Mise à jour : risques gestationnels des antihistaminiques H1 Les données actuelles permettent d’abolir le principe de précaution concernant l’utilisation des antihistaminiques H1 de 2ème génération, chez la femme enceinte et en cours d’allaitement. En effet des données publiées chez les femmes enceintes exposées à ces anti-H1 en cours de grossesse sont très nombreuses et rassurantes. Pour ces antihistaminiques H1, la quantité ingérée via le lait est le plus souvent très faible et aucun événement particulier n’est rapporté chez des enfants allaités. Les antihistaminiques H1 suivants sont donc utilisables quel que soit le terme de la grossesse et en cours d’allaitement : - - Cétirizine (Virlix®, Zyrtec®) : usage répandu pendant l’allaitement et aucun effet particulier recensé ; il est bien toléré (peu sédatif et non atropinique). Desloratadine (Aerius®) : métabolite actif de la loratadine ; la quantité ingérée via le lait est très faible (1% de la dose maternelle ingérée) et il est bien toléré (peu sédatif et non atropinique). Fexofénadine (Telfast®) : la quantité ingérée via le lait est très faible (1% de la dose maternelle ingérée) et il est bien toléré (peu sédatif et non atropinique). Lévocétirizine (Xyzall®) : isomère actif de la cétirizine ; son usage est répandu lors de la grossesse et l’allaitement, sans recensement d’effet particulier. Loratadine (Clarityne®, Zaprilis®) : données cliniques publiées lors de la grossesse sont nombreuses et rassurantes (l’augmentation des hypospadias qui avait été évoquée, il y a quelques années, a été réfutée). La quantité ingérée via le lait est très faible (1% de la dose maternelle ingérée) et il est bien toléré (peu sédatif et non atropinique). Petit point sur les autres antihistaminiques H1 : - Kétotifène Zaditen® : il n’est pas tératogène chez l’animal, mais on applique le principe de précaution chez la femme enceinte en raison des données cliniques insuffisantes. - Les antihistaminiques H1 anticholinergiques : - Alimémazine Theralène® : données recueillies chez l’animal sont insuffisantes, mais données cliniques rassurantes. - Bromphéniramine Dimegan® : risque d’un effet malformatif non exclu, l’utilisation est donc déconseillée au 1er trimestre. - Cyproheptadine Periactine® : pas d’effet tératogène chez l’animal, mais données cliniques insuffisantes. Compte tenu des propriétés antisérotoninergiques (récepteur 5-HT2) et du rôle de la sérotonine dans la contractilité utérine, la cyproheptadine doit être contre-indiquée en fin de grossesse. - Dexchlorphéniramine Polaramine® : prescription possible pendant les deux premiers trimestres de la grossesse (pas d’effet tératogène chez l’animal et les résultats d’études épidémiologiques semblent exclure un effet malformatif). Par contre, attention aux effets anticholinergiques en fin de grossesse (signes digestifs liés aux propriétés atropiniques des phénothiazines : distension abdominale, iléus méconial, retard à l’émission du méconium, difficulté lors de la mise en route de l’alimentation, tachycardie, troubles neurologiques). Il est déconseillé lors de l’allaitement à cause de son effet sédatif. Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie clinique DCEM3 « Mise à jour : antihistaminiques H1 et risques gestationnels » - E. Ayme-Dietrich – Mai 2011 - - - Hydroxyzine Atarax® : effet tératogène chez l’animal à des doses supérieures aux doses thérapeutiques chez l’Homme. En clinique, pas d’effet malformatif relevé chez les femmes enceintes traitées par l’hydroxyzine, mais absence d’études épidémiologiques. Si administration en fin de grossesse, tenir compte des effets atropiniques et sédatifs de cette molécule. Il est déconseillé lors de l’allaitement à cause de son effet sédatif. Méquitazine Primalan® : pas d’effet tératogène chez l’animal, mais on applique le principe de précaution chez la femme enceinte en raison des données cliniques insuffisantes. Attention aux effets anticholinergiques en fin de grossesse. L’allaitement peut être envisagé pendant un temps court d’utilisation de ce médicament. Prométhazine Phenergan® : on applique le principe de précaution chez la femme enceinte en raison des données de tératogenèse chez l’animal et cliniques insuffisantes. Attention aux signes digestifs liés aux propriétés atropiniques de la molécule en fin de grossesse. Elle est déconseillée en cas d’allaitement (excitation paradoxale du nouveau-né et risques d’apnée du sommeil). - Les antihistaminiques H1 non anticholinergiques : - Ebastine Kestin® : il n’est pas tératogène chez l’animal, mais on applique le principe de précaution chez la femme enceinte et allaitante en raison des données cliniques et épidémiologiques insuffisantes. - Mizolastine Mizollen® : application du principe de précaution pour la grossesse (aucun effet nocif retrouvé chez l’animal sur le développement de l’embryon ou du fœtus, l’évolution de la gestation et le développement péri et postnatal) et lors de l’allaitement car il est excrété dans le lait maternel. Si un antihistaminique doit être maintenu au cours de la grossesse, utiliser un antihistaminique H1 de 2ème génération, sans effet sédatif ni atropinique. Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie clinique DCEM3 « Mise à jour : antihistaminiques H1 et risques gestationnels » - E. Ayme-Dietrich – Mai 2011