Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie clinique DCEM3
« Mise à jour : antihistaminiques H1 et risques gestationnels » - E. Ayme-Dietrich – Mai 2011
Mise à jour : risques gestationnels des antihistaminiques H1
Les données actuelles permettent d’abolir le principe de précaution concernant l’utilisation
des antihistaminiques H1 de 2ème génération, chez la femme enceinte et en cours
d’allaitement.
En effet des données publiées chez les femmes enceintes exposées à ces anti-H1 en cours de
grossesse sont très nombreuses et rassurantes.
Pour ces antihistaminiques H1, la quantité ingérée via le lait est le plus souvent très faible et
aucun événement particulier n’est rapporté chez des enfants allaités.
Les antihistaminiques H1 suivants sont donc utilisables quel que soit le terme de la
grossesse et en cours d’allaitement :
- Cétirizine (Virlix®, Zyrtec®) : usage répandu pendant l’allaitement et aucun effet
particulier recensé ; il est bien toléré (peu sédatif et non atropinique).
- Desloratadine (Aerius®) : métabolite actif de la loratadine ; la quantité ingérée via
le lait est très faible (1% de la dose maternelle ingérée) et il est bien toléré (peu
sédatif et non atropinique).
- Fexofénadine (Telfast®) : la quantité ingérée via le lait est très faible (1% de la
dose maternelle ingérée) et il est bien toléré (peu sédatif et non atropinique).
- Lévocétirizine (Xyzall®) : isomère actif de la cétirizine ; son usage est répandu
lors de la grossesse et l’allaitement, sans recensement d’effet particulier.
- Loratadine (Clarityne®, Zaprilis®) : données cliniques publiées lors de la
grossesse sont nombreuses et rassurantes (l’augmentation des hypospadias qui
avait été évoquée, il y a quelques années, a été réfutée). La quantité ingérée via le
lait est très faible (1% de la dose maternelle ingérée) et il est bien toléré (peu
sédatif et non atropinique).
Petit point sur les autres antihistaminiques H1 :
- Kétotifène Zaditen® : il n’est pas tératogène chez l’animal, mais on applique le principe de
précaution chez la femme enceinte en raison des données cliniques insuffisantes.
- Les antihistaminiques H1 anticholinergiques :
- Alimémazine Theralène® : données recueillies chez l’animal sont insuffisantes,
mais données cliniques rassurantes.
- Bromphéniramine Dimegan® : risque d’un effet malformatif non exclu,
l’utilisation est donc déconseillée au 1er trimestre.
- Cyproheptadine Periactine® : pas d’effet tératogène chez l’animal, mais données
cliniques insuffisantes. Compte tenu des propriétés antisérotoninergiques
(récepteur 5-HT2) et du rôle de la sérotonine dans la contractilité utérine, la
cyproheptadine doit être contre-indiquée en fin de grossesse.
- Dexchlorphéniramine Polaramine® : prescription possible pendant les deux
premiers trimestres de la grossesse (pas d’effet tératogène chez l’animal et les
résultats d’études épidémiologiques semblent exclure un effet malformatif). Par
contre, attention aux effets anticholinergiques en fin de grossesse (signes digestifs
liés aux propriétés atropiniques des phénothiazines : distension abdominale, iléus
méconial, retard à l’émission du méconium, difficulté lors de la mise en route de
l’alimentation, tachycardie, troubles neurologiques). Il est déconseillé lors de
l’allaitement à cause de son effet sédatif.