Les troubles de la personnalité limite

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4e ORTHOPEDAGOGIE
Travail réalisé dans le cadre du cours de Neuropsychologie de
Monsieur Berode.
Qu’est-ce que le TPL ?
Le trouble de personnalité limite dit TPL est aussi appelé trouble de la personnalité
borderline (TPB). C’est une maladie mentale caractérisée par une instabilité émotionnelle.
Les personnes qui en souffrent ont du mal à maîtriser leurs impulsions et à maintenir des
relations interpersonnelles.
Depuis peu, des travaux sont menés afin de prouver que le cerveau joue un rôle clé dans la
capacité de gérer une émotion négative et que donc les borderline présenteraient des
différences dans l’activité de zones clés du cerveau par rapport aux personnes « normales ».
« Dr. David A. Silbersweig du Weill Cornell Medical Center (New York) et ses collaborateurs
ont examiné l'activité du cerveau impliquée dans l'interaction entre les états émotifs négatifs
et la désinhibition des comportements chez 16 personnes souffrant du trouble de
personnalité borderline et 14 autres personnes.
« Des travaux précédents ont déjà suggéré qu'une région à la base du cerveau, dans le cortex
préfrontal ventromédian, joue un rôle clé dans la capacité de contrôler les comportements en
présence d'émotions négatives", explique le Dr. Silbersweig. Dans une tâche d'auto-contrôle
sur ordinateur, les participants ayant le trouble de personnalité borderline performaient
moins bien lorsque des mots avec une charge émotive négative (selon la psychologie
borderline) étaient impliqués. Et la région du cortex préfrontal ventromédian était
effectivement moins active chez ces participants que chez ceux du groupe de
comparaison. En même temps, d'autres régions reliées aux émotions, telles que l'amygdale
et certaines autres régions du système limbique, étaient plus activées. Les chercheurs croient
qu'une sous-performance de cette région du cerveau pourrait expliquer la désinhibition
souvent observée dans les comportements des gens souffrant de ce trouble. Ils planifient de
tester des hypothèses sur les changements dans ces régions du cerveau associés à différents
types de traitements. La recherche est publiée dans l'American Journal of Psychiatry. » Psychomédia
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Description
Ces personnes présentent une détresse émotionnelle et les difficultés comportementales
associées au TPL ont des répercussions importantes sur l’entourage de ces personnes et
s’infligent des moments d’émotions intenses comme la peur, la colère, l’angoisse, …
Selon le DSM-IV-TR, voici les critères diagnostiques…
« Une instabilité omniprésente dans les relations interpersonnelles, l’image de soi et les
affects, ainsi qu’une impulsivité marquée qui apparaît au début de l’âge adulte dans divers
contextes, tels qu’ils se présentent dans au moins cinq critères parmi les suivants :








Efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginés.
Un modèle d’instabilité et d’intensité dans les relations interpersonnelles caractérisé
par l’alternance entre des positions extrêmes d’idéalisation excessive et de
dévalorisation.
Trouble d’identité et d’instabilité persistante de l’image et de la notion de soi.
Impulsivité dans au moins 2 secteurs potentiellement préjudiciables pour la personne :
dépenses, sexe, abus de substance, conduite dangereuse, boulimie …
Comportement suicidaire récurrent, gestes ou menaces, comportement
d’automutilation.
Instabilité affective due à une réactivité marquée de l’humeur. (Épisode intense de
dysphorie, irritabilité, une anxiété qui dure habituellement quelques heures et
rarement plus que quelques jours).
Sentiments chroniques de vide.
Colères intenses ou inappropriées ou difficulté à contrôler sa colère (manifestations
fréquentes de tempérament, colères constantes, batailles physiques récurrentes.
2

Survenue transitoire dans des situations de stress d’une idéation persécutoire ou de
symptômes dissociatifs sévères.
»
Comme présenté ci-avant, pour être diagnostiqué trouble de la personnalité limite, il faut
présenter au moins 5 des 9 critères énoncés. Mais nous allons détailler ces symptômes afin
d’y voir plus clair.

La peur de l’abandon : la perception d’une séparation, d’un rejet imminent ou la
perte de structure peut déclencher chez la personne souffrant de TPL un changement
de l’image de soi, de ses perceptions, de son comportement. Ces personnes sont
extrêmement sensibles et peuvent croire que ces séparations imprévues ou de durée
limitée sont dues au fait qu’elles soient « méchantes ». Cela témoigne de leur
incapacité à supporter la solitude et un besoin constant d’être entouré de gens.
Lorsqu’elles se sentent abandonnées, ces personnes peuvent devenir impulsives en
adoptant des comportements suicidaires et/ou d’automutilation.

Relations instables et intenses : les relations que ces personnes entretiennent avec
leurs proches sont très instables. En effet, elles ont une pensée dualiste, c’est soit
noir, soit blanc mais il n’y a pas d’intermédiaire : elles les idéalisent ou les
dévalorisent. Cette instabilité résulte de la difficulté à contrôler les émotions qui les
traversent et à les identifier.
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
Perturbation de l’identité : c’est l’image de soi qui est instable ou indistincte, ces
personnes ne savent pas identifier leurs émotions et ne décodent pas les intentions
et motifs de leurs actions.

Impulsivité : elle se traduit souvent par l’abus d’alcool ou la toxicomanie, la sexualité
à risques, la boulimie, la conduite automobile dangereuse…

Comportements suicidaires et autodestructeurs : ce sont des comportements
caractéristiques du trouble limite. Ils peuvent se manifester dès l’adolescence et
apparaissent habituellement lorsqu’il y a des menaces de séparation ou de rejet, ou
s’il on force la personne à prendre certaines responsabilités dont elle ne veut pas.

Instabilité affective : L’intensité, la volatilité et la gamme d’émotions exprimées sont
très marquées chez ses personnes. Cela illustre la réactivité extrême de ses
personnes face au stress, à l’angoisse liées aux relations interpersonnelles.

Vide : c’est un sentiment chronique qui se vit comme un déchirement, comme une
vraie peine. Ce n’est ni de l’ennui ni de l’angoisse mais un état associé à un grand
besoin affectif et à la solitude.

Colère : Elle peut être provoquée par les perceptions erronées ou le sentiment qu’un
proche les néglige ou les prive. La colère peut être noire mais s’en suit presque
automatiquement de honte ou de culpabilité, ce qui favorise l’impression d’être
« méchant ».

Distorsion de la réalité : ces personnes peuvent déformer ce qu’elles pensent être
réels voire même évoluer dans un monde irréel où elles ont une conscience d’ellesmêmes irréaliste s’imaginant que les gens autour parlent d’elles. Cependant ces
personnes sont capables de se rendre compte de ses distorsions contrairement à
d’autres pathologies.
Origine
Le TPL est causé par une association complexe de facteurs génétiques, sociaux et
psychologiques. La recherche et ses résultats tendent à montrer que la plupart des
personnes souffrant de TPL ont des antécédents d’abus psychologiques ou physiques, ont pu
souffrir d’une absence ou carence affective ou d’une séparation importante durant la tendre
enfance ou encore qu’elles aient subi des événements stressant à l’adolescence ou à l’âge
adulte. Toutes ne sont pas dans ce sas.
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Le trouble borderline est classé entre la psychose et la névrose et il a un point commun avec
l’hyperactivité ainsi que les troubles bipolaires : la cyclothymie ou le changement rapide
d’humeur. On associe parfois le TPL à d’autres troubles de la personnalité ou des maladies
mentales (troubles anxieux, troubles de l’alimentation, troubles dépressifs ou TDAH).
Prévalence
Ce trouble toucherait 2% de la population et se manifeste habituellement au début de l’âge
adulte mais il peut y avoir des exceptions. On note également que ce sont les femmes qui
sont plus touchées que les hommes lorsqu’il y a intervention clinique sinon le TBL affecte
autant un genre que l’autre.
Traitements
Il n’y a pas de médication associée à ce trouble, cependant la prise d’antidépresseurs,
d’antipsychotiques et la psychothérapie comportementale sont des moyens qui peuvent
aider la personne souffrante de ce trouble. Il existe également de groupes d’entraide.
Cependant il est également possible d’en venir à l’hospitalisation si la personne passe par
des crises suicidaires importantes par exemple. Ces hospitalisations sont requises lorsque la
personne se met en danger pour soi ou pour autrui et/ou lorsqu’un trouble mental sévère
est associé.
Psychothérapie
Il existe différents types de psychothérapie qui ont su démontrer leur efficacité auprès des
« patients »
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

La thérapie cognitivo-comportementale : c’est une approche orientée sur le
moment présent. La personne doit essayer d’identifier les distorsions de son schéma
de pensée qui influencent, perturbent ses relations avec les autres, sa perception
d’elle-même et son rapport avec le monde. Avec le thérapeute, elle élabore de
nouveaux schémas de pensées.
La thérapie de groupe et groupe d’entraide : elle est dirigée par des professionnels
selon différentes approches et rassemble des personnes sélectionnées selon leur
« problème » qui vont discuter des aspects communs de ces problèmes.
La thérapie comportementale dialectique : elle combine des modes de thérapie
individuelle et de groupe, et chercher à enseigner des habilités à pouvoir réguler ses
états émotionnels et minimiser ses comportements autodestructeurs.
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L’orthopédagogue et le TPL
Il est évidemment essentiel de s’informer sur ce trouble et ses conséquences pour pouvoir
intervenir au mieux aux côtés de la personne. C’est aussi à nous de prendre compte des
différents symptômes pour pouvoir orienter au mieux la personne qui semble présenter ce
trouble vers des spécialistes. J’ai cependant envisagé quelques pistes qui pourraient m’être
utiles à l’avenir :
-
S’informer de la détresse que peuvent ressentir ces personnes et des risques qu’elles
présentent pour leur propre santé
Favoriser les échanges sociaux entre les personnes
Parler des comportements et des attitudes « correctes »
Favoriser les comportements qui peuvent avoir un effet positif
Garder une attitude d’adulte à adulte
Définir les limites et établir certaines règles
Envisager de l’aide, du soutien
Lui faire comprendre et accepter son trouble
Eviter les comparaisons
Etre rassurant
Faire preuve d’empathie
C’est aussi communiquer avec les parents de cette personne et le personnel médical qui la
suit si il y a.
Biblio et sitographie :
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COLLECTIF, Trouble de personnalité limite et réadaptation T.01, ed. Ressources, 2007
COUSINEAU P. et YOUNG J., Le traitement du trouble de la personnalité limite par
l’approche centrée sur les schémas, pour la revue Santé mentale au Québec,
Volume 22, numéro 1, printemps 1997, p. 87-105
GUILE J-M., Les troubles de personnalité limite : équivalents bipolaires ou conduites
impulsives, Montréal, dans la revue Perspectives Psy, volume 43, 2004.
KERNBERG O., Les troubles limites de la personnalité, ed. Dunod
TORTOSA A., Le trouble de la personnalité borderline : l’état limite, diagnostic et
traitements. Victime de ses émotions, Paris, ed. Archilogue, 2011.
http://www.fondationdesmaladiesmentales.org/la-maladie-mentale.html?t=&i=28
https://psychcentral.com/lib/how-to-help-a-loved-one-with-borderline-personalitydisorder-part-1//
http://www.psychomedia.qc.ca/troubles-personnalite/dossier/trouble-de-lapersonnalite-limite-ou-borderline
http://www.douglas.qc.ca/videos/220
https://aqnp.ca/la-neuropsychologie/
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Article de Elsevier, Biological Psychiatry :
Le trouble de la personnalité limite (ou borderline) est caractérisé par une grande instabilité
émotionnelle. Une étude, publiée dans la revue Biological Psychiatry visait à résumer les
résultats des études de neuro-imagerie sur les anomalies cérébrales sous-tendant ce
trouble.
Lars Schulze de la Freie Universität Berlin et ses collègues de l'université Heidelberg ont
réalisé une méta-analyse de 19 études portant sur la neuroimagerie fonctionnelle (l'activité
du cerveau) impliquant un total de 281 participants ayant le trouble et un groupe de
comparaison de 239 personnes en santé ; ainsi que 10 études portant sur la neuro-imagerie
structurelle (anatomie) impliquant un total de 263 personnes ayant le trouble et 278
personnes en santé.
Durant le traitement mental d'émotions négatives, les participants ayant le trouble
présentaient une activation relativement accrue dans l'amygdale et le cortex cingulaire
postérieur de l'hémisphère gauche en même temps qu'une réponse atténuée du cortex
dorsolatéral préfrontal dans les deux hémisphères comparativement aux groupes de
comparaison.
L'hyperactivité de l'amygdale gauche est combinée à un volume réduit de sa matière grise.
L'amygdale, qui est hyperactive dans le trouble borderline, est connue pour être responsable
de l'activation émotionnelle. Le cortex préfrontal dorsolatéral, qui est moins actif dans le
trouble pendant le traitement des émotions négatives, joue un rôle clé dans la régulation
des émotions.
« Afin de comprendre ces résultats, il pourrait être utile d'imaginer que le cerveau est
comme une voiture », explique John Krystal, rédacteur en chef de Biological Psychiatry. « La
pédale de gaz pour l'émotion pourrait être l'amygdale et le frein émotionnel pourrait être le
cortex préfrontal dorsolatéral. Les résultats actuels semblent suggérer que, dans le trouble
de la personnalité borderline, le cerveau met le gaz mais ne fonctionne pas aussi
efficacement pour freiner émotion. »
Ensemble, ces résultats soutiennent la notion du trouble de la personnalité borderline
comme étant un trouble de dérégulation de l'émotion. Les options de traitement qui
peuvent aider à ajuster le « moteur » du cerveau pourraient aider à soulager certains des
symptômes cliniques pénibles contre lesquels les personnes atteintes luttent tous les jours,
conclut Lars Schulze.
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