Cette tâche, pour complexe qu’elle puisse déjà paraître,
ne peut ignorer le paramètre de la qualité de l’air. L’Orga-
nisation Mondiale de la Santé estime que l’espérance de
vie en France est réduite de plus de 9 mois à cause de la
pollution atmosphérique. Le Plan régional pour la Qualité
de l’Air adopté en 2009, suivi en 2010 du Programme
Régional Santé Environnement, ont mis en avant les
enjeux bretons en termes de qualité de l’air. L’intégra-
tion de cette problématique dans une approche climat-
énergie est une nouvelle étape dans sa prise en compte.
Les polluants issus de la diversité des activités humaines
sont nombreux, qu’il s’agisse par exemple de l’ammoniac
émis par les activités agricoles ou encore du soufre émis
par l’industrie. Tout comme pour l’énergie, notre volonté
d’agir sur la qualité de l’air nous conduit à considérer le
spectre large des activités humaines.
Face à ces enjeux et à leur complexité, le Schéma régional
climat, air, énergie (SRCAE) constitue un maillon charnière
de l’action publique. L’échelle régionale le positionne
entre les grandes décisions internationales et nationales
qui fixent les cadres généraux de l’action de lutte contre
le changement climatique, et les actions opérationnelles
dans les territoires. Le SRCAE joue le rôle de courroie de
transmission entre les échelles de décision et d’action. Il
organise le passage « du global au local », donnant corps
à cette expression consacrée ; il s’agit ainsi de conjuguer
l’approche stratégique et la mise en œuvre tactique.
L’élaboration du SRCAE a été confiée à l’État et au Conseil
régional. Mais c’est pour qu’il puisse jouer pleinement ce
rôle que nous avons souhaité mener ce travail dans le
cadre d’une large concertation.
Le SRCAE s’inscrit dans le temps long du climat et de
l’énergie, en fixant des objectifs et des orientations aux
horizons 2020 et 2050. L’objectif 2050 constitue un véri-
table défi dans la mesure où la précision se perd avec le
temps. Pourtant, cet objectif est un impératif. Autant il
est concevable de tracer des objectifs pour 2020 car les
paradigmes socio-économiques devraient rester stables,
autant il faut accepter que ce ne sera plus du tout le cas
en 2050. Cette perspective de 2050 est un appel à libérer
la pensée, à envisager de nouveaux modèles socio-éco-
nomiques, à construire la transition qui nous permettra
d’éviter l’incertitude des « ruptures » en les devançant.
Trente-sept années nous séparent de 2050. Pour se don-
ner une idée de ce que peuvent représenter trente-sept
ans, il suffit de revenir en arrière, en 1976 : le premier
choc pétrolier provoquait la sortie des Trente Glorieuses ;
la population mondiale était deux fois moins importante
qu’aujourd’hui ; les deux blocs s’affrontaient dans la guerre
froide ; etc. Quant au quotidien des Français, le phénomène
périurbain commençait et la télévision couleur était encore
confidentielle. Que sera le monde dans 37 ans ? Difficile de
le dire. Pour autant, ce premier SRCAE, qui sera actualisé
régulièrement, est un outil capable d’entamer cette néces-
saire projection pour devenir acteurs de notre futur.
Comme tous les territoires, la Bretagne devra faire face
aux problématiques du climat, de l’air et de l’énergie.
Mais elle présente des particularités que ce schéma met
en évidence et avec lesquelles les orientations ont été
composées. Péninsule géographique et électrique, la
Bretagne a choisi de se saisir des enjeux climatiques,
énergétiques et de qualité de l’air pour engager la crois-
sance verte, la « Glaz économie », cette économie verte
et bleue.
Le contexte énergétique breton, que l’on peut résumer
à une croissance forte de la consommation électrique
et à une très faible production locale, a mobilisé depuis
longtemps les acteurs de notre territoire. Préalablement
au SRCAE, le Pacte électrique breton, signé en décembre
2010, a été élaboré sur la base d’une réflexion partagée. Il
définit un plan d’action cohérent face à la spécificité élec-
trique bretonne. Il y avait urgence à voir aboutir ce plan
d’action, dont le mode d’élaboration traduit une autre
spécificité de notre région : la capacité de ses acteurs à
se mobiliser autour d’un enjeu régional, ici au sein de la
Conférence bretonne de l’énergie formalisée en janvier
2010. A plusieurs égards, le Pacte électrique breton fait
figure de première pierre de ce SRCAE. Désormais, avec le
SRCAE, nous franchissons une nouvelle étape : au-delà de
la transition électrique, la Bretagne engage sa transition
énergétique.
PRÉAMBULE
4 - Schéma Régional Climat Air Énergie de Bretagne