uniquement dans le Top 10 de la catégorie « Protection et
valorisation de la propriété intellectuelle ». Si l’approche
de cette étude semble, de prime abord, originale et suscite
initialement quelques enthousiasmes, voire quelques crain-
tes, les biais induits par une méthodologie peu scientifi que,
parfois opaque et, in fi ne, porteuse de nombreux postulats
non préalablement validés, l’ont rapidement décrédibilisée
auprès des participants du congrès BIO 2009 et plus lar-
gement auprès des acteurs du secteur des biotechnologies.
La question de l’innovation est un sujet diffi cile à traiter et
le choix des critères d’évaluation de la performance reste
particulièrement sensible.
La « success story » du RTP
Un article adjoint à la publication et retraçant la naissan-
ce des biotechnologies aux Etats-Unis aura toutefois fait
rêver de nombreuses délégations étrangères. Notamment
au travers de l’expérience de la Caroline du Nord qui, en
moins d’un demi-siècle, aura su remettre en cause les fon-
dements de son économie. Dès la fi n des années cinquante,
cet Etat – alors l’un des plus pauvres des Etats-Unis – a su
mobiliser, face à ses industries sur le déclin 3, une synergie
quasi-naturelle entre ses hommes politiques, ses entrepre-
neurs, ses chercheurs et ses industriels. Le 9 janvier 1959,
le « Research Triangle Park » (RTP) était fondé et deux mil-
lions de dollars étaient levés en soixante jours 4. Le triangle,
formé par les 2 000 acres du parc, possédait déjà, à chacune
de ses extrémités, une université réputée : la Duke Univer-
sity, la North Carolina State University et l’University of
North Carolina Chapel Hill. Le RTP était alors destiné à
valoriser cette pépinière de talents et ce potentiel créatif. Le
chemin fut long car ce n’est réellement qu’en 1965, avec
l’installation d’IBM et de l’Institut national des sciences
de la vie, que démarrèrent la réputation et l’attractivité
du cluster de Caroline du Nord. Le RTP fait aujourd’hui
partie des premiers pôles de compétitivité américains. Une
performance d’autant plus remarquable que la Caroline du
Nord ne possédait pas au départ de base historique dans
le domaine de la pharmacie – à l’instar de Boston ou de
Philadelphie – ou une avance particulière dans le domaine
de la recherche en biotechnologie puisque les pionniers en
la matière travaillaient sur la côte Ouest. Au fi nal, une jolie
success story américaine que de nombreux pays aimeraient
connaître avec leurs pôles de compétitivité. Les Etats-Unis
ont, pour cela, acquis une expérience et un savoir-faire in-
déniables. Grâce à une volonté unique de soutien à l’inno-
vation, ils ont su créer un cadre favorable et un environne-
ment propice aux biotechnologies. ■
Julie Lyonnard
Ambassade de France à Washington
(1) Le rapport complet est disponible en ligne : www.saworld-
view.com
(2) Yali Friedman vit à Washington D.C. et est l’auteur de plu-
sieurs ouvrages dont Building biotechnologies. Il est également
fondateur de DrugPatentWatch et rédacteur en chef du Journal
of Commercial Biotechnology.
(3) Culture du tabac, du coton et fabrication de meubles.
(4) Somme importante à l’époque pour un projet « virtuel » mais
qui, aujourd’hui, apparaît très faible compte tenu du développe-
ment qu’aura connu ce projet.
51
SEPTEMBRE 2009 - PHARMACEUTIQUES
Une véritable politique industrielle publique
Les Etats-Unis soutiennent leurs innovations dans le secteur de la santé,
à la fois par une volonté politique de soutien à l’innovation, la mise en
place d’un cadre réglementaire cohérent, la promotion des transferts de
technologies, l’aide à la création d’entreprise mais également au travers
d’un fi nancement public des projets de recherche. La part fédérale des
dépenses de R&D dans les sciences de la vie est de l’ordre de 0,26 % du
PIB. Des programmes dont les montants sont donc généralement consi-
dérables, d’autant plus si l’on y considère les apports des Etats fédérés et
la politique fi scale fédérale.
Si de nombreux ministères et organismes fédéraux contribuent au fi nan-
cement de la R&D dans le domaine des sciences de la vie, les National
Institutes of Health (NIH) en sont les plus importants contributeurs. Ils
dédient en eff et 85 % de leur budget annuel à des projets de recherche
extra-muros. Le reste est alloué pour le fi nancement de projets internes
conduits par les 6 000 chercheurs directement employés par les NIH.
Au total, environ 40 000 projets sont ainsi fi nancés chaque année. Les
aides directes aux entreprises innovantes se font essentiellement au tra-
vers d’accords de coopération pour l’aide à la réalisation d’essais clini-
ques, de contrats de recherche et développement, établis au cas par cas
en fonction des besoins spécifi ques des NIH, mais surtout au travers de
bourses (ou grants) accordées pour des projets s’étalant sur un à cinq
ans. Celles-ci représentent le premier poste de dépenses pour les NIH.
En eff et, plus de 50 % de leur budget prévisionnel 2009 y est alloué. Ce
montant est réparti entre plus de 325 000 chercheurs au sein de 3 000
universités, facultés de médecine, et autres institutions de recherche bio-
médicale, aux Etats-Unis, mais aussi dans le monde.
Dans tous les Etats fédérés, les entreprises orientées sur les sciences de la
vie bénéfi cient d’initiatives de développement économique des techno-
logies. Il s’agit pour l’essentiel de crédits d’impôts recherche, de prêts,
d’aides à l’immobilier, de mise à disposition de ressources communes
ou encore de création d’incubateurs. De plus, certains Etats, pour com-
penser des défaillances du secteur privé, complètent effi cacement les
associations privées afi n de favoriser le développement du travail en
réseau et produire le maximum de synergies entre les diff érents acteurs
du monde des biotechnologies. Les Etats fédérés américains cherchent,
par le biais de ces diff érentes mesures, à mettre en place des politiques
qui favorisent la formation ou le développement des bioclusters. Ces
pôles concentrent, au sein d’une même zone géographique, excellence
universitaire, entrepreneurs et capitaux. Aujourd’hui, se trouvent aux
Etats-Unis les plus importants bioclusters du monde : Boston, San
Francisco, San Diego, Research Triangle Park et la région de Washing-
ton DC.
Enfi n, la politique fi scale mise en place aux Etats-Unis est nettement
favorable aux entreprises innovantes ; le gouvernement américain a re-
nouvelé ses mesures concernant les crédits d’impôts destinés à ces socié-
tés pour l’année 2009. La fi scalité favorise d’autre part le « recyclage »
du capital dans des sociétés innovantes. Les plus-values sur le capital in-
vesti dans des sociétés innovantes ne sont pas taxées si celui-ci est réin-
vesti dans des sociétés. Ce mécanisme conduit à un recyclage du capital
et au développement de business-angels. Nombre d’investisseurs qui
font fortune fi nancent leur train de vie en ouvrant auprès d’une banque
une ligne de crédit garantie par la valeur de leurs investissements.
Le président Barack Obama entend poursuivre les eff orts de soutien à la
recherche biomédicale pour les années à venir et souhaite consacrer plus
de 3 % du PIB du pays pour la R&D, convaincu de l’impact positif de
cet investissement pour l’économie américaine … mais également pour
le système de santé du pays et a fortiori pour la qualité des soins reçus
par les Américains.