodie principale ascendante progresse par palier. Le long flot de cette ligne mélodique
se déploie librement au sein de l'ensemble des cordes. Elle revient comme un refrain joué a
diverses voix, parfois écourtée, parfois avec une conclusion différente.
La première section de l'Adagio commence par la mélodie jouée par les premiers violons et
s'achève avec sa reprise par les altos. Ces derniers poursuivent une variation sur cette
même mélodie dans la deuxième section, alors que les contrebasses restent silencieuses.
Ensuite, interviennent les violoncelles dans une tessiture de mezzo-soprano, puis l'ensemble
des cordes monte dans la gamme jusqu'a son registre le plus élevé, culminant dans un pic
fortissimo-forte.